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Chapitre 14 - Des mois, des années

Hagrid s'était approché de Harry et lui avait posé une main tremblante sur l'épaule.

— Viens, Harry.

— Non.

— Tu ne peux pas rester ici... Viens, maintenant.

— Non.

Ginny s'arracha à la contemplation du corps sans vie de Dumbledore, une boule dans la gorge, et s'approcha de Harry à son tour.

— Harry, viens.

Elle prit sa main dans la sienne, l'incitant à se relever. Harry se laissa faire. La foule s'écarta sur leur passage alors qu'ils retournaient au château. Des sanglots, des cris, des murmures retentissaient tout autour d'eux. Personne ne comprenait ce qui venait de se produire. Personne ne comprenait comment Dumbledore pouvait être mort. La peur et la détresse se lisait déjà dans certains regards. Dumbledore avait toujours été considéré comme le dernier rempart contre les forces du mal.

— On va à l'infirmerie, déclara Ginny dans le hall d'entrée avant de gravir les marches de l'escalier de marbre.

— Je ne suis pas blessé, répondit Harry.

— Ce sont les ordres de McGonagall. Tout le monde y est, Ron, Hermione, Lupin, tout le monde...

— Ginny, qui d'autre est mort ?

— Ne t'inquiète pas, personne d'entre nous.

— Mais la Marque des Ténèbres... Malefoy a dit qu'il avait enjambé un corps...

— Il a enjambé Bill, mais ça va, il est vivant, dit-elle en déglutissant avec difficulté.

— Tu es sûre ?

— Évidemment... Il est... Il n'est pas en très bon état, c'est tout. Greyback l'a attaqué. Madame Pomfresh dit que... qu'il n'aura plus jamais le même aspect...

Sa voix se mit à trembler.

— Nous ne savons pas exactement quels seront les effets... Je veux dire, Greyback est un loup-garou, mais il n'était pas métamorphosé quand c'est arrivé.

— Et les autres... Il y avait d'autres corps par terre.

— Neville est à l'infirmerie mais Madame Pomfresh pense qu'il sera bientôt rétabli et le professeur Flitwick a été assommé, mais il va bien, il est juste un peu secoué. Il a insisté pour sortir s'occuper des Serdaigle. Et un Mangemort a été abattu par un des sortilèges de mort que l'énorme blond lançait de tous les côtés... Harry, si nous n'avions pas eu ta potion de Felix Felicis, je crois que nous aurions tous été tués, mais les maléfices semblaient passer à côté de nous sans nous atteindre...

Ils étaient arrivés à l'infirmerie. Neville était endormi, le visage nettoyé et apparemment indemne. Ron, Hermione, Luna, Tonks et Lupin étaient rassemblés autour de Bill. Hermione se précipita vers Harry pour le serrer dans ses bras et Lupin s'approcha également, l'air anxieux.

— Ça va, Harry ?

— Très bien... Et Bill ?

Personne ne répondit. L'état de Bill parlait pour lui-même. Le sang avait été nettoyé, les compresses enlevées, mais les lacérations apparaissaient plus nettement que jamais. Mme Pomfresh appliquait désormais un onguent vert à l'odeur âcre sur ses blessures.

— Vous ne pouvez pas le soigner avec un sortilège ou quelque chose comme ça ? demanda Harry.

— Aucun sortilège ne peut agir sur de telles blessures. J'ai essayé tout ce que je connais, mais il n'y a pas de remèdes contre les morsures de loup-garou.

— Il n'a pas été mordu à la pleine lune, dit Ron qui fixait le visage de Bill avec intensité. Greyback ne s'était pas métamorphosé, donc Bill ne deviendra sûrement pas un... un vrai...

Hésitant, il se tourna vers Lupin.

— Non, je ne pense pas que Bill deviendra un vrai loup-garou, acheva Lupin. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y aura pas une certaine contamination. Ce sont des blessures ensorcelées. Il y a peu de chances qu'elles guérissent jamais complètement et... et il se peut que Bill ait désormais certaines caractéristiques du loup.

— Peut-être que Dumbledore connaît un remède qui serait efficace ? dit Ron. Où est-il ? C'est sur son ordre que Bill s'est battu contre ces fous furieux. Dumbledore a une dette envers lui, il ne peut pas le laisser dans cet état...

— Ron... Dumbledore est mort, annonça Ginny.

— Non ! s'exclama Lupin en jetant un regard effaré à Ginny, puis à Harry, avant de s'effondrer sur une chaise à côté du lit, le visage dans les mains.

Ginny n'avait jamais vu Lupin perdre ainsi le contrôle de lui-même.

— Comment est-il mort ? murmura Tonks. Comment est-ce arrivé ?

— Rogue l'a tué, répondit Harry. J'étais là, je l'ai vu. En revenant, nous avons atterri au sommet de la tour d'astronomie, là où se trouvait la Marque... Dumbledore était malade, affaibli, mais je crois qu'il s'est rendu compte que c'était un piège quand on a entendu quelqu'un monter l'escalier en courant. Il m'a immobilisé, je ne pouvais rien faire, j'étais sous la cape d'invisibilité... À ce moment là, Malefoy a poussé la porte et l'a désarmé...

Hermione plaqua la main contre sa bouche et Ron poussa un gémissement. Les lèvres de Luna tremblaient.

— D'autres Mangemorts sont arrivés... Et puis Rogue... C'est Rogue qui l'a tué. Avec l'Avada Kedavra.

Madame Pomfresh fondit en larmes. Ginny, qui avait écouté le récit de Harry avec horreur et stupéfaction en apprenant que Rogue avait tué Dumbledore, tendit soudain l'oreille.

— Chut ! Écoutez !

Un chant s'était élevé, de nulle part et de partout à la fois. Ginny sut immédiatement qu'il s'agissait de Fumseck, le phénix de Dumbledore, qui avait sauvé la vie de Harry le jour où Harry lui avait sauvé sa vie à elle, dans la Chambre des Secrets... Il s'agissait d'un chant déchirant, d'une magnifique lamentation. Le temps sembla soudain s'arrêter. Inexplicablement, un poids quitta la poitrine de Ginny. Soudain, elle fut ramenée au présent par l'arrivée de McGonagall. Ginny, qui n'avait même pas remarqué son absence, eut l'impression de sortir d'un rêve.

— Molly et Arthur arrivent, annonça-t-elle. Harry, que s'est-il passé ? D'après Hagrid, vous étiez avec le professeur Dumbledore lorsqu'il... lorsque cela s'est produit. Il a dit que le professeur Rogue est impliqué d'une certaine...

— Rogue a tué Dumbledore, déclara Harry.

McGonagall vacilla. Madame Pomfresh fit apparaître une chaise qu'elle glissa sous le professeur McGonagall.

— Rogue, répéta McGonagall d'une petite voix en se laissant tomber sur la chaise. Nous nous demandions tous... Mais il a toujours... eu confiance... Rogue... Je n'arrive pas à y croire.

— Rogue était un occlumens de très haut niveau intervint Lupin d'un ton dur. Nous l'avons toujours su.

— Mais Dumbledore jurait qu'il était de notre côté ! murmura Tonks. J'ai toujours pensé qu'il savait sur Rogue quelque chose que nous ignorions.

— Il laissait entendre qu'il avait une raison indiscutable de lui faire confiance, marmonna le professeur McGonagall en se tamponnant les yeux avec un mouchoir. Bien sûr, étant donné l'histoire de Rogue... il était inévitable qu'on se pose des questions... Mais Dumbledore m'a dit explicitement que le repentir de Rogue était absolument sincère... Il ne voulait pas entendre le moindre doute à ce sujet !

— J'aimerais bien savoir ce que Rogue a pu lui raconter pour le convaincre, se demanda Tonks.

— Je le sais, répondit Harry. Rogue a donné à Voldemort l'information qui l'a lancé sur les traces de ma mère et de mon père. Il a ensuite dit à Dumbledore qu'il ne s'était pas rendu compte des conséquences de son acte, qu'il regrettait profondément de l'avoir fait, il regrettait que mes parents soient morts.

— Et Dumbledore a cru ça ? s'étonna Lupin, incrédule. Dumbledore a cru que Rogue regrettait que James soit mort ? Rogue haïssait James...

— Et il se fichait complètement de ma mère, parce qu'elle était d'origine moldue... Il la traitait de Sang-de-Bourbe...

— Tout est de ma faute, déclara soudain le professeur McGonagall. Ma faute. J'ai envoyé Filius chercher Rogue, ce soir, je l'ai envoyé chercher pour qu'il vienne nous aider ! Si je n'avais pas averti Rogue de ce qui se passait, peut-être ne serait-il jamais venu prêter main-forte aux Mangemorts. Je ne pense pas qu'il ait été au courant de leur présence avant que Filius ne le prévienne, il ne savait sans doute pas qu'ils devaient venir.

— Non, ce n'est pas votre faute, Minerva, assura Lupin. Nous voulions tous des renforts, nous étions contents que Rogue nous rejoigne...

— Alors, quand il est arrivé pendant la bataille, il s'est rangé du côté des Mangemorts ? demanda Harry.

— Je ne sais pas exactement ce qui s'est produit, répondit le professeur McGonagall. Tout était si confus... Dumbledore nous avait dit qu'il quitterait l'école pendant quelques heures et il nous a demandé de patrouiller dans les couloirs, au cas où... Remus, Bill et Nymphadora devaient se joindre à nous... Nous avons donc patrouillés. Tout paraissait tranquille. Les passages secrets communiquant avec l'extérieur étais tous surveillés. Nous savions que personne ne pouvait arriver par la voix des airs. Chaque entrée du château était protégée par de puissants enchantements. Je ne sais toujours pas comment les Mangemorts ont fait pour entrer...

— Moi, je le sais, intervint Harry qui leur raconta l'histoire des deux Armoires à Disparaître et du chemin magique qui les reliait entre elles. Ils sont donc arrivés par la Salle sur Demande, conclut-il.

Ron et Hermione paraissaient anéantis.

— J'ai tout fait de travers, avoua Ron. On a suivi tes instructions : on a regardé la carte du Maraudeur et comme Malefoy n'y était pas, on a pensé qu'il devait se trouver dans la Salle sur Demande. Ginny, Neville et moi, on est allés la surveiller... mais Malefoy a réussi à nous échapper.

— Il est sorti de la salle environ une heure après qu'on ait commencé la surveillance, intervint Ginny. Il était seul et il serrait contre lui cette horrible main desséchée...

— La Main de Gloire, précisa Ron. Elle permet à celui qui la tient d'avoir de la lumière quand les autres sont dans le noir, tu te souviens ?

— Il avait dû aller vérifier si la voie était libre avant de laisser sortir les Mangemorts, reprit Ginny. Dès qu'il nous a repérés, il a jeté quelque chose en l'air et tout est devenu d'un noir d'encre...

— La Poudre d'Obscurité Instantanée du Pérou, dit Ron avec amertume. On en trouve chez Fred et George. Je vais leur dire un mot sur la façon dont ils choisissent leurs clients.

— On a tout essayé, Lumos, Incendio, poursuivit Ginny. Pas moyen d'obtenir la moindre lueur. Tout ce qu'on a pu faire, c'est sortir du couloir à tâtons et pendant ce temps-là, on entendait des gens qui passaient en courant à côté de nous. Malefoy, lui, pouvait voir et les guider grâce à cette main mais on n'a pas osé lancer de maléfices pour ne pas risquer de se les envoyer les uns aux autres. Quand on a enfin réussi à atteindre un couloir éclairé, ils avaient disparu.

— Heureusement, continua Lupin, Ron, Ginny et Neville sont presque tout de suite tombés sur nous et ils nous ont raconté ce qui s'était passé. Quelques minutes plus tard, on a trouvé les Mangemorts qui se dirigeaient vers la tour d'astronomie. De toute évidence, Malefoy ne s'était pas attendu à ce qu'il y ait d'autres personnes en faction. En tout cas, il avait épuisé ses réserves de poudre d'Obscurité. Un combat s'est engagé, ils se sont dispersés et nous les avons poursuivis. L'un d'eux, Gibbon, a réussi à s'enfuir dans l'escalier de la tour.

— Pour faire apparaître la Marque ? demanda Harry.

— Sans doute, oui. Ils avaient dû prévoir ça avant de quitter la Salle sur Demande. Mais je pense que Gibbon n'aimait pas trop l'idée d'attendre Dumbledore tout seul au sommet de la tour parce qu'il a très vite redescendu l'escalier pour se lancer à nouveau dans la bataille et il a été touché par un sortilège de mort qui m'a raté de peu.

— Et toi, où étais-tu pendant que les autres surveillaient la Salle sur Demande ? demanda Harry à Hermione.

— Devant le bureau de Rogue. Avec Luna. Nous sommes restées là une éternité et tout était calme... Nous ne savions pas du tout ce qui se passait là-haut, Ron avait emporté la carte du Maraudeur... Il était presque minuit quand le professeur Flitwick a dévalé l'escalier des cachots. Il criait qu'il y avait des Mangemorts dans le château, je ne crois pas qu'il ait remarqué qu'on était là, Luna et moi, il est simplement entré en trombe dans le bureau de Rogue et on l'a entendu lui dire qu'il devait absolument venir les aider, ensuite, il y a eu un bruit de chute et Rogue est sorti en courant de son bureau, il nous a vues et... et...

— Quoi ?

— J'ai été tellement bête, Harry ! Il nous a dit que le professeur Flitwick s'était évanoui et que nous devrions nous occuper de lui pendant que... pendant qu'il allait aider à combattre les Mangemorts...

Elle se couvrit le visage et continua à parler entre ses doigts :

— Nous sommes entrées dans son bureau pour voir si nous pouvions aider le professeur Flitwick et nous l'avons trouvé étendu par terre, inconscient... et... oh, c'est tellement évident, maintenant. Rogue a dû stupéfixer Flitwick, mais on ne s'en est pas rendu compte, on a simplement laissé filer Rogue !

— Ce n'est pas votre faute, assura Lupin. Hermione, si vous n'aviez pas obéi à Rogue, si vous vous étiez mises en travers de son chemin, il vous aurait sans doute tuées, vous et Luna.

— Il est donc monté dans les étages, résuma Harry, et il a très vite découvert l'endroit où se déroulait le combat...

— Nous avions des difficultés, nous étions en train de perdre, expliqua Tonks. Gibbon avait été tué mais les autres Mangemorts semblaient prêts à livrer un combat sans merci. Neville avait été blessé, Bill sauvagement attaqué par Greyback... Il faisait noir... les maléfices volaient en tous sens... Le jeune Malefoy avait disparu, il avait dû réussir à se faufiler et à monter dans la tour... Puis d'autres ont couru à sa suite et l'un d'eux a bloqué derrière lui l'accès à l'escalier, avec je ne sais quel sortilège... Neville a foncé droit dedans et s'est retrouvé projeté en l'air...

— Aucun de nous n'a pu passer, dit Ron, et pendant ce temps-là, cet énorme Mangemort jetait des maléfices de tous les côtés, ils ricochaient sur les murs et nous manquaient de justesse...

— Et puis Rogue est arrivé, poursuivit Tonks, et il a très vite disparu...

— Je l'ai vu courir vers nous, reprit Ginny, mais à ce moment-là, un des sortilèges du gigantesque Mangemort m'a ratée de peu, je me suis baissée et je n'ai plus suivi ce qui se passait.

— Il a foncé droit sur la barrière ensorcelée et l'a traversée comme si elle n'existait pas, raconta Lupin. J'ai essayé de le rattraper, mais j'ai été rejeté en arrière, comme Neville...

— Il devait connaître un antisort que nous ignorions, murmura McGonagall. Après tout, il était professeur de défense contre les forces du Mal... J'ai simplement cru qu'il s'était lancé à la poursuite des Mangemorts qui s'échappaient dans l'escalier de la tour...

— En effet, dit Harry, mais c'était pour les aider, pas pour les arrêter... Et je vous parie qu'il fallait avoir la Marque des Ténèbres sur le bras pour pouvoir traverser cette barrière invisible... Qu'est-ce qui s'est passé quand il est redescendu ?

— Le gros Mangemort venait de jeter un sort qui avait fait s'effondrer la moitié du plafond et avait également détruit le maléfice de la barrière, expliqua Lupin. Nous nous sommes tous précipités dans l'escalier – ceux qui tenaient encore debout – puis Rogue et le jeune Malefoy ont émergé de la poussière et, bien entendu, nous n'avons pas songé à les attaquer...

— On les a laissés passer, dit Tonks. On a pensé qu'ils étaient poursuivis par les Mangemorts... Un instant plus tard, les autres Mangemorts et Greyback étaient revenus se battre contre nous. Il me semble avoir entendu Rogue crier quelque chose, mais je n'ai pas compris quoi...

— Il a crié « C'est fini », dit Harry. Il avait fait ce qu'il avait décidé de faire.

Le silence retomba entre eux, interrompu seulement par le chant lancinant de Fumseck. Puis la porte de l'infirmerie s'ouvrit, faisant sursauter tout le monde au passage : les parents de Ginny entrèrent, suivis de Fleur qui paraissait terrifiée.

— Molly... Arthur... dit McGonagall en se levant d'un bond pour les accueillir. Je suis vraiment navrée...

— Bill, murmura Molly en se précipitant sur son fils. Oh, Bill !

Lupin et Tonks se levèrent aussitôt et s'écartèrent pour que les parents de Ginny puissent s'approcher du lit. Molly se pencha sur son fils et l'embrassa sur son front ensanglanté.

— Vous m'avez dit que c'est Greyback qui l'a attaqué ? demanda Arthur, effaré. Mais il n'était pas métamorphosé ? Alors, qu'est-ce qui va se passer ? Qu'est-ce qui va arriver à Bill ?

— Nous ne le savons pas encore, répondit McGonagall.

— Il y aura sans doute une forme de contamination, Arthur, déclara Lupin. C'est un cas étrange, peut-être unique... Nous ne savons pas ce que sera son comportement quand il se réveillera... Molly s'empara de l'onguent des mains de Madame Pomfresh et l'étala elle-même.

— Et Dumbledore... reprit Arthur. Minerva, est-il vrai qu'il est... Il est véritablement...

McGonagall confirma la nouvelle d'un signe de tête. Ginny, quant à elle, s'était mise à observer Fleur, les yeux plissés. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander quelle serait sa réaction. Le beau visage de Fleur était figé, son regard fixé sur le visage ravagé de son fiancé.

— Dumbledore est mort, murmura Arthur. Molly se mit à pleurer.

— Bien sûr, l'apparence physique ne compte pas beaucoup... Ça n'a pas t... tellement d'importance... Mais c'était un très beau petit g... garçon... il a toujours été très beau... et il devait se marier !

Fleur s'anima soudain.

— Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? s'exclama-t-elle. Qu'est-ce que vous voulez dire par il devait se marier ?

— Eh bien... maintenant...

— Vous pensez que Bill ne voudra plus se marier avec moi ? Vous pensez qu'à cause de ces morsures, il ne m'aimera plus ?

— Non, ce n'est pas ce que...

— Parce qu'il m'aimera toujours ! Il faudrait plus qu'un loup-garou pour empêcher Bill de m'aimer !

— Certainement, j'en suis sûre, mais je pensais que peut-être... étant donné... la façon dont il...

— Vous croyez que je ne voudrais plus me marier avec lui ? Ou c'est peut-être ce que vous espérez ? Qu'est-ce que ça peut me faire, son physique ? Je suis suffisamment belle pour deux, il me semble ! Ces cicatrices montrent simplement que mon mari est courageux ! Et d'ailleurs, c'est moi qui vais m'occuper de lui !

Fleur écarta Molly et lui prit l'onguent des mains. Molly observa Fleur avec une expression très étrange, puis déclara :

— Notre grand-tante Muriel possède un très beau diadème – fabriqué par des gobelins – et je suis sûre que je pourrais la convaincre de vous le prêter pour le mariage. Elle aime beaucoup Bill, et ce diadème vous irait à merveille, avec vos cheveux.

Ginny était soufflée. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle venait d'assister au moment où sa mère avait enfin accepté Fleur comme belle-fille. Ginny devait avouer que la réaction de Fleur était positivement inattendue.

— Merci, répondit Fleur d'un ton raide. Ce sera sûrement ravissant.

Un moment plus tard, Molly et Fleur se mirent à pleurer dans les bras l'une de l'autre. Ginny échangea un regard surpris avec Hermione.

— Tu as vu ! dit alors Tonks en regardant Lupin d'un œil noir. Elle veut toujours l'épouser, même s'il a été mordu ! Elle s'en fiche !

— C'est différent, répondit Lupin comme s'il aurait préféré ne pas avoir cette conversation en public. Bill ne sera pas un loup-garou à part entière. Les deux cas sont très...

— Mais ça m'est égal, complètement égal ! s'écria Tonks avant d'attraper Lupin par le revers de sa robe et de le secouer. Je te l'ai répété un million de fois...

Soudain, la lumière se fit dans l'esprit de Ginny. Elle se rappela la conversation que Harry avait eue avec Lupin au sujet du Patronus de Tonks, à Noël, et la morosité de Tonks se para d'une explication. Elle était amoureuse... amoureuse de Lupin.

— Et moi, je t'ai répété un million de fois que je suis trop vieux pour toi, trop pauvre... trop dangereux... répondit-il sans la regarder.

— Je t'ai dit depuis le début que ton attitude était ridicule, Remus, lança Molly.

Et sa mère le savait, bien sûr.

— Je ne suis pas ridicule, répondit Lupin. Tonks mérite quelqu'un qui soit jeune et sain.

— Mais c'est toi qu'elle veut, objecta Molly en esquissant un sourire. D'ailleurs, Remus, les hommes jeunes et sains ne le restent pas forcément, ajouta-t-elle en désignant Bill.

— Ce n'est pas... le moment d'en parler. Dumbledore est mort...

— Dumbledore aurait été plus heureux que quiconque de penser qu'il y a un peu plus d'amour dans le monde, déclara sèchement McGonagall.

La porte de l'infirmerie s'ouvrit à nouveau et Hagrid entra, secoué de sanglots.

— Je... je l'ai fait, professeur, annonça-t-il. J'ai... j'ai transporté son corps. Le professeur Chourave a envoyé les élèves se coucher. Le professeur Flitwick est allé s'allonger mais il pense qu'il sera très vite remis et le professeur Slughorn m'a dit que le ministère avait été informé.

— Merci, Hagrid. Il faudra que je voie les gens du ministère quand ils seront là. Hagrid, s'il vous plaît, dites aux directeurs de maison – Slughorn peut représenter Serpentard – que je veux tout de suite les rencontrer dans mon bureau. J'aimerais que vous soyez là aussi.

Hagrid acquiesça et quitta l'infirmerie. McGonagall se tourna vers Harry :

— Avant cette réunion, je voudrais vous dire rapidement un mot, Harry. Si vous voulez bien venir avec moi...

— À tout à l'heure, murmura Harry avant de sortir avec McGonagall.

Ginny le regarda partir.

— Vous devriez aller vous coucher, tous les quatre, fit Molly à l'attention de Ron, Hermione, Ginny et Luna.

Ginny était exténuée. Elle se rappela le moment où le Gallion avait chauffé, alors qu'elle s'était étendue sur son lit après une journée de cours et de révisions épuisante qui lui paraissait désormais à des années-lumière.

Ginny, Hermione, Ron et Luna dirent au revoir à tout le monde. Luna les quitta dans le couloir pour rejoindre la tour des Serdaigle, et Ginny, Ron et Hermione retournèrent dans la tour de Gryffondor. Lorsqu'ils donnèrent le mot de passe, la Grosse Dame sembla sur le point de leur poser une question, mais ils entrèrent avant qu'elle ne puisse le faire. La salle commune était bondée. Les conversations se turent et toutes les têtes se tournèrent vers eux alors qu'ils traversaient la salle. Ron monta dans le dortoir des garçons, et Hermione et Ginny dans celui des filles. Aucun d'entre eux n'avait plus le courage de discuter. Ginny aurait voulu attendre le retour de Harry, mais elle n'avait pas la force d'affronter les questions de ses camarades et elle ignorait combien de temps elle devrait l'attendre. Lorsque Ginny entra dans son dortoir, elle trouva Sally et Lucy en train de discuter sur le lit de Sally, vêtues de leur pyjama. Elles observèrent Ginny avec des yeux ronds. Ginny croisa alors pour la première fois son reflet dans un miroir : elle avait les cheveux et le visage couverts de poussière, des égratignures et des coupures partout, une lèvre fendillée. Il lui restait encore un peu de sang sous les ongles.

— Tu vas bien ? s'inquiéta Sally.

— Je... Non, répondit Ginny.

Elle enleva sa robe.

— Mon frère Bill... il a été attaqué... par Greyback.

Lucy se tendit aussitôt comme un ressort.

— Par Greyback ? murmura-t-elle. Est-ce qu'il est...

— Non. Mais il est complètement défiguré et... on ne sait pas trop ce qui va lui arriver...

Elle se laissa tomber sur son lit. Elle aurait voulu se retrouver seule avec Harry, s'allonger, dormir dans ses bras...

Sally et Lucy se levèrent aussitôt pour aller la serrer contre elles. Alors Ginny s'autorisa à pleurer.

Au-dehors, le phénix avait cessé de chanter.

Le lendemain, on annonça que les cours étaient suspendus et les examens repoussés. Des parents d'élèves apparurent dès la première heure pour retirer leurs enfants de l'école : les sœurs Patil n'eurent pas le temps de prendre leur petit-déjeuner, le père de Zacharias Smith, un homme à l'air hautain, quitta le château avec son fils. Seamus Finnigan se disputa dans le hall d'entrée avec sa mère, refusant catégoriquement de repartir avant l'enterrement de Dumbledore. Lucy reçut une lettre de sa mère qui lui demandait si elle voulait rentrer chez elle tout de suite, mais Lucy lui répondit qu'elle devait rester pour les BUSE. Des sorciers et sorcières affluèrent à Pré-au-Lard pour y résider en attendant l'enterrement. Le carrosse de Beauxbâtons et une délégation du ministère, y compris le ministre lui-même, furent accueillis à Poudlard la veille de l'enterrement.

Ginny ne quittait plus Harry, Ron et Hermione. Depuis la mort de Dumbledore, elle avait l'impression qu'un sablier venait d'être retourné et que les beaux jours étaient désormais comptés. Ses amis de cinquième année ne lui en voulaient pas. Ils avaient évité de poser trop de questions pour la ménager, mais ils savaient qu'elle avait combattu les Mangemorts et que son frère avait été attaqué.

Neville était sorti de l'infirmerie, mais ils rendirent visite à Bill deux fois par jour. Ce dernier avait développé un goût très prononcé pour la viande saignante, ce qui réjouissait Fleur car d'après elle, « les British font trop cuire leur viande » (elle l'avait toujours dit).

La veille de l'enterrement, dans la salle commune, alors que Ginny regardait le soleil se coucher à travers la fenêtre de la salle Commune, elle songeait encore au comportement de Fleur. Elle devait avouer qu'elle ne s'était pas attendue à ce que la jeune femme prenne aussi bien le nouvel état de Bill.

— Il faudra bien que j'accepte l'idée qu'il va vraiment l'épouser, soupira-t-elle.

— Elle n'est pas si mauvaise, dit Harry. Mais pas très jolie, ajouta-t-il précipitamment en voyant Ginny hausser les sourcils.

À contrecœur, elle laissa échapper un rire.

— J'imagine que si maman arrive à la supporter, j'y arriverai aussi.

— D'autres gens qu'on connaît sont morts ? demanda brusquement Ron à Hermione qui lisait La Gazette du sorcier.

— Non, répondit Hermione d'un ton réprobateur en repliant le journal. Ils continuent de chercher Rogue, mais ils n'ont aucune piste.

— Bien sûr que non, dit Harry qui se mettait en colère dès que ce sujet était abordé. Ils ne trouveront pas Rogue tant qu'ils n'auront pas trouvé Voldemort et, comme ils n'y sont jamais parvenus depuis tout ce temps...

— Je vais me coucher, annonça Ginny en baillant. Je n'ai pas très bien dormi depuis... enfin... un peu de sommeil ne me fera pas de mal.

Elle embrassa Harry (Ron prit soin de regarder ailleurs) et se dirigea vers le dortoir des filles.

Le lendemain matin, pendant le petit-déjeuner, il régna une ambiance de mort dans la Grande Salle. Les examens avaient finalement été purement et simplement annulés pour tous les élèves qui ne passaient ni les BUSE ni les ASPIC. Le Poudlard Express viendrait chercher ces élèves-là une heure après l'enterrement. Le ministre s'était assis à la place de Rogue, et Ginny eut l'immense déplaisir de découvrir Percy à ses côtés. La chaise de Dumbledore était restée vide.

Lorsque le professeur McGonagall se leva, Ginny donna un léger coup de coude à Harry, perdu dans ses pensées.

— L'heure est presque arrivée, dit-elle. Veuillez suivre s'il vous plaît vos directeurs de maison dans le parc. Les Gryffondor, regroupez-vous derrière moi.

Dans un silence presque total, les élèves se levèrent et sortirent du château dans un ordre aussi parfait que rare. Slughorn avait pris la place de Rogue à la tête des Serpentard.

Ils sortirent sous un ciel magnifique et prirent la direction du lac, sur les rives duquel des centaines de chaises avaient été alignées, séparées par une allée au bout de laquelle se trouvait une table de marbre. De nombreux sorciers et sorcières étaient déjà installés, dont certains membres de l'Ordre du Phénix. Ginny repéra ses parents, Bill soutenu par Fleur, ainsi que Fred et George. Tonks et Lupin se tenaient par la main, ce qui fit sourire Ginny malgré les circonstances. Ginny, Harry, Ron et Hermione s'installèrent au bout d'une rangée, près du lac. Non loin d'eux, Luna aida Neville à s'assoir. Ginny sentit Harry se tendre à côté d'elle lorsqu'il aperçut Rita Skeeter, un bloc-notes à la main, et plus encore lorsque Dolores Ombrage fit son apparition.

Une musique telle que Ginny n'en n'avait jamais entendue, presque inquiétante, s'éleva alors. Elle distingua alors sous la surface du lac des êtres de l'eau qui chantaient dans une langue inconnue.

— Là-bas, murmura Ginny à Harry qui cherchait l'origine de cette étrange musique. Puis elle entendit des pas et se retourna. Hagrid avançait dans l'allée, portant le corps de Dumbledore enveloppé de velours dans ses bras. Elle donna un nouveau coup de coude à Harry, qui se retourna à son tour.

Ginny ne s'était pas attendue à ce que cette vision d'Hagrid qui pleurait en silence sur le corps du sorcier qu'il avait le plus estimé au monde la bouleverse autant. Elle sentit les larmes lui brouiller la vue et ne chercha pas à les arrêter. Hermione pleurait aussi. Hagrid déposa le corps de Dumbledore sur la table de marbre et alla s'assoir au dernier rang, près de Graup que Ginny découvrait ainsi pour la première fois.

Le chant des êtres de l'eau s'était tu. Un petit homme se mit à déclamer un discours que Ginny écouta à peine. Elle sursauta lorsque, à la fin du discours, le corps de Dumbledore s'embrasa de flammes blanches qui se métamorphosèrent en tombe immaculée. Elle sursauta une nouvelle fois lorsqu'une pluie de flèches tirées par les centaures qu'elles n'avaient pas vu apparaître à la lisière de la forêt retomba loin de la foule.

Les centaures se retirèrent et disparurent. Les êtres de l'eau firent de même. Inexplicablement, Ginny repensa au moment où elle avait regardé Harry quitter l'infirmerie, deux jours plus tôt, et le terrible pressentiment qui la tenaillait depuis la mort de Dumbledore déferla sur elle : les beaux jours, en effet, étaient comptés.

Elle se tourna vers Harry, plongea son regard dans le sien. Elle ne pleurait plus. Mais elle savait. Elle savait qu'il allait la quitter, qu'il allait partir...

Autour d'eux, les gens commencèrent à se lever. Ginny ne leur prêta aucune attention. Elle attendait que Harry lui annonce l'inévitable.

— Ginny, écoute, murmura-t-il. Je ne peux plus rester avec toi. Nous devons cesser de nous voir. Nous ne pouvons plus continuer ensemble.

Elle ne put s'empêcher de sourire, un sourire qui se transforma presque en grimace. Après toutes ces années à espérer, elle avait enfin gagné le cœur de Harry, et chaque jour elle s'était étonnée un peu plus de voir à quel point ils se comprenaient, à quel point ils étaient bien ensemble... Ils avaient vécu deux mois de pur bonheur, et après deux petits mois seulement, elle devait y renoncer.

— J'imagine que c'est pour de nobles et stupides raisons ? dit-elle.

— Ces dernières semaines avec toi, c'était comme... comme si j'avais vécu la vie de quelqu'un d'autre. Mais je ne peux pas... Nous ne pouvons pas... Il y a des choses que je dois faire seul maintenant. Voldemort se sert des proches de ses ennemis. Il t'a déjà utilisée comme appât par le passé, parce que tu es la sœur de mon meilleur ami. Songe aux dangers encore plus grands que tu devrais affronter si nous continuons. Il l'apprendra, il te trouvera. Il essaiera de m'atteindre à travers toi.

— Et si je m'en fiche ? répliqua Ginny d'un ton féroce.

Elle avait envie de hurler qu'elle se fichait du danger, qu'elle voulait rester avec lui, mais elle savait à quel point c'était déraisonnable. Tous ces « cours » avec Dumbledore, cette mission secrète que Harry avait menée avec lui le soir de sa mort : Ginny n'était pas idiote. Elle savait que cette mission concernait Voldemort, et qu'elle était loin d'être terminée.

— Moi, je ne m'en fiche pas, répondit Harry. À ton avis, qu'est-ce que je ressentirais si c'était ton enterrement qui venait d'avoir lieu... et que j'en sois responsable...

Ginny tourna la tête vers le lac. Elle ne pouvait plus soutenir son regard pour ce qu'elle avait à dire :

— Je n'ai jamais vraiment renoncé à toi. Pas vraiment. J'espérais toujours... Hermione m'a conseillé de vivre ma vie, peut-être de sortir avec d'autres garçons, de me détendre un peu en ta présence parce que je n'arrivais plus à dire un mot quand tu étais dans la même pièce, tu te souviens ? Elle pensait que tu me remarquerais peut-être davantage si j'étais un peu plus... moi-même.

— Une fille intelligente, cette Hermione. Je regrette simplement de ne pas t'avoir demandé plus tôt de sortir avec moi. Nous aurions eu beaucoup plus de temps... des mois... des années peut-être...

— Mais tu étais trop occupé à sauver le monde des sorciers, répondit Ginny en riant à moitié. Bah... Je ne peux pas prétendre que je sois surprise. Je savais que ça finirait de cette façon. Je savais que tu ne serais jamais heureux si tu ne te lançais pas à la poursuite de Voldemort. C'est peut-être ce qui me plait tant, chez toi.

Elle aurait voulu lui prendre la main. L'embrasser une dernière fois. Elle ne put que le regarder se lever, lui tourner le dos et s'éloigner.

Alors seulement, elle se mit à pleurer. Son cœur lui faisait mal, physiquement mal, comme s'il se brisait vraiment. Elle renifla bruyamment et se leva avant que Ron et Hermione qui sanglotaient dans les bras l'un de l'autre ait eu le temps de lui demander quoi que ce soit.

Une main l'attrapa par le bras. Ginny s'essuya les yeux d'un geste vif et, à sa grande surprise, découvrit Colin.

— Je suis désolé, je ne voulais pas écouter... Il t'a quittée, pas vrai ? demanda-t-il d'une voix très douce.

Ginny hocha la tête.

— Tiens... je voulais te donner ça depuis un moment, mais avec tout ce qui s'est passé...

Il lui tendit une photo.

Elle devait avoir été prise pendant la fête, le jour de la finale, car elle portait sa robe de Quidditch. Elle était assise dans le canapé avec Harry, qui l'embrassait sur la joue pendant qu'elle riait aux éclats. Ginny fourra la photo dans sa poche.

— Merci, Colin.

Elle s'éloigna. Étrangement, voir cette photo l'avait calmée. Elle ne pleurait plus.

Un peu plus loin, elle aperçut Sally et Lucy dans la file d'élèves qui remontait au château et les rejoignit.

— Est-ce que ça va ? demanda Lucy en scrutant ses yeux rougis.

Ginny se força à sourire.

— Oui.

— Vous y croyez, vous ? fit Sally. Devoir partir une semaine après tout le monde pour passer les BUSE, dans ces conditions ? Ils n'auraient pas pu tout annuler et nous accorder gracieusement à tous de bonnes notes ?

— Voilà qui serait bien trop facile, répondit Ginny en passant son bras autour du sien.

— Tout va changer l'année prochaine, hein ? demanda Lucy, une inquiétude dans la voix.

— Sans doute, estima Ginny en prenant également le bras de Lucy. Mais on survivra.



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