Chapitre 8 - Noël au Terrier
Ginny décida de rendre visite à Harry à l'infirmerie dans l'après-midi. Ne voulant pas venir les mains vides, elle réfléchit à ce qu'elle pouvait lui apporter. Elle opta pour une carte de vœux faite main mais renonça à écrire quoi que ce soit de personnel à l'intérieur, le souvenir de son poème ridicule de la St Valentin de l'année précédente étant encore bien trop cuisant.
Elle ne put s'empêcher de grimacer en voyant le résultat. Elle n'avait vraiment aucune fibre artistique... Elle essaya d'égayer la carte en lui jetant un sort qui lui faisait chanter ses vœux de bon rétablissement, mais là encore, le résultat ne fut guère concluant. Elle se résigna à la lui offrir, se disant que c'est l'intention qui compte.
Harry était étendu sur son lit, l'air au fond du gouffre. Les débris de son Nimbus 2000 gisaient à proximité. Ron et Hermione se trouvaient à son chevet. Elle s'approcha timidement, les joues en feu. Toute trace de son audace retrouvée venait de la déserter.
— Salut, dit-elle d'une petite voix.
— Salut, répondit Harry.
Le pauvre... Il avait l'air vraiment déprimé. Elle aurait voulu trouver les mots pour le réconforter, mais elle arrivait à peine à parler.
— Je... je t'ai apporté ça.
Elle lui tendit la carte.
— Merci...
Harry s'en empara et l'ouvrit. La carte se mit à chanter d'une voix criarde. Harry la referma aussitôt, mais la voix continua de chanter, étouffée. Ron et Hermione grimacèrent. Rouge de honte, Ginny balbutia :
— Je... euh... repose-toi bien.
Puis elle tourna les talons.
Elle courut presque jusque sa salle commune, mortifiée. Une fois dans son dortoir, elle se laissa tomber face la première dans son oreiller et poussa un long grognement étouffé.
— Tout va bien, Gin' ? demanda Sally, la bouche pleine de bonbons qu'elle grignotait en lisant Sorcière Hebdo, assise sur son lit.
— Nickel, marmonna Ginny dans son oreiller.
Harry quitta l'infirmerie à la fin du week-end. Le lundi matin, Malefoy avait enlevé son écharpe, sans doute pour mieux pouvoir se servir de ses deux bras pour imiter la chute de Harry. Les Serpentard étaient très heureux de la défaite de Gryffondor. Allison Blake n'en finissait pas de s'en gargariser.
— À l'entendre, on dirait que c'est elle qui a attrapé le Vif d'Or à la place de Diggory ! railla Sally.
Allison se montra un peu moins sûre d'elle à la fin du mois de novembre, toutefois. Serdaigle écrasa Poufsouffle lors de leur rencontre, ce qui signifiait que Gryffondor pouvait encore remonter la pente.
En décembre, le château se para d'un éclat givré. Les élèves de troisième année et au-delà étaient impatients de profiter de la sortie à Pré-au-Lard prévue le dernier jour avant le départ du Poudlard Express pour les vacances de Noël. Cette fois, Ginny les passerait au Terrier avec les jumeaux et Percy. Bill et Charlie étaient censés venir, eux aussi. Quant à Ron, il avait décidé de passer Noël à Poudlard. Il prétendait que c'était pour rester loin de Percy, mais Ginny se doutait qu'il voulait simplement tenir compagnie à Harry. Hermione avait décidé de rester, elle aussi. Ginny ne doutait pas que ses parents avaient longuement débattu la question d'inviter Harry ou non chez eux. Mais quelqu'un – Fudge ou Dumbledore – avait dû décréter qu'il serait mieux protégé à l'école. Peut-être voulaient-ils aussi éviter aux Weasley de prendre des risques en attirant Black chez eux...
Le dernier soir avant le départ, Fred et George décidèrent de se lancer dans une bataille de Bombabouses dans la salle commune pour fêter la fin du trimestre, vidant ainsi le stock qu'ils venaient d'acheter chez Zonko dans la journée. Percy tenta de les en empêcher, mais ne parvint pour sa peine qu'à récolter une Bombabouse en pleine tête. Ginny passa une si bonne soirée qu'elle regretta presque de devoir rentrer chez elle le lendemain.
Elle ne revit pas Harry avant de partir et ne put s'empêcher d'en éprouver une pointe de déception, qu'elle oublia bien vite cependant alors qu'elle voyageait dans la bonne humeur avec Sally, Lucy et Neil.
Leurs parents vinrent les accueillir à la gare. Molly se précipita vers ses enfants pour les serrer à les étouffer chacun leur tour. Elle avait dû se ronger les sangs après l'histoire de l'agression de la Grosse Dame...
— Comment on rentre à la maison ? demanda Ginny.
Elle doutait que le Ministère leur ait envoyé des voitures alors que Harry n'était pas là, cette fois...
— On va prendre le Magicobus ! annonça joyeusement Arthur.
— Ouais ! s'exclamèrent les jumeaux.
Molly grimaça. Elle détestait ce moyen de transport.
Ils quittèrent la gare et appelèrent le Magicobus. D'autres sorciers accompagnés de leur progéniture de retour de Poudlard grimpèrent derrière eux.
— Le premier qui vomit a perdu ! s'écrièrent les jumeaux avant de s'engouffrer dans l'immense véhicule violet.
Ils laissèrent leurs bagages au rez-de-chaussée et se précipitèrent à l'impériale supérieure. Molly estima préférable de les suivre. Fred et George s'étaient jetés dans les meilleurs fauteuils, des modèles en cuir moelleux semblables à ceux qu'on pouvait trouver dans un salon et qui trônaient dans la vaste allée centrale. Tous étaient dépareillés. Ginny les rejoignit tandis que Percy et ses parents s'installaient sagement sur des fauteuils de bus moldus ordinaires équipés de barres de sécurité auxquelles se raccrocher. Quand le Magicobus démarra, passant de zéro à deux cents kilomètres heure en une seconde, les fauteuils dans lesquels étaient assis Ginny et les jumeaux glissèrent brusquement le long du couloir.
— Youhouuuu ! s'exclama Fred.
Ginny éclata de rire.
Les fauteuils glissèrent et bondirent allègrement tout au long du trajet chaotique du Magicobus, puis lorsqu'il fut temps de débarquer, George alla vomir dans un buisson.
— Petite nature, se moqua Fred.
— La ferme ! répliqua George, le teint verdâtre.
Molly soupira de soulagement, livide elle aussi.
Ginny fut ravie de retrouver sa chambre. Elle était heureuse de s'être liée d'amitié avec deux de ses trois colocataires à l'école, mais elle appréciait également son intimité retrouvée.
Les premiers jours, Percy disparut à nouveau dans sa chambre.
— Je me demande franchement ce que tu peux bien avoir à raconter à Pénélope, railla George alors qu'il venait de daigner descendre dîner.
— « Chère Penny, singea Fred d'un ton pompeux. Aujourd'hui, j'ai astiqué mon insigne pour la quarante-douzième fois. Je ne m'arrêterai pas avant d'atteindre mon objectif ultime : m'y refléter suffisamment pour pouvoir m'épiler le menton devant. »
Ginny avala son pudding de travers.
— Ce n'est pas à Pénélope que j'écris, figure-toi, répliqua Percy d'un air hautain. Je suis en train de rédiger mes candidatures pour entrer au Ministère cet été.
— Pourquoi faire ? grimaça George. Demande à papa, il te trouvera bien une place derrière un bureau poussiéreux à côté de celui de Perkins, si tu y tiens tant que ça.
— J'ai l'intention de faire les choses par moi-même.
— Ouais, dis plutôt que le département de papa n'est pas assez bien pour toi...
Percy détourna le regard.
— Ce n'est pas la question...
Mais Ginny savait que Fred avait visé juste. Percy n'avait pas l'intention de se limiter au Service de détournement de l'artisanat moldu. Parfois, elle se demandait si Percy avait honte de la position de leur père au Ministère et où se trouvaient les limites de son ambition.
Bill et Charlie arrivèrent la veille de Noël et restèrent jusqu'au réveillon du Nouvel An. Ils passèrent leurs journées à faire des batailles de boules de neige et leurs soirées à faire des jeux de société devant le feu de cheminée en buvant des chocolats chauds et en mangeant des biscuits à la cannelle.
Juste avant qu'ils repartent, Ginny se décida à parler à Charlie en tête à tête.
— Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogea son frère, intrigué par sa mine embarrassée.
— Tu t'y connais un peu, en Détraqueurs ?
— Moins bien qu'en dragons, mais oui, un peu... Pourquoi cette question ?
— C'est juste que... ils en ont mis tout autour de l'école, et ils sont venus dans le train et pendant le match de Quidditch, et... je me demandais... pourquoi ils affectent certaines personnes plus que d'autres ?
Charlie considéra sa petite sœur d'un air sérieux.
— Tu parles de toi ?
Ginny baissa les yeux d'un air coupable.
— Pas seulement moi...
Charlie poussa un profond soupir.
— Est-ce que tu vois ou entends des choses ? Des choses qui se seraient passées l'année dernière, par exemple ?
Ginny garda les yeux rivés sur ses chaussures.
— Les Détraqueurs font revivre aux gens leurs pires souvenirs. Et ce que tu as vécu l'année dernière... Peu de gens de ton âge ont des souvenirs pareils. Tu n'as pas à avoir honte d'être plus sensible aux Détraqueurs que les autres.
Elle comprenait mieux, maintenant. Pourquoi Harry et elle étaient aussi affectés. Harry avait encore plus d'horreurs dans son passé qu'elle. Et Neville... elle ne connaissait pas grand-chose du sien, mais il devait aussi y avoir quelque chose.
— Merci, Charlie.
Son frère la serra dans ses bras.
Lorsqu'il la relâcha, Ginny se sentait beaucoup plus légère.
Bonjour ! Cette fois, le chapitre de Noël ne tombe pas à la période de Noël, mais bon, avouez que vous êtes plutôt contents que je n'ai pas attendu décembre 2024 pour le poster ! 😬
J'espère que ce chapitre vous a plu, bien qu'il soit plutôt court ! Je me suis bien amusée avec la scène du Magicobus, mais ce qui est intéressant, c'est surtout la petite conversation avec Percy qui présage des évènements des tomes suivants, et aussi cette conversation entre Ginny et Charlie que j'aime beaucoup. J'essaie de placer des scènes significatives entre Ginny et ses frères dès que possible, notamment avec Bill et Charlie que l'on voit peu dans la saga ! On a aussi droit à la narration détaillée de la visite de Ginny à Harry, mais disons que Ginny n'y brille pas par sa volubilité, la pauvre 😬
On se retrouve dimanche prochain pour le chapitre suivant !
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