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Chapitre 36 - Aucun espoir

Sirius fut tiré du sommeil par une lumière blanche. Lorsqu'il comprit enfin de quoi il s'agissait, il se redressa d'un geste brusque. Le phénix immaculé ouvrit la bouche, et la voix de Dumbledore s'en échappa.

Famille McKinnon attaquée. Soyez sur vos gardes.

Le phénix disparut.

Famille McKinnon attaquée. Famille McKinnon attaquée.

Qu'est-ce que ça voulait dire exactement, bon sang ?

Sirius se rua hors du lit, s'habilla en quatrième vitesse et quitta la maison. L'aube perçait tout juste. Il transplana.

Il atterrit au milieu de la rue, devant la maison des McKinnon, et sentit ses jambes se dérober sous lui.

La Marque des Ténèbres luisait d'un éclat verdâtre dans le ciel gris.

Des Aurors entouraient la propriété. Avec un temps de retard, Sirius réalisa que Maugrey et Alice en faisaient partie. Sirius se précipita vers le trou béant où s'était autrefois tenue la porte.

Il devait savoir.

Maugrey lui barra le chemin.

— Tu ne devrais pas voir ça, mon garçon.

Son expression confirma ses pires craintes.

— Non. Non, elle n'est pas... Elle ne peut pas...

Il jeta un regard éperdu à Alice, qui se retenait de toute évidence de laisser libre cours à ses larmes. Sirius se libéra de l'emprise de Maugrey et s'engouffra dans la maison.

L'intérieur était ravagé. Trois corps reposaient sous des draps blancs sur le tapis du salon. Il sut immédiatement, à leur gabarit, que Marlene n'en faisait pas partie.

La table de la cuisine était renversée. Des couverts, des bougies et les restes d'un gâteau d'anniversaire étaient répandus par terre. Bien sûr. On était le seize juillet. Marlene avait célébré ses vingt-et-ans la veille.

Les Aurors présents le laissèrent passer alors qu'il avançait tel un automate. L'escalier était détruit, quasiment coupé en deux. Il y avait de l'activité à l'étage. Il enjamba le gouffre et se dirigea vers la dernière chambre, dont la porte était ouverte. Lorsqu'il aperçut la robe verte d'un médicomage, son cœur se remplit d'espoir. Puis il aperçut le visage grave de ce dernier, et tout espoir s'envola aussitôt.

Le médicomage discutait avec un homme qui tournait le dos à Sirius. Il avança encore de quelque pas et reconnut Elias McKinnon, le grand-père de Marlene. Que faisait-il ici ? Il avait coupé les ponts avec son fils. Il n'avait jamais fait partie de la vie de Marlene.

Sirius l'ignora et entra dans la chambre.

Cette fois, ses jambes se dérobèrent pour de bon.

Il tomba à genoux auprès du corps de Marlene. Un drap la couvrait jusqu'au cou. Ses cheveux bruns étaient poisseux de sang à moitié séché.

— Vous ne devriez pas être ici, déclara Elias McKinnon. Messieurs, veuillez escorter cet homme à l'extérieur.

Il fit signe à deux brigadiers qui firent un pas vers Sirius.

Ne vous approchez pas de moi, gronda-t-il, plus proche de Patmol que de Sirius, qui les fit stopper net.

Lorsqu'il put enfin détacher son regard du visage de Marlene, il remarqua quelques gouttes de sang sur le drap au niveau de son abdomen. Il l'écarta d'un geste tremblant.

— Qu'est-ce que... qu'est-ce que c'est que ça ?

Son haut était déchiré et trempé de sang, mais la peau était lisse. Un maléfice aurait laissé une cicatrice, même avec les soins d'un médicomage. Or le sang venait bien de quelque part...

— Elle n'a pas pu être sauvée, murmura le médicomage en évitant son regard. Nos sommes arrivés trop tard. Elle aurait pu survivre, à ce stade, mais...

Sirius le regarda sans comprendre.

— Vous n'étiez pas au courant, constata Elias. Je n'en étais pas certain...

Puis, soudain, tout s'éclaira.

— Elle était enceinte, réalisa-t-il.

Il s'affaissa au pied du lit. Il comprenait mieux, désormais. La raison pour laquelle elle avait voulu s'éloigner. Pourquoi n'avait-elle pas voulu lui en parler ? Il aurait accueilli cette enfant les bras ouverts...

Des larmes dévalèrent ses joues, puis se transformèrent en sanglots déchirants. Recroquevillé par terre comme un animal blessé, personne n'osa le déloger et tout le monde évacua la pièce pour le laisser seul avec sa souffrance.

Quand il eut épuisé toutes ses larmes, il embrassa le front glacé de Marlene, se leva et retrouva Elias McKinnon au rez-de-chaussée.

— Je veux la voir, déclara-t-il. Le bébé.

— Elle a déjà été emmenée, répondit le vieil homme. Je m'occuperai des funérailles. Il s'agit de ma famille, après tout.

— C'était moi, sa famille. Moi, sa sœur, ses parents, ses amis. Certainement pas vous.

Sirius ne lui laissa pas le temps de répliquer. Il n'avait pas la force de se battre.

Marlene McKinnon était morte.

Plus rien n'avait de sens.

***

Lorsqu'il retourna chez lui, vide de toute émotion, il découvrit une chouette perchée sur le bord de la fenêtre. Il reconnut aussitôt l'écriture sur l'enveloppe et l'ouvrit d'un geste fébrile, tachant de ne pas la déchirer dans son empressement.

Cher Sirius,

Je t'ai promis que je resterai loin de toi, et j'ai tenu parole. Peu importe à quel point cela m'a été difficile. Mais je te dois des explications.

Je suis enceinte.

Je suis désolée ne de pas être parvenue à te le dire en face. Je ne savais pas quoi faire. Lorsque je l'ai appris, il était déjà trop tard pour y changer quoi que ce soit. Je ne veux pas être mère. Mais je sais que tu ne voudras pas renoncer à elle. Je te connais trop bien. J'avais l'intention de la confier à quelqu'un d'autre, mais je commence à douter. Je pense au moins te devoir la vérité et te laisser le choix. Si veux la garder, je ne t'en empêcherai pas. Mais je devrai partir, renoncer à toi pour de bon, car je sais qu'il sera trop douloureux de la regarder grandir de loin.

J'espère que tu pourras me pardonner.

Avec tout mon amour,

Marlene.

Un sanglot rauque s'échappa de sa gorge. Si seulement elle n'avait pas eu peur de lui parler de tout cela... Il aurait peut-être pu la convaincre de rester avec lui. Il serait peut-être venu à ce dîner d'anniversaire.

Elle serait peut-être encore en vie.

***

Lily avait décidé de profiter de la sieste de son fils pour s'adonner à son projet d'album photo. Elle triait toutes celles qui avaient été prises à Poudlard et depuis leur sortie de l'école, y compris ses photos de mariage et de lune de miel, dans l'optique de choisir les plus appropriées pour pouvoir l'offrir à Harry.

Lorsque James entra dans la pièce en faisant une tête d'enterrement, elle ne pensait pas du tout au pire. Il devenait de plus en plus morose depuis que Dumbledore lui avait pris sa cape. Ce jour-là, Lily avait compris qu'il s'était livré à des escapades nocturnes pendant tout ce temps. Elle n'avait rien dit, même si elle lui en voulait de lui avoir caché ces sorties et de s'être mis en danger.

Elle se laissa même aller à une plaisanterie.

— T'en fais, une tête, fit-elle remarquer en s'intéressant à nouveau à ses photos. Qui est mort ?

Aucune réponse ne vint. Lily releva la tête. Pâle et sérieux, James continua de la regarder. Lily sentit alors son cœur faire une chute libre et se loger dans son estomac.

— Qui est mort ? répéta-t-elle, les mains tremblantes.

— Je suis désolé... Je viens de recevoir un message de Dumbledore... C'est... C'est Marlene. Elle a été tuée hier soir. Les Mangemorts ont eu toute sa famille.

Lily se plaqua une main sur la bouche.

Marlene. Sa meilleure amie. Sa demoiselle d'honneur. Sa sœur de cœur.

Cela ne pouvait pas être vrai...

James franchit la distance qui les séparait et la prit dans ses bras.

Elle pleura toute la soirée.

Le matin de l'enterrement, elle pleura à nouveau dans les bras de James.

— C'est ma meilleure amie, et je ne peux même pas aller à son enterrement.

— C'est trop dangereux, murmura James en lui caressant les cheveux. Les Mangemorts pourraient profiter de l'occasion pour nous attaquer.

— Je sais... J'aurais seulement voulu lui dire au revoir. Et être là pour Sirius... Il doit être anéanti. Tu as eu des nouvelles de lui ?

— Non... Il a sûrement besoin de temps...

***

Le ciel était gris ce jour là. Sirius n'écoutait pas les paroles de l'homme qui officiait la cérémonie. Son regard était rivé sur les quatre cercueils fermés qui flottaient à quelques centimètres du sol, prêts à être avalés par la terre. Plus précisément, il regardait celui qui renfermait Marlene. Il n'arrivait pas à croire qu'il ne la reverrait plus jamais. Son visage. Ses yeux. Son sourire. Ses longs cheveux bruns qu'il aimait tant, ce corps qu'il connaissait par cœur. Il n'entendrait plus jamais sa voix, son rire. Elle n'avait rien à faire dans ce gouffre noir. Elle était une étoile. Elle appartenait à la mer, ou au ciel. Pas à la terre.

Son regard s'arracha du cercueil pour se promener sur l'assemblée. Elias McKinnon se tenait au premier rang. Il semblait si injuste, aux yeux de Sirius, que cet homme soit le seul des McKinnon a avoir survécu. Mais bien sûr, pour Marlene, il n'avait jamais vraiment fait partie de sa famille. Lily et James n'étaient pas présents, bien sûr. Ils étaient plus en danger que jamais. Il n'était pas exclu que les Mangemorts profitent de l'enterrement pour frapper fort contre l'Ordre. Remus, Peter, Alice, Frank, Gideon, Fabian, Emmeline, Dorcas, Edgar, Benjy, Caradoc... Tous étaient venus rendre leurs derniers hommages à la première des leurs qui était tombée. La première, et sûrement pas la dernière. Sirius avait un très mauvais pressentiment pour la suite. Son chagrin était si profond, en ce moment-même, qu'il n'aurait eu aucun regret à mourir si cela n'aurait pas eu de terribles conséquences sur ses meilleurs amis et son filleul. Qu'il le veuille ou non, il avait encore des raisons de se battre.

Mary était venue, elle aussi, ainsi que Paul, l'ex petit-ami de Marlene, et d'autres connaissances de Poudlard.

Sirius ne cessait de songer à cette enfant qu'il ne rencontrerait jamais. Il n'avait pas pu la voir. La rage bouillonnait en lui. Les Mangemorts avaient détruit tant de vies...

Il resta longtemps seul devant la tombe après l'enterrement. La nuit tomba, ainsi que la pluie. Le vent se leva, mais il ne bougea pas.

Il voulait tenir sa promesse.

Il voulait l'attendre jusqu'à la fin des temps.

***

Emmeline remua le fond de son verre de whisky sans grande conviction. Une partie de l'Ordre avait convenu de se rassembler aux Trois Balais après l'enterrement pour porter un toast à Marlene. L'atmosphère était étrange – un mélange de chagrin et de camaraderie, de larmes et de rires. Emmeline venait de sourire à une blague racontée par Gideon, avant d'être aussitôt submergée par une vague de mélancolie. Elle n'avait aucune envie d'être seule ce soir, mais avait hâte de se retrouver chez elle pour pleurer. Elle profita d'un moment de silence dans la conversation pour annoncer qu'elle allait rentrer. On essaya de la retenir, peut-être plus pour la forme qu'autre chose, ou parce que personne n'avait envie de faire face à son chagrin. Puis on la laissa souhaiter bonne nuit à tout le monde.

Dorcas la rattrapa devant le bar.

— Tu vas bien ? demanda-t-elle en la retenant par le bras.

— Est-ce que qui que ce soit va bien ce soir ? répondit Emmeline.

— Je suppose que non...

Emmeline laissa filer quelques secondes de silence, se demandant s'il valait mieux partir ou essayer de recoller les morceaux entre elles. Elle opta pour cette seconde option. La vie était trop courte pour les regrets.

— Je suis inquiète, avoua-t-elle en s'appuyant contre le mur de la venelle qui jouxtait le pub. J'ai peur pour la suite. Il y a un espion parmi nous. Qui que ce soit, c'est lui qui a livré Marlene et sa famille aux Mangemorts. Je me demande qui est le prochain sur la liste.

Dorcas la regarda sans ciller. Emmeline prit son courage à deux mains et ajouta :

— J'ai peur que ce soit toi.

— Tu penses que c'est moi l'espionne ? bredouilla Dorcas, hébétée.

— J'ai peur que tu sois la prochaine, corrigea Emmeline.

Elle baissa les yeux, un peu gênée de s'être allée à une telle déclaration. Elle n'avait pas l'habitude de parler ouvertement de ses sentiments. C'était d'autant plus embarrassant que Dorcas les connaissait déjà. Et si elle la mettait mal à l'aise ?

— Je préfère une mort sensée à une vie dépourvue de sens, déclara Dorcas. Si je meurs, ce ne sera pas pour rien.

— Toutes les morts sont insensées.

Il y eut un moment de flottement. Emmeline songea aux paroles qu'elle avait prononcées quelques mois plus tôt à l'attention de Marlene. La vie est trop cruelle. Si on cesse de croire à l'amour... pourquoi voudrait-on vivre ?

Elle fixa les lèvres de Dorcas, désirant plus ardemment que jamais l'embrasser. Tout à coup, elle se fichait complètement de n'être qu'un coup d'un soir. Elle s'approcha de Dorcas.

— Je ne veux pas rester seule ce soir, murmura-t-elle.

Dorcas écarquilla les yeux, comprenant où elle venait en venir.

— Tu es sûre ? demanda-t-elle.

Pour toute réponse, Emmeline l'embrassa.

***

Malgré l'étau qui lui broyait le cœur depuis la mort de Marlene, Lily ne put se résoudre à annuler la fête d'anniversaire qu'elle avait prévue pour la première année de Harry. Elle avait du mal à croire que le temps soit passé si vite. Que son bébé soit déjà aussi grand.

Le repas se déroula en compagnie d'un nombre d'invités beaucoup plus restreint que prévu. Sirius et Remus étaient en mission. Elle n'avait vu ni l'un ni l'autre depuis la photo prise le jour de la réunion. Peter était passé quelques jours plus tôt, toutefois. Il était venu déposer son cadeau pour Harry et s'excuser de ne pas pouvoir assister au dîner d'anniversaire le jour-même, étant d'astreinte au QG. L'Ordre passait avant tout, bien sûr. Depuis l'assassinat de Marlene, elle était à pied d'œuvre. Une attaque aussi frontale était significative : de toute évidence, Voldemort avait décidé de passer à la vitesse supérieure. Mais Lily ne pouvait s'empêcher de regretter qu'ils soient tous éparpillés ainsi ce jour. Elle trouva à Peter un air morose, et surprit même des larmes dans ses yeux lorsque Marlene fut évoquée.

Bathilda fut donc la seule convive ce jour-là. Mais Sirius n'avait pas oublié son filleul et lui avait envoyé un balai-jouet. Harry se désintéressa immédiatement de l'album photo que sa mère lui avait offert au profit de ce dernier. James s'empressa de montrer son fonctionnement à son fils qui, malgré son jeune âge, comprit incroyablement vite le principe et surtout, à quel point il était extraordinairement drôle de foncer dans tout, des bibelots divers au vase que lui avait offert Pétunia à Noël, pulvérisé sous l'impact (au grand soulagement de tout le monde), en passant par ce pauvre Elvendork qui prit très vite l'habitude de fuir les lieux à l'arrivée de Harry. James se félicita d'avoir un futur grand joueur de Quidditch comme descendant.

Bathilda venait prendre le thé presque tous les jours. Historienne hors pair, elle les abreuvait d'anecdotes insolites et se montrait si passionnante que Lily songea qu'elle se serait peut-être un peu plus intéressée à l'histoire de la magie à l'école si c'était Bathilda qui l'avait enseignée à la place de Mr Binns. Après un verre de cognac, la vieille historienne leur confiait des histoires plus personnelles, parfois abracadabrantes. Elle prétendit notamment être la tante du célèbre mage noir Grindelwald. D'après elle, ce dernier s'était lié d'amitié avec Dumbledore lors d'un été où il avait séjourné ici même, à Godric's Hollow, où Dumbledore avait vécu avec sa famille. Lily se souvenait avoir vu des Dumbledore dans le cimetière du village et ne doutait pas que cette partie de l'histoire fut vraie. En revanche, Dumbledore, ami avec Grindelwald ? Cela semblait tout bonnement incroyable.

Les visites de leur voisine séculaire ne parvenaient pas à remonter le moral de James, qui, Lily le voyait bien, commençait à se sentir sérieusement claustrophobe à devoir rester enfermé ainsi. Même les moments de joie passés avec Harry et son balai-jouet commençaient à perdre leur effet euphorisant. Lily écrivit une lettre à Sirius afin de le remercier pour le cadeau de Harry et l'inviter à passer, espérant qu'une visite de son meilleur ami parviendrait à le sortir de la torpeur dans laquelle il commençait à s'enfoncer. Mais Sirius ne répondit pas. Il avait son propre fardeau à porter.

L'humeur de James ne s'arrangea pas avec les mauvaises nouvelles qui s'enchainèrent au mois d'août. Cela commença par la disparition de Caradoc Dearborn. Personne ne savait ce qui lui était arrivé. On se demanda si ce n'était pas lui, l'espion. S'il avait senti le vent tourner et avait rejoint les Mangemorts, ou s'il avait été tué par eux. Si tel était le cas, ne pas avoir laissé de traces de lui était judicieux : rien de tel pour semer le doute et la terreur. Puis, quelques jours plus tard, Benjy Fenwick fut assassiné. Cela confirmait les impressions de l'Ordre : ils étaient désormais ouvertement visés. La seule annonce positive du mois fut l'annonce de la naissance de la première nièce de Fabian et Gideon, Ginevra Weasley.

James était au plus bas. Il ne parlait presque plus et passait désormais des heures sans bouger, ce qui devenait difficile à gérer pour Lily, qui devait s'occuper de Harry et de la maison seule. Un soir, après le dîner, elle profita qu'il soit encore assis à table, devant son assiette à peine entamée, pour lui prendre la main. Ses cheveux avaient grand besoin d'un coup de ciseau et ses joues étaient mangées par une barbe de quelques jours.

— Parle-moi, dit-elle, le front plissé d'inquiétude.

James laissa filer quelques secondes de silence, les yeux dans le vide, et déclara :

— Il n'y a aucun espoir pour nous ici. Aucun.

Lily fit de son mieux pour dissimuler son choc. Que James, son James, celui qui l'avait toujours aidée à voir le bon côté des choses, en soit arrivé à ce niveau de désespoir, avait quelque chose de glaçant. Elle avait sous-estimé l'ampleur de sa mélancolie. Mais elle devait essayer de l'atteindre. Il passait à côté de la vie de son fils. De leur vie à eux. Il la laissait seule. Elle lui serra la main plus fort.

— Je sais que tu traverses quelque chose de terrible. Mais j'ai besoin de savoir que tu me reviendras.

Une lueur s'alluma dans les yeux de James, qui releva la tête et la regarda enfin.

— Moi aussi, j'ai traversé quelque chose de terrible, reprit Lily. Quelque chose de sombre, de moche, et crois-moi, tout ce que je voulais, c'était me terrer au fond d'un trou et mourir. Et parfois, cette envie me prend encore. Mais je l'ai pas fait. Et je ne le fais toujours pas. Parce que j'ai un mari et un fils qui ont besoin de moi !

Sa voix avait gagné de la force au fil de sa tirade, laissant transparaître son chagrin et sa colère. Elle n'avait pas eu l'intention de le brusquer. Elle reconnaissait l'état dans lequel il se trouvait – elle avait été dans le même, après avoir été torturée. À ce moment là, la secouer comme un prunier n'aurait rien arrangé à son état, et faire de même avec James n'arrangerait pas le sien. Mais elle avait besoin qu'il sache. Elle avait besoin de lui.

— Je ne savais pas... murmura James d'une voix tremblante, les larmes aux yeux. Tu ne m'as jamais dit... Je ne savais pas qu'il t'arrivait de vouloir...

— Je n'en parle pas facilement. J'ai besoin de toi, James. J'ai besoin de mon mari. Je sais que la situation n'est pas évidente, mais est-ce que c'est vraiment si horrible que ça, d'être enfermé avec nous ?

James prit sa main dans les siennes.

— Non, s'empressa-t-il de dire. Bien sûr que non. Rien, absolument rien, n'arrive à la cheville de cette vie avec toi et Harry. Cette année a été la plus belle de ma vie. Même si je dois avouer que c'est difficile pour moi, depuis quelque temps... Mais je vais tout faire pour me sortir de là. Pour nous sortir de là.

Lily entremêla ses doigts aux siens. Elle ferait tout pour l'aider.

— Je suis inquiet pour Harry, cela dit, ajouta James. Ça ne peut pas être bon pour lui, de ne rien voir du monde extérieur.

— Ce n'est qu'un bébé, le rassura Lily. Il ne gardera aucun souvenir de tout ça. Mais nous deux, oui... Il faut qu'on essaie d'en tirer le meilleur. Il faut que tu sois là pour voir notre enfant grandir. Vraiment là.

James acquiesça d'un signe de tête.

Les jours suivants, Lily tâcha de faire preuve de patience. Elle proposa des choses à James – des choses simples, comme jouer dans le jardin avec Harry, ou même simplement se raser. Elle le laissa refuser quand il ne s'en sentait pas la force. Mais jamais elle ne cessa de proposer, et petit à petit, James accepta de plus en plus de sortir de sa coquille. Un moment en particulier le fit se rendre compte qu'il ne devait rater aucun instant : ce fut le jour des premiers pas de Harry. Lily essayait de le faire marcher en le tenant par les mains dans le jardin lorsque le petit garçon aligna plusieurs pas.

— Regarde notre bébé ! s'exclama-t-elle en riant. Il marche !

James les regarda tous deux avec, dans les yeux et dans le cœur, une tendresse infinie. Les jours suivants, il retrouva la motivation pour accomplir sa part des tâches ménagères. Il recommença à prendre soin de lui et passa du temps précieux avec son fils. Il s'était rendu compte qu'il avait également délaissé Lily. Un soir, alors que Harry était endormi, il décala les meubles dans la cuisine pour faire place nette d'un coup de baguette.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'étonna Lily.

James ne répondit pas. Il se contenta d'allumer la radio sur une station diffusant des ballades, prit Lily par les mains et l'entraîna dans un slow.

— On n'a pas fait ça depuis une éternité... murmura-t-il.

Qu'il était facile de se laisser dépasser par les soucis du quotidien et d'oublier de créer des moments d'intimité...

— J'ai réfléchi à l'avenir, annonça James. Je me disais que peut-être... quand tout ça sera terminé... Quand j'irai mieux, quand la guerre sera derrière nous... Je me disais qu'on pourrait peut-être... songer à un deuxième. Pas tout de suite, bien sûr, ajouta James avec précipitation en constatant la surprise sur les traits de Lily.

— Tu veux un deuxième enfant ?

L'étonnement passé, Lily se fendit d'un large sourire. L'émotion se lisait dans son regard, mais elle opta pour une plaisanterie.

— Au moins, tu n'insisteras pas pour l'appeler Elvendork, celui-là.

James comprit qu'elle était d'accord. Il rit et l'embrassa.

***

Emmeline se retourna et eut la surprise de découvrir un corps étendu près d'elle. Dorcas la sentit bouger dans le lit et ouvrit les yeux.

— Bonjour, sourit-elle.

Emmeline n'aurait pas dû être surprise de la voir, bien sûr. Mais elle avait toujours l'impression de rêver.

— Ça devient une habitude, fit-elle remarquer.

Elles n'en étaient pas restées à ce baiser dans la ruelle. Elles avaient fini la nuit chez Emmeline. Puis les suivantes.

— Habitude plutôt appréciable, commenta Dorcas un fin sourire.

Elle se rapprocha d'elle et l'embrassa. Emmeline savoura ce baiser comme elle savourait les autres, comme s'il s'agissait à la fois du premier et du dernier.

Puis Dorcas sauta du lit et s'habilla en hâte.

— Je vais encore être en retard ! s'exclama-t-elle en sautillant sur un pied pendant qu'elle essayait de passer sa deuxième jambe dans son pantalon.

Lorsqu'elle y parvint afin, elle enfila ses chaussettes et ses bottes puis se pencha vers Emmeline pour l'embrasser à nouveau.

— On se voit ce soir ? demanda-t-elle.

Emmeline sourit et acquiesça. Elle la regarda quitter la maison avec l'impression de flotter sur un petit nuage.

Elle n'avait pas l'intention de demander à Dorcas ce qu'elle pensait de cette nouvelle relation. Elle aurait voulu qu'il s'agisse de quelque chose de sérieux pour elle, mais ce n'était tout simplement pas le genre de Dorcas. Alors elle se contentait de profiter de l'instant présent.

Ce qu'Emmeline ignorait, c'est que Dorcas commençait justement à envisager quelque chose de sérieux avec elle. Passer ses nuits en sa compagnie ne lui suffisait pas. Elle voulait passer ses week-ends avec elle, la voir en dehors de sa maison. Se promener avec elle en plein jour, lui pendre la main discrètement. Dorcas en était la première étonnée, mais ce n'était pas désagréable. Elle avait prévu d'inviter Emmeline à un vrai premier rendez-vous. Un pique-nique, si la météo capricieuse le permettait.

Après sa journée de travail au Ministère, elle passa chez elle pour prendre une douche et se changer.

Elle sentit que quelque chose clochait dès qu'elle referma la porte derrière elle.

Il y avait quelqu'un dans la pièce.

Elle tenta de rouvrir la porte, mais celle-ci était bloquée. Dorcas dégaina sa baguette. Un rire glacial s'éleva alors. Dorcas se figea alors que Voldemort en personne apparaissait dans la pénombre.

Une sueur froide lui coula dans le dos alors qu'une terreur viscérale la saisissait. Il était seul. Mais elle aussi. Elle n'avait aucune chance de s'en sortir.

Elle se rappela ses propres paroles.

Je préfère une mort sensée à une vie dépourvue de sens. Si je meurs, ce ne sera pas pour rien.

Mais sa vie avait un sens. Elle avait une famille, des amis. Une fille à emmener à un pique-nique.

Toutes les morts sont insensées.

Emmeline avait raison. Sa mort n'aurait aucun sens. Elle n'emporterait aucun Mangemort avec elle dans ce combat, et elle ne terrasserait jamais Voldemort à elle seule.

Mais elle mourrait en essayant.

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