Il y eut un silence choqué dans la Grande Salle, encore plus intense que lorsque mon nom avait été appelé. Malgré le silence ambiant, je pouvais entendre les cris dans la tête des convives partout autour de moi…

Quoi ? Il n'a pas l'âge requis – ça ne se peut pas !

Poudlard a deux champions ? Ce n'est pas juste. Beauxbâtons devrait en avoir deux aussi !

Comment a-t-il fait pour truquer la ligne d'âge ?

Deux champions ? Est-ce que ça peut même se produire ? Et Durmstrang ? Aurons-nous droit à un deuxième champion ?

Potter – il trouve toujours le moyen de contourner les règles – il est toujours en train d'essayer d'être spécial – cette raillerie en particulier correspondait à la voix geignarde de Drago.

Il ne fallut pas longtemps pour que les protestations mentales deviennent audibles dans toute la salle, créant un énorme raffut… Je me concentrai sur Harry et j'essayai de capter le contenu de sa tête pour voir comment il prenait la situation – et pour déterminer s'il était impliqué d'une façon ou d'une autre.

Il était en état de choc. À tel point que ses pensées manquaient totalement de cohérence – tout ce que j'arrivais à percevoir était un flot d'émotions. Principalement la stupéfaction, puis la consternation, et finalement, l'embarras d'avoir été choisi. Au cours des derniers jours, il avait eu des visions où il s'imaginait en train de tenir la Coupe au dessus de sa tête. J'avais pu voir tout ça dans son esprit, mais en ce moment c'était la dernière chose à laquelle il voulait penser.

« Je n'ai pas mis mon nom dedans, » dit-il à Ron, Hermione et Bella. « Vous savez que je n'ai pas fait ça. » Ses pensées confirmaient son innocence, mais ses mots n'étaient pas suffisants, semblait-il.

Ouais, putain, tu peux le répéter tant que tu veux, grogna Ron dans sa tête. Il était en colère, non, furieux contre son ami.

Oh, Harry, les pensées d'Hermione étaient plus conciliantes, étant donné qu'elle savait que ça allait arriver. Elle s'inquiétait seulement au sujet de sa sécurité.

Il y avait 20 secondes que son nom avait été appelé, et il n'avait toujours pas bougé, sauf pour s'enfoncer davantage dans son siège, comme s'il pouvait ainsi éviter le barrage de commentaires qu'il entendait à son sujet.

« Sors-le d'ici, Albus – escorte-le dans un endroit tranquille où nous pourrons discuter de tout ça… avant que Karkaroff et Madame Maxime ne fassent une scène devant les élèves. Peut-être que l'un des autres aura une idée où nous avons échoué, » murmura posément McGonagall en s'adressant à Dumbledore.

Il hocha la tête. Puis, regardant en direction de Harry, il appela encore son nom. « Harry Potter ! Harry ! Je te prierais de venir ici ! »

« Vas-y, » l'encouragea Hermione, et il se décida enfin à se diriger vers l'avant de la salle. S'il avait pu se faufiler au ras du sol comme un serpent, il l'aurait fait. Il marcha lentement vers la table d'honneur, tête baissée, évitant la combinaison des regards choqués et glacés tournés vers lui.

« Eh bien… passe la porte, Harry, » lui dit sévèrement Dumbledore quand il arriva à sa hauteur.

Je m'empressai d'aller rejoindre les autres quand Harry approcha. Je ne voulais pas qu'il sache que j'avais vu se dérouler toute la scène. Ça ne ferait qu'accroître sa gêne. La petite salle était calme. Fleur et Krum se tenaient debout près du feu, contemplant paisiblement ses flammes, totalement inconscients de ce qui venait de se passer à l'extérieur. Je leur fis un petit signe de tête à tous les deux, et allai les rejoindre comme si je venais juste d'être choisi et que je ne savais rien de la tempête qui fermentait de l'autre côté de la porte.

Peu après, Harry pénétra dans la petite pièce…

« Avez-vous entendu – la Coupe a choisi un quatrième champion – un quatrième ! Ce n'est jamais arrivé… Et ce n'est nul autre que Harry Potter. » Je regardai à la ronde pour voir d'où venaient les informations chuchotées – c'était une sorcière ratatinée qui était sortie en douce du cadre de son portrait pour aller dans le suivant – celui d'un sorcier avec une moustache de morse. Elle avait parlé tellement bas que personne d'autre ne l'avait entendue. Je fronçai les sourcils. Je ne me rappelais pas avoir vu des portraits ici lors de notre réunion précédente… Non, j'étais presque certain qu'il n'y en avait pas… Je rejouai notre première soirée dans ma tête pour en avoir la confirmation.

Fleur leva les yeux vers Harry lorsqu'il entra. « Que se passe-t-il ? Veulent-ils que nous retournions dans la Grande Salle ? »

Harry la dévisagea sans répondre, stupéfait. Il avait l'air si jeune et si petit à cet instant précis – incertain de ce qui allait se passer par la suite.

J'entendis des pas précipités et je reconnus les voix des trois proviseurs, de McGonagall, Rogue, M. Croupton, et celle de Ludo qui se faisait plus tapageuse. Ils s'étaient arrêtés juste à l'extérieur de la porte, mais Ludo fit irruption dans la salle et se dirigea directement vers Harry.

« Extraordinaire ! Absolument extraordinaire ! » Je vis Harry grimacer sous la pression que l'autre appliquait à son bras. « Messieurs… Mademoiselle, » ajouta-t-il en notant notre présence, bien qu'il soit clairement concentré sur Harry, « puis-je introduire – aussi incroyable que cela puisse paraître – le quatrième champion du Tournoi des Trois Sorciers ? »

QUOI ? Lui – un autre champion pour représenter Poudlard ? Viktor Krum dévisagea Harry.

Comment ? Cet enfant est dans le tournoi ? Ça n'a aucun sens… « Oh, c'est une plaisanterie très amusante, M. Verpey, » dit Fleur, secouant ses cheveux et carillonnant d'un rire léger.

« Plaisanterie ? Non, pas du tout ! Le nom de Harry vient juste de sortir de la Coupe de Feu ! »

Je réalisai qu'il fallait que j'aie l'air aussi choqué que les autres. Je réarrangeai donc soigneusement mes traits pour montrer une confusion qui me laissait muet de surprise…

Fleur fronça les sourcils. « Mais il y a eu une erreur, c'est évident… » Son ton passa de l'humour au mépris. « Il ne peut pas participer au tournoi, il est trop jeune. »

« Eh bien… C'est surprenant, » réfléchit Ludo. Son expression différait complètement des autres – les autres champions, les élèves dans la Grande Salle – et certainement des autres adultes qui étaient juste en dehors de la pièce. Il était enthousiasmé par l'éventualité de quelque chose d'inédit et sans précédent. « Mais, comme vous le savez, la limite d'âge n'a été imposée cette année que par mesure de sécurité supplémentaire. Et comme son nom est sorti de la Coupe… Je veux dire, je ne pense pas qu'il puisse y avoir de désistement à ce stade… Ça fait partie des règlements, vous êtes obligés d'aller de l'avant… Harry devra simplement faire du mieux qu'il… »

Il semblait justement que Dumbledore soit en train d'essayer de faire de son mieux pour apaiser les tempéraments des deux autres directeurs avant leur entrée dans la salle, mais qu'il n'y parvenait que difficilement. Madame Maxime le poussa pour passer et pénétra dans la pièce, suivie par les autres.

« Madame Maxime ! » S'exclama Fleur en se précipitant vers sa directrice. « Ils disent que ce petit garçon va participer au tournoi lui aussi ! »

Je remarquai l'air chagriné de Harry à cette présomption, à l'utilisation du terme 'petit garçon,' mais à cette minute précise, à regarder sa silhouette petite et frêle, il était difficile de ne pas le voir ainsi. Il n'avait pas encore forci ou élargi pour donner un aperçu de ce à quoi il ressemblerait quand il serait un homme… Il était petit, même parmi ses camarades…

Les deux proviseurs bombardèrent Dumbledore verbalement. Je ne pouvais pas lire leur esprit pour déterminer leurs pensées, aussi tentai-je de me faire une idée par leur ton, leur posture, et leurs visages.

« Qu'est-ce que ça veut dire, Domble-dore ? » Demanda Mme Maxime – bouleversée, choquée, un peu suspicieuse, mais ouverte malgré tout.

« J'aimerais bien le savoir aussi, Dumbledore, » ajouta le Professeur Karkaroff. Son sourire sinistre et ses yeux froids montraient de façon très claire qu'il croyait à une conspiration dans laquelle Dumbledore avait un rôle à jouer. « Deux champions pour représenter Poudlard ? Je n'ai pas souvenir que quelqu'un m'ait dit que l'école qui est l'hôte du Tournoi avait le droit à deux champions, ou alors c'est que je n'ai pas lu les règlements assez attentivement. » Chacun de ses mots ruisselait de sarcasme, et le rire qu'il émit à la fin de sa tirade rappelait davantage les aboiements d'un chien.

« C'est impossible. Poudlard ne peut pas avoir deux champions. Ce serait plus qu'injuste. » Le ton de Madame Maxime indiquait qu'elle n'acceptait pas cette situation elle non plus, mais qu'elle n'était pas prête à accuser Dumbledore de tricherie.

« Nous avions l'impression que votre ligne d'âge bloquerait les plus jeunes concurrents, Dumbledore, » poursuivit Karkaroff, « Sinon, bien entendu, nous aurions emmené une plus grande sélection de candidats de nos propres écoles. »

Je faillis éclater de rire à cette déclaration. Sûrement que personne à son école n'aurait été sélectionné à la place de Krum. Son favoritisme évident rendait la chose très claire – il essayait simplement de trouver des arguments pour démolir la crédibilité de Dumbledore.

Rogue en vint probablement à la même conclusion, car à cet instant sa voix basse et morne se fit entendre. « Ce n'est la faute de personne sauf de Potter, Karkaroff. N'allez pas blâmer Dumbledore pour la détermination de Potter à enfreindre les règles. Depuis son arrivée ici, il passe son temps à franchir les limites et à se moquer de l'autorité. »

J'en demeurai bouche bée. Il savait ! IL SAVAIT ! Nous savions tous que ça allait arriver. Il devait bien se rendre compte que Potter n'avait rien à voir avec ça… À moins que… Était-il possible qu'il soit tellement aveuglé par sa haine envers le garçon qu'il puisse honnêtement croire que Harry avait manigancé pour être dans le Tournoi ? C'était plausible, Rogue pouvait effectivement le croire. Si seulement j'avais pu entrer dans sa tête, juste pour un moment, afin de voir ce qu'il croyait vraiment – et ce qui le poussait à détester ce garçon.

« Merci, Severus, » répliqua Dumbledore avec un avertissement à peine contenu dans la voix. Rogue ne rajouta rien, mais il continua à dévisager le garçon avec malveillance.

Dumbledore lui-même jouait son rôle en s'assurant que les autres ne savaient pas ce que lui savait – ou ne réalisaient pas qu'il n'était pas complètement pris de court par la tournure récente des événements. Il regarda Harry très sérieusement, mais avec une émotion impossible à nommer. Je supposai que tout comme moi, il avait réarrangé son expression pour masquer ses sentiments réels et ce qu'il connaissait vraiment de la situation.

« As-tu mis ton nom dans la Coupe de Feu, Harry ? » Demanda-t-il très calmement.

« Non, » répondit Harry – sa voix et ses pensées reflétaient la vérité. Rogue renâcla dans son coin.

« As-tu demandé à un élève plus vieux de le mettre pour toi dans la Coupe de Feu ? »

« Non. »

Il me vint à l'esprit, à ce moment-là, que Dumbledore ne faisait pas que jouer son rôle – faire ce qu'il ferait normalement s'il n'avait pas l'avantage de la prescience de cet événement particulier. Il posait aussi les questions qui forceraient Harry à répondre en toute honnêteté – si pas par choix, à tout le moins dans sa tête… Je me demandais s'il utilisait sa capacité de lire dans les pensées de Harry pour voir si celui-ci savait quoi que ce soit sur la façon dont cela s'était produit.

« Ah, mais c'est évident qu'il ment ! » Cria Madame Maxime.

Rogue secoua la tête comme s'il était d'accord avec elle. Sa lèvre se recourba et laissa voir ses dents, presque comme un vampire.

« Il ne pourrait pas avoir franchi la ligne d'âge. Je suis sûre que nous sommes tous d'accord sur ce point, » le défendit McGonagall.

« Le sortilège utilisé par Domble-dore pour tracer la ligne d'âge doit avoir été défectueux, » rétorqua la directrice de Beauxbâtons.

« C'est une possibilité, bien entendu, » admit poliment Dumbledore, ignorant la raillerie.

« Albus, tu sais parfaitement que tu n'as pas commis d'erreur ! » McGonagall était furieuse. « Quelle absurdité, vraiment ! Harry ne pourrait pas avoir traversé la ligne lui-même, et comme Professeur Dumbledore croit qu'il n'a pas persuadé un élève plus vieux de le faire pour lui, je suis certaine que cela devrait suffire à convaincre tous les autres ! » Elle dévisagea Rogue de manière significative.

« M. Croupton… M. Verpey, » dit Karkaroff, redirigeant le débat vers les deux officiels et utilisant un ton plus neutre, « vous êtes nos, euh, juges impartiaux. Sûrement que vous allez être d'accord pour dire que la situation est des plus irrégulières ? »

M. Croupton, qui n'avait pas encore ouvert la bouche, dit d'un ton brusque et rapide, « Nous devons suivre les règles, et les règles stipulent clairement que les gens dont les noms sont tirés de la Coupe de Feu sont tenus de concourir dans le Tournoi. »

« Eh bien, Barty connaît le livret des règles dans ses moindres détails, » commenta Ludo avec un grand sourire, visiblement très content que Harry doive participer aux épreuves.

« J'insiste pour soumettre à nouveau les noms du reste de mes élèves. » Karkaroff avait laissé tomber les faux-semblants et se montrait à présent ouvertement hostile. « Vous allez une fois de plus mettre en place la Coupe de Feu, et nous allons continuer à y ajouter des noms jusqu'à ce que chaque école ait deux champions. C'est une question de justice, Dumbledore. »

« Mais, mon cher Karkaroff, ce n'est pas ainsi que ça fonctionne, » clarifia Ludo. « Le feu magique dans la Coupe s'est éteint et ne se ranimera pas avant le début du prochain Tournoi- »

« Auquel Durmstrang ne prendra certainement pas part ! » L'interrompit Karkaroff.

Je vis les épaules de Dumbledore s'affaisser légèrement en entendant les paroles de l'autre directeur. C'était exactement ce qu'il n'avait pas voulu. Ça aurait été pire si Poudlard avait eu un troisième champion.

« Après toutes nos rencontres, nos négociations et nos compromis, je ne m'attendais guère à ce que quelque chose de cette nature se produise ! J'ai presque envie de partir sur le champ ! »

« Ce sont des menaces en l'air, Karkaroff, » gronda Maugrey du seuil de la porte. Il venait juste d'arriver et claudiqua vers nous, sa fausse jambe faisant un bruit sourd chaque fois qu'il s'appuyait dessus. « Vous ne pouvez pas vous défiler maintenant. Votre champion se doit de participer au Tournoi. Ils doivent tous participer. Liés par contrat magique, comme Dumbledore l'a expliqué. Commode, hein ? »

La discordance permanente entre le son de la voix de Maugrey dans sa tête et quand il parlait était toujours aussi déconcertante. Mais ce qui l'était encore plus était la différence de ton. Alors que sa voix audible complétait une phrase en dégageant une impression d'effroi, sa voix mentale la complétait avec jubilation… Cela me rendait perplexe au plus haut point.

« Commode ? » Répliqua Karkaroff. « Je crains de ne pas vous comprendre, Maugrey. »

Je me concentrai sur Maugrey, souhaitant pouvoir lire son esprit, ne serait-ce que pendant quelques secondes. « Non ? C'est pourtant très simple, Karkaroff. Quelqu'un a mis le nom de Potter dans cette Coupe, sachant qu'il serait obligé de concourir s'il était sélectionné. »

« De toute évidence quelqu'un qui veut donner à Poudlard l'occasion de mordre deux fois dans la pomme ! » S'exclama Madame Maxime, faisant part elle aussi de ses soupçons au grand jour, mais néanmoins peu encline à mettre le blâme sur Dumbledore.

« Je suis d'accord avec vous, Madame Maxime, » renchérit Karkaroff, opinant légèrement comme pour lui signifier qu'il l'acceptait de son côté. « Il est de mon devoir de déposer une plainte auprès du Ministère de la Magie et de la Confédération Internationale des Sorciers- »

« Si quelqu'un a une raison de se plaindre ici, c'est Potter, » grogna Maugrey. « Mais, assez curieusement, je ne l'ai pas entendu dire un mot… » La voix dans sa tête était plus perplexe que son organe vocal, et plus satisfaite aussi.

« Pourquoi se plaindrait-il ? » Éclata Fleur, qui s'était tenue légèrement en retrait derrière Madame Maxime durant toute la conversation. « Il a la chance de rivaliser, n'est-ce pas ? Pendant des semaines nous avons tous nourri l'espoir d'être choisis ! L'immense honneur pour nos écoles respectives ! Mille Gallions d'or en guise de récompense en argent – plusieurs seraient prêts à mourir pour avoir une telle chance ! »

« Eh bien justement, peut-être que quelqu'un espère que Potter va mourir pendant le Tournoi, » tonna Maugrey.

Un silence pesant tomba sur la pièce – chacun perdu dans ses pensées – dévisageant les autres avec méfiance. Pour une fois, j'étais content de ne pas pouvoir lire la plupart des esprits dans la salle – car j'étais certain qu'ils étaient tous en train de crier et de s'insulter.

Ludo était visiblement mal à l'aise dans ce silence tendu. « Maugrey, mon vieux… Quelle affirmation ! » Dit-il pour essayer de briser la tension.

« Nous savons tous que Maugrey considère qu'il a perdu sa matinée quand il n'a pas découvert six complots visant à l'assassiner avant l'heure du déjeuner, » répliqua Karkaroff pour discréditer le professeur. « Apparemment il enseigne maintenant à ses élèves à craindre également les assassinats. Une qualité bizarre chez un professeur de Défense contre les Forces du Mal, Dumbledore, mais pas de doute que vous aviez vos raisons pour le recruter. »

Karkaroff se débrouillait avec brio pour ramener la critique sur le dos de Dumbledore, dans une tentative de jeter un voile de doute sur ses intentions.

« Vous croyez que j'imagine des choses, n'est-ce pas ? » S'offusqua Maugrey. « Que je vois des choses, hein ? Il est clair que c'est une sorcière ou un sorcier expérimenté qui a mis le nom du garçon dans la Coupe. » Avais-je détecté une pointe d'orgueil dans sa réplique ?

« Ah, quelle évidence possédez-vous pour appuyer vos dires ? » Questionna Madame Maxime en levant ses mains gigantesques.

« Il se trouve que ceux qui sont derrière ça ont réussi à berner un objet magique extrêmement puissant ! » S'exclama-t-il. « Cela aurait exigé un sortilège de confusion exceptionnellement fort pour parvenir à embobiner cette Coupe afin qu'elle oublie que seulement trois écoles rivalisent dans le Tournoi… Je devine qu'ils ont soumis le nom de Potter avec celui d'une quatrième école pour s'assurer qu'il soit le seul dans sa catégorie… »

C'était une explication plausible – c'était ce que Dumbledore avait considéré faire… Il aurait sans doute été forcé d'utiliser ce sortilège de confusion lui aussi… Je retournai mon attention sur Maugrey. Il en savait plus que ce qu'il n'en laissait paraître – ou était-ce qu'il en savait plus que ce qu'il avait l'air de tenter de deviner… Il y avait un truc qui ne collait pas chez lui. Je pouvais seulement espérer qu'il finisse par déraper quelques secondes – me donnant ainsi l'occasion de voir ce qui se passait dans son esprit.

« Vous semblez avoir beaucoup réfléchi à ce sujet, Maugrey, » répliqua froidement Karkaroff. « Et c'est une théorie très ingénieuse – mais j'ai ouï dire que récemment vous étiez persuadé qu'un de vos cadeaux d'anniversaire contenait un œuf de basilic habilement déguisé, et que vous l'avez réduit en mille morceaux avant de réaliser qu'il s'agissait d'un pendule de voyage. Alors vous comprendrez si nous ne vous prenons pas entièrement au sérieux- »

« Il y a des gens mal intentionnés qui tourneront n'importe quelle occasion innocente à leur avantage. Mon boulot c'est de penser comme le font les Mages Noirs, Karkaroff – et vous savez très bien de quoi je parle… »

« Alastor ! » Aboya Dumbledore, le mettant sévèrement en garde. Puis, se tournant vers les autres. « Comment cette situation s'est produite, nous ne le savons pas. Il me semble, par contre, que nous n'avons d'autre choix que de l'accepter. Edward et Harry ont tous les deux été choisis pour participer au Tournoi. Par conséquent, c'est ce qu'ils feront… »

« Ah, mais Domble-dore- »

« Ma chère Madame Maxime, si vous avez une alternative, je serais ravi de l'entendre. »

Nous attendîmes patiemment – espérant une autre méthode, une autre façon d'éviter ce danger à Harry. C'était ce qu'il désirait plus que tout. Mais personne n'avait d'idées ou d'arguments supplémentaires… Ils ne faisaient que se dévisager – Madame Maxime, Karkaroff et Rogue… sauf Ludo, qui semblait content… Plus que content, en fait.

« Eh bien, qu'attendons-nous pour procéder, alors ? » Dit-il en frottant ses deux mains ensemble dans l'allégresse. « Il faut donner les instructions à nos champions, pas vrai ? Barty, voulez-vous faire les honneurs ? »

M. Croupton, qui avait l'air perdu dans ses pensées, revint soudainement parmi nous. « Oui, » dit-il. « Les instructions. Oui… La première tâche… » Il s'approcha de moi et des autres concurrents. « La première tâche est conçue pour tester votre audace, » poursuivit-il en nous regardant tour à tour, « alors nous n'allons pas vous dire de quoi il s'agit. Le courage face à l'inconnu est une qualité importante chez un sorcier… très importante… Donc la première tâche aura lieu le 24 novembre, devant les autres élèves et le panel de juges. Les champions ne sont pas autorisés à demander ou accepter l'aide des professeurs, de quelque sorte que ce soit, pour compléter les épreuves du Tournoi. Les champions devront faire face à la première épreuve armés uniquement de leurs baguettes magiques. Ils recevront l'information concernant la deuxième épreuve lorsque la première sera terminée. En raison de la nature exigeante et prenante du Tournoi, les champions sont exemptés des examens de fin d'année. »

Il se tourna vers Dumbledore. « Je pense que c'est tout, n'est-ce pas, Albus ? »

« Je crois bien que oui, » répondit Dumbledore d'une voix quelque peu anxieuse. « Êtes-vous certain que vous ne voulez pas rester à Poudlard cette nuit, Barty ? »

« Non, Dumbledore. Je dois retourner au Ministère. Nous traversons une période très occupée et très difficile en ce moment… J'ai laissé le jeune Weatherby en charge… Il est très enthousiaste… Un peu trop enthousiaste, à vrai dire… »

« Viendrez-vous au moins prendre un verre avant de partir ? » L'encouragea le directeur.

« Allez, Barty, moi je reste ! » Dit Ludo d'un ton braillard. « Toute l'action est à Poudlard en ce moment, vous savez. C'est beaucoup plus excitant ici qu'au bureau ! »

L'enthousiasme de Ludo sembla avoir l'effet contraire sur M. Croupton. Je me demandais s'ils s'entendaient mal en règle générale. « Je ne pense pas, Ludo. »

« Professeur Karkaroff, Olympe, prendriez-vous un digestif ? » Offrit Dumbledore en vain puisque Madame Maxime passait déjà la porte, s'entretenant en français avec Fleur… « Ne t'inquiète pas, Fleur, je vais m'arranger pour en avoir le cœur net, » traduisis-je alors qu'elle tentait d'apaiser l'anxiété de Fleur. Karkaroff se contenta de faire un signe à Krum pour qu'il le suive et sortit lui aussi en vitesse. Personne ne resta pour profiter de l'hospitalité de Dumbledore.

« Harry, je te suggère d'aller te coucher… Edward, je suis sûr que ton père t'attend, » conclut gentiment le vieux sorcier, mais avec un regard qui me dictait plutôt de m'attarder. Tandis que Harry se dirigeait vers la porte, il marmonna rapidement, « Suis-le en vitesse et vérifie si tu peux voir quoi que ce soit d'autre, ensuite reviens ici. » Je quittai la petite chambre et m'empressai d'aller rejoindre Harry dans la Grande Salle.

« Alors… Nous allons jouer l'un contre l'autre. Un peu comme mon cousin et toi au Quidditch, » commentai-je platement.

« J'suppose, » répondit Harry d'un ton morne. J'essayai de glaner quelque chose dans ses pensées, mais il n'y avait qu'un fouillis d'images diverses… Rien de concret dont j'aurais pu tirer parti.

« Mais… Dis-moi… » Nous avions atteint le hall d'entrée, et je n'avais plus le temps de tourner autour du pot. « Comment as-tu fait pour mettre ton nom ? »

« Je n'ai pas mis mon nom, » dit-il en me dévisageant. Rien dans sa tête ne suggérait qu'il ne disait pas la vérité, ce que je savais déjà, et il n'avait aucun soupçon concernant une personne qui aurait pu mettre son nom à sa place. « Je n'ai pas mis mon nom. J'ai dit la vérité à Dumbledore. »

« Ah… » J'essayai de penser à autre chose pour le faire parler davantage, mais il n'y avait sans doute rien de plus à tirer de lui. Il ne mentait pas, et il n'avait aucune idée de comment c'était arrivé. Il n'avait aucun soupçon, aucun souvenir d'une conversation particulière, rien. « D'accord… Eh bien… À demain, alors… »

Harry monta l'escalier de marbre tandis que je retournais dans la Grande Salle, puis dans la petite salle adjacente tout au fond.

« Dumbledore, je n'ai- » commençai-je à dire en entrant, mais il m'interrompit.

« Pas ici… » Dit-il vivement, jetant un coup d'œil furtif aux portraits qui nous entouraient. Le reste de la famille était là, à l'exception évidente de deux personnes.

« Où sont Bella et Rosalie ? »

« Bella est en train de célébrer avec ses camarades de maison. Elle sera là d'un moment à l'autre. Hermione a gentiment offert de la raccompagner ici dans quelques instants. Rosalie s'est soudainement rappelée qu'elle devait prêter ses notes de cours à un autre élève de Serpentard. Elle devrait revenir sous peu. »

« Dans combien de temps ? » Demanda Carlisle, trop bas pour être entendu par des oreilles humaines.

« Rosalie, dans environ 32,6 secondes, » répondit Alice. « Mais Bella ne sera pas de retour avant un autre 12 minutes, par contre. »

« Eh bien, peut-être que nous devrions retourner au château Venlaw pour la soirée. Étant donné que personne n'a accepté ton offre si généreuse, Albus, puis-je t'offrir un digestif ? » S'enquit poliment Carlisle.

« Certainement, ce serait fort apprécié, Professeur, » répondit Dumbledore tout aussi gracieusement.