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Chapitre 1 - Le dernier été

Lily Evans remonta le col de son imperméable.

Il faisait un temps déplorable en cette fin d'août 1977. Il avait beaucoup plu deux semaines plus tôt, surtout dans le sud du pays, mais même si elle se situait plus au nord, Cokeworth n'avait pas échappé aux averses torrentielles. Les rues étaient toujours détrempées, le ciel désespérément gris, l'air presque frais. On se serait cru en automne. La vieille cheminée d'usine qui barrait l'horizon achevait d'insuffler au paysage son aspect désolé.

Le quartier était silencieux, presque désert. Les réverbères venaient de s'allumer dans le soir tombant. Lily s'arrêta devant les grilles du terrain de jeux, laissé à l'abandon. Elle n'était pas venue ici depuis des années. D'un pas hésitant, elle s'approcha d'une balançoire au montant cassé. Elle s'assura que personne ne pouvait la voir et, d'un discret coup de baguette, répara la balançoire. Elle en testa la solidité avant de s'assoir, ses longs cheveux roux foncé agités par la brise. Elle se revoyait, enfant, se balancer de plus en plus haut, beaucoup trop haut...

— Lily, arrête !

Insensible aux avertissements de sa sœur aînée, Lily avait continué à se balancer, puis soudain, elle s'était envolée dans un grand éclat de rire, légère, toujours plus légère, et avait atterri en douceur sur l'asphalte comme un oiseau qui se pose.

Maman t'avait dit de ne pas faire ça ! s'était écriée Pétunia. Maman a dit que tu n'avais pas le droit, Lily !

— Mais tout va très bien, avait assuré Lily en riant.

Mrs Evans, en découvrant les capacités extraordinaires de sa fille, en avait été émerveillée, mais avait édicté cette interdiction par peur que sa fille n'attire l'attention d'une quelconque branche secrète du gouvernement qui voudrait étudier Lily. Sa fille n'était pas et ne serait jamais un rat de laboratoire ! Mais le terrain de jeux était désert, Lily savait qu'elle ne risquait rien.

— Et maintenant, regarde, Tunie. Regarde ce que j'arrive à faire.

Lily avait ramassé une fleur tombée d'un buisson. Partagée entre la curiosité et la désapprobation, Pétunia avait regardé la fleur posée sur la paume de Lily ouvrir et refermer ses pétales.

— Arrête !

— Elle ne te fera pas de mal.

Mais Lily avait refermé la main sur la fleur et l'avait jetée par terre.

— Ce n'est pas bien, avait affirmé Pétunia, qui avait tout de même ajouté avec une certaine envie : comment tu t'y prends ?

— C'est évident, non ?

Le garçon le plus étrange que Lily eût jamais vu avait alors émergé des buissons. Ses cheveux noirs étaient sales et trop longs, et ses vêtements dépareillés. Pétunia avait poussé un cri aigu et avait battu en retraite en courant vers les balançoires. Lily n'avait pas bougé, surprise, mais curieuse.

— Qu'est-ce qui est évident ? avait-elle demandé.

— Je sais ce que tu es.

— Comment ça ?

— Tu es... Tu es une sorcière, avait chuchoté le garçon.

— Ce n'est pas très gentil de dire ça à quelqu'un ! avait répliqué Lily, offensée, avant de faire volte-face pour rejoindre sa sœur.

— Non ! s'était écrié le garçon avant de les rattraper. Tu es une sorcière ! Tu es une sorcière. Je l'ai bien vu, je t'observe depuis un bout de temps. Mais il n'y a rien de mal à ça. Ma mère aussi en est une et moi, je suis un sorcier.

— Un sorcier ! s'était esclaffée Pétunia. Je sais qui tu es. Tu es le fils Rogue ! Ils habitent dans l'impasse du Tisseur, près de la rivière, avait-elle ajouté à l'adresse de Lily. Pourquoi tu nous espionnais ?

— Je ne vous espionnais pas, avait répliqué le garçon. De toute façon, ce n'est pas toi que j'aurais espionné. Toi, tu es une Moldue.

Dans la bouche du garçon, il s'agissait manifestement d'une insulte.

— Lily, viens, on s'en va !

Lily avait suivi sa sœur, non sans gratifier le garçon d'un regard noir.

Plongée dans ses souvenirs, Lily ne sentit pas tout de suite les premières gouttes de pluie s'écraser sur son front. Elle se leva et poursuivit son pèlerinage, s'enfonçant dans des rues de plus en plus mal famées à mesure qu'elle approchait de la rivière. L'Impasse du Tisseur se trouvait là. Lily n'était jamais entrée chez Severus. Lui-même détestait rester chez lui, à cause de son père. Était-il retourné chez ses parents cet été ? Il avait dix-sept ans désormais, lui aussi. Il était majeur, rien ne l'obligeait à retourner dans ce foyer qu'il avait tant haï, à part peut-être sa mère.

Lily se détourna de la maison et s'éloigna de l'Impasse du Tisseur. Elle traversa un terrain en friche jonché de détritus et s'abrita sous un bosquet, où coulait la rivière.

Tu es une sorcière.

Les paroles du garçon s'étaient inscrites au fer rouge dans sa mémoire. Malgré elle, Lily était retournée au terrain de jeux, sans Pétunia cette fois. Plus encline à l'écouter, Lily avait alors fait la connaissance de Severus Rogue. Ils s'étaient souvent retrouvés en cachette près de la rivière les jours qui avaient suivi. Severus lui avait expliqué qu'il préférait ne pas l'inviter chez lui, car ses parents se disputaient sans cesse, et Lily préférait tenir Pétunia à l'écart pour la ménager lorsqu'ils parlaient de magie.

— C'est vrai, hein ? Ce n'est pas une blague ? Pétunia dit que tu me mens. Pétunia dit que Poudlard n'existe pas. Mais c'est vrai, n'est-ce pas ?

— C'est vrai pour nous. Pas pour elle. Mais toi et moi, nous recevrons la lettre.

— Vraiment ?

— Sûr et certain.

— Et c'est vraiment un hibou qui apportera la lettre ?

— Normalement, oui. Mais tu es née moldue, il y aura donc quelqu'un de l'école qui viendra expliquer tout ça à tes parents.

— Est-ce que ça fait vraiment une différence d'être née moldue ?

— Non, ça ne fait aucune différence.

Non. Ça ne fait aucune différence.

Que les temps avaient changé !

Lily soupira et rebroussa chemin. Il commençait à pleuvoir à verse.

Elle se hâta vers la maison de ses parents, son imperméable rabattu sur sa tête. Lorsqu'elle franchit le seuil de chez elle, la nuit était tombée et elle était à moitié trempée.

Lily ! s'exclama sa mère. Où étais-tu passée ?

Oh, je suis juste allée faire un tour.

— Par ce temps ?

Je suis une sorcière maman, pas une voyante. Mais tu as raison, j'aurais dû regarder les prévisions météo, répondit-elle en suspendant son imperméable à une patère.

On passe à table dans dix minutes. Prends le temps de te changer, chérie.

Mme Evans ponctua sa phrase d'une quinte de toux qu'elle peina à éclaircir.

— Ça va, maman ? s'inquiéta Lily.

— Oui, oui, bien sûr, la rassura sa mère.

— Ça t'arrive souvent, depuis un moment. Tu es retournée chez le médecin ?

— Non, pas encore, mais je t'assure, il n'y a pas de quoi s'inquiéter ! Allez, va te changer avant de salir mon carrelage tout propre ! plaisanta-t-elle.

À moitié rassérénée, Lily grimpa les escaliers quatre à quatre. En passant devant la chambre de Pétunia, elle hésita un instant puis poussa la porte.

La pièce avait été soigneusement rangée. Pétunia était partie à Londres suivre une formation de dactylographe en emportant ses effets personnels, laissant sa chambre nue, aseptisée, prête à servir de chambre d'amis. Elle avait ensuite commencé un nouveau travail où elle avait rencontré un homme. Elle n'avait pas donné signe de vie à Lily de tout l'été. « Elle est très occupée », lui avait dit sa mère dans l'espoir de modérer la déception de Lily.

— Et voilà la chambre de ma sœur.

Severus avait suivi Lily dans la chambre de Pétunia, examinant les lieux avec peu d'intérêt. Lily avait profité de l'absence de sa sœur, qui était partie acheter ses fournitures scolaires avec leur mère, pour inviter Severus chez elle pour la première fois.

Soudain, un éclat d'intérêt avait illuminé le regard de Severus, qui s'était approché du bureau de Pétunia.

— Impossible... avait-il murmuré.

Il s'était alors emparé d'une enveloppe ouverte.

— Ça vient de Poudlard ! s'était-il exclamé. Regarde, c'est le sceau de l'école...

Lily s'était approchée à son tour. Un sceau à la cire écarlate représentant les armoiries de Poudlard avait été apposé sur l'enveloppe, en tous points semblable à celle que Lily avait reçue peu de temps auparavant. Le directeur de Poudlard, Albus Dumbledore, était venu en personne la lui apporter et expliquer à ses parents ce qu'impliquait le statut de sorcière, comment se rendre sur le Chemin de Traverse pour acheter ses fournitures scolaires, comment se rendre sur la voie 9 ¾ le premier septembre... Les parents de Lily l'avaient emmenée sur le Chemin de Traverse quelques jours plus tôt. Mr et Mrs Evans avaient été charmés par tout ce qu'ils voyaient. Pétunia les avait accompagnés, regardant autour d'elle avec une amertume teintée de curiosité.

Le sceau de Poudlard avait été brisé. Une lettre se trouvait toujours à l'intérieur de l'enveloppe.

— Pourquoi est-ce qu'une Moldue serait en contact avec Poudlard ? s'était demandé Severus, avant de se saisir de la lettre et de la déplier.

D'abord réticente à l'idée de lire la correspondance privée de sa sœur, Lily avait lu la lettre par-dessus son épaule.

— Ça alors... C'est une lettre de Dumbledore. Tunie lui a demandé si elle pouvait aller à Poudlard elle aussi...

— Comment est-ce qu'elle est entrée en contact avec Dumbledore ? Elle n'a pas pu lui envoyer de hibou... Il doit y avoir des sorciers qui travaillent clandestinement à la poste et qui s'occupent d'envoyer ce genre de lettre à Poudlard...

Lily referma la porte de la chambre de Pétunia sur ce souvenir et entra dans sa propre chambre, qu'elle avait décorée aux couleurs de Gryffondor. Elle troqua ses vêtements trempés et boueux contre des vêtements propres et confortables puis se sécha les cheveux d'un coup de baguette. Être majeure avait ses avantages. Désormais autorisée à pratiquer la magie en dehors de l'école, elle ne s'en privait que lorsqu'elle se savait observée par des Moldus autres que ses parents.

Elle redescendit dans la cuisine et s'arrêta devant la porte, surprise. Son père et sa mère l'attendaient à côté de la table, sur laquelle se trouvait un gâteau rehaussé de dix-sept bougies allumées.

— Nous sommes le 31 août, fit-elle remarquer. Mon anniversaire était le 30 janvier.

— Oui, mais nous n'avons pas pu le fêter avec toi à ce moment-là, puisque tu étais à l'école, répondit son père. Nous avons donc pensé qu'il fallait rattraper cela.

— Tu as dix-sept ans, c'est un anniversaire important dans le monde des sorciers ! s'exclama sa mère. Tu es majeure ! Allez, viens souffler tes bougies ! Et n'oublie pas de faire un vœu !

Lily eut un sourire. Être capable de patienter jusqu'au dernier jour des vacances pour fêter son anniversaire avec des mois de retard, mais être trop impatients de lui faire souffler ses bougies pour attendre le dessert, voilà qui ressemblait bien à ses parents.

Lily se demanda un instant ce que devrait être son vœu. Que souhaitait-elle le plus au monde ? Rafistoler sa relation avec Pétunia ? Sa relation avec Severus ?

Elle devait se faire une raison. Severus avait choisi sa voie depuis longtemps. Une voie diamétralement opposée à la sienne. Peut-être pouvait-elle au moins encore sauver sa relation avec sa sœur. Dans un an ou dix.

Lily souffla ses dix-sept bougies.

Nous te souhaitons une merveilleuse dernière année à Poudlard, ma chérie, reprit sa mère. Puisses-tu vivre de formidables aventures !

***

Londres était noyée sous la pluie.

Regrettant d'avoir transplané à ciel ouvert, Sirius Black s'ébroua et s'abrita sous la marquise du numéro 23. Il frappa à la porte. Une femme, la cinquantaine bien sonnée, vint lui ouvrir.

— Oui ?

Est-ce qu'Ezra est là ? demanda Sirius.

Il a déménagé à Oxford la semaine dernière. Il est parti pour l'université. Vous êtes un de ses amis ? Oui, je crois que je vous reconnais... Vous avez besoin de sa nouvelle adresse ?

Sirius hésita. Une semaine... il avait une semaine de retard. Si seulement il n'avait pas attendu le dernier jour des vacances d'été pour prendre une décision...

Non, ça ira. Merci.

La femme lui sourit puis referma la porte. Sirius resta un instant sur le seuil, indécis. James n'avait aucune idée de son petit périple à Londres. À vrai dire, James n'avait aucune idée de l'existence d'Ezra Carmichael. C'était l'un des rares secrets que Sirius n'avait jamais partagé avec son meilleur ami.

Sirius avait rencontré Ezra à l'âge de dix ans, lors de sa première fugue : il n'était pas allé bien loin, parcourant seulement quelques rues avant de tomber sur un garçon à peine plus âgé que lui, occupé à réparer son vélo devant chez lui. Sirius s'était arrêté, intrigué, conscient qu'il avait affaire à un Moldu.

— Qu'est-ce que tu veux ? avait demandé ce dernier.

— J'ai besoin d'un truc comme ça. Où je peux en trouver un ?

— Un vélo, tu veux dire ?

— Ouais, c'est ça.

— Pourquoi t'en as besoin ?

— Je suis en train de fuguer. J'irai plus vite avec ça.

— Tu veux fuguer ? En vélo ? Où ça ?

— Aucune idée. N'importe où sera mieux que chez moi.

— Et pourquoi ça ?

— Je ne supporte pas ma mère.

— Comme tout le monde, mon vieux.

— Non, ma mère, c'est différent, elle...

Sirius s'était interrompu, choisissant ses mots avec soin.

— On descend d'une famille noble, tu vois, et elle croit que ça nous rend meilleurs que tout le monde. Toute ma famille pense pareil.

— Et toi, non ?

— Non. Ma cousine est cinglée, par exemple. En fait, je pense plutôt que ça nous rend débiles, vu qu'on est tous consanguins.

Le Moldu éclata de rire.

— Je m'appelle Ezra. Et toi ?

— Sirius.

— Sirius ? C'est un prénom, ça ?

— Et Ezra alors, c'est mieux peut-être ?

— D'accord, tu marques un point. Tu veux m'aider à réparer mon vélo ? Je te le prête, si tu veux, mais à condition que tu ne disparaisses pas avec. On peut traîner ensemble, quand tu commences à en avoir marre de ta mère.

— D'accord. Comment on répare ce truc ?

— Il est juste déraillé. Je vais te montrer.

C'était ainsi que Sirius Black était devenu ami avec un Moldu. Mais Ezra et lui ne s'étaient plus adressé la parole depuis que Sirius avait quitté le Square Grimmauld pour vivre chez les Potter, un an plus tôt. Depuis leur dispute...

— Je ne peux pas encore te montrer, je n'ai pas dix-sept ans. Si je fais de la magie en dehors de l'école, je risque le renvoi. Et si je décidais quand même de te montrer, ils effaceraient ça de ta mémoire !

— C'est ça. Tu sais, si tu tiens à ce point à ne pas me parler de ta foutue école privée perdue je ne sais où et de tes foutus amis, ce n'est pas la peine d'inventer des conneries. Tu peux juste me dire la vérité.

— C'est ce que je suis en train de faire, s'était énervé Sirius.

De colère, Ezra avait jeté la clé à molette qu'il était en train d'utiliser dix minutes plus tôt pour réparer sa moto.

— Invite-moi chez toi, alors. Ça non plus, tu ne l'as jamais fait. Montre-moi ta fameuse maison de sorciers.

— Je t'ai déjà dit que c'était impossible. Ma famille...

— Ouais, ouais, c'est ça, ta famille. Qui me dit que ça aussi, c'est pas du flan ?

— Il faudrait être cinglé pour inviter un Moldu – enfin, je veux dire, un non-sorcier – chez ma mère. Elle serait capable de s'en prendre à toi, je ne plaisante même pas !

— Tu l'es peut-être bien, cinglé.

— C'est vraiment ce que tu crois ? Tu verras. Quand j'aurai dix-sept ans...

— Eh bien reviens donc ce jour-là ! En attendant, dégage, Sirius. Moi non plus, je ne plaisante pas.

***

— Remus ?

Remus Lupin émergea du demi-sommeil dans lequel il avait basculé quelques heures plus tôt. Il souleva ses paupières alourdies par la fatigue qui ne le quittait plus depuis trois jours. Sa chambre était plongée dans l'obscurité. Seul un rai de lumière provenant du couloir à travers la porte entrebâillée éclairait un pan de la pièce.

— Papa ? articula Remus en se redressant.

Le livre qu'il était en train de lire avant de s'endormir glissa de sa poitrine et tomba sur le parquet.

Lyall Lupin se tenait dans l'embrasure de la porte.

— Le dîner est bientôt prêt, si tu as faim, indiqua-t-il avec douceur.

— Oui, oui, j'arrive, répondit Remus.

Tandis que son père s'éloignait dans le couloir, Remus alluma la lumière de sa chambre et cligna des yeux sous l'éclairage soudain trop vif. Il lâcha un grognement puis se leva et s'efforça de remettre un peu d'ordre dans sa tenue et d'aplatir ses cheveux sur son front avant de rejoindre ses parents dans la cuisine.

— Ça va mieux ? lui demanda sa mère en l'apercevant, la mine soucieuse.

— Toujours fatigué, mais c'est normal, répondit Remus avec un sourire qui se voulait rassurant.

Sa mère lui rendit son sourire, lui ébouriffa les cheveux qu'il venait juste d'arranger d'un geste affectueux puis retourna à ses fourneaux. Remus et Lyall s'installèrent à table. Les yeux dans le vague, Remus s'enferma dans un silence pensif. Pendant les heures qu'il passait à dormir pour récupérer suite à ses transformations, il faisait des rêves récurrents où, sous sa forme humaine, il courait après le loup-garou anonyme qui l'avait mordu.

— Quelque chose te tracasse ? demanda son père. Ton retour à Poudlard, peut-être ?

— Non, non, ce n'est pas ça, répondit Remus. C'est juste que... je pense souvent à quelque chose, ces temps-ci.

— Quoi donc ?

— Je me demande ce qu'il est devenu. Le loup-garou qui m'a mordu.

Un silence pesant accueillit ses propos. Lyall jeta un coup d'œil anxieux en direction de sa femme, qui s'était figée devant l'évier. Espérance Lupin était une Moldue, mais elle n'ignorait rien du monde magique depuis son mariage avec un sorcier et avait tout appris des loups-garous depuis que son fils unique avait été mordu par l'un d'entre eux à l'âge de cinq ans à peine.

— Remus, commença son père avec une pointe de gêne et d'appréhension. Je crois qu'il est temps de...

— Non ! intervint Espérance en faisant volte-face, un torchon à la main.

— Espérance... il faut qu'il sache... nous avons retardé ce moment assez longtemps, il est majeur, maintenant...

— Pas dans mon monde ! répliqua Espérance en jetant son torchon dans l'évier avec force. Il a assez de choses à gérer, inutile de lui en rajouter !

— Qu'est-ce qu'il faut que je sache ? s'enquit Remus, intrigué.

Ses parents ne se disputaient jamais. Quel que fût le sujet de ce désaccord, il devait être important et il concernait Remus – et sa lycanthropie.

— Le loup-garou qui t'a mordu... il s'appelle Fenrir Greyback.

— D'accord, répondit Remus d'un ton très calme. Donc, il n'est pas si anonyme que ça...

— Bien, maintenant que ce point a été éclairci, passons à table, le coupa sa mère.

— Ce n'est pas tout, ajouta Lyall, toujours avec cet air gêné, presque effrayé, qui lui ressemblait peu. C'est... c'est de ma faute, Remus. C'est de ma faute si tu as été mordu.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Remus en fronçant les sourcils.

— Greyback a été arrêté par le Ministère de la magie avec le reste d'une meute de loups-garous. Il était soupçonné d'en être un lui même et d'avoir attaqué et tué des Moldus. Deux enfants. Greyback a réussi à convaincre le comité du Département de Régulation et de Contrôle des Créatures Magiques qu'il n'était qu'un clochard moldu, mais j'avais reconnu chez lui des signes de lycanthropie. Personne n'a voulu m'écouter, il a été relâché avant la pleine lune suivante. Greyback a attaqué le sorcier qui devait lui administrer un sortilège d'amnésie et s'est enfui avec trois complices lycanthropes.

— Donc le loup-garou qui m'a transformé... est un sale type, résuma Remus.

Il avait toujours cru que son agresseur était un pauvre loup-garou qui n'avait pas pu se contrôler lors d'une pleine lune. Une victime, comme lui.

— Mais ce n'est pas de ta faute, si personne ne t'a écouté, poursuivit Remus.

— C'est entièrement ma faute, le contra Lyall. Pendant l'interrogatoire, voyant que personne ne me prenait au sérieux, je me suis énervé. Mes propos ont dépassé ma pensée... j'ai dit que les loups-garous ne méritaient pas de vivre. Greyback l'a mal pris. Il a voulu se venger. Alors il t'a attaqué.

Remus resta sans voix. Il avait été difficile pour son père de lui avouer la vérité, il le savait. Sentant la colère monter en lui, Remus serra les poings sous la table et respira profondément. Il fallait à tout prix qu'il maîtrise sa colère, qu'il garde le contrôle. Il ne pouvait pas laisser cet aspect là de son identité – le loup – prendre le dessus sur son humanité.

— Je comprends que tu sois en colère contre moi, ajouta Lyall.

— Je suis en colère, répondit Lupin d'un ton qui semblait contredire ses paroles. Mais pas contre toi. C'est Greyback qui m'a attaqué.

Remus se leva. Il avait perdu l'appétit.

— J'ai besoin de rester un peu seul, déclara-t-il.

Il s'enferma dans sa chambre et laissa le nom de son agresseur s'imprimer dans son esprit. Fenrir Greyback. L'homme qui lui avait gâché la vie. Par esprit de vengeance. Pour une simple parole de travers.

Pour la première fois depuis trois jours, il se sentit parfaitement réveillé.

Pour la première fois de son existence, il découvrait ce que signifiait le mot haine.

***

James Potter sursauta au son d'un CRAC retentissant. Sirius venait d'apparaître dans sa chambre, les vêtements et les cheveux dégoulinant de pluie. James s'était redressé vivement dans son lit où il lisait tranquillement la Gazette du Sorcier et s'était emparé de sa baguette, le cœur battant.

— Par le slip de Merlin, Sirius ! Qu'est-ce que tu fous ?

— Merde, jura son meilleur ami. J'étais censé transplaner dans ma chambre.

— Tu as décidé de prendre une douche tout habillé ?

— J'étais dehors.

— Où ça ?

— Londres.

— Et pourquoi cette soudaine envie d'aller prendre la pluie à Londres ? Celle d'ici mouille tout autant, tu sais.

Sirius haussa les épaules. Un petit sourire en coin naquit alors sur les lèvres de James.

— Comment elle s'appelle ?

— Hein ?

— C'est la fille du Chemin de Traverse, celle qui t'a bouffé des yeux chez Gringotts ? Elle était mignonne.

— Eh bien, je t'en prie, sors avec elle si ça te chante, Monsieur le Préfet-en-chef ! s'exclama Sirius en raflant l'insigne flambant neuf de James posé sur sa table de nuit. Dumbledore doit vraiment perdre la boule, reprit-il en examinant l'insigne sous tous les angles comme pour déceler une preuve qu'il s'agissait d'un faux. Aucune personne saine d'esprit n'aurait l'idée de te nommer Préfet-en-chef.

— J'ai fait de gros progrès, figure-toi. Un trimestre entier sans m'attaquer à qui que ce soit, pas même à Servilus ! Enfin, autant que quiconque le sache...

— J'appelle pas ça du progrès, grommela Sirius. Mais bon, si ça peut te mettre Evans dans la poche, c'est bon à prendre, j'imagine. Tiens, je suis sûr qu'elle a eu l'insigne, elle aussi. Vous ferez un beau petit couple de parfaits petits préfets.

James lui envoya son oreiller à travers la figure.

— Je suis sérieux, à propos d'Evans, dit-il. Je veux vraiment qu'elle arrête de me regarder comme si...

— Comme si ta tête ne passait pas les portes ? ricana Sirius.

— Ouais, bon, t'as compris ce que je voulais dire.

— Et toi, alors ?

— Quoi, moi ?

— Il n'y a toujours personne qui t'intéresse à Poudlard ?

— Non, répondit Sirius, laconique.

Il se sécha d'un coup de baguette magique puis reposa avec un soupir l'insigne de James à côté de celle de Capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor qui se trouvait déjà sur sa table de nuit.

— J'imagine que ça veut dire que nos années de fauteurs de trouble sont derrière nous.

— Arrête un peu, on ne va pas non plus se transformer en saints.

— Si tu le dis, répondit Sirius d'un air morose, peu convaincu.

Un silence soudain lui fit jeter un coup d'œil par la fenêtre.

— La pluie s'est arrêtée, fit-il remarquer.

Un sourire se dessina peu à peu sur ses lèvres.

— Ça te dit d'aller faire un tour ? On prend la moto.

— Maintenant ? Il est vingt-trois heures.

— Et alors ? C'est ta dernière soirée avant de prendre officiellement tes fonctions de préfet. On peut s'amuser un peu avant qu'une auréole te pousse sur la tête.

— Haha, très drôle. Bon, d'accord.

James se leva, enfila une paire de chaussures et une veste en cuir de dragon noire par-dessus son T-shirt puis se passa une main dans les cheveux avant de sortir de la chambre.

La maison était silencieuse. Fleamont et Euphemia Potter étaient un couple de sorciers très âgés, si âgés que la venue au monde de James dix-sept ans plus tôt tenait du miracle. À cette heure tardive, ils étaient déjà plongés dans un sommeil de plomb.

James et Sirius se glissèrent hors de la maison puis dans l'appentis au fond du jardin et débâchèrent la moto de Sirius, qui se plaça sur le siège du conducteur. James s'installa derrière lui.

— On va faire un tour en ville, annonça Sirius. Accroche-toi !

Sirius fit démarrer le moteur. La moto s'élança sur quelques mètres avant de s'envoler.

L'air était frais et humide.

— Ne passe pas à travers les nuages, cette fois ! hurla James pour couvrir le mugissement du vent.

Tous phares éteints pour ne pas se faire voir des Moldus, ils quittèrent rapidement le périmètre de Godric's Hollow. Loin au-dessus du sol, Sirius repéra aussitôt la toile lumineuse qui signalait la présence de la ville la plus proche et se dirigea vers elle. Ils étaient presque arrivés lorsque trois balais surgirent de nulle part dans les airs, pilotés par trois silhouettes encapuchonnées.

— Merde, jura James.

Des Mangemorts, ici ? Que leur voulaient-ils ?

Un premier éclair écarlate les rata de peu.

— Sirius, descends ! hurla James. On va les semer à terre !

Sirius fit aussitôt plonger la moto vers la toile lumineuse qui s'était agrandie à leur approche. La moto atterrit dans une ruelle déserte dans un crissement de pneus.

— Merci les amortisseurs, marmonna Sirius avant de donner un coup d'accélérateur.

James se retourna sur son siège. Les trois hommes les suivaient toujours. Sirius s'engagea dans une rue plus large et plus fréquentée.

— Allume tes phares avant de tuer quelqu'un ! s'écria James lorsque Sirius dépassa une voiture en trombe, manquant renverser le Moldu qui traversait sur le passage clouté à ce moment-là. Sirius alluma les phares.

— Sauf que maintenant, ils peuvent nous suivre à la trace ! s'exclama-t-il.

— On va les distancer !

En effet, les trois Mangemorts commençaient à perdre du terrain. C'est alors qu'une sirène se mit à retentir. Une voiture de police moldue venait de se lancer à leur poursuite.

— Je crois qu'on attire un peu trop l'attention ! lança James.

Sirius s'engagea dans des ruelles de plus en plus étroites, mais la voiture les suivait toujours. En revanche, les trois Mangemorts semblaient avoir perdu leur trace. Au bout d'une course-poursuite d'un bon quart d'heure, Sirius s'engagea dans une impasse. Il fit demi-tour et s'arrêta dans un dérapage : la voiture de police bloquait la sortie. James éclata d'un rire exalté, l'adrénaline pulsant dans ses veines, et se passa une main dans ses cheveux pourtant déjà bien ébouriffés par le vent. Il s'inquiétait beaucoup moins des policiers moldus que des Mangemorts.

Deux policiers émergèrent de la voiture : ils eurent du mal à se frayer un passage entre les portières et les murs. James ne put s'empêcher de sourire lorsque l'un des deux arracha le rétroviseur sur son passage.

— Descendez de la moto ! s'écria le policier.

James et Sirius s'exécutèrent.

— Conduite sans casque ! continua le Moldu. Excès de vitesse de plus de... de beaucoup ! Refus de s'arrêter à la demande de la police !

— On aurait adoré s'arrêter pour un brin de causette, répondit James. Mais nous étions en train d'essayer de...

— Ne fais pas le malin ! Vous êtes dans de beaux draps, tous les deux ! Des noms ! exigea l'autre policier.

— Des noms ? répéta Sirius. Euh, eh bien... voyons voir... Wilberforce... Bathsheba... Elvendork...

— Ce qu'il y a de bien avec celui-là, c'est que ça marche pour un garçon ou pour une fille, commenta James.

— Ah, NOS noms, vous voulez dire ? Il fallait préciser ! Lui, c'est James Potter, et moi, Sirius Black !

— Ça va sérieusement chauffer pour toi dans un instant, espèce de petit insolent...

Mais James et Sirius ne l'écoutaient plus. Trois silhouettes juchées sur des balais s'approchaient de l'entrée de l'impasse. D'un même geste, James et Sirius sortirent leurs baguettes de la poche arrière de leur pantalon.

— Des baguettes de batterie ? railla le deuxième policier. Vous êtes des petits rigolos, vous deux, pas vrai ? Bon, je vous arrête pour...

— WINGARDIUM LEVIOSA ! crièrent en chœur James et Sirius.

La voiture de police se souleva sur ses roues arrière, comme tirée vers le ciel par un crochet invisible, et percuta les trois Mangemorts qui fondaient sur eux au même instant. Le choc formidable qui s'ensuivit tira un sourire féroce à James. Ahuris, les deux policiers chutèrent l'un sur l'autre.

Sirius enfourcha sa moto et redémarra le moteur.

— Merci beaucoup ! s'exclama-t-il. On vous doit une fière chandelle !

— Ouais, c'était sympa de vous rencontrer ! fit James. Et n'oubliez pas : Elvendork ! C'est un prénom mixte !

Dans un fracas de métal assourdissant, la voiture retomba sur ses quatre roues. Les deux policiers se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, saisis de peur. Sirius fit ronronner le moteur, donna un coup d'accélérateur et la moto s'envola.

Hauts dans le ciel, Sirius et James éclatèrent de rire. Sirius éteignit les phares puis fit volet la moto jusqu'à Godric's Hollow.

— Oh oh, fit James en voyant plusieurs silhouettes se dessiner sur la pelouse. Déjà ? Les nouvelles vont vite...

Sirius atterrit dans le jardin des Potter et éteignit le contact. Ils descendirent tous deux de la moto, l'air vaguement penaud. Un homme à l'air sévère doté d'une petite moustache noire en brosse, vêtu d'une élégante robe de sorcier magenta, les attendait de pied ferme. Il était accompagné d'un sorcier plus vieux aux cheveux blancs, au dos légèrement vouté. Fleamont et Euphemia se tenaient à leurs côtés, l'air inquiet. Le sorcier à moustache prit la parole :

— Bartemius Croupton, Département de la Justice Magique, chef du Service des usages abusifs de la magie, récita-t-il en guise de présentation.

— Sirius Black, Poudlard, Gryffondor, répondit Sirius sur le même ton.

James lui lança un coup de coude. Bartemius Croupton n'avait guère l'air d'un homme au sens de l'humour affirmé.

— Ce soir à vingt-trois heures quarante-quatre, une moto volante a été aperçue par plusieurs moldus. Deux policiers moldus ont rapporté à leur hiérarchie avoir rencontré deux jeunes hommes qui se sont présentés sous les noms de James Potter et « Sérieux » Black s'envoler sur cette moto après avoir vu leur propre voiture s'élever dans les airs. Des sortilèges d'Amnésie ont dû être administrés. À qui appartient cette moto ?

— À moi, répondit Sirius avec arrogance.

— Savez-vous qu'il est interdit d'ensorceler des véhicules moldus sans autorisation ? demanda Croupton. M. Perkins ici présent fait partie du Service des détournements de l'artisanat moldu. Perkins, veuillez inspecter cette moto.

Le vieux sorcier s'approcha de la moto de Sirius, qui ouvrit la bouche pour formuler une protestation, mais James lui marcha sur le pied.

— Vous avez également tous deux fait usage d'un sortilège de Lévitation devant des moldus. Une date de comparution au tribunal pourra donc être fixée...

— Une comparution au tribunal ? s'exclama James. Nous avons été poursuivis par des Mangemorts ! Nous n'avons fait que nous défendre !

Fleamont Potter eut un hoquet de surprise. Sa femme se précipita sur son fils :

— Oh, James ! Tu n'as rien ? Et toi, Sirius ?

— Non, maman, ça va, ne t'inquiète pas, répondit James. On a soulevé la voiture de police et ils se sont écrasés dessus.

La moustache de Croupton tressaillit.

— Des Mangemorts ? répéta-t-il.

— Oui. Ces deux policiers moldus ne vous ont pas parlé des trois sorciers sur leurs balais ?

— Nous n'avons pas encore pu les identifier, répondit Croupton, l'air vaguement agacé.

— Eh bien, c'était des Mangemorts.

— Qu'est-ce que des Mangemorts voudraient à deux jeunes sorciers encore à l'école ?

— Ils recrutent, non ? fit remarquer Sirius. James et moi venons tous deux d'une famille soi-disant « sang-pur » et nous faisons partie des élèves les plus brillants de Poudlard. Dumbledore pourra vous le confirmer. Ils n'avaient pas l'air de vouloir nous tuer, en tout cas, ils ont jeté un sort qui semblait plutôt destiné à nous ralentir ou à nous arrêter.

— Ils devaient nous attendre, fit remarquer James en se grattant l'arrière du crâne, ébouriffant un peu plus ses cheveux déjà mis en bataille par le vent. C'était la première fois depuis des jours qu'on sortait de la maison sans transplaner...

— Nous ferons la lumière sur cette affaire, répondit Croupton. Quant à la moto... Perkins ?

— Magiquement modifiée pour la faire voler, c'est tout, commenta le vieux sorcier.

Croupton sortit un parchemin de sa poche qu'il tapota avec sa baguette, puis le tendit à Sirius.

— L'amende pour un enchantement non autorisé s'élève à cinquante Gallions, réglable dans les sept jours. Nous allons également procéder à la destruction immédiate du véhicule.

— La destruction du –

Mais avant que Sirius ait pu terminer sa phrase, Croupton leva sa baguette :

Confringo !

La moto explosa. James et Sirius se recroquevillèrent pour échapper aux débris. Croupton balaya d'un geste machinal la poussière tombée sur ses épaules.

— Je vous souhaite une bonne fin de soirée, déclara-t-il avant de transplaner, imité par Perkins.

— Quel enfoiré, jura Sirius en contemplant les dégâts. Un Reparo ne suffira pas... Je vais devoir passer l'été prochain à la remettre en état...

Bienvenue sur cette fanfiction Maraudeurs ! Quelques informations pour accompagner votre lecture... Pour commencer, voici le fancast de cette fic :




Pour accompagner votre lecture, voici également la 🎶 Playlist de la fanfic 🎶. Vous pourrez retrouver certaines des musiques dans les fanvids proposées à certaines fins de chapitre (le cast et les scènes ne correspondent pas toujours à ce qu'il se passe dans ma fic mais cela donne un bon aperçu de l'ambiance Maraudeurs !) :

https://open.spotify.com/playlist/0NYrgdVRODuX2S1IDTBzdq?si=7rUeBl9zRa2obpC1xtfHOQ&utm_source=copy-link

Bonne lecture !

https://youtu.be/RI80fkYWtqc

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