Clarisse

Happé par un ancien désir qui me tance,
Dans l'ignorance, la faim, enfin l'attirance
Pour la chute de reins d'une belle voyante,
Parfum d'innocence, d'une vie chatoyante.

Première indécente, âme de mon essence,
Muse qui brisa mon cœur, harmonie des sens
Qui fût l'originaire, odorante distance.
Ô Douce folie, notre amour dans l'instance !

La Lune cesse de blêmir, l'Aube rampa,
Le Soleil commence à rougir. Elle s'étire,
Puis rugit, se pâme, en détourne l'appât,
Sans pâtir, de n'avoir songé à se vêtir.

Établir l'ardente chaleur, sans faillir.
Ivresse vive comme un plaisir à élire ;
Jaillir, boire le sérum, saisir et pâlir.
À bon prix, bonne somme, l'homme prie, délire.

Armada

Blanche tortue retorse, effracte, embrasse
Une franche irritation, efface les traces.
Le cri sourd, l'éclair, le tonnerre et la foudre :
Attendre, reconnaître la crise sourdre.

Fable écarlate, où commettre les passions,
Alchimie punie, gauche vague ; pâle étoile.
Cravache prise à deux mains, voilées de toile,
Honnête impression, envie de dévoration.

Recueillir les ornements d'une confession,
D'un coup d'œil, renaître à la fébrile fièvre,
Lascive invitation, langueur de l'agression
Au cœur du frisson, le sourire à la lèvre.

Calamité ; honnie

Ô Symphonie, ma petite crêpe flambée,
Ma cervoise soumise fraîche, forte ambrée
Au miel, à la framboise et au rhum, beurrée.

Je te retourne, par devant puis par derrière.
Mise en bière par le feu intérieur, guerrière
Lèvres enflammées, baisées jusqu'à en pleurer.

Bise brisée, velours retour, en arrière.

Sans recours

Plaire à son tour, dans l'agonie, dans l'ivresse ;
Odorantes courbes, apprêtées de tendresse.

Favorite dîne, accroche nos regards
À l'Aurore du matin, aussi dans le noir
Au rouge du coucher, d'un retour hagard,
Départ en gare du plaisir de baignoire.

Amante accueillante, actrice malléable,
Son visage ne peut-être semblable
Chaque nuit, prêtresse perdue des dunes.
Elle prend de nouveaux traits toutes les trois lunes.

Troublante maîtresse, torche rituelle
Enlace les nerfs, la chair spirituelle
D'une touchante transe, guérilla-danse.
Certes d'un goût du domaine de Romance.

Éclate un fou-rire jusqu'à roussir,
Prise d'une secousse, prie au-secours ;
Lire nos désirs, où sonne la douce Ire.

Sultan

Au détour d'un étroit escalier de fer
L'obscurité m'appelle, elle me défère.

L'arme à la larme, lame à la froide étreinte
Dans le sang baigne, saigne sur le satin,
Révèle un rayon d'où l'aube et le matin
Éclairent l'ombre feinte, flamme éteinte.

Éveil onirique en diagonale
Pyramide céleste octogonale
Émouvante traversée qui se dévoile,
Vogue de vague en vague, opale ovale.

Sultan, nuageux d'automne, tonne, varie.
J'entend le roc se fendre, il engendre
Une lumière souveraine, maigrie
Mirant en un éclat tel miroir tendre.

Étonnante plainte, cri d'épouvante ;
Un mot sucré, son souffle se décante.
Plus vite encore, que rien ne me freine
Je cours dans une nuit souterraine.

Mon cœur frappe si fort, panique puis meurt.
Anxieux j'entre dans une demeure
Je suis le couloir et vois, porte ouverte
Un cadavre, macabre découverte.

Pillage

Cent-mille créatures m'adressent
Des griffures, étranges caresses,
Avides envieuses, elles me mordent
Jusqu'à ce que mon esprit se torde.

L'éclat rouge, les ténèbres alanguies
Retenues sulfureuses, dépravées,
Se glissent telles de douces anguilles,
Une route sinueuse pavée.

Hébété, je suis vide, sidéré,
De remords, paradoxes ombrageux
Mécaniques sévères pondérées,
Obsidiennes d'un vert orageux.

Éphémère, éventuel pastel
Pareil au blanc pistil, couvrant les stèles
Dont le reflet sidéral orangé
Réfracterait la rosée, mélangée.

Avant l'éveil

Susurrante brume, étincelante ;
Fière impromptue, tendre impertinente.
Écoute-moi rêver, te raconter
Le récit, celui consacrant Bonté
Ta défaite, toute pantelante.

Déesse résignée, belle mortelle,
En un estuaire où le vent martèle,
Prise entre deux flots, prison sans pareille,
Saute sur la marelle, jusqu'au Ciel.

Douce épave délabrée, vieille éponge
D'un songe alchimique, elle se réveille.
Un rouge souvenir qui la ronge,
Désespoir honteux comme une groseille.

Dont l'éclat, dont le désir la plonge
Au crépuscule, bien avant l'éveil.