Chapitre 14 - Le secret de Voldemort
Regulus avait fait chou blanc.
Parmi la centaine d'ouvrages qu'il avait compilés depuis la rentrée de janvier, il n'avait pas trouvé une seule référence à un quelconque médaillon particulièrement puissant. Il passait toutes ses heures libres de la journée dans la Bibliothèque Noire, à parcourir les index, à lire des passages au sujet d'armes magiques d'abord prometteurs, puis qui se révélaient décevants. Rien de probant n'était ressorti de toutes ces recherches et Regulus commençait à s'inquiéter du temps qui lui restait. Le mois de mars venait de commencer. Les vacances de Pâques approchaient, et il n'avait aucune piste. Après cela, il ne lui resterait plus que deux mois à Poudlard. Son instinct lui soufflait que la réponse se trouvait dans cette bibliothèque, et que s'il ne la dénichait pas avant le temps imparti, elle lui échapperait à tout jamais.
Ses nuits étaient réservées à Barty. Il ne lui avait pas parlé de ses recherches, mais lorsqu'ils se retrouvaient dans la Bibliothèque après le couvre-feu et que Regulus avait la tête ailleurs, secrètement obsédé par ce fichu médaillon, Barty prenait la mouche. Il était très possessif, et particulièrement susceptible. Lui aussi redoutait la fin de l'année, et lorsque Regulus ne se montrait pas présent mentalement à cent pour cent lors des moments volés qu'ils partageaient, la soirée finissait souvent en dispute, qu'ils résolvaient généralement grâce au sexe, ce qui n'était guère sain, supposait Regulus.
La Bibliothèque Noire avait changé en même temps que la teneur de la relation de Regulus et Barty. Un vaste lit à baldaquin se trouvait désormais dans un coin de la pièce.
Ce soir-là encore, Regulus et Barty s'étaient disputés, avaient résolu leur discorde sous les couvertures, puis Barty s'était endormi. Regulus en avait profité pour emprunter un énième livre, cette fois-ci intitulé Artefacts de légende. Il survolait l'index du chapitre « Les reliques des fondateurs de Poudlard » quand quelque chose retint son attention. « Le Choixpeau magique » « L'épée de Gryffondor », « Le diadème de Serdaigle », « La coupe de Poufsouffle »...
... « Le médaillon de Serpentard ».
Comment avait-il pu passer presque sept ans à Serpentard sans avoir jamais entendu parler de cela ?
Lorsqu'il lut le passage sur le médaillon, toutefois, il fut déçu d'apprendre que l'objet ne possédait aucun pouvoir connu, à l'instar de la coupe de Poufsouffle, et contrairement au Choixpeau magique et à l'épée qui avaient appartenu à Gryffondor, ainsi qu'au diadème de Serdaigle. Voilà qui expliquait peut-être pourquoi il n'avait jamais entendu parler du médaillon de Serpentard. S'il n'avait aucun pouvoir, peut-être qu'il n'avait jamais guère intéressé les élèves de sa maison.
Une gravure du médaillon illustrait la page. Légendé « Apparence supposée du médaillon selon les descriptions de l'époque », il représentait un médaillon de forme ovale orné d'un S serti de pierres précieuses. Regulus arracha la page. Peut-être que Kreattur serait en mesure de le reconnaître...
Le médaillon possédait-il un pouvoir secret uniquement connu de Voldemort ? C'était possible... Pourtant, la phrase prononcée par le Seigneur des Ténèbres lui revenait toujours en mémoire. « Une main servile au service de la plus grande ambition de l'homme ». Voldemort possédait déjà de nombreux pouvoirs. Lequel lui manquait-il ? Lequel désirait-il par-dessus tout ?
Barty remua à ses côtés. Regulus plia la page arrachée, la cacha dans une poche de sa robe de sorcier abandonnée par terre, et rangea le livre d'un coup de baguette avant de retourner se coucher.
***
Comme à l'époque de Poudlard, Remus et James avaient décidé de fêter leur anniversaire en commun, le jour de l'anniversaire de James, le vingt-sept mars, chez les Potter, en compagnie d'une partie de l'Ordre.
Greyback avait été furieux d'apprendre que la mission de Remus s'était soldée en échec. Remus était revenu vers lui assez mal en point pour être convaincant, mais Greyback semblait douter que des animaux sauvages aient ainsi osé attaquer un prédateur tel qu'un loup-garou.
Les Manning avaient pu prendre la fuite en entendant les cris, et l'Ordre les avait mis en sécurité. Dumbledore ignorait que Remus était à l'origine de l'attaque. Ce secret resta connu de seuls James, Lily, Sirius et Remus. Lily s'inquiétait toujours de la situation de Remus. Marlene, qui n'avait pas été mise dans la confidence sur demande de Remus, remarqua son malaise lors de la fête.
— Tu vas bien ? demanda-t-elle.
— Oui, répondit Lily. J'en ai juste... un peu marre des secrets.
— Tu n'as toujours pas dit à James que tu avais vu Severus après l'attaque ?
— Quoi ?
Lily fit volte-face et se mit à pâlir. James, parti aux toilettes au moment où Marlene était venue voir Lily, venait de faire son retour dans le salon. De toute évidence, il avait entendu leur conversation.
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? demanda-t-il, furieux, s'attirant les regards de tous les invités, soudain gênés et très silencieux. Rogue est venu te voir après l'attaque ?
— Ce n'est pas ce que tu crois, se défendit Lily.
— Et qu'est-ce que je crois, exactement ? On va se marier, Lily ! Tu ne peux pas te permettre de me cacher des choses pareilles !
— Je ne voulais pas t'inquiéter, c'est tout !
Lily avait les larmes aux yeux, désormais.
— Tant que ce type sera en vie, je continuerai à m'inquiéter ! Quand est-il venu te voir ?
— Il est venu le jour de... de mon anniversaire.
— Quoi, il voulait encore t'offrir un cadeau ?
— Non... James, est-ce qu'on pourrait parler de ça en privé ?
— Très bien !
James ouvrit la porte de la maison à la volée. Lily le suivit dehors.
— Alors, qu'est-ce qu'il voulait ? T'embrasser pour de vrai, cette fois ?
— Bien sûr que non ! s'exclama Lily en rougissant.
Mais la vérité était sans doute encore pire.
— Il m'a dit que... que Tu-Sais-Qui m'avait dans son viseur et qu'il avait essayé de me protéger en... en le convaincant de me recruter, moi aussi.
— Quoi ? C'est à cause de Rogue, qu'il a décidé de te recruter ? Et tu ne m'as rien dit ? Tu es au courant depuis janvier, Lily ! Ça fait deux mois que tu gardes ça pour toi !
— Je ne voulais pas que tu fasses quoi que ce soit de dangereux sur le coup de la colère...
— Il va falloir que tu apprennes à me faire confiance, Lily ! Bien sûr, que j'ai envie de tuer Rogue, ça, ça ne changera jamais, mais je ne suis pas idiot ! Je sais que je ne peux pas me permettre une chose pareille sans compromettre la vie qu'on a ensemble.
— Je te fais confiance !
— Apparemment pas !
James tourna les talons, se réfugiant à nouveau dans la maison. Lily sanglota un moment, puis retourna à l'intérieur à son tour. James s'était enfermé dans leur chambre. Il refusa de lui ouvrir.
Lily s'enferma dans la chambre qu'elle occupait autrefois seule et pleura tout son saoul.
Quelques minutes plus tard, quelqu'un toqua à la porte. Assise par terre au pied du lit, Lily releva la tête et invita la personne à entrer, dans l'espoir que ce soit James. Mais ce n'était pas lui. Elle lâcha un nouveau sanglot.
Marlene vint s'assoir à côté d'elle et la prit dans ses bras.
— Il finira par se calmer, la rassura-t-elle. Il t'aime plus que tout au monde.
— Moi aussi, je l'aime plus que tout au monde. J'aurais dû lui dire. J'aurais dû tout lui dire. Et maintenant, c'est trop tard.
Elle se réfugia dans les bras de Marlene et pleura de plus belle.
***
La colère froide de James perdura plusieurs jours encore. Entre son travail et leurs missions respectives pour l'Ordre, Lily n'avait pas encore trouvé le temps de discuter avec lui. James alla même jusqu'à demander à Dumbledore de lui trouver un autre partenaire pour la mission de surveillance qu'ils devaient effectuer ensemble, ce qui blessa Lily au plus haut point. Elle ne l'avait jamais vu dans une telle colère. Et elle ignorait comment l'apaiser.
Lily se retrouva donc avec Sirius lors de la mission de surveillance qui consistait à espionner des Mangemorts dans un pub de l'allée des Embrumes – déguisés, bien sûr. James, qui travaillait avec Marlene ce soir là, surveillait la Tête de Sanglier à Pré-au-Lard.
Bellatrix, Rodolphus et Rabastan Lestrange étaient attablés un peu plus loin en compagnie de Mulciber Jr. Bellatrix racontait la façon dont elle avait torturé un Moldu. Les trois autres riaient. Pour l'instant, ils n'avaient rien dit d'intéressant. Mutique, Lily jouait distraitement avec l'olive au fond de son verre du bout de son cure-dent.
— Il finira par se calmer, lui souffla Sirius.
— Il n'a jamais été en colère contre moi de cette façon.
— Il ne supporte pas l'idée que tu puisses douter de lui.
— Mais je ne doute pas de lui !
— Tu en es certaine ?
— C'est juste que... Tu sais comment il est quand il est question de Severus.
— Vous allez vous marier... Il ne risquera jamais votre relation. La question est... Est-ce toi, tu vas la risquer en lui cachant des choses aussi importantes ?
— Plus jamais, répondit Lily.
— Plus jamais, en effet, intervint une voix moqueuse.
Lily réagit un quart de seconde trop tard : Bellatrix l'avait déjà désarmée. Mulciber, quant à lui, avait fait de même avec Sirius.
— Qui se cache donc derrière ces petits déguisements ? fit Bellatrix d'un air goguenard. Ne serait-ce pas la petite rouquine et... mon cher cousin ?
D'un coup de baguette, elle força Lily et Sirius à retrouver leur apparence normale.
— Des semaines que nous nous doutions d'être observés... C'est très impoli, vous savez. Mais je dois admettre que je suis ravie de tomber sur vous deux. On va pouvoir s'amuser un peu.
Rodolphus empoigna Sirius et Rabastan saisit Lily. Ils les forcèrent à se lever et à se diriger vers la cave du pub. Le gérant, qui tenait le bar, les regarda faire sans intervenir. Bellatrix ouvrit la voie d'un pas dansant et s'arrêta devant un pan de mur apparemment anodin.
— Sang de gorgone.
Le mur s'escamota, révélant un passage secret qu'ils longèrent pendant cinq bonnes minutes avant de se retrouver dans une autre cave.
Lily était glacée de peur. Elle n'avait aucun moyen de se défendre. Les quatre Mangemorts étaient alcoolisés. Ils n'oseraient peut-être pas les tuer.
Mais les torturer...
D'un coup de baguette, Rodolphus et Rabastan attachèrent solidement leurs deux victimes sur de vieilles chaises branlantes sans doute remisées là depuis longtemps. Sirius et Lily échangèrent un regard paniqué. Bellatrix enflamma l'âtre d'une cheminée.
— Commençons par la petite rouquine Sang-de-Bourbe qui se prétend à même de prendre ma place auprès du Seigneur des Ténèbres, fit Bellatrix. Juste une petite leçon pour lui rappeler qu'elle n'est rien. Et crois-moi, après ça, tu auras envie de n'être rien.
Bellatrix la frappa violemment en plein visage. Lily étouffa une exclamation. Du sang gicla de son nez.
— Lily ! s'écria Sirius.
— Lily ! l'imita cruellement Bellatrix avec une horrible voix d'enfant. Mon pauvre cousin... Tu t'es vraiment associé à la pire espèce qu'il soit... Endoloris !
Lily se mit à hurler.
— ARRÊTE ! ARRÊTE ! hurla Sirius. Avoue que c'est moi que tu as vraiment envie de viser !
Bellatrix leva le sort et contempla Sirius.
— Qu'il est malin, le petit cousin... Mais non, je pense que ce sera beaucoup plus intéressant pour toi de la regarder souffrir sans pouvoir rien faire. Tu as toujours eu un ridicule côté chevalier servant.
Elle releva le menton de Sirius du bout de son index.
— Alors regarde bien, cher cousin. Je ne vais pas l'épargner.
Mulciber ricana, l'air avide, impatient d'assister au spectacle. Bellatrix libéra Lily de ses liens d'un coup de baguette. Elle s'effondra à terre, le souffle court et des larmes lui brouillant la vue. Elle ne pouvait pas à nouveau ressentir cette horrible douleur. Elle ne le supporterait pas...
Bellatrix lui écrasa la main avec le talon de sa botte, remonta sa manche et pointa sa baguette sur sa peau nue, qui se mit alors à brûler et à grésiller comme si on y avait appliqué un fer chauffé à blanc. Lily hurla. Lorsque Bellatrix leva sa baguette, Lily ramena son bras blessé vers elle. Une larme s'écrasa contre la peau marquée du mot « Sang-de-Bourbe. »
— Il faut bien que quelqu'un te rappelle ce que tu es et quelle est ta place, martela Bellatrix. Endoloris !
Lily hurla à nouveau.
***
Lorsque James rentra chez lui ce soir-là, après sa mission avec Marlene, sa décision était prise : il allait se réconcilier avec Lily. Il n'en pouvait plus d'être en colère et de la tenir ainsi éloignée de lui. Il l'aimait trop pour cela.
Il attendit alors son retour.
Mais Lily ne rentrait pas.
Était-elle retournée chez ses parents ? Elle en avait peut-être eu marre de dormir seule dans son ancienne chambre chez les Potter. Il fit un saut rapide chez les Evans, mais Lily ne s'y trouvait pas non plus. Il s'efforça de ne pas montrer son inquiétude devant eux puis alla chez Sirius. Marlene lui ouvrit la porte.
— Sirius n'est pas rentré ? demanda-t-il.
— Non, pas encore...
— Lily non plus. Il commence à se faire tard. Il leur est peut-être arrivé quelque chose...
Marlene fronça les sourcils.
— Allons-y, dit-elle.
Ils transplanèrent dans l'Allée des Embrumes sans prendre le soin de se déguiser et se dirigèrent aussitôt vers le pub que Lily et Sirius devaient surveiller. James chercha Lily des yeux et, ne la voyant nulle part, empoigna le barman par le col.
— Que s'est-il passé ici ? Où est passée la fille ? OU EST-ELLE ?
James secoua l'homme sans ménagement. Il avait un regard fou, tel que Marlene ne lui avait encore jamais vu.
— Je ne peux pas... bégaya le barman. Ils... ils me tueront...
James pointa sa baguette sur le cœur de l'homme.
— Tu crois peut-être que moi, je ne le ferais pas ? le menaça James.
— James... intervint Marlene. Ton Patronus...
James relâcha l'homme et, les yeux brillants d'espoir, invoqua son Patronus. Le cerf passa à travers la porte qui menait à la cave. James l'ouvrit sans cérémonie et observa le cerf passer à travers le mur. Il le tâtonna, en vain. Il remonta alors l'escalier en courant.
— Il y a un passage secret là-dessous. Quel est le mot de passe ?
L'homme secoua la tête, effrayé.
— Si elle meurt... murmura James en s'approchant de lui. Si elle meurt...
— Sang de gorgone, révéla l'homme en reculant contre le mur.
James se rua dans la cave, Marlene sur les talons. Ils s'élancèrent en courant dans le passage et débouchèrent dans une autre cave. Lily était étendue sur le sol. Morte ? Inconsciente ? Le doute, effroyable, cloua James sur place. Mulciber pointa sa baguette vers lui, mais Marlene fut plus rapide et l'assomma d'un Stupéfix avant de plonger pour éviter un sort lancé par Rodolphus Lestrange. Elle libéra Sirius de ses liens d'un coup de baguette, et celui-ci se rua sur le corps inanimé de Mulciber pour récupérer la sienne et se jeter dans la bataille. James se lança dans un duel furieux contre Bellatrix, qui se retrouva très vite acculée contre un mur, perdant son sourire. Rabastan, sentant sans doute le vent tourner, hissa le corps de Mulciber sur son épaule et prit la fuite. Rodolphus évita un sort de Marlene et emboita le pas de son frère.
— Couards, marmonna Bellatrix avant de les suivre.
James s'apprêtait à les prendre en chasse, fou de rage, quand il entendit la voix, très faible, de Lily.
— James...
Il fit volte-face et se précipita pour la prendre dans ses bras. Elle avait le nez en sang et le bras brûlé.
— Je suis tellement désolé, sanglota-t-il en lui caressant les cheveux. Tout va bien. Je suis là... Je ne te lâcherai plus jamais...
Marlene et Sirius s'étreignirent. James hissa Lily dans ses bras.
— Je te ramène à la maison, murmura-t-il en déposant un baiser sur son front, les joues baignées de larmes.
***
Assis côte à côte sur la première marche de l'escalier, chez les Potter, Sirius et Marlene buvaient un thé en silence. James avait ramené Lily dans leur chambre et l'avait soignée, mais il n'avait pas pu effacer totalement les lettres honnies que Bellatrix Lestrange avait gravées dans la chair de Lily. Elle en garderait sans doute la cicatrice toute sa vie.
— Merci de m'avoir sauvé la mise, déclara Sirius.
— Tu me sauves la vie, je te rends la pareille, répondit Marlene avec un sourire. C'est comme ça que fonctionnent toutes les relations, non ?
Sirius lui rendit son sourire, posa sa tasse vide par terre et passa un bras autour des épaules de Marlene pour la serrer contre lui.
— On fait une bonne équipe, dit-il.
Le silence retomba entre eux, puis Marlene demanda d'un ton inquiet :
— Tu penses qu'ils vont s'en remettre ?
— Je ne sais pas, avoua Sirius. James ne va jamais se pardonner. Il va penser que tout est de sa faute. Et Lily... C'était horrible, Mar. Je ne pouvais rien faire... Bellatrix l'a torturée pendant presque une heure avant que vous arriviez. On ne se remet pas facilement d'une chose pareille...
— On sera là pour elle. Pour eux...
Sirius l'embrassa sur la tempe.
— L'équipe Blackinnon est sur le coup, lança-t-il.
— Blackinnon ? releva Marlene avec un sourire amusé.
— Avoue que c'est une belle trouvaille. Le genre qui ferait plaisir à ton père.
Marlene réprima un rire. Elle s'en voulait un peu de plaisanter en ces circonstances, mais elle avait besoin de souffler. Entre l'attaque de Voldemort en janvier lors de laquelle elle avait failli mourir et la torture de Lily, les temps semblaient de plus en plus sombres. Telle l'étoile dont il portait le nom, Sirius était pour elle la lumière qui éclairait l'obscurité. Une lumière sans laquelle elle n'imaginait plus sa vie.
Elle leva un regard énigmatique vers lui.
— Quoi ? murmura Sirius, intrigué.
— Rien, répondit-elle. Je suis simplement vraiment heureuse de t'avoir dans ma vie.
Ce n'était pas les mots qu'elle avait envisagé de dire quelques secondes plus tôt. Mais ces mots-là étaient plus faciles à dire. Plus faciles à dire que ce « je t'aime » qui ne voulait pas encore sortir. Ils s'étaient promis de ne plus avoir peur de ces sentiments qui les liaient, et pourtant, Marlene avait peur. Peur qu'il ne les lui dise pas en retour. Peur qu'il n'en soit pas encore à ce stade de son côté.
Elle se remémora les paroles de Lily.
J'aurais dû lui dire. J'aurais dû tout lui dire. Et maintenant, c'est trop tard.
Peut-être devrait-elle se lancer, après tout. Avant que cela ne soit trop tard.
Et pourtant...
— Allez, viens, déclara Marlene en se levant. Je pense qu'on ne les reverra plus de la soirée. On ferait mieux de rentrer.
***
Barty était de mauvaise humeur. Rien d'étonnant à cela : c'était leur dernier soir avant les vacances de Pâques. Regulus et Barty devaient se séparer pour quinze jours et rentrer chacun de leur côté. Barty aurait préféré rester à Poudlard avec Regulus, mais il devait profiter de l'occasion pour aller fouiller le bureau de son père et tenir les Mangemorts au courant de ses affaires. Quant à Regulus... hormis la réunion des Mangemorts à laquelle il était convoqué, il voulait vérifier que tout allait bien pour Kreattur et avait secrètement prévu d'aller faire du repérage près de la caverne où avait été emmené son elfe de maison.
Alors qu'il lisait dans le canapé, Regulus jeta un coup d'œil à Barty qui observait les flammes crépiter dans la cheminée d'un air lugubre sur le canapé d'en face. Il ferma alors son livre et alla s'assoir auprès du garçon, qu'il attira vers lui. Barty s'allongea et posa la tête sur ses jambes. Regulus se mit à caresser ses cheveux blonds.
— J'aimerais qu'on puisse rester ainsi pour toujours, déclara Barty d'un air radouci, sa mauvaise humeur envolée.
— Pour toujours ? releva Regulus. Jusqu'à ce qu'on meurt l'un contre l'autre ?
— On n'est pas obligés de mourir.
— Ah bon ?
— Je veux dire, il doit bien y avoir un moyen, non ? Parmi tout ce que la magie noire à nous offrir, il doit bien y avoir un moyen de vivre pour toujours...
Vivre pour toujours... c'était une idée effrayante, aux yeux de Regulus. La vie était précieuse justement car elle prenait fin. Sans cette idée de finitude, plus rien ne devenait important.
— Tu ne finirais pas par trouver le temps long ? demanda Regulus.
— Je ne pense pas, répondit Barty. Ça doit être fascinant, non ? Traverser les âges, assister aux naissances et aux chutes des civilisations... Grisant, aussi, de se savoir inébranlable au milieu de tout ça... D'être intouchable, invulnérable aux assauts du temps... D'être comme un dieu...
D'être comme un dieu... Intouchable, invulnérable...
Immortel.
Regulus cessa soudain de caresser les cheveux de Barty. L'évidence venait de le frapper comme une massue.
Voilà ce que cherchait Voldemort. Voilà quelle était sa plus grande ambition.
L'immortalité.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Barty.
— Rien, répondit Regulus en reprenant ses caresses.
***
Bien plus tard, au cœur de la nuit, alors que Barty dormait profondément, Regulus trouva alors enfin ce qu'il cherchait. Il avait d'abord déniché des informations sur la pierre philosophale et l'élixir de longue vie de Nicolas Flamel, mais cela n'expliquait pas le rôle du médaillon et il avait donc poursuivi ses recherches. Jusqu'à tomber sur ce mot.
Horcruxe.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro