Chapitre IV
Des pas lourd se rapprochèrent de la pièce dans laquelle elle était. L'un d'entre eux fit grincer une planche en bois du couloir avant que des secondes plus tard, une silhouette n'apparaisse sur le seuil de la porte. Une femme à la chevelure dorée leva ses pupilles grises dans cette direction et accueillit le soldat avec un sourire chaleureux. Son regard se baissa ensuite pour venir se poser sur le carré de tissu coincé par un cadre ovale.
- Mère.
- Alex. Elle marqua une pause avant de reprendre, que me vaut cette visite ?
Il pénétra dans la pièce, glissant ses bras derrière son dos pour les rejoindre de sorte à ce que sa main droite vienne envelopper celle de gauche. Une habitude développée dans la milice.
- Je dois parler à Père.
- De ce qui s'est passé hier, n'est-ce pas ?
Il garda le silence. Alexander savait pertinemment que sa mère avait été informée des derniers événements, bien qu'elle ne soit pas de nature à s'en occuper personnellement, elle jugeait bon de toujours se tenir informée. Et pour sa part, il n'aimait pas discuter de ce genre de problèmes sans que la personne concernée ne soit près de lui.
- Il est dans le jardin, si tu veux tout savoir. Devant ses-...
- ...Ses tulipes, continua-t-il en faisant glisser ses yeux sur l'objet dans lequel elle plantait son aiguille et la faisait ressortir avec une certaine aisance. Merci Mère.
Lentement, il rejoignit la fenêtre du salon qui donnait sur une clôture en acier délimitant l'entrée du domaine. Celle-ci débutait par un chemin en pierres qui rejoignait les marches du perron. Aux extrémités, se trouvait un gazon coupé où l'on avait placé à droite, un bassin à oiseaux élevé par un pied de fonte sur l'herbe.
- Qui est cette femme pour Père ? demanda-t-il brusquement, brisant le silence presque sédatif que sa mère provoquait en demeurant muette.
Tandis que ses pupilles s'étaient levées à la fin de ses paroles, ceux de son fils restaient à fixer un oisillon s'abreuver d'eau fraiche, puisque le jardinier faisait en sorte d'en changer le contenu tous les matins.
- Le soupçonnes-tu de s'en être amouraché ?
Elle essaya de dissimuler le timbre moqueur de sa voix, puisque Célia Mallory connaissait la raison réelle derrière son comportement. Après y avoir lu entièrement l'article porté sur la sulfureuse Victoria Armstrong, et son mari, une discussion au petit-déjeuner s'en était suivie. Célia avait pu constater sur le visage de celui-ci, que des remords tiraient ses traits.
- Je ne l'espère pas. D'après Isabel, cette femme s'est attachée à la débauche.
Célia Mallory n'oubliait pas non plus que les mots portés par la fiancée de son fils étaient aussi sacrés que sa personne aux yeux d'Alexander. Et puisque celle-ci faisait attention aux regards d'autrui, ainsi qu'aux ouïs-dires, son fils devait en faire tout autant pour garder leur relation intacte de tous sujets scandaleux. Après le comportement de son mari, elle n'avait pas été étonnée que son fils vienne le voir pour lui exprimer leur mécontentement. Pour l'amour d'Isabel, il serait même prêt à abandonner ses fonctions.
- C'est une belle femme.
Il se racla la gorge.
-...Ainsi, cela ne m'aurait pas étonné que Père s'en soit attaché.
- Et penses-tu que je lui en aurais donné l'autorisation ?
Alexander tourna son visage dans sa direction. Un sourire naquit et ses yeux s'illuminèrent à la seule pensée que sa mère l'aurait renvoyé de la maison à coups de cravache pour l'en chasser. Elle en serait bien capable.
- Bien sur que non.
Leurs regards se croisèrent. Avait-elle raison de croire qu'Isabel serait une épouse merveilleuse pour son fils ? Qu'elle saurait lui apporter tout ce dont la précédente lui avait donné ? Pour être honnête, Célia savait qu'il n'y avait qu'une seule femme qui pouvait balayer d'un geste les autres sur la liste de son fils. Même Isabel n'en serait pas à la hauteur. Mais Kincardin avait fermement décidé de l'en tenir éloigné. Aussi bien lui que sa mère.
« Une trainée. Comme sa mère ! »
A présent qu'ils avaient tous les deux grandis, c'était à son fils de prendre une décision. Si seulement il prenait la bonne.
- Comment vas-tu ? lui demanda-t-il en se détournant de la scène extérieure pour faire face à sa mère.
- Mieux grâce à toi.
- Je n'ai rien fais d'extraordinaire, Mère. Je t'ai simplement évité de prendre les remèdes étranges de ce médecin incompétent.
- C'est bien dommage que tu n'aies pas pensé à t'instruire sur le plan médical.
Parfois, il regrettait son choix. C'est vrai. Lors de ses missions, il se souvenait avoir ressenti une telle impuissance face à ses camarades qui se mourraient devant lui malgré son aide. Il aurait pu être dans le corps médical en tant que soldat mais son père aurait refusé qu'il consacre son temps à apprendre à soigner qu'à se battre. De plus, enfant, il avait été fortement influencé par ses idéaux.
- Isabel te demande si tu serais libre cet après-midi. Elle aimerait faire les boutiques à tes côtés.
Célia se laissa un temps pour réfléchir à son invitation. Étant plutôt casanière, elle se savait déjà incapable de passer une après-midi à choisir et essayer des dizaines de robes. La compagnie de la fiancée de son fils n'était pas des plus désagréables mais son humeur joviale l'agaçait sur le long terme.
En reprenant son activité, elle lui répondit :
- Te décevrais-je si je n'y vais pas ?
- Certes Isabel sera déçue...
- Et t'en parleras. En pensant que je veuille l'éviter, ou qu'elle ne me plaise pas assez.
Et son fils serait assez bête pour y croire lorsqu'elle affichera une mine inquiète. Alexander ne pourra s'empêcher de lui demander la raison à son seul refus parmi les vingtaines d'invitations qu'elle avait accepté pour mieux connaître Lady Grentree.
- Je viendrais.
A ces mots, le soldat fila avant que la réponse de sa mère ne change. Il ne la remercia que lorsqu'il s'enfonça dans le couloir afin de sortir par la porte des domestiques, un léger sourire aux lèvres.
Quand il se rendit dans le jardin, traversant l'espace parsemé de gravillons blancs à l'arrière de la maison, Alexander aperçut les haies taillées qui formaient un long couloir avant de s'éloigner l'une de l'autre pour englober le terrain. Ses bras longeant son corps, il ne mit que quelques minutes pour atterrir au milieu de la végétation. En examinant les alentours, il eut un léger plissement de sourcils en n'y voyant pas son père devant les tulipes jaunes qu'il aimait contempler pendant de longues heures parfois.
Cependant, Alexander ne mit pas beaucoup de temps pour le repérer assis sur un banc en bois peint en blanc. Celui-ci donnait sur des rangées de pétunias blanches et roses qui entouraient un bassin. Arrivé à sa hauteur, le jeune homme s'assit à ses côtés et garda le silence.
Il semblerait qu'il se soit plongé dans ses plus profondes réflexions puisque Kincardin n'avait pas quitté des yeux le bassin qu'il fixait alors que son fils venait d'apparaître.
Les minutes s'écoulèrent dans une atmosphère sereine. Le vent caressait leurs visages, faisant danser par la même occasion les boucles blondes et les mèches brunes des deux hommes sur le banc. Le soleil se présentait avec un certain aplomb, mais les nuages gris qui se dévoilaient déterminaient le temps qu'il ferait en début ou en fin d'après-midi. Le temps à Londres était aussi changeant que les humeurs de sa fiancée, pensa-t-il sur le coup.
Il vint à se rappeler le moment où son père avait giflé Lady Armstrong devant cette grande assemblée de nobles. Isabel avait d'abord feint l'étonnement, avant de capter leur attention en demandant à l'orchestre de jouer un air. La colère avait surement fait vibrer les veines de ses tempes mais elle avait supposé qu'il serait plus judicieux de ne montrer que son visage souriant. Après avoir passé ses dernières années à la courtiser, d'une cruelle difficulté, Alexander Mallory avait appris à y voir clair à travers ses différentes expressions.
Victoria, elle...Cette femme s'était lentement relevée et lui avait simplement adressé un sourire. Un sourire triomphant, mais froid. Comme si son cœur l'était tout autant. Ses yeux n'avaient exprimé ni de la crainte, ni de la colère. Ils étaient aussi neutres que le ton qu'elle avait employé en lui expliquant les faits.
- Que s'est-il passé ?
Ses paroles avaient traversé ses lèvres sans qu'il n'en sache la raison. Comme s'il voulait, même inconsciemment, connaître la raison de leur dispute.
- Je suis désolé, Alex...
Son père secoua sa tête de gauche à droite. Puis ses mains encadrèrent son visage malheureux.
- Tu t'excuseras auprès de ma fiancée. Je ne veux que des explications.
- Elle était là...Et elle m'a parlé sur ce ton, comme si elle croyait encore avoir les cartes en mains...
- Encore ?
Kincardin se tut. Que pouvait-il bien lui dire sur cette femme ? Oui, c'en était devenue bien une avec le temps. Une femme au caractère bien trempé qui semblait mépriser la société dans laquelle son nom l'avait permis d'en être.
Alexander observa les alentours. Aucuns domestiques ne s'y trouvaient donc il pouvait se permettre de parler librement en ses lieux.
- Rassures-moi, dis-moi que cette femme n'est pas ton ancienne maîtresse.
- Juste ciel ! Jamais. Mon ancienne maîtresse n'était pas aussi vile que cette Armstrong !
- J'aurais préféré qu'elle le soit. Vile...
Sa mère ne devait pas souffrir pour les décisions égoïstes que son père avait prises par le passé. Si ses parents ne s'étaient pas éloignés après son accident, Alexander n'aurait jamais appris la vérité. Heureusement, sa mère n'en savait rien jusqu'ici de ce fait qu'il jugeait impardonnable, son père avait fait d'étonnants efforts pour qu'elle ne le soupçonne pas.
- Cela t'aurait évité que tu la défendes, ce jour-là.
Lorsqu'il avait surpris une silhouette féminine quitter la demeure à Glasgow en sachant que son père y était, et sa mère était de voyage en France, Alexander avait déboulé comme une bête assoiffée prêt à le tuer. Ils savaient tous les deux que Célia Mallory était une créature faible. Sa santé se détériorant plus vite avec le temps. Elle en aurait été brisée. Pourtant, son père avait demandé à son fils d'abandonner son enquête car il avait décidé de mettre fin à cet adultère. Il l'avait fait...Et son fils ne l'avait jamais autant dédaigné qu'à cette période-là. Lui qui était censé être son modèle masculin, avait échoué à l'être.
- Je suis-...
- Ne t'excuse pas. Le mal est fait. Je souhaite simplement connaître la raison qui t'a poussé à gifler cette jeune femme, Père.
- Cette femme est...une diablesse. Elle ne cesse d'harponner le cœur des hommes, même ceux qui sont engagés à une autre. Je n'ai pas été capable de retenir ma main car la colère s'est emparée de moi à ce moment-là-...
- Tu rejettes la faute de cette femme alors que tu es le seul fautif dans cette histoire, le coupa-t-il soudainement. En effet, c'est une belle femme et d'après ce que m'a rapporté Isabel, Lady Armstrong est une séductrice. Mais la pierre ne doit pas lui être uniquement lancée. Si les hommes tombent dans son piège, la raison est telle qu'ils le souhaitaient.
Brusquement, Alexander se redressa. Son père leva son visage, abasourdi par ses paroles. Et en découvrant le dos de sa tunique rouge, Kincardin comprit que son fils n'arrivait et n'arriverait pas à lui pardonner son acte. De plus, il ne cautionnait pas non plus son comportement vis-à-vis de la femme qu'il avait jadis aimé par le passé.
- Alors ne rejettes par la faute sur Victoria Armstrong, Père.
****
Nom de Dieu ! Non seulement Georgina Sparks fréquentait ses lieux, mais bien évidemment Lady Patience l'accompagnait dans son excursion à la pêche aux informations. Victoria échangea un regard entendu à son amie qui ressentait la même envie qu'elle de prendre la poudre d'escampette et de les fuir. Une nouvelle joute s'offrirait à elle, et la jeune femme en ressortirait bien évidemment victorieuse mais celles-ci lui tiendraient rancunes jusqu'à ce qu'un autre scandale ne la frappe.
Comme si sa réputation déjà entachée se salissait davantage. Que de sottises.
Les rues étaient encombrées par les nobles, des couples, des femmes mariés se promenant avec leurs amies et des jeunes vierges chaperonnées. Bien entendu, le sexe féminin dominait grandement cette zone commerçante.
- J'aurai aimé me rendre à Green Park si j'avais su que je croiserai ses idiotes.
- Nous pouvons toujours nous y rendre Victoria, tu sais ?
Elle ricana. Renoncer à une après-midi à faire les magasins avec Eleanor Balmont à cause de ses femmes ? Il en était hors de question. D'ailleurs, elle prévoyait de lui refaire entièrement sa garde-robe en l'emmenant chez son couturier. Sydney serait ravi de la revoir. De plus, ses nouvelles créations étaient en vogues à Paris.
- Oh Len ! Si tu savais combien je suis heureuse pour toi. Tu vas te marier à un homme si viril...plaisanta Victoria en observant son visage s'empourprer.
Elles ne parcoururent que quelques mètres avant qu'un cocher n'arrête brusquement l'attelage à leurs côtés. Les pupilles bleues et violettes des jeunes femmes glissèrent sur l'individu qui venait de s'écrouler au sol. Heureusement pour lui, son chariot de petits biscuits n'avait pas été renversé.
- Abrutie ! T'vois pas que j'fais la direction aux nobliaux ?
Eleanor fronça petit à petit des sourcils. Cette jeune fille au corps frêle se tenait difficilement sur ses deux jambes. Quand elle se décala, elle put aussi bien remarquer que Victoria que celle-ci attendait un enfant.
- Cale-toi sur le trottoir la p'tiote, je gagne ma vie moi, grogna-t-il une nouvelle fois sur un ton presque menaçant.
- Nom de Dieu ! Cessez d'hurler ! Voulez-vous que je m'adresse à vous de la même manière que vous le faites à cette jeune fille ? s'écria Victoria en contournant l'attelage pour se tenir près des sièges du conducteur.
Il y eut un silence qui se propagea bien vite autour d'eux. La marquise de Suffolk aida la paysanne à se redresser puis fut rassurée de voir qu'elle n'avait pas été blessé. Seulement, ses yeux humides témoignaient d'une humiliante expérience qu'elle tenterait d'éviter la prochaine fois.
- Milady...Je...
- Milady ? Ôtez-moi ce mot de votre gosier ! Espèce de crapule. Vous ne l'avez pas vu ?
Le vieux cocher roula des yeux, étonné par son langage. Il la regarda de bas en haut puis cligna plusieurs fois des yeux, toujours aussi surpris. Elle avait bien une robe de Lady. Sa peau était aussi douce qu'une Lady. Son vocabulaire n'était pas celui d'une Lady, du moins plus depuis ses dernières minutes.
- Quoi ? Vous n'avez plus rien à dire à présent ?
- Viki, je t'en prie, intervint Eleanor en riant. Regarde-là, elle est juste un peu effrayée. Et même gênée.
Victoria jeta un coup d'œil à la jeune fille dont l'accoutrement était sérieusement à plaindre. La pauvre créature avait surement désiré vendre ses biscuits sur cette place en sachant les nobles si friands de gourmandises. Un dur gagne-pain. Mais un noble gagne-pain.
Sa mère n'en aurait pas fait autant. Non. Sa mère, elle...
« Regarde-là. Tu vois comment elle est ? Tu vois ce qu'elle vend ? »
Son rire se serait répercuté dans ses oreilles.
« Son enfant mourra à la naissance. »
Et elle lui aurait tourné le dos.
- Qu'y-a-t-il, Coal ? Pourquoi vous êtes-vous arrêtés ?
Une voix féminine traversa ses tympans. De longues secondes se consumèrent dans l'air, tandis que les martèlements de son cœur meurtrissaient sa poitrine. Son buste à découvert par l'encolure arrondie de sa robe montait puis redescendait simplement sans que son visage ne veuille se tourner en direction de la femme qui venait de s'adresser au cocher. Des voix finirent par s'élever au-dessus de sa tête, celle d'Eleanor qui se mélangeait à la voix âpre du cocher.
- Juste ciel... ! C'est bien toi Victoria ?
Son regard se perdit sur ses pieds et ils ne purent que rester ancrés au sol tellement la peur lui nouait l'estomac. Parmi tant de personnes sur terre, cette femme resterait la seule qui pourrait démanteler à la fois son assurance et l'espoir infime qui la poussait à agir de la sorte. Pas même sa propre mère, ni même Jared ou encore Eleanor ne pouvaient la décourager.
Lorsque la portière du carrosse claqua, Victoria tressaillit. Des talons chuintèrent contre le sol, se rapprochant d'elle alors que l'air lui manquait brusquement.
Non...Éloignez-vous, je vous en prie...
Ses malheureuses lèvres bougeaient sans qu'un son ne puisse accompagner ses mots.
- Mon enfant...C'est bien toi.
Mon enfant ? Après cet accident ? Après l'avoir vu sangloter à son chevet, après l'avoir vu défaillir face aux informations de médecin sur la santé d'Alexander...
- Lady Mallory, fit-elle d'une voix enrouée.
Petit à petit, sa tête se leva et ses yeux bleus décidèrent finalement de se poser sur le visage empli de tendresse de Célia. Elle déglutit péniblement mais remonta fièrement son menton, s'attendant presque au pire. Lui parlerait-elle avec dédain ? La mépriserait-elle assez pour se moquer de sa réputation ? Oh...Quelle réputation, oui ! Montée de toute pièce pour éloigner les demandes à l'autel.
- Si seulement tu savais combien je suis heureuse de te revoir.
- Lady Mallory, vous êtes de sortie ? intervint soudainement son amie qui l'avait vu si tendue.
Victoria lui avait dit que Lady Célia ne sortait qu'en de très rares occasions...
- Malheureusement, oui !
Elle marqua une pause en la considérant.
- N'êtes-vous pas la marquise de...Hum, pardonnez-moi, ses années en Autriche m'ont fait oubliée les titres de toute cette bonne société.
- De Suffolk, mais appelez-moi simplement Eleanor.
- Oh, et je préfère que l'on m'appelle Célia. Hein, Victoria ? lui rappela celle-ci en lui jetant un regard à la dérobée avant que ses pupilles grises ne viennent étudier la situation de plus près.
Lady Célia observa la jeune fille dont l'énorme ventre ne pouvait être ignoré, puis elle se tourna en direction de son cocher qui avait l'air embarrassé. Un petit rire fit vibrer sa gorge entrainant le regard de ceux qui l'entouraient sur elle.
- Je vois, Coal, que tu as oublié Victoria Armstrong.
Celui-ci glissa ses yeux noisette sur la Lady qui lui avait parlé aussi effrontément en public. Puis il resta bouche-bée, les yeux écarquillés. Cette frêle jeune fille du passé ? Celle qui se passait de dentelles et de souliers à talons pour les remplacer par des bottes en cuir et des vieilles robes austères avec lesquelles elle chevauchait un étalon avec aisance...Il cligna plusieurs fois des paupières, hésitant même à rassembler pieds à terre pour se rapprocher d'elle afin de l'examiner de haut en bas mais, elle était une Lady à présent. Une très belle Lady même ! Avec des dentelles et des souliers à talons qui plus est.
- Sapristi, Lady Armstrong...Est-ce bien elle, milady ? lui demanda finalement le cocher en regardant sa maîtresse, qui restait tout sourire devant lui.
- Ah, qui d'autre qu'une Lady de sa trempe t'aurait parlé de cette manière ?
Il acquiesça, comme pour affirmer ses paroles ce qui eut l'air de faire sourire Eleanor. Elle regrettait de ne pas l'avoir connu plutôt, peut-être qu'elle aurait eu l'occasion de la voir avec ce langage si grossier plus souvent.
Quant à Lady Célia, elle arrangea l'arrière de son chignon blond qui la démangeait avant d'observer la jeune fille derrière Eleanor.
- Est-ce que tu vas bien ?
Elle se rapprocha d'elle tandis que celle-ci ne bougeait toujours pas de sa place, aussi muette que depuis l'instant où elle avait assisté à l'altercation entre la Lady en robe rayée et le cocher.
- Es-tu blessée ? Je ne l'espère pas pour toi Coal ! rajouta Célia en lançant un regard noir à son domestique qui plaça le sien autre part.
- Non...Je vais bien, milady. Je suis désolée, j'aurais du faire plus attention.
- Oh, que dis-tu ? Tu n'étais pas si prêt de la route, il aurait du voir ton chariot.
La jeune fille fut surprise par ses paroles. Elle n'était pas habituée à cette gentillesse, surtout venant d'une femme aussi distinguée et charmante.
- Lady Célia ? s'écria une voix féminine, étouffée probablement par l'intérieur du véhicule.
L'interpelée leva les yeux au ciel. Elle en avait oublié la fiancée de son fils.
- Je suis navrée...
- Lady Célia, qu'est-ce qui vous prend autant de temps ? reprit la voix féminine. Devrais-je descendre ?
Célia délaissa la paysanne et se dirigea d'un pas décidé jusqu'aux deux jeunes Ladys qui les avaient regardés sans un mot.
- Je dois vous laisser...Et...Victoria ? Pourrais-je venir te voir ?
- Si...votre mari ne vous l'interdit pas, répondit simplement Victoria en n'osant pas soutenir son regard.
- Oh Kincardin ? Il n'aura pas son mot à dire. D'ailleurs, il vous a giflé, ce que je ne tolère pas vous savez ? Je l'ai bien réprimandée.
Lady Arsmtrong sentit sa poitrine se serrer. Elle lui rendit le sourire qu'elle n'avait jamais cessé de lui montrer et lui rétorqua ensuite :
- N'hésitez pas à venir chez nous, Lady-...
- Que t'ai-je dit ?
- Célia.
La mère de son bien-aimée l'embrassa sur la joue droite et lui caressa affectueusement le dos avant de s'en aller.
- Ravie de vous avoir connu, Eleanor ! lança-t-elle par la suite en grimpant à l'intérieur de l'attelage sans aucun empressement.
En s'écartant du chemin, Len et elle ainsi que la jeune fille et son chariot, l'engin se remit en marche. En passant devant les Ladys, le cocher les salua d'un hochement de tête.
Alors que ce moment s'était déroulé si rapidement aux yeux de Victoria, son amie avait pu remarquer que la rencontre de cette femme l'avait émotionnellement chamboulée. Eleanor n'avait jamais pu rencontrer sur son visage ce genre d'expressions jusqu'ici. C'était une bonne chose d'après elle, car Victoria dissimulait si facilement ses émotions que c'en était presque effrayant ! Maintenant qu'Alexander Mallory était revenu en chair et en os dans sa vie, Victoria Armstrong ne pouvait ériger ses murs impénétrables autour de son cœur. Car il souffrait. Silencieusement.
- N'en parlons pas.
Et voici qu'elle fuyait. Encore et encore. Pour ne pas faire face directement à sa souffrance. Victoria préférait taire ses sentiments et ignorer ces derniers pour continuer à avancer dans son ombre.
- Comme tu le voudras.
Le bras d'Eleanor se glissa doucement autour de celui de son amie.
- Sydney ne nous attend pas ?
- Si, allons-y.
Un nouveau chapitre ! Et comme toujours...N'hésitez pas à commenter et/ou voter x)
Laissez des remarques si jamais vous en avez pour améliorer mon style d'écriture ou ma façon d'amener les événements dans l'histoire, si je dois plus détailler certaines choses ou pas etc...C'est avec un grand plaisir que je vous lirais, critiques négatives ou pas, c'est ce qui améliorera mon écriture dans tous les cas !
Merci à vous, cher lecteurs de suivre ma trilogie en tout cas ! Et de me lire surtout ;)
P.S: Besoin d'avis sur une autre de mes histoires en cours " Au coeur de l'Empire, la Tamasheqs", si jamais elle vous intéresse n'hésitez pas à faire de même là-bas :3
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