Les crocs de l'animal se plantent dans sa chair, cherchant à atteindre sa jugulaire, voulant porter le coup fatal. La chatte panique. Son ventre gonflé l'empêche de se mouvoir comme il le faudrait, la laissant sans défenses, à la portée du monstre. Ses pattes arrières martèlent le ventre de l'animal dans un geste inutile. Des miaulements aiguës sortent de sa gueule, tentant vainement d'appeler au secours. Mais elle est trop loin du Camp pour espérer qu'on l'entende, elle le sait. Elle a peur. Une peur comme jamais elle n'en a jamais ressenti. Sa mort lui fait peur comme rarement, car elle entrainerai avec elle celle de ses chatons. La jeune reine avait voulu boire à la rivière quand le renard, voyant en elle une proie facile et isolée, l'avait attaquée. Mais alors qu'elle pense sa dernière heure venue, le poids de l'animal la libère enfin, et la future mère se relève avec difficulté. Devant elle, se dresse un grand chat gris avec une seule oreille noire. Il fait face au renard, menaçant, ses babines redressées sur ses crocs pointus. Le félin se jette sur le canidé et tous deux roulent dans la poussière. La femelle le regarde avec un air angoissé. À quelques mètres seulement d'eux, la rivière descend à pic en une longue et rocheuse cascade, débouchant dans un grand lac. Au-dessus, les falaises forment la fin du territoire du Clan du Soleil. Le guerrier venu à son secours lui ordonne de fuir, mais la femelle est tétanisée par la peur et ne peut bouger. L'inévitable se produit alors. Si les chats avaient été physiciens, ils auraient évoqués la loi de Murphy. Là, la femelle ne pense qu'à quelque chose qui n'aurait pu être évité. Les deux combattants basculent dans la rivière, et se retrouvent rapidement emportés par le courant. La femelle hurle le nom de son sauveur et court le long de la rivière pour trouver l'opportunité de lui porter secours. Mais le courant est bien trop fort, et le chat est toujours agrippé à la bête, refusant de le laisser s'échapper. Le précipice les entraine, et ils sont emportés par le déluge de la cascade. Oubliant totalement son gros ventre et son épaule de laquelle s'écoule un épais liquide rouge, la reine dévale aussi vite qu'elle peut la pente rocheuse menant au lac. En bas, le goupil est empalé sur un rocher pointu. Mais nulle trace de son adversaire. Plongeant dans l'eau glaciale sans une hésitation, la jeune guerrière s'empresse de rejoindre une tâche grisâtre qui dépasse faiblement de l'eau. En agrippant la fourrure du chat, elle donne des coups de patte vigoureux dans le but de le ramener vers le bord. Elle se hisse sur la rive et s'effondre à ses côtés, éreintée.

« Étoile de Brume je t'en supplie réponds-moi, » murmure-t-elle dans un souffle.

Le meneur tousse un peu d'eau, et tourne vers elle son doux regard bleu. Ses flancs sont lacérés de plusieurs traces de griffes, et une de ses pattes arrières est tordue dans un angle improbable. Il essaye de cacher à sa compagne sa souffrance, pourtant bien lisible dans ses yeux ternes.

« Tu vas bien ? s'enquière-t-il, inquiet. J'ai entendu tes cris en sortant dans la foret mais j'ai crains d'arriver trop tard...

– Oh mon amour qu'as-tu fait ? C'est ta dernière vie tu le sais. Si tu la perds je... je te perdrais à jamais.

– Si c'est mon destin de mourir, je suis ravi de l'avoir fait en sauvant ta vie, Cœur de Neige.

– Arrête de dire des choses pareilles, le supplia-t-elle, au bord des larmes.

– On ne peut empêcher ce qui doit arriver, ma douce. Je t'ai sauvé, toi et nos enfants, et si j'avais la possibilité de changer les événements je n'en ferai rien. Tu m'es trop précieuse pour que je te perde.

– Mais je ne veux pas te perdre non plus ! s'écrie-t-elle, désespérée. Et je ne veux pas devenir chef, crotte de renard ! Je suis bien trop jeune ! Jamais je ne pourrais être à la hauteur !

– Tu seras merveilleuse... Étoile de Neige, » murmure-t-il dans un dernier souffle.

La longue plainte poussée par la nouvelle meneuse résonne dans la forêt, tel un cri de désespoir et de douleur. Elle a perdu son compagnon, sa raison de vivre, et se retrouve subitement propulsée au rang le plus élevé dans le Clan. Avec toutes les responsabilités qui vont avec. La lieutenante reste longuement là, lovée contre le corps de celui qui représentait tout pour elle, à pleurer son amour perdu.

*

Étoile de Neige se réveilla en sursaut, prise d'une panique des plus totales. Réalisant qu'il ne s'agissait que d'un rêve, la jeune meneuse se redressa sur sa litière, essayant de calmer les battements de son cœur. Cela faisait bien des lunes que les images de la mort de son compagnon ne lui étaient pas revenues en tête, alors pourquoi en rêvait-elle subitement ? Jamais cela n'avait paru aussi réel que cette fois-ci, aussi réel que le jour où cela était arrivé. Son cœur semblait refuser de se calmer, comme voulant lui rappeler la déchirure que représentait la mort d'Étoile de Brume. Son regard encore confus se porta vers l'extérieur, où le soleil commençait à poindre. Elle se leva, donna un simple coup de langue sur son poitrail, et sortit de sa tanière. La lueur du jour l'éblouit un instant, et elle attendit que ses yeux se furent habitués au changement de lumière.

Dans le Camp, les premières têtes sortaient de leurs antres. Pelage de Flocon entra dans la tanière des apprentis avant de ressortir avec Nuage d'Hermine et de disparaitre avec elle dans la forêt. Peu après elle, sortit Nuage de Soleil, qui se dirigea en trottinant joyeusement vers elle.

« Bonjour mère ! Quel est le programme aujourd'hui ?

– Demande à Pelage de Nuit de t'emmener t'entraîner quand il sera revenu de patrouille, je ne suis pas disponible pour le moment. »

Son fils lui jeta un regard étonné. Les rares fois où elles lui avait refusé un entrainement, elle se trouvait en patrouille, était malade ou trop occupée. Jamais elle n'avait été simplement pas disponible pour lui. Il hésita un instant à lui demander ce qui n'allait pas, mais il craignait trop de se faire rabrouer pour le faire. Ce fut donc Feuille de l'Aube, la vieille ancienne, qui, depuis l'entrée de sa tanière lui demanda :

« Eh bien Étoile de Neige ? Que t'arrive-t-il ? Je ne t'ai jamais vu reléguer de la sorte un entraînement avec un de tes apprentis...

– Je vais bien, souffla la meneuse, agacée. J'ai juste la tête ailleurs.

– Tu as rêvé de lui, n'est-ce pas ? lui demanda doucement l'ancienne. Tu as exactement le même air que lorsque tu rêvais de lui juste après l'accident.

– Oui, j'en ai rêvé. Maintenant excusez-moi... »

La meneuse sortit du camp et s'éloigna dans la forêt, désireuse de chasser les images qui tournaient en boucle dans son esprit. La douleur, comme à chaque fois qu'elle pensait à Étoile de Brume, était toujours aussi présente qu'au premier jour. Elle avait conscience de s'être peut-être mal conduite, notamment vis-à-vis de son fils, et elle lui devait sûrement des explications, mais un besoin insatiable de solitude s'emparait d'elle comme à chaque fois, et rester dans le Camp n'allait pas améliorer les choses. Elle s'éloigna donc, marchant jusqu'aux falaises qu'elle haïssait tant et évitait soigneusement en temps général, certaine que personne ne viendrait la déranger.

*

Les jeunes du Camp, rassemblés autour des trois anciens qui se réchauffaient au soleil, attendaient impatiemment leur histoire. Le soir tombait, les apprentis revenaient de leurs entrainements respectifs, et ils profitaient ainsi d'un repos bien mérité. Attroupés autour de Feuille de l'Aube, Renard Ardent et Plume Tranquille se tenaient donc Nuage d'Hermine, Nuage d'Étoile qui était parvenu à se libérer de Feuille de Chêne, Nuage de Soleil, ainsi que les chatons de Pelage de Flocon et Tempête de Glace : Petite Herbe et Boule de Piquants. La jeune chatonne tabby blanche et noire était lovée contre un Nuage de Soleil ravi.

« Alors les jeunes, commença joyeusement Renard Ardent, plein d'entrain. Quelle histoire voulez-vous entendre aujourd'hui ? Celle de nos ancêtres ?

– Oh non, râla Boule de Piquants, on la connait par cœur celle-là ! Soleil Levant, Nuit Obscure, Mistral Glacial et Goutte d'Eau vivaient dans les montagnes, bien loin d'ici. Mais un jour, Alouette du Printemps, la compagne de Mistral Glacial, reçut une prophétie de la part de mystérieux chats étoilés, les incitant à fonder quatre Clans distincts. Ils quittèrent donc leurs montagnes, peu propices à l'épanouissement de quatre Clans, et marchèrent sans but, jusqu'à trouver l'endroit idéal pour s'établir. Après une lune complète de marche, ils tombèrent sur une immense forêt, avec en son centre un lac. Convaincus qu'ils avaient bel et bien trouvé leur havre de paix, ils s'établirent sur l'île sur lesquelles se déroulent aujourd'hui en leur hommage les Assemblées, et commencèrent à se répartir équitablement les territoires.

– Au bout d'une demi-lune, enchaîna sa sœur, les territoires tels que nous les connaissons aujourd'hui étaient définis. Mais les quatre meneurs et leurs familles vivaient ensemble depuis trop longtemps pour se quitter, aussi décidèrent-ils de tous se réunir sur l'île où ils s'étaient installés à chaque pleine lune, avec tout leur Clan, pour prendre des nouvelles des autres. Ils décidèrent aussi ensemble du fonctionnement des Clans et du Code du Guerrier. Ce sont eux qui ont décidé que le lieutenant devrait être désigné avant minuit et qu'il succéderait au chef, eux qui ont décidé des noms accordés à chaque rang... À ce moment cependant, les chefs gardaient leurs noms de guerriers, c'est pourquoi les premiers meneurs n'ont pas de noms en "Étoile". En revanche, ils n'avaient pas pensé aux guérisseurs, aussi Alouette du Printemps reçut bientôt une nouvelle vision, stipulant que chaque Clan devrait avoir un guérisseur qui connaitrait par cœur les plantes de la forêt ainsi que leurs vertus. La vision annonçait aussi, qu'afin de garder un jugement impartial, les guérisseurs devraient faire vœu de célibat et de ne jamais avoir d'enfants.

– Pour le Clan de Mistral Glacial donc, c'était Alouette du Printemps, sa compagne, expliqua Nuage d'Étoile d'un ton passionné. Pour celui de Soleil Levant, Perdrix Glacée, sa fille, pour celui de Goutte d'Eau, Ambre Dorée, son compagnon, et pour le clan de Nuit Obscure, avait été désigné Épaisse Fumée, son fils. Tous ceux que la vision d'Alouette du Printemps avait désigné étaient d'accord avec cette fonction, ainsi que les sacrifices que cela engendrait, mais Mistral Glacial prit très mal ce qu'il considéra comme la perte de sa compagne. Les quatre Clans finirent néanmoins par se séparer et rejoindre leurs Camps respectifs.

– Au début, compléta Nuage de Soleil, se prêtant au jeu, les membres des Clans n'étaient pas nombreux. Il y avait leur chef et sa famille. Le Clan du Soleil, puisque c'est celui qui nous intéresse, était donc composé de onze chats : Soleil Levant, Clair de Lune, sa compagne, Perdrix Glacée et Flocon Sauvage, leur première portée, Petit Lion, Petite Neige et Petite Fumée, leurs enfants issus d'une seconde portée, Griffe d'Ardoise, le frère de Soleil Levant, Aigle Royal, la sœur de Clair de Lune et compagne de Griffe d'Ardoise, ainsi que leur progéniture, Nuage Pourpre et Nuage de Framboise. Leurs noms sont connus de tous les Clans, et porter ne serait-ce qu'une des particules de leurs glorieux noms est un honneur incommensurable. Museau Pourpre et Jolie Framboise ne sont restés dans nos mémoires que parce qu'ils faisaient parti du premier Clan, mais Crinière du Lion, Tempête de Neige et Sombre Fumée sont bien plus réputés que leurs cousins, car beaucoup les prétendent immortels. Ils étaient les plus grands guerriers que le Lac ait connu, plus forts encore que tous les meilleurs guerriers actuels réunis. Ce sont eux aussi qui ont vaincus la meute de loups qui avait déferlé sur les Clans, massacrant bon nombre de chats.

– Comme promis, récita Nuage d'Hermine, les Clans se retrouvèrent à chaque pleine lune. À chaque Assemblée, les guerriers présents variaient, à la fois car il y avaient de nouvelles naissances qui entrainaient de nouveaux guerriers, mais aussi car de nombreux chats domestiques et sauvages, intéressés par la vie de Clan, venaient grossir les rangs. Mais l'inévitable se produisit alors : Mistral Glacial, le premier, décéda. Ne trouvant plus de raisons de vivre puisque sa compagne ne pouvait plus l'aimer, il avait fini par se jeter dans le lac. Son Clan, qui ne portait alors pas de nom, décida de se nommer « Clan du Mistral » en hommage à son chef. Son fils et lieutenant, Loup Silencieux, prit alors sa succession, en menant son Clan d'une patte de fer. Ce fut là le début des premières dissidences entre les Clans. Chaque Clan décida de se nommer en l'honneur de son tout premier chef, portant donc les noms que nous leurs connaissons aujourd'hui. La seconde à trépasser fut Goutte d'Eau, laissant sa succession à Cascade Argentée, sa nouvelle compagne, puis Nuit Obscure, dont le successeur fut Sombre Opale, et enfin, vint le tour de notre Soleil Levant. Griffe d'Ardoise, son frère, prit sa place.

– Alouette du Printemps eut une nouvelle vision, reprit Nuage d'Étoile, montrant une grotte avec une source, dans laquelle les chefs devaient se rendre. Il lui fut long pour convaincre tout le monde que cela devait se faire, mais finalement, ils finirent par accepter le rêve de la guérisseuse. Les quatre meneurs se rendirent donc dans cette fameuse grotte, et s'y endormirent. Ils rencontrèrent alors le Clan des Étoiles et reçurent leurs neufs vies ainsi que leurs noms de chefs : Étoile d'Ardoise, Étoile Silencieuse, Étoile de Cascade et Étoile Sombre, les premiers à avoir possédé les neufs vies d'un chef. Les Clans fonctionnaient désormais comme aujourd'hui : un chef à neuf vies, un lieutenant pour lui succéder, un guérisseur, des guerriers, des apprentis, des reines et des chatons, des anciens pour entretenir la mémoire du Clan... Les Clans du Lac étaient nés. »

Nuage d'Étoile termina donc de réciter ce conte connu de tous, et les cinq jeunes félins se tournèrent vers leurs aînés, attendant leur réaction. Les trois paires d'yeux, posés sur eux, pétillaient.

« Eh bien je vois que nous n'avons plus grand chose à vous apprendre jeunes gens, rigola Renard Ardent. Vous ferez d'excellent anciens : râleurs, et sachant raconter des histoires à la perfection.

– Je suis certain cependant que vous n'avez jamais entendu l'histoire d'Étoile Hululante, la prédécesseur d'Étoile de Brume, déclara Plume Tranquille, sortant de sa morosité habituelle.

– Non racontes-nous s'il te plaît ! » s'exclamèrent les deux chatons d'une même voix.

*

« ... mais Étoile Hululante se tenait vaillamment face aux trois énormes chiens, bien décidée à vendre chèrement sa peau ! »

Nuage d'Étoile écoutait attentivement l'histoire de Plume Tranquille, mais son attention fut soudainement attirée vers l'entrée du Camp, où Pelage de Flocon et Tempête de Glace semblaient se disputer. Intrigué et quelque peu inquiet, le petit chat se leva et s'approcha d'eux.

« Si elle est partie c'est qu'elle a besoin de solitude pour faire le vide ! s'exclamait un peu trop fort son frère. Imagine les responsabilités que ça doit être de diriger un Clan. Tu n'as jamais de temps pour toi, pour te poser, pour évacuer. Crois-moi, elle a simplement besoin d'être seule, elle reviendra toute seule comme une grande !

– Oui justement, rétorqua implacablement sa sublime compagne. Ça veut dire aussi personne pour se préoccuper de comment on va, ni pour nous soutenir quand quelque chose nous chagrine. Alors. Va. La. Voir ! »

Pelage de Flocon marmonna un « de toute façon c'est toujours toi qui a raison » à peine audible, et sortit du Camp sous le regard satisfait de Tempête de Glace. Celle-ci posa son doux regard sur le jeune apprenti guérisseur et désigna le tunnel dans lequel avait disparu son frère.

« Tu devrais aller avec lui, si Feuille de Chêne n'a pas besoin de toi. Cela lui fera certainement du bien de vous avoir... »

Saisissant immédiatement de quoi il était question, Nuage d'Étoile hocha la tête et s'empressa de rejoindre Pelage de Flocon. Celui-ci lui sourit, et les deux frères marchèrent en silence vers les confins de leur territoire. Les guerriers du Clan du Soleil ne se rendait jamais du côté des falaises, dépourvues de végétation – et donc de gibier – et bien trop dangereuses. Ils cheminèrent cependant dans cette direction, en songeant que s'ils parvenaient à se perdre, cela n'allait pas être drôle bien longtemps. Afin d'éviter d'errer longuement dans la forêt en priant le Clan des Étoiles pour trouver leur destination, ils longèrent la rivière qui les séparaient du Clan de l'Eau, espérant tomber sur la cascade. Au bout d'un long moment, alors que le soleil commençait à atteindre l'horizon, la fourrure blanche de leur mère leur apparu au loin. La meneuse se tenait assise sur un rocher, devant le vide. Son regard fixait la surface de l'eau quelques dix mètres au-dessous d'elle.

« Maman ? » demanda Nuage d'Étoile d'une petite voix.

Étoile de Neige se tourna vers eux, ne semblant pas étonnée de les voir. Elle attendit qu'ils viennent s'installer à ses côtés pour déclarer.

« Cela fait exactement neuf lunes aujourd'hui que votre père est mort. C'était un lendemain de pleine lune, l'Assemblée avait été mouvementée. Étoile Joufflue, le prédécesseur d'Étoile d'Écume, réclamait au Clan du Mistral une partie de territoire, mais évidemment, Étoile d'Orage avait refusé, cette bande de terre lui revenait de droit, il n'avait aucune raison de la céder. Votre père s'était rangé du côté d'Étoile d'Orage, malgré le fait que nos alliés "officiels" soient le Clan de l'Eau. Étoile Joufflue l'a mal prit et a considéré que nous lui avions déclaré la guerre. Nous craignons une attaque et nous étions constamment sur le qui-vive. J'avais peur pour votre père que je savais sur sa dernière vie. Peur qu'il soit tué dans la bataille qui s'annonçait, inévitable. Et finalement, c'est un foutu renard qui nous a volé notre meneur. À cause de moi qui plus est. Le Clan du Mistral a finit par céder la terre afin de nous épargner une guerre que nous n'étions pas en état de mener, et cet incident a été oublié. Mais je sais qu'Étoile d'Orage, lui, veut la récupérer.

– Où veux-tu en venir ? demanda Pelage de Flocon, intrigué.

– Le Clan du Mistral va attaquer le Clan de l'Eau sous peu. Je sais que le Clan de la Nuit va prendre parti, mais de qui ? J'imagine bien mieux Étoile du Crépuscule venir au secours de la si "fragile" Étoile d'Écume, mais a-t-on, nous, réellement un intérêt à soutenir l'un ou l'autre des Clans ? Cette bande de terre ne nous concerne pas... Mais d'un autre côté, si Étoile d'Écume vient faire sa victime auprès du Clan de la Nuit, on ne peut pas laisser Étoile d'Orage seul...

– Attends attends attends, la coupa son fils aîné. Tu veux dire que c'est ça qui te préoccupe ?!

– Évidemment ! Tu verras bien si tu deviens chef un jour, les alliances c'est une plaie, surtout parce que c'est une question de stratégie avant même de réelle amitié.

– Mais... et papa ?! s'étonna-t-il. On pensait que c'était à cause de lui que tu t'étais éloignée !

– Écoute fils, ton père me manque énormément, et j'ai vraiment hâte de le revoir, mais j'ai des problèmes bien plus actuels en ce moment. »

Convaincu qu'il y avait autre chose, qu'elle ne voulait pas lui dire, Pelage de Flocon abandonna temporairement la lutte. Étoile de Neige déclara alors nonchalamment qu'il était l'heure de rentrer, et tous trois reprirent le chemin du Clan. La meneuse blanche semblait totalement perdue dans ses pensées, ce qui convainquit un peu plus Pelage de Flocon qu'il y avait quelque chose d'autre qu'une simple prise de parti dans une guerre qui ne les concernait pas, et que c'était cela qui tracassait tant sa mère.