PDV Soan

12h20 Samedi 8 sept 2012

Quand j'arrive à l'appartement avec Lilou, je suis ravi de voir que Matthéo a bien mis la table. D'habitude, il est un peu ronchon pour faire ce qu'il appelle les corvées. Sa sœur le rejoint dans le canapé pour patienter le temps que je prépare à manger. Chez nous c'est pas très grand, cuisine et salon, c'est tout réunis dans une pièce. Après on a un petit couloir qui dessert, salle de bain et deux chambre, celle de la petite, et celle que je partage avec mon frangin. Tandis qu'ils regardent la télévision, je m'occupe de préparer le repas. Au menu escalope de poulet et riz. Je ne suis pas un as de la cuisine, mais je m'efforce de varier leur repas. Y'a quelques trucs qu'ils n'aiment pas mais ils ne sont pas trop difficile. Bien sûr ils préfèrent, tout ce qui est pâtes et frites tout comme moi mais si on ne mangeait que ça, ce ne serait pas l'idéal pour notre santé.

**

Alors que je viens à bout de la cuisson de la viande et de son accompagnement, j'interpelle ma fratrie pour qu'ils viennent à table. On s'installe alors tous les trois derrière nos assiettes, les plus jeunes côtes à côte et moi en face de mon petit frère. Tout en commençant à manger, j'entame la conversation.

- Alors ça fait une semaine, comment ça se passe, l'école, les cours?

- Je me suis fait une nouvelle copine, Ilona. Elle vient d'arriver dans l'école et mon maître a l'air un peu sévère mais gentil.

- C'est bien ma puce et toi Matt?

- Bien comme d'hab, je suis déjà classé comme geek et intello et mes camarades masculins ont tous l'air de gros cons. Quant aux filles, elles me calculent pas.

- Laisse faire le temps, ça fait qu'une semaine...

- Ouais.

- Et avec les profs ça va?

- Hum bah j'ai insulté personne depuis la dernière fois.

- Je me doute sinon j'en aurais entendu parler dis-je alors que je sors mon portable de mon jean. Celui-ci venant de vibrer contre ma cuisse. - Encore un message de pub de l'opérateur...qu'est-ce que c'est gavant, tu crois que y'a un truc intéressant et ben non.

- Pourquoi tu attends un message particulier? Ton nouveau mec?

- T'as un amoureux?! S'exclame ma sœurette

- Non ma Lily, je ne sais pas ou ton frère va chercher ça.

- Mercredi, tu m'envoie un sms pour me dire que tu rentres plus tard parce que tu dois voir un "ami" dit-il imitant les guillemets de ses doigts- Jeudi quand tu viens me chercher, je monte en voiture et toi t'en descend pour aller discuter avec ce gars et hier, tu me préviens que tu as un rendez-vous et tu me demandes d'aller chercher Lilou a son école.

- Effectivement c'est un ami, je l'ai rencontré par hasard dans la rue, il avait fait tomber son portefeuille, je lui ai ramassé puis nous avons commencé à faire connaissance, voilà tout. Je n'ai pas de mec, c'est un ami.

- Mouais je te crois pas dit-il attrapant mon téléphone avant que je n'ai le temps de réagir.

- Matt, rend moi ça!

- Alors voyons voir le dernier sms échangé dit-il alors que je lui cours après en cercle autour de la table. - " Soan, c'est Melvin, on est en ville avec mon père et je t'ai vu monter en voiture avec ta sœur. Il semblerait qu'elle ait fait tomber un carnet de croquis. Je l'ai ramassé. Tu peux passer le récupérer vers 17-18h chez-moi?"

- Quoi? Rends ça, je l'ai pas vu ce message.

- Putain comment t'es déjà accroc dit-il se décidant à me rendre mon cellulaire.

- Assis-toi et fini ton assiette, au lieu de te mêler de ma vie personnelle.

- C'est froid maintenant.

- Bah mets là au micro-onde patate!

- Ecoute la remarque intelligente de ta sœur.

Celui-ci me tire la langue puis fait de même à sa sœur qui lui répond, pareil. De mon côté, j'envoie une réponse a Melvin sans plus tarder en essayant d'éviter les coups d'œil curieux de mon frère. Il aime m'embêter gentiment, mais le jour où il aura une copine, je vais lui redonner la monnaie de sa pièce.

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PDV Melvin

Dans un petit bistro avec mon père, nous dégustons tranquillement notre plat. On a pris tous deux un généreux steak accompagné de potatoes, et d'haricot vert avec une sauce que je connais pas mais c'est bon.

- Hey Melvin, lâche le ton téléphone, il va te répondre.

- Je regardais juste l'heure.

- Bien sûr, tu ne fais que regarder ton mobile depuis qu'on est arrivé. Je sais très bien que tu attends de ses nouvelles

- Il est une heure, moi je lui ai écrit, il devait être 12h15. Ça fait 45 minutes.

- T'es bien impatient dis donc, il était en voiture quand tu lui as écrit et puis surement qu'il est à table comme nous maintenant. Il est très certainement occupé.

- Oui, c'est surement ça et puis je ressemble à une gamine qui attend le texto de son amoureux, pour un gars c'est pathétique.

- N'importe quoi, y'a beaucoup de garçon qui attende impatiemment le message de leur petite copine ou de leurs petits copains, c'est comme ça les jeunes amoureux.

- Mais on est pas amoureux.

- Pas encore, moi je pense que ça ne serait tardé, si ce n'est pas déjà fait. De ton côté je vois bien qu'il te fait tourner la tête. Ton petit cœur commence à faire boom boom boom pour lui.

- Je l'aime bien, il me plait, mais on en n'est pas encore là.

Mon portable vibre contre la table en bois et je m'en empare aussitôt.

- C'est lui!

✉ Bien joué, petite sœur, merci! Moi qui cherchais une excuse pour te revoir vite sans passer pour un lourd, voilà qui est fait, j'ai ma raison. Je passerais. A ce soir, bonne fin d'aprem.Bisou.

- Je sais pas ce qu'il te dit mais tu rougis.

- Il dit qu'il cherchait une excuse pour me revoir sans passer pour un mec collant et que en gros sans le savoir, ça sœur lui a donné un coup de pouce.

- Oh celui-là, il en pince pour toi...

- Tu crois?

- Ça y ressemble beaucoup.

- Donc, je me fais pas de film, il me drague?

- Ça m'en a tout l'air.

- Mais pourquoi il me dit pas clairement les choses.

- Vous vous connaissez à peine, il sait que vivre une nouvelle histoire d'amour pour toi c'est délicat, plein de choses rentrent en compte. Moi je pense qu'effectivement, tu lui plais mais qu'il veut prendre son temps, ne pas te brusquer, vu la douloureuse épreuve que tu as vécu avec Andy. S'il te charme un peu c'est surement pour attiser un intérêt pour toi, pour que tu ne l'oublie pas et qu'un autre ne lui pique pas sa possible chance.

- Des fois je pourrais croire que t'es psychologue...

- Non, c'est juste que je m'y connais un minimum en séduction, même si séduire une femme n'est surement pas pareil qu'un homme, y'a des similitudes.

- Je dois faire quoi alors?

- Laisser faire le temps, et tu peux toi aussi flirter avec lui, enfin si tu penses que tu aimerais être plus qu'amis avec lui, sinon faut pas lui donner de faux espoirs. Le flirt dure le temps de la séduction, après quand les deux personnes sont séduites, généralement, les rapprochements se font tous seul.

- Moi je suis pas un pro dans l'art de la drague.

- Sois toi-même, tout simplement. Bon on se prend un petit dessert, et on va faire les courses pour Filou?

- Ouais, ça marche. J'ai hâte de l'avoir avec nous.

- Bientôt, dès lundi.

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PDV Soan

Quelques heures plus tard en fin d'après-midi

17h30

J'arrive devant la jolie maison de la famille Dubois et me gare sur le bas-côté de la route devant celle-ci. Elle ressemble à celle ou on vivait, ma sœur, mon frère et moi, avant que nos parents ne décèdent. Un jour j'espère que j'aurais mon propre chez moi, ainsi que Matt et Lilou et que tous trois, on vivra en couple et qui s'est peut-être qu'à notre tour, on aura notre famille. Avançant jusqu'à la porte, j'actionne la sonnette juste à côté. Après seulement quelque seconde, la porte s'ouvre sur un homme relativement imposant. Baraqué, tatoué, barbu et crâne rasé. Je dois dire que c'est assez intimidant. Cependant lorsqu'il prend la parole, il a l'air plutôt gentil.

- Tu es Soan, c'est ça?

- Oui

- Viens, entre, mon fils est dans le jardin.

J'entre et le suit alors qu'il me fait signe de venir avec lui. On travers un petit couloir servant d'entrée puis nous arrivons dans une cuisine familiale bien équipé et pour finir, nous atterrissons dans un grand salon. Le mien à l'appart fait pâle figure face à celui-ci. Il ouvre un grand rideau aux motifs du drapeau américain, et une porte vitrée apparaît derrière. L'homme enclenche la poignée et me dit:

- Ça fait des plombes qu'il est dehors, on a adopté un chien, qu'on aura que Lundi, il lui prépare son espace extérieur. Il a changé la niche au moins dix fois de place. Vas-y, va le voir, je lui ai dit que je le préviendrais de ton arrivée mais bon, maintenant que t'es là.

- Merci Monsieur.

- De rien.

Sortant dehors, mes baskets rencontrant la pelouse éclairée par un grand soleil, je repère vite Melvin, dans la niche du chien. Je m'approche et à hauteur lance?

- Tu teste le matériel? C'est de bonne qualité?

Sa tête sort illico presto de la maisonnette et il s'exclame en sortant en quatrième vitesse.

- So..Soan...euh je sais c'est bizarre, mais je, je voulais vérifier la taille, j'étais pas sûr que Filou rentre dedans, je t'assure même si ça parait bizarre, ça l'est pas.

- Pas de panique, si visiter les niches, c'est ton plaisir personnel je n'ai rien contre.

- Mais non, t'es con toi dis-je lui donnant un léger coup de coude dans l'épaule.

- Je déconne Melvin.

- C'est toi le plus bizarre de nous deux d'abord.

Je ris et demande

- Et alors il s'appelle Filou?

- Ouep, on l'aura Lundi, j'ai trop hâte. Bon et toi, alors comme ça on était pressé de me revoir? Je te manquais?

- Euh disons que j'aime beaucoup être en ta compagnie et oui ça me manquait. Il y a un truc en toi qui m'attire et qui fait que j'aime beaucoup être avec toi, je sais pas l'expliquer.

- Je dois être un aimant à beaux-mecs alors. Première nouvelle.

Un aimant a beaux-mecs, déduction, je lui plais, un sourire se dessine instantanément sur mon visage et je me sens même viré au rouge, heureusement que ma barbe me cache un peu.

- Viens on va s'assoir dit-il alors qu'il m'entraine sous un abri recouvrant, un salon de jardin, disposé sur une petite terrasse en bois.

- C'est vraiment joli chez toi, dis-je prenant place dans un canapé blanc assez design, alors qu'il fait de même

- Merci, j'ai fait ça avec mon père cet été.

- Sérieux, waoouh, je suis épaté.

- La force des muscles de mon père, notre imagination pour la déco, quelques douloureux coup de soleil et voilà ce que ça donne.

- C'est super. C'est vrai que ton père, c'est une sacré dose de muscle. Je dois dire qu'il m'a un peu intimidé au premier abord

- Ouais, beaucoup de gens pensent que c'est pas mon père tellement on est différent.

- Moi je l'ai su de suite, tu as ses yeux.

- T'as remarqué ça toi?

- Bien oui.

- C'est vrai qu'il peut intimider au départ mais c'est un gros nounours tout doux en fait. Il te ressemble pas mal quand j'y réfléchis.

- Ah bon?

- Oui, toi aussi au premier contact, tu as l'air intimidant et en fait en discutant avec toi, je me suis rendu compte que t'étais un gars tout gentil, vraiment adorable.

- Merci.

- Tenez les garçons, je vous ai apporté un soda bien frais, je me suis dit que vous auriez peut-être soif.

- C'est gentil papa.

- Oui merci monsieur. Dis-je souriant avant qu'il ne regagne l'intérieur.

- Soan?

- Hum

- Je peux te demander ce qui est arrivé à tes parents?

- Oui, ça me gêne pas, t'inquiète, puis tu m'as bien dit pourquoi tu étais si triste, c'est à mon tour de te raconter un peu mes souffrances.

- Non, je t'oblige pas.

- Je sais bien, mais ça dérange pas, je t'assure. Ils ont péris dans l'incendie de notre maison. Apparemment ils faisaient une sieste, ils s'étaient calé une journée de congé, mon père était chirurgien et ma mère infirmière, ils avaient beaucoup de boulot, alors quand ils avaient un jour de repos et que nous on été occupé ailleurs, ils en profitaient pour se reposer. Il semblerait qu'il y ait eu un court-circuit qui a entraîné le feu par la suite et ils n'ont rien entendu. Les pompiers ont dit qu'ils ont surement décédé à cause de l'asphyxie.

- C'est horrible....je suis désolé Soan, j'aurais pas dû te faire reparler de ça.

- T'en fais pas, ça va. Au moins je me dis qu'ils sont parti avant même que les flammes ne les atteignent.

- Tu es vraiment courageux comme garçon, Lilou et Matt ont bien de la chance d'avoir un grand-frère comme toi

- Il fallait bien que je relève la tête, ils avaient 11 et 6 ans, fallait bien quelqu'un pour consoler leur peine. Au jour d'aujourd'hui, ils me semblent aller mieux, ils font tout comme moi leur deuil. Regarde j'ai une photo d'eux. Dis-je lui montrant une photo dans mon portable.

- La belle brune, c'est ma mère, tu l'auras deviné, elle s'appelle Bénédicte et mon père le brun, c'est Julien. Quand je me pose des questions, que j'ai besoin de conseils, même s'ils me répondent pas, je leur parle. C'est con.

- Non, je trouve pas...moi aussi je parle à Andy, mon amour perdu.

- Ça fait du bien des fois.

- Je trouve aussi.

- Mais aujourd'hui, j'ai remonté la pente, ils me manquent encore parfois mais la douleur s'estompe et je ne garde que les beaux souvenirs.

- Je comprends tout à fait, on oubliera pas les personnes qu'on a aimé, mais il faut continuer à faire notre bout de chemin. Ils seraient pas contents de nous voir triste.

- Exactement. Et ta mère, elle est comment?

- Hum je vais te faire un bref résumé. Un soir je me suis décidé de lui annoncer que j'étais gay, je voulais lui dire à elle en premier et ça tombait bien vu que mon père était pas encore rentré du boulot. Je lui aie dit, sans rentrer dans les détails, j'ai pris une claque et elle m'a dit de foutre le camp et de jamais rentrer, que mon père tout comme elle ne supporterait jamais ça et qu'elle lui raconterait que j'ai fugué.

- Putain désolé mais qu'elle salope!

- J'en pense pas moins...

- Et donc qu'est-ce qui s'est passé?

- J'ai pris mes affaires et je suis parti en direction de chez mon petit-copain, j'ai plus de grands-parents et mes parents sont tous deux enfants uniques, donc je ne savais pas où aller. Il pleuvait comme c'était pas possible, ce soir-là, l'orage grondait et sur ma route, j'ai croisé mon père. Malgré la mauvaise météo il m'a vu. Il est descendu de sa voiture et avec du mal, j'ai fini par tout dire. Il m'a dit que j'étais son fils, qu'il m'aimait et on est rentré à la maison. Le soir même, elle est partie et depuis je vis avec mon père. Il m'a choisi moi. Depuis on a plus jamais eu de ses nouvelles. Et on vit très bien comme ça.

- T'as vécu de sacré galère toi aussi.

- On en a tous. Et sinon, les amours?

- Oh bah, pas grand-chose, enfin j'ai eu de courtes histoires, faut dire que je me consacrais plus à ma famille mais cette année je veux me trouver quelqu'un.

- Et ton style de mec c'est quoi?

- Peut-être bien, T...Ah merde désolé, c'est mon frère dis-je décrochant.

-Oui allo Matt

-T'es la bientôt? On t'attend pour le ciné? T'as pas oublié qu'on y allait pour la séance de 19h?

- Si merde, j'ai zappé, écoute, je rentre je suis bientôt là.

- Désolé de casser ton rencard mais Lilou s'impatiente, j'aurais rien dit mais tu lui as promis d'aller voir l'âge de glace et comme après c'est plus que diffusé en journée...et qu'on est en cours

- C'est ok, t'inquiète, j'ai fait une promesse, je l'a tient. J'arrive.

- Melvin, je suis navré, je dois y aller, j'ai promis à ma sœur d'aller au ciné.

- T'inquiète je comprends, y'a pas de souci, on se reverra bientôt.

- Très bientôt, on se recontacte.

On se rend tous deux à l'intérieur de la maison, et je salue son père avant de me diriger vers la sortie.

- Hé, jeune homme pas si vite, tu n'étais pas venu récupérer un carnet de croquis?

- Oh si, merci dis-je revenant sur mes pas pour prendre l'objet qu'il me tend

- Tu as un bon coup de crayon, je vois que tu n'as pas le temps pour discuter, mais dès que tu as le temps, passe à l'adresse que je t'ai noté sur la couverture de ton calepin.

- Oh, ok, j'y passerais sans problème. Au revoir Monsieur, à bientôt Melvin.

- A bientôt Soan! Bon ciné.

- Merci, bonne soirée à vous.

Je leur souris une dernière fois, puis prend la porte, regagnant peu après mon pick-up. Avant de démarrer et de prendre la route, j'envoie un sms a Melvin :

✉ Désolé que notre conversation ait été interrompue. Je me disais qu'on pourrait peut-être la poursuivre genre ce soir, par sms vers 22h ?

✉ C'est pas grave. Avec plaisir, j'attends ton texto. A ce soir. Bisou