Chapitre 8 - Surprises de Noël
Le trimestre tirait à sa fin. Noël approchait à grands pas, à l'instar de la soirée de Slughorn. Ginny avait reçu une invitation à l'évènement peu de temps après le match contre Serpentard. La soirée devait avoir lieu le dernier jour de cours du trimestre, la veille du départ en vacances, et à la grande surprise de Ginny, Harry n'avait pas planifié d'entraînement ce jour-là. Ce fut Hermione qui éclaira Ginny à ce sujet :
- Slughorn m'a demandé quelles étaient les soirées de libre de Harry. Il voulait être sûr de l'avoir, cette fois. Et honnêtement, ça m'arrange, vous n'arrêtez pas de vous défiler, tous les deux ! Tu ne regrettes pas d'avoir manqué Gwenog Jones ?
- Si, un peu, admit Ginny. Mais tu ne m'avais pas dit que tu la trouvais un peu prétentieuse ?
- Oui, bon, il n'empêche que tu aurais aimé être là. Tu comptes venir, cette fois ?
- Je ne sais pas, répondit Ginny. Ce sera ma dernière soirée avec Dean avant les vacances...
- Tu peux l'inviter.
- Je ne suis pas sûre que Dean veuille me partager avec Slughorn. Tu as invité quelqu'un, toi ?
- Peut-être, marmonna Hermione, évasive. J'ai dû faire quelques arrangements...
Ginny n'étant ni aveugle ni idiote, elle n'avait eu aucun mal à deviner qu'Hermione aurait sans doute bien voulu inviter Ron si seulement ce dernier ne s'était pas jeté dans les bras de Lavande Brown. Ginny se demandait souvent combien de temps son décérébré de frère mettrait à réaliser ses sentiments pour Hermione, qui avait malheureusement une longueur d'avance et de maturité sur lui.
- Quels genre d'arrangements ? demanda Ginny, suspicieuse.
- C'est une surprise, répondit précipitamment Hermione.
Ginny plissa les yeux.
- Tu me fais peur, Hermione. Si tu m'annonces que tu as demandé à Zacharias Smith de t'accompagner...
- Ce n'est pas Smith, l'interrompit Hermione. Je suis désolée, je dois y aller, je vais être en retard en arithmancie.
Hermione la planta dans le couloir, disparaissant plus vite que Rogue devant une bouteille de shampoing. Ginny se rendit à son cours de botanique, en commun avec les Serdaigle. Elle y retrouva Luna, plongée dans un exemplaire du Chicaneur. Deux garçons de Serdaigle se moquaient de la couverture, qui clamait en gros titre : « Sur les traces du Ronflak Cornu : voyage en terre inconnue ».
- C'est quoi, un Ronflak Machin ? demandait l'un des deux garçons en ricanant.
- Aucune idée, demande à Loufoca. Hé, Loufoca !
- Elle s'appelle Luna, intervint Ginny d'un ton sans réplique. Elle leur lança un regard noir et leur tourna ostensiblement le dos.
- Merci, c'était très gentil de ta part, fit Luna de son ton rêveur.
- Comment se porte le Chicaneur ? demanda Ginny. Et ton père ?
- Plutôt bien, même si nous ne vendons pas autant que l'année dernière. Et mon père a déniché des graines de prunes dirigeables, j'ai hâte d'en parler à Mrs Chourave.
À peu près certaine qu'il n'existât rien de tel, Ginny ne sut que répondre. L'arrivée du professeur Chourave lui en épargna la lourde tâche.
Le dernier jour avant les vacances, la rumeur selon laquelle Harry Potter avait demandé à Luna Lovegood de l'accompagner à la soirée de Slughorn circula dans toute l'école.
- Tu vas à la soirée de Slughorn avec Harry ? demanda Ginny à Luna lorsqu'elle la croisa en cours ce jour-là.
- Oui, répondit la Serdaigle. J'y vais en amie. Je suis vraiment contente, d'y aller en amie, ça me rappelle un peu l'AD.
Le soir même, alors que Ginny s'apprêtait à rejoindre Dean, Seamus et Sally pour le dîner, elle surprit Ron s'exclamer à la table des Gryffondor :
- Tu aurais pu emmener qui tu voulais ! Qui tu voulais ! Et tu as choisi Loufoca Lovegood ?
- Ne l'appelle pas comme ça, Ron, intervint sèchement Ginny. Ça me fait plaisir que tu l'aies invitée, Harry, elle est tellement ravie.
Puis elle alla s'assoir avec Dean. Elle était sincèrement ravie que Harry ait invité Luna, mais quelque part au fond d'elle, même si elle peinait à se l'avouer, elle savait que la joie de Luna n'en était pas l'unique raison. Si Harry avait invité Luna, cela devait signifier qu'il n'avait personne en vue. Se sentant un peu coupable à cette pensée, elle reporta son attention sur ce que racontait Dean. Elle avait décidé de passer sa soirée seule avec lui.
Dans la salle commune, après le dîner, un grand nombre de filles de Gryffondor ne semblaient plus avoir qu'un sujet de conversation sur les lèvres : Hermione Granger sortait avec Cormac McLaggen. Ginny faillit s'étrangler en apprenant la nouvelle. Elle dénicha Hermione dans son dortoir, occupée à se préparer pour la soirée.
- McLaggen ? dit-elle en s'appuyant contre le chambranle de la porte, bras et chevilles croisés, l'air passablement sceptique.
- Oh, ça aurait pu être pire, répondit Hermione d'un ton égal en appliquant une couche de mascara. Figure-toi que j'avais en effet pensé à Smith.
Partagée entre la sidération totale et l'envie de rire, Ginny émit un hoquet à mi-chemin entre les deux.
- Je commence à regretter de ne pas assister à cette soirée, s'esclaffa-t-elle. Entre Gwenog Jones et toi sous le gui avec McLaggen, je préfère encore McLaggen.
Hermione interrompit son geste.
- Tu crois qu'il va essayer de... m'embrasser ? s'inquiéta-t-elle.
- C'est une possibilité, non ? S'il a accepté ta proposition, c'est que tu dois l'intéresser.
- Oh... je n'avais pas envisagé les choses sous cet angle.
- Je te souhaite une excellente soirée, Hermione ! lança Ginny à tue-tête en quittant le dortoir, se mordant l'intérieur des joues pour ne pas rire.
Elle retrouva Dean dans la salle commune.
- On y va ? dit-il.
Ginny acquiesça et se dirigea ver le portrait de la Grosse Dame.
- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? demanda Dean.
- Oh, ce n'est rien. Hermione vient de me raconte une très bonne blague. Mais celle-là, je vais la garder pour moi, si tu n'y vois pas d'inconvénient.
- Aucun, mademoiselle, aucun...
Dean la guida à travers le trou du portrait d'une légère poussée dans le dos.
- Tu sais que je peux faire ça toute seule, n'est-ce pas ? demanda-t-elle avec un sourire ironique. Franchir le portrait, je veux dire.
- Désolé, répondit Dean. Je n'avais pas vraiment remarqué que je faisais ça. Toujours d'accord pour notre plan de la soirée ?
- Oui, mais il va falloir se montrer discret... prêt ?
Ils longèrent ensemble les corridors de l'école sur la pointe des pieds, main dans la main. Il n'était bientôt plus l'heure de sortir. Ils pourraient toujours prétendre qu'ils se rendaient à la fête de Slughorn en cas de problème - le professeur de potions accueillerait sûrement Ginny à bras ouverts - mais cela risquait de contrarier leurs plans d'origine. Ils s'arrêtèrent devant la tapisserie de Barnabas le Follet et passèrent devant trois fois en pensant à ce qu'ils voulaient, mais la porte de la Salle sur Demande n'apparut pas. Ginny fronça les sourcils.
- Hum... bizarre.
Ils firent deux autres tentatives, en vain.
- Quelqu'un va finir par nous surprendre, déclara Dean. J'ai une autre idée, viens...
Ginny se laissa entrainer vers la tour d'astronomie. Ils sortirent sous les étoiles, dans la neige fine qui tourbillonnait lentement sous l'éclat de la lune. Dean s'assit sur le parapet.
- Tu vas tomber ! fit remarquer Ginny.
- Mais non. Viens !
Avec précaution, Ginny s'installa à ses côtés, les pieds dans le vide.
- On aurait dû s'habiller plus chaudement, dit-elle en frissonnant.
- À notre décharge, ce n'était pas ce qu'on avait prévu, répondit Dean en la serrant contre lui, un bras autour de ses épaules.
Ils avaient prévu de passer la soirée dans l'intimité de la Salle sur Demande, loin du tumulte de la salle commune et de la promiscuité des dortoirs. Ginny n'avait pas eu l'intention de franchir une quelconque étape supplémentaire avec Dean ce soir-là, même si elle s'était demandée avec un petit frisson ce qui aurait pu se passer si la Salle sur Demande avait répondu à leurs sollicitations.
- J'ai quelque chose à te dire... commença Dean.
Ginny plongea son regard dans le sien. Ses tremblements n'eurent tout à coup plus grand-chose à voir avec le froid.
- Je t'aime, déclara Dean.
Surprise, Ginny ouvrit la bouche, puis la referma sans rien dire. Aucun garçon ne lui avait encore dit ces mots.
- Tu n'es pas obligée de me le dire aussi, ajouta-t-il précipitamment. J'ai tout mon temps.
Pendant un moment, ils restèrent assis là, silencieux. Le cerveau de Ginny fonctionnait à toute vitesse. Elle aurait voulu lui rendre son je t'aime, mais elle n'y arrivait pas. Absolument pas. Cela la rendit immensément triste.
- Tu ne m'as jamais parlé de ce qui t'étais arrivé pendant ta première année.
Le brusque changement de conversation désarçonna Ginny. Un nombre très restreint de personnes savait ce qui s'était passé avec le journal de Jedusor, mais toute l'école savait que c'était elle, Ginny Weasley, qui avait été enlevée et séquestrée dans la Chambre des Secrets. Ginny se rendit compte qu'elle était tout aussi incapable de s'ouvrir à Dean sur ce sujet.
- Je... je n'aime pas trop en parler, répondit-elle. Il fait vraiment très froid, et si on rentrait ?
Elle avait conscience d'avoir précipité la fin de leur moment d'intimité tant attendu, de l'avoir un peu gâché en se braquant sur tous les niveaux, consciente aussi de la déception lisible sur les traits de Dean. Mais elle ne pouvait tout simplement pas parler de tout ça. Du moment le plus sombre de son existence. Elle n'en avait reparlé qu'une fois, très brièvement, lors de sa quatrième année. À Harry. Lorsqu'il se demandait s'il n'était pas possédé par Voldemort.
Ils gagnèrent sans encombre la tour de Gryffondor et passèrent la soirée avec leurs amis, s'adressant à peine la parole.
Le lendemain matin, Ginny eut à peine le temps de dire au revoir à Dean et au reste de ses amis. Elle devait partir tôt en compagnie de Harry et Ron par poudre de cheminette pour regagner le Terrier en toute sécurité. Ginny n'avait pas non plus eu le loisir d'entendre le récit d'Hermione au sujet de la soirée de Slughorn. Elle l'avait vue rentrer et monter directement se coucher et l'avait aperçue brièvement pour lui souhaiter Joyeux Noël avant de partir. Hermione passait Noël chez ses parents. Ginny aurait adoré qu'elle vienne avec eux au Terrier, mais ses relations avec Ron ne s'étaient toujours pas arrangées. Ron, faisant toujours preuve d'autant de tact, avait longuement embrassé Lavande en guise d'en-revoir sous le nez d'Hermione. Ginny accueillit les vacances avec soulagement. Cette dernière soirée avec Dean lui avait donné l'impression de suffoquer. Sans parler des cours et des devoirs qu'elle était heureuse de mettre sur pause. Elle avait besoin de temps et de distance pour se ressourcer.
Molly, Fred et George les accueillirent devant la cheminée. Heureuse de les retrouver, elle embrassa chacun d'entre eux. Ron et Harry disparurent dans les étages, suivis de Molly et d'une panière de linge propre.
- Alors, quoi de neuf, à Poudlard ? demanda Fred en s'asseyant à table lorsqu'elle eut disparu.
Il attrapa une pomme dans la corbeille de fruits et croqua dedans.
- Oh, pas grand-chose... à part, bien sûr...
Ginny eut un petit rire.
- Quoi ? demanda Fred à brûle-pourpoint.
- Vous êtes sûrs que vous n'avez pas vendu de philtre d'amour à une certaine Lavande Brown, vous deux ? Parce que Ron est clairement tombé dans le chaudron...
- Pardon ? s'exclama George.
- Plaît-il ? renchérit Fred après avoir avalé le morceau de pomme sur lequel il avait failli s'étouffer. Notre Ronald, avec une fille ? Une vraie fille ?
Ginny avait conscience qu'elle venait sûrement d'offrir aux jumeaux leur plus beau cadeau de Noël. Elle se serait peut-être sentie un peu plus coupable que ça à l'idée d'avoir vendu Ron si ce dernier ne l'avait pas lui-même vendu à Fred et George l'été dernier et quasiment insultée de gourgandine quelques semaines plus tôt, sans jamais s'être excusé.
Les jumeaux ne se précipitèrent pas sur Ron lorsque ce dernier redescendit en compagnie de Harry, mais Ginny les connaissait assez pour les soupçonner d'attendre le moment propice avant de dévoiler leur atout.
Ginny passa les premiers jours des vacances à décorer la maison avec profusion. Elle avait désespérément besoin de s'occuper l'esprit pour ne pas penser à sa dernière soirée avec Dean et à la déception qu'elle avait dû lui causer. Malheureusement, elle devait tout de même réfléchir à ce qu'elle pourrait lui offrir pour Noël...
Lorsque vint le soir du réveillon, Ginny fut un peu déçue de ne pas voir Tonks. Après le dîner, les invités se retirèrent dans le living-room. Ginny, Fred et George entamèrent une partie de Bataille explosive tandis que Molly écoutait Celestina Moldubec chanter à la radio en tricotant et augmentant sans cesse le son pour couvrir la voix de Fleur qui discutait à voix haute avec Bill. Arthur était en conciliabule avec Lupin et Harry. Après un dernier verre de lait de poule, Fleur décida de chanter en imitant Celestina et tout le monde, en voyant l'expression de Molly, décida d'aller se coucher. Fleur devant partager sa chambre pour la nuit, Ginny fit semblant de dormir dès qu'elle se fut allongée dans son lit pour échapper à toute discussion.
Le lendemain matin, elle fut réveillée par les poils d'Arnold qui lui chatouillaient le nez. A son grand soulagement, elle constata que Fleur s'était déjà levée. Des chutes de papier cadeau ornaient le pied de son lit. Ginny découvrit ses propres cadeaux au pied du sien. Sa mère lui avait tricoté son traditionnel pull, jaune moutarde et orné cette année d'un Souafle passant à travers un anneau de but. Son père lui avait offert assez de friandises pour renouveler son stock jusque la fin de l'année scolaire, les jumeaux une boîte de Rêve Eveillé (faisant fi de l'interdiction aux moins de seize ans), Bill (et Fleur, même si Ginny doutait qu'elle ait aidé Bill à choisir le cadeau) un T-shirt à l'effigie des Bizzar's Sisters que Ginny avait déjà vu Tonks porter, Charlie un livre sur les Harpies de Holyheads, son équipe favorite, et Dean...
Ginny retint une exclamation en découvrant la magnifique bague d'or et d'argent sertie d'un petit rubis délicat. Ça a dû lui coûter une fortune, songea-t-elle, en repensant un peu honteusement à l'impersonnelle boîte de farces pour sorciers facétieux qu'elle avait envoyée à Dean.
Une courte lettre accompagnait le cadeau :
« En espérant que ça te plaira... J'ai hâte de te revoir, on se retrouve dans la salle commune de Gryffondor dès ton retour ?
Dean. »
Ginny enfila le pull de sa mère et un pantalon de velours rouge assorti à son Souafle. Elle hésita un instant puis laissa la bague de Dean dans son écrin, qu'elle rangea avec la lettre dans le tiroir de sa table de chevet. Le bijou attirerait l'attention de sa famille aussi sûrement qu'un phare dans la nuit, et elle préférait éviter les questions.
Lorsqu'elle descendit pour déjeuner, sa famille ainsi que Harry portaient tous leur pull de Noël. Seule Fleur semblait avoir été « oubliée » par Molly, qui arborait quant à elle un magnifique chapeau bleu nuit parsemé de minuscules étoiles étincelantes en diamant, ainsi qu'un splendide collier d'or.
- C'est Fred et George qui me les ont offerts ! Ils sont magnifiques, non ?
- Tu vois, maman, maintenant que nous lavons nos chaussettes nous-mêmes, nous t'apprécions de plus en plus, fit remarquer George. Un peu de panais, Remus ?
Ginny retint un rire et se tourna vers Harry, qui pour sa part ne portait pas de chapeau mais qui avait orné sa propre tête d'une façon très particulière - et sûrement accidentelle, bien que Ginny fut incapable de dire comment il s'y était pris.
- Harry, tu as un asticot dans les cheveux, dit-elle d'un ton amusé en se penchant par-dessus la table pour le lui enlever.
Elle le jeta par la fenêtre et se leva rapidement les mains avant de se rassoir.
- Oh, mais c'est absolument horrible ! s'exclama Fleur.
- Oui, n'est-ce pas ? fit Ron. Un peu de sauce, Fleur ?
Dans sa hâte de la servir, il renversa la saucière. Ginny leva les yeux au ciel tandis que Bill récupérait la sauce d'un coup de baguette magique pour la renvoyer dans la saucière. Fleur l'embrassa pour le remercier.
- Tu es aussi maladroit que cette Tonks, dit-elle à Ron. C'est fou ce qu'elle peut renverser de...
- J'ai invité notre chère Tonks à venir aujourd'hui, l'interrompit Molly alors que Ginny levait la tête de sa purée de panais d'un air intéressé.
Molly jeta un regard noir à Fleur en posant les carottes sur la table comme si ces dernières l'avaient profondément offusquée.
- Mais elle n'a pas voulu, reprit Molly. Tu lui as parlé, ces temps derniers, Remus ?
- Oh non, je n'ai pas vu grand monde, répondit Lupin. Mais Tonks va dans sa propre famille, non ?
- Mmmmh. Peut-être. J'ai plutôt l'impression qu'elle avait l'intention de passer Noël seule.
Molly regarda Lupin d'un air agacé, comme si elle estimait qu'il n'avait pas personnellement fourni assez d'efforts pour convaincre Tonks d'épouser Bill à la place de Fleur, qui était actuellement en train de faire manger à Bill des morceaux de dinde avec sa propre fourchette.
- Le Patronus de Tonks a changé de forme, indiqua Harry à Lupin. C'est en tout cas ce que prétend Rogue. Je ne savais pas que ça pouvait se produire. Pourquoi un Patronus changerait-il ?
Ginny écouta la réponse de Lupin, intriguée :
- Parfois... un grand choc... un bouleversement émotionnel...
- Il paraissait très grand, avec quatre pattes.
Harry ajouta quelque chose à voix basse que Ginny ne comprit pas, puis Molly se leva soudain de sa chaise, une main pressée contre son cœur, les yeux fixés sur la fenêtre de la cuisine.
- Arthur... C'est Percy !
- Quoi ?
Arthur Weasley se retourna, imité par les autres convives. Ginny se leva à son tour pour mieux voir. Percy traversait bel et bien le jardin enneigé, accompagné d'un homme à l'allure de vieux lion.
- Arthur, il est... il est avec le ministre !
Percy entra par la porte de derrière. Après un silence pesant, il déclara avec raideur :
- Joyeux Noël, maman.
- Oh, Percy ! s'exclama Molly avant de se jeter dans ses bras.
Ginny fronça le nez. Ses yeux allaient de Percy à Rufus Scrimgeour, qui s'était arrêté sur le seuil en souriant.
- Pardonnez cette intrusion, déclara le ministre. Percy et moi étions dans les environs - le travail, vous comprenez - et il n'a pas pu résister à l'envie de vous faire à tous une petite visite.
Ginny haussa un sourcil sceptique. Percy n'avait manifesté aucune attention aux autres Weasley et regardait ailleurs, visiblement mal à l'aise. Ginny aurait mis sa main au feu qu'il n'avait rien à voir dans la décision de venir leur rendre visite et que le ministre mentait effrontément en affirmant le contraire. Mais pourquoi donc tout ce cirque ?
- Asseyez-vous donc, monsieur le ministre ! proposa Molly. Vous prendrez bien un peu de dingue ou un gout de bâteau... je veux dire...
- Non, non, ma chère Molly, répondit Scrimgeour. Je ne veux pas m'imposer, je ne serais même pas venu si Percy n'avait pas eu une telle envie de vous retrouver tous...
- Oh, Perce ! s'exclama Molly en se hissant sur la pointe des pieds pour l'embrasser.
Quelles foutaises, songea Ginny. Elle échangea un regard entendu avec les jumeaux.
- Nous ne resterons pas plus de cinq minutes, je vais aller me promener dehors pendant que vous bavarderez avec Percy. Non, non, je vous assure, je ne veux surtout pas m'imposer ! Si quelqu'un voulait bien me montrer votre charmant jardin... Ah, tiens, je vois que ce jeune homme a fini de manger, pourquoi ne ferait-il pas un petit tour avec moi ?
Ginny comprit alors à quoi rimait toute cette mascarade. « Ce jeune homme » ? Comme si Scrimgeour n'avait pas immédiatement reconnu Harry, comme à peu près tout le monde dans la communauté des sorciers... Elle ignorait ce qu'il lui voulait, mais Ginny n'envisageait rien de bon. Et Percy... il se laissait guider par la main divine du ministère, comme d'habitude. Il n'avait absolument pas changé. Utiliser ainsi les sentiments de leur mère pour que le ministre puisse mieux manipuler Harry... c'était lamentable. Ginny croisa les bras, indignée.
- Oui, d'accord, répondit Harry. C'est très bien, très bien, ajouta-t-il en passant devant Lupin qui se levait à moitié et à Arthur qui s'apprêtait à parler.
- Merveilleux ! s'exclama Scrimgeour. On va simplement marcher un peu dans le jardin et nous repartirons tout de suite, Percy et moi. Continuez comme si je n'étais pas là !
Un silence aussi lourd qu'une chape de plomb s'abattit sur la petite cuisine du Terrier après le départ du ministre et de Harry.
- Assieds-toi, Perce, mange donc quelque chose ! s'exclama alors Molly.
- Non merci, maman, répondit Percy de son habituel ton guindé.
- Perce a sans doute des choses plus importantes à faire que manger, maman, intervint Fred. Des choses moins bassement matérielles, plus nobles et plus dignes de son statut de Lèche-Bottes du ministre !
- Il a peut-être encore été promu, Fred, renchérit George. Qu'est-ce qu'il y a déjà, au-dessus de Lèche Bottes ? Ah, je me souviens, ce ne serait pas Lèche C...
- George ! le réprimanda sèchement Molly.
- Lèche Derrière, m'man, j'allais dire Lèche Derrière ! C'est plus intéressant que les fonds de chaudron, j'espère, Perce ?
Percy demeurait silencieux face aux assauts répétés de ses frères, incapable d'en placer une.
- On t'a déjà donné l'Ordre de Merlin, Perce, où tu te contentes toujours d'un insigne ?
- FRED ! GEORGE ! ÇA SUFFIT ! s'écria Molly.
- Tu as raison, maman, nous n'avons pas accueilli Percy correctement, intervint Ginny.
Elle baissa les yeux vers son assiette vide et, prise d'une inspiration soudaine, haussa les épaules puis plongea la main dans le plat de panais et en retira une grosse poignée qu'elle lança en direction de Percy. Ce dernier se recroquevilla juste à temps et évita de peu le projectile. Molly ouvrit la bouche, outrée, mais aucun son n'en sortit.
- Ah, dommage, je vise mieux que ça d'habitude, fit remarquer Ginny d'un ton dégagé.
- Je crois que tu as juste besoin d'un petit coup de main, Gin', déclara Fred en empoignant à son tour une bonne quantité de panais, qui atteignit Percy en plein visage.
- Tu vois, avec un peu d'entraînement, on finit par y arriver, reprit-il.
- Très bien, je réessaie, répondit Ginny en visant juste, cette fois.
- GINNY ! FRED ! ARRÊTEZ !
Mais George s'était joint à eux et lorsque Percy sortit en trombe de la maison, les lunettes maculées de purée de panais, Ginny ne put s'empêcher de sourire avec un air de satisfaction féroce.
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