Chapitre 4
Lorsque le Roturier se réveilla, il gisait sur un dur lit de pierre dans une toute petite pièce au froides parois rocheuses. Il ne mit pas longtemps pour comprendre qu'il s'agissait d'une cellule.
La tête lui faisait encore mal, comme si un cheval l'avait piétiné. Il reprit ses esprits petit à petit, pour s'apercevoir finalement que ses armes avaient disparu, ainsi que sa longue cape noire. Les symboles dessinés sur sa peau étaient donc visibles et tous sauraient à quel peuple il appartenait. Ses longs cheveux bruns ébouriffés retombèrent sur ses yeux bleus saphir, accompagnés d'une légère odeur de crasse et de terre.
Il se redressa difficilement lorsque l'imposante porte en bois s'ouvrit et deux gardes entrèrent dans l'étroite pièce.
- Bien dormi langbarto? demanda d'un ton faussement ironique l'un d'eux. Notre seigneur souhaiterait te parler.
Le Roturier ne répondit pas et, malgré une certaine méfiance, il accepta de suivre les gardes. Après que ceux-ci l'aient menotté, ils montèrent une rangée d'escaliers étroite, quittant ainsi le sombre couloir illuminé par quelques torches.
Après être sortit de l'obscurité du cachot, le prisonnier fut conduit vers une grande salle spacieuse, soutenue par de larges colonnes en bois blanc. Deux imposantes tapisseries aux couleurs vives recouvraient une partie des murs de pierres blanches sur les côtés. Un trône en bois se trouvait au milieu de la salle, sur lequel était assit le seigneur Axius. Deux gardes armés se tenant à ses côtés ne lâchèrent pas le prisonnier des yeux, ainsi que les quelques nobliaux présents.
Le silence s'installa rapidement dans la salle et tous les regards se posèrent sur le prisonnier, qui se tenait droit le visage fermé au centre. Son air de défi était fixé sur le seigneur de Durbois, qui l'observait impassible.
Un des nobles s'avança et prit la parole.
- La nuit précédente, débuta-t-il, notre peuple a été victime de l'attaque violente de la part de barbares du Nord. Plusieurs villages ont été détruits et bon nombre d'innocents ont perdu la vie. Et comme ci cela ne suffisait pas, notre bien aimé Umbra, fille de notre seigneur, a été emmenée par cette ignoble vermine.
Sa voix, accompagnée de quelques murmures discrets, résonna dans toute la grande salle. Jusque là ce noble s'était adressé à tous les présents, mais cette fois ses yeux, qui semblaient lancer des éclairs, se tournèrent vers le Roturier.
- À présent, poursuivit-il en le pointant du doigt, nous avons ici l'un de ces barbares qui ont rasé le village devant notre enceinte. Aussi, je propose qu'il soit pendu haut et coup, pour qu'il serve d'exemple à tout autre barbares ou brigands qui oserait s'en prendre à notre peuple.
Des exclamations s'élevèrent, tandis que les yeux Mæcilius observaient toujours le prisonnier qui en faisait autant.
- Seigneur Labienus, dit un autre noble en s'avançant. Comment pouvez-vous affirmer que ce jeune homme soit bel et bien un des sauvages qui nous ont attaqué?
- C'est un barbare seigneur Ostus, cela est une preuve plus que suffisante vous ne croyez pas?
Les nobles de la grande salle commencèrent ainsi à se chamailler les uns les autres. Un véritable capharnaüm s'installa et les voix résonnèrent dans toute la pièce, si ce n'est dans toute la forteresse.
- Silence! hurla Mæcilius en se levant soudain du trône.
Aussitôt la foule se tût. Le seigneur de Durbois n'avait aucunement besoin des chamailleries de ses sujets à l'heure actuelle. Il s'avança lentement vers le prisonnier qui ne détachait pas ses yeux de lui.
- Sais-tu pourquoi tu te trouves ici jeune homme? demanda Mæcilius.
- Vous voulez savoir quelle raison m'amène ici? répliqua-t-il. Je ne cherchais simplement qu'un endroit où vivre.
- Dis plutôt que tu nous espionnais pour le compte de ton peuple vermine! s'écria le seigneur Labienus, avant que Mæcilius ne lève la main pour l'inciter à se taire.
Le seigneur de Durbois et le prisonnier se défièrent du regard sans prononcer un mot, jusqu'à ce que Mæcilius ne brise le silence.
- Je sais que souvent ma fille venait te voir dans la taverne, reprit-il froidement.
- Si vous insinuez que je l'ai touché seigneur, la réponse est non. Je n'ai jamais touché ni même couché avec votre fille. Elle le voulait, mais j'ai toujours refusé.
Ne prêtant aucunement attention aux murmures de la foule, le seigneur Axius poursuivit son interrogatoire.
- Et pour quelle raison devrais-je te croire?
- Avez-vous vu ce que j'ai fait aux pillards qui se dressaient sur mon chemin? dit le Roturier d'un ton légèrement amusé. J'ai occis tous les forbans qui ont tenté de m'embrocher avec leurs épées, dans l'espoir que cela vous permette de sauver les vôtre. Je savais parfaitement que leur chef aurait ordonné à ses hommes de me trancher la tête, parce que sa réputation était en jeu et pour un «barbare», la réputation est bien plus importante que la vie elle même.
Mæcilius écouta attentivement les paroles du prisonnier. Il essayait de savoir si ce jeune homme lui disait la vérité, mais à quelle fin?
- C'est un ramassis de foutaises! répliqua le seigneur Labienus. Mon Seigneur, ce sauvage essaye de vous manipuler pour que vous le libériez. Ne lui cédez pas.
- Taisez-vous Labienus! cria Mæcilius dont la voix se répandit dans toute la grande salle. Si je voulais votre opinion je vous l'aurais demandé.
Le noble fit une légère révérence et recula, après quoi le seigneur de Durbois reporta son attention sur le prisonnier.
- Est-ce toi qui a occis les brigands dans les Bois de Versombres au cours des trois dernières lunes?
Le Roturier hocha silencieusement la tête observant le seigneur de Durbois droit dans les yeux.
- Pourquoi?
- Je me contenterai de dire que personne n'agissait pour les arrêter, répondit-il. Alors j'ai décidé de prendre les choses en main.
- Serais-tu disposer à en occire d'autres?
Le Roturier comprit ce que Mæcilius lui demandait. Cela était extrêmement dangereux, mais malgré tout, il accepta la proposition et tendit les bras pour que les menottes lui soient retirées. Sous les regards choqués et ahuris de la foule, du moins pour certains, le seigneur de Durbois ordonna à ses gardes de relâcher le prisonnier.
- Tes armes te seront rendus à la taverne, ajouta le seigneur Axius. Inutile de te dire que tu as un temps limité.
- Combien de temps seigneur?
- Jusqu'à la prochaine pleine lune. Après ce délai, nul endroit ne sera sûr pour toi.
La menace était très clair et le Roturier le savait parfaitement. Il s'apprêtait à partir lorsque le seigneur Ostus prit la parole.
- Mon Seigneur, puis-je me permettre.
Mæcilius l'invita à s'approcher et ce dernier lui murmura quelque chose à l'oreille. Le seigneur de Durbois paraissait perplexe face aux paroles inaudibles de son sujet, mais il finit par hocher la tête et accepter sa proposition.
- Le seigneur Ostus t'accompagnera Roturier, dit-il. Cette proposition est non négociable.
Non sans une certaine gêne, celui-ci accepta la proposition du seigneur Axius. Le seigneur Ostus s'avança vers son compagnon de voyage et lui adressa un léger sourire.
- Il semblerait que nous allons avoir le privilège de mieux nous connaître Roturier, dit-il d'un ton diverti.
- Je n'en serais pas aussi sûr que vous, seigneur, répliqua celui-ci en tournant les talons pour rejoindre la taverne.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro