Chapitre 4-2 : Nosfero l'apprenti assassin
III- L'épreuve de survie (2/3)
L'épreuve débuta.
Nosfero et Brenden virent le soleil et la forêt depuis bien longtemps. Et même si cette nature en apparence était inhospitalière sa beauté transcendait, du fait de leurs isolements pendant les années. Ce fut donc tout d'abord un grand moment de contemplation.
Le soir, ils s'assirent au coin du feu et goûtèrent du lièvre pour la première fois. Puis ils se mirent à l'abri du froid dans une petite cavité, où ils passèrent la nuit.
Peu avant l'aube, Nosfero fut tiré de son sommeil par une puissante douleur lancinante, venant de son tibia droit. Il regarda et aperçut avec stupeur un énorme bouton rouge enflé. Le mal irradiait toute la jambe, et toucher du bout des doigts relançait avec force la souffrance. Finalement, ne pouvant se recoucher il se leva, résigné, et alla chercher le petit-déjeuner.
Le soleil projetait à peine ses premiers rayons, l'atmosphère était bleutée et grisonnante, comme il est habituel dans les régions du nord.
Au loin, il lui sembla apercevoir un déplacement véloce d'une forme humanoïde. Il dégaina son kunaï sans ménagement, prêt à se défendre. Après quelques instants de parfaite immobilité, il se pacifia en se rappelant que très peu de monde vivait dans ce pays. Il rangea son arme et continua à chercher de quoi se mettre sous la dent.
Par chance, il tomba sur les restes encore frais d'un loup, viande dure et filandreuse, mais nourrissante. Au moment de s'approcher de la carcasse, il entendit, fendant l'air, un kunaï lancé sur lui.
Il se baissa, se surprenant lui-même à esquiver l'attaque. Le projectile se planta dans la terre, laissant dégouliner un liquide translucide. « De la liqueur de champignon » pensa-t-il, un poison que le maître lui avait appris à concocter à partir de certaines espèces de champignons vénéneuses.
D'autres kunaïs furent projetés. Mais même sans les voir ses sens lui faisaient les percevoir sans difficulté, ce qui l'étonna une nouvelle fois. Il esquiva avec aisance. Fruit d'un entraînement intensif, ou bien d'autre chose, en l'instant il ne savait pas trop.
Soudain, de derrière les arbres, apparurent Cad et Mayor kunaï en main, fonçant à toute allure sur Nosfero. Ils approchèrent, rapidement et menaçant, armaient de deux kunaïs chacun, se préparant à combattre Nosfero.
Les premiers coups furent échangés. Nosfero para les frappes de sa lame. Les mouvements des trois aspirants assassins étaient techniquement parfaits. Mais acculé par le nombre, Nosfera recula pour temporiser la situation.
Des deux, il n'avait affronté que Cad, qui lui avait mis des raclées pendant plusieurs années. Mais aujourd'hui, il se sentait investi d'une force nouvelle et percevait tout beaucoup mieux. Il lui sembla même être capable de les battre.
Tout d'abord, il mit de la distance en s'éloignant jusqu'à un arbre puis il prit appui avec sa jambe, pour se donner une impulsion. Il se propulsa sur Cad, qui avec la vitesse ne put lui opposer bien longtemps une garde digne de ce nom. Il finit par céder devant les assauts, répétés et intensifs, et Nosfero le termina avec un coup de pied uppercut, ce qui le mit hors combat définitivement.
Mayor tenta une attaque par-derrière, mais aujourd'hui Nosfero avait des yeux dans le dos. Il n'eut aucun mal à le sentir venir et répliqua par un coup de genou en pleine tempe. Mayor tomba lourdement sur le sol, stoppé dans son élan.
De colère, Nosfero brandit son arme sous la gorge de Cad et le somma de lui dire ce qui leur avait pris.
- C'était une mission, le maître nous a demandé d'éliminer l'un de vous deux.
De rage, Nosfero vit rouge et se préparer à faire sa toute première victime.
Brenden intervint, de justesse, ayant compris ce qui se déroulait.
- Arrête, ce ne sont pas de leur faute, ils obéissent aux ordres.
- Ils ont voulu me tuer, s'enragea Nosfero. J'en ai marre, de ça, du maître, de ses coups de traîtres. Je vais en finir, maintenant ! Dit-il en élançant son bras armé.
Brenden bloqua de lame, et désarma Nosfero. Puis il l'agrippa par les épaules et le plaqua au sol, tout en le tenant fermement.
- Je comprends, je te comprends totalement. Mais faire ça, ça n'aidera en rien. Au contraire. Montrons au maître ce que nous valons, en survivant !
Nosfero sous la colère ne voulut pas entendre les mots de son camarade.
- Écoute, si on les attache bien, ils ne gêneront plus, le temps de finir l'épreuve. Et maintenant qu'on sait à quoi s'en tenir, on a qu'à mettre hors de combat Icara et Don. On en est capable, Nosfero !
- Et si on a pas le choix, si on peut pas les assommer ?
- On trouvera. Rappel toi ce que dit toujours Solok : « Je trouverai un moyen, s'il faut, je recommencerai tout un millier de lieux plus loin »
L'évocation de son héros préféré soulagea peu le cœur meurtri de Nosfero. Mais la confiance qui émanait de Brenden, le transperça et lui donna envie de le suivre.
Rassuré Nosfero se désénerva et avec l'aide de Brenden attacha, avec des racines, les bras et les jambes des deux assaillants. Puis ils les laissèrent dans la petite grotte et dès qu'ils eurent fini , ils abandonnèrent le campement et partirent à la recherche du second binôme.
Jusqu'en début de soirée, le groupe vagabonda à travers les arbres sans trouver la moindre trace de leurs ennemies. Soit ils s'étaient très bien cachés, soit ils avaient quitté la forêt pour s'enfoncer dans le désert de glacé, plus au nord. Dans le doute, ils décidèrent d'y aller pour vérifier
Ils quittèrent donc le climat relativement vivable de la forêt, et s'enfoncèrent dans le désert glacé du nord. Le vent battait fort. Et ils savaient qu'aucune créature à sang chaud ne pouvait subsister bien longtemps. Cependant, le sol était pavé de petite cavité, excellant pour se cacher du froid ou pour préparer une embuscade. Aux aguets, les deux compagnons avancèrent prudemment dans cette désolation.
Très vite, la bise gelée se leva en plus d'une violente averse neigeuse. Un blizzard. Rentrer se protéger était devenu une question de vie ou de mort.
La forêt se trouvait à quelques dizaines de mètres. Frigorifiés, ils progressaient collés l'un à l'autre, tremblant comme jamais ils l'eurent fait.
Soudain, leur faisant face, Icara et Don. Puis Cad et Mayor. Les quatre anciens camarades barrant le passage.
III- L'épreuve de survie (3/3)
- Merde, ils les ont libérés, s'énerva Nosfero.
Brenden plissa les yeux, le froid aussi mordant qu'il puisse être ne gêna pas sa réflexion.
- Icara et Don ont toujours été très malins, mais au corps-à-corps ils valent rien, et tu as à déjà battu Mayor et Cad. Même à deux, on gagne, lança-t-il
- Avec cette tempête, on ne sera pas aussi bon.
Soudain, les deux binômes ennemis firent pleuvoir une rafale de shuriken et kunaï. En tout, une dizaine de morceaux de métal. Mais dans le vent, les projectiles prirent des trajectoires anarchiques. La moitié fut déviée, passant loin des cibles. Pour le reste, Nosfero bloqua avec ses armes ce qu'il put. Brenden, profita de l'occasion pour foncer et arriver au contact. Nosfero retira un shuriken, qui s'était coincé dans sa tunique hivernale, et s'élança sur Mayor. Il voulut tenter un coup de pied, mais s'arrêta, le souffle d'une rafale manquant de le faire trébucher. Dans la résiliation Mayor lui flanqua un coup-de-poing en plein torse. Et Nosfero alla s'écraser deux mètres plus loin, la respiration coupée.
De son côté Brenden s'occupait de deux adversaires; Icara et Don. Il échangea quelques coups avec eux, avant de repousser Don, d'un revers de garde dans la figure. Puis, avec le même kunaï et avec dextérité, il planta le genou d'Icara et soutint la lame pour transpercer totalement la jambe. Il sentit se déchirer, les nerfs, les veines, les cartilages, le ménisque, et les ligaments croisés. Brenden appuya de nouveau sur son arme, qu'il enfonça jusque dans la neige, paralysant pour de bon son adversaire, au sol. Une projection sanguine macula la terre neigeuse Il avait sûrement hurlé de douleur, mais le sifflement du blizzard couvrait les bruits des vivants. Le vent couvrit également l'attaque-surprise de Cad qui asséna dans le dos de Brenden un coup du lapin. Il fut stoppé net et son corps raidi s'écroula. Don dans la colère enfonça un kunaï bien profond dans le foie de son adversaire au bord de l' inconscience.
Nosfero se releva à peine, main sur le ventre, essoufflé. Il devina à travers le mur blanc les difficultés que subissait son ami. Mayor et ses puissants poings arrivaient pour finir le travail, mais il était lent. Nosfero passa sous son champ de vision et flanqua un coup de pied balayé dans les tibias de Mayor qui tomba. Puis il assaillit les deux derniers, donnant un coup du côté du tranchant de la main dans la gorge de Cad, qui s'étouffa, et un coup de pied en pleine face de Don. Il récupéra Brenden, à peine en vie, et s'éloigna, dans le désert de blanc et mortel, surveillant ses arrières.
Don releva Icara et l'épaula. Mayor et Cad étaient encore prêts à en démordre.
- Tenait la position, gueula Mayor. Dans le froid, le plus faible ne survivra pas.
- Et si les deux meurent ? Demanda Cad.
- Tant pis !
La nuit commençait à tomber, et Nosfero savait que le combat ne pouvait pas s'éterniser.
Pour le moment; il préféra se replier en laissant l'obscurité et le blizzard couvrir sa retraite. Il trouva finalement abris dans une crevasse, assez large et profonde pour qu'ils puissent se cacher tous deux. Brenden qui avait repris conscience tenta de rassurer son camarade qui essayait de stopper l'hémorragie, avec un morceau de tunique. Mais ici, ils étaient condamnés à mort. Nosfero dut prendre une décision.
- Je te laisse, quelques instants, déclara-t-il. Je m'occupe d'eux et je te sors de là. Ne t'endors surtout pas !
Brenden, lui lança un regard d'encouragement, et remplaça les mains de son ami par les siennes pour retenir sa plaie.
Nosfero s'élança à l'extérieur de la crevasse et d'un bond il sauta jusqu'à la surface, à environ deux mètres de haut. Il s'impressionna par la nouvelle force de ses jambes, mais fut déstabilisé par le vent.
Au moment d'atterrir, il n'eut pas le temps de réagir. Don face à lui, lui lança une poignée de gaz poivre, qui avec le vent de face, arriva en pleine figure de Nosfero. De douleur, il recula et perdit l'équilibre pour finalement retomber et s'écraser d'où il venait, sur le dos.
-Putain Don t'es trop con, il aurait pu te tuer, lança furieux Mayor qui courait jusqu'à Don
-Je l'ai mis hors d'état de combat et j'ai encore une petite surprise.
Nosfero le souffle coupé, le visage en feu, le corps gelé, ne pouvait plus bouger. Il savait que Brenden était quelque part, tout près. Et la seule volonté qui l'habitait en cet instant était celle de le retrouver pour passer ses derniers instants en sa compagnie.
- Tu vas voir, j'ai volé ça au maître, ricana-t-il.
- Déconne pas, hurla Mayor prestement
Mais trop tard ! Don avait attaché a son arme de jet une petite bourse en cuir, emplie de poudre explosive, qu'il alluma avec une allumette et qu'il lança. Au moment, de l'impact la bourse explosa et un éboulement de glace et de neige vint enfouir les deux amis.
Mayor atteint Don et lui asséna un poing dur et franc en pleine figure.
- Je croyais qu'on s'en fichait si les deux mouraient, balança le garçon, au sol, sans comprendre.
- Oui, mais tu viens de laisser des preuves qui nous incriminent. Je voulais qu'ils meurent de froid.
Puis il se précipita dans le trou, rempli de gravats de glace, à la recherche de survivant. Au même moment Cad épaulant Icara, arriva.
- Viens m'aider, hurla Mayor à Cad
- Attends j'aide les jeunes.
- On s'en fout, si on ne retrouve pas un des deux vivants, le maître nous tuera tous.
Cad écouta et s'élança, lâchant Icara comme un rien qui par malchance se maintient sur sa jambe blessée, et sauta aider son compagnon qui creusait avec son arme.
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