Chapitre 2 - L'adolescent au portefeuille
PDV Soan
Lundi 3 sept 2012
6h45
Aujourd'hui, c'est un peu la course, la rentrée, pour Lilou et Mathéo, mon petit frère et ma sœurette, . Après deux ans de galère, j'ai fini par réussir à devenir leur tuteur. Nos parents sont décédés, il y a trois ans. N'ayant que 16 ans a l'époque, je ne pouvais pas prendre cette responsabilité. Nous avons alors été placés en foyer avant de trouver rapidement une famille d'accueil. Ils étaient gentils mais je n'avais qu'une idée en tête, m'occuper moi-même de ma famille. Cependant, j'étais en très mauvaise santé, mon état s'aggravait et s'il n'y avait pas eu ce miracle qui cache quelque part, un triste événement, j'aurais à mon tour perdu la vie. Mais ce n'est pas arrivé, j'ai eu la chance de pouvoir continuer à vivre ou commencé à vivre, car du haut de mes 17 ans, j'avais une vie loin d'être comme celle des autres. Je ne pouvais rien faire comme eux. Mais depuis, ce 22 juin 2010, tout a changé pour moi. J'ai eu une seconde chance et je l'ai saisi. Je me suis battu comme toujours et j'ai passé mon diplôme de carrossier automobile. Tout juste sorti du lycée, j'ai passé mes journées à chercher un job et j'ai fini par trouver quelqu'un qui m'a fait confiance. Depuis je n'ai pas lâché ce boulot et j'en cumule un autre le soir depuis quelques temps. Il me fallait payer les procédures judiciaires et pouvoir prouver que j'étais apte, à m'occuper de ma famille. Une fois que j'avais mon boulot, ma majorité et mon chez moi, j'ai entamé les démarches. Ça s'est finalisé au bout de deux ans, tout de même. On a bien grandit depuis, je suis actuellement âgé de 19 ans, mon cadet de 14 ans et la petite dernière de 9 ans.
Aujourd'hui, on est réunis depuis trois mois dans mon appartement et on entame une nouvelle page de notre histoire. Et ce matin, une nouvelle année scolaire. La petite rentre au CM2 et mon cadet, en 3ème. Lilou est déjà debout prête à partir à l'école alors que Matt lui dort encore, et je lui aie dit au moins trois fois de se lever. Je laisse ma sœur a son petit déjeuner quittant la cuisine, et emprunte le couloir qui desserte deux chambres et une salle d'eau. Je me rends jusqu'à la dernière porte traversant le couloir peint de blanc, et pénètre dans la pièce.
- Bon Mathéo, tu fou quoi, ça fait des plombes que je te dis de te lever.
- J'ai pas envie.
- Ecoute, je sais que t'as pas envie que les vacances se terminent, que tu voudrais dormir jusqu'a pas d'heure, mais malheureusement c'est la rentrée. Allez tu bouges de là.
- Non
Je tire sa couette la lui retirant et il la rattrape, cherchant à la ramener à lui.
- T'épuise pas ça sert à rien, j'ai plus de force que toi.
- Je m'en fou, je bougerais pas, quand même. Dit-il se recroquevillant
A les joies de l'adolescence...et dire que j'étais aussi chiant avec mes parents...Mais je ne lui en veux pas de m'en faire voir toutes les couleurs. De nous trois, c'est lui qui vit le plus mal l'absence de nos parents, alors je lui apporte une attention particulière. Depuis qu'ils sont partis, c'est rare de lui arracher un sourire, il s'accroche, continue à vivre mais comme l'ombre de lui-même. Lily, elle, pleure de temps en temps, mais un gros câlin de son grand-frère adoré et ça va mieux. Moi de mon côté, je profite de la vie plus que jamais, je sais que ma mère et mon père aurait voulu qu'on continue à poursuivre notre existence en croquant la vie a pleine dents, alors je m'efforce de le faire.
- Si tu te lèves pas, je te préviens, je te sors du lit.
- T'as qu'à faire ça...
- Très bien.
Ni une, ni deux, je le sors du lit et l'embarque comme un gros sac sur l'épaule. C'est relativement simple, d'un mon frère et très léger et moi, je suis raisonnablement musclé donc, un jeu d'enfant.
- Pose-moi a terre! Râle-t-il
Je ne cède et le dépose une fois dans la cuisine devant le bol de chocolat que notre adorable petite sœur a préparé pour lui.
- J'ai pas faim.
- Essaye au moins un peu.
- J'ai mis tes céréales préférées en plus, lui dit la blondinette.
- Merci, t'es gentille lui répond-il.
Ce sera tout ce qu'il prononcera tout au long de la prise du petit déj, contrairement à notre sœur, une vraie pipelette. Notre repas matinal terminé, tout le monde file se préparer.
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7h20
On grimpe tous dans mon pick-up, une vieille voiture qui plus d'une fois m'a lâché, mais qui tient le choc après plusieurs réparations. Peut-être qu'un jour je la changerais mais que si elle est bonne pour la casse, j'adore cette caisse. Je me dirige dans un premier temps vers le collège de Matt, c'est un établissement divisé en deux, un côté les collégiens et l'autre les lycéens. Mon frère descend de la voiture et je le suis des yeux jusqu'a qu'il pénètre dans la cour. Je l'ai changé d'endroit pour cette année, il n'aimait pas du tout son ancien lieu d'études. Alors que je m'apprête à repartir pour déposer Lilou, j'aperçois le jeune garçon au porte-monnaie, croisé hier en fin d'après-midi qui a son tour passe le portail, et se rend côté lycée. Il s'installe sur un banc, les écouteurs aux oreilles et plonge la tête entre ses bras. Je ne sais pas ce qu'a ce petit gars, mais lui non plus n'as pas l'air d'avoir une vie facile...Oui les ados ont des problèmes qui les rendent triste mais lui je sais pas, c'est différent...il a un regard si...je sais pas comment dire, mais sa souffrance me frappe en plein cœur. Il me fait penser à Mathéo, il a l'air aussi malheureux que lui.
- Soso, on y va?
- Oui désolé ma puce, je pensais. Dis-je alors que je refais surface et que je quitte ma place.
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8h30
Après avoir déposé ma sœur a son école et après avoir assisté au discours de rentrée et à la visite des classes, je peux me rendre à mon boulot. On peut pas dire que je l'adore ce taf mais fallait bien que je trouve quelque chose de stable. A la base ce que je voulais c'est devenir artiste, plus précisément tatoueur, mais la vie en a voulu autrement et maintenant, je peins des voitures, arrange leur tôle froissé, ou leur peinture rayé. Ça reste un peu artistique. Arrivé sur les lieux comme tous les matins de semaines, j'enfile ma tenue et salue mon patron. C'est parti pour une longue journée et elle n'est pas prête d'être fini.
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19h45
On vient de finir de diner, Matt et Lilou se brosse les dents, avant d'aller se coucher, enfin la petite tarde jusqu'à 21h et le plus grand un peu plus tard. Je les laisse prendre la responsabilité de s'endormir a une heure pas trop avancé, je leur fait confiance pour ça. De mon côté, j'enfile ma deuxième tenue de travail et marche jusqu'à mon autre boulot. Le soir de 20h00 à 23h00, je livre des pizzas, ça nous permet de temps à autre de se faire des petits plaisirs. Par exemple, ils ont pu choisir un sac de cours tendance et s'offrir une nouvelle coupe de cheveux pour la rentrée. Moi j'aurais pu aussi mais je les porte long et j'adore ça. Bon après, j'y fais attention, ils sont pas gras et dégueu, je suis pas au pointe de la mode, mais je fais le minimum. Cette année, j'ai envie de me trouver quelqu'un. Mes relations amoureuses, c'est un peu le néant ces derniers temps. Rêvassant à ce à quoi pourrait ressembler mon futur mec, je me rends chez le premier client de la soirée en scooter. Ah oui, on va rembobiner, comme je le disais, je cherche un mec, et oui je suis gay. Mon premier coup de cœur, c'était mon infirmier Jovanny...enfin c'est grâce à lui que j'ai su que les mecs m'attiraient mais mauvaise pioche, celui-ci était hétéro....De toute façon dans mon état, je ne pouvais pas sortir avec quelqu'un...Cependant quand ça allait mieux, j'ai eu des relations mais ça n'a jamais duré...du coup au jour d'aujourd'hui, je suis célibataire.
Arrivant à l'adresse indiquée, mes deux pizzas en main, je sonne à la porte. J'attends quelque secondes puis la porte s'ouvre sur un adolescent que je reconnais immédiatement. Visiblement je ne fais que tomber sur lui, partout où je vais. J'arrête de buguer et un sourire aimable aux lèvres lance
- Bonsoir, c'est pour les pizzas, quatre fromages et chorizo, ça fera 24,50 s'il vous plait.
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