À Maman
À Maman
Douze ans, maman. Douze ans aujourd'hui que tu mourais hier. Douze ans que dans mes bras tu expirais. Douze ans que ton dernier souffle nous quittait... et douze années composées de journées où ton souvenir restait pleinement ancré.
Il n'y a pas si longtemps, les larmes auraient coulé à l'évocation de ton nom, aujourd'hui rien n'est tombé, à peine une brillance dans le blanc des yeux. Pas de regard hagard non plus...simplement un cierge allumé sur un meuble de mon salon, devant la photo de vous deux, mes parents bien-aimés...
Et il a suffi que j'écrive ces mots pour que les larmes se mettent à parler... Elles racontent ce manque criant de ta présence, de ton indulgence, de ta patience et surtout maman de ton appui. Ces cafés partagés à toute heure de la journée, ces appels au sortir du travail, ces dimanches où on mangeait encore le poulet et le taboulé libanais... tout n'est que manque... tout n'est que vide...
Je me rappelle de 2008 : nous étions attablés en nombre. C'était au Liban, et c'était la veille du mariage du fils chéri...
Je me rappelle qu'à peine assise, la même question revenait en refrain... sans fin : « c'est quoi cette plaisanterie ? » ... et moi qui ne répondais qu'avec les larmes. La plaisanterie avait duré deux années. Puis tu étais partie... et depuis tu n'es plus revenue... comme quoi tu ne plaisantais pas maman... c'était pas ton truc les plaisanteries... toi, tu étais bon public. Le meilleur !
Pour la première fois, je n'ai pas posé de vacances à la Toussaint. J'ai travaillé aujourd'hui. Je n'irai sans doute pas au cimetière avant plusieurs jours. Cela ferait un an que je n'y aurais pas mis les pieds. Je n'ai pas cherché à être présente à tes côtés cette année. Je m'étais dit qu'il était temps de tourner la page, d'arrêter de pleurnicher et d'avancer sans toi aux miens de côtés...
Mais en vérité, je ne t'efface pas, Maman : plus le souvenir de ton visage se brouille, et plus ta présence s'accroît. Ta façon de vivre en bienveillance et en simplicité, je commence à la comprendre et à l'apprécier.
La page, je ne cherche donc plus à la tourner...
Ta présence m'avait éduquée, mais ton absence, malgré ses torts, continue à me faire grandir. Je ne suis plus la même depuis quelques années : j'ai appris... et je continuerai à apprendre.
Aujourd'hui, la page, je cherche simplement à l'étoffer avec Papa et Toi pour piliers.
Ta fille à qui tu manques tant.
29/10/22
© WafaBabin
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