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18. Premier message divin

Fen

Le cul enfin posé à quelques mètres du feu de camp, je mâche sans y penser une ration de viande séchée. Je n'arrive pas à la savourer. Mes yeux rivés sur les flammes sont hypnotisés par cette danse. Je suis vidé. Littéralement. Et je ne suis pas le seul.

Les combats se sont interrompus à la tombée de la nuit lorsque la chape d'obscurité a rendu les affrontements trop compliqués. Pour autant, la pause n'est pas reposante. L'heure est au bilan.

Je retire ce que j'ai dit plus tôt : la grosse Bertha n'était pas de trop, loin de là. Sans ça, c'est probablement elles qui nous auraient roulés dessus. Faut dire, on s'attendait pas à les trouver à ce point armées jusqu'aux dents. Quant à nos stratégies habituelles, elles ont été contrées comme un jeu d'enfant par leurs défenses adaptées. Pour le coup, c'est nous qui sommes cons. Fallait bien se douter que le Nonosse les aurait préparées.

L'aile de Wolf a salement encaissé. Le brave molosse reste droit dans ses bottes, mais est quand même revenu la queue entre les jambes. La moitié de ses hommes ont été décimés et la moitié de la moitié s'est fait capturer. Grimm a été plus chanceux. Il n'a perdu que quatre de ses gaillards, pour autant, il ne faisait pas le fier non plus.

Une chose cependant a remonté son foutu sourire insolent :

— Je vous jure que je l'ai vu ! Le chef s'est barré fissa vers l'est ! Moi, je vous le dis, il s'est fait dans son froc en voyant qu'on prenait cher. S'il revient, pas de pardon pour cette lopette !

J'aurais aimé croire que Grimm racontait des salades, un récit bien accommodant pour celui qui aspire à finir calife à la place du calife. J'aurais préféré Zilla blessé ou capturé par l'ennemi plutôt que ça. Pourtant, toute la brigade rapporte le même témoignage.

C'est le monde à l'envers : Zilla qui nous abandonne et Luth qui revient, acclamé d'honneur, avec une otage. Une putain d'otage !

Avec elle et la bodybuildeuse lanceuse de grenade, ça fait deux prisonnières. Contre plus ou moins quinze, en face — on n'est pas sûrs pour le compte des morts — ce n'est clairement pas à notre avantage.

Mais dans l'autre camp aussi, ils ont perdu leur cheffe, tranchée par Zilla, à ce qu'il paraît. Maigre consolation.

En plus de ça, mon esprit ne quitte pas les brumes. Cette vision, cette ville étrange et tout ce... vert. Nous l'avons tous expérimenté, ennemis compris, au même moment. Impossible de dire combien de temps ça a duré, mais ça nous a tous profondément chamboulés. C'est sans doute ça, la vraie raison qui nous a poussés à cesser les combats.

Qu'est-ce que c'était ? D'où ça venait ? Et pourquoi ? Pour faire passer quel message ? Y'avait-il seulement un message à en tirer ? Vision réelle ou fantasme halluciné ? Tant de questions et mon intuition me souffle que le petit Os en saurait quelque chose, lui. Mais il n'est plus là.

Je pousse un large soupir puis porte ma main à la poitrine. J'avais oublié cette saloperie de blessure. Même si la balle n'a pas pénétré mon cuir de peau, elle m'aura quand même fichu un hématome assez douloureux pour marteler sa présence à chaque respiration.

Des cris aigus fusent dans mes oreilles. Grimm et sa bande, à quelques mètres, près du feu. Ces enfoirés festoient sans décence. Comme si on pouvait appeler ce fiasco une victoire. « Les morts ont besoin d'un barouf d'honneur pour rejoindre les chevauchées ardentes ! » qu'ils justifient. Peut-être bien. D'ailleurs ils pensent que la vision provient du Saint Chromé : c'est l'extinction de tant de braves combattants d'une traite qui aurait généré cette hallucination commune. Pas impossible.

Quoi qu'il en soit, je n'ai pas la tête à me saouler ou à me dégonder avec eux. Pas alors qu'une bande de sauvageonnes, stationnée à moins d'un kilomètre, peut attaquer et ravager ce qu'il reste de nos rangs pendant la nuit. Pas alors que je n'arrive pas à me décoller de l'impression que Grimm célèbre déjà son intronisation. Vu qu'on ne tiendra peut-être pas jusqu'à demain, il n'a pas tort de la fêter dès maintenant.

Je cherche du regard la provenance des cris. La fille que Luth a ramenée, une brunette aussi frêle que mignonne, à peu près l'exacte opposée de sa comparse lance-grenades, se débat dans l'étreinte de Karim. Saisie sous la poitrine, les membres coincés sous l'imposant tour de bras, elle s'époumone en gesticulations vaines qui font rire l'assemblée goguenarde. Daïb l'attrape par les pieds tandis que la force de Karim la maintient en l'air. Le cercle s'agrandit à mesure que ses cris s'intensifient. On lui tire son pantalon et révèle au public un pubis à la toison vivace et à la fente suintante comme la rosée du matin.

D'ordinaire, je n'aurais manqué pour rien au monde un spectacle aussi alléchant ; ce soir, je détourne les yeux. Ce n'est pas le bon moment.

o

Wolf

Cœur touché. Cœur pincé. Moral en berne, j'ai retrouvé mes compagnons bien gris. Même le soulagement d'avoir survécu ne balance pas mon sentiment de gâchis immense. Huit frères partis ! Mes chers, ma chair. On dit Wolf solide. La tête sur les esquilles. Bien bâti en dehors et en dedans. Ce n'est qu'avec l'habitude qu'on encaisse l'inéluctable. Alors je prends tout. Je prends tout sur moi et je trace. Adieu les gars ! La beauté de ce film onirique projeté de nulle part me rassure sur votre sort. Si c'est bien là-bas que vous êtes allés, comme dit Grimm, au moins vous serez mieux nichés qu'ici-bas.

Mais mon réconfort trouve une autre source. Je reviens du soigneur de bobos. Bon job qu'il a fait sur mes trois égratignures et mes bébés brûlures. Y'avait plus urgent que moi à traiter, mais fallait bien s'y coller quand même. C'est là que je l'ai vue.

Daïb la guidait en sens inverse. Yeux écarquillés et flétris d'effroi. Et pourtant, jamais admiré visage si beau. Deux pépites d'or brun qui flashent sur un drapé velours. Balayées aux brises, des mèches soyeuses et souples charrient les bords de ses joues rondes comme des enjoliveurs. Un geste inconscient de frayeur pince ses pauvres lèvres pleines et humides. Je m'efforce d'imprimer sur ma rétine cette vision fantasmagorique. Une seconde, et déjà, elle s'évanouit dans le sillage de Daïb.

Je continue ma route. Pas mes histoires. Et pourquoi pas ? Je peux pas m'empêcher : coup d'œil par-dessus mes épaulières. Flammes hautes et chaleureuses. Rituel de tribu. Les hommes ont leurs besoins. Tu connais la chanson, Wolf. Toi-même tu t'es livré à ces agapes. Rarement par envie. Souvent pour suivre la frénésie collective.

Ce soir, ce n'est pas un bon soir. Pas la tête à ça. Trop de douleur à écouler en silence et en patience. Mais la fille ? La vision se refait claire sous mes paupières. Ce visage de l'innocence, cette bouille terrorisée comme un fennec pris dans un moteur. Est-ce que tu peux vraiment laisser cela en pâture à leur voracité, Wolf ?

Je ne suis pas chef. Ce n'est pas moi qui décide. Mais Grimm non plus. Et si Grimm a son mot à dire alors pourquoi pas moi ?

Talons en sens inverse. Pas en retour. Je gagne la lueur des fêtes et arrive alors que cette grâce du Chromé est bafouée dans sa pudeur. La volupté de ce corps fin fragile...

— Ça suffit ! Laissez-la tranquille ! À quoi vous jouez ?

Quelques esclaffements répondent à ma harangue. Beaucoup ont déjà bu. Pour oublier cette journée noire. Pour passer à autre chose.

— T'as besoin qu'on te fasse un dessin, Wolf ?

Le ton de la taquinerie. Un instant, je doute. Est-ce que je peux réellement les convaincre ? Ils se stoppent net. Temporairement. Parce que je viens leur offrir une autre distraction, alors le loup s'engouffre dans la brèche.

— Au cas où cela vous aurait échappé, nous n'avons pas l'avantage du nombre de captifs. J'ai au moins quatre camarades dans leurs griffes. Et nous ? Deux seulement ! Je veux revoir les miens, et il y a intérêt à ce que nos prisonnières soient bien traitées si vous voulez espérer leur clémence. Allons quoi ? La vie de nos frères vaut-elle moins qu'une petite bouscule ?

Je ne vois pas leur réaction. Mes yeux sont coincés sur le trésor de beauté. Son air effrayé reste figé sur sa figure, mais je crois discerner comme une flamme d'espoir qui s'y ravive. Leurs murmures soufflent en vents contraires. Ils doutent.

— Fais pas chier, retourne à la niche, gentil clebs ! On va pas te l'abîmer, la minette. Chiche que je t'en laisse même une part. Content ?

Mon regard ne se détourne pas d'elle. Grimm n'en vaut pas la peine. Je l'ai suffisamment pratiqué. Bon pour aboyer, moins bon pour agir. Je le devine plus que je ne le vois sur ma gauche. Je lui attrape le poignet et le tords dans une clé de bras. Il crie, il plie et il crie à nouveau, courbé en deux. Plutôt, il vocifère.

— Lâche-moi, foutue merde ! Tu te crois où ? C'est moi qui commande maintenant ! Alors t'as intérêt à pas jouer à ça !

— Faux.

Les têtes-girouettes pointent sur l'importun. Je reconnais la voix de Fen. Il a fini par sortir de sa torpeur pour intervenir ? Ça m'étonne pas. Même au bout du rouleau, Fen a ce talent de ramener toujours au bon moment sa diplomatie pour calmer nos échauffourées tribales.

Son regard est affligé, mais sa barbe tressaute. L'ultime sursaut du devoir quand le cœur n'y est pas. Rarement vu les Rafales plus au bord de l'éclatement. Point de non-retour.

o

Fen

Cette face de rat grimée commence à me chauffer sérieusement la rate au court-bouillon. J'étais vraiment pas d'humeur à m'immiscer dans leurs affaires ce soir, mais il faut bien que quelqu'un le remette à sa place, ce fauteur de troubles. Et Wolf a raison.

— Il faut que je te copie-colle les règles sur ta face, Grimm ? En l'absence du chef, c'est moi, le second, qui prends les décisions.

L'empaffé s'esclaffe, sa cohorte avec. Je m'en contrecarre qu'ils me prennent pas au sérieux. J'étais intendant dans cette bande quand ils tétaient encore le sein de leur mère. Ils ont besoin de moi. Grimm le sait. Alors s'il lui reste une once d'intelligence, il ferait mieux de temporiser.

— Et quelle est ta décision, « chef » ?

Il ne manque pas de toupet avec son sarcasme en promotion. Je tiens droit dans mes bottes, malgré la fatigue, malgré le ras-le-bol... Malgré la trouille ? J'ai pas l'habitude de renifler de ce parfum-là, mais des années de confort, ça t'endort les sens et la vigilance. Alors quand une balle en plein milieu de la poitrine te ramène d'un coup sec à la réalité, il faut bien encaisser et surmonter.

— On laisse la fille tranquille et demain on voit ce qu'on peut négocier avec nos ennemis.

Le torse de Grimm se gonfle comme un pigeon fier. Forcément, le mot « négociation » est inconnu à son vocabulaire. Ou alors sa définition se borne à un coup de savate dans les dents.

— Et puis quoi encore ? Qu'est-ce qu'il y a à négocier ? On va les massacrer ces grognasses ! On va les massacrer, les gars !

Les hurlements de bêtes féroces s'évaporent dans les flammes. En fond, d'autres hurlements, plus lointains rugissent. Je peine à les dissocier. Je tends l'oreille. Il y a autre chose. Des coups de feu ! Grimm aussi les entend. Son poing se serre, intimant sa tribu au silence.

Le bruit pétaradant d'une moto surgit. Et je le vois. Ou plutôt, je vois sa tignasse blonde, salie de poussière, de sable et de sang coagulé, avant de voir le cavalier sur son destrier. Je me retourne vers Grimm. Sa main fourbe s'étire dans son dos pour attraper le magnum à sa ceinture.

Son sourire carnassier restera figé à jamais sur ses lèvres. La balle vient de traverser son crâne, pile entre les deux yeux. Mort sur le coup. Sans sommation. De l'autre côté, le canon scié de Zilla se dresse encore fumant.

Ok, message reçu. Je sais pas quelle épiphanie l'a frappé, mais il a la tête de quelqu'un qui s'apprête à commettre un massacre.

Ni une ni deux, je bondis en arrière et m'abrite derrière une grappe de caisses en alu. Après ça, tout se passe en un éclair.

Zi zigzague et tourbillonne sur sa bécane, fauchant au passage les hommes de Grimm qui ont pris la peine de réagir. Les balles semblent l'esquiver alors que chacun de ses coups fait mouche. Il n'est pas seulement vénère, il est habité.

À côté de moi, Wolf a d'autres préoccupations que celle de se choisir un camp. Il attrape la fille à moitié nue et l'entraîne à l'abri. Derrière lui, Daïb semble avoir décidé du camp de Wolf à sa place. Il brandit son arme sur lui. Dans le dos. C'est fourbe.

Tant pis. Moi aussi, je dois choisir mon camp. Je lève mon Smith et je descends Daïb. Désolé, mec. Tu l'auras cherché.

La bande est furax. Zilla est parti nettoyer ailleurs. Les douze gars restants se retournent sur moi. Ok, ça pue. Heureusement, je peux compter sur l'aide de Wolf. Déchaînée, sa carrure de bison charge sur les excités et les mate au corps-à-corps. À douze contre un, il fera pas le poids longtemps. J'essaye de le couvrir, mais pas facile dans la mêlée. Et bordel ! Je suis quand même pas en train d'aligner nos propres gars, là, si ?

La chance m'en préserve : une aide inattendue déboule. Talinn, suivi de Darek, Orobos, Luni et ce qu'il reste des gars de Wolf débarquent de l'ombre, encadrent la petite bande et les placent en joue. La température redescend d'un cran dans leurs cerveaux de brutes échauffés. Radical pour dessaouler en vitesse. Les mutins lèvent les bras en signe d'abdication. Qu'est-ce que tu veux faire d'autre ?

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