Cibles
/!\ Warning /!\ présence de contenu pouvant possiblement choquer, merci de ne pas lire si vous êtes trop sensibles !
Izuku regardait les glaçons tourner au fond de son verre. Ses yeux se reflétaient dans l'alcool, brisés par les remous incessants du liquide ambré. Le froid de la boisson lui congelait les doigts, mais il ne le sentait pas, de même qu'il ne percevait pas le vacarme ambiant du bar, ne ressentait pas la dureté du tabouret en bois sur lequel il était assis. Et c'était tant mieux pour le patron. Sinon, il aurait sans doute déjà eu le bâtiment détruit... Et sa tête avec.
Mais il ne craignait rien. Le jeune homme était entièrement plongé dans ses souvenirs du lycée. Il avait énormément changé depuis cette époque. Il avait grandi et minci. Il était toujours musclé, mais plus finement. Ses cheveux s'étaient assombris en même temps qu'il achevait sa croissance. Les changements les plus remarquables étaient toutefois dans sa mentalité. Autrefois, enfant optimiste, puis collégien empli d'espoir malgré ce qu'il subissait, et maintenant...
Izuku but d'un trait l'entièreté du verre, croquant les glaçons comme il avait l'habitude de le faire enfant. Cela au moins n'avait pas changé. Il posa ensuite le récipient sur le comptoir avec un geste vif. Le bruit qui en résulta fit taire l'assemblée de vilains qui se trouvaient là. Il se leva et toisa le patron de ses yeux verts clairs qui ressortaient dans la pénombre.
<< C'est quoi, ça ? Cracha-t-il sur un ton écœuré tout en grimaçant. Or de question que je paye un seul yen.
— Bien sûr, Deku. Excusez-moi, >> supplia presque le patron du lieu en se courbant le plus possible.
Le dénommé Deku lui lança un dernier coup d'œil avant de soupirer. Pathétique, pensa-t-il en son for intérieur. Il sortit ensuite, sous les regards pesants des autres clients. La porte se referma derrière lui dans un grincement. Une légère brise vint doucement effleurer son visage, et la caresse lui en rappela une autre. Il murmura son nom, et le vent l'emporta au loin. C'était bien l'une des seules personnes qui lui manquaient.
Deku rajusta de ses mains gantées de blanc le col montant de son pull noir moulant. Il eu un petit sourire en se remémorant ses anciens costumes, qu'il avait délaissés pour une tenue plus sobre, rappelant étrangement de part sa forme et ses couleurs, ou plutôt de leur absence, son uniforme de collégien. Il jeta un coup d'œil à sa montre et reprit sa marche, passant une main dans ses cheveux hirsutes. Autour de lui, des gens passaient leur route en l'évitant, chuchotant. Deku se fichait bien des écrans lumineux affichant le portrait de super-vilains. Celui qui revenait le plus souvent était celui du vilain numéro un. Tandis que sa tête s'affichait une fois de plus sur les panneaux, il avançait tranquillement.
Ce n'était pas comme s'il y avait des héros capables de l'arrêter. La plupart, en le croisant, faisaient mine de ne rien voir. Ils savaient qu'ils n'étaient pas de taille, et préféraient attendre un autre héros plus puissant, plus fort, qui serait à même de le capturer. Malheureusement, il n'existait pas beaucoup de telles personnes, et le temps qu'ils arrivent, Deku serait déjà loin. Tant qu'il ne s'attaquait pas directement à des gens, ils se contentaient de le surveiller d'un œil qu'ils croyaient discret. Deku n'était pas idiot, loin de là, il l'avait bien compris. C'est pourquoi il se baladait presque paisiblement dans Tokyo.
Il arrêta finalement sa marche devant un minuscule café, à l'apparence peu rassurante. Les néons de l'enseigne clignotaient irrégulièrement, et le F et le P de Coffee-Shop étaient tombés. Les stores de fer pendaient lamentablement en travers des vitres marquées d'impact. La façade même du bâtiment était sale. Et pourtant, ce fut là que Deku entra, ne brochant pas un instant face au grincement de la porte sur ses gonds. Bien que l'intérieur fut sombre, il se repérait parfaitement dans l'obscurité et parvint sans problème à l'escalier, montant les marches à grands pas assurés.
L'entrée de la pièce à l'étage était gardée par deux vilains, une femme dotée d'une paire de cornes rouges se dénotant au milieu de ses cheveux bruns, et un homme qui portait toujours un masque blanc. À la simple vue de Deku, ils se décalèrent pour le laisser entrer. Après tout, il ne leur était pas inconnu, loin de là. Bien au contraire, l'homme aux cheveux verts venait près d'une à deux fois par semaine.
<< Pile à l'heure, comme d'habitude, retentit une voix féminine dans l'espace. Je n'en attendais pas moins de toi, Deku.
L'interpellé sourit en réponse. Il s'avança au centre de la pièce pour venir prendre place sur un des deux fauteuils disposés l'un en face de l'autre. Un chat noir aux fascinants yeux dorés sauta sur le siège en face de lui, ses petites pattes s'enfonçant dans le velours rouge, avant de se transformer en une magnifique femme aux courbes généreuses. Sa peau noire faisait ressortir son regard ambré, et ses longs cheveux de jais tombaient en boucles voluptueuses sur ses épaules dénudées par une longue robe de la même couleur. Deux petites oreilles se dressaient sur sa tête, seules preuves avec sa queue de sa précédente apparence féline. On l'appelait K, et de rares personnes connaissaient son véritable nom. Deku en faisait partie.
Entre eux, une table d'échecs se dressait. Comme toujours, les blancs pour K, les noirs pour Deku. Ce dernier croisa les jambes tandis que son adversaire avançait son premier pion.
— Du nouveau de ton côté ? Questionna-t-il en se penchant en avant pour jouer.
— Rien d'exceptionnel, la routine, répondit-elle tandis qu'il se redressait, juste quelques ennuis avec un pseudo-vilain qui, disons, refusait de comprendre qu'il devait quitter notre territoire
— Tu veux que je m'en charge ?
— C'est déjà fait, merci. Je m'en suis occupé. À ton tour. Et pour toi ?
— Oh, rien de vraiment intéressant, soupira-t-il, j'ai bu un verre à un bar pas très loin, et c'était ignoble, mais je doute que ça t'intéresse.
— Effectivement, ricana-t-elle, dévoilant des canines pointues, par contre, ce qui m'étonne c'est que je n'ai pas encore reçu d'information concernant la destruction d'un bar.
— Sans doute car je ne l'ai pas détruit, déclara-t-il en analysant le plateau.
— Tiens, tiens, s'étonna-t-elle en mangeant un de ses pions, d'humeur nostalgique ?
— Peut-être bien. Tu ferais mieux de te concentrer. Échec et Mat.
— Argh, s'étouffa-t-elle, décidément, tu as toujours un coup d'avance. Une deuxième partie ?
Pour toute réponse, il hocha la tête en silence. Pendant que K replaçait les pions sur le plateau, il se surprit à se perdre dans ses souvenirs du lycée. Même à cette époque, il avait déjà planifié ses plans. Il se souvenait parfaitement du jour où, après s'être fait une fois de plus harceler par Kacchan, il avait rencontré son idole de l'époque... All Might. Et il n'avait plus jamais adulé qui que ce soit.
"Est-il possible qu'une personne sans alter puisse devenir comme vous ? S'était-il écrié.
Il avait besoin de l'entendre, besoin d'entendre ces quelques mots qui lui prouveraient que contre toutes attentes, contre tout les regards des autres, il pourrait...
"Ce n'est pas une mauvaise chose d'être un rêveur. Mais... Fais attention à ne pas te voiler la face, gamin."
C'était un non. Non, Izuku Midoriya. Sors de ton monde tout rose, tu ne pourra jamais être un héros ! Pourquoi donc t'entêtes-tu ? Regarde, même ton idole te le dit. Espèce de bon à rien. Deku.
Et après cela... Il persistait à vouloir aider Kacchan quand il était attaqué, il risquait sa vie pour lui, et comment on le remerciait ? On le grondait pour son inconscience et on félicitait le blond pour son courage. Cette blague. Pas un seul merci. À ce moment là, quelque chose s'était brisé au plus profond de lui. Et il avait prit sa décision. Ils allaient payer. Et qu'importe si All Might tentait de se racheter en lui offrant le One For All. Ou plutôt, tant mieux. Sans le savoir, il lui offrait le moyen de se venger. Il allait tous les détruire... De l'intérieur.
Faire semblant de vouloir devenir un héros avait été facile, tant sa motivation de destruction envers les héros était forte. C'était bien vrai, il n'y avait qu'un pas entre l'amour et la haine.
— Deku ? L'appela K.
Il sembla soudain de se réveiller de sa transe, desserrant des poings qu'il n'avait pas souvenir d'avoir fermés. Il cligna des yeux et inspira profondément avant d'expirer doucement. Passant de nouveau une main dans ses cheveux, il lui sourit.
— Un moment d'absence, excuse-moi. Reprenons, déclara-t-il en avançant son pion.
La fin de l'après-midi approchait. Après les trois parties d'échecs qu'il avait gagnées malgré les efforts de la femme, Deku devait admettre qu'il avait passé un agréable moment en sa compagnie. Ceci expliquait la présence du léger sourire qui ornait ses lèvres. Tout en marchant dans les rues, le jeune homme était perdu dans ses pensées. Il songeait une fois de plus à l'époque où, lycéen, il avait décidé d'infiltrer Yuei pour mieux les détruire. Personne ne l'avait vu venir. Enfin personne sauf une. Elle, elle le savait.
Il fut tiré de ses réflexions par un petit caillou qu'on lui avait jeté au visage et qu'il attrapa par réflexe. Tournant le regard, il aperçut un petit garçon qui ne devait pas excéder les dix ans. Ce dernier était seul, tremblant, et dans un de ses petits poings serrés, tenait un autre caillou qu'il lança de nouveau sur le vilain.
— V-va-t-en, monstre, bégaya le petit garçon.
Deku cligna des yeux, étonné. Cet enfant était soit courageux... Soit totalement inconscient. L'homme aux cheveux verts penchait plus pour la deuxième option. Une femme laissa échapper un sac qui s'écrasa au sol. Deku en déduit que pour être terrorisée comme cela, elle devait être la mère du petit. Il sourit et s'approcha du gamin qui recula. Arrivé à sa hauteur, il s'agenouilla, et le regarda droit dans les yeux. L'enfant peinait à soutenir son regard froid, cela se voyait.
— Tu me traite de monstre car je fais des choses méchantes, c'est ça ? Demanda Deku sur un ton amical. Mais dis-moi, petit, n'as tu pas pensé que dans le fond, je pouvais être un humain comme toi ? Que sais-tu au juste des notions du bien et du mal ? Tu ferais mieux de réfléchir aux conséquences que peuvent avoir tes paroles, ajouta-t-il, cette fois-ci glacial.
Deku posa sa main sur la tête de l'enfant et lui offrit un sourire. Il était absolument terrifiant. Le petit garçon fut soudain tiré en arrière et quelqu'un vint s'interposer, faisant rempart de son corps pour le protéger.
— Ne le touche pas, Midoriya !
L'interpellé releva la tête et son sourire s'élargit. Il se redressa et s'inclina légèrement. Marque de respect ? Non, bien sur que non. Il se moquait ouvertement de l'héroïne.
— Bonjour, Yaoyorozu-san. Ou préfères-tu que je t'appelle Creaty ? Momo, peut-être ? Quel plaisir de te revoir ! Dommage que ce soit en de telles circonstances...
— Tais-toi, lâcha-t-elle froidement.
Elle avait beau rassembler tout son courage, elle ne pouvait s'empêcher de trembler. Il faut dire que maintenant, bien qu'elle restait plus grande que lui, il relevait la tête de façon arrogante et la regardait dans les yeux. Tout autour, les passants s'étaient figés, conscients de la gravité de la scène.
— Allons, ne sois pas si froide, Momo ! Tu me brise le cœur, à parler comme ça à un de tes plus vieux amis, ironisa-t-il. Ne me dis pas que tu m'en veut encore pour la mort de nos camarades ? Ce n'est pas bien d'être rancunière !
— Je me moque de tes paroles, Midoriya ! Tu n'es rien de plus qu'un assassin doublé d'un manipulateur.
— Tututu, moi j'ai bien l'impression que sous ton apparence glacée, tu brûles de l'intérieur, ricana-t-il. Oh, pardon, est-ce que cette petite blague t'as vexée ? À moins que tu ne te sois remise de la mort... Oups ! Du meurtre de Todoroki, auquel cas ça ne devrait pas t'affecter outre-mesure.
— Ne prononce pas son nom ! Éclata-t-elle, les dents serrées.
— Huh ? Todoroki, Todoroki, Todoroki, chantonna-t-il, ou devrais-je dire Shoto ?
— Enfoiré...
La jeune femme saisissait son portable pour appeler ses collègues héros en renfort quand d'un bond, Deku fut derrière elle et l'empoignait par le cou pour la soulever du sol, l'étranglant à moitié. Il soupira et secoua la tête d'un air las.
— Je te déconseille de faire ça. À la place, que dirais-tu d'aller marcher un peu, tout les deux ? Je n'ai rien de prévu et je m'ennuie et un peu, et je suis sûr que ce que tu as de planifié n'est pas aussi important... Alors ? Suis-je bête, tu ne peux pas répondre, rit-il, faussement gêné.
Il la reposa au sol et la jeune femme s'y écroula, inspirant de grandes goulées d'air. Elle pouvait sentir son cœur battre dans sa poitrine et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il allait vite. Pour le coup, elle avait bien cru y passer.
— Ne t'inquiète pas, lui sourit-il, tu n'es pas destinée à mourir. En tout cas, pas maintenant et pas comme ça. Mais à ta place, je ferais attention, nous sommes en pleine rue et il serait dommage qu'un fâcheux accident arrive à un pauvre citoyen innocent.... Tu viens ?
Et sur cette dernière question qui était en fait un ordre, il se retourna et commença à s'éloigner, les mains dans les poches. Momo regarda un instant autour d'elle. La grand-mère fragile qui traversait la rue. Le groupe d'adolescents qui s'amusaient à regarder les boutiques de jeux vidéos en riant. La femme avec son landau, là-bas, qui sortait d'un petit restaurant avec un homme, probablement son mari. Cette jeune fille aux yeux gris et aux cheveux bruns sur son portable, souriant, sans doute à cause d'un message d'un ami ou de son petit-copain. Momo était une héroïne. Elle se devait de les protéger. La jeune femme se leva et partit à la suite de Deku, ne tardant pas à le rejoindre.
— Alors tu es d'accord pour venir marcher un peu avec moi, s'exclama-t-il, ça me fait plaisir, tu sais.
Momo bouillait de l'intérieur. La peur, non, la terreur inondait son esprit, et elle avait du mal à garder son sang-froid. Dire qu'à quelques centimètres à peine, le vilain numéro un bavardait tranquillement avec elle, pas le moins perturbé. Dire qu'à quelques centimètres à peine, le meurtrier de celui qu'elle aimait se baladait dans les rues en toute sérénité. Dire qu'à quelques centimètres à peine se trouvait l'adolescent qui avait fait sauter Yuei.
Mais le plus effrayant dans cette explosion ? Il n'y avait tué que ceux qu'il voulait. Les autres s'en étaient sortis sans mal. En fait, il s'agissait surtout pour lui de ne garder que ceux qu'il souhaitait tuer en main propre, ou ceux qui, selon lui, pouvaient rester en vie. C'est ainsi que pour la seconde A, Momo, Aoyama, Sato, Ashido, Ojiro et Hanta s'en étaient sortis. À vrai dire, vu qu'ils ne faisaient pas partie des cibles à abattre de Midoriya, il n'avait plus essayé de les assassiner. Les quelques autres rescapés étant lesdites cibles, autant dire qu'ils n'avaient pas fait long feu. C'est ainsi qu'à eux six et Midoriya, ils étaient les seuls survivants d'une classe ayant subi un tragique destin
— Tu ne m'écoute pas, Momo, soupira Deku. C'est très impoli, tu sais ? Moi qui suis un vilain, je ne t'ai pas manqué de respect, et toi, une héroïne, tu...
— Ironique qu'on se croise un jour pareil, pas vrai ? Le coupa la jeune femme aux cheveux noirs. Avec toi, je ne crois pas aux coïncidences. Tu savais que je serais là, je me trompe ?
Deku eu un air surpris puis sourit. Il se retourna vers Momo, l'air un peu gêné. Puis il croisa les bras, et son rictus s'étira sur ses lèvres de manière insolente.
— Non. Ce n'est pas un hasard, en effet. J'ai, effectivement, planifiée notre rencontre, même si je ne me doutais pas qu'un sale gosse oserait me jeter des cailloux à la figure, concéda-t-il. Tu vois, ce matin, je me suis réveillé d'humeur nostalgique, alors, je me suis dit, pourquoi ne pas aller discuter un peu avec Yaoyorozu-san, histoire de se remémorer quelques bons souvenirs ?
Il s'approcha plus près, menaçant. Doucement, il forma un pistolet avec les doigts de sa main, et vint le poser sous le menton de la jeune femme pour lui relever la tête et la toiser de son regard vert.
— Mais tu sais quoi ? Murmura-t-il, finalement, je crois que tu m'ennuie.
Danger. Imminent, elle peut le sentir. Elle doit réagir, et vite. Sinon...
— Pourquoi ? Demanda-t-elle de but en blanc. Pourquoi tu l'as tuée, elle ?
Il fronça les sourcils, un instant déconcerté, d'une part à cause de la soudaineté de sa question, et de l'autre...
— De qui tu parles ? Il y a plus d'une fille que j'ai tuée, tu sais. Alors, laquelle ?
— De... De celle qui est morte aujourd'hui. Pourquoi tu l'as tuée ? Je croyais que tu l'aimais.
— Uraraka-san ? Oh, je vois. Et bien, tu sais évidemment qu'elle travaillait pour la ligue des Supers-Vilains ? Il faut croire que ça rapporte plus et plus vite que de devenir héroïne, ricana-t-il.
Momo hocha la tête, et aussitôt, l'homme aux cheveux verts poursuivit :
— Ochako m'avait effectivement proposé de rejoindre la Ligue de ces... Pathétiques... Pseudo-méchants, dit-il sur un ton dégoûté. Mais j'ai refusé. Il n'en était pas question. Ces vilains de pacotille s'en étaient pris à Kacchan, ils avaient même tenté de le faire devenir l'un des leurs ! Ils s'en étaient pris à nous, à moi, mais surtout, à mes Cibles ! Et ce dernier point, Momo, n'est pas excusable. Ils devaient payer, y compris Ochako. Mais c'est vrai que c'est dommage. Il m'arrive de la regretter, parfois.
— Et... Hagakure ? Elle faisait partie de tes "Cibles" ? Qu'est-ce qu'elle t'avait fait ?
— Toru ? Non, c'est à cause de son alter. Elle était trop dangereuse, j'ai donc du l'éliminer.
Momo gagnait du temps. Quelqu'un, un héros, un citoyen, avait dû donner l'alerte depuis le temps que Deku avait été repéré. Il fallait qu'elle tienne jusqu'à l'arrivée des renforts.
— Et Asui ? Ce n'était pas ton amie ?
— Tsuyu était beaucoup trop franche et perspicace... Ça l'a menée à sa perte. Toutefois, j'avoue ignorer si elle avait découvert mon double jeu. Que ce soit le cas ou pas, elle l'a soit découvert trop tard, soit je ne sais pas ce qu'elle attendait pour le dire aux profs.
— Et pour Jiro ?
— Pareil que Toru. Qui sait quelles conversations Kyoka avait pu entendre avec son alter ?
— Et pour Fumikage ?
— Tokoyami m'énervait, avec son air sombre. Ouh, regardez, je suis un corbeau trop dark ! Mais apparemment, sa cervelle aussi était celle d'un piaf, ricana Deku.
Elle continuait, se motivait intérieurement. Courage, Momo, tient bon ! Tu es l'héroïne aux mille ressources, tu peux le faire ! Encore un peu de temps, c'est bientôt fini. Les renforts vont arriver.
— Et pour...
— À mon tour de poser des questions, la coupa-t-il, tout sourire. Tu croyais vraiment que ton petit stratagème allait marcher ?
Elle était Creaty, il était Deku. Celui qui avait toujours un coup d'avance. Elle s'étouffa. Elle avait perdu. Et il souriait, car il le savait pertinemment.
— Momo, voyons ! C'est un peu vexant, tu sais. Penser que tu allais t'en sortir en me baratinant, c'est me sous-estimer. Je te l'ai dit, tu n'es pas destinée à mourir aujourd'hui. Tu vas encore m'être très utile à l'avenir, même si tu n'en aura pas conscience. Sur ce, je te laisse ! J'ai à faire.
Il s'en allait, les mains dans les poches. Momo crut devenir folle. Qu'est-ce qu'il avait dit ? Il allait encore la manipuler, elle allait blesser, voir même tuer des gens, l'aider sans s'en rendre compte ? Hors de question que ça arrive. Elle était une héroïne, elle devait protéger les gens... Même si elle devait y laisser la vie. Dans un excès de folie, mue par le désir de protéger les autres, Momo monta au sommet de l'immeuble le plus proche. Et elle sauta.
— Tu l'avais prévu, ça, Midoriya ? Souffla-t-elle dans sa chute.
Puis ce fut le noir. Creaty n'était plus. Perché en haut de l'immeuble d'en face, un homme aux cheveux verts et aux yeux de la même couleur souriait. À ses pieds, un petit chat noir qui l'avait rejoint et avait contemplé avec lui la scène questionna d'une voix étrangement féminine :
— Tu l'as fait exprès ?
— Toujours bien choisir ses mots, répondit-il sur un ton amusé. C'est primordial. Tu sais, je déteste la sensation du sang qui colle à la peau, c'est répugnant. Et puis sur le blanc, ça laisse des traces.
— Tu es vraiment incroyable. Comment fais-tu ?
— Un coup d'avance, c'est bien ce que tu disais tout à l'heure ? Pour moi, le monde entier est un immense plateau d'échecs.
Sans expliquer davantage, il retourna son attention vers le panorama qui s'étendait en face de lui. Le coucher de soleil répandait ses couleurs rouges sur la ville, la baignant d'une atmosphère féerique tandis que plus bas, des cris et des les premières sirènes des ambulances et de la police retentissaient. Une douce brise vint caresser le visage de Deku, ramenant ses cheveux en arrière.
— Belle soirée pour mourir, tu ne trouve pas ?
×××
Après ces dernières paroles, l'Horloger se tut, laissant les villageois comprendre que l'histoire était terminée. Si les personnes devant la faire sonner n'étaient pas assis à écouter le conte, la cloche du village aurait sonné de son son cuivré l'heure de minuit. Ayant laissé quelques instants silencieux s'écouler, l'Horloger demanda en souriant doucement :
— Quelqu'un peut me dire ce qu'il retient de l'histoire ?
Personne ne répondit mais les villageois échangeaient des regards, puis une main se leva, hésitante.
— Oui, Lya ? Je t'écoute, ou plutôt, nous t'écoutons. Vas-y, n'aie pas peur.
— Hé bien... Hésita la jeune fille, j'ai souvent l'impression, vis à vis de Momo, que c'est en essayant d'éviter que des choses se produisent qu'elles se produisent, justement.
L'Horloger hocha la tête pour l'encourager à continuer.
— Et puis... Cette histoire est une variante de celle que vous nous aviez racontée il y a un an, n'est-ce pas ? Celle du garçon qui devient le plus grand des héros... Et on comprend que c'est à cause des paroles des autres qu'il est devenu un vilain...
— Tu as bien compris, Lya, déclara l'Horloger, chaleureux. Qu'est-ce que tu en conclus ?
L'adolescente brune hésita quelques instants, puis elle trouva la force de parler en plongeant son regard violet dans celui de l'Horloger.
— Qu'il faut faire attention à tout nos mots et toutes nos paroles, car ils peuvent blesser profondément.
L'Horloger hocha de nouveau la tête, et Lya se sentit heureuse.
— Mais ça n'excuse pas ses actes ! S'écria un garçon aux yeux bleus et dont une mèche de cheveux rebiquait en une drôle de boucle sur son front.
Son intervention soudaine fit sursauter les villageois, surtout Lya qui se tenait juste à côté de lui.
— Je suis d'accord, Nathéo. Même avec des circonstances atténuantes, rien n'excuse ses crimes.
Le jeune garçon sourit jusqu'aux oreilles, fier de lui.
— Toutefois, reprit l'Horloger sur un ton amusé, j'apprécierais si à l'avenir, tu pouvais éviter de tous nous surprendre en criant. Ton enthousiasme est louable, mais pense à le modérer.
Nathéo vira à l'écarlate tandis que les villageois riaient discrètement. Sur ces derniers mots, l'Horloger se leva.
— Je reviendrai demain pour un autre conte. J'espère que vous serez au rendez-vous. >>
×××
J'espère que cette histoire vous aura plu !
Vos impressions sur l'OS ?
La partie avec l'Horloger vous parait bizarre ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro