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19 - J'étais malade, c'est crédible?

J'exécute maladroitement une révérence à mon tour, j'ai l'horrible impression de paraître gauche après celle que vient de réaliser Lise (la servante).

- Relevez-vous Mademoiselle. M'ordonne sèchement le Roi

En déglutissant, je lui obéis. Pour plus de sécurité, je garde les yeux rivés sur le sol. Je ne suis tout de même pas suicidaire, je sais que je risque de me faire virer de la sélection du Prince.. Mais ma rébellion n'avait pas pour but ce résultat final, j'espérais juste faire enrager le Prince.. Hors, me retrouver devant le roi a de quoi impressionner même le plus courageux des soldats.

- Regardez moi! Ordonne-t-il de nouveau
- Votre Majesté, que puis-je pour vous? Soufflais-je
- Eh bien dans un premier temps, éviter de vous faire trop remarquer. Je sais que je vous ai demandé de tenir tête au Prince, mais pour ça encore faut-il que vous soyez présente sur les lieux où il se trouve! Où étiez-vous ce matin ? Gronde-t-il furax
- Ce matin ? Je.. Je ne me sentais pas très bien.. balbutiais-je d'une voix aiguë.
- Vous me prenez pour un idiot?! Tonna-t-il d'une voix forte.

Je me ratatine sur moi même. Je prie fortement et de toutes mes forces pour que le sol s'ouvre et m'engloutisse, mais ce traître reste obstinément clos. En jetant des coups d'oeil autour de moi à la dérobé, je constate que les cuisiniers sont tous partit, nous laissant seuls le Roi et moi.

Je ne lui réponds pas, et baisse les oreilles de honte tout en glissant ma queue entre mes jambes. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je sais qu'il attend une réponse, mais je ne veux pas que ça agrave mon cas.

Une cloche retentit au loin. Je ne sais pas ce qu'elle signifie mais le roi se redresse tout a coup, comme un rappel à l'ordre et me lance d'une voix sans appel:

- Je vous laisse rejoindre le groupe de vos concurrentes mais sachez mademoiselle que nous n'en resteront pas la.

J'hoche la tête rigoureusement, trop heureuse sur le moment de m'en tirer presque aussi facilement pour me préoccuper davantage de ses paroles, pourtant lourdes de promesses de me faire subir mon affront de ce matin.

Tandis que le Roi quitte les cuisines d'un pas souverain et majestueux, je me dépêche d'aller rejoindre mon groupe en sortant à mon tour.
Du moins, c'est ce que j'essaie de faire, pendant deux longues heures, je déambule au pas de course dans les vastes couloirs aux tapis doux  moltonés. Je cours presque en orientant désespérément mes oreilles dans les sens à la recherche du moindre signe de voix. Mais j'ai beau chercher je n'entends rien, hormis mon coeur qui tambourine comme un forcené dans ma cache thoracique.

Un douloureux point de côté, me force à m'arrêter et me plier en deux le temps de retrouver ma respiration. Alors que j'étais là, en train de cracher mes poumons, j'entends distinctement la voix du prince me parvenir d'une chambre avoisinante.

- ...et là, vous pouvez voir les salles de billards mises à votre disposition. Bien évidemment, si vous avez la moindre question ou demande, vous trouveriez toujours un domestique à qui demander votre requête.

Il est sérieux la?! Il est courant que je viens de me taper la moitié de son putain de château sans trouver le moindre domestique tout du long de ma promenade?! Enfin, si l'on peut appeler ça une promenade car ce n'est pas l'impression que j'en avais sur le moment. J'ai envie de hurler de frustration et de colère, mais mon souffle n'étant toujours pas revenu je continue de chercher ma respiration douloureusement. Je suis rouge, j'ai l'impression de puer à des kilomètres et je suis fatiguée.

Toujours pliée en deux, je ne vois pas les alentours, mais mes oreilles agissant comme des radars, m'indique ce qui se passe aux alentours.
Ainsi, lorsque le prince et les autres filles commencent à se diriger vers moi, je l'entend mais ne les voient pas. Si je les avaient vu, je me serais remise debout immédiatement en remarquant qu'ils n'étaient pas seuls mais accompagné... Malheureusement, je ne les voyaient pas.

Je les entendis se rapprocher, et s'arrêter à ma hauteur. Je ne fis pas l'effort de me relever ma respiration pourtant revenue à la normale.

Un raclement de gorge prononcé et le lourd silence l'accompagnant me fit redresser le buste un peu rapidement, m'envoyant une décharge électrique dans tout le corps.

Mes yeux verdoyant se plongèrent presque aussitôt dans des yeux azur perçant. Le pourtour de ses yeux étant parsemés de rides bien prononcées et pourtant, la vive intelligence qui y brillait encore malgré le nombre des années.
Le père du Roi.

A cette constatation, le peu de couleurs que j'avais pu récupérer de cette pause forcée, quitte à nouveau mon visage à la vitesse de l'éclair. Je m'empresse d'executer une révérence. Elle n'est ni jolie, ni gracieuse mais elle fera l'affaire, dans l'urgence de la situation, je ne m'emcombre pas de détails.

- Voyons Mademoiselle, ne vous mettez pas dans un état pareil, je ne vais pas vous manger. Je suis si impressionnant que ça? Me demande d'une voix grave, douce et profonde le père du Roi.
- Grand-père, je vous présente Sacha Von Delavelle, elle a aussi été choisie par mes soins lors de la sélection hier.

Le vieillard me dévisage longuement de la tête aux pieds sans rien dire puis, en se grattant le menton et plissant les yeux demande à son petit-fils :

- Pourquoi n'était-elle pas là ce matin?
- Et bien! Laissons lui la possibilité de répondre elle même à la question et de nous éclairer un peu plus par sa si brillante absence.

Deglutissant nerveusement, je commence à transpirer.

- Je.. J'étais malade... Je ne me sentais pas très bien. Mentis-je pour la seconde fois dans la journée.
- Je comprends. Murmura l'ancêtre d'une voix doucereuse

Je commence à me détendre imperciblement, pensant naïvement que mon mensonge est passé, quand il continue sa phrase et m'achève.

- Je comprends ... C'est pour ça que vous n'étiez pas chez vous et que votre voiture était à l'orée de la forêt? Entre la délimitation entre notre royaume et celui des humains... C'est à tout a fait logique Mademoiselle Von Delavelle. Tout à fait logique...
- Non, je.. non, ce n'est pas ce que vous croyez ! J'étais effectivement dans la forêt mais j'étais en train de cueillir des champignons pour me faire une soupe pour soulager mon ventre.
- Vous cueillez des champignons en étant malade? Votre mère ne pouvait y aller pour vous? Continue-t-il

Non, seulement il m'a achevé avec sa première question mais non content de sa victoire il me piétine par dessus le marché ! Alors que je lance un regard au Prince pour observer sa réaction, je constate amèrement qu'il n'en a rien à cirer et qu'il papote tranquillement avec une fille du groupe.
Je reporte mon attention sur le papi, je prends une longue et profonde inspiration pour me donner du courage et lui répond alors en y mettant toute la conviction que je peux pour que ce soit crédible:

- Oui, j'y suis allée car je n'aime pas que l'on empiète sur ma vie privée, j'aime faire mes affaires et cela ne regarde personne hormis moi.

Je l'affronte du regard. Ses yeux pétillent d'une lueure pendant une demi-seconde  mais je n'arrive pas à la déchiffrer. Je fronce les sourcils d'incompréhension tandis que ma queue se balance d'agacement.

A ma plus grande surprise et mon plus grand soulagement, le vieillard acquiesce doucement de la tête puis m'annonce :

- Très bien, je vous crois, vous avez le bénéfice du doute, vous pouvez rester. La visite est terminée, chaque jeune fille doit rejoindre sa suite.  N'ayant pas pu assister au début de la visite, vous ne savez pas où se trouve votre chambre, demandez votre chemin à une domestique. Une fois dans votre chambre vous verrez que deux autres vous y attendront, ce sont vos domestiques attitrés qui vous sont attribués. Sur ce, bonne chance Mademoiselle. Que la meilleure gagne.

Il s'éloigne alors à petit pas mais très digne et très droit. Je le regarde s'éloigner songeusement.

Coucou mes petits chats! Comment allez vous depuis le temps??

Je suis désolée de vous avoir fait attendre mais j'ai fini mon année! Je dois encore faire un examen, mais mon année est enfin finie! Elle a était longue et fastidieuse mais j'en suis heureuse tout de même.

J'espère que la suite des aventures (ou mésaventures) de Sacha vous plaît toujours autant 😉

Bisous mes chatons! A la prochaine fois 😘😘😘

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