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Chapitre 4 - Le Détraqueur

Dans la soirée, les jumeaux volèrent à nouveau l'insigne de Percy. Cette fois, ils le modifièrent pour lui faire dire « Roquet-en-chef ». Percy, qui l'avait laissé sur sa table de chevet après l'avoir astiqué lorsqu'il s'était changé avant le dîner, accusa Ron de l'avoir déplacé avant de comprendre que les jumeaux étaient encore dans le coup. George le remit à sa place comme si de rien n'était pendant que Percy confrontait Fred, qui pointa sa table de chevet du doigt en l'insultant de taupe idiote. Percy ne remarqua pas tout de suite le changement d'intitulé sur l'indigne, mais lorsqu'il s'en rendit compte, il piqua une nouvelle colère. Molly enguirlanda les jumeaux une nouvelle fois.

Le lendemain matin, Percy accusa cette fois Ron d'avoir renversé du thé sur la photo de Pénélope. Depuis la table du petit-déjeuner, Molly entendit la dispute à l'étage et demanda, confuse :

— Pourquoi Percy a-t-il une photo de cette Pénélope ?

— Parce que c'est sa petite-amie, révéla Ginny.

Elle ne voyait pas l'utilité de tourner autour du pot. Sa mère n'était pas idiote, elle aurait fini par comprendre toute seule, de toute façon. Et puis, à part Hermione, qui était déjà au courant, elles étaient seules à table toutes les trois.

— Oh ! Mais c'est merveilleux ! Mon petit Percy !

— Évite de faire ce genre de réflexion devant Fred et George, Maman, grimaça Ginny. Ils se moquent assez de lui comme ça... Ils n'arrêtent pas de dire que la seule façon pour qu'une fille ait voulu de lui, c'est parce qu'il a utilisé un philtre d'amour...

— Oh, j'ai vu cette fille hier, et je peux t'assurer que ce n'est pas comme ça qu'une personne agit quand elle est sous l'emprise d'un philtre d'amour...

— Tu as l'air bien au courant, fit remarquer Ginny en haussant un sourcil.

Molly se mit à rougir.

— Il se peut que j'aie moi-même fabriqué un philtre d'amour, quand j'étais plus jeune...

— Quoi ? s'esclaffa Ginny. Ne me dis pas que tu as utilisé ça sur papa !

— Bien sûr que non ! C'était avant ton père. J'avais quatorze ans, et j'avais le béguin pour ce garçon...

Ginny et Hermione se penchèrent pour l'écouter avec avidité. Arthur entra dans la salle à ce moment-là et s'installa à leurs côtés, l'exemplaire de La Gazette du jour dans les mains. Il était tellement plongé dans sa lecture, l'air sérieux et les sourcils froncés, qu'il ne réagit même pas à la suite de l'histoire :

— C'était un garçon très populaire, et évidemment, toutes les filles avaient un faible pour lui. Je n'échappais pas à la règle. J'ai eu l'idée stupide de lui envoyer des friandises qui contenaient un philtre d'amour pour la St Valentin...

Ginny se mit à rougir. Apparemment, les idées stupides pour la St Valentin, ça se transmettait de mère en fille...

— Sauf que beaucoup de filles ont eu la même idée que moi. Le jour de la St Valentin, il s'est retrouvé accablé de friandises piégées...

— Il en a mangé une ? demanda Hermione, amusée.

— Oui. Mais pas la mienne. Ce qui était un soulagement, à vrai dire, car la façon dont il s'est mis à se comporter avec cette fille était si ridicule que même elle s'en est trouvée couverte de honte. Moralité de l'histoire : ne faites pas ça, les filles. C'est très idiot. Et ce n'est pas de l'amour.

— Bien sûr, se reprit Hermione d'un air plus sérieux.

Mais elle échangea un sourire amusé avec Ginny.

Harry, Ron puis Percy et les jumeaux descendirent pour petit-déjeuner, ce qui mit fin à la conversation. Ron, qui semblait de méchante humeur, regardait Percy d'un œil noir. Percy, lui, fusillait du regard la fois Ron et les jumeaux.

Après le déjeuner, le branle-bas de combat du départ commença. Puis ils attendirent les voitures du ministère devant le Chaudron Baveur, leurs bagages entassés à côté d'eux. Hermione s'efforçait d'apaiser Pattenrond qui crachait dans son panier.

— Du calme, Pattenrond, je te laisserai sortir quand on sera dans le train.

— Certainement pas, trancha Ron. Tu oublies ce pauvre Croûtard !

Il montra le renflement de sa poche. Ginny avait remarqué que le rat ne semblait pas au mieux de sa forme, depuis quelque temps. Il avait commencé à décliner pendant leurs vacances en Égypte. Un coup de chaud, peut-être... La présence du chat n'arrangerait sans doute pas les choses.

Les voitures apparurent à l'angle de la rue.

— Elles sont là, dit Arthur. Viens, Harry.

Il l'accompagna jusqu'à la première voiture et le fit entrer à l'arrière avec Ron, Hermione et Percy. Arthur s'installa à côté du conducteur, un sorcier vêtu d'un uniforme émeraude. Ginny entra dans la seconde voiture avec Molly et les jumeaux, que leur mère avait trouvé préférable de séparer de Percy.

Ils arrivèrent en avance à la gare. Arthur annonça qu'ils franchiraient la barrière deux par deux puis passa en premier avec Harry. Ce fut ensuite au tour de Percy et Ginny.

— Ah, voilà Pénélope ! s'exclama Percy en lissant ses cheveux.

Il s'avança vers elle d'un pas conquérant, le torse bombé. Ginny échangea un regard avec Harry et tous deux se détournèrent pour ne pas éclater de rire.

Ils furent rejoints par le reste de la famille et partirent à la recherche d'un wagon vide. Ils chargèrent les valises à l'intérieur puis redescendirent pour dire au revoir à Arthur et Molly.

— Fais bien attention à toi, dit cette dernière à Harry après l'avoir serré contre elle. Je vous ai préparé des sandwiches. Tiens, pour toi, Ron. Ne t'inquiète pas, je n'ai pas mis de corned beef... Fred, où es-tu ? Ah, te voilà...

Pendant que Molly distribuait les sandwiches, Arthur prit Harry à part pour lui parler en tête à tête. Ginny les regarda s'éloigner, intriguée. Puis son attention fut ramenée vers sa mère qui lui tendait son sandwich. Percy laissa Pénélope monter dans le train lorsque sa mère l'appela.

— Bon, c'est bientôt l'heure. Allez-y !

Molly les fit monter dans le train. Percy, Fred et George disparurent aussitôt dans le couloir, mais Ron et Hermione attendirent Harry devant la porte. Ginny resta avec eux.

— Arthur ! héla Molly. Arthur, qu'est-ce que tu fais ? Il faut y aller !

Lorsque le premier coup de sifflet annonçant le départ imminent du train retentit, Harry n'était toujours pas là. Ginny fronça les sourcils. Qu'est-ce que son père avait de si important à lui raconter ?

— Arthur, vite ! les pressa Molly.

Le train s'ébranla. Ron ouvrit la portière, et Harry courut jusqu'à eux pour sauter à l'intérieur. Ils se penchèrent à la fenêtre pour faire des signes de la main à Arthur et Molly jusqu'à ce qu'ils disparaissent de leur vue. Ginny était sur un petit nuage. Elle songeait encore au bref moment de complicité qu'elle avait eu avec Harry sur le quai.

— Il faut que je vous parle en tête à tête, murmura ce dernier à Ron et Hermione.

— Va-t'en, Ginny, ordonna Ron.

— Merci, c'est gentil, rétorqua-t-elle, vexée.

Elle s'éloigna d'un pas raide et digne. Elle était bien vite tombée de son nuage. Mais qu'imaginait-elle ? Qu'elle allait pouvoir s'incruster dans le groupe que formaient Harry, Ron et Hermione ?

Elle passa devant le compartiment où se trouvait Fred, George et leur ami Lee Jordan et hésita à les rejoindre, mais se ravisa aussitôt en constatant qu'il était plein et que les trois autres occupants n'étaient autres que Drago Malefoy et ses deux acolytes, Vincent Crabbe et Gregory Goyle.

Elle ne pouvait pas non plus coller les jumeaux, de toute façon.

Il était temps pour elle de se faire ses propres amis.

Prenant son courage à deux mains, elle poursuivit son chemin et tomba alors sur un compartiment occupé par des visages familiers : Sally Turner, Lucy Montgomery et Neil Anderson, trois Gryffondor de son année qui s'étaient montrés très gentils avec elle l'année précédente.

Elle fit coulisser la porte du compartiment. Sally, Lucy et Neil interrompirent leur conversation et levèrent la tête vers elle.

— Oh, salut, Ginny ! lança Lucy. Tu as pris des couleurs !

— Oui. Il faut dire qu'avec mon teint, ce n'était pas très difficile.

Sa réplique laissa un blanc. Sally, Lucy et Neil avaient l'air choqués de l'entendre s'exprimer d'un ton si affirmé, voire peut-être même de l'entendre s'exprimer tout court. Ce qui n'était guère surprenant : pendant un an, elle avait été une Ginny très différente, repliée sur elle-même. Et tout le monde la connaissait comme la fille qui avait été enlevée par l'héritier de Serpentard. Ils ne détenaient pas tous les éléments de l'histoire, bien sûr. Ils ignoraient que c'était à cause d'elle que la Chambre avait été ouverte. Que c'était elle qui avait peint les messages sur le mur et lâché le monstre. À leurs yeux, elle n'était une pauvre victime, qui leur avait déjà semblé être quelqu'un de fragile avant son enlèvement, et qui aurait peut-être dû le paraître encore plus à présent.

— Je peux m'assoir avec vous ? demanda-t-elle.

— Euh, oui, bien sûr ! répondit Sally, qui semblait encore avoir du mal à s'en remettre.

Ginny hissa sa valise dans le filet à bagages à l'aide d'un sort de Lévitation et s'installa à côté de Neil.

— Tu es allée en Égypte, non ? demanda Sally. J'ai vu la photo dans La Gazette quand mon père le lisait...

— Oui.

— Ça devait être incroyable ! s'exclama Neil. Qu'est-ce que tu as vu ?

Ginny leur raconta alors son voyage par le menu. Les trois autres l'écoutèrent, fascinés. Puis ils racontèrent leurs vacances à leur tour. Lucy parla de son petit-frère âgé de deux ans, Jamie, et sortit une photo pour montrer à Sally et Neil comme il avait grandi. Ginny avait une conscience aigüe du fait qu'elle ne connaissait que très peu de choses sur ses camarades. Elle avait été si absorbée par ses propres problèmes l'année précédente qu'elle ne s'était pas intéressée à eux. Elle se promit de se rattraper dès à présent.

Ils jouèrent ensuite à la Bataille Explosive jusqu'à l'heure du déjeuner. Ginny sortit son sandwich et n'acheta rien au chariot à friandises, mais Sally partagea ses Fondants du Chaudron avec elle en guise de dessert.

Ginny se sentait déjà à l'aise parmi eux. Ravie, elle se rendit compte qu'il lui était facile de parler et de rire en leur présence. Elle avait presque l'impression que l'année précédente n'avait été qu'un cauchemar.

En fin de journée, alors que la nuit était tombée et que la pluie martelait les vitres, le train se mit à ralentir.

— On est déjà arrivés ? s'exclama Sally. On n'a même pas eu le temps de se changer !

Le train s'arrêta brusquement. La valise de Ginny s'échappa de son filet et s'écrasa par terre, les manquant de peu. Puis les lampes s'éteignirent, les plongeant dans l'obscurité.

— Ce n'est pas normal, si ? demanda Lucy.

— Je ne crois pas, répondit Ginny. Je vais essayer d'aller trouver mon frère. Il saura peut-être ce qu'il se passe...

Ron, Harry et Hermione avaient tendance à être impliqués dans tous les évènements étranges qui se passaient autour d'eux, après tout...

Ginny se leva et essaya d'allumer sa baguette, mais celle-ci n'émit qu'une faible lueur tremblotante avant de s'éteindre.

Lumos ! insista-t-elle avant de secouer sa baguette comme si cela lui aurait permis de la refaire fonctionner correctement.

— On ne peut plus utiliser la magie ? murmura Sally.

Ginny essaya autre chose.

Wingardium Leviosa !

Elle pointa sa baguette à l'endroit où sa valise était tombée et l'entendit décoller du sol. Soucieuse de ne pas percuter quelqu'un avec à l'aveuglette, elle la reposa.

— Ça affecte juste la lumière, je crois, avança Ginny. Je reviens.

Elle ouvrit la porte du compartiment et avança à tâtons dans le couloir. Elle n'avait aucune idée de celui qu'occupait son frère, mais elle finit par entendre des voix familières.

— Harry ? C'est toi ? disait Neville Londubat. Qu'est-ce qui se passe ?

— Aucune idée ! Assieds-toi...

Ginny entendit Pattenrond cracher – Neville avait dû essayer de s'assoir sur lui – puis s'avança pour ouvrir la porte...

... et percuta quelqu'un de plein fouet. Ginny poussa une exclamation de douleur en même temps que l'autre personne et se massa le front.

— Qui est là ? demanda-t-elle.

— Ginny ? lui répondit la voix d'Hermione.

— Hermione ?

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je cherchais Ron.

— Entre et assieds-toi.

Ginny s'apprêtait à s'assoir lorsque ses jambes frôlèrent les genoux d'une autre personne.

— Pas ici ! s'écria précipitamment Harry. Je suis là !

Ginny s'écarta d'un bond, mortifiée, si vite qu'elle perdit l'équilibre et s'effondra sur la personne voisine avant de se retrouver coincée contre la fenêtre.

— Ouille ! protesta Neville.

— Silence !

Ginny se figea. Elle ne connaissait pas cette voix-là, une voix rauque qui semblait appartenir à un homme adulte. Ginny tendit l'oreille. Elle entendit un craquement, comme celui d'une allumette moldue que son père lui avait fait la démonstration. Une lueur vacillante éclaira le compartiment, ainsi que son origine : un homme assis près de la fenêtre qui tenait des flammes au creux de sa main. Il avait une mine épuisée, mais le regard vif, en alerte.

— Restez où vous êtes, ordonna-t-il.

Soudain, Ginny se mit à avoir peur. Son cœur s'emballa. L'homme se leva lentement, avec précaution. Puis la porte du compartiment s'ouvrit.

Les flammes éclairèrent une haute silhouette cagoulée vêtu d'une cape dont dépassait une main horrible : grise, visqueuse, putréfiée comme celle d'un noyé... Ginny voulut crier, mais le son resta bloqué dans sa gorge alors qu'un froid intense se répandait dans le compartiment. Ginny se mit à trembler. La main s'était rétractée sous la cape, et la créature laissait désormais échapper un râle d'outre-tombe.

Le décor du train disparut. Ginny se trouva comme téléportée dans un endroit terriblement familier. Les toilettes de Mimi Geignarde... Son vieux cauchemar prit vie sous ses yeux : une lumière verte fantomatique illuminait les pages d'un journal, d'où s'extirpait une main aux doigts longs et fins...

Ginny voulut crier.

Puis la voix de l'homme aux flammes la ramena au moment présent et le décor du train réapparut :

— Personne dans ce compartiment ne cache Sirius Black sous sa cape. Allez-vous-en.

La créature ne bougea pas, mais ce n'était plus elle que regardait Ginny. Harry, allongé par terre, était pris de convulsions.

L'homme prononça une formule que Ginny ne comprit pas. Une forme argentée sortit de sa baguette. La créature battit en retraite et prit la fuite en glissant sur le sol. Aussitôt, le froid se dissipa. Les lumières se rallumèrent et la chaleur revint.

Mais Ginny tremblait toujours.

Alors que le train s'ébranlait à nouveau, Ron et Hermione s'agenouillèrent auprès de Harry, qui s'était immobilisé. Ron lui donna des tapes sur le visage.

— Harry ! Harry ! Ça va ?

— Qu... Quoi ?

Harry ouvrit les yeux. Ron et Hermione l'aidèrent à se rassoir sur le siège.

— Comment tu te sens ? demanda Ron d'une voix inquiète.

— Ça va, répondit Harry, dont le front était pourtant trempé de sueur. Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est cette... cette chose ? Qui a crié ?

Ginny tressaillit. Avait-elle vraiment crié ?

— Personne n'a crié, démentit Ron.

— Mais j'ai entendu crier...

Un craquement les fit tous sursauter. L'homme était en train de casser une tablette de chocolat en morceaux.

— Tenez, dit-il en tendant le plus gros à Harry. Mangez ça, vous vous sentirez mieux.

Harry prit le chocolat mais ne le mangea pas.

— Qu'est-ce que c'était que cette chose ? demanda-t-il à l'homme.

— Un Détraqueur.

Il tendit un morceau de chocolat à Ginny, puis à Neville, qui avait l'air très pâle, lui aussi, et enfin à Ron et Hermione.

— C'était l'un des Détraqueurs d'Azkaban.

Ginny et les autres levèrent vers lui un regard interdit. Qu'est-ce que les gardiens d'Azkaban faisaient ici ? Ils ne pensaient tout de même pas sérieusement que Black pouvait se cacher dans le Poudlard Express ?

L'homme froissa l'emballage vide de la tablette et la fourra dans sa poche.

— Mangez, insista-t-il. Ça vous fera du bien. Excusez-moi, il faut que j'aille dire quelque chose au machiniste...

Il quitta le compartiment.

— Tu es sûr que ça va, Harry ? demanda Hermione, anxieuse.

— Je ne comprends toujours pas... Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Cette... cette chose... le Détraqueur... est resté là et a regardé partout, enfin j'imagine qu'il regardait puisqu'on ne voyait pas du tout son visage, et toi... toi, tu...

— J'ai cru que tu avais une attaque, ou je ne sais quoi, compléta Ron. Tu es devenu tout raide et puis tu as glissé par terre et tu as commencé à avoir des spasmes...

— À ce moment-là, le professeur Lupin t'a enjambé, il s'est avancé vers le Détraqueur et il a sorti sa baguette magique, poursuivit Hermione. Et puis, il a dit : « Personne dans ce compartiment ne cache Sirius Black sous sa cape. Allez-vous-en. » Mais le Détraqueur n'a pas bougé, alors Lupin a marmonné quelque chose, un truc argenté est sorti de sa baguette et le Détraqueur a fait volte-face et il est parti comme s'il glissait sur des patins...

— C'était horrible, confirma Neville. Tu as senti ce froid quand il est entré ?

— J'ai eu une sensation bizarre, intervint Ron. Comme si j'allais perdre à tout jamais l'envie de rire...

Ginny laissa échapper un sanglot. Hermione s'approcha d'elle et la prit par l'épaule d'un geste réconfortant. Ginny lui en fut profondément reconnaissante. Elle avait désespérément besoin de se raccrocher à quelque chose, ou, encore mieux, à quelqu'un.

— Personne d'autre n'est tombé de son siège ? demanda Harry.

— Non, répondit Ron. Mais Ginny s'est mise à trembler comme une feuille...

Le professeur Lupin revint dans le compartiment.

— Rassurez-vous, je n'ai pas empoisonné le chocolat, fit-il remarquer avec un sourire.

Ginny baissa les yeux vers son morceau. Comme les autres, elle croqua dedans et se sentit mieux presque aussitôt, comme réchauffée de l'intérieur.

— Nous arriverons à Poudlard dans dix minutes, annonça le professeur. Ça va, Harry ?

— Ça va très bien, murmura l'intéressé.

Ginny ne pouvait en dire autant. Malgré le chocolat, elle se sentait toujours mal.

Elle avait naïvement imaginé que son passé était derrière elle, mais il venait brutalement de la rattraper.

Encore ébranlée, Ginny fit un bout du trajet restant avec les autres dans un silence malaisé puis retourna dans son compartiment avant que le train entre en gare pour aller se changer. Elle s'assura avant cela qu'elle avait bien séché ses larmes, et espéra que ses yeux n'étaient pas trop rougis.

Sally, Lucy et Neil avaient reçu la visite des Détraqueurs, eux aussi. Ils en étaient ébranlés, mais ils en discutaient déjà avec animation. Ginny avait la nette impression que cette rencontre ne les avait pas autant affectés qu'elle ou Harry. Elle se demanda pourquoi.

Elle ne parla pas de son expérience, et garda sous silence ce qui s'était passé dans l'autre compartiment – l'évanouissement de Harry, l'intervention de Lupin... L'évanouissement de Harry, en particulier, ne concernait personne.

Mais quelqu'un semblait à tout prix vouloir en parler. Neville grimpa à sa suite dans la diligence qu'elle occupait avec Sally, Lucy et Neil.

— Tu as compris ce qu'il s'est passé, toi ? demanda-t-il. Pourquoi ça nous a affectés plus que Ron et Hermione ? Surtout Harry... Pourquoi il s'est évanoui, et pas nous ?

— Potter s'est évanoui ? cingla alors une voix familière.

Ginny et Neville se retournèrent. Accompagné de Crabbe, Drago Malefoy venait de monter dans leur diligence, un sourire carnassier aux lèvres. Goyle essaya de monter lui aussi, mais Malefoy le chassa d'un air impatient.

— Prends le prochain, tu vois bien qu'il n'y a plus de place !

Les épaules de Goyle s'affaissèrent tandis qu'il reculait auprès des autres Serpentard, la mine maussade. Alors que Crabbe s'installait en écrasant sans ménagement Sally et Lucy contre la vitre, Drago se tordit le cou pour chercher Harry des yeux par la fenêtre, mais la diligence se mit en route et il dut abandonner, l'air déçu. Ginny ne doutait pas que cela ne fut que partie remise, cependant. Neville arbora un air coupable.

Personne ne parla lors du trajet, hormis Malefoy qui piaillait sans cesse pour se moquer de Harry et Crabbe qui ricanait bêtement à ses paroles. Lorsqu'ils franchirent le portail de l'école, Ginny sentit le malaise la gagner à nouveau : deux Détraqueurs en flanquaient l'entrée.

Malefoy sauta le premier hors de la diligence lorsque celle-ci s'arrêta et repéra Harry dès qu'il sortit de la sienne.

— Alors, il parait que tu es tombé dans les pommes, Potter ? C'est vrai ce que dit Londubat ? Tu t'es vraiment évanoui ?

Il écarta Hermione d'un coup de coude et barra le chemin de Harry sur les marches de l'escalier de pierre qui menait au hall du château.

— Dégage, Malefoy, siffla Ron, les dents serrées.

— Toi aussi, tu t'es évanoui, Weasley ? Il t'a fait peur, ce vieux Détraqueur ?

— Qu'est-ce qui se passe, ici ? intervient une voix douce.

Le professeur Lupin venait de descendre d'une autre diligence.

— Oh, rien... heu... professeur, répondit Malefoy d'un ton sarcastique.

Pour la première fois, Ginny remarqua les vêtements élimés du professeur.

Goyle sortit de la diligence à la suite de Lupin, et Malefoy fit signe à ses deux acolytes de le suivre, l'air goguenard.

— J'aurais vraiment dû me taire, gémit Neville.

Ils se hâtèrent d'entrer dans le hall pour se mettre à l'abri de la pluie. Colin Crivey, en grande conversation avec son ami de Poufsouffle Owen Griffith, aperçut leur groupe et leur adressa aussitôt la parole avec sa volubilité et son excitation habituelle :

— Salut ! Vous aussi, vous avez vu les Détraqueurs ? Ils font flipper, pas vrai ? C'est vrai que Harry s'est évanoui ? J'ai entendu dire que tu étais là, Ginny...

— Tout ce qui sort de la bouche de Malefoy n'est un tas de sottises, affirma-t-elle sans la moindre hésitation.

À l'instar de Sally, Lucy et Neil, Colin parut surprit de l'entendre parler avec tant de fermeté. Ginny n'avait pas envie de mentir à Colin, mais elle ne voulait pas non plus confirmer la rumeur.

— Oh, répondit-il, un peu gêné.

Ils pénétrèrent dans la Grande Salle, où ils s'installèrent à la table des Gryffondor. À la surprise de Ginny, ce ne fut pas McGonagall qui fit entrer les nouveaux, cette fois, mais Flitwick qui, de sa voix fluette, énonça leurs noms. Ginny n'écouta la Répartition que d'une oreille distraite : elle venait de remarquer l'absence de Harry et Hermione. Ron, lui, se trouvait bien là et leur avait gardé deux places. Alors que Coote, Richie venait s'assoir parmi eux, Ginny se pencha par-dessus la table pour lui demander dans un souffle :

— Où sont Harry et Hermione ?

— McGonagall voulait leur parler. 'Sais pas pourquoi.

Ginny fronça les sourcils. Son esprit divagua, troublé. Elle repensait à la scène du train. Son regard se posa sur Malefoy alors que la table des Serpentard accueillait Greengrass, Astoria parmi ses rangs.

— Ginny, tu vas bien ? lui demanda Sally.

Toujours dans ses pensées, guettant sans cesse le retour d'Harry et d'Hermione, Ginny avait oublié de se rejoindre aux applaudissements de sa maison alors que Kirke, Andrew les rejoignait.

— Oui, ça va, mentit-elle.

Elle s'efforça de faire plus attention à ce qu'il se passait autour d'elle, applaudissant l'entrée de Peakes, Jimmy, de Robins, Demelza et de Sloper, Jack. Puis, lorsque Vane, Romilda rejoignit leur table, la Répartition prit fin.

Au moment où Flitwick emportait le Choixpeau, Ginny vit Harry et Hermione faire leur entrée en compagnie de McGonagall. Certains élèves montrèrent Harry du doigt. Apparemment, la rumeur de son évanouissement avait déjà fait le tour de l'école.

— Alors, qu'est-ce qu'elle voulait ? leur demanda Ron quand ils se furent assis.

Harry ouvrait la bouche pour lui répondre lorsque Dumbledore se leva pour faire son discours.

— Bienvenue à vous tous. Bienvenue pour une nouvelle année à Poudlard ! J'ai quelques petites choses à vous dire et comme l'une d'entre elles est très sérieuse, autant s'en débarrasser tout de suite avant que la bonne chère ne vous plonge dans une euphorie peu propice à la gravité... Comme vous avez pu vous en apercevoir en les voyant fouiller le Poudlard Express, l'école a dû accueillir quelques Détraqueurs d'Azkaban qui nous ont été envoyés par le ministère de la Magie. Ils sont postés à chaque entrée du domaine, et tant qu'ils resteront là, tout le monde doit être bien conscient qu'il sera rigoureusement interdit de quitter l'école sans permission préalable. Les Détraqueurs ne se laissent pas abuser par des déguisements ou des ruses quelconques, pas même les capes d'invisibilité. La nature des Détraqueurs ne les porte pas à prendre en considération les excuses ou les sollicitations. Je conseille donc à chacune et à chacun d'entre vous de ne jamais leur donner l'occasion de vous faire du mal. Je m'adresse tout particulièrement aux préfets, ainsi qu'à notre nouveau préfet-en-chef et à son homologue féminin, pour qu'ils veillent à ce qu'aucun élève ne prenne l'initiative de contrarier les Détraqueurs.

Percy bomba le torse et regarda autour de lui d'un air autoritaire. Ginny en aurait eu envie de rire si les paroles de Dumbledore ne l'avaient pas glacée. Ces horribles créatures allaient donc rester à l'école ?

— Pour continuer sur une note plus joyeuse, reprit Dumbledore, je suis heureux d'accueillir parmi nous deux nouveaux enseignants. Tout d'abord, le professeur Lupin qui a bien voulu se charger des cours de Défense contre les forces du Mal.

Ginny se mit à applaudir de bon cœur, tout comme Harry, Ron, Hermione et Neville. Tous les cinq avaient déjà pu constater l'efficacité de Lupin, qui tranchait nettement avec la totale incompétence de Lockhart, leur professeur de l'année précédente. Le reste des applaudissements furent plutôt tièdes. Ginny avait l'impression que l'on jugeait déjà le professeur à son apparence assez miteuse.

— Quant à la seconde nomination, je dois tout d'abord vous informer que le professeur Brûlopot, qui enseignait les soins aux créatures magiques, a pris sa retraite afin de pouvoir s'occuper plus longuement des derniers membres qui lui restaient. Je suis cependant ravi de vous annoncer que cette discipline sera désormais enseignée par Rubeus Hagrid, qui a accepté d'ajouter cette nouvelle responsabilité à ses fonctions de garde-chasse.

Cette fois, passé le moment de stupeur, un tumulte d'applaudissements explosa dans la Grande Salle, en particulier à celle de Gryffondor.

— On aurait dû s'en douter ! s'exclama Ron en frappant du poing sur la table. Qui d'autre aurait pu nous faire acheter un livre qui mord ?

— Je crois vous avoir dit l'essentiel, conclut Dumbledore. Que le festin commence !

Les plats apparurent sur les longues tables. Bientôt, les conversations et les rires emplirent la Grande Salle. Ginny avait craint les regards curieux que l'on porterait sur elle, mais elle se rendit compte avec soulagement que plus personne ne semblait s'intéresser aux évènements de l'année précédente. Les Détraqueurs et Sirius Black étaient sur toutes les lèvres, désormais.

Ginny semblait être la seule pour qui tout cela revêtait encore de l'importance.


J'espère que ce chapitre vous a plu ! En entre ici dans le vif du sujet principal de ce tome pour Ginny : la gestion de son traumatisme. C'est aussi le début véritable de son amitié avec Sally, Lucy et Neil. On se retrouve dimanche prochain pour le chapitre suivant !

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