« Alors, Jasper, as-tu trouvé quelque chose d'intéressant aujourd'hui en ville ? » Demanda Dumbledore une fois que nous fûmes installés, qu'il eut bu sa tasse de thé, et fourré une dragée au citron dans sa bouche.

« Oui… et non… Il n'y a pas grand-chose dont je sois absolument certain, » répondit Jasper avec un soupçon de frustration, « mais beaucoup d'activités suspectes… Je suis tombé sur Ludo Verpey qui était en grande conversation avec un groupe de gobelins aux Trois Balais. Ludo est devenu très agité quand Bella, Hermione, Harry et Ron sont arrivés, et après avoir parlé à Harry, il a suggéré aux gobelins d'aller dans un endroit plus confidentiel. Je les ai suivis des Trois Balais jusqu'à La Tête de Sanglier. Les gobelins étaient extrêmement mécontents. »

« Ce n'est pas terriblement suspect. Ils ont souvent l'air mécontent, » intervint Dumbledore.

« Oui, » poursuivit Jasper, « mais ils étaient particulièrement préoccupés par le sort de M. Barty Croupton. Il semble qu'il n'ait pas été vu depuis un certain temps. Ludo a dit qu'il était malade, mais je ne crois pas que ce soit le cas – ou du moins je ne crois pas que Ludo pense qu'il est malade. »

« Est-ce que Ludo sait où il est ? »

« Non, » dit Jasper avec certitude. « Il était très mal à l'aise quand il a parlé de l'absence de M. Croupton, mais je n'ai jamais eu l'impression qu'il était au courant de l'endroit où il se trouvait. »

« As-tu entendu beaucoup de choses ? » Questionna Dumbledore.

« Surtout pas mal de menaces proférées par les gobelins, et des informations intentionnellement erronées de la part de Ludo. Les gobelins étaient très insistants au sujet des allées et venues de M. Croupton, et ils trouvaient les explications de Ludo des plus suspectes, mais Ludo n'en a pas dit beaucoup plus. Et à ce moment-là… Rita Skeeter est entrée. »

Dumbledore fronça les sourcils à la mention du nom de la journaliste.

« Elle a Ludo dans son collimateur. Elle a parlé à plusieurs personnes au bar à propos de la rencontre de celui-ci avec les gobelins après qu'il ait quitté les lieux. »

« C'est tout ce dont nous avons besoin… » Dumbledore se perdit dans ses pensées… Puis, retournant son regard vers Jasper : « C'est très bien, Jasper. Je te remercie. Cela a été utile. »

Mais je ne lui ai rien dit.

« Tu m'as dit ce que j'avais besoin de savoir. » Il sourit. « Maintenant, je suis désolé de devoir couper court à cette réunion, mais je dois retourner ta cape à son propriétaire légitime. »

Plus tard dans la soirée, Bella fit un compte rendu des événements de son point de vue. « Je pense qu'Hagrid sera beaucoup mieux à présent… » Elle sourit tristement. « C'est tellement exaspérant que quelqu'un soit autorisé à écrire des histoires aussi terribles. Les sorciers ne savent-ils pas comment poursuivre en justice pour diffamation ? »

« Je suppose que l'équivalent chez les sorciers serait de métamorphoser la personne qui propage des calomnies en crapaud, » répondis-je en souriant, ayant de la difficulté à me concentrer sur la conversation alors que la lumière de la lampe jouait à mettre des reflets dans les mèches de cheveux de Bella. Ma main les caressa distraitement.

« Et bien alors ils devraient transformer cette bonne femme en crapaud… » Grommela-t-elle. Elle était encore adorable même quand elle était remplie d'indignation.

Quelques instants passèrent sans échanger un mot. C'était un silence confortable. Puis je me rappelai la question que je voulais lui poser. « Bella, m'aiderais-tu avec Harry ? »

« Oui, bien sûr, » dit-elle, toute ragaillardie. Elle aimait pouvoir apporter son aide. « Voudrais-tu que je t'aide à renforcer ton bouclier contre lui ? » Me taquina-t-elle.

« Non, rien de tout ça, » souris-je. « Il est très… contrarié que j'aie emmené Cho au Bal. »

« Il n'était pas le seul. »

« Oui, eh bien, il n'arrive pas à laisser aller cette histoire. Je lui ai donné un indice au sujet de l'œuf, mais il n'a encore rien fait avec cet élément d'information. »

« Mais il a dit à Hermione qu'il avait presque deviné l'énigme. »

« Je sais… Il a menti, » déclarai-je sans ambages. « Je l'ai entendu dans son esprit. Il n'a pas la moindre idée au sujet de l'œuf, et c'est quelque chose qui exige de la préparation. »

« Alors que veux-tu que je fasse ? »

« J'aimerais que tu lui demandes… et si c'est possible, que tu l'encourages à suivre mes conseils, » répondis-je. « Je pense qu'il te fait confiance. »

« Absolument, Edward. » Elle s'étira pour m'embrasser légèrement, mais sans avertissement notre baiser se changea en quelque chose de très intense. Je rompis notre étreinte en vitesse. « Tout ce que tu voudras, » dit-elle d'une voix rauque, m'amenant à croire qu'elle ne faisait pas vraiment référence à notre discussion précédente.

Le lendemain, après l'école, ses premiers mots à mon intention furent « Mission accomplie ! »

« Quoi ? » Voulait-elle dire Harry ?

« Exactement ce que je viens de dire. Mission accomplie. Il sait au sujet de l'œuf. »

« Vraiment ? » Avait-elle pu faire aussi vite ? Je savais qu'elle pouvait être convaincante, mais ça ne faisait même pas vingt-quatre heures…

Elle sourit de toutes des dents. « En fait ça n'a pas été difficile. Il l'a apporté au bain des préfets hier soir… Il y a eu un petit incident, d'ailleurs. »

Je relevai un sourcil en signe de curiosité.

« La nuit dernière, après qu'ils aient regagné Gryffondor, Harry s'est faufilé à l'extérieur en utilisant sa cape d'invisibilité et quelque chose appelé carte du Maraudeur. Toujours est-il qu'il s'est rendu au bain des préfets avec l'œuf comme tu lui avais suggéré… Il l'a écouté sous l'eau et a entendu la chanson. »

Je poussai un soupir de soulagement, mais je me rendis alors compte que ce n'était pas suffisant. « Connaît-il la signification de la chanson, cependant ? »

« Certainement. Il a dit que Mimi Geignarde l'a aidé à la déchiffrer – quelque chose à propos de sirènes. » Les yeux de Bella brillèrent d'excitation. « Y a-t-il vraiment des sirènes ? »

« Il semblerait que oui. Et donc est-ce qu'il sait de quoi d'autre il s'agit ? »

« Seulement qu'il a besoin de récupérer quelque chose… »

C'était à peu près autant que ce que moi je savais, sauf… « Est-ce qu'il sait comment il va s'y prendre pour retenir son souffle pendant une heure ? »

« Non, il est encore en train de travailler là-dessus. Mais au moins il sait. »

« Oui. » Je réfléchis pendant une minute. Je pourrais lui dire au sujet du sortilège de Têtenbulle, mais sans doute qu'il ne me ferait pas confiance. Je pourrais le dire à Bella, mais il pourrait en retour devenir soupçonneux. Ce serait seulement en dernier recours… Puis quelque chose me frappa à propos du récit de Bella. « Qui est donc Mimi Geignarde ? »

« Oh, c'est un fantôme qui hante les toilettes des filles à l'étage principal. Elle est vraiment dans un état pas mal déplorable… Quoi qu'il en soit, apparemment qu'elle se serait pointée à la salle de bain des préfets hier soir et qu'elle l'aurait aidé à comprendre… Elle lui a dit de plonger l'œuf sous l'eau. »

Je me demandai si elle était là quand j'avais pris mon bain. J'avais entendu un rire… Je trouvais ça un peu apeurant de savoir que j'avais été espionné par un fantôme. « Et c'est quoi la carte du Maraudeur ? »

« Oh, c'est une carte de Poudlard que Harry a en sa possession, ou plutôt qu'il avait… Elle montre toutes les pièces – et apparemment qui s'en vient dans notre direction ? »

« Hein ? »

« Hermione dit que ça lui indique où tout le monde se trouve dans le château, mais il ne l'a plus. »

« Ah, et pourquoi donc ? »

« Eh bien, il l'a utilisée hier pour entrer et sortir de la salle de bain des préfets en catimini. » Je me rappelai brièvement les jumeaux Weasley tenant un morceau de parchemin lors de notre visite officieuse du château. « Il a fait une chute dans l'un des escaliers truqués, et il a laissé tomber l'œuf qui s'est mis à hurler. » Je frissonnai en me souvenant du son épouvantable. « La carte du Maraudeur lui a aussi échappé des mains… et Rusard était dans les parages, de même que Rogue, et il a failli se faire prendre, mais Maugrey a couvert ses arrières. Il lui a toutefois demandé d'emprunter la carte. »

Hmmm, au moins Harry savait au sujet de l'œuf. Maintenant si seulement il pouvait trouver un moyen de faire face aux difficultés que nous allions rencontrer sous l'eau…

« Merci, Bella. » Je lui souris. « Tu es vraiment épatante, tu sais ça ? »

Elle me rendit mon sourire, passant son bras autour de mon dos et se lovant contre moi dans une demi étreinte. « Merci de me laisser aider ! »

Mon soulagement ne fut que momentané. Chaque jour qui passait, je cherchais dans l'esprit de Harry et demandais à Bella s'il progressait. Mais il stagnait. Je fis part de mes préoccupations un soir à la bibliothèque avant que Cho ne vienne nous rejoindre.

« Est-ce que Harry a une idée de ce qu'il va faire pour la deuxième tâche ? » Demandai-je à Hermione.

« Il dit que tout est sous contrôle, » répondit-elle, « mais je n'en suis pas sûre. »

« Je crains vraiment qu'il ne soit pas prêt. Je ne peux pas dévoiler grand-chose, mais cette épreuve n'en est pas une dans laquelle on peut juste sauter et invoquer sa bonne étoile… Son balai ne lui sera d'aucune aide cette fois-ci, » poursuivis-je.

« Je vais voir ce que je peux faire pour le pousser un peu, Edward, » répliqua-t-elle.

Cho arriva sur ces entrefaites, coupant court à notre conversation, nous forçant à retourner à nos bouquins. Plus tard, en quittant le château, je pris Cedric en aparté.

« Tu te souviens que je t'ai dit que je pouvais lire les pensées des gens ? »

Il hocha la tête.

« Eh bien, il m'arrive de sonder l'esprit de Harry à l'occasion, et il ne sait pas comment il va s'y prendre pour s'acquitter de la seconde tâche, pour ce que je peux en dire. »

« Mais comment le saurais-tu ? »

« Je l'ai surpris en train de s'interroger à ce sujet… Il est assez clair qu'il n'a pas de plan. »

« Je pourrais tout simplement lui dire, » proposa-t-il. Je lui lançai un regard spéculatif. « D'accord – il n'accepterait probablement pas ton aide – ou refuserait de te croire… » Soupira-t-il profondément. « Ce n'est pas un boulot facile, n'est-ce pas ? »

« Pas vraiment… » Répondis-je.

« Non, en fait Edward, j'y réfléchissais l'autre jour. Tu as dû franchir un océan pour venir vivre dans un nouvel endroit, te faire de nouveaux amis, retarder ton mariage, essayer de passer pour un sorcier, et tout ça afin d'aider quelqu'un qui ne veut vraiment pas de ton aide. Et en fin de compte, tu ne recevras aucun remerciement, aucune reconnaissance pour ta peine… Pourquoi fais-tu tout ça ? Je sais que je te l'ai demandé avant – mais vraiment – qu'est-ce qui te motive ? »

J'aurais aimé pouvoir lui dire. Malgré le fiasco survenu à Noël, le plus haut niveau d'honnêteté que nous partagions maintenant avait renforcé notre amitié. Mais tout lui raconter… ce que j'étais… mettrait en danger nos deux vies. Aussi lui révélai-je seulement ce que je pouvais. « J'ai fait des choses monstrueuses, Cedric. Je ne suis pas une… bonne personne. Mais j'essaye de me racheter… Je ne sais pas s'il y a quelque chose après cette vie pour les gens comme moi – qui ont fait les choses que j'ai faites… mais j'espère que c'est peut-être le cas, et s'il y a quelque chose, peut-être que je peux aller au ciel ou peu importe ce qui vient après… »

Il resta très silencieux et je me demandai si j'en avais trop dit. C'était très personnel… peut-être trop pour notre amitié à ce stade. Mais je pouvais voir dans ses pensées qu'il réfléchissait à mes paroles, les harmonisant aux siennes, essayant de comprendre.

« Edward, je ne peux pas imaginer ce que tu aurais pu faire pour te sentir si horrible. Mais je me suis questionné à ce sujet moi aussi – étant un sorcier et tout ça… Il y a des potions et des objets qui peuvent être utilisés pour aider à prolonger la vie… donner la vie éternelle, même. Et tu as vu les fantômes qui hantent ces lieux… Mais qu'est-ce qui vient après ? J'ai entendu Dumbledore dire que la mort est la prochaine grande aventure… mais y a-t-il vraiment quelque chose ? Si nous pouvons utiliser la magie pour vivre éternellement, est-ce que ça veut dire qu'il n'y a rien d'autre ? Je ne sais pas… »

Il avait clairement beaucoup réfléchi à ce sujet avant. Cela me donna une meilleure appréciation de la profondeur de son âme. Je souris. « Je suppose que nous finirons par le découvrir. »

« En effet. Mais espérons que ce ne sera pas de sitôt ! »

Nous échangeâmes des au revoir et je retournai à Venlaw avec Bella.

Le lendemain, je portai beaucoup plus attention à Harry, le suivant de classe en classe dans son esprit. Cedric le savait, et donc il put m'apporter son aide lorsque j'apparaissais particulièrement inattentif en classe.

Je constatai qu'Hermione avait fait des pressions pour obtenir une réponse plus définitive quand je les rattrapai dans la classe de Sortilèges.

« Tu as dit que tu avais déjà travaillé sur l'indice contenu dans l'œuf ! » S'indigna-t-elle… Edward avait raison…

« Baisse le ton ! » Répondit-il avec humeur. « J'ai juste besoin de – de peaufiner un peu mon plan, d'accord ? »

Il n'avait aucune idée… et il chercha à détourner la conversation, mais Hermione n'allait pas renoncer. Plus tard durant la journée, dans la salle commune, elle ramena le sujet sur le tapis.

« Harry, tu parles de peaufiner ton plan, mais en vérité tu n'en as même pas, et il faut que tu t'y mettes sérieusement ! » Dit-elle. « Sinon comment vas-tu survivre sous l'eau pendant une heure ? »

« Je pourrais utiliser un scaphandre autonome… J'ai lu sur le sujet, » suggéra-t-il.

« Il s'agit d'un tournoi magique, Harry, ils ne vont pas te laisser faire l'épreuve en costume d'homme-grenouille. »

« Il pourrait encore se servir du sortilège d'attraction – faire venir le scaphandre d'une ville voisine. »

« Ron, » soupira Hermione avec agacement, « en supposant qu'il soit capable d'attirer un objet à cette distance, ce qui est peu probable, et qu'il soit capable de comprendre comment s'en servir à l'intérieur de l'heure allouée pour la tâche, ne crois-tu pas qu'il serait disqualifié pour infraction au Code International du Secret Magique ? Je suis certaine qu'un équipement de scaphandrier survolant la campagne pour se rendre jusqu'à Poudlard ne passerait pas inaperçu. »

« J'imagine que non, » dit Ron avec abattement en croisant les bras.

« Évidemment, la solution idéale serait que tu te métamorphoses en sous-marin ou quelque chose… » Dit-elle rêveusement. « Si seulement nous avions déjà fait des métamorphoses humaines ! Mais je ne crois pas que nous allons commencer avant la sixième année, et ça peut se passer très mal si tu ne sais pas ce que tu fais… »

« Ouais, je n'ai pas envie de me promener avec un périscope sortant de ma tête, » répliqua Harry. « Je suppose que je pourrais toujours attaquer quelqu'un devant Maugrey, de sorte qu'il le fasse pour moi… » Plaisanta-t-il.

« Je ne pense pas qu'il te laisserait choisir en quoi tu voudrais être transformé, cependant, » dit Hermione, ne saisissant pas la plaisanterie. « Non, je crois que ta meilleure chance est un sortilège quelconque. »

Ils se levèrent et se dirigèrent vers la bibliothèque. Au même moment Bella arriva dans le Hall d'entrée. Il était temps pour nous de rentrer à Venlaw pour le souper. À la lumière des propos d'Hermione, je me demandai si je ne pourrais pas orienter Harry vers un certain sortilège… Je repensai au sortilège de Têtenbulle. Ça fonctionnerait, mais ça ne réglerait pas le problème avec sa nage. En fouillant son esprit, j'avais appris qu'il n'était pas un très bon nageur… Avoir une bulle d'air ne lui serait d'aucune utilité s'il ne pouvait même pas se rendre jusqu'aux sirènes et quelle que soit la chose que nous devions trouver. Il restait seulement une semaine et il n'avait toujours pas de plan. Je commençais à paniquer.

Notre rencontre hebdomadaire avec le directeur de l'école s'avéra particulièrement morose ce week-end là. « Je ne sais pas ce que je peux faire, Dumbledore. J'ai épuisé toutes mes connaissances, et même Hermione n'a pas été en mesure de trouver un sortilège pour l'aider. »

« Et tu es absolument certain qu'un sortilège est la réponse ? »

Je secouai la tête. « Je ne sais pas. C'est ce qu'Hermione a suggéré… Ça semble logique. »

« Ne te laisse pas coincer dans une seule ligne de pensée… Rappelle-toi de garder l'esprit ouvert à d'autres possibilités, » dit-il en souriant.

J'acquiesçai. Il avait raison. Nous pouvions être tout à fait à côté de la plaque avec un sortilège… Peut-être qu'il pourrait changer son balai en engin sous-marin…

« Tu te tracasses vraiment à son sujet, n'est-ce pas ? » Me demanda Bella plus tard cette nuit-là alors que nous étions allongés dans le lit.

« Oui… Il fait face à un danger très réel. Il a besoin d'oxygène. En plus des obstacles magiques, il faut qu'il respire, et… »

« Et quoi, Edward ? »

« Il se sent tellement coupable. Hagrid l'a vraiment encouragé. Depuis qu'il a repris ses fonctions, l'idée de voir Harry gagner le Tournoi l'a ragaillardi. Harry pense qu'il doit gagner pour lui. »

« Et donc tu veux faire en sorte qu'il ne se contente pas de survivre, mais qu'il se débrouille bien, » déduisit-elle.

« Oui… Il est le champion légitime de Poudlard. Il devrait gagner, » répliquai-je.

Je sentis Bella se tourner sur son flanc à côté de moi. Ses yeux regardaient mon visage de manière spéculative, et son regard attentif me fit sourire. Finalement je me tournai vers elle. « Qu'y a-t-il ? »

« Tu me surprends énormément parfois… c'est tout… Tu as toujours été bon et noble, Edward, malgré ce que tu penses. Mais en ce moment j'y songe davantage parce que c'est particulièrement flagrant. Je suis fière de toi. » Elle posa sa tête sur ma poitrine et je sentis la chaleur non seulement de son amour, mais aussi de son acceptation. Elle croyait en moi plus que je ne le faisais moi-même. Elle était ma foi.

Edward, entendis-je la voix de Carlisle dans ma tête, je suis désolé de vous interrompre, mais je pense que j'ai trouvé quelque chose qui pourrait aider.

Je me redressai subitement, entraînant Bella avec moi. « Qu'est-ce que c'est, Carlisle ? »

La Branchiflore. C'est une plante qui lui fera pousser des branchies ainsi que des mains et des pieds palmés pour l'aider à nager…

« Parfait ! Merci Carlisle. » Maintenant nous n'avions plus qu'à trouver un moyen d'amener Harry à la prendre.

Lundi matin je décidai que la meilleure chose à faire était de retourner à la source du premier indice. Harry allait sûrement faire confiance à Maugrey, même si moi je m'en méfiais. Durant ma période libre je me rendis à son bureau et frappai à la porte.

« Entre, » entendis-je sa voix bourrue et sa voix mentale très altérée dire en même temps. Je secouai la tête. C'était tellement bizarre d'entendre les deux voix différentes. Je n'arrivais pas à m'y habituer. « Qu'est-ce que t'attends, Cullen ? »

J'ouvris la porte, posant mon regard sur tous les objets insolites que j'avais vus à travers les yeux de Harry la première fois qu'il avait visité Maugrey.

« Monsieur ? » Débutai-je. « Je suis venu parce que je suis inquiet au sujet de Harry. »

« Potter ? Que se passe-t-il avec lui ? »

« Eh bien, j'ai cru comprendre qu'il n'est pas très bien préparé pour la seconde tâche… »

« Il ne sait pas à propos de l'œuf ? » Il me dévisagea avec son œil unique tandis que son œil magique oscillait frénétiquement, disparaissant parfois dans sa tête.

« Il sait au sujet de l'œuf et des sirènes. » Je décidai de jouer carte sur table. « Il n'a pas de plan pour aller sous l'eau. »

« Bah, t'as l'air d'avoir un plan… Pourquoi ne pas le lui dévoiler ? »

« Il ne me fait pas confiance, » admis-je. « Il lui a fallu une éternité pour même prendre un bain avec l'œuf après que je le lui aie suggéré. »

« Ah, alors que veux-tu que je fasse ? »

« Eh bien, j'ai pensé que… s'il prenait de la Branchiflore, ça devrait lui donner environ une heure… mais je n'ai pas de source pour cette information, pas plus que je n'ai de moyen de la lui transmettre… Il se méfie déjà de moi. »

« Et tu crois qu'il ferait confiance à un professeur ? »

« Peut-être que vous pourriez mettre un livre devant lui, ou un truc qui ferait en sorte qu'il le sache, » proposai-je.

Il ne dit rien pendant un moment, me fixant intensément. « Pourquoi t'en soucies-tu ? Ne veux-tu pas gagner ? Si tu lui viens en aide, alors il pourrait te battre… »

« Il m'a aidé avec la première tâche, » mentis-je, me rappelant son rapide effort pour m'informer au sujet des dragons, bien que je l'aie déjà su. « Et ça me semble contraire à l'éthique sportive de ne pas lui rendre la pareille… »

« T'es un Poufsouffle, n'est-ce pas ? » Il me dévisagea.

« Oui, Monsieur. »

« Ah, voilà qui explique tout… Tu as raison pour la Branchiflore. Je sais où je peux en trouver, et je vais m'assurer qu'il la découvre… Je ne devrais vraiment pas l'aider, en tant que son professeur… mais nous ne voudrions pas que Potter se noie… Bon, j'ai un cours à préparer. » Il me donna brusquement congé tandis qu'il commençait à trembler légèrement. Une minute trop tard songeai-je à lui demander si quelque chose n'allait pas. Il m'avait déjà fermé la porte au nez.

La seconde tâche avait lieu le lendemain. Au moins je savais qu'il aurait une chance. Le reste dépendait seulement de lui.

Au cours de la soirée, après le souper, Bella m'avisa d'un changement de programme. « Je vais aller aider Hermione et Ron à préparer Harry pour demain. »

« Mais la Branchiflore… Il devrait déjà être prêt. » Je rejouai la conversation avec Maugrey dans ma tête… Pourquoi n'avait-il rien dit à Harry ? L'épreuve avait lieu demain matin !

« Eh bien, apparemment il ne l'est pas… Mais j'y ai réfléchi. Tout ce que j'ai à faire c'est trouver un bouquin qui mentionne la Branchiflore et le montrer à Harry. »

« D'accord, mais où va-t-il s'en procurer ? »

« Rogue a une énorme réserve de potions et d'herbes diverses. Je me souviens avoir vu de la Branchiflore parmi son stock, » commenta Carlisle. Je cherchai à travers sa mémoire et le souvenir de sa visite dans l'armoire à provisions de Rogue. La plante que nous convoitions était là, dans sa vision périphérique.

« Bella, il y en a dans l'armoire de Rogue, quatrième tablette à partir du sol, sur le côté droit. »

« Okay, » dit-elle. « Ne t'inquiète pas, Edward. Ça ne devrait pas être si difficile. Il faut juste que je trouve le livre et ensuite que je suggère que Rogue en a probablement dans sa réserve. Je suis sûre qu'entre eux et les jumeaux Weasley, nous pouvons trouver un moyen d'accéder au magasin de Rogue. » Elle sourit malicieusement.

« Tu sais que je t'aime. » Je la regardai, admirant son courage.

« Je sais. » Elle sourit de plus belle. « Je vais prendre la poudre de cheminette. Je ne sais pas à quelle heure je vais revenir. Ça dépend du temps qu'il me faudra pour trouver le livre. »

« Eh bien, ne rentre pas trop tard ! » La taquinai-je en la prenant dans mes bras. Nous étions ensemble depuis près de deux ans maintenant, moins ces malheureux quelques mois après son dix-huitième anniversaire, et pourtant c'était toujours comme… comme un enchantement de l'avoir dans mes bras. Comment avais-je réussi à trouver une créature si étonnante – si bonne, si brillante, si brave – et qui m'aimait en retour ? Je sentis son corps chaud et souple écrasé contre le mien alors que je la tenais un peu trop étroitement. Je ne voulais pas la laisser partir.

« Hé, » me taquina-t-elle, « tu vas me mettre en retard ! »

Je la laissai aller à contrecœur et elle disparut par la cheminée pour se rendre à Poudlard.

EDWARD ! Entendis-je la voix d'Alice s'écrier en état de choc quelques instants après que Bella soit partie. Elle dévala les escaliers et se précipita à la bibliothèque, sachant que je m'y trouvais. « Tout le monde, » appela-t-elle aussitôt arrivée, avant d'entrer en transe.

Il y avait trois silhouettes masquées, courant à travers la campagne anglaise vers le nord. Elles arrêtaient périodiquement tandis que l'une des plus grandes montrait le chemin avant de continuer. Elles coururent jusqu'à ce qu'elles soient parvenues à un petit village très familier… Elles étaient juste en bordure de Peebles. C'était le matin. Une journée nuageuse. Les trois silhouettes jetèrent des coups d'œil à la ronde et baissèrent leurs capuchons…

J'haletai… Il s'agissait de Jane, Felix et Demetri.

« Ils sont ici, quelque part, » déclara Demetri. Il fit une pause, nous recherchant à l'aide de son don. « Je ne peux toujours pas la voir, » cracha-t-il, au comble de la frustration.

« Elle est le trou dans tous nos pouvoir. » Jane semblait contrariée. « Cherche Edward – elle ne sera pas loin de lui. »

Il fit une autre pause…

Dans l'image suivante, ils étaient à Venlaw… Puis plus rien.

« Quoi… !? Que se passe-t-il ensuite ? » Demandai-je à Alice.

Je ne sais pas, répondit-elle, le visage blanc comme un linge, visiblement abasourdie.

« Est-ce que quelqu'un pourrait s'il vous plaît nous dire ce qui se passe ? » Dit Emmett, extrêmement frustré.

« Ce sont des membres de la garde des Volturi. Jane, Demetri et Felix, » répondis-je d'un ton lugubre. « Ils cherchent Bella. »

« Probablement pour vérifier son statut, » présuma Carlisle. « Combien de temps, Alice ? »

Elle se concentra plus fort. « Demain, je pense… En milieu de matinée, » répondit-elle.

« Déjà ? » Hoqueta Esme. « Comment se fait-il que nous ne les ayons pas vus avant ? »

« Leur décision de venir ici doit être très récente… Ils auraient pu être en Angleterre pour une autre raison, et avoir capté notre odeur, ou ce qui permet à Demetri de nous traquer, » conjectura Jasper.

« Et c'est beaucoup plus proche que Forks, » ajoutai-je. « Ils pourraient avoir été en Italie quand ils ont pris la décision. Ce n'est vraiment pas si long que ça de Volterra jusqu'ici. » J'avais peur. Qu'avaient-ils l'intention de faire à Bella ? « Peut-être que je devrais aller chercher Bella à Poudlard ? »

« Non, » répondit catégoriquement Carlisle. « Elle est plus en sécurité là-bas… du moins pour l'instant… Mais je vais y aller et dire à Dumbledore que nous pourrions avoir de la compagnie demain. »

Je soupirai. Carlisle avait raison. Même si je la voulais à mes côtés pour la protéger, je ne ferais que les conduire directement à elle… et elle était invisible à Demetri et sa faculté de poursuivre et localiser une proie. Elle était hors de danger là-bas pour le moment.

Quelques minutes plus tard, Carlisle réapparut dans la cheminée. « Dumbledore est préparé. Il va s'assurer que rien ne puisse atteindre Bella pendant qu'elle est à Poudlard. Il soupçonne qu'ils ne seront même pas capables de voir l'école… Il va la garder dans l'enceinte du château pour la nuit et nous irons la rejoindre demain matin. »

Il demeura silencieux pendant un moment et je vis la question qu'il brûlait de demander. Je soupirai et il sut qu'il valait mieux qu'il me la pose. « Es-tu prêt à la changer maintenant, Edward ? Tu sais ce que signifie la présence des Volturi ici. Tu pourrais être amené à agir tout de suite pour la sauver. »

Je secouai la tête. Ce n'était pas ce que je voulais… Ce n'était pas comme ça qu'elle le voulait… Nous avions juste besoin de plus de temps. « Je ne sais pas, Carlisle. »

« Eh bien, je te suggère de te préparer de ton mieux. Je sais qu'elle préférerait que ce soit toi qui le fasses. »

J'acquiesçai, puis je courus hors de la maison et dans la forêt pour aller chasser.