Chapitre 19
Lorsque l'heure du déjeuner arriva, je décidai que je ne pouvais pas attendre plus longtemps et je me dirigeai à la Grande Salle. J'allais devoir utiliser l'excuse de ma diète très stricte une fois encore, ou alors avaler quelques bouchées qui resteraient dans mon estomac toute la journée avant que je ne puisse les recracher en feignant une toux inopportune. Il fallait que je me fasse une idée de qui était cette dénommée Cho mentionnée par Harry, me dis-je. Je voulais faire acte de présence dans la Grande Salle pour commencer mes recherches – vérifier si avoir un rancard avec Harry intéresserait cette fille, mais la véritable raison, bien sûr, était pour voir Bella – pour constater de mes propres yeux qu'elle allait bien.
Être séparé d'elle devenait de plus en plus difficile au fil du temps. Ça ne faisait que quelques jours, et pourtant ça me démangeait déjà d'être rendu au soir, le moment où je pouvais laisser tomber cette façade. Ne plus l'avoir constamment dans ma vie me manquait. Aussi intriguant que soit ce projet, et aussi fascinantes que soient les nouvelles connaissances, j'aurais voulu que nous puissions tout faire ensemble, en tant que couple…
Je trouvai Cedric à la table de Poufsouffle, en train de bavarder avec deux de ses compagnons, James et Patrick. « Hé, Cedric, comment était le cours de Défense contre les Forces du Mal ce matin ? »
« C'est dommage que tu ne prennes pas ce cours, Edward. Ce nouveau professeur, Maugrey – il connaît vraiment bien sa matière. Il a réellement affronté Tu-Sais-Qui et ses Mangemorts. Il n'a pas arrêté de nous parler de l'importance d'être vigilant – et il nous a même montré les sortilèges impardonnables. »
« Ces sortilèges ne sont-ils pas illégaux ? » Questionnai-je. J'avais entendu la même chose dans l'esprit de plusieurs élèves que j'avais croisés et qui avaient déjà eu le cours de Maugrey. Il semblait qu'il ait donné un exposé similaire à chaque année qui était passée dans sa classe.
« Oui, si tu les exécutes sur un être humain. Mais il a utilisé une sauterelle. C'était assez cru et dramatique. Je ne peux pas imaginer ce que je ferais si je devais faire face à quelque chose comme ça. »
« Je suppose que c'est pour ça qu'ils l'enseignent ici, » présumai-je. « Pour que vous soyez préparés. »
« C'est vrai. »
« Alors, qu'est-ce qui est au programme cet après-midi ? »
« Étude des Moldus… et ensuite Divination. » Cedric roula des yeux.
Eh bien, l'après-midi ne s'annonçait pas des plus laborieux. « Cedric, est-ce que tu connais une certaine Cho Chang ? »
« Cho ? Bien sûr. C'est l'attrapeur de l'équipe de Quidditch de Serdaigle. Elle est bonne – pas aussi bonne que Harry, cependant. Là-bas – c'est elle. » Il pointa vers la table de Serdaigle derrière nous, et plus spécifiquement vers une fille qui correspondait à l'image dans la tête de Harry. Elle était au milieu d'une conversation amicale avec plusieurs de ses camarades de classe. J'essayai de lire ses pensées pour découvrir si elle avait le moindre soupçon d'intérêt pour Harry. Tout ce que je pouvais voir, c'est qu'elle était très sociable et intelligente. Elle avait bon cœur et montrait une grande ouverture aux autres, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle semblait être si populaire auprès de ses compagnes. Je supposai qu'elle était jolie en plus, autant que les humains pouvaient l'être. Je pouvais voir l'attraction qu'elle suscitait chez Harry, mais elle pâlissait en comparaison de Bella.
« Edward et Cedric te regardent, » murmura la fille à côté d'elle. Je fis une recherche rapide et vis que son nom était Marietta. Cho releva la tête avec désinvolture pour constater que nous la regardions. Elle sourit gentiment, tout à fait spontanément, et retourna ensuite à sa conversation.
Maintenant que je l'avais vue et entendue, il me serait plus facile de garder sa voix dans mon esprit. Je tournai mon regard vers la table de Gryffondor à l'autre extrémité de la salle et aperçus Harry qui jetait des coups d'œil à Cho quand ce n'était pas lui qui parlait.
Cedric doit être en train de lui expliquer le Quidditch – lui montrant chacun des attrapeurs, entendis-je Cho supposer. Elle avait tenté de trouver une explication logique au fait que je lui portais attention, et sa conjecture la rassura. C'était un soulagement pour moi. Je n'avais pas envie de créer quelque enchevêtrement romantique ambigu que ce soit.
Je ne vis aucun lien avec Harry dans l'esprit de Cho, toutefois il n'y avait pas d'autres garçons non plus dans sa tête. Elle avait une nature semblable à celle d'Angela, trouvant son bonheur dans les choses simples. Il faudrait que j'attende qu'ils interagissent pour voir si une connexion était possible entre eux.
« Pourquoi le demandes-tu ? » Interrogea Cedric.
« Oh, j'ai entendu dire qu'elle était bonne… et quelqu'un a aussi dit qu'elle était jolie. » Je pensai ajouter ce bout de phrase pour jauger la réaction de Cedric.
« Oh, » dit-il pendant que je lisais ses pensées. C'est vrai, elle est jolie en plus d'être gentille, mais il y en a une qui est encore plus jolie. Son regard se porta sur l'allée empruntée pas Bella et Hermione pour rejoindre Harry et Ron à leur table. J'espérai sincèrement que c'était Hermione qui occupait ses pensées.
Je reportai mon attention sur notre table, mais simultanément je me concentrai sur Bella à travers les esprits de Ron et de Harry alors qu'ils la regardaient approcher avec Hermione. J'aurais préféré l'observer moi-même, mais j'avais déjà commis tant d'erreurs. J'attendis qu'elle soit installée – elle était si loin que je pouvais la regarder de manière désinvolte sans que ce soit évident – avant d'oser assouvir mon besoin d'elle. Heureusement je pouvais l'entendre sans que personne autour de moi ne le réalise.
« Hé Harry, Ron, » les salua-t-elle en s'asseyant. Ne semblait-elle pas un peu froide ? Eh bien, évidemment…Ils l'avaient taquinée plus tôt dans la matinée.
« Salut, » dirent-ils machinalement.
Je me demande pourquoi elle est si raide tout à coup. Elle avait l'air d'aller bien dans le couloir il y a quelques minutes. Peut-être qu'elle est encore irritée à propos de ce matin, se questionna Hermione.
« Alors, quels sont vos projets pour l'après-midi ? » Demanda Ron.
« Bella et moi allons à la… »
« Bibliothèque, nous savons, » l'interrompit-il, agacé. Les filles ne pensent donc qu'à ça – les livres et les études ?
« En fait, Hermione, je pensais peut-être aller faire un petit tour chez Hagrid juste pour aller dire 'bonjour' en passant avant notre prochaine classe. Je peux te rattraper après, » dit doucement Bella. Je fronçai les sourcils… Bella se baladant autour de l'école sans surveillance… Je n'aimais pas du tout l'idée.
« Je vais y aller avec toi, » renchérit Ron. « Ça pourrait être un peu ardu de trouver la cabane, compte tenu que tu es une nouvelle élève ici. » Cette idée-là ne me plaisait pas non plus.
Hermione roula des yeux. « La cabane n'est pas si difficile que ça à trouver, Ron, » répliqua-t-elle, exaspérée.
« Vraiment, je connais le chemin puisque nous y sommes allés avec la classe. Je devrais être en mesure de le retrouver, » confirma Bella, regardant tour à tour Ron et Hermione. Elle devait sentir la tension, présumai-je, perspicace comme elle l'était, et elle ne voulait pas se mettre en travers de la voie.
« Je m'y rendais de toute façon, » ajouta Harry. « Je dois retourner quelque chose à Hagrid. Je vais t'accompagner. »
« Merci Harry… » Elle sourit gentiment. Cet arrangement me contentait davantage – elle serait protégée, mais pas par Ron Weasley, lequel n'aurait pas été une très grande protection, à mon avis.
Je retournai toute mon attention sur la table de Poufsouffle.
« Alors tant pis pour le Quidditch cette année. Le Tournoi des Trois Sorciers sera drôlement excitant, mais les matchs vont quand même me manquer, » commentait Patrick.
« Je suis d'accord. Je prends vraiment plaisir à jouer. Peut-être qu'on pourrait organiser une partie pour nous amuser – juste former des équipes pour un match de démo durant le weekend, » suggéra Cedric.
« Ce serait génial. J'aimerais beaucoup assister à un match encore une fois, » approuvai-je. « Je n'en avais jamais vu avant la Coupe du Monde. »
« Vraiment ? » Interrogea James. « Comment est-ce possible ? »
Cedric lança un regard alarmé dans ma direction. « Il vient d'Amérique – vous savez bien qu'ils n'ont pas de véritables sports là-bas, » plaisanta-t-il avec un sourire furtif.
« Hé, comment tu appelles le hockey, alors ? » Rétorquai-je, me joignant à leurs taquineries.
« Des sports de moldus ? Allons donc, n'importe quel jeu qui se pratique seulement en deux dimensions peut difficilement être qualifié de sport, » continua de rigoler Cedric, se donnant à fond dans la charade.
Je lui adressai un sourire reconnaissant.
« Hé, Edward, as-tu déjà essayé ? » S'enquit Patrick.
« Quoi ? Le Quidditch ? » Je lançai un regard anxieux à Cedric.
« Non, le hockey - évidemment que je parle du Quidditch ! » Me défia Patrick.
« Je ne suis pas vraiment le genre athlète, si tu vois ce que je veux dire, » m'excusai-je.
« Ça me surprend. Ton cousin est très talentueux. L'as-tu déjà vu en action ? » Commenta James avec énormément d'admiration pour son ami.
« Non, je n'en ai pas eu l'occasion. J'espère qu'elle se présentera, » répondis-je avec franchise.
« Allons traîner dans la salle commune jusqu'au prochain cours, » proposa Patrick en voyant que tout le monde avait terminé de manger.
Ce que je voulais faire, c'était suivre Bella hors de la Grande Salle alors que je la voyais quitter l'endroit en compagnie de Harry, mais j'étais sûr que tout irait bien pour elle. Simplement, elle me manquait. Je vis que je passerais juste à côté d'elle en sortant du réfectoire… La joie me fit tressaillir à cette éventualité. Peut-être que je pourrais frôler son bras mine de rien, ou bien marcher assez près d'elle pour sentir la brise dans ses cheveux. J'accélérai légèrement le pas, planifiant le moment qui était maintenant imminent.
Cho et ses amies quittaient la salle en même temps que nous, de telle sorte que nous convergeâmes tous ensemble vers les grandes doubles portes à l'entrée. J'entendis Harry rassembler assez de courage pour parler à Cho, et immédiatement je tournai mon attention vers l'esprit de celle-ci pour voir quelle serait sa réaction.
« Ss – sa – salut Cho. Trop bête qu'il n'y ait pas de Quidditch cette année… » Commença Harry.
« Oui, Harry. Ça aurait été amusant de jouer contre toi cette année encore. Même si tu me bats toujours, » répliqua-t-elle posément. Je jaugeai la réaction physique aussi bien que les pensées que la présence et la conversation de Harry suscitaient chez elle. Elle disait la vérité, elle aimait ce sport et trouvait que Harry était un meilleur joueur qu'elle. Elle avait de l'admiration pour lui, et elle semblait ouverte. Je vis même l'ombre d'un sourire et une légère rougeur apparaître sur son visage. Hum, peut-être qu'il y avait une possibilité ici.
« Patrick, James et moi, on se disait justement la même chose, » renchérit Cedric. « On pense même organiser un match d'exhibition – juste pour le plaisir, histoire de ne pas perdre la main. »
De façon intéressante, Cho eut la même réaction face à Cedric. Elle paraissait également ouverte aux deux garçons, bien que si je la jugeais correctement, la balance penchait légèrement en faveur de Cedric parce qu'il était plus âgé. Je me concentrai un peu plus – oui, l'intérêt pour Harry était définitivement là, mais le fait qu'il soit plus jeune avait un impact. Pourquoi les filles faisaient-elles tout un plat avec l'âge ? Bella en faisait certainement toute une affaire… Et parlant d'elle, où était-elle ?
Harry était absorbé dans une conversation avec Cho et Cedric et n'avait pas remarqué son départ. Je vérifiai dans les pensées de quelques personnes dans le corridor… rien. Je respirai profondément pour percevoir son parfum. Elle semblait marcher dans la bonne direction pour se rendre au cottage d'Hagrid. Je vivais un terrible dilemme. Devais-je quitter les lieux pour aller la retrouver, ou bien rester ici ? Que penseraient les autres si je partais subitement à sa recherche ? Allais-je mettre notre couverture en péril ? J'optai pour une solution plus subtile.
« Euh, Harry – j'ai remarqué que tu marchais avec notre nouvelle élève en programme d'échange, Bella. Comment s'adapte-t-elle ? » Ça pouvait aller comme question. Un étudiant Américain préoccupé par une de ses compatriotes vivant la même situation… C'était tout à fait plausible.
« Elle et Hermione sont les meilleures amies du monde. Oh, où est-elle passée ? Nous nous apprêtions à aller rendre visite à Hagrid. Je suppose que je dois m'assurer qu'elle trouve son chemin sans embûche. »
Je soupirai de soulagement. Harry la trouverait et la garderait en sécurité pendant que je suivais Cedric et ses amis à la salle commune de Poufsouffle et que nous faisions des plans pour un match de démonstration de Quidditch.
« Eh bien, trois des attrapeurs sont partants. Dommage que Dubois ne soit plus là, il aurait sûrement voulu participer lui aussi, mais nous aurons le reste de l'équipe de Gryffondor, je suis prêt à parier là-dessus, » dit James, plein d'entrain.
« Et je sais que le reste de Poufsouffle ne voudra pas manquer l'occasion non plus, » ajouta Cedric.
« Et Serdaigle – Cho avait l'air excité… Il semble qu'elle va convaincre le reste de l'équipe de se joindre à nous, » commenta Patrick avec enthousiasme.
« Donc, nous avons besoin de quelques membres du personnel pour nous appuyer, ainsi que d'un arbitre. Cedric, en tant que préfet, il vaudrait mieux que ça vienne de toi, » suggéra James.
« Si tu le penses, je peux m'en charger, » offrit Cedric.
Ils continuèrent avec la planification du match pendant que je vérifiais la progression de Harry dans sa quête de retrouver Bella. Il approchait de la cabane d'Hagrid, mais Bella n'était pas dans les parages. Peut-être était-elle déjà à l'intérieur du cottage ? Puis j'entendis des voix, et Harry dirigea son regard vers le jardin derrière la maisonnette. Par son entremise, j'entendis le doux son de la voix de Bella et celle plus profonde d'Emmett. Si j'avais moi-même été sur les lieux, j'aurais pu comprendre ce qu'ils se disaient, mais les oreilles de Harry n'étaient pas assez sensibles de cette distance. Il se précipita vers eux, soulagé d'avoir trouvé Bella.
Comme il tournait le coin, je remarquai avec lui qu'elle était en train d'essuyer des larmes sur son visage, et qu'Emmett avait posé une main réconfortante sur son épaule. Que se passait-il ? Pourquoi pleurait-elle ? Est-ce qu'elle était tombée pendant qu'elle se rendait à la cabane ? Peut-être, mais pourquoi Emmett l'aurait-il emmenée dans le jardin pour la rafistoler ? Si elle avait saigné, Emmett n'aurait pas voulu demeurer seul avec elle. Non pas qu'il manquait de contrôle, mais il était simplement plus prudent que ça. Non, elle ne semblait pas blessée. C'était quand même déroutant.
« Hé Harry, » dit-elle avec une gaieté forcée.
Que se passe-t-il encore avec elle ? Peut-être qu'elle a le mal du pays, supposa Harry. « Salut Bella. Désolé de t'avoir perdue de vue durant quelques minutes. Je vois que tu as trouvé ton chemin sans problème. »
« Oui, et je suis tombée sur Emmett. Il me disait qu'ils avaient rendu visite à une araignée géante aujourd'hui. »
« Vraiment ? Comment avez-vous…? » Harry était déconcerté. Je vis dans ses souvenirs que Ron et lui avaient échappé à des dizaines de grosses araignées à bord d'une voiture bleue. C'était sans doute à ça qu'Hagrid avait fait allusion plus tôt.
« Nous étions avec Hagrid, » s'empressa d'ajouter Emmett en voyant son regard interrogateur.
« Oh, ça explique tout. Elles sont vraiment monstrueuses, » dit Harry d'une voix qui reflétait sa peur rétrospective.
« Ouais, ça tu peux le dire ! » répliqua mon frère avec un flash d'excitation.
« Où es ton frère… Jasper ? » Demanda Harry.
« Il est retourné à la maison pour le déjeuner. Il a dit qu'il reviendrait, par contre. Nous allons aider Hagrid avec quelques corvées d'alimentation cet après-midi. »
« J'espère que ce ne sont pas les Scroutts à pétard que vous allez devoir nourrir, » poursuivit le jeune sorcier.
« Non, il les garde en réserve pour vous, les quatrièmes années, pour son cours de lundi. »
« Oh non ! » Grogna Harry. « Bon, c'est presque l'heure du cours de Potions. Est-ce que tu es prête à partir, Bella ? »
« Oui, allons-y. Nous ne voudrions pas être en retard, » répondit-elle tout en lançant un regard reconnaissant à Emmett avant de se retourner pour quitter le jardin. Malheureusement, les pensées d'Emmett étaient maintenant orientées sur ce qu'il allait faire dans les heures à venir, aussi ne pus-je glaner aucune information qui m'aurait permis de savoir pourquoi Bella était si bouleversée.
Je reportai mon attention sur la discussion à propos du match de Quidditch.
« Tout est réglé, alors. Cedric va parler aux membres du corps enseignant, James va en toucher mot à Serpentard, et je vais confirmer avec Serdaigle et Gryffondor, » annonça Patrick d'un ton enjoué.
« Devons-nous vraiment impliquer Serpentard ? » Se plaignit James. « Ce n'est pas comme si ça allait les intéresser puisque c'est seulement pour le plaisir. »
« Il faut quand même le leur demander, » affirma fermement Cedric. « Après, ce sera leur choix de se joindre à nous ou pas. »
« Peut-être qu'on pourrait aussi faire une démonstration d'habiletés – où les autres élèves pourraient essayer de jouer… ce serait l'occasion rêvée pour Edward de monter sur un balai… Je pense que tu serais un batteur naturel, » ajouta Patrick.
« Ce serait peut-être trop en demander aux professeurs, » avertit Cedric, me jetant un regard furtif. « Nous devrons nous estimer chanceux s'ils nous accordent même la permission d'aller de l'avant avec le match de démo. »
'Merci,' articulai-je silencieusement tandis que nous quittions la pièce.
Le cours d'Étude des Moldus s'avéra tout aussi grotesque pour les sixièmes années qu'il ne l'avait été pour les quatrièmes. Heureusement, c'était également une classe durant laquelle je pouvais laisser vagabonder une partie de mon esprit ailleurs, en l'occurrence le cours de Potions de Bella. Je grimaçai, angoissé à l'idée que Rogue pourrait décider d'humilier Bella devant toute la classe.
« Mlle Swan, c'est bien ça ? » Questionna Rogue de sa voix monotone. « Eh bien, faites donc tout de suite équipe avec Hermione, étant donné que vous avez tellement en commun toutes les deux, » gronda-t-il sournoisement.
Bella s'assit aux côtés d'Hermione, la confusion se lisant dans ses yeux. « Il veut dire parce que je suis une Sang-de-Bourbe et que tu es, eh bien, une moldu, » murmura son amie.
« Mlle Granger, de grâce, concentrez-vous lorsque vous êtes dans ma classe ! » Aboya Rogue, et elle se redressa illico sur son siège.
« Maintenant, qui peut me dire… » Je grimaçai une fois de plus, attendant qu'il attaque Bella comme il l'avait fait avec moi lors du premier cours, mais à la place son regard perçant s'arrêta sur Harry, même si Hermione levait la main bien haut pour être remarquée. « M. Potter ? »
« Pied de poule ? » Répondit-il avec hésitation.
« Hmmm, » Rogue s'éloigna. « Et comment le prépareriez-vous pour faire un cataplasme ? »
Hermione leva la main encore plus haut.
« M. Potter ? » Son ton était presqu'agressif.
« Euh, il faudrait le broyer ? »
« MAUVAISE RÉPONSE ! Vraiment, M. Potter, j'aurais pensé, considérant votre lignée, que vous seriez un peu plus astucieux. « Non, vous l'auriez extrait par lixiviation, et ensuite vous auriez distillé le liquide obtenu en une pâte. »
Hermione laissa retomber sa main à regret.
Si j'avais eu quelque doute que ce soit que Rogue n'aimait pas Harry auparavant, maintenant je n'en avais plus. Il était parfaitement clair qu'il détestait le jeune garçon. Pourquoi, je n'avais pas le début d'une explication, mais c'était ainsi.
J'observai le cours pendant un petit moment, mais comme je réalisai très vite qu'il n'y avait pas de discussion entre Bella et Hermione durant la classe, par crainte de déplaire à Rogue, et comme j'éprouvais une colère grandissante envers lui pour s'en prendre injustement à Harry, je décidai de vérifier ce qu'Emmett faisait.
En pénétrant dans sa tête, je perçus une odeur vaguement appétissante. Je regardais dans un seau de viande crue mais chaude, du fait qu'elle nageait dans son propre sang. Heureusement, le sang en question était en train de refroidir, ce qui était beaucoup moins attrayant, mais je pouvais dire qu'Emmett avait un peu de difficulté à se maîtriser alors que je sentais le venin inonder ma bouche à la vue du liquide rouge. Je le regardai se pencher pour prendre une pièce de viande et la lancer en l'air. Soudainement, une grande créature sombre et ailée qui ressemblait à un cheval fondit sur le morceau de viande avant qu'il ne retombe et l'attrapa dans sa bouche en forme de bec.
« Whoa ! » Entendis-je s'extasier la voix de Jasper.
« Alors vous les voyez ? » Demanda Hagrid.
« Oui-da ! » S'exclama Emmett. « Pourquoi ? Sont-ils normalement invisibles ? » Dit-il en envoyant une autre pièce de viande virevolter très haut dans le ciel.
« Y a qu'ceux qui ont été touchés par la mort qui peuvent les voir, » expliqua Hagrid. « Dumbledore pensait bien qu'vous seriez capables d'voir les sombrals. »
« Ils sont incroyables – comme des squelettes carnivores de pégases. »
Ils commencèrent à atterrir autour d'eux alors qu'Emmett leur distribuait de plus en plus de viande.
« Y vont pt-être vous laisser les toucher si vous faites attention… J'sais pas comment y vous perçoivent, compte tenu de… » Les mit en garde Hagrid.
Emmett tendit un morceau de viande avec précaution, le faisant ondoyer d'avant en arrière. Une des créatures qui n'avait sans doute pas plus d'un an s'approcha avec hésitation. Puis, inspirant profondément, elle trotta directement vers Emmett et prit la viande de sa main. Pendant qu'elle se tenait là et qu'elle mangeait, Emmett porta lentement son autre main au cou de la bête pour la caresser.
« Il me laisse le toucher, » s'émerveilla-t-il.
« Laisse-moi essayer, » dit Jasper en avançant vers le sombral, s'emparant d'un bout de viande. Tandis qu'il le tendait, un autre sombral se dirigea vers lui et prit la viande de sa main. Jasper en profita pour caresser son flanc. Il releva la tête pour regarder Emmett, les yeux agrandis d'ébahissement.
Hagrid gloussa. « On croirait qu'vous n'avez jamais touché un animal avant. »
« En général les animaux ne nous laissent pas spontanément les approcher… mais ceux-là doivent percevoir que nous n'avons pas l'intention de les tuer, » expliqua Jasper. « La plupart des animaux s'enfuient quand ils sentent notre présence – notre odeur les alerte que nous sommes dangereux. »
« Y pourraient même vous permettre d'les monter, » suggéra Hagrid.
Pour toute réponse, mes deux frères le dévisagèrent avec des yeux stupéfiés. Puis Emmett caressa lentement le sombral qu'il nourrissait, de sa crinière jusqu'au milieu de son dos. Comme la bête semblait assez calme, il passa gentiment mais rapidement sa jambe par-dessus son corps, dans un mouvement très gracieux. Le sombral rua légèrement sous l'effet du poids, mais ne sembla pas autrement impressionné d'avoir un vampire sur son dos. Emmett continua de tapoter et caresser son cou, les yeux brillants.
Quand il commença à trotter, Hagrid l'avertit. « Semblerait qu'y va t'emmener en balade. Faudrait pt-être que tu t'cramponnes comme y faut. » Après avoir trotté pendant un bref moment, le sombral sauta et s'envola dans les airs, ses battements d'ailes l'emportant de plus en plus haut dans le ciel.
« GÉNIAL ! » S'écria Emmett. Je l'avais regardé du point de vue de Jasper, mais je changeai prestement pour être dans sa tête et vivre cette expérience avec lui. La sensation était grisante, le vent sifflait tout autour alors que le cheval ailé piquait du nez vers le bas, seulement pour déployer à nouveau ses ailes et remonter au moment ultime.
« Je vais essayer aussi, » annonça Jasper, et je retournai dans son esprit pour éprouver les sensations exaltantes encore une fois. Il tenta d'abord de calmer le sombral, mais plus il y mettait d'effort, plus l'animal semblait devenir nerveux. Finalement il arrêta de se servir de son don, et la créature se calma presqu'instantanément. « Étrange, » murmura Jasper. Puis, suivant le même processus qu'Emmett avant lui, il le tapota et le caressa jusqu'à ce qu'il soit à côté de son corps, et il l'enfourcha dans un mouvement d'une élégance suprême. C'était comme si le sombral avait attendu après lui, car lorsqu'il fut enfin monté, il se mit à trotter et s'envola dans les airs, prenant rapidement de l'altitude.
« WHOO-HOO-HOO ! » Hurla-t-il lorsque l'animal piqua du nez et plongea vers le sol.
« Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? » Cedric me lança un coup de coude espiègle pour me ramener dans le cours d'Étude des Moldus. Je m'empressai de réarranger mon expression faciale pour refléter celle des autres élèves de manière plus appropriée.
« Rien. » Je souris avec embarras. Si je pouvais rougir, je serais sans doute cramoisi.
« Hé, si tu veux, je peux te présenter à Cho, » proposa-t-il, croyant qu'elle était la raison derrière mon sourire extasié.
« Non, ça va aller, » murmurai-je en retour. « Je pensais à autre chose. » Quelle piètre excuse…
« Sûr – eh bien, si tu changes d'avis, laisse-moi le savoir. »
« Merci. »
Nous terminâmes la journée et retournâmes au château, dont le rez-de-chaussée ressemblait à une zone sinistrée. Visiblement les rénovations allaient bon train.
« Nous avons enlevé tout les papiers peints, et nous allons les remplacer par des revêtements qui auront davantage l'apparence de tapisseries d'époque, » expliqua Alice en appliquant une décolleuse à vapeur sur le mur. « Je ne peux pas imaginer que vous ayez pu avoir plus de plaisir que nous aujourd'hui. »
Emmett et Jasper échangèrent un regard de connivence. « Oh, je pense au contraire que oui. » Ils attrapèrent Alice et Rosalie afin qu'elles puissent partager leur moment de joie. Je ris en les regardant s'éloigner.
« Ils ont combattu des araignées géantes et sont montés sur des sombrals volants aujourd'hui, » rapportai-je à Bella qui se tenait à mes côtés, mais pas aussi près qu'à son habitude.
« J'ai entendu à propos des araignées, » dit-elle froidement. Oui, c'était vrai, me rappelai-je… « Bon, je vais aller faire mes devoirs et lire la matière pour demain. Le cours de Potions est vraiment difficile. » Elle monta les escaliers.
Il m'était impossible de ne pas remarquer qu'elle semblait distante. Peut-être qu'elle était fatiguée après une longue journée. C'était plus que probable ; deux périodes avec Rogue suffisaient largement à saper l'énergie de n'importe qui. Cela me rappela qu'il fallait que j'aille chasser, et ensuite je préparerais un bon repas pour Bella.
« Je m'en vais chasser dans la forêt. Est-ce que quelqu'un veut se joindre à moi ? » Énonçai-je clairement.
Une seconde plus tard, Alice attendait à la porte principale. « Oui, bien sûr, je t'accompagne. »
Il ne nous fallut pas longtemps pour trouver une harde de grands cerfs, et nous pûmes étancher notre soif avec chacun deux bêtes avant de nous asseoir pour apprécier la nature environnante.
« Comment ça s'est passé aujourd'hui ? » Demanda Alice avec curiosité.
« C'était plutôt amusant. Ce matin j'ai regardé Jasper et Emmett se battre contre des araignées géantes… Ah, et il y a aussi eu l'épisode où Bella a essayé de changer un rat en fourgonnette. » J'avais eu peur pour elle quand ça s'était produit, mais à présent qu'elle était en sécurité, l'aspect cocasse de la situation me frappa, et je fus pris d'un éclat de rire qui me plia en deux. « Tu aurais dû voir ça, Alice. Je peux à peine croire qu'ils vont lui redonner sa baguette. » Mon fou rire s'accentua lorsque je revis dans ma tête, avec une clarté cristalline, l'expression sur le visage de McGonagall. « Quoi qu'il en soit, cet après-midi elle avait Potions. Dieu merci Rogue ne l'a pas importunée outre mesure comme il l'avait fait avec moi. Il déteste vraiment ce Harry Potter, par contre. Et j'ai aussi regardé Emmett et Jasper voler sur des sombrals… C'était fantastique, Alice. On devrait aller voir si Hagrid nous permettrait à nous aussi de faire un tour dessus. Ils étaient si dociles. Ils n'avaient même pas peur… »
Elle m'observait avec une drôle d'expression, comme si elle attendait que je lui révèle autre chose. Et qu'en est-il de l'heure du lunch ?
« Certains des élèves ont parlé d'organiser un match amical de Quidditch, pour s'amuser. Alors il se pourrait que nous ayons l'occasion d'assister à un match une fois encore, même si le tournoi officiel intra-Maisons est annulé cette année. »
« Mmmhmm, » dit-elle. Je pouvais voir qu'elle essayait de ne pas penser à un truc pour m'empêcher de le voir. Ça piqua ma curiosité tout à coup.
« Pourquoi le demandes-tu, Alice ? Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir ? »
« Eh bien oui justement, Edward. » Idiot ! « Toutefois, ça ne devrait pas être à moi de te le dire. »
Son insulte me fit grimacer et je réfléchis à ses paroles pendant un moment… Oh, Bella, au déjeuner. « Quelque chose n'allait pas avec Bella au déjeuner, c'est ça ? »
Peut-être que c'est quelque chose dont tu devrais discuter avec elle.
Nous retournâmes à la maison car il se faisait tard et Bella avait besoin de prendre son dîner. Je trouvai Esme à la cuisine alors que je venais y fouiller pour dénicher ce qu'il me fallait pour préparer le repas de Bella.
J'espère que Bella va bien, l'entendis-je se soucier avant que ses pensées ne plongent dans le projet de rénovation. Je la regardai avec des yeux rétrécis.
« Tiens, prends-lui quelques uns de ces trucs, » offrit-elle, me tendant un rôti braisé, des pommes de terre et des carottes en julienne. « J'ai pensé faire un peu de cuisine aujourd'hui. » Elle haussa les épaules.
« Merci M'man. » Je l'étreignis tout en déposant la nourriture dans un plateau avec un verre de lait, et je montai à notre chambre.
Je me rappelai de frapper, même si j'étais certain qu'elle n'était pas déjà en train de se changer. Elle ne répondit pas. Je frappai un peu plus fort… toujours pas de réponse. J'ouvris lentement la porte. « Bella, je vais entrer, » avertis-je en pénétrant dans la chambre. « Oh. »
Elle était étendue sur le lit, ses livres et ses papiers ayant glissé de ses genoux, un livre toujours dans sa main, et recouvrant à moitié son visage. Je déposai le plateau et entrepris de ramasser soigneusement ses papiers et d'en faire une pile bien ordonnée, puis je pris les livres autour d'elle. Je lui enlevai aussi celui qu'elle tenait dans sa main, marquant la place où son pouce le gardait ouvert. Je baissai les yeux vers son visage et ses cheveux éparpillés en travers de celui-ci. Je les repoussai, surpris de trouver ses joues maculées de larmes. Elle avait pleuré ? Esme devait l'avoir entendue. Mais pourquoi donc avait-elle pleuré ? La journée avait été embarrassante, certes, mais Bella n'avait jamais été du genre à pleurer sur ses mésaventures. Je balayai les stries loin de ses joues. Puis je m'allongeai à ses côtés et la soulevai doucement dans mes bras, la tenant serrée contre moi tandis que je caressais ses cheveux.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro