Au Clair de Lune.

Un soir, je marchais en enfer.
Cela dit, c'était de plein air.
Le Vent soufflait comme un parfum
Une ivresse, une grande faim.

Un long couloir sombre et sinistre
Tout au bout, une lumière.
Clarisse, et pourtant si triste !
J'aurais juré : "c'était hier."

Ton blanc teint, ta gorge tes seins
Ton odeur, rondeurs sensuelles.
Qui crie si fort : "A l'assassin !" ?
Si cruelle, ma demoiselle.

Elle court vers moi, je suis sa proie.
Ses lèvres contre les miennes.
"Romps le sceau du sort, deviens roi !"
Ses yeux pleurent : "Je serai tienne.".

Le Blizzard.

Un beau jour, en riant, la vie
Glissa soudain dans mon oreille
Quelques mots, un peu de magie.

Il est temps que tu te réveilles
Que tu goûtes aux joies du Soleil.
Attends le prochain autobus.

A peine embarqué, un vent russe
Me confia ses doux secrets
Ainsi qu'un terrible décret.

Nos existences sont liées.
Sans fin, nous serons alliés.
Elle me fit aussi un présent.

La blanche, immaculée neige.
Pour vivre pleinement l'instant
Monter sans crainte dans le manège.

La fleur.

Les yeux clos, j'écoute le chant de ton étoile.
En sifflotant, la mélodie gonfle les voiles
De mon navire. Nous partons loin en ballade.
Nous décollons, propulsés de cette glissade.

Ensemble, en route pour de nouveaux océans.
La mer intérieure est bordée par le néant.
Le souffle du vent indique la direction
Il nous porte et nous offre sa protection.

Mon esprit est troublé, assailli par la peur
Grandissant, la hauteur, tout ce sacré vertige.
Sans trêve, je poursuis le parfum d'une fleur.
Je n'oserais pas en briser la verte tige.

Sa voix rouge, ses couleurs si rauques, profondes
Les douces danses, transes obnubilent mon âme.
Je veux la cueillir, Éveiller la porte ronde
De mes désirs qui virevoltent, et puis s'enflamment.

Se parler d'amour, voir venir la nuit noire
Sans craintes, dans l'attente de longues étreintes.
Goûter tes lèvres, caresser ta peau, en boire
La vie, le Soleil, toutes lumières éteintes.

Chaos.

Je marche dans l'obscurité
Méditant sur ma cécité.
Personne ne peut me guider.
Ici, là, flottent des idées.

Je tente de m'y accrocher.
L'ombre est une réalité
Dispensée du haut du clocher
Attirée par la gravité ?

Ou bien mes yeux sont-ils fermés
Refusant de voir, consternés ?
Par le rêve et les tentations
Éborgnés, désirs, passions.

Comment enflammer le bûcher ?
L'étincelle, la lumière
Trouver le soleil, débucher
Un éclat, crier ma colère ?

Aurore.

Un matin, la tête toute pleine de rêves
Je me levais dans cette nouvelle cité
La septième d'un long voyage sans trêve.
L'aube irisée empoignait mon cœur excité

Désir, attente de racines, d'un foyer.

A l'école, un message me fut envoyé
Gravé dans les grands yeux d'une petite fille
Dont l'éclat blanc, vif du regard m'avait noyé.
Noires rouges orangées, crient fort les pastilles.

L'âme du monde avait parlé, m'ensorcelait.

Ma vue mon corps, ma chair mon sang se morcelaient.
Un long précipice s'ouvrait sous mes pieds
La souffrance, les doux songes s'amoncelaient
Le destin et ses démons furent défiés

De nous séparer, nous, dangereux alliés.