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7. Anomalie

Talinn

Aucune explication rationnelle ne peut satisfaire à ce qui vient de se produire.

Sous la pression des balles, la créature métamorphique lâche un râle d'agonie évoquant un crissement de pneus sur l'asphalte. Elle se tasse, se rétracte, s'emmêle et s'affaisse en une flaque noire comme du cambouis. Morte ? Difficile à diagnostiquer au vu de l'amas inerte qu'elle forme à présent. Au moins, plus aucun son glaçant ne s'en échappe.

Face à moi, le groupe est décimé. Levi se retrouve blessé à l'épaule, Chewie hurle de douleur alors que sa jambe se tord en un angle improbable. J'ai clairement vu Tyn, puis Corvax, être absorbés par la créature. Pas simplement attrapés et déchiquetés, non ; juste absorbés, assimilés, puis disparus. Plus aucune trace de leur être ne subsiste dans la mare noire inorganique où ils devraient se trouver.

Mes jambes ne répondent plus, je m'écroule à terre. Une vie passée à comprendre la structure de notre monde, l'assemblage de ses atomes et molécules, ses lois physiques, pour voir ces convictions balayées d'un revers de manche. Par une apparition surnaturelle. Une erreur dans la matrice. Non, à vrai dire mes convictions ont commencé à être ébranlées bien avant. Lorsqu'Os est arrivé parmi nous.

Je ne suis pas le seul à me trouver en état de choc. Aux teints livides de ces guerriers, d'habitude si valeureux, je constate comme ce combat absurde les a ébranlés. Un seul tient droit sur ses jambes.

Zilla n'a pas l'air de réaliser ce qui se trame autour de lui. Il est hypnotisé.

Derrière l'espace qu'occupait quelques secondes auparavant la créature, se manifeste désormais un nouveau phénomène impossible. Là où devrait se prolonger les dalles et les murs de béton d'un couloir se tient un immense écran blanc, aplat traversé de grésillements et tressautements. Je tremble de tout mon corps. Ce qui se passe ici n'est pas normal.

Ce n'est pas normal.

Zilla fait un pas en avant.

Ça ne devrait pas arriver.

Zilla lève une main vers ce néant intangible.

Ça ne peut pas...

Zilla touche l'écran.

...

Que s'est-il passé ? J'ouvre les yeux comme si je venais de naître, comme si quelqu'un venait de secouer mon cerveau et mélanger tous les souvenirs et savoirs qui s'y trouvaient. Je mets un moment avant de comprendre ce que je fabrique ici, les fesses posées sur un sol froid et dur, entouré de quatre personnes à l'air aussi hébété que moi. Le bip qu'émet ma montre me rappelle alors à la réalité. Cela fait une demi-heure que nous sommes descendus. Il nous reste autant de temps pour remonter avec notre butin.

Je me souviens maintenant : la mission, le monstre, l'écran... Mais il ne persiste plus aucune trace de la mare noire, pas même une tâche d'humidité au sol. L'écran blanc s'est volatilisé, laissant place au couloir tout à fait ordinaire qui aurait toujours dû se trouver là.

Je lève la tête vers Zilla en quête de nouvelles instructions, mais il s'agite, balance son regard à trois cent soixante degrés. De nous tous, il est celui qui a l'air le plus chamboulé. Que lui est-il arrivé en touchant l'écran ? La panique cède place à une rage bouillonnante lorsqu'il constate les absences. Il avance d'un pas ferme vers Chewie, qui peine à contenir ses larmes de douleur avec sa jambe cassée. Zilla n'éprouve pas la moindre pitié pour lui. Il l'attrape par le haut de son plastron et l'attire vers lui avant de vociférer.

— Où est Grimm ?

Entre sa blessure et l'onde de choc qui vient de remuer nos méninges, Chewie n'est probablement pas en état de répondre. Il bafouille et bégaye si bien que Zilla le secoue comme un prunier et repose sa question en boucle.

— Il est là.

Anon désigne la silhouette qui revient à pas lourds par le couloir gardé par le monstre. À en juger par son envergure, il ne peut s'agir que de l'ailier. Pourtant, cette démarche hésitante et défaitiste ne lui ressemble pas. Zilla réagit au quart de tour. Il lâche Chewie, dégaine son couteau de chasse et s'élance sur Grimm. Alors qu'il le plaque contre le mur, la lame littéralement sous la gorge, son ennemi n'oppose pas la moindre résistance. À nouveau, Zilla joue son numéro d'inquisiteur.

— Où est-il ? Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Même à travers le masque, ses vociférations sont parfaitement audibles. Les justifications de Grimm, un peu moins.

— Il s'est enfui. J'ai essayé de le rattraper...

— Conneries ! l'interrompt-il. Traître !

— C'est la vérité ! Il y a un garage qui s'ouvre vers l'extérieur, au bout. Il a pris une moto et s'est enfui avec.

— Tu te fous de ma gueule !

— Non, Zi, regarde la vérité en face : ton clebs nous a menés dans un piège et en a profité pour se tirer d'ici !

— Je vais t'étriper, putain !

Et Zilla aurait sans doute pu trancher la gorge de Grimm dans cet accès de rage si Anon n'était pas intervenu pour retenir sa main.

— Calme-toi, Zilla.

Même si je comprends la fureur de notre chef – et c'est en partie ma faute pour avoir rapporté les intentions de Grimm – leur guerre de leadership n'est pas une priorité dans la situation présente.

— Vous réglerez ça plus tard ! On a des problèmes plus urgents : à savoir, deux blessés et deux autres disparus. Qui sait si une autre de ces saloperies ne va pas nous retomber dessus ? Dépêchons-nous de ramasser ce qu'il y a à ramasser et cassons-nous. Le temps presse !

Je ne sais pas si mes propos ont douché les élans meurtriers de Zilla. Il semble toujours aussi bouillonnant, mais il range son couteau et lance de nouvelles directives. Au moins a-t-il compris que son rôle de meneur doit primer sur ses émotions personnelles.

Il me laisse la charge de Levi et Chewie. J'improvise une attelle et des béquilles pour que le tireur ailier puisse tituber jusqu'à la sortie. Puis nous cherchons partout des traces de Tyn et Corvax. En vain. Personne n'ose en parler, mais je sens bien que le même poids mort pèse sur mes compagnons.

Nous rejoignons Anon, Grimm et Zilla qui ont pris de l'avance et inspectent dans le garage les véhicules qu'ils peuvent emmener. Au moins, sur ce point-là, le médium n'avait pas menti. Grosses cylindrées, SUV, Jeeps, tout-terrains, pick-up, fourgonnettes... C'est une véritable orgie mécanique. Pourtant, personne n'a le cœur à s'en réjouir.

Zilla, lui, examine, pensif, à la lueur de sa lampe, des traces au sol. En m'approchant, je comprends qu'il s'agit de sang. Du sang frais.

— Cet enfoiré lui a tiré dessus, siffle-t-il entre ses dents.

Il lève les yeux vers l'immense porte roulante, ouverte sur l'extérieur. Au loin, les cheminées éventrées de la centrale. Je devine sans mal à quoi il pense : prendre une moto et partir à la poursuite d'Os. Je cherche les mots pour l'en dissuader. Je n'en ai finalement pas besoin. Zilla ordonne le ralliement avec le groupe de Fen.

Je sais qu'il lui en coûte, mais Zilla sait également qu'il ne peut pas faillir. La responsabilité de la bande – de sa famille – lui incombe. Pas celle d'un garçon surnaturel en route pour le suicide dans une zone ultra-irradiée.

o

?

Vent frontal qui fouette mon visage et mugit à mes oreilles, immenses étendues rasées, atomisées, vides, sous mes yeux et jusqu'à un horizon infini. Alors que mon bolide file et avale les mètres, puis les kilomètres, guidé par une boussole invisible, je sens quelque chose.

Seul. Depuis combien de temps n'ai-je pas été vraiment seul ? L'ai-je été un jour ?

Vibrations du moteur, choc des roues sur l'asphalte irrégulier... Un liquide chaud coule contre ma hanche gauche, la douleur se réveille et me scie les tripes. C'est mon corps que je sens comme ça.

Mon corps... Drôle d'impression que celle d'être une entité sentiente dans un espace délimité par une enveloppe de chair ?

Je prends conscience de ce soleil qui me cuit, de ces millions de grains de sable autour de moi, de ces atomes qui constituent ce lieu morne et mort. Il existe bel et bien qu'on le veuille ou non. J'existe bel et bien.

Je ne sais pas qui je suis, mais je sais que j'existe. C'est déjà ça. Je ne suis pas un simple flux de données ou un algorithme qui se promène dans un programme corrompu, je suis un être humain, fait de chair, de sang, de nerfs – la douleur qui s'exprime séant est là pour me le faire savoir – capable de formuler ses propres pensées. Je pense donc je suis ! Qui a dit ça déjà ?

Mes forces m'abandonnent sans prévenir. Ce corps que je découvre à peine faillit et lâche le guidon. Je chute et roule plusieurs mètres sur ce sol de bitume et de poussière. Le halo rouge s'agrandit sur mon ventre, à moins que ce ne soit mon champ de vision qui se teint en pourpre.

Né dans ce désert stérile, mort quelques minutes plus tard. Vie plus éphémère qu'un insecte. Pourtant ma volonté palpite à mes tempes, elle crie : « Survis ! Tu ne peux pas mourir ici. Pas comme ça. » Pas alors que mon radar s'active et détecte des présences humaines à moins d'un kilomètre. Si j'arrive à les atteindre, alors peut-être que...

Je rampe. Péniblement, douloureusement, accélérant même l'hémorragie. Ma vision se trouble, devient neige noire qui chasse les couleurs. Puis le noir disparaît pour ne former qu'un uniforme voile blanc.

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