Chapitre 35 - Le dernier secret
Comme l'avait avertie la Guérisseuse, son ventre finit par se montrer. Elle le découvrit au réveil quelques jours après avoir quitté Sirius.
Elle était retournée chez ses parents. Sans surprise, son père avait extrêmement mal pris la nouvelle de sa grossesse. Sa mère, elle, avait été plus conciliante. Marlene avait écrit à Stella pour l'avertir. Elle leur avait fait promettre à tous les trois de jurer de garder le secret. Elle ne voulait pas que la rumeur se propage et finisse par parvenir aux oreilles de Sirius.
Elle resta confinée chez elle et se retrouva très vite désœuvrée. Elle rangeait sa chambre d'adolescente lorsqu'elle tomba sur un journal intime vierge que sa mère lui avait offert pour ses douze ans. Elle n'avait jamais été tentée d'y consigner ses pensées, mais dès qu'elle posa les yeux dessus, elle sut que ce journal trouverait enfin son utilité.
Elle s'installa à son bureau, s'empara d'une plume, la trempa dans l'encrier et la laissa suspendue au dessus de la page un bon moment avant de trouver la bonne amorce.
Je suis désolée. Je n'avais pas l'intention que tout cela arrive. Mais il est trop tard pour revenir en arrière.
Dans quelques semaines, tu viendras au monde. Je n'ai pas parlé de ton existence à ton père. Je ne compte pas te garder. J'espère que tu trouveras la force de me pardonner un jour. J'ai l'intention de te confier à une amie qui ne peut pas avoir d'enfant mais qui en désire plus que tout au monde. Au moins, je saurai que tu es entre de bonnes mains.
Elle en avait déjà parlé à Mary. Cette dernière avait été plus que surprise que Marlene la contacte, encore plus pour cette raison. Elle avait accepté d'accueillir son enfant. Marlene savait qu'elle ne pouvait pas en avoir, que Jeremiah et elle continuaient d'essayer, en vain. Mary avait promis de garder le secret, elle aussi. Il avait été convenu que l'histoire de Marlene deviendrait la sienne : qu'elle avait fait un déni de grossesse, elle aussi. Il était prévu qu'elle fasse passer le bébé de Marlene pour le sien.
Ses parents n'avaient pas été ravis par cette nouvelle. Sa mère avait proposé de s'occuper de l'enfant, l'avait presque suppliée, même, pour qu'elle ne l'abandonne pas, pour que ce bébé reste parmi les siens. Son père, plus réticent à l'idée de s'occuper d'un nouveau-né à son âge, avait mieux pris l'idée de l'adoption.
Une larme s'écrasa sur la page du journal, faisant baver l'encre. Rien de tout cela n'était facile. Elle espérait que son enfant le comprenne à travers ses mots.
J'aimerais que tu saches qui je suis, quand le temps viendra. Je demanderai à ta mère adoptive de te confier ce journal à ta majorité.
Commençons par le début.
Je m'appelle Marlene McKinnon. Je suis née le 15 juillet 1960.
Alors Marlene raconta son histoire. Sans se rendre compte du temps qui passait, elle noircit des pages et des pages. Elle parla de son enfance. De Poudlard. De la guerre. De son histoire avec Sirius. Elle voulait faire comprendre à son enfant qu'elle l'avait aimé plus que n'importe qui d'autre. Que ce n'était pas par faute d'amour qu'elle renonçait à eux. Qu'elle ne se sentait tout simplement pas faite pour être mère.
Écrire devint son activité principale. Elle ne quitta la maison que pour se rendre à Ste Mangouste et s'assurer de l'état de santé du bébé. Elle apprit qu'il s'agissait d'une fille. Elle pleura lorsqu'elle rentra chez elle, percluse de doutes. Devait-elle vraiment l'abandonner ? Ne devait-elle pas au moins la vérité à Sirius, lui laisser le choix de la garder ? Elle avait déjà proposé à Mary de l'adopter... Elle ne pouvait tout de même pas revenir sur une proposition pareille maintenant, lui donner cet espoir pour le lui enlever si brutalement...
Lorsqu'elle rouvrit son journal, ce soir-là, elle écrivit :
Aujourd'hui, j'ai appris que tu étais une fille. Sans l'avoir prévu, je t'ai choisi un nom.
Marlene signifie « étoile venant de la mer ».
Sirius est un nom d'étoile.
J'ai un jour dit à ton père que notre histoire était peut-être écrite dans les constellations.
Tu ne pouvais que porter un nom stellaire, toi aussi.
Je te rencontrerai bientôt, Aster McKinnon Black.
***
Stella rentra de Poudlard le dernier jour de juin. Elles discutèrent longuement du bébé. Stella ne jugea aucune de ses décisions et prit férocement sa défense face à ses parents.
Le lendemain, Marlene reçut une convocation à une réunion de l'Ordre. Elle faillit la décliner puis, percevant l'urgence dans le message de Dumbledore, qui réclamait exceptionnellement une réunion plénière de l'Ordre, elle finit par se résoudre à s'y rendre. Elle cacha astucieusement son ventre sous des vêtements amples.
Lorsqu'elle entra dans le salon du QG, elle remarqua aussitôt l'ambiance pesante. Les membres de l'Ordre murmuraient entre eux d'un air sombre. Marlene aperçut James et Lily. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas vu sa meilleure amie, mais elle s'abstint de la prendre dans ses bras par peur qu'elle sente son ventre rebondi sous ses vêtements.
— Que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle plutôt.
— Je ne sais pas, murmura Lily. Dumbledore a insisté pour qu'on vienne. Ça nous a surpris, puisqu'il veut qu'on reste à l'abri, d'habitude...
À ce moment-là, Sirius entra dans la pièce. Marlene sentit une boule de chagrin lui remonter dans la gorge. Ils échangèrent un long regard. Puis Sirius lui adressa un petit hochement de tête et s'appuya nonchalamment contre un mur. Remus était assis dans un fauteuil. Sirius lui jeta un coup d'œil, mais ne se porta pas à sa rencontre, comme s'il voulait prouver à tout prix qu'il n'avait aucune intention de revenir vers lui. Remus ne fit même pas attention à lui. Pour une raison qui échappait à Marlene, il avait l'air encore plus sombre que les autres. Peter essayait de lui parler, mais il ne se montrait guère coopératif. Emmeline et Dorcas, quant à elles, se tenaient chacune à deux extrémités de la pièce.
Que s'était-il passé pour qu'ils en arrivent là ? Eux qui étaient autrefois si proches... Même s'ils se trouvaient tous dans la même pièce, Marlene avait l'impression que des années lumière les séparait désormais, les isolant chacun de leur côté.
— Et toi ? interrogea Lily. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Marlene n'eut pas besoin de suivre son regard pour savoir qu'elle parlait d'elle et Sirius.
— C'est... compliqué, murmura Marlene.
Elle fut tentée de tout lui dire. Mais elle avait peur qu'elle ne comprenne pas. Contrairement à elle, Lily avait voulu être mère.
Dumbledore fit son entrée, une grosse mallette à la main. Lorsqu'il l'ouvrit d'un coup de baguette, des objets s'élevèrent dans les airs et s'assemblèrent pour former un appareil photo sur pied que tout le monde contempla avec surprise. Dumbledore leur annonça qu'il avait décidé qu'il était temps d'immortaliser l'Ordre au complet et leur demanda de se rapprocher les uns des autres.
— On est ici pour faire une photo ? s'étonna James à mi-voix.
Mais en voyant Dumbledore les scruter de ses yeux bleus alors qu'ils se mettaient en rang, Marlene devina ses véritables intentions.
— Je ne pense pas que ce soit juste pour une photo, souffla-t-elle. Je pense qu'il nous a tous rassemblés pour évaluer nos réactions.
— Il cherche l'espion, comprit Lily.
Marlene doutait que leur attitude le mette sur la piste. Comme Marlene, beaucoup de membres semblaient avoir compris les motivations inavouées de Dumbledore. L'existence de l'espion avait semé le doute entre eux. L'atmosphère était à la méfiance et rendait tout le monde nerveux. Alice et Frank tentèrent d'alléger les tensions en jouant le jeu. Ils se prirent par la main et sourirent à l'objectif. Lily et James les imitèrent. D'autres se forcèrent à sourire pour la postérité, notamment les jumeaux Prewett. Sirius se tint à la gauche de James tandis que Marlene flanquait Lily. Remus et Peter se placèrent derrière eux. Par la force des choses, Emmeline et Dorcas se retrouvèrent l'une à côté de l'autre. Puis, après les avoir longuement observés, Dumbledore les rejoignit et l'appareil se déclencha.
***
Sirius avait senti son cœur se déchirer lorsque Marlene avait décidé de le quitter. Il ne comprenait toujours pas ce qu'il s'était passé. Pourquoi elle avait pris peur ainsi. Il ne croyait toujours pas à ses justifications. Il savait que quelque chose clochait, mais il n'osait pas l'aborder pour lui parler de cela maintenant. Peut-être avait-elle besoin d'un peu de temps.
Le comportement de Marlene n'était pas le seul à le laisser perplexe. Il prenait soin de ne pas parler à Remus pour prouver à Marlene qu'il avait bien l'intention de l'attendre, mais Remus lui semblait étrangement maussade, replié sur lui-même. Sirius savait que Dumbledore les avait rassemblés pour essayer de percer l'espion à jour. L'attitude de Remus était plus que suspecte, mais Sirius ne voulait pas y croire. Pas après tout ce qu'ils avaient partagé. Certes, il était constamment entouré de partisans de Voldemort, mais ne lui avait-il pas sauvé la vie ? Non, cela ne pouvait pas être lui... Impossible.
Qui d'autre, alors ? Après la photo, tout le monde s'était égaillé dans le salon. Sirius observa Mondingus d'un œil suspicieux. Il avait l'air nerveux, comme tout le monde, mais peut-être était-ce simplement parce qu'il comptait profiter de son passage au QG pour voler autre chose à Arabella.
Sirius s'arracha à ses sombres pensées lorsqu'il vit Dumbledore s'approcher de Lily et James.
— J'ai un service à vous demander, Mr Potter. J'aimerais que vous me confiiez votre cape d'invisibilité.
— Ma... ma cape ?
— Oui. C'est un objet fascinant. J'aimerais l'examiner. Vous n'en avez pas besoin en ce moment, n'est-ce pas ?
— Je... Non, bien sûr, balbutia James.
— Ah, bien. Je vais la prendre tout de suite, si cela vous convient.
Dumbledore tendit la main. Au pied du mur, James extirpa sa cape d'invisibilité de sous ses vêtements.
— Tu l'as sur toi ? s'étonna Lily.
— Oui. On sait jamais, en cas de besoin...
À son air coupable, Sirius devina que James s'en était servi récemment, sûrement plus d'une fois. Il était prêt à parier que son meilleur ami, las d'être enfermé chez lui, l'avait utilisée pour faire quelques escapades. Lily le regardait en fronçant les sourcils, comme si elle s'en doutait, elle aussi.
Les membres commencèrent à prendre congé. Sirius hésita à nouveau à parler à Marlene, mais celle-ci s'empressa de sortir à son tour, comme si elle fuyait. Ou plus précisément, comme si elle le fuyait, lui.
Sirius la laissa faire.
En la voyant, il s'était rappelé ses préconisations au sujet du Gardien. Il y avait longuement réfléchi, et il était parvenu à la conclusion qu'il devait au moins faire la proposition aux concernés. Il regarda Remus quitter le QG sans un regard en arrière puis s'approcha de Lily et James qui, cela tombait bien, discutaient avec Peter.
— Il faut qu'on parle, leur annonça-t-il à voix basse. Tous les quatre. On peut aller chez vous ?
Lily, James et Peter échangèrent un regard surpris teinté de nervosité.
— Bien sûr, acquiesça Lily.
Une fois dehors, ils transplanèrent jusqu'à Godric's Hollow puis se rendirent chez Lily et James. Bathilda gardait Harry. Lorsqu'elle prit congé, ils s'installèrent tous les quatre dans la cuisine et Sirius leur parla de l'idée de Marlene. Peter n'eut pas l'air particulièrement surpris d'apprendre que Dumbledore n'était pas le Gardien du Secret.
— Changer de Gardien ? s'exclama James.
— Ce n'est pas une mauvaise idée, tempéra Lily. Ils savent que c'est Sirius, ce qui nous met en danger. Mais ce que je veux savoir, c'est si tu serais d'accord pour le faire, Peter.
— Bien... Bien sûr, balbutia l'intéressé.
Sa jambe tressautait si fort qu'elle faisait trembler la table. Il se força à l'immobiliser et reprit d'un ton plus ferme :
— Je veux vous aider.
— Et puis, de toute façon, ce sera toujours moi qu'ils viseront, fit Sirius. Mais au moins, si je me fais attraper, vous serez toujours en sécurité.
— Ok, j'admets que ce n'est pas une mauvaise idée, répondit James. Mais je voudrais encore y réfléchir.
Lily fronça les sourcils, mais James lui jeta un regard familier qui signifiait « Je t'expliquerai » et attendit que Sirius et Peter soient partis pour l'interroger.
— Pourquoi tu veux y réfléchir ?
— À cause de Peter, soupira James. Tu as bien vu sa réaction, il avait l'air terrifié. Il fait bonne figure pour nous faire plaisir, mais peut-être qu'on devrait lui laisser un peu le temps d'assimiler l'idée et de revenir vers nous...
— Tu as probablement raison... Moi non plus, je ne veux pas le brusquer...
***
Le repas d'anniversaire de Marlene se déroula dans une atmosphère tendue. Ses parents, sa sœur et elle s'étaient réunis pour un dîner intimiste qui n'avait pas grand-chose de festif. Marlene souffla ses vingt-et-une bougies, puis ils mangèrent le gâteau en silence.
Elle avait écrit une lettre à Sirius. Après l'avoir vu à la réunion, elle avait senti ses dernières résistances s'envoler. Elle était incapable de tout lui dire en face, mais elle lui devait au moins la vérité sur l'existence d'Aster. Elle devait au moins lui laisser le choix. Elle avait parlé de ses intentions à Mary, qui bien que déçue, avait compris. Si Sirius voulait cette enfant, alors elle lui reviendrait. Mais Marlene n'avait toujours pas l'intention de jouer ce rôle de mère qu'elle ne se voyait pas revêtir. Si Sirius voulait garder Aster, alors elle partirait. Elle garderait sa promesse et resterait loin d'eux pour que cela soit plus facile pour tout le monde.
Elle n'avait toujours pas envoyé la lettre, toutefois. Elle la gardait précieusement sur elle, attendant d'avoir le courage de l'expédier. Peut-être pouvait-elle au moins commencer par annoncer ce qu'elle comptait faire à sa famille. Elle prit une grande inspiration et brisa le silence :
— Je vais parler d'Aster à Sirius. Je veux lui laisser le choix de la garder.
— Quoi ? s'exclama son père. Je pensais que tu voulais la confier à ton amie ?
— Il a le droit de savoir. Et puis, maman, c'est toi qui disais qu'elle devait rester parmi les siens. Sirius est son père.
Mrs McKinnon se mordit les lèvres, clairement partagée.
— Quand j'ai dit ça, je voulais parler de nous.
— Je pensais que tu appréciais Sirius, répondit Marlene, sourcils froncés.
— C'est le cas, mais...
— Mais papa, non, comprit Marlene.
C'était si frustrant ! Pourquoi sa mère s'en remettait-elle toujours à son père ? Pourquoi fallait-il que son avis compte plus que celui des autres ?
— Ce garçon ne t'a apporté que des ennuis ! intervint Cyrus McKinnon. Il n'aurait jamais dû entrer dans ta vie !
Marlene se leva brusquement de table, manquant de renverser celle-ci.
— Il était la seule personne qui a vu qui j'étais réellement ! s'écria-t-elle, les larmes aux yeux.
Tu es Marlene McKinnon. Tu veux tout être, tout vivre, tout faire.
Son père ouvrit la bouche pour répliquer.
Au même moment, un bruit d'explosion retentit dans l'entrée.
La porte venait de voler en éclats. Marlene n'eut pas le temps de réagir : trois Mangemorts masqués entrèrent dans la pièce et levèrent leur baguette. Un premier éclair vert frappa Cyrus de plein fouet. Son corps tomba lourdement au sol, raide. Marlene, Stella et sa mère hurlèrent de concert. Marlene eut tout juste le temps de pousser cette dernière hors de la trajectoire du deuxième éclair vert, puis de se baisser pour esquiver le troisième. Elle sortit sa baguette et tenta de répliquer, mais elle devait protéger sa mère, qui s'était réfugiée sous la table, sans défense. Ce n'était pas une bonne cachette.
— SAUVEZ-VOUS ! hurla Marlene. COUREZ !
Mais sa mère resta tétanisée et Stella, au lieu de lui obéir, dégaina sa propre baguette pour l'aider.
Toutefois, à deux contre trois, elles n'avaient pas la moindre chance. Stella n'avait pas l'habitude de se battre contre les Mangemorts, et Marlene était rouillée. Elle regretta d'avoir laissé de côté son entraînement. Ses réflexes émoussés allaient causer leur perte.
Finalement, sa mère bougea. Mais un Mangemort en profita pour la viser et la tua.
— NON ! hurla à nouveau Marlene.
Elle nageait en plein cauchemar. Elle allait forcément se réveiller.
Stella lui sauva la vie. Elle l'entraîna dans le couloir et força Marlene à la précéder dans l'escalier. Mais un sort fit exploser ce dernier à mi-hauteur et Stella retomba, inerte, les yeux grand ouverts. Tuée sur le coup.
Marlene contempla les yeux vides de sa sœur avec une impression de fin du monde. Un autre sort faillit la percuter, et seul son instinct de survie le plus primaire lui permit de détacher son regard du corps de Stella.
Elle grimpa les marches à quatre pattes, trébuchant sur chacune d'entre elles, tremblante, la vue brouillée par les larmes. Un liquide chaud maculait une de ses tempes. Elleavait dû être touchée par un débris de l'escalier. D'un geste fébrile, elle s'enferma dans la pièce la plus éloignée, la chambre de sa sœur, et verrouilla la porte derrière elle. Précaution inutile, qui ne lui ferait gagner que quelques secondes. Elle le savait.
Elle se laissa glisser le long du mur et étouffa ses sanglots. Des pas tranquilles retentirent dans le couloir. Elle ferma les yeux. Elle avait l'impression d'être une enfant qui se cachait des monstres dans un placard. Elle aurait pu se lever, se battre. Défendre sa vie à tout prix. Mais il ne servait plus à rien de lutter. Elle était faite comme un rat. Et puis, valait-il vraiment la peine de lutter ? De continuer ? Sa sœur et ses parents venaient de mourir sous ses yeux.
Un sanglot rauque s'échappa sa gorge lorsqu'elle sentit quelque chose bouger dans ses entrailles.
Elle se força à rouvrir les paupières et baissa les yeux vers son ventre.
— Je suis désolée, murmura-t-elle. Je suis désolée...
Sa fille ne viendrait jamais au monde. Elle ne la rencontrerait jamais. Elle ne rencontrerait jamais son père...
Son père...
Marlene songea qu'elle ne reverrait jamais Sirius. Soudain, elle se rappela la lettre. Elle tapota sa poche inférieure, soulagée de sentit son épaisseur. Puis elle avisa la chouette de Stella, enfermée dans sa cage. Elle se leva et se précipita pour l'ouvrir. Elle attachait fébrilement la lettre à la patte de l'animal lorsqu'une voix familière s'éleva au bout du couloir.
— Petit petit petit... On se cache, McKinnon ?
Marlene se figea, submergée par une vague de rage.
— J'espère que tu ne comptes pas sauter par la fenêtre, poursuivit Mulciber. Nott est prêt à t'accueillir en bas.
Elle n'avait pas eu l'intention de faire une chose pareille. Elle savait qu'elle était piégée. Il ne lui restait plus qu'une seule chose à faire. Cette lettre devait parvenir à Sirius. Elle termina de l'attacher à la patte de la chouette, qui s'envola du bureau pour se poser devant la fenêtre, impatiente de prendre l'air.
— Tu dois te demander qui nous a fourni toutes ces précieuses informations sur les protections qui entourent ta maison, reprit Mulciber, dont la voix et les pas se rapprochaient inexorablement. Laisse-moi te donner un indice : ça a un lien avec les moments qu'on a passés ensemble dans cette cellule. Ah, le bon temps...
Marlene sentit son cœur rater un battement. Est-ce cela qu'on lui avait pris d'autre ? Les détails de la sécurité entourant son domicile ?
Elle devait s'en assurer. Faire parler Mulciber. Celui-ci, qui adorait s'entendre, serait sans doute ravi de tout déballer.
— Vous m'avez pris quelque chose ! s'exclama-t-elle d'une voix porteuse de bien plus d'assurance qu'elle n'en ressentait réellement. Pas juste l'identité du Gardien. Autre chose.
— On ne t'a rien pris d'autre, McKinnon. On t'a donné quelque chose.
Marlene sentit la jubilation dans la voix de Mulciber.
— On t'a donné une idée. Ce n'était pas gagné d'avance, tu sais. Ça demande une grande maîtrise de la Légilimancie, mais Nott y est parvenu. Comment crois-tu être arrivée à la conclusion que Peter Pettigrow pourrait faire un bon Gardien du Secret ? Il est dans notre camp, espèce d'idiote. Il vous a trahis.
Marlene sentit ses jambes se dérober sous elle. Peter était l'espion. Peter était celui qui avait permis l'assassinat de sa famille.
Et bientôt, il livrerait James, Lily et Harry à Voldemort sur un plateau d'argent. Par sa faute.
— Voilà, tu sais tout, maintenant. Dommage que tu emporteras ça dans la tombe. Pettigrow nous a dit que Black avait parlé aux Potter de ton idée. Ils ne tarderont pas à accepter, surtout avec ce qui les attend. Le Seigneur des Ténèbres est prêt à passer à l'action. Bientôt, tous tes amis seront morts. Mais vois le bon côté des choses : tu ne seras pas là pour le voir. Tu ouvres le bal, McKinnon ! On devait s'assurer de te tuer avant que tu te doutes que cette idée de nouveau Gardien n'était pas tout à fait la tienne.
Le reste se passa très vite.
Marlene se précipita sur le bureau de sa sœur, trempa à la va vite une plume dans un encrier et se rua vers la chouette pour écrire le nom de Peter sur l'enveloppe. La porte vola en éclats derrière elle avant que la pointe n'effleure le papier. Un débris frappa la fenêtre, qui se brisa. La chouette s'envola. Marlene la regarda disparaître dans la nuit, impuissante.
Une lueur verte nimba la pièce.
La dernière chose qu'elle vit fut le ciel étoilé.
https://youtu.be/Pv7i9D8qtkg
Et voilà, le moment est arrivé... La première mort parmi les membres de l'Ordre du Phénix ! De personnage seulement mentionné dans le canon, Marlene est rapidement devenue mon personnage préféré au fil de l'écriture de cette fic, alors écrire sa mort m'a fait un petit quelque chose... Les lecteur-rices des Chroniques de Ginny Weasley auront par ailleurs repéré un nom familier...
On se donne rendez-vous au prochain chapitre pour savoir qui est le prochain ou la prochaine à mourir (ahahaha qu'est-ce qu'on se marre ici)
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