Nous retournâmes à Venlaw le lendemain après le déjeuner. Apparemment, Bella était restée éveillée aussi tard que nous. Ce n'était pas vraiment un problème pour moi puisque je ne dors jamais, mais Bella, elle, tenait à peine debout, tombant littéralement de fatigue.

Une fois que les garçons se furent finalement endormis, aux petites heures du matin, j'eus beaucoup de temps pour réfléchir. C'était étrange de ne pas regarder Bella dormir comme j'en avais l'habitude. Je considérai brièvement la possibilité d'aller la trouver dans le dortoir de Gryffondor, mais j'eus vite fait de réaliser que ce serait trop risqué, et un peu difficile à expliquer. Il y avait des yeux en trop grand nombre, et Bella n'était pas la seule à dormir dans cette pièce.

Le reste de la journée fut tranquille, entre les devoirs et Bella qui rattrapait ses heures de sommeil. Lundi arriva très vite.

Nous n'eûmes pas longtemps à attendre pour entendre parler de la danse, ou Bal de Noël, nom officiel donné à l'événement… C'était lundi matin, juste avant la pause déjeuner, dans le cours de Métamorphose avec Professeur McGonagall.

« Une merveilleuse tradition qui vient avec le Tournoi des Trois Sorciers est le Bal de Noël. Il aura lieu le jour de Noël, à partir de 20h, et se poursuivra jusqu'à minuit. J'ai confiance que vous accorderez toute l'importance qui lui est due à cet événement majeur du Tournoi des Trois Sorciers. »

Un murmure d'excitation égaya la pièce alors que les filles commençaient à discuter des garçons qu'elles aimeraient avoir pour cavaliers, et de ce qu'elles allaient porter… Les garçons, quant à eux, étaient anxieux à la perspective de devoir danser.

« Ce sera tout pour aujourd'hui, vous pouvez aller déjeuner… Edward, puis-je avoir un moment avec vous ? »

Sa requête me laissa perplexe. J'étais un élève modèle. Que pouvait-elle bien me vouloir ?

« Edward, comme vous êtes nouveau ici, je réalise que vous n'êtes peut-être pas pleinement conscient de ce que comporte un bal. Il ne s'agit pas d'une soirée dansante à l'américaine, où tout le monde s'en donne à cœur joie à faire du chahut. Il s'agit d'une célébration traditionnelle où la civilité est de mise. Une tenue formelle est exigée – je présume que vous avez les vêtements appropriés ? »

J'acquiesçai.

« Bon, très bien. Et en tant que champion, nous nous attendons à ce que vous veniez accompagné. Vous allez ouvrir le bal avec les autres champions et les personnes qui les accompagneront… Pas d'exception. »

Je m'étais attendu à ceci, mais l'idée de devoir demander à quelqu'un d'autre de m'accompagner à la danse, ou au bal, me rendait un peu nerveux. Au moins je savais que je m'y rendrais avec quelqu'un qui comprenait ma relation avec Bella… Pas de complications romantiques en vue.

« C'est tout ce que j'avais à vous dire. Vous pouvez aller retrouver vos amis, » dit-elle en jetant un coup d'œil vers la porte, où Cedric attendait.

« Merci de m'avoir attendu, » dis-je en le rejoignant.

« Pas de problème. Je ne voulais pas te laisser déambuler seul dans les corridors – pas maintenant… » Il sourit.

J'étais curieux de savoir ce qu'il voulait dire, jusqu'à ce que nous tournions pour emprunter un autre couloir. Le long de chaque mur se tenaient des petits groupes de filles, pouffant de rire en nous regardant passer à côté d'elles. J'aurais aimé pouvoir seulement imaginer ce qu'elles disaient, mais malheureusement mon esprit fut assailli par des dizaines de pensées et de désirs, la plupart ayant trait au bal, mais pas toutes. À n'en pas douter, les nouvelles de l'événement à venir avaient attisé un corps étudiant déjà extrêmement régi par ses hormones.

Je n'avais pas encore eu l'occasion de vérifier les pensées de Cho par rapport à la danse. J'aurais sûrement du temps pour y remédier pendant le déjeuner. Mais, que ce soit à cause des esprits frénétiques agglomérés autour de moi, ou du besoin de faire la conversation avec Cedric pour éviter les regards et les murmures environnant, toujours est-il que je me lançai dans une discussion qui s'avéra désastreuse.

« Alors, cette Cho Chang, est-ce que tu la connais bien, Cedric ? Je sais que vous jouez tous les deux au Quidditch… »

« Je lui ai parlé à quelques reprises. Nous avons des amis en commun, cependant je n'irais pas jusqu'à dire que nous sommes très proches. Pourquoi ? »

« Eh bien, est-ce qu'elle sort avec quelqu'un ? Est-ce que les élèves ont le droit de se fréquenter ici ? » Je me rendis compte que je n'avais aucune idée de ce que les élèves ici faisaient quand ils voulaient sortir. Ce n'était pas comme s'ils avaient la possibilité d'aller au restaurant ou au cinéma.

« Parfois des élèves vont à Pré-au-lard ensemble – en tant que couples… Ou bien ils s'assoient ensemble dans la Grande Salle pour partager leurs repas. De mémoire récente, ce bal est en quelque sorte la seule occasion vraiment sérieuse de pouvoir sortir avec quelqu'un – comme tu peux le voir. » Il gesticula à la ronde.

« Mais saurais-tu si Cho est déjà sortie de la façon que tu décris avec qui que ce soit ? »

« D'habitude elle traîne avec son cercle d'amis. Je ne l'ai jamais vue fréquenter quelqu'un en particulier. Je ne pense pas qu'elle ait jamais eu de petit ami… »

« Je vois… Alors penses-tu qu'elle est intéressée par quelqu'un en particulier ? »

« Je ne saurais dire. Je n'ai pas remarqué… »

« Et crois-tu que quelqu'un l'ait déjà demandée pour le Bal ? »

« Je ne sais pas, Edward… Ça vient juste d'être annoncé ce matin – mais elle compte parmi les filles les plus intéressantes de l'école. J'imagine qu'il ne faudra pas longtemps avant que quelqu'un ne lui fasse une demande. Pourquoi me poses-tu toutes ces questions ? »

« Oh, je viens juste d'avoir une idée de la personne avec qui Cho pourrait aller au Bal, » dis-je de manière énigmatique. Cela fut une grave erreur de ma part.

« Vraiment ? » Entendis-je une voix féminine s'exclamer derrière moi. « Je serais honorée, Edward. »

Je me figeai et me tournai lentement pour voir le visage d'une Cho Chang très enthousiaste et au comble de la joie alors qu'elle passait à proximité avec un groupe d'amies.

« C'est si excitant, Cho qui va aller au Bal avec un des champions, » commenta l'une des filles de Serdaigle en s'adressant à sa copine. Le groupe était agité comme une ruche en effervescence.

« Euh… » Je ne savais pas quoi dire. Y avait-il une façon de me tirer de cette situation avec élégance ? Je n'en voyais pas. Toutes les filles de son groupe bavardaient déjà avec enthousiasme de ce qu'elle devrait porter, faisant partie de la danse d'ouverture, et du fait que nous allions former un couple parfait tous les deux… Lui dire qu'elle se méprenait sur mes intentions ici, au milieu de ses pairs, ne ferait que l'embarrasser au plus haut point. Je ne comprenais pas qu'elle ait pu mésinterpréter mes propos…

Ou peut-être que si. Je repassai mentalement ce que j'avais dit, le considérant du point de vue de quelqu'un marchant derrière nous dans le couloir… Je fis la grimace. Je vis comment mon échange avec Cedric pouvait avoir été perçu. Combien de temps avait-elle été derrière nous, et pourquoi n'avais-je pas senti sa présence ? Je réalisai que c'était parce qu'au même moment, j'essayais d'ignorer le papotage des filles autour de nous. Et maintenant j'étais dans un bourbier. Et je ne savais pas ce que je pourrais dire pour m'en sortir.

Aussi lui souris-je en gardant le silence. Elle m'adressa un sourire furtif en retour et pénétra dans la Grande Salle avec ses amies. J'accordai mon pas à celui de Cedric et nous allâmes rejoindre James, Patrick et Ernie à notre table. Cedric me lança un regard curieux à une occasion, mais ne dit rien. Il se demandait pourquoi j'étais si tranquille, mais supposa que c'était parce que j'étais content que Cho ait accepté. Il se remémora mon premier mois à Poudlard et mon intérêt visible pour Cho. Pour lui, ce qui venait de se produire semblait être une progression naturelle – et je pouvais comprendre sa perception.

Mais à présent, j'avais des affaires plus importantes à régler. Je devais expliquer la situation à Bella. Cho était déjà un sujet délicat entre nous, et elle n'allait pas apprécier que je doive la mentionner à nouveau. Je le savais déjà.

L'heure du déjeuner traîna en longueur alors que j'en étais réduit à demeurer assis avec mes amis, à méditer sur le pétrin dans lequel je me trouvais. Il en alla malheureusement tout autrement de l'après-midi. Celui-ci fila à la vitesse de l'éclair pendant que j'étais à la bibliothèque, observant les moindres gestes de Bella à travers les yeux d'Hermione, craignant que d'une minute à l'autre quelqu'un dise quelque chose qui trahirait ma bévue.

Heureusement, il y avait assez d'agitation parmi les quatrièmes années de Gryffondor tandis qu'ils essayaient d'encourager les Scroutts à pétard à aller dans leurs boîtes douillettes afin d'hiberner. Les Scroutts ne semblaient pas intéressés à s'endormir pour l'hiver.

J'attendis que nous soyons revenus à Venlaw pour annoncer la nouvelle à Bella.

Elle va te tuer, m'avertirent les pensées de Rosalie alors que nous étions sur le chemin du retour.

« Pas très utile, » murmurai-je à voix très basse.

Edward, comment as-tu pu ? Renchérit la voix d'Alice au moment où nous approchions de la maison.

Je soupirai. Bien entendu Alice avait dû voir tout ce qui s'était passé. Elle avait probablement aussi vu la partie où Bella allait me lancer la bague de ma mère en pleine tronche et prendre le premier vol pour retourner dans l'état de Washington. Non, elle n'allait pas vraiment faire ça, n'est-ce pas ?

Le déni absolu n'était pas envisageable… Et mentir ne servirait pas ma cause. Alors aussitôt que nous fûmes en haut dans notre chambre, je lui déballai toute l'histoire.

Je l'incitai à s'asseoir sur le lit à mes côtés. Prenant sa main dans la mienne, je lui souris timidement. Elle me rendit mon sourire. Son pouls s'accéléra momentanément comme il le faisait toujours quand nous étions à proximité l'un de l'autre.

« Bella, » débutai-je. « Mon amour… J'ai commis une erreur aujourd'hui. »

« Oh, Edward, » répliqua-t-elle, « je passe mon temps à faire des erreurs… » Elle tendit le bras et posa sa main sur mon visage. « Que s'est-il passé ? »

« Eh bien, je marchais dans le couloir et je parlais avec Cedric et, je ne sais trop comment, je me suis retrouvé à devoir aller au Bal avec Cho, » crachai-je.

Son visage devint rouge et la tension serra sa mâchoire et raidit ses épaules. J'entendis son cœur battre plus vite et vis les larmes lui monter aux yeux. Je savais que ce n'était pas des larmes de tristesse. Je retins mon souffle, tenant sa main sur ses genoux.

« Quoi ? Tu vas y aller avec Cho ? Comment est-ce arrivé ? » Questionna-t-elle en rafale, ne me laissant pas l'occasion de lui répondre. « Et Harry dans tout ça ? Je croyais que notre but était de les réunir ! Cette fille te plaît ? »

Je la fis taire avec mes lèvres, mais elle ne se laissa pas amadouer. Après m'avoir rendu mon baiser pendant un moment trop bref, elle se figea, me repoussa et se leva, traversant la chambre avec colère – ses lèvres pincées en une moue fâchée.

« Je ne sais pas comment c'est arrivé, » tentai-je d'expliquer. « Une minute j'étais en train de parler avec Cedric à propos de Cho, et la suivante elle acceptait mon invitation au Bal… » Je poussai un énorme soupir.

« Raconte-moi toute l'histoire, » souffla-t-elle, les bras croisés.

« Je parlais à Cedric, je lui demandais s'il savait si Cho allait au Bal avec quelqu'un… J'ai dit un truc indiquant que j'avais peut-être une idée de la personne avec qui elle voulait y aller. Eh bien, elle a entendu et elle s'est méprise sur le sens de mes paroles, et elle a dit 'Je serais honorée, Edward.' Je ne savais pas comment lui dire que ce n'était pas à moi que je faisais allusion. Et là, ses copines se sont mises de la partie en disant que nous allions devoir ouvrir le Bal avec la première danse… Et Cho parlait avec enthousiasme en imaginant comment ça allait être… Je n'étais même pas dans leur conversation, j'étais sur la touche… » Je me rendis compte que j'avais baissé les yeux pendant que je tentais de lui relater ce qui s'était passé. Je relevai la tête pour voir si mes explications avaient eu un quelconque effet.

Apparemment non. Elle était toujours en colère, les bras croisés sur sa poitrine. « Je vais aller à la bibliothèque étudier avec Hermione. » Elle soupira bruyamment en ramassant son sac et se dirigea vers la porte.

« Je viens avec toi. Je dois rencontrer Cedric. Nous avons un projet pour le cours de Potions… » Je ne voulais pas la laisser y aller seule, dans l'état d'esprit où elle se trouvait.

« Bon d'accord – mais tu ne t'assois pas avec nous. »

« Bella… » Elle se comportait de façon puérile, mais le lui dire n'allait rien arranger. Il aurait fallu que j'invite quelqu'un pour le Bal de toute manière. En tant que champion, je me devais d'y aller, et amorcer la danse avec une partenaire… et nous avions déjà convenu qu'il était trop dangereux que cette partenaire soit Bella. Je ne pensais pas pouvoir contenir mon enthousiasme si je dansais avec elle. Hermione avait déjà deviné notre relation, et je ne tenais pas à ce que d'autres gens la découvre à cause de mon manque de réserve.

Je la suivis jusqu'à l'âtre en bas. Elle avait choisi d'utiliser la poudre de cheminette pour se rendre à Poudlard plutôt que de me laisser la porter dans mon dos, pour des raisons évidentes. Je pouvais seulement espérer que sa colère se dissipe d'ici la fin de la soirée pour que nous puissions discuter du problème et tenter de le régler.

J'allai m'asseoir avec Cedric tandis que Bella ne perdait pas de temps à s'installer avec Hermione, cependant les deux amies ne semblaient pas du tout enclines à étudier. Je vis Bella écrire quelque chose sur un morceau de parchemin et le passer à Hermione. J'aurais pu espionner à travers l'esprit d'Hermione pour voir ce qu'elle avait écrit, mais je choisis de ne pas le faire. Je ne voulais pas l'entendre – j'étais persuadé que c'était au sujet de notre dispute. Hermione leva soudainement la tête et regarda dans notre direction, ses yeux nous lançant des éclairs. Oui, c'était certainement au sujet de notre dispute. Visiblement je n'étais pas dans ses bonnes grâces non plus.

Il y avait 36 minutes que nous étions dans la bibliothèque lorsque Bella se leva pour aller chercher un livre dans une des étagères près de la section limitée. Elle paraissait un peu plus calme. Je considérai brièvement aller la retrouver pour voir si nous pouvions discuter un peu – mais ce n'était ni le moment ni l'endroit pour entamer le deuxième round.

« Je vais aller chercher le Manuel avancé de préparation des potions, » dit Cedric en se levant. Je ne réalisai que partiellement qu'il avait quitté la table, concentré à la fois sur ma lecture et sur ce que j'allais dire à Bella plus tard quand j'aurais une chance de lui parler. Devais-je lui rappeler les faits – qu'il fallait que j'y aille avec quelqu'un ? Je secouai la tête. Cette querelle n'était pas fondée sur la logique. Il faudrait que je trouve un moyen de lui prouver mes sentiments. Elle aurait déjà dû savoir ce que j'éprouvais pour elle. Je n'aurais pas dû avoir à le prouver… Je permis momentanément à ma frustration de se glisser dans mes pensées… Peut-être que nous avions tous les deux besoin de quelques heures pour se calmer…

Dans un coin de mon esprit, je notai que Viktor Krum, qui se fixait dans la bibliothèque chaque fois qu'Hermione s'y trouvait, s'était levé de sa table et se dirigeait vers nous. Pendant un court moment je crus qu'il allait s'adresser à moi, mais il poursuivit son chemin, les yeux rivés au sol comme à son habitude. Je conjecturai qu'il allait continuer jusqu'à l'autre bout de la grande pièce, mais il tourna subitement et s'assit en face d'Hermione.

Elle leva les yeux vers lui, surprise de le voir soudainement apparaître devant elle. « Euh, salut, » dit-elle. « Est-ce que je peux t'aider avec quelque chose ? » Son ton était poli, mais montrait qu'elle était légèrement agacée d'avoir été interrompue dans sa lecture.

« Qu'est-ce que tu lis ? » Demanda-t-il.

« Arithmancie Avancée – je me prépare pour nos BUSE l'an prochain. »

Il resta coi suite à sa réponse. Ses pensées montraient qu'il était intimidé par l'intelligence d'Hermione. Il ne semblait pas particulièrement malin… J'avais deviné juste en supposant que sa lecture au cours du dernier mois avait été un prétexte pour être dans la même pièce qu'elle. Le manque d'intérêt d'Hermione pour sa célébrité avait l'air de l'intriguer.

Elle le regardait, mais pas d'une manière amicale. « Alors… As-tu besoin d'une quelconque assistance de ma part ? »

Sa rudesse le prit au dépourvu. J'oubliai momentanément mes soucis, distrait par le plaisir éprouvé en regardant cette scène adolescente incroyablement maladroite qui se jouait devant moi.

« Non, pas vraiment, » répondit-il.

« Je vois, » répliqua-t-elle, reportant son attention sur le livre.

« C'est-à-dire… » Elle releva la tête. « Je me demandais… Est-ce que quelqu'un t'accompagne au Bal de Noël ? »

« Non, » dit-elle avec irritation.

« Les champions doivent ouvrir le Bal. »

« Je vois. Et tu veux apprendre à danser en lisant sur le sujet ? »

« Non… » Il tripota nerveusement ses robes sous la table. « Je me demandais si tu accepterais d'être ma cavalière. »

Elle cligna des yeux et secoua légèrement la tête. « Pardon ? »

Sa confusion lui procura un peu plus de courage pour continuer. « Je suis venu te demander si tu accepterais de m'accompagner au Bal de Noël… »

« Oh, » répondit-elle, étonnée. « Eh bien, je n'ai pas encore eu de demande… » Elle pensa fugitivement à Ron, mais se rappela qu'il était intéressé par Fleur. Viktor tripota ses habits encore plus frénétiquement alors qu'elle faisait une pause pour réfléchir. Après un court moment, elle mit fin à son angoisse. « Certainement, Viktor. Je serais heureuse de t'accompagner au Bal. » Elle lui sourit gentiment.

Pour la première fois depuis son arrivée à Poudlard, je vis le visage de Krum s'éclairer d'un sourire lumineux. Ça le rendit presque charmant. Sa joie très évidente eut pour effet de contenter Hermione, qui lui adressa un sourire radieux en retour.

Je gloussai en songeant au mini drame qui venait juste de se dérouler devant mes yeux. Les humains pouvaient être si ridicules parfois… J'entendis tout à coup une autre voix au milieu de mes réflexions, signalant le début d'un autre moment délicat entre adolescents, à l'autre extrémité de la bibliothèque, et dont je devins le témoin involontaire.

« Salut Bella – tu travailles avec Hermione ? »

« Oh, salut Cedric. Oui, elle m'aide avec mes études. Il y a tellement de choses à apprendre. C'est un peu ahurissant… »

« Oui, je peux imaginer… Tu as beaucoup plus à surmonter étant donné – qui tu es, » dit-il prudemment.

« C'est pour une bonne raison, cependant. »

« Je me questionnais à ce sujet l'autre jour – pourquoi tu es venue ici avec les Cullen, pourquoi tu travailles si fort pour les aider… alors que tu es – tu sais. »

« Oh… » Elle fit une pause, visiblement incertaine de ce qu'elle devait lui répondre pour avoir l'air crédible. « Je suppose que je voulais participer à un truc plus gros que ma petite personne – un truc qui allait me permettre de m'ouvrir sur le monde et d'apporter mon aide… »

Elle est si impressionnante… la bonté incarnée, vraiment. « Wow, c'est quelque chose, » dit-il, bougeant d'avant en arrière. Je pouvais voir la question en train de prendre forme dans son esprit. J'utilisai chaque once de ma force pour demeurer assis à ma place alors qu'il se décidait. « Aimerais-tu venir au Bal avec moi ? » Demanda-t-il subitement.

« Oh… OH ! » Ses yeux s'agrandirent à la compréhension soudaine de ce qu'il venait de lui dire. « Cedric, je ne pense pas que… Je suis… » Elle ne pouvait pas lui avouer la vérité… Une panique momentanée traversa son visage et elle hésita quelques secondes. Puis son expression changea et devint déterminée. Lorsqu'elle parla à nouveau, sa voix était claire et catégorique. « J'aimerais bien, Cedric, si ça ne te dérange pas d'y aller avec une fille dont la maladresse est légendaire. » Elle sourit aimablement.

« Je n'ai pas remarqué ta gaucherie, mais je pourrai t'aider… Ce n'est pas compliqué, » répondit Cedric, sa voix révélant qu'il était heureux qu'elle ait accepté sa requête. « Tu n'auras qu'à te laisser guider… »

« J'ai déjà entendu ça quelque part, » répliqua-t-elle. « Ça me fera plaisir de t'accompagner. Merci de me l'avoir demandé. »

Elle le laissa et alla rejoindre Hermione à sa table, évitant l'expression orageuse que j'étais conscient d'arborer à cet instant alors que je regardais dans sa direction. Je bouillonnais. Comment avait-elle pu ? Seule une petite partie de mon esprit nota l'hypocrisie de ma colère – qu'elle venait d'être prise dans une situation aussi malaisée que celle dans laquelle je m'étais retrouvé plus tôt, sauf qu'elle avait beaucoup plus de difficulté à mentir de façon crédible. Mais savoir cela n'aida pas. J'étais toujours furieux.