Étoile de Neige se sentait vide de toute énergie, lessivée par la tension des derniers jours, et par celle encore plus brutale de l'Assemblée qui venait de se dérouler. Elle n'aspirait qu'à rejoindre sa couche et y dormir pour le reste de la nuit, peut-être même une partie de la mâtinée ; et offrir à ses guerriers le même repos bien mérité. Pourtant, il fallait d'abord qu'elle monopolisât leur attention un instant encore, pour clore la page de cette étrange nuit, et débuter la journée à venir avec la plus grande forme de normalité possible. Si toutefois ça l'était. Leur destin n'avait jamais été aussi incertain, et elle, elle qui haïssait ne rien contrôler, elle craignait de perdre pied face au gouffre de l'inconnu. Pouvait-elle réellement mener son Clan si elle avait peur de trébucher à chaque pas ? Étoile de Neige, pour la première fois depuis longtemps, se remémora les vies qui lui avait été accordées il y a bien des lunes. Témérité, persévérance, foi... Quoi qu'il advenait d'eux, elle s'efforcerait d'être un meilleur exemple pour les siens, qu'ils aient face à eux la chef sûre d'elle qu'ils pensaient avoir. Elle serait leur rempart face à l'adversité. D'un bond plein d'assurance, ses pattes trouvèrent la surface du Promontoire.

« Membres du Clan du Soleil, je vais devoir repousser l'heure de la nuit encore un peu. Il y a trois jours, une de nos apprenties a perdu son mentor, et nous n'avons pas pris le temps de lui en attribuer un nouveau, trop préoccupés par nos pertes. Aujourd'hui où nous accueillons de nouveaux membres, je pense que le moment est idéal pour cette tâche, afin que dès demain notre Clan reparte sur un nouveau pied. Nuage de Neige, approche s'il te plaît. »

La jeune femelle s'exécuta donc, la queue basse, après avoir coulé un regard penaud vers son frère. Quelques jours plus tôt, Nuage de Lion et elle s'étaient avancés ensemble vers leur grand-mère, heureux et insouciants, forts d'être ensemble, sous le regard de leurs camarades, et celui ému de leurs parents. Ces derniers n'étaient plus, et l'apprentie se retrouvait seule face au Promontoire, impressionnée, presque apeurée.

« Nuage de Neige, Griffe de Hibou aurait dû t'amener sur le chemin du guerrier, comme il l'a fait auparavant avec Flamme Ardente, que tu n'as pas connue mais qui était une chasseuse incroyable. J'avais toute confiance en lui pour faire de toi la guerrière exceptionnelle que tu ne manqueras pas d'être, et tu mérites un mentor à qui je porte une estime au moins aussi grande. Nuit Étoilée, si tu l'acceptes, j'aimerais que tu prennes en charge l'entraînement de cette apprentie.

– Moi ? s'étonna le vétéran du Clan du Mistral. Je suis flatté, Étoile de Neige, mais je ne connais rien de votre territoire, es-tu certaine que je suis le choix le plus judicieux ?

– Certaine. Hérisson est le mentor de Nuage de Lion, il est encore jeune, et c'est son premier apprenti. Je suis persuadée que tu sauras lui apporter tout l'aide qui lui sera nécéssaire, et lui te guider au sein de notre territoire. Vous ferez une très bonne équipe. »

Visiblement convaincu, le vétéran hocha la tête et s'approcha de la toute jeune apprentie, reconnaissant. Il n'était pas des plus jeunes, même s'il savait avoir encore de beaux jours devant lui avant de rejoindre la tanière des anciens, et se retrouver ainsi à tout perdre s'était révélé particulièrement compliqué pour lui. Il sentait pourtant, tout au fond de son cœur, qu'il pourrait trouver la paix ici, pour les saisons qui lui restaient. Et se voir attribuer l'honneur d'entraîner une nouvelle apprentie, qui plus est dans un Clan auquel il n'appartenait pas réellement, lui semblait presque trop. Tout en pressant sa truffe contre celle de Nuage de Neige, il prit le temps de remercier ses ancêtres de continuer de veiller sur eux malgré les épreuves terribles qu'ils avaient traversées.

« Pluie Torrentielle, il est évident que tu restes le mentor de Nuage de Tornade. Le temps que tu te familiarises avec notre partie de la forêt, vous pourrez vous joindre à Pelage de Flocon et Nuage de Poussière pour les entraînements, et n'hésite pas à demander de l'aide à n'importe quel guerrier disponible si eux ne le sont pas. »

L'ancienne lieutenante hocha la tête, le regard perdu dans celui de la meneuse, comme si elle tâchait de s'y accrocher pour ne pas tomber. Ces deux prunelles bleues qui avaient hanté son esprit depuis la toute première Assemblée où elle les avait croisées, avant même qu'Étoile de Neige ne la remarquât. Ceux pour lesquels elle s'était révoltée et insurgée contre son propre chef, qui pour la punir l'avait maintenue captive deux lunes durant. Ceux qu'elle avait choisi, sans l'once d'une hésitation, parce que les siens étaient ses amis mais n'avaient jamais été pour elle une famille, sinon Nuage de Tornade qu'elle avait pris d'affection aussitôt qu'elle l'avait rencontré. Parce que ce même chat qui lui faisait la cour uniquement parce qu'elle était belle, jeune, et qu'il la pensait accessible, était ce père froid et qui avait éventré sa compagne devant les yeux de son propre fils, trop terrifié pour réagir. Pluie Torrentielle aurait fui bien plus tôt, emportant avec elle celui qui était devenu son apprenti, et le seul chat qu'elle eût jamais considéré comme sa famille, si l'emprise d'Étoile Silencieuse n'avait pas été telle que partir lui avait semblé irréalisable. Pour aller où ? Redevenir une chatte errante, vouée à mourir de faim ou sous les crocs d'un chien, en entraînant avec elle la mort de Nuage de Tornade ? Impossible. La réunification des Clans s'était alors présentée comme un espoir fou, espoir flou, celui auquel elle ne croyait plus. Et ce regard bleu qu'avait posé sur elle Étoile de Neige, ce regard profond, ce regard confession, il lui avait donné la force nécessaire de partir. Tout quitter. Trouver sa vraie place. Ici, parmi ces chats qu'elle ne connaissait pas encore, auprès de celle qu'elle espérait pouvoir mieux connaître.

« Je vais donc vous laisser rejoindre vos tanières, en vous demandant à tous de bien vouloir trouver une place pour nos nouveaux compagnons. Je sais qu'il y a des litières vides qu'il vous sera douloureux de voir remplies par un autre, mais en attendant un jour nouveau, il va nous falloir faire cet effort là. Je me chargerai de prendre la tête de la patrouille de l'Aube, on va avoir du boulot pour redessiner nos frontières. Truffe de Jais, puisque c'est d'une partie du territoire du Clan de l'Eau dont nous avons hérité, j'aimerais que tu m'accompagnes. Des volontaires pour se lever à l'aurore ?

– Nuage de Plume n'a pas encore eu beaucoup d'occasions de partir en patrouille, avança Toile d'Araignée, je pourrais te la confier ?

– Je ne me souviens pas m'être portée volontaire pour me lever moi ! protesta son apprentie.

– Je ne me souviens pas t'avoir demandé ton avis, rétorqua le guerrier du tac au tac avec un clin d'œil malicieux.

– J'aurais pensé que tu te porterais volontaire également, fit remarquer Étoile de Neige, surprise.

– Pourquoi, parce que Truffe de Jais en est ? Je peux me passer de lui pour une mâtinée tu sais, il a bien fallu que je le fasse pendant des saisons et des saisons...

– Tu n'as rien à prouver, Toile d'Araignée, tu l'as déjà amplement fait depuis le début. »

Le guerrier et la meneuse échangèrent un regard. Ils se comprenait. Il fut donc décidé que Toile d'Araignée et Nuage de Sable les accompagneraient, de même que Taches Fauves. Étoile de Neige ignorait quel degré de prudence il était préférable qu'ils prissent, alors elle préféra mettre toutes les chances de son côté pour cette fois-ci. Enfin, elle libéra son Clan, et les regarda se diriger vers leurs antres respectives. La Pouponnière ainsi que la tanière des anciens allaient leur sembler désespérément vide...

La meneuse se laissa couler sur le sol, et s'avança dans le Camp qui se murait peu à peu dans le silence. Elle entendait, les miaulements joyeux des chatons, et la voix des pères et des mères qui tentaient de contenir cette énergie juvénile. Elle voyait Boule de Piquants et Petite Herbe qui couraient au devant des patrouilles à peine revenues dans l'espoir de se faire conter une bataille de frontière, ou qui suppliaient un mentor de les emmener avec lui parce qu'après tout, ils n'étaient plus si petits que ça. Pénétrant dans la Pouponnière, elle entendit les cris de douleurs de toutes celles qui étaient passées par là, et les trépignements d'impatience des jeunes qui ne demandaient qu'à quitter le nid. Elle se vit elle, ses deux chatons aux nuances de blanc contre le flanc, qui attendaient avec impatience la visite de leur père, les yeux plein d'admiration ; et puis, les êtres précieux contre elle devinrent trois, si différents, auxquels elle était persuadée de pouvoir prédestiner un grand destin. Sur ses cinq enfants, deux étaient morts, et une avait trahi. Soupir douleur. Un regard en arrière, vers la tanière des guerriers. Elles auraient tout le loisir de discuter plus tard. Cédant à la fatigue, Étoile de Neige se dirigea vers son antre.

*

Nuage de Plume ne parvenait à trouver le sommeil. Lovée contre elle, Nuage de Sable dormait à poings fermés, et l'empêchait de se retourner comme elle l'aurait voulu sur sa litière de mousse. Elle devait donc se contenter de rester couchée sur son flanc gauche, à regarder la respiration apaisée de Nuage de Poussière. Il lui semblait qu'elle avait toujours su, peut-être même avant son aîné, les sentiments que celui-ci portait à son frère adoptif, Nuage de Geai. Elle avait d'abord essayé d'aiguiller ce dernier sur la voie, glissé quelques allusions pour qu'ils comprît, mais en vain, et avait finalement abandonné. Tant et si bien qu'elle n'aurait jamais cru que son camarade finirait un jour par avouer son amour, passant outre sa crainte qu'il ne fut réciproque. C'était pourtant mal connaître Nuage de Geai, qui n'avait d'yeux que pour l'apprenti brun depuis bien des lunes déjà. Son cœur se serra à cette pensée. Elle avait beau pester que tous les mâles étaient d'une stupidité terrifiante, et que son frère ne lui arriverait jamais à la cheville, elle devait s'avouer que sa mort lui avait déchiré le cœur, et qu'il lui arrivait régulièrement de le chercher du regard, avant de se souvenir qu'il ne serait plus jamais là. Dans son esprit, Nuage de Geai n'avait jamais été que son frère adoptif, il était un frère, un vrai, un de ceux qu'on charrie mais pour qui on sort crocs et griffes en une fraction de seconde, un de ceux avec qui on s'imagine déjà veiller après être devenus guerriers, ensemble. Un de ceux dont on espère ne jamais s'éloigner. Quant à Nuage de Sable... elle n'était pas sa sœur, et pourtant elle l'était trop. L'esprit travaillé, bien trop réveillé, Nuage de Plume se leva silencieusement et se glissa dans le silence du Camp endormi.

Ses pas l'amenèrent jusqu'à la tanière des guérisseurs, où elle s'arrêta un instant, hésitante. Elle devait parler avec quelqu'un, et le plus tôt serait le mieux, elle aussi envahie par la peur de tout perdre brusquement, et de regretter ensuite. Elle ne se sentait pas, pourtant, d'en parler avec Toile d'Araignée comme Nuage de Poussière l'avait fait ; elle avait le sentiment qu'étonnamment, son mentor ne comprendrait pas ses réticences. Parce qu'il se jouait là quelque chose de plus compliqué que de bafouer le Code du Guerrier en aimant un chat d'un autre Clan. Rassemblant tout ce qu'elle avait de courage, l'apprentie se faufila dans l'antre de Poussière d'Étoile... qui dormait contre Rivière de Brume, de la même manière que Nuage de Sable et elle un peu plus tôt. Regard surpris. Elle voulut faire demi-tour, presque gênée, mais c'était sans compter sur l'ouïe fine du guérisseur qui releva la tête.

« Nuage de Plume ? Est-ce que tout va bien ?

– Je suis désolée de te réveiller, mais tu répètes sans cesse qu'il ne faut jamais hésiter à te déranger si on a besoin de toi... je ne suis pas malade, mais tu es la seule personne qui puisse m'aider je crois. »

Le grand félin hocha la tête et se leva, entraînant sa cadette un peu plus loin pour ne pas déranger Rivière de Brume. Nuage de Plume n'osa rien dire, mais l'interrogea du regard.

« Tu sais, je n'ai jamais cherché à dissimuler ce que je peux ressentir pour Rivière de Brume, s'expliqua-t-il en hochant les épaules. Feuille de Chêne était au courant, et je pense même que les autres guérisseurs n'étaient pas dupes. Mais ils savaient également quelles étaient mes convictions concernant cette relation, alors ça n'a jamais posé de problèmes à personne.

– Vous êtes ensemble alors ?

– Pas dans cette vie-là. J'ai toujours su que ma place était ici, et je me sens en osmose totale avec ce choix. Rivière de Brume le sait, et il en va de même pour elle. Je suis très heureux de pouvoir évoluer à ses côtés, car par-dessus tout j'ai pour elle beaucoup d'admiration et de respect, mais il n'y aura rien de plus entre nous.

– Mais ça ne te rend pas triste ? Tu ne trouves pas ça injuste de ne pas avoir le droit d'aimer librement ?

– Ça aurait pu. Mais mon cœur est parfaitement en phase avec tout ça, alors non, je ne suis pas triste. Est-ce que toi tu l'es ? C'est pour ça que tu viens me voir, n'est-ce pas ? C'est par rapport à Nuage de Sable ?

– Oui... Je peux pas vivre sans elle, Poussière d'Étoile. J'y arrive pas. Mais il y a cette étiquette de « sœurs » qui nous écrase, et qui nous empêche d'être ensemble. Et je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus à qui parler...

– Qu'est-ce qui vous empêche d'être réellement ensemble ? demanda le guérisseur de sa voix douce.

– Les autres ? Nos parents, nos ancêtres, nos camarades... On a grandi ensemble, on a été élevées par la même mère, que je considère d'ailleurs comme la seule que j'aie jamais eue, et même Griffe de Hibou a plus été un père pour moi que ne l'a jamais été Pelage de Pierre ! On ne peut pas, c'est impossible, personne ne comprendrait. »

Un bruit, comme un froissement, attira leur attention sur la couche où dormait auparavant Rivière de Brume. Elle était désormais vide, et l'ancienne guérisseuse du Clan de l'Eau s'approchait d'eux, ses pattes frôlant à peine le sol, comme si elle flottait au-dessus. Comme une écharpe de brume, pensa Nuage de Plume. Son nom a été bien choisi...

« Tu m'autorises une question indiscrète ? » demanda-t-elle avec la même voix posée et pleine de sagesse que son camarade.

Nuage de Plume ne put qu'acquiescer. Était-ce une condition pour devenir guérisseur ou guérisseuse, ce pouvoir qu'ils avaient de faire se sentir en confiance même le plus méfiant des chats, ou bien était-ce une capacité qui venait au cours de l'apprentissage ? Quoi qu'il en était, ça fonctionnait à merveille.

« Je n'ai pu qu'entendre votre conversation, j'espère que tu ne m'en voudras pas de m'en mêler. Je voudrais être certaine que j'ai bien compris. Qui sont tes parents ?

– Plume d'Alouette et Pelage de Pierre. Ma mère biologique est morte juste après ma naissance, à cause du Mal Bleu. C'est Plume d'Aurore qui m'a élevée, c'est elle ma vraie mère.

– Et les parents de Nuage de Sable ?

– Plume d'Aurore et Griffe de Hibou...

– Je vois. Tu sais, Nuage de Plume, parfois on se met des interdits au nom de ce que d'autres pourraient penser, ou dire, sans savoir si ce ne sont que des spéculations ou une peur fondée. Vous avez été élevées comme des sœurs, on vous a habituées à penser comme si vous l'étiez réellement et qu'une relation autre était impensable. Pourtant, vous ne partagez rien du même sang, alors ni le Clan des Étoiles ni celui du Soleil ne peut vous empêcher de vous aimer.

– Et puis, ajouta Poussière d'Étoile, vous êtes déjà si proches aujourd'hui, je ne suis pas certain que les autres détecteraient un quelconque changement. Certains doivent même être persuadés que vous êtes déjà ensemble. »

Nuage de Plume hocha la tête, marmonna qu'elle devait prendre le temps de réfléchir à tout ça, remercia longuement les deux guérisseurs, et les laissa à la nuit. Nuage de Sable, dans leur tanière, n'avait pas bougé, et ne broncha pas plus quand le corps de l'apprentie noire et blanche retrouva sa place contre le sien. Apaisée, bien que pas encore certaine, la nièce d'Étoile de Neige céda enfin au sommeil.

*

Le soleil peinait à se lever, parvenait tout juste à colorer le ciel de quelques tâches orangées, pourtant la patrouille de l'Aube menait d'ores et déjà une surveillance vigilante le long des frontières du Clan du Soleil. Leur territoire n'avait pas grandi de beaucoup, mais ils avaient récupéré une bande de terre significative de l'autre côté de la rivière, parce qu'elle regorgeait habituellement de gibier et de plantes médicinales. Étoile de Neige doutait que cette parcelle de territoire soit la plus compliquée à défendre, elle voyait mal le Clan de la Nuit se farcir le tour complet du Lac à effectuer pour venir les attaquer par ici, alors qu'ils possédaient une frontière en commun, mais elle s'attendait néanmoins à tout de la part d'Étoile Tachetée. Elle ne pouvait d'ailleurs s'empêcher de s'interroger : quels pouvaient bien être ses plans pour l'avenir ? Et notamment ceux concernant Étoile Silencieuse... Connaissant son ennemi, il devait être à la fois ravi des révélations qui avaient été faites quant à la véritable personnalité de son nouvel allié, mais également redoublant de méfiance. Hors de question qu'il se fît renverser après avoir tant accompli. Elle était donc à peu près certaine qu'il ne ferait jamais de lui son lieutenant, d'autant plus maintenant qu'il avait Pelage d'Hermine sous ses ordres, prête à en exécuter le moindre sans discuter. Son cœur se serra une nouvelle fois à cette pensée. Il allait lui falloir du temps pour digérer, si toutefois elle y parvenait un jour... Et même si Étoile Tachetée décidait qu'il n'avait plus besoin de sa... compagne – grimace dégoutée –, il lui restait deux enfants, désormais guerriers, dont les échos étaient à glacer le sang. Il semblait que leurs noms reflétassent parfaitement leur personnalité.

La meneuse se secoua, et rejoignit Toile d'Araignée et Truffe de Jais qui avaient pris la tête de la patrouille. Derrière eux, Nuage de Plume avançait, bien plus silencieuse qu'à son habitude, dépourvue de son côté espiègle et effronté qui la caractérisait si bien. Quelque chose de lourd pesait sur le cœur de ses guerriers, une aura sombre de lassitude, peut-être un peu de désespoir. En ces temps sombres, pouvaient-ils réellement espérer retrouver leur bonheur et leur espièglerie si caractéristique ? Il fallait qu'elle trouvât une solution, quelque chose qui redonnerait leur joie de vivre aux siens, même seulement pour un temps. Il fallait qu'elle leur offrît le temps d'une pause, le temps d'un rêve, le temps de reprendre un souffle qui leur manquait cruellement. Elle ne doutait pourtant pas qu'ils parvinssent, ensemble, à surmonter ces épreuves auxquelles ils n'avaient pas été préparés. Pleine d'une confiance et d'une énergie nouvelle, Étoile de Neige guida ses camarades vers le soleil levant.