Chapitre 11 - Alias Voldemort
Ginny ouvrit les yeux. Le décor d'une pièce étrange lui apparut, et elle se demanda pourquoi elle était toujours vivante. Elle se redressa et regarda autour d'elle, le cœur battant. Un serpent gigantesque gisait par terre, mort. Tom n'était nulle part en vue.
Puis elle entendit des pas. Harry, sa robe trempée de sang, se précipitait vers elle. Il tenait une épée et le Choixpeau magique dans une main et le journal dans l'autre. Elle se mit à trembler, secouée de sanglots, submergée à la fois par le soulagement et la culpabilité. Il était venu la chercher.
— Harry... Oh, Harry, j'ai essayé de te le dire l'au... l'autre jour... mais je... je ne pouvais pas parler devant Percy. C'était moi, Harry... mais je jure... que je ne voulais pas faire ça. C'est Jedusor qui m'a obligée à... Il m'a imposé son pouvoir et...Comment as-tu fait pour tuer cette... chose ? Où est Jedusor ? La dernière chose dont je me souvienne, c'est quand il est sorti de... de son journal...
Mais elle se rappela aussitôt la suite. Son entrée dans la Chambre, sa marche vers sa propre mort. Elle avait eu si peur...
— Tout est fini, maintenant, la rassura Harry en montrant le journal percé d'un gros trou qui ne s'était pas refermé. Jedusor n'existe plus... Ils sont morts tous les deux, lui et le Basilic. Viens, Ginny, sortons d'ici.
Elle n'en croyait pas sa chance. Comment avait-il fait ?
Elle était en vie, et Harry aussi. C'était tout ce qui aurait dû compter et pourtant, elle redoutait déjà ce qui l'attendait.
— Je vais être renvoyée, se lamenta-t-elle alors que Harry l'aidait à se relever. J'avais tellement attendu le jour où je pourrais enfin entrer à Poudlard... Et maintenant, je vais être obligée de partir... Mes parents vont être furieux...
Harry l'entraîna vers la sortie, où les attendaient un bel oiseau écarlate qui tournoyait dans les airs. Le tunnel était bloqué par un éboulis.
— Ron ! Ginny va bien ! Elle est avec moi !
Ron poussa une exclamation de joie. Son visage apparut à travers un trou dans l'éboulis qu'il avait manifestement dégagé à la main.
— Ginny ! s'écria-t-il en tendant le bras pour l'aider à passer par l'ouverture. Vivante ! Je n'osais plus y croire ! Qu'est-ce qui s'est passé ?
Ron voulut la serrer dans ses bras, mais Ginny le repoussa, à nouveau prise de sanglots. Il ne savait rien de ce qu'elle avait fait. Il ne voudrait plus la prendre dans ses bras après ça.
— Tout va bien, Ginny, la rassura Ron avec un grand sourire. C'est fini, maintenant. D'où il vient, cet oiseau ?
— C'est celui de Dumbledore.
— Et comment ça se fait que tu aies une épée ?
— Je t'expliquerai quand nous serons sortis d'ici.
— Mais...
— Plus tard. Où est Lockhart ?
— Là-bas. Il ne va pas fort. Viens voir.
Lockhart était assis par terre et fredonnait une chanson d'un air absent.
— Il a perdu la mémoire, expliqua Ron. Le sortilège d'Amnésie a marché à l'envers. C'est à lui que ma baguette magique a jeté le sort. Il ne sait plus du tout qui il est, ni où il est, ni qui nous sommes. Je lui ai dit de nous attendre ici. Il n'est plus capable de se débrouiller tout seul.
Ginny faisait de son mieux pour tirer des conclusions de leur échange afin de comprendre ce qu'il s'était passé.
— Bonjour, s'exclama Lockhart. Drôle d'endroit, n'est-ce pas ? C'est ici que vous habitez ?
— Non, répondit Ron.
— Tu as réfléchi au moyen de remonter là-dedans ? demanda Harry en examinant le tuyau.
Ron fit « non » de la tête, mais l'oiseau voleta près du tuyau.
— On dirait qu'il veut que tu t'accroches à lui, fit Ron, l'air perplexe. Mais tu es beaucoup trop lourd pour un oiseau.
— Fumseck n'est pas un oiseau ordinaire. Nous allons nous tenir les uns aux autres. Ginny, prends la main de Ron. Professeur Lockhart...
— Il parle de vous, précisa Ron d'un ton sec.
— Vous prendrez l'autre main de Ginny.
Inexplicablement, Ginny songea que Lucy aurait été jalouse et que Sally aurait fait semblant de vomir.
Harry coinça l'épée et le Choixpeau dans sa ceinture puis empoigna l'oiseau par la queue. Ron s'accrocha à la robe de Harry. Puis, tout à coup, Ginny se sentit légère comme une plume. Ils décollèrent du sol et remontèrent le tuyau à toute vitesse.
— Étonnant ! s'exclama Lockhart. Vraiment étonnant ! On dirait de la magie !
Bientôt, ils furent de retour dans les toilettes de Mimi, qui semblait avoir attendu l'arrivée de quelqu'un. Le lavabo se remit en place derrière eux, scellant le passage qui menait à la Chambre.
— Tu es vivant ? s'étonna Mimi.
— On dirait que tu es déçue, constata sombrement Harry en essayant de nettoyer ses lunettes maculées de boue et de sang.
— Bah... je me disais que si tu étais mort, j'aurais été contente de partager mes toilettes avec toi.
Dès qu'ils eurent quitté les toilettes, Ron s'exclama :
— Beurk ! Harry, je crois bien que Mimi a un faible pour toi ! Tu as une rivale, Ginny !
Mais Ginny n'était pas d'humeur à plaisanter. Elle s'était remise à pleurer dès leur retour dans les toilettes, là où Jedusor était sorti de son journal. Elle se demandait si cette vision de cauchemar cesserait de la hanter un jour.
— Où on va, maintenant ? demanda Ron.
Harry désigna l'oiseau, qui les mena jusqu'au bureau de McGonagall. Harry poussa la porte et un grand cri les accueillit.
Molly Weasley se leva d'un bond et se précipita sur sa fille, imitée par son mari. Ginny se coula dans leur étreinte. Elle pensait ne jamais les revoir... Mais elle n'osa pas les regarder dans les yeux. Elle avait tellement honte...
— Vous lui avez sauvé la vie ! s'exclama Molly en la relâchant pour aller serrer Ron et Harry dans ses bras. Vous lui avez sauvé la vie ! Comment avez-vous fait ?
— C'est ce que nous aimerions tous savoir, intervint le professeur McGonagall.
Harry leur narra toute l'histoire.
— Très bien, récapitula McGonagall. Donc vous avez découvert l'entrée de la Chambre, en violant au passage à peu près tous les articles du règlement de l'école, mais comment diable avez-vous fait pour sortir de là vivants, Potter ?
Harry leur raconta la suite, mais il s'abstint tout ce temps de parler du journal et du rôle de Ginny. Il consulta Dumbledore du regard, incertain.
— Ce qui est le plus intéressant à mes yeux, c'est de savoir comment Lord Voldemort a réussi à envoûter Ginny alors que, d'après les informations qu'on m'a données, il se cache à l'heure actuelle dans les forêts d'Albanie.
Ginny sursauta lorsque Dumbledore prononça le nom du mage noir. De quoi parlait-il ? Qu'est-ce que Voldemort avait à voir avec Tom ?
— Quoi ? bredouilla Arthur. Qui-Vous-Savez ? Envoûter... Ginny ? Mais Ginny n'est pas... Ginny n'a pas...
— Tout est arrivé à cause de ce journal intime, intervint Harry en montrant le journal à Dumbledore. Il appartenait à Jedusor quand il avait seize ans.
Dumbledore examina le journal et murmura :
— Remarquable. C'est sans doute l'élève le plus brillant qu'on ait jamais vu à Poudlard.
Ginny tressaillit. Entendre le directeur qualifier son tortionnaire de brillant n'avait rien d'agréable.
— Rares sont ceux qui savent que Lord Voldemort s'est autrefois appelé Tom Jedusor, reprit Dumbledore. J'ai été moi-même son professeur à Poudlard, il y a cinquante ans. Il a disparu après avoir quitté le collège... Il a voyagé loin, traversé de nombreux pays... Puis il s'est plongé si profondément dans la magie noire, il a tant fréquenté les pires sorciers, et s'est livré à des expériences si maléfiques que lorsqu'il est réapparu sous les traits de Lord Voldemort, il était devenu impossible de le reconnaître. Qui donc aurait songé à établir un lien entre Voldemort et ce garçon si intelligent, si séduisant qui avait été préfet-en-chef de Poudlard ?
Ginny en resta sonnée. Tom Jedusor était Voldemort. Elle avait été envoûtée par Voldemort.
— Mais Ginny, qu'est-ce que notre Ginny pouvait bien avoir à faire avec... lui ? demanda Molly.
— C'est son journal, sanglota Ginny. Je... J'écrivais dedans et il me répondait...
— Ginny ! s'exclama Arthur. Je ne t'ai donc jamais rien appris ? Qu'est-ce que je t'ai toujours dit ? De ne jamais te fier à quelque chose capable d'agir et de penser tout seul si tu ne vois pas où se trouve son cerveau. Pourquoi ne nous as-tu pas montré ce journal, à moi ou à ta mère ? Un objet aussi bizarre ne pouvait qu'être inspiré par la magie noire !
C'était vrai. Elle s'était montrée stupide. Mais elle tenait à faire comprendre à ses parents pourquoi elle ne s'était pas méfiée.
— Je... Je ne savais pas... Je l'ai trouvé dans un des livres que m'a données Maman. Je croyais que quelqu'un l'avait oublié là...
— Miss Weasley devrait immédiatement aller à l'infirmerie, intervint Dumbledore. Cette épreuve a été terrible pour elle. Il n'y aura aucune sanction. Des sorciers plus âgés et plus avisés qu'elle ont été aveuglés par Lord Voldemort.
Ginny ne put s'empêcher de ressentir un immense soulagement. Elle n'était pas renvoyée... Elle en aurait pleuré, si elle avait encore eu des larmes à verser.
Dumbledore ouvrit la porte du bureau et reprit :
— Du repos, voilà ce qui lui faut, et peut-être une bonne tasse de chocolat. Je trouve qu'il n'y a rien de tel pour remonter le moral. Madame Pomfresh n'est pas encore couchée. Elle est en train d'administrer le philtre de mandragore. Je crois que les victimes du Basilic vont bientôt se réveiller.
— Alors, Hermione va bien ! s'exclama Ron.
— Il n'y aura pas de séquelles, assura Dumbledore.
Ginny fut emmenée à l'infirmerie, escortée par ses parents. Ils restèrent silencieux tout au long du trajet. Lorsqu'ils entrèrent dans l'infirmerie, Mme Pomfresh s'occupa de Ginny, qui prit soin de ne pas regarder le rideau qui cachait les victimes du Basilic et qu'elle avait encore du mal à ne pas considérer comme ses victimes. L'infirmière lui servit une tasse de chocolat chaud dans lequel elle avait versé une potion de Sommeil sans Rêves, que Ginny but en silence, les yeux dans le vide. Ron ne tarda pas à apparaître, accompagné de Lockhart. Il expliqua la situation à Mme Pomfresh et lui demanda quand Hermione serait réveillée. L'infirmière lui répondit que cela ne prendrait plus qu'une heure mais lui demanda d'attendre à l'extérieur. Ron échangea quelques mots avec ses parents puis s'en alla peu après.
Se sentant somnoler sous l'effet de la potion, Ginny posa sa tasse vide sur sa table de chevet. Elle se coucha et ferma les yeux, mais lorsqu'elle entendit Dumbledore entrer et s'adresser à ses parents, elle lutta un peu plus longtemps contre le sommeil et tendit l'oreille pour saisir ce que le directeur disait à voix basse, en vain. Ce fut seulement la réaction de son père qui lui fit comprendre la teneur de leur conversation.
— Je vais le tuer ! fulmina-t-il.
— Arthur... intervint Molly.
— Il l'a fait exprès ! Il connaissait le pouvoir de ce journal, il savait à qui il appartenait, et il l'a sciemment glissé dans son livre ! Je vais le traîner en justice ! Il va tout perdre !
— J'ai bien peur que ce soit impossible à prouver, Arthur, intervint Dumbledore d'un ton plein de regret.
— Alors il va s'en sortir sans conséquence ? Encore une fois ? Quand est-ce que Lucius Malefoy paiera pour ses actes ? Il a menacé ces gens pour que vous soyez démis de vos fonctions, il a failli faire tuer ma fille !
Mme Pomfresh intervint pour lui demander de baisser la voix, et Arthur consentit à accompagner Dumbledore à l'extérieur pour poursuivre leur conversation.
Ainsi, c'était Lucius Malefoy qui lui avait donné ce journal, ce jour-là au Chemin de Traverse. Avait-il planifié son geste de longue date pour faire tomber son père, qu'il savait après lui ? S'était-il décidé sur le moment, par pure vexation, à cause de leur altercation ? Ginny n'en saurait sans doute jamais rien.
Elle passa la nuit à l'infirmerie. Un festin de dernière minute avait été organisé pour célébrer la défaite de l'héritier de Serpentard et le retour des élèves pétrifiés, mais elle avait besoin de repos et ne se sentait de toute façon pas encore prête à faire face au monde. Sa mère resta à son chevet toute la nuit, mais Ginny n'en aurait rien su si elle s'était éclipsée.
Pour la première fois depuis des mois, elle dormit comme une souche.
***
Les élèves pétrifiés avaient été ranimés, Hagrid avait été libéré d'Azkaban et était de retour à Poudlard, Gryffondor avait gagné la Coupe des Quatre Maisons grâce aux quatre cents points que Harry et Ron leur avaient fait remporter et les examens pour les classes non diplômantes avaient été annulés.
Ginny avait quitté l'infirmerie. Ce fut d'abord étrange. Tout le monde était au courant que c'était elle qui avait été enlevée et emmenée dans la Chambre des Secrets, mais seul un nombre restreint de personnes connaissait la véritable étendue de son rôle. On s'adressait à elle comme si à un petit être fragile, ce qui était sans doute le cas, même si elle détestait l'admettre. Personne n'avait été renvoyé, par conséquent, personne n'avait vraiment compris qui se cachait vraiment derrière l'héritier de Serpentard, encore moins qu'il s'agissait de Voldemort en personne. L'histoire du Basilic, en revanche, avait largement été répandue, au point que ce dernier semblait avoir été confondu avec l'héritier lui-même, comme si c'était la seule volonté du monstre qui avait commis ces exactions. Il était sans doute plus aisé de croire qu'un monstre était responsable de tout cela plutôt qu'un être humain.
Peu à peu, cependant, les choses revinrent à la normale. Ginny retrouva sa forme et sa joie de vivre d'antan. Le trimestre tira à sa fin, et bientôt, il fut temps de reprendre le Poudlard Express. Ginny voyagea en compagnie de Ron, Harry, Hermione et des jumeaux.
— Ginny, dit soudain Harry alors que la fin du voyage approchait. C'était quoi cette histoire de Percy que tu as surpris en train de faire quelque chose ? Il ne voulait surtout pas que tu en parles à qui que ce soit...
— Ah, oui, c'est vrai... Eh bien... Percy a une petite-amie.
— Quoi ? s'exclama Fred en laissant tomber une pile de livres sur la tête de George.
Oups. Elle avait été tellement contente de pouvoir parler à Harry comme une personne normale qu'elle en avait oublié la présence des jumeaux et sa promesse à Percy. Bon, puisqu'elle avait vendu la mèche, autant tout raconter... Les jumeaux allaient la matraquer de questions, de toute façon.
— C'est cette fille qui est préfète de Serdaigle, Pénélope Deauclaire. C'est à elle qu'il passait son temps à écrire l'été dernier. Ils se donnaient des rendez-vous secrets dans l'école. Un jour, je les ai surpris en train de s'embrasser dans une classe vide. Il a été tellement bouleversé quand elle a été... agressée. Vous n'allez pas vous moquer de lui, hein ?
— Jamais de la vie, assura Fred.
— Certainement pas, renchérit George.
Ginny soupira.
Ils allaient définitivement le faire tourner en bourrique.
Et voilà, cette fanfiction est terminée ! On se donne rendez-vous pour le prochain tome des Chroniques de Ginny Weasley, qui sera donc la réécriture du Prisonnier d'Azkaban et qui s'appellera La menace du Mangemort !
A bientôt !
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