Chapitre 2 - Les fugitifs
Le lendemain, ils reçurent un exemplaire de La Gazette dans lequel se trouvait l'article les concernant. La photo qu'avait prise le photographe la veille était accompagnée de l'interview que leur père avait donnée avant leur départ.
UN EMPLOYÉ DU MINISTÈRE DE LA MAGIE REMPORTE LE GRAND PRIX
Arthur Weasley, directeur du service des détournements de l'Artisanat moldu, a remporté le grand prix de la loterie du Gallion organisée chaque année par La Gazette du sorcier.
Mr Weasley, ravi, nous a déclaré : « Cet or va nous servir à faire cet été un voyage en Egypte où se trouve Bill, notre fils aîné. Il travaille là-bas comme conjureur de sorts pour le compte de la banque Gringotts, la banque des sorciers. »
La famille Weasley va donc passer un mois en Égypte et sera de retour pour la rentrée des classes au collège Poudlard où cinq des enfants Weasley poursuivent leurs études.
— Super, je vais pouvoir l'envoyer à Harry avec sa lettre et son cadeau d'anniversaire ! s'exclama Ron, déjà sur le point de découper l'article.
— Je peux lire le journal, d'abord ? demanda Percy d'un ton impérieux. J'aimerais me tenir au courant de ce qu'il se passe...
— D'accord, soupira Ron. Je vais aller lui écrire sa lettre, en attendant...
— Ne traine pas ! l'avertit Molly. Nous avons un programme !
— Oui, oui...
Un peu plus tard, ils partaient tous visiter la réserve naturelle d'animaux magiques au Mont Sinaï. Ils y virent des Sphinx, des Griffons, et surtout...
Ginny sentit son cœur faire un bond en reconnaissant l'oiseau qui leur était venu en aide dans la Chambre des Secrets.
Des phénix.
Elle n'avait pas eu le loisir alors de contempler leur beauté. Elle les regarda décrire des courbes harmonieuses dans le ciel tandis que leur guide leur expliquait leurs capacités. Ginny comprenait mieux désormais comment Fumseck, le phénix de Dumbledore, avait pu la porter elle, Ron, Harry et Lockhart hors de la Chambre. Elle repoussa ces mauvais souvenirs avec une aisance presque désarmante. Le ballet des phénix avait quelque chose d'apaisant, comme un talisman contre les ténèbres.
Pour la première fois depuis le début des vacances, Ginny se surprit à ne plus autant redouter la rentrée.
***
Quelques jours plus tard, Percy reçut l'exemplaire du jour de La Gazette.
— Ça alors ! s'exclama-t-il aussitôt. Regarde, papa !
Il tendit le journal à Arthur, qui s'en empara aussitôt avec une expression d'incrédulité mêlée d'horreur. Molly se pencha par-dessus son épaule et poussa une exclamation de stupeur.
— C'est qui, Sirius Black ? demanda Ginny en apercevant le gros titre sur la page de garde.
ÉVASION À AZKABAN : SIRIUS BLACK S'EST ÉCHAPPÉ !
La photo juste en dessous montrait un homme émacié aux joues cireuses et aux longs cheveux noirs sales et gras.
— Un Mangemort, répondit Arthur d'un ton grave.
Ginny observa sa mère, qui avait l'air bouleversée. Ses frères avaient été tués par les Mangemorts, mais Ginny avait l'impression que cela n'expliquait pas entièrement sa réaction. Ce Sirius Black avait-il tué un de ses frères lui-même ?
— Et il s'est échappé d'Azkaban ? s'exclama Ron. C'est déjà arrivé, ça ?
— Non, répondit Bill. Justement, c'est ça qui est inquiétant... D'autant plus qu'il se trouvait dans un quartier de haute sécurité, il me semble...
Un silence de plomb s'abattit sur la tablée. Percy finit par le rompre.
— Attendez... Le nom de jeune fille de grand-mère Cedrella, c'était Black, non ? Cet homme est de sa famille ?
— De façon lointaine, mais oui, répondit Arthur. Ma mère a été reniée par sa famille pour avoir épousé votre grand-père Septimus, que les Black considéraient comme un traître à son sang...
— Charmante famille, commenta George.
Bill et Charlie lurent l'article à la suite d'Arthur, Molly et Percy.
— Donc personne ne sait où il peut se trouver, résuma Charlie.
— Le Ministère doit être en alerte, avança Arthur, l'air préoccupé. Peut-être que je devrais...
— Non, le coupa Molly. Tu es en vacances. Qu'est-ce que tu pourrais faire, de toute façon ? Ça m'étonnerait que Sirius Black se soit échappé de prison pour détourner des objets moldus !
— Ce ne serait pas la première fois, objecta faiblement Arthur, l'air ailleurs.
Quelque chose de plus important que le détournement d'objets moldus semblait le tourmenter.
— Vous le connaissiez ? demanda Ginny en plissant les yeux.
— Pas personnellement, répondit Molly.
Elle échangea un regard avec son mari. Ginny eut l'impression qu'il y avait là beaucoup de non-dits.
— Je vais écrire au Ministre, décréta Arthur. Je dois... m'assurer de certaines choses. Les Moldus devront être informés...
Arthur remonta dans sa chambre. Molly s'empressa de le suivre.
— Qu'est-ce qu'il a fait, au juste, ce type ? demanda Ron.
— Il a tué treize personnes, expliqua Bill. Avec un seul sort. En plein jour, devant témoins. La plupart des victimes étaient des Moldus. Apparemment, Black aurait pété un plomb en apprenant la chute de Vous-Savez-Qui... C'est un des pires massacres qui a eu lieu pendant la guerre. Enfin, techniquement, ça s'est passé après la guerre. C'est une des raisons pour laquelle les gens ont été aussi choqués. Tout le monde croyait que c'était fini pour de bon, et voilà que Black se met à tuer tous ces gens. Et quand il a été arrêté, il a juste... éclaté de rire. Beaucoup de monde le pense fou à lier.
— Comment tu sais tout ça ?
— J'avais déjà onze ans quand ça s'est passé, lui rappela Bill.
— J'oublie toujours à quel point tu es vieux, fit remarquer Fred.
— Merci, répliqua Bill en levant les yeux au ciel.
L'atmosphère se détendit et ils achevèrent leur petit-déjeuner sur une note plus légère. Molly redescendit quelques minutes plus tard pour les inciter à se préparer pour leur sortie du jour, que Ginny avait attendu avec impatience : la visite du stade national de Quidditch.
Ils ne reparlèrent plus de Black ni ce jour-là ni les jours qui suivirent, mais Ginny ne manqua pas de remarquer les messes basses entre ses parents, qui continuaient de se tenir au courant des évènements grâce aux articles de La Gazette. Arthur entretenait une correspondance soutenue avec le ministre, Cornelius Fudge, qui semblait passablement l'agacer. Ginny sentait sa frustration de se trouver loin du cœur des évènements, même si elle ne comprenait toujours pas pourquoi cette affaire lui tenait tant à cœur.
Ils profitèrent néanmoins de leurs vacances. Fred et George tentèrent d'enfermer Percy dans une pyramide, mais Molly s'en aperçut. Ginny fêta son douzième anniversaire.
À la mi-août, alors qu'il ne leur restait plus qu'une semaine à passer en Égypte, Arthur reçut une lettre de Fudge qui lui fit recracher son jus de citrouille.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demandèrent aussitôt les jumeaux d'une même voix.
Arthur regarda ses enfants et soupira.
— J'imagine que vous finirez par l'apprendre, de toute façon... Rien de grave. C'est au sujet de Harry.
Ce fut au tour de Ginny de manquer de recracher son jus de citrouille. Par chance, elle parvint à se limiter à une bavure sur le menton qu'elle essuya discrètement d'un revers de manche.
— Harry ? s'exclama Molly d'une ton inquiet.
— Le ministre te parle de Harry ? s'étonna Ron.
— Il... il me donne de ses nouvelles, c'est tout. Il semblerait qu'il se soit enfui de chez sa tante et son oncle...
— Quoi ? s'exclamèrent Molly, Percy, Ron et Ginny.
— C'est pas trop tôt, intervint Fred. Ces gens sont infects. Vous vous souvenez qu'ils lui avaient mis des barreaux à la fenêtre de sa chambre l'année dernière ?
— On se souvient, oui, répliqua sèchement Molly, qui n'avait pas encore tout à fait digéré l'épisode de la voiture volante.
— N'empêche que j'aurais bien aimé voir la tête de son oncle quand Ron lui a crié dessus au téléphone au début de l'été, ricana George.
— Eh ! protesta l'intéressé. Comment j'étais censé savoir que j'avais pas besoin de crier pour qu'il m'entende ?
— Pourquoi il s'est enfui ? demanda Ginny d'un ton qu'elle espérait dégagé.
Elle ne pouvait s'empêcher d'être un peu inquiète. Elle savait que Harry n'était pas bien traité chez sa famille moldue. Étaient-ils allés trop loin ?
— Je n'en suis pas sûr... Une dispute avec sa tante... Une autre tante. Apparemment, Harry l'a fait gonfler comme un ballon avant de prendre la fuite...
— Il a fait QUOI ? s'exclamèrent les jumeaux.
— Il va avoir des ennuis ? s'enquit Ginny.
— Je... je ne pense pas, non. Fudge lui a pris une chambre au Chaudron Baveur. Il y restera jusqu'à la rentrée.
— Incroyable ! s'esclaffa Fred. Il fait gonfler sa tante, et il se fait payer le gîte par le ministre en personne !
— Ben ça alors, se contenta de commenter Ron, éberlué.
Arthur avait toujours l'air inquiet, cependant. Il le resta tout au long de leur dernière semaine.
Puis il fut temps de rentrer en Angleterre. Ils firent leurs aux-revoir à Bill, qui restait en Égypte, et à Charlie, qui repartait en Roumanie.
Dès leur retour au Terrier, Molly se transforma en furie : il fallait défaire les bagages, faire les lessives, refaire les valises pour la rentrée... Et ils n'avaient toujours pas eu le temps d'effectuer leurs achats sur le Chemin de Traverse. Il fut décidé qu'ils utiliseraient encore un peu d'argent du grand prix pour se payer des chambres au Chaudron Baveur et avoir l'esprit tranquille la veille du départ. Ainsi, ils pourraient également y retrouver Harry. Arthur semblait impatient de le voir, presque autant que Ron. Ginny, quant à elle, ne pouvait s'empêcher de ressentir à nouveau une anxiété grandissante à l'approche de la rentrée.
La veille de leur départ pour le Chaudron Baveur, elle renoua avec ses vieilles habitudes et se leva à l'aube, bien avant tout le monde. Puis elle se faufila dans le jardin, força le cadenas de la remise et subtilisa le balai de Fred avant de se rendre au pré pour aller voler. Cela lui fit un bien fou. Détendue, le rose aux joues, elle redescendit une demi-heure plus tard, alla ranger le balai, se dirigea vers la maison...
Et tomba nez à nez sur Fred.
Un bref élan de panique et de culpabilité l'envahit.
— Tu es bien matinale ! fit remarquer son frère.
— Toi aussi. Qu'est-ce que tu as dans la main ?
Fred venait de la cacher instinctivement dans son dos. Règle numéro 1 de la bonne menteuse : faire diversion.
— Quoi ? Rien !
Grand farceur, mais piètre menteur...
— Tu as encore piqué l'insigne de Percy ? soupira Ginny.
Fred laissa tomber tout faux semblant et arbora un sourire carnassier.
— Ouaip. J'avais l'intention de le cacher dans un endroit original...
— Juste avant de partir ? Maman va t'assassiner...
— Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ?
— J'arrivais plus à dormir.
Fred fronça les sourcils, soudain sérieux.
— Tu refais des cauchemars ?
Ginny détourna les yeux, gênée.
— Non, ça va.
C'était vrai.
— Tu t'inquiètes pour la rentrée ? devina Fred. Ça va bien se passer, t'en fais pas... Ce ne sera pas comme... enfin, tu vois.
Il s'interrompit, gêné à son tour. Puis il reprit, dansant d'un pied sur l'autre :
— Je sais que je n'ai pas été le meilleur des grands frères, l'année dernière. Je n'ai pas assez fait attention à toi... Mais ça n'arrivera plus, d'accord ? Si tu as le moindre problème... tu viens me voir tout de suite.
Ginny sentit son cœur se gonfler comme la tante de Harry. Elle sourit.
— Ok.
— Ok, répéta Fred en miroitant son sourire. Tu veux m'aider à cacher l'insigne de Perce en haut d'un arbre ? Je te prête mon balai. Je prendrai celui de George.
— Tu me prêtes ton balai ? fit Ginny en haussant un sourcil. Toi ? Ton précieux balai ? Tu n'as pas peur que je le fracasse ?
— Oh, allez, tu ne peux pas être si mauvaise que ça ! Viens !
Ginny suivit son frère en direction de la remise, un sourire jusqu'aux oreilles.
Comme elle avait hâte de faire semblant d'être nulle !
Allez, un p'tit deuxième pour la route, mais seulement parce que le premier était vraiment court et que ça me manquait de voir vos commentaires ! Ne vous y habituez pas hein, je n'en ai plus beaucoup d'avance !
Sinon, j'espère que vous avez apprécié ce chapitre. Personnellement, j'aime beaucoup la dernière scène, qui laisse voir une autre facette de notre Fred national !
A la prochaine !
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