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+ Partie 2

PLUSIEURS mois étaient passés depuis sa rencontre avec Gray Fullbuster. Bien que ce soit Juvia qui ait refusée de le revoir, dès le lendemain de leur promenade elle s'était mise à penser à lui. Elle s'était retenue plusieurs fois de soupirer devant ses amies pour qu'elles ne lui posent pas de questions, mais dès qu'elle était seule, elle ne pouvait empêcher ni son cœur de battre la chamade ni ses lèvres de s'étirer en un large sourire.

Quand elle se douchait, quand elle s'habillait, quand elle mangeait, quand elle sortait, quand elle n'avait rien à faire, elle pensait à lui encore et encore. Elle revoyait ses cheveux de jais hors du commun ou encore ses yeux noirs et froids qui la fixaient de manière curieuse et bienveillante.

Comme par hasard, depuis ce soir-là, elle n'arrêtait pas de le voir dans les journaux locaux.

"Nov. 7th 1890 : Le comte Gray Fullbuster de nouveau en ville."

"Dec. 19th 1890 : Gray Fullbuster vu à la table de la Reine pour un important meeting sur la sécurité de la capitale."

"Jan. 7th 1891 : Monsieur Fullbuster au bras de la comtesse de York, mademoiselle Ultear Milkovich dans les jardins privés de la famille Milkovich."

"Feb. 27th 1891 : Toujours autant de questions autour du solitaire comte Fullbuster."

Tous ces titres et ces photos réconfortaient le cœur brisé de Juvia car elle savait qu'elle ne le reverrait sûrement jamais. Or, lire les paroles du comte dans la presse lui donnait l'impression de le connaître un peu plus chaque jour. Elle remarqua qu'il n'aimait pas trop s'étendre sur les détails quand les journalistes lui posaient des questions personnelles. Mais dès que le sujet touchait la politique ou les demandes de la Reine ou encore les affaires policières, il avait toujours quelque chose à dire.

Voilà pourquoi, Juvia prit l'habitude de sortir au petit matin donner une pièce au petit Roméo qui essayait de vendre un maximum de journaux pour pouvoir s'acheter de quoi manger.

-Bonjour mademoiselle Juvia ! s'exclama-t-il en lui tendant sa lecture.

La jeune femme lui sourit gentiment et posa sa pièce dans sa maigre petite main avant de prendre le journal.

-Alors qu'elles sont les nouveautés aujourd'hui, Roméo ?

-Il me semble avoir compris que les policiers n'étaient pas contents mais j'ai tout de suite reconnu le mot "victime"... Tout va bien mademoiselle Juvia ?

La jeune femme venait de commencer à tousser mais dès qu'elle reprit sa respiration, elle caressa les cheveux du petit.

-Oui, excuse-moi. Ce que tu m'as dit m'as tellement surprise que j'ai avalé ma salive de travers.

Elle essuya ses lèvres avec son mouchoir avant de le ranger dans son petit sac déchiré. Elle offrit un magnifique sourire à Roméo avant de lui souhaiter une bonne journée. Alors qu'il recommençait à crier "Journal du jour !" pour attirer les passants, Juvia pénétra dans son bordel et ouvrit le journal.

Encore et toujours ces mêmes annonces de meurtres qui arpentaient les rues de Londres depuis quelques mois déjà.

"Nov. 27th 1890 : Après avoir retrouvé monsieur Bora de Prominens dans une ruelle, le cou en sang, sans savoir ce qui lui est arrivé, la Police de Londres est débordée à cause de la famille qui demande que justice soit faite."

"Dec. 15th 1890 : En ces temps de troubles, le taux de suicides n'a jamais été aussi élevé."

"Jan. 10th 1891 : Deux nouvelles victimes de Jack l'Éventreur. Monsieur le chef de police, Gajeel Redfox, ami de Gray Fullbuster, pense que cette affaire à un lien avec celle de monsieur de Prominens."

Jack l'Éventreur avait recommencé ses meurtres et personne, pas même les enfants et les femmes, était en sécurité le soir. Le ventre de Juvia se serrait dès qu'elle voyait le nom de son sauveur dans les articles parlant de ce tueur sanguinaire. Elle priait chaque soir que rien de tragique n'arrive à son beau noble.

Mais Juvia devait aussi faire attention à elle-même. Vu qu'elles travaillaient toutes avec des hommes, Madame Polyussica demandait à toutes ses employées ne de plus sortir seule le soir après le coucher du soleil et de bien demander le nom de chaque client qui entraient dans le petit bordel.

Ce genre d'atmosphère ne plaisait pas du tout à Juvia qui sursautait dès qu'un bruit étrange ce faisait entendre. Cela faisait bien rire Kanna qui n'avait pratiquement peur de rien. La belle brune était l'une des plus courageuses et c'était sûrement une des raisons pour lesquelles Juvia l'avait choisi pour amie.

Contrairement à Kanna, Erza était beaucoup plus discrète, surtout quand les filles discutaient de leur clients. La grande rousse trouvait ce sujet trop déplacé et pour elle, "ce qui se passait dans la chambre devait rester dans la chambre."

Certes, Juvia avait peu d'amis mais pour rien au monde, elle voulait en avoir plus si cela signifiait ne plus pouvoir passer d'aussi bons moments en leur compagnie. Juvia s'était toujours sentie à l'aise avec elles. Tout comme avec Natsu qu'elle voyait plusieurs fois durant les soirs de congés, où elle avait le droit de rester au comptoir de l'accueil du bordel.

Petit à petit, le jeune homme avait pris l'habitude de venir la voir, de s'asseoir à côté d'elle et de juste discuter de tout et de rien. Il lui avait même confié les sentiments qu'il portait à une femme de haut rang. Grâce à lui, Juvia avait l'impression de pourvoir comprendre à quoi ressemblait une histoire d'amour.

Dès qu'elle voyait sa chevelure rose arrivée au loin, Juvia se trémoussait sur sa chaise, ne pouvant plus attendre et voulant entendre les nouveaux événements qui avaient eu lieu entre les deux tourtereaux qui communiquaient secrètement par lettre.

Juvia demandait souvent à Natsu pourquoi il n'essayait pas de la revoir. Mais à chaque fois, il se défilait et lui disait, qu'il attendait la bonne occasion car il n'était pas pressé et qu'il voulait bien faire.

Or, cette occasion se présenta bien plus rapidement que prévu car mars arrivait déjà à grands pas, apportant avec lui le typique temps gris de Londres. Tenant peut-être entre ses mains l'opportunité rêvée pour changer son futur, Natsu pénétra le bordel, cherchant son amie avec un regard désespéré.

Comme à son habitude, il la trouva assise derrière le comptoir, la tête baissée vers ses cuisses où reposait le livre qu'elle était en train de lire. Cependant, le tapage que fit le jeune homme pour arriver jusqu'à elle, détourna son attention et leva les yeux.

-Bonsoir m...

-Juvia ! Tu dois absolument m'aider ! s'écria-t-il.

-Monsieur Natsu que vous arrive-t-il ? Voyons, respirez.

-Te rappelles-tu de mademoiselle Lucy Heartfilia, la fille du premier ministre Heartfilia ?

-La jeune femme que vous aimez ? dit Juvia tout en posant un doigt sur son menton.

-Oui, elle-même. Elle organise une réception pour son anniversaire. Et... Et j'y suis invité ! s'exclama-t-il en secouant l'enveloppe devant elle. Je t'en prie ! Accepte de venir avec moi !

Cela étonna tellement Juvia qu'elle se mit à tousser. Natsu contourna le comptoir et lui frotta doucement le dos en s'excusant de lui avoir annoncé la nouvelle aussi directement. Une fois calmée, la jeune femme cligna des yeux avant de soupirer.

-Mais... Pourquoi moi ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée qu'elle me voit en votre compagnie. Votre image risque de...

-Je t'en prie. Tu es la seule dans la confidence et je te considère comme une amie, aide-moi. Dan Straight, le fils du meilleur ami de la Reine, sera présent. J'ai entendu dire qu'il comptait demander mademoiselle Heartfilia en mariage. Je t'en prie tu dois m'aider !

Comment refuser devant le regard suppliant de son ami ? D'autant plus qu'un autre essayait de courtiser sa belle. Juvia accepta bien sûr. Elle adorait les histoires d'amour qui finissaient bien. Du moins, c'était la seule excuse valable qu'elle avait pu se trouver, et elle se l'était répétée jusqu'à ce fameux soir.

Aidée de Natsu, elle souleva quelque peu le bas de sa robe pour pouvoir descendre de la calèche que son compagnon de soirée avait louée. Elle avait aussi pris de l'argent pour payer le retour en ville, bien qu'elle fût sûre que son ami refuserait qu'elle ne dépense ne serait-ce qu'un livre.

Alors qu'elle se tenait devant l'immense porte en bois de la demeure de la famille Heartfilia, elle se rendit compte que Natsu, simple auteur des bas-fonds du centre-ville de Londres, était tout aussi stressé qu'elle. Elle pouvait le sentir trembler contre son flanc.

-Quel drôle de couple formons-nous, dit-elle tout en frottant l'épaule du jeune homme pour essayer de le détendre.

-Tu as raison, rit-il nerveusement. Je ne te serai jamais assez redevable.

-On discutera de ça plus tard, ne vous en faites pas.

Un majordome aux cheveux roux les invita à entrer, avant de prendre leurs manteaux et leur autres effets personnels. Ils le suivirent jusqu'au salon du manoir où se tenait la réception.

-Monsieur Natsu Dragneel, accompagné de mademoiselle Juvia Lockser.

A l'annonce de son nom, plusieurs hommes se tournèrent vers elle avant de l'observer de haut en bas tout en se cachant de leurs femmes. Ces regards pesaient sur le corps de la femme de joie et elle prit alors conscience de la gravité de la situation.

-Je... Je n'aurais pas dû venir, dit-elle d'une voix tremblotante.

-Ne t'inquiète pas. On ne restera pas longtemps, lui promit Natsu. C'est juste histoire de faire une apparition et surtout d'approcher mademoiselle Heartifilia pour lui remettre ma lettre.

Comme Natsu l'avait prévu, cette information piqua la curiosité de Juvia qui avait maintenant les yeux brillants.

-Que vous lui avez-vous écrit cette fois ? demanda-t-elle à voix basse.

-Une déclaration d'amour.

Ils se sourirent mais dès qu'ils virent un plateau remplit de coupes de champagne, ils se jetèrent tous les deux sur un verre avant de le boire cul sec, pour essayer de faire passer leur angoisse. De tout façon, cette boisson bien trop chère pour qu'ils ne s'attardent sur le goût. Dans quelques mois, ils l'auraient oublié.

Toujours sans se lâcher le bras, ils se mirent à faire le tour de la pièce, sans vraiment faire attention aux luxueuses décorations. Il y avait tellement de monde, de bruit et de nourriture, qu'ils ne savaient quoi faire. Cependant, ils ne virent aucun signe de Lucy Heartifilia, le centre d'attention de la fête.

-L'avez-vous vu ? demanda enfin Juvia.

-Non.

La voix triste de son partenaire brisa le cœur de la jeune femme. Elle le savait très amoureux de Lucy, une des filles les plus populaires de Londres. A cause de son rang bien inférieur à celui de la famille Heartfilia, Natsu savait que sa dulcinée ne sera jamais autorisée à passer du temps avec lui.

-Elle se fait surement désirer, imagina Juvia tout en frottant gentiment l'avant-bras de son cavalier pour le réconforter.

Ils se distrayaient l'un l'autre, comme ils pouvaient pour que Juvia ne fasse pas attention aux regards sur elle et que Natsu n'imagine pas que Lucy puisse se trouver en ce moment même en compagnie de Dan.

Soudain, le majordome sonna une petite cloche qui arrêta les musiciens, les danseurs et les conversations.

-Mes dames et messieurs, mademoiselle Lucy Heartfilia, accompagnée ce soir de monsieur le comte de Transylvanie, Gray Fullbuster.

Sous le tonnerre d'applaudissements, Natsu et Juvia restèrent bouche-bée. Le couple annoncé apparut rapidement dans leur champ de vision. Ils venaient de trouver un couple encore plus étrange qu'eux.

C'était bien lui, Gray Fullbuster. Le même qu'elle avait vu des mois plus tôt et dont elle lisait des morceaux de vie dans les journaux.

Toujours aussi bien habillé et coiffé, il tenait le bras Lucy Heartfilia, portant une magnifique robe vert foncé, qui faisait ressortir ses yeux noisette. Un large sourire étirait leurs lèvres pendant qu'ils faisaient le tour de la salle pour que la jeune femme puisse saluer ses invités.

Cependant, ils s'arrêtèrent un peu plus longtemps dès qu'ils arrivèrent devant Natsu et Juvia.

-Natsu très cher, vous avez pu venir ! s'exclama Lucy enjouée.

-B... Bien sûr, mademoiselle Heartfilia, je... je n'aurais raté votre anniversaire pour... pour rien au monde.

Un magnifique sourire apparu sur les lèvres de la cavalière de Gray, faisant rougir l'ami de Juvia.

-S'il vous plaît, mademoiselle Heartfilia. Laissez-moi vous présenter, Juvia Lockser, une très bonne amie à moi.

Le cœur de Juvia s'arrêta, effrayée du type de regard que l'hôtesse risquait de lui envoyer. Mais le regard noisette et innocent de Lucy fit comprendre à Juvia qu'elle ne savait pas qui elle était.

-Enchantée mademoiselle, s'empressa-t-elle de saluer oubliant presque les politesses devant cette magnifique femme.

-Tout le plaisir est pour moi, Juvia. J'espère que vous profiterez bien de la fête ?

-En... En effet, répondit Natsu.

Il était tellement stressé qu'il resserra sa prise autour du bras de sa partenaire. Toutefois, il aurait pu le lui cassé que Juvia n'aurait rien remarqué, tant elle était concentrée sur Gray Fullbuster qui se trouvait devant elle.

Son cher costume noir trois pièces moulait son corps à la perfection et sa façon de se tenir inspirait le respect. Il n'avait rien à envier aux autres comtes, ça Juvia pouvait facilement l'avouer.

Son ventre se contractait alors que sa respiration s'accélérait comme s'il aspirait tout l'air autour d'elle. Heureusement qu'elle était accrochée à Natsu car avec ses jambes tremblantes, elle serait tombée. Ce regard fermé mais bienveillant lui avait tellement manqué.

Comment faisait-il ça ? Il faisait naître en Juvia des sentiments tellement contradictoires. Elle avait envie de l'approcher tout en sachant bien qu'un homme comme lui ne faisait jamais de place dans sa vie pour une femme comme elle.

Ils étaient à une distance convenable mais cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient plus été aussi proches que Juvia en eut le tournis. Tout aussi surpris de la trouver ici, Gray étira ses lèvres en un petit sourire chaleureux à la vue de la jeune femme.

-Mademoiselle Lockser, quelle agréable surprise.

-Bon... Bonsoir monsieur Fullbuster, salua faiblement Juvia tout en baissant son regard.

Elle avait vraiment vu ses yeux noirs s'embraser dès qu'il les avait posés sur elle. C'en était très déconcertant et une nouvelle fois, elle ne savait pas quoi penser.

-Mon cher Natsu comment vas-tu ? demanda Gray, surprenant les deux jeunes femmes.

-Oh très bien monsieur Gray, répondit l'auteur en prenant la main de son ami pour la secouer. J'ai commencé à écrire une nouvelle lors de mon rapide séjour en Ecosse. Mais dites-moi plutôt comme vous allez depuis notre dernière rencontre ?

-Bien, bien. J'ai dû rentrer en Transylvanie pour quelques affaires politiques urgentes. Heureusement, j'ai pu me libérer pour ce soir. Mais pas de ça pour l'instant, s'interrompit-il. Je suis vraiment content pour votre nouvelle. Et j'espère vous revoir ce soir.

Il ramena rapidement ses yeux sur Juvia. Sa voix grave ne s'était pas vraiment exclamée mais il était vraiment heureux pour son ami qui se débattait avec sa vie désormais difficile loin de sa famille. Quant à Juvia, il ne le montrait pas du tout, mais il jubilait de la voir ici.

Sa délicieuse odeur et ses grands yeux bleus innocents lui avaient terriblement manqué. Tout était tellement sinistre par rapport à la soirée qu'il avait passé avec elle.

-Je ne savais pas que vous vous connaissiez tous les deux ! Monsieur le comte, vous me l'aviez bien caché ! s'exclama Lucy qui fit la moue.

Le sourire de Gray s'élargissait un peu plus, laissant apparaître ses canines. Il fallait toujours qu'elle fasse la vexée sans oublier qu'elle exagérait un peu plus la situation en l'appelant "monsieur le comte" alors qu'ils étaient amis de longue date.

-Rassurez-vous, Lucy. Je ne vous ai rien caché. Ce n'était tout simplement pas à moi de vous le dire. Mais disons que Natsu a passé plusieurs années chez moi et nous sommes devenus amis.

-C'est exact, confirma le cavalier du Juvia. Monsieur Gray, ici présent, est en quelque sorte ma muse.

Cela fit rire le quatuor. Gray et Lucy ne semblaient pas être gêné de s'être arrêté devant des gens inférieurs à eux et Natsu et Juvia furent plus que soulagé de pourvoir converser avec eux. Ils avaient l'impression d'être sur un petit nuage.

-Si vous voulez bien nous excuser, reprit Lucy avant de soupirer. Mais mes devoirs m'appellent. Pourrons-nous nous retrouver plus tard ?

-Bien sûr ! s'exclama rapidement Natsu.

Après que Gray eut échangé un dernier regard des plus brûlants avec Juvia, le couple reprit sa ronde de salutations, accompagnés de brefs échanges. Tremblants, Natsu et Juvia s'assirent sur la chaise la plus proche d'eux pour essayer de calmer leurs cœurs qui battaient fortement contre leurs cages thoraciques.

-Tout s'est bien passé, résuma Natsu.

Juvia hocha doucement la tête avant de le regarder avec des yeux ronds comme des soucoupes.

-Vous ne lui avez pas donné la lettre ! s'exclama-t-elle à moitié pour que personne ne les remarque.

Natsu tapota la poche de sa veste et se rendit compte qu'il avait en effet toujours ce bout de papier sur lui, il soupira avant de passer la main dans ses cheveux.

-J'étais tellement content de lui parler face à face que j'ai oublié.

-Mais dites-moi, je n'ai pas vu votre rival. Etes-vous sûr qu'il était censé venir ce soir ? demanda Juvia en regardant autour d'elle.

-C'est ce que j'ai entendu dire.

Et en effet, Dan était présent mais n'apparut que bien plus tard dans la soirée en compagnie de monsieur Heartfilia. Les servants n'attendaient plus qu'eux afin de servir le repas. Quand la petite cloche sonna, tous les invités prirent place et Lucy se retrouva entourée de Dan et de Gray. Un peu plus loin de leur table, Juvia et Natsu ne pouvaient s'empêcher de jeter plusieurs coups d'œil en direction de ceux qui attiraient toute leur attention.

Malgré ça, ils purent profiter de la délicieuse nourriture qu'on leur offrait gratuitement. Juvia aurait voulu pouvoir manger toutes ses bonnes choses mais son ventre ne semblait pas du tout apprécier ces plats plutôt gras. Elle mit cependant ça sur le compte du stress.

Une fois que le repas fût fini, les invités se mirent à danser sur l'immense piste de danse. Juvia dû batailler avec Natsu pour qu'il aille proposer une danse à Lucy avant que Dan ne puisse le faire.

-Regardez à quel point elle s'ennuie assise entre ses deux comtes qui parlent politique, chuchota-t-elle tout le poussant gentiment. N'ayez pas peur.

Elle observa Natsu s'avancer, les jambes tremblantes vers l'élue de son cœur. En écoutant sa demande, les yeux de la blonde se mirent à pétiller et Juvia vit ses joues poudrées rosir quand Natsu lui tendit la main.

Soudain, les yeux bleus clairs de Juvia rencontrèrent les deux pupilles sombres de Gray et un frisson traversa son corps. Son regard la cloua sur place et bloqua même sa respiration. Intimidée, elle baissa rapidement le regard sur sa part de gâteau au chocolat. Jamais personne ne l'avait regardé comme Gray la regardait. Il y avait bien plus que du désir dans ses yeux. Il semblait vouloir prendre soin d'elle. Cette pensée lui contracta l'estomac d'une douleur agréable.

Alors que Lucy profitait de la présence de Natsu sur la piste de danse, Juvia sentait le poids des regards peser de plus en plus lourd sur ses épaules. Elle savait que des hommes présents ici l'avaient déjà vu à son bordel et ils n'attendaient qu'une chose : que leurs femmes détournent le regard afin de s'approcher de Juvia afin batifoler avec elle pour le reste de la soirée. Elle pouvait d'ailleurs sentir le venin que ces femmes crachaient sur son dos.

Puis, elle entendit une chaise se tirer à côté d'elle. Sans le vouloir, elle se tendit mais malgré ça, elle sentit une main se poser sur sa cuisse, froissant légèrement le tissu de sa robe.

-Juvia, quelle surprise. Je n'aurais jamais cru te voir ici.

Entendre sa voix la fit tousser de surprise. Rapidement, elle plaqua sa main sur ses lèvres pour ne pas montrer son malaise. Sachant qu'on pouvait l'accuser de tout et de n'importe quoi, la jeune femme poussa la main de son client avant de se tourner vers lui.

-Monsieur Bastia, comment va madame Bastia ?

-Malheureusement, ma très chère femme est malade. Elle a dû rester au lit. Cela a beaucoup attristé mademoiselle Lucy, mais ainsi va la vie.

-N'est-ce pas votre devoir de médecin de rester auprès de vos patients ? demanda Juvia qui étira ses lèvres en un sourire poli pour ne pas paraître trop indiscrète.

-En effet mais ma femme sait que sans ma présence ici ce soir, je ne risque pas de ramener de nouveaux clients. Mais assez parlé de ma femme. Comment vas-tu depuis notre dernière fois ?

Il appuya bien ses mots tout en replaçant sa main sur le genou de Juvia.

-Je suis actuellement avec un client, mentit-elle en le repoussant une nouvelle fois.

Lyon sourit malicieusement et se pencha vers elle.

-Vraiment ? Natsu Dragneel peut se payer une nuit entière avec toi ? demanda-t-il.

"Il a compris !" paniqua-t-elle au ton joueur qu'il avait employé.

Prise au piège, Juvia sentit la main de Lyon remonter le long de sa cuisse. La gorge nouée par une nouvelle quinte de toux qui menaçait d'arriver, elle s'apprêta à l'arrêter quand l'autre chaise à côté d'elle se tira. Gray Fullbuster apparut devant eux, un sourire poli aux lèvres mais avec un regard menaçant posé sur le client de Juvia.

-Lyon, comment vas-tu ?

-Monsieur le comte, salua le médecin d'un signe de tête respectif.

-J'ai été très peiné d'apprendre que ta femme ne venait pas ce soir, reprit-il sans attendre de réponse à sa question. Mais tu sais ce qu'on dit, toutes les excuses sont bonnes pour rester au lit et attendre son amant.

-Pardon ? demanda Lyon qui avait laissé tomber sa main.

-Oh non ! J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? demanda Gray faisant voyager son regard désolé entre Juvia et Lyon. Tu n'étais pas au courant, c'est ça ? Mince, quel maladroit je suis.

Lyon se leva de sa chaise en un geste brusque et partit vers la sortie. Juvia se détendit avant de s'appuyer contre le dossier de sa chaise. Elle lâcha un soupir de soulagement tout en replaçant sa robe.

-On dirait que je vous ai encore sauvé la vie, mademoiselle Juvia.

-En... En effet, murmura-t-elle en posant ses yeux bleus sur lui. Mais vous ne devriez pas perdre votre temps avec moi.

-Ce n'est absolument pas le cas.

Elle ne s'était pas rendu compte que Gray s'était assis si près d'elle. Son parfum venait lui chatouiller les narines. Elle eut soudain envie de se rapprocher et de renifler un peu mieux la goutte de parfum qu'il avait mis derrière son oreille. Repoussant son envie, Juvia se rassit un peu mieux sur sa chaise.

-Qu'est-ce qui vous ferai plaisir, monsieur Fullbuster ? demanda-t-elle tout comme la dernière fois.

Gray sourit à cette phrase. Exactement comme le jour de leur première rencontre, il n'hésita pas. Il savait ce qu'il voulait et il le lui souffla, faisant frissonner Juvia.

-Vous.

-C... Comment ? toussa la jeune femme.

Cette réaction faisait jubiler Gray. Si son cœur avait pu, il aurait déraillé au son angélique de cette voix. En un seul mot, il lui avait fait perdre tous ses moyens, la faisant rougir encore plus.

-J'aimerais une danse avec vous, mademoiselle Juvia, reprit-il.

La jeune femme se détendit à nouveau. Pourquoi son cerveau s'amusait à lui faire croire des choses improbables ?

-Quand... Quand allez-vous arrêtez de m'appeler "mademoiselle", dit-t-elle essayant de calmer sa respiration. Je suis juste Juvia.

-Allez-vous m'appeler Gray ? demanda-t-il d'une voix intéressée.

La jeune femme ne répondit rien. Pourquoi voulait-il absolument les mettre sur le même pied d'égalité ? N'avait-il donc pas compris qu'elle n'était rien comparée à lui.

-C'est bien ce que je pensais.

Était-ce de la déception qu'elle entendit dans sa voix ?

-Bien allons-y, mademoiselle Juvia.

Elle se mordit les lèvres. De toutes les personnes présentent dans sa vie, Gray était la dernière personne qu'elle voulait décevoir. Cependant, quand elle était avec lui, toutes ses envies se faisaient plus fortes, comme si elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait sans avoir peur des représailles. Et en ce moment, son corps brûlait d'envie de le toucher, de le sentir mais les gens qui l'observaient lui rappelaient la place à laquelle elle appartenait.

-Je ne sais pas si monsieur Dragneel va...

-Je suis sûr qu'il ne va rien dire. Regardez-le s'amuser avec Lucy. Ce n'est qu'une danse mademoiselle Juvia.

Une danse qui allait en dire long sur l'attirance qu'il y avait entre eux.

Gray se leva et tendit sa main vers elle. Plus que gênée, Juvia fit glissa ses doigts sur son gant blanc. Tout comme la dernière fois, sa main était immense et froide mais électrique. Elle réprima un frisson.

Il la fit tourner sur la piste avant de l'attirer vers lui. Tous les sens de Juvia étaient en euphorie. Son odorat était empli de l'odeur masculine de Gray. Son touché était comblé de pouvoir sentir ce corps viril et ferme contre elle. Sa vue était troublée par ses yeux si sombres posés sur elle. Son ouïe s'était déconnectée : elle n'entendait plus le bruit qui les entouraient, ils étaient comme enfermé dans une bulle. Elle ne désirait plus qu'une chose : goûter ses lèvres. Mais cela resterait à jamais un fantasme.

Aucun mot ne coupa le silence entre eux. Seuls des regards brûlants et des sourires tantôt francs, tantôt timides furent échangés. Elle aurait voulu que ce moment dure pour l'éternité mais la différence entre eux était trop grande.

Sans qu'elle se rendre compte de quelque chose, la chanson fut vite finie et Gray accompagna Juvia jusqu'à l'un des balcons fleuris de l'impressionnant manoir. Vu la période de l'année et des puissantes rafales de vent, la nuit était des plus froides mais après la danse qu'elle venait d'échanger avec Gray, Juvia en avait besoin pour faire redescendre sa chaleur corporelle.

-Vous n'aviez pas l'air d'être surprise quand j'ai annoncé à Natsu que je revenais de Transylvanie, commença l'homme d'une voix posée.

-Votre nom est partout dans les journaux.

-Dois-je comprendre que vous avez lu mes mots ? demanda-t-il amusé.

Juvia en rougit. Elle venait elle-même de vendre la mèche. Elle hocha la tête tout en regardant ses doigts appuyés sur la rambarde.

-Cela ne vous fait donc rien de savoir que je ne suis pas de Londres ?

-Bien sûr que non ! s'exclama-t-elle tout en relevant la tête. Au contraire, vous avez de la chance. Vous pouvez aller et venir entre ici et là-bas sans vous soucier de l'avis des autres. J'ai toujours voulu voyager. C'est sûrement pour ça que Natsu m'offre ses livres.

Cette information piqua la curiosité de Gray qui ne put retenir la question qui lui brûlait les lèvres.

-Avez-vous vu son roman Dracula ? demanda-t-il presque hésitant.

-En effet, c'est le tout premier qu'il m'a offert, lui sourit-elle. Mais ce livre m'attriste un peu trop.

-Vraiment ?

Juvia se tut, jetant de timide coup d'œil vers son interlocuteur.

-Voyons continuez, j'aimerai avoir votre avis, encouragea Gray.

-Eh bien, commença Juvia en humidifiant ses lèvres. Dans le roman, il est décrit comme un monstre. Un fier représentant du Mal, mais je suis sûre que ce n'est pas le cas, il se sent juste très seul. Pouvez imaginer dans quelles conditions il doit vivre ? Il est condamné à vivre pour l'éternité. Je pense que c'est ça qui le rend fascinant. Personnellement, j'aurai déjà baissé les bras.

Elle coinça une de ses mèches de cheveux derrière son oreille juste avant que les doigts de Gray ne frôlent les siennes.

-Vos cheveux sont impressionnants, chuchota-t-il tout en laissant sa main glisser entre ses boucles souples.

Ce contact chauffa encore plus les joues de Juvia alors qu'il n'y avait rien de plus froids que les doigts de Gray.

-Monsieur le comte..., chuchota-t-elle.

-Gray, reprit-il. S'il vous plaît, dites mon prénom.

Cette supplication serra le cœur de Juvia qui se retrouvait essoufflée. Elle baissa ses yeux quelques secondes sur ses lèvres avant d'affronter ce regard noir et brûlant. Cet homme était si contradictoire.

-Je ne vous comprends pas, avoua-t-elle.

Ils étaient tellement près, qu'il aurait très bien put se pencher pour embrasser passionnément ses lèvres.

-J'aimerai pouvoir vous aidez. Mais moins vous savez de chose sur moi, mieux ce sera pour vous.

-J'ai l'habitude, dit doucement Juvia avant de regarder droit devant elle.

Ils pouvaient voir les lumières de la ville éclairées au loin.

-Vous avez l'habitude ? répéta Gray ne comprenant pas ce qu'elle voulait dire.

-Monsieur Fullbuster, je suis une prostituée, je suis là pour apporter du plaisir pas pour nouer des liens avec les gens.

Gray en resta bouche-bée. Par la pensée, il se traita de tous les noms. Lui, qui voulait la faire se sentir exceptionnelle, venait de la rabaisser, en moins de temps pour le dire, à son statut donné par la société. Malheureusement, il ne pouvait vraiment pas lui dire ses plus sombres secrets. Elle prendrait peur et ça, c'était une chose qu'il refusait catégoriquement.

-Vous savez, mademoiselle Juvia, je crois que je suis jaloux de Natsu.

Ce fut au tour de Juvia de rester sans voix. Sous la surprise, elle leva les yeux vers Gray mais les siens étaient tellement intenses qu'elle détourna son regard.

-Je peux vous assurer qu'il n'y a rien entre lui et moi. C'est un ami, rien de plus.

Elle ne savait pas pourquoi mais elle se sentait dans le besoin d'éclaircir sa relation avec Natsu. Cela fit sourire Gray. Se lâchant quelque peu, il posa sa main sur l'avant-bras de la jeune femme qui ne sursauta pas ou n'essaya pas de se dégager. Le ventre de Gray se tordit de bonheur.

-C'est bien de ça que je parle. Vous vous inquiétez pour lui. Vous voulez son bonheur et vous savez que cela vous fera plaisir s'il arrive à se déclarer à Lucy. C'est pour ça que vous êtes venu avec lui, n'est-ce pas ?

-Il mérite d'être avec celle qu'il aime... Et... C'est sûrement égoïste de ma part mais, j'aimerai, juste pour une fois, ressentir l'excitation d'une aventure amoureuse... même si elle n'est pas la mienne.

Il eut un nouveau coup de vent mais Gray ne pouvait détourner ses yeux de la jeune femme devant lui. Il n'aimait pas le ton qu'elle venait de prendre.

Depuis qu'il l'avait vu ce soir, il la trouvait bizarre. Non, ce n'était pas elle. C'était son odeur. Elle était étrange. Elle sentait le sang.

-Vous êtes gravement malade, n'est-ce pas ?

Cela surpris Juvia qui ne put retenir sa toux. Elle plaqua sa main contre ses lèvres et Gray posa sa main dans son dos. D'un mouvement de doigt, il sortit son mouchoir blanc de sa poche et l'offrit à Juvia qui crachait presque ses poumons.

Quand elle eut fini, elle essuya sa main pleine de sang avec le tissu blanc.

Oui elle était malade et elle n'avait pas besoin d'un médecin pour savoir qu'elle souffrait d'une tuberculose aiguë, voire mortelle. Depuis plusieurs nuits, elle se réveillait en sueur à cause d'horribles douleurs à la poitrine qui la faisait tousser à s'en brûler la gorge. Les larmes aux yeux, elle resserra le mouchoir dans le creux de sa main.

-Monsieur G...

Ses mots restèrent coincés dans sa gorge quand elle vit le regard sombre de Gray. Le corps de la jeune femme en fut violemment secoué et elle eut peur que son cœur ne recommence pas à battre. Virant vers une étrange couleur de rouge, ses yeux étaient si bestiaux et il semblait affamé.

Mais au lieu de prendre ses jambes à son cou, Juvia se tourna complètement vers lui. Elle avait l'impression d'avoir déjà vu ce regard quelque part.

Laissant sa main retomber pour s'éloigner, Gray ferma les yeux comme pour reprendre contenance. Il n'arrivait pas à croire que sa malédiction venait de toucher cette âme si pure. Comment était-ce possible alors qu'il avait fait exprès de ne pas retourner la voir après leur balade en soirée ?

Soudain, agissant presque de son propre gré, la petite main de Juvia caressa sa joue. Pendant une fraction de seconde, Gray voulu se laisser aller contre cette peau si fine. Il se voyait déjà mordiller ce poignet si délicat avant de le percer de ses canines.

-Ce n'est pas votre faute, chuchota Juvia ce qui le tira de ses pensées.

Quand il rouvrit les yeux, son regard froid retrouva son regard si innocent et si bleu. Pourquoi une femme comme elle avait-t-elle pu croiser sa route à lui, le monstre qui se cachait sous cette apparence d'homme ? Mais la plus grande question était pourquoi ressentait-il d'étranges sentiments pour elle ?

-Vous devriez vous soigner avant qu'il ne soit trop tard, mademoiselle Juvia, dit-il d'une voix grave.

-Je... Je ne peux pas...

-Dans ce cas, venez avec moi, s'empressa-t-il de dire.

-Q... Quoi ?

-Je veux dire ; venez chez moi. Je vous soignerai. Je vous jure que je prendrai bien soin de vous.

Elle n'aurait pas dû, mais Juvia ressentit soudain une douce chaleur envahir tout son être. De l'espoir. A la façon dont il venait de lui parler, Juvia pouvait sentir qu'il s'inquiétait vraiment. Mais la dernière fois qu'elle avait fait confiance à quelqu'un, cela ne s'était pas bien fini.

Cependant, c'était Gray en face d'elle. Jamais il ne lui ferait de mal, n'est-ce pas ?

Soudain, deux coups de feu retentirent tout de suite suivit par un hurlement qui s'éleva dans toute la maison, brisant l'ambiance de fête.

Profitant du sursaut de sa cavalière, Gray s'arracha avec la plus grande difficulté au toucher addictif de la jeune femme.

Affolée, Juvia jeta un coup d'œil à l'intérieur et vit tous les invités se ruer par curiosité vers une pièce. Puis, un nouveau cri strident s'éleva.

Maintenant que tous les invités avaient vu ce qui se passait, ils paniquèrent et se précipitèrent vers l'extérieur sans attendre d'explications. Ne voulant pas céder à la panique, Juvia chercha Gray des yeux mais il n'était plus à côté d'elle. A quel moment était-il parti ?

Malgré tous ses efforts pour ne pas y repenser, le regard étrange de Gray repassait encore et encore dans son esprit. Elle secoua la tête et pria pour que rien ne lui arrive. Elle, elle ne voulait pas rester ici. Avec tout ce qu'elle avait lu dans les journaux, il était hors de question qu'elle finisse victime d'un psychopathe.

Juvia pénétra dans la salle de bal et chercha Natsu des yeux mais c'était difficile dans la masse de gens qui couraient dans tous les sens autour d'elle. Mais que se passait-il ? Elle vit monsieur Heartfilia, le visage livide, qui cherchait Lucy sans se préoccuper des invités.

Elle n'eut pas le temps de demander au maître de maison s'il avait vu Natsu car la foule la forçait à marcher vers la sortie. Elle s'accrocha comme elle put à la rambarde des escaliers mais les gens avaient perdu toute contenance et se comportaient comme des animaux affolés, qui n'écoutaient que leur instinct.

Dans l'agitation, quelqu'un marcha sur le bas de sa robe et Juvia faillit tomber. Heureusement, deux puissantes mains la gardèrent debout et son dos rencontra le torse imposant du jeune comte.

-Monsieur Fullbuster... ?

Comment l'avait-il retrouvé aussi vite ?

-Il ne faut pas rester au milieu comme ça. Vous allez vous faire mal.

La panique s'était emparée de tout le monde et personne ne voyait plus rien. Le but était de sortir de la maison le plus vite possible sans chercher à comprendre ce qui se passait car la survie était prioritaire.

Or, Gray tira Juvia vers les cuisines qui se trouvaient à l'opposé de la sortie. Il ouvrit la porte et avec surprise, Juvia découvrit Lucy, affolée, dans les bras de Natsu.

-Monsieur Dragneel... soupira Juvia soulagée de voir qu'il n'avait rien.

Dès qu'il vit son amie, l'auteur s'approcha d'elle et la palpa de partout.

-Est-ce que tout va bien ?

-Je... Je crois, dit-elle en se rendant compte qu'elle tremblait.

-Vous allez passer par derrière, dit Gray pour attirer leur attention sur lui. Ma calèche vous attend et vous conduira chez moi. Vous y serez en sécurité.

Natsu et Lucy hochèrent la tête mais Juvia s'accrocha à son bras au moment où il s'apprêtait à ressortir.

-Et... Et vous ? Qu'allez-vous faire ?

-Je dois aller aider monsieur Heartfilia à ramener le calme.

Il mordit violemment l'intérieur de sa lèvre avant de caresser de son pouce les plis de peau sur le visage inquiet de Juvia. C'était très étrange de voir quelqu'un se faire du souci pour lui.

-Je vous rejoins après... Je vous le promets, murmura-t-il juste pour Juvia.

Cela soulagea la jeune femme qui lui offrit un faible sourire avant qu'il ne referme la porte derrière lui.

Maintenant qu'elle était en sécurité, Gray repartit vers monsieur Heartfilia.

Arrivant sur les lieux où avait été tiré les coups de feu, Gray se força à regarder le cadavre de Dan Straight. La partie droite de son crâne tenait encore sur sa tête alors que la partie gauche s'était détachée et gisait à quelques mètres plus loin. Le sang rouge du cerveau de la victime dégoulinait et Gray repoussa le creux dans son ventre. La faim le tiraillait.

C'était tout ce qu'il détestait à propos de lui-même. Malgré tous ses sentiments, ses remords et ses envies de se comporter comme un humain, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer à quel point le sang de cet homme de haut rang devait être délicieux sur sa langue.

Gray s'éloigna et rejoignit le maître de maison qui se trouvait debout devant ses domestiques qui baissaient tous la tête pendant que sa grosse voix les sermonnait.

-Je n'arrive pas à y croire ! Pensez-vous que l'image des Heartifilia ne sera pas salie dans le journal de demain ?! Répondez-moi !

-Jude ! appela Gray. Calmez-vous s'il vous plaît.

-Ma fille, Fullbuster, où est ma fille ?

-Elle se dirige en ce moment même chez moi. Vous n'avez rien à craindre. J'ai aussi prévenu la police, elle ne devrait plus tarder.

-Rien à craindre ? Dan Straight vient juste de se suicider dans mon salon alors qu'il allait m'annoncer qu'il voulait épouser ma fille ! Vous croyez vraiment que cela me rassure ?!

Ne voulant pas perdre son énergie à argumenter avec le vieil homme, Gray se tourna vers les domestiques.

-J'aimerai savoir qui parmi vous a trouvé le corps ?

D'abord hésitant sûrement à cause du choc, le serveur aux cheveux roux s'avança d'un pas.

-C'est moi monsieur.

-Loki c'est ça ? demanda Gray.

-Oui, monsieur. Monsieur Straight m'avait demandé de lui apporter un café car il avait besoin de se détendre avant de s'entretenir avec mademoiselle Heartfilia pour lui demander sa main. Mais comme mademoiselle Heartfilia était introuvable, il a dû devenir fou.

-Je vois, fit Gray en se frottant le menton de son doigt.

Cette réponse ne plut pas à Jude qui recommença à lever les bras en l'air tout en disant que la fête d'anniversaire de sa fille était un vrai échec.

Pendant qu'il se défoulait, Gray continuait de réfléchir. Pourquoi s'être donné la mort ici alors que tout se déroulait parfaitement dans la vie de Dan ? Il était aimé des gens. Il était riche. Jude ne lui avait pas dit "non" pour épouser sa fille. Et si c'était ça ?

Si Gray se fiait au rythme cardiaque de leurs cœurs, aucun des gens présents dans la salle ne mentait. De plus, il avait beau se concentrer sur l'odeur, il ne percevait pas de sang dans l'air. Cependant, quelque chose le chiffonnait.

-Ce que je ne comprends pas, c'est que... Nous avons tous entendu deux coups de feu, dit Gray à voix haute tout en commençant à faire des allers et retours.

-Et... Et alors ? demanda Jude soudain calmé.

Il écoutait une nouvelle fois leur battements de cœur et cette fois-ci, il était sûr. Il y avait bien quelqu'un qui mentait.

Gray s'arrêta devant monsieur Heartfilia.

-Je vous pensais plus intelligent que ça, Jude.

-C... Comment ? Je ne vous permets pas ! Je suis bien plus vieux que vous.

-Qu'est-ce que cela change ? demanda Gray en haussant les épaules avant de tourner sur ses talons. Nous n'avons pas affaire à un suicide mais à un meurtre.

Des murmures s'élevèrent parmi les gens présents et chacun commença à se regarder de travers, suspectant son voisin.

-Quelqu'un en voulait à la vie de Dan Straight car, ce dernier voulait la main de Lucy Heartifilia...

-Mais... coupa une domestique. Mais personne n'était avec lui quand Loki l'a trouvé étendu par terre.

-Vous avez raison de croire en vos yeux, mademoiselle. Mais à cause de ça, vous oubliez de croire aussi en votre ouïe, or... ce sens nous est indispensable.

Au fur et à mesure que Gray avançait, un battement de cœur, qu'il était le seul à pouvoir entendre, se détachait des autres.

-Nous avons entendu deux coups de feu, intervient Jude.

-Exactement ! s'exclama Gray en s'arrêtant. Alors, est-ce que quelqu'un peut m'expliquer comment une personne déjà morte d'une première balle dans la tête peut appuyer une deuxième fois sur la détente d'un pistolet ?

Cette question éleva à nouveau des murmures mais personne ne fit de geste déplacé. C'était déjà trop tard, Gray avait déjà trouvé qui était le coupable.

Soudain, la porte d'entrée de la maison s'ouvrit avec fracas et des bruits de pas précipité se firent entendre jusqu'à ce qu'un groupe de policiers dirigé par Gajeel arrive.

-Que personne ne bouge ! s'écria-t-il.

Prudemment, il s'approcha de Gray qui lui souriait.

-Alors ?

-Monsieur Loki, ici présent est notre coupable, affirma Gray sans une once d'hésitation.

Tout le monde tourna la tête vers le roux qui affichait un air de poisson hors de l'eau.

-Mais... Mais que racontez-vous monsieur ? Je ne suis pas coupable... J'ai servi toute ma vie au côté des Heartfilia...

-C'est à cause de ça que vous aimez Lucy, n'est-ce pas ? La jalousie vous a rongé, monsieur, en plus de votre peur de vous faire capturer. Pas la peine de mentir, je peux voir de là où je me tiens la sueur dégouliner sur votre tempe. Quand j'ai mentionné le sens de l'ouïe, vous vous êtes tendu au moment où je suis passé à côté de vous. Et puis, vous essayez de cacher la tache de sang sur votre gant avec le café que vous avez renversé.

Tout le monde regarda sa main et par reflex, Loki la cacha derrière son dos. C'était tout ce dont Gajeel avait besoin.

-Qu'on l'emmène, ordonna-t-il.

-Non ! Non ! Je n'ai rien fait de mal ! s'écria Loki alors que tout le monde se poussait pour laisser la Police faire son travail. Monsieur Heartfilia ! Je protégeais votre fille ! Je n'ai rien fait de mal !

Il se débattait tellement qu'un policier se prit un coup de coude dans le nez. Blessé, le sang se mit à couler, tordant le ventre de Gray. Il allait devoir sortir d'ici et le plus vite possible s'il ne voulait pas faire de carnage.

Heureusement, tout le monde était absorbé par le roux qui se faisait traîner dehors pour remarquer les problèmes du jeune comte.

Malheureusement, dès que Loki eut quitté la pièce, tout le monde vint s'attrouper autour de Gray pour le féliciter mais ce dernier se contenta de rester de marbre et d'offrir des petits sourires pour éviter de répondre aux questions.

Au moment où il sentit une main se poser sur son épaule, il se tourna et vit son ami Gajeel.

-Il y a une jeune femme en bas qui dit t'attendre, lui dit-il.

Gray écarquilla les yeux, s'apprêtant à demander qui cela pouvait être jusqu'à ce que l'évidence lui saute aux yeux.

Il se délivra des mains qui essayaient d'attirer son attention et partit d'un pas décidé vers la sortie. Sans le vouloir, la présence de Juvia lui avait sauvé la vie car dès que le coup de vent de l'extérieur caressa le visage de Gray, son envie de sang se calma.

En bas des escaliers de la maison, il vit la magnifique jeune femme aux cheveux bleus qui l'attendait dehors, malgré l'horrible temps de mars. Aussi rapidement qu'il le put, il se rapprocha d'elle et posa son manteau sur ses épaules. Cela fit sursauter Juvia qui, bien sûr, ne l'avait pas entendu arriver. Elle le détailla de haut en bas et sans hésiter, le prit dans ses bras.

-Vous allez bien, soupira-t-elle de soulagement.

Elle resserra même son emprise et une délicieuse chaleur se dégagea de ses petits bras pour pénétrer sous la peau glacée du comte. Sa tête se posa sur le torse de Gray, écrasant sa joue contre ses boutons de chemise. Cela étonna le jeune homme qui se sentit tout à coup si léger. Il pourrait vraiment s'habituer à ce sentiment. Pour la première fois, il se laissa presque aller contre Juvia et il ne le regretta pas.

Que lui arrivait-il donc ?

La toux de Juvia le ramena violemment sur terre. Elle s'écarta et lui donna le dos comme si elle cherchait à le protéger d'elle-même. Un mauvais pressentiment s'empara de Gray.

-Qu'est-ce que vous faites, ici ? demanda-t-il fermant son visage à nouveau. Ne voyez-vous pas l'horrible temps qu'il fait ?

-Je... Je voulais m'assurer que vous rentriez chez vous comme il faut, dit-elle en se tournant et en gardant ses lèvres cachées derrière sa main.

Gray serra les dents mais préféra souffler. Cette femme semblait têtue pour certaines choses comme pour le bien-être des gens à qui elle tenait. Mais, est-ce que cela voulait dire qu'elle appréciait Gray ?

Il secoua la tête, ne voulant pas se donner de faux espoirs.

-Rentrons, proposa-t-il tout en refermant son manteau un peu plus autour de Juvia.

Elle semblait mal à en point et Gray était inquiet que les médicaments de l'époque ne puissent guérir la jeune femme qui commençait à le faire se sentir humain.

***

Prétendez que je sais écrire des intrigues policières.

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