VI - Du vocabulaire des guerriers
Elle était assise sur une table, un pied dans le vide, l'autre posé sur le dossier d'une chaise, et une écuelle fumante entre les mains. Elle ne leva pas la tête lorsqu'il entra. Comme à l'ordinaire, elle donnait toujours l'impression de se faire violence pour s'intéresser à ce qui l'entourait. En cela, elle aurait dû naître au Tertre.
« La main sur le cœur et la Lumière dans l'âme, la salua Beren en la rejoignant. »
Elle reposa sa cuillère dans l'écuelle, au milieu de la mixture sombre qui dégageait une odeur sucrée, puis releva la tête. Elle avait des yeux d'un brun flasque, comme de la terre trempée que le soleil ne durcit jamais, et une peau pâle, qui avait fleuri de rougeurs sous les assauts combinés du soleil, de la poussière et du pollen que les plantes libéraient, en ce début de Moite Saison. Sa tunique de tissu clair était propre mais une trace brune longeait la racine de ses cheveux brodés de gris et se glissait dans la plus haute des rides qui lui plissaient le front. Cette ride se creusa davantage lorsqu'elle haussa les sourcils, la joue relevée par une moitié de sourire.
« On s'est déjà salué, grand chef, répondit-elle. Tu te fais vieux. »
Il tira vers lui la chaise sur laquelle elle appuyait son pied, qu'elle ôta de mauvaise grâce, et s'assit face à elle. Ainsi, elle semblait plus grande que lui.
« Pas au point d'oublier que tu devais me faire ton rapport, Hélène. Tu ne peux pas en dire autant. Alors, lequel de nous deux est sénile ? »
Elle émit un rire bref, avant de reposer son écuelle à côté d'elle et de ramener son pied exclu pour le poser sur sa cuisse. Elle l'y maintint d'une main, l'autre appuyée sur le bois graisseux de la table. Les dernières braises de la cheminée tassaient son ombre contre les voûtes de la cuisine.
« À quoi ça aurait servi, tu m'expliques ? interrogea-t-elle avec un haussement d'épaules. Je t'aurais rejoint à ta table, je t'aurais dit que tout s'était bien passé, et tu serais quand même venu me voir derrière pour me poser les questions qui t'intéressaient vraiment. Autant tout faire à la fois. »
Elle poussa sur sa main pour se redresser en faisant grincer les tréteaux qui soutenaient la table et se saisit de nouveau de son écuelle.
« De toute manière, ajouta-t-elle en pointant vers lui sa cuillère, tu savais où me trouver. »
Beren sourit. En effet, il savait où la trouver. Les Fées avaient fait un miracle de cette petite humaine, à peine d'une ou deux têtes plus grande qu'un nain, et qui engloutissait des sommets de nourriture comme si elle nourrissait avec une portée de Dragons. Elle finissait toujours ses soirées dans la cuisine du quartier général, à racler le fond des marmites.
Beren croisa les bras et se cala contre le dossier de la chaise.
« Donc, tout s'est bien passé ? »
La Neighian ne releva pas la tête, occupée à remuer le contenu de son écuelle.
« Je te l'aurais dit, sinon. »
Beren acquiesça. Il la questionnait davantage par formalité que par besoin. Hélène possédait l'heureux talent de retourner à son avantage toutes les situations qui semblaient sur le point de tourner mal. Dans un geste machinal, il leva la main pour effleurer du bout des doigts sa lèvre inférieure, là où la canine qu'il avait perdue aurait dû faire pression sur sa peau. Oui, il en savait quelque chose.
Le raclement du bois contre le bois résonna soudain sous les voûtes de pierre de la salle.
« Tu sais que je monterai quand j'aurai fini ça ? interrogea la Neighian sans lever les yeux, avec un coup de son petit menton vers l'écuelle qu'elle s'appliquait à nettoyer. Donc tu ferais mieux de te dépêcher de causer.
— Tu monteras quand ton supérieur t'y auras autorisée, Hélène, répliqua Beren. Pas avant. »
Cette fois, elle abandonna son repas pour fixer sur lui un regard peu amène. Il le soutint, comme à l'ordinaire. Elle éprouvait toujours le besoin de jouer avec les limites, comme les enfants de Noster qui s'amusaient à se bousculer auprès d'empreintes fraîches, avant que ceux qui lisent dans la terre n'arrivent. Ils se heurtaient, ils se fauchaient les jambes, hurlant de joie lorsque l'un d'eux vacillait et menaçait d'effacer dans sa chute la précieuse piste. Le cas échéant, le jeu prenait fin, et les sanctions de ceux qui lisent dans la terre ne pesaient rien face à l'amertume des enfants. Leur orgueil était meurtri. Ils avaient échoué.
Hélène jouait le même jeu avec lui. Elle le provoquait sans cesse, et si d'aventure elle se risquait trop loin, l'expression amère qu'elle affichait lorsqu'il la remettait à sa place s'adressait à sa propre maladresse plutôt qu'à sa rigidité à lui. Elle avait vécu trop longtemps hors de l'Ordre. Malgré les années passées au sein des Neighians, l'indépendance des jours où elle ne portait pas encore de tatouage sur la main lui manquait, parfois. Beren avait observé des comportements similaires chez les vampires déjà âgés qu'il recrutait. Il aurait cru qu'une humaine s'adapterait plus vite. Mais Hélène était Hélène avant d'être humaine. Et elle le regardait à présent, sa cuillère placée en travers de son écuelle, elle-même en équilibre sur le tranchant du pied qui reposait sur sa cuisse. Elle aimait empiler les choses. Peut-être pour le simple plaisir de voir la structure s'effondrer lorsqu'elle l'aurait décidé.
« Que penses-tu de la petite ? demanda Beren. »
Les yeux de boue vrillèrent les siens, soudain traversés d'un éclat plus solide. Il connaissait bien ce regard. Elle avait eu le même quand il avait voulu s'approcher de ses enfants, prostrés sous la toile d'un chariot renversés. Avant que son mari les entraîne à son tour loin d'elle.
« Je connais pas encore l'étendue de son pouvoir, si c'est ça que tu veux savoir, répondit-elle enfin. Elles sont asthmatiques, ses flammes. Elles toussent des étincelles, et d'un coup, elles se mettent à cracher un brasier qui boute le feu à tous les meubles. »
Beren sourit.
« Avec quoi as-tu payé les dégâts ? »
La cuillère manqua de choir lorsque la Neighian leva sa main gauche, sur la peau blanche de laquelle s'étalait le jyrkhem aux ailes déployées.
« Avec un examen attentif de ceci, répondit-elle d'un air matois qui accusait la toile de rigoles autour de ses yeux. »
Il ne put retenir un léger rire. Les frais de ses missions étaient à la charge de l'Ordre, mais Hélène gardait de sa vie de commerçante l'habitude de rechigner à la dépense.
« Encore un qui bénira la générosité neighiane, commenta-t-il.
— C'était qu'une commode, répliqua l'élémentaire. Et vous lui aviez sans doute déjà sauvé la vie trois fois sans qu'il soit au courant, il était temps de rembourser sa dette, tu crois pas ? »
Elle disait toujours « vous » en parlant de ses — de leurs — frères. Il espérait qu'elle finirait par accepter son appartenance.
« Non, je ne crois pas, dit-il. Mais ce n'est pas la question. Ce n'était pas l'étendue des pouvoirs de la petite qui m'intéressait. Je t'ai demandé ce que tu pensais d'elle. »
De nouveau, il eut droit à un regard scrutateur qui confinait à la méfiance.
« Pourquoi tu veux savoir ? Tu m'as jamais demandé ce que je pensais des autres. »
Beren inclina la tête.
« Peut-être parce que je ne t'ai pas demandé de former les autres. »
Hélène renifla, guère convaincue. Mais elle avait moins de patience que lui et finit par ouvrir la bouche après quelques secondes de silence.
« C'est un vase ébréché, ta recrue, déclara-t-elle d'un ton presque doux qui démentait la dureté de ses paroles. Au début, je savais pas par quel bout la prendre pour pas me couper, et pour pas la casser davantage. Maintenant... »
Elle fit un vague geste de la main, ses doigts épais traçant dans le vide comme la forme d'un arc.
« Maintenant, je crois qu'on arrive à se comprendre. Elle commence à... je dirais pas qu'elle accepte ce qu'elle est, mais au moins, ça l'empêche plus de vivre. Et puis, elle en tient dans le crâne. Quand elle arrête de ruminer et qu'elle ouvre la bouche, c'est pas pour dire des sicanneries. »
Elle marqua une pause tandis que Beren hochait la tête. Oui, la petite en avait dans le crâne. Sans doute trop, à en croire l'expression de ses yeux quand elle donnait l'impression de les tourner vers l'intérieur.
« Je l'aime bien. »
La voix d'Hélène, plus forte que d'ordinaire, sonnait comme un défi. Elle se pencha en avant pour surplomber Beren, menaçant le fragile équilibre de la tour de vaisselle sur son pied.
« Pourquoi tu t'intéresses autant à elle, grand chef ? »
Il attendit que l'écuelle ait cessé de balancer sur son axe pour répondre, sans relever l'ironie des derniers mots. Elle chahutait encore loin de l'empreinte.
« D'abord parce que, comme tu l'as souligné, il s'agit d'une recrue. J'aime à connaître mes hommes. »
Elle ouvrit la bouche, sans doute pour lui faire remarquer que si c'était le cas, il ferait mieux de passer du temps avec elle plutôt que de venir la faire suer avec ses questions. Il commençait à la connaître, et il leva une main avant qu'elle ait pu parler.
« Ensuite, parce qu'elle m'intrigue. »
La Neighian fronça les sourcils. Les plis de sa peau s'accumulèrent au-dessus de son nez retroussé.
« Pourquoi elle t'intrigue ? »
Beren exhala un soupir en percevant l'inquiétude qui perçait sous l'apparente surprise de la voix.
« Je ne vais pas la chasser, Hélène. Tu es parmi nous depuis assez de temps maintenant pour savoir que l'Ordre ne fonctionne pas comme ça. »
Elle marqua une hésitation avant d'acquiescer.
« Toi, en tout cas. »
Beren reçut l'éloge avec un sourire. Malgré la vanité qu'elle constituait, il retirait une certaine fierté de la certitude qu'Hélène avait rejoint les rangs des Neighians en partie parce qu'elle avait apprécié la façon dont il dirigeait l'Ordre. Il en était plus heureux que fier, à la vérité. Bien qu'elle ne lui ait jamais reproché, il était en partie responsable de la rupture de l'élémentaire avec son ancienne vie.
« Bon, reprit-elle, tu me dis pourquoi elle t'intrigue, mon élève ? »
Il hocha la tête puis croisa les mains sur son ventre.
« Pour les mêmes raisons que toi, sans doute. Parce qu'elle ment. »
Hélène ne répondit rien.
« J'ai vu des gamins dont les villages avaient été réduits en cendre par les Pervertis, poursuivit-il d'un ton calme. Lorsqu'ils rejoignent l'Ordre, ils cherchent à se venger ou à rendre un sens à leur existence. Ton élève n'est pas comme eux. Elle porte un deuil différent. »
Un sourire aigu comme la pointe d'une flèche vint fendre le visage de la Neighian.
« Je crois que tu as oublié un détail dans ton analyse, grand chef, railla-t-elle en se redressant sur la table. C'est une élémentaire, la petite. Nous autres maudits, on tient pas le besoin de perdre ceux qui nous sont chers pour porter leur deuil. »
Beren était certain que la lueur des braises derrière lui n'avait rien à voir dans l'éclat humide qui trempait le regard d'Hélène. Et il était aussi certain qu'elle revivait l'instant où son mari avait entraîné ses trois enfants loin d'elle. Ses souvenirs à lui étaient nets. Il galopait avec une dizaine de Neighians en direction de Bourg-l'Ondée pour y régler un litige avec Lissen, le lieutenant qu'il y avait placé. Les murailles de la ville étaient en vue lorsque Saabin, qui courait à leurs côtés sous sa forme animale, avait soudain hurlé et obliqué vers le Sud-Est. Ils avaient galopé après elle. Jusqu'au champ de bataille où des caravaniers trop peu escortés affrontaient une troupe de Pervertis. Beren avait détaché Solnau chercher des renforts à Bourg-l'Ondée avant de suivre la louve mais ils seraient arrivés trop tard sans le fleuve. L'un des affluents du Fleuve Gris, il s'en souvenait. Un farfadet perverti était parvenu à abattre son autre moitié et l'avait sonné d'un coup de bouclier en plein visage. Comment il était parvenu à asséner pareille attaque sans que ses os fragiles comme le verre ne se brisent, Beren l'ignorait encore. Mais il se souvenait très bien de la douleur et du craquement de sa canine lorsqu'elle s'était brisée. Il avait vu noir, et lorsque le noir s'était dissipé, il n'avait pu bouger pour esquiver la lame du farfadet qui fondait sur lui. Alors, le fleuve était sorti de son lit, avait projeté son adversaire contre un chariot et entrepris de nettoyer le champ de bataille. Bientôt, il n'était plus resté debout que lui-même, ses hommes, et quelques caravaniers pourvus d'armes sommaires. Une petite femme était à genoux. Elle avait profondément puisé dans son pouvoir et tremblait, les doigts enfoncés dans la terre trempée. Puis, Beren s'était approché de la toile qui recouvrait ses enfants, elle s'était interposée, et elle avait tout perdu. Son mari l'avait traitée de maudite, et traîné les trois gamins éberlués derrière lui. Beren avait laissé l'élémentaire pleurer avant de lui proposer de rejoindre ses troupes. Cinq jours plus tard, juste avant qu'il ne quitte Bourg-l'Ondée, elle acceptait, contre l'assurance de pouvoir demeurer à Tonoka, une fois son serment prononcé. Sans doute pour y voir ses enfants. Et voilà qu'aujourd'hui, huit ans plus tard, il la rappelait pour qu'elle prenne sous son aile une autre maudite.
Il la regarda. Elle n'avait pas beaucoup changé. Elle avait toujours des traits délicats sous l'expression revêche et l'usure du temps, comme l'une de ses pierres à l'aspect moiré, striées pas les grains de poussière que le vent poussait sans cesse à leur surface, et que les siens appelaient œufs de Dragons. La pierre finit par ouvrir la bouche.
« Elle ment, ouais. Peut-être que son village a pas été ravagé par des Pervertis. Peut-être qu'ils l'ont juste chassée quand ils ont su ce qu'elle était. »
Une expression entre la rage et la tristesse passa sur son visage avant que, d'un geste lent, elle ne fasse basculer l'écuelle posée en équilibre sur son pied. La vaisselle se retourna dans sa chute et un filet de sauce gicla. Beren tendit la main. Le liquide vint tacher la peau diaphane de sa paume plutôt que le cuir de son pantalon.
« Non, répondit-il. Elle a prétendu venir d'un petit village au cœur de la Forêt de Famir...
— Vu sa couleur de peau, ça se tient. Y tient que la blondeur de ses cheveux qui est étrange, mais... Quoi ? T'avais pas fini ?
— En effet, opina Beren. »
Hélène leva les yeux au ciel, puis remonta sa seconde jambe sur la table pour la croiser avec l'autre.
« D'accord, je t'écoute.
— Elle a dû prétendre ça pour qu'il soit impossible de vérifier ses dires, reprit-il, mais elle ne vient pas d'un village perdu et coupé du monde. Elle sait lire, écrire, elle connaît les grands auteurs. Et tu l'as entendue parler. À son âge, elle possède plus de vocabulaire que beaucoup de mes hommes. »
L'élémentaire esquissa un sourire moqueur.
« Ça, à condition de connaître plus de trois mots, c'est à la portée du premier venu. »
Beren tenta sans succès de réprimer son rire.
« Tu es injuste !
— Ouais, tu tiens la raison. « Bière », « bagarre », « massue » et « Dragon », ça fait quatre ! »
Il rit de nouveau et cette fois, elle rit avec lui. Les voûtes de la cuisine s'emparèrent de ces éclats chauds pour se les renvoyer jusqu'à ce qu'ils aient disparu. Beren souriait toujours. Il aurait aimé entendre la réplique que certains guerriers aurait donnée à ça. Probablement qu'ils connaissaient aussi « poing-dans-ta-face ».
« Là n'est pas la question, reprit-il enfin, autant pour Hélène que pour lui-même. »
L'élémentaire hocha la tête et fit de nouveau grincer les tréteaux en se penchant en arrière.
« Bon, elle tient un langage châtié, la petite. Et après ? Elle s'est enfuie d'une ville ou d'une maison de la haute, c'est tout. »
Beren secoua la tête en signe de dénégation. La jeune élémentaire de feu était trop solitaire et farouche pour qu'il ne s'agisse que de ça.
« Elle a quelque chose à se reprocher, déclara-t-il. »
Les traits d'Hélène se figèrent.
« En plus de ses pouvoirs, tu veux dire ? tenta-t-elle de plaisanter d'une voix trop claire pour être naturelle. »
Il ne répondit rien et se contenta de la fixer, sa main toujours ouverte sur sa cuisse, avec au centre la tache brune de sauce. La Neighian soutint son regard pendant plusieurs secondes avant de détourner la tête avec un soupir agacé.
« Alors quoi ? s'agaça-t-elle. Tu penses qu'elle a détruit quelque chose avant de s'échapper ? Tu penses que c'est une meurtrière ?! »
Au-delà de l'exaspération, Beren perçut de l'inquiétude dans sa voix. Elle s'était véritablement attachée à la petite.
« Peut-être, répondit-il. Mais... je n'ai pas fini. »
Hélène, qui s'était redressée d'un coup et ouvrait déjà la bouche, sembla se faire violence pour respecter la main qu'il avait levée en signe de paix.
« Mais il ne s'agit pas d'un jugement, reprit Beren avec calme. Que crois-tu ? D'une certaine manière, ce quartier général n'abrite que des meurtriers. Tout ce que je voudrais savoir, c'est si tu penses qu'elle s'intégrera. »
La Neighian hésita un long moment avant de répondre. Sans doute avait-elle compris que la question portait autant sur elle que sur son élève.
« Je ne sais pas, finit-elle par dire. »
Beren poussa un léger soupir puis hocha la tête. Il aurait souhaité qu'elle trouve au sein de l'Ordre une autre famille que celle qu'elle avait perdue. C'était pour quoi, en dehors du fait qu'elle soit l'une des rares élémentaires neighians, il lui avait confié la jeune Heltia. Il espérait que chacune trouverait en l'autre ce lien qui semblait tant leur manquer.
« Grand chef ? »
Beren quitta des yeux les nœuds du bois pour reporter son attention sur Hélène. Celle-ci recroisa ses jambes devant elle.
« Je sais pas si elle s'intégrera, répéta-t-elle en passant une main sur son pantalon, comme pour en ôter la poussière. Mais je te promets qu'on s'y emploiera. »
Elle lui adressa un sourire qui dessina deux rides sur chacune de ses joues, auquel il répondit. Puis il se leva.
« Bien, dit-il en lui posant une main sur l'épaule. Merci pour cette conversation. »
Elle inclina la tête.
« À ton service, grand chef. »
Il ignora sa caricature de révérence pour se diriger vers la porte de la cuisine. Arrivé sur le seuil, toutefois, il s'arrêta et se retourna. Elle n'avait pas bougé, assise sur la table, les jambes pendantes, dans la lumière du feu qui agonisait. Un léger sourire lui retroussa les lèvres et appuya sa canine contre sa peau.
« Faites-moi le plaisir de nettoyer cette tunique, Neighian. Vous représentez la paix et l'harmonie, l'une comme l'autre ne saurait être entachée. »
Hélène ouvrit la bouche puis baissa les yeux sur le tissu clair qui s'ornait au niveau de l'épaule d'une tache sombre à l'endroit où il avait posé sa main. Alors qu'il tournait les talons en riant tout bas, il l'entendit jurer.
« Chiasse de troll, Beren ! »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro