Flocons d'amour
Que j'aime l'hiver ! Quand gèlent les flots des rivières, quand s'éteignent les primevères, quand souffle la bise entre les bruyères ! Cette nuit, je flâne au gré d'un vent glacial, en regardant s'enflammer les étoiles. La neige violette, virevolte, et ses flocons désinvoltes me balaient le visage. L'hiver me frappe de tout son plumage, et la fraîcheur de décembre ankylose mes membres. Désemparé face aux tourbillons de ce déluge, je cherche à l'aquilon un refuge.
Au loin dans le blizzard, je vois soudain un banc. Il est coiffé d'un auvent, où les cristaux de glace larmoient dans le silence du soir. Alors je marche, l'air perdu, l'esprit éperdu. Je m'assois et j'admire la colère du froid. Je reste longuement à observer la poudreuse s'effiler au sol, le temps défiler, le temps prendre son envol. Le vent gelé m'étrangle au cou et me lacère la peau. Pour battre le courroux, je m'assoupis dans le chaos.
Tels les premiers rayons du soleil, une lueur me tire du sommeil. La nuit est aussi sombre, les pavés de la rue sont toujours blanc de décombres, mais étrangement, j'ai chaud. Je sens une chaleur m'envahir et embrasser ma peau, raviver le flambeau de mon être, en réchauffer chaque centimètre. Ma fièvre est intensifiée, quand m'effleurent ses lèvres veloutées. Puis la douceur de sa main fait frissonner tout mon corps, et mon âme s'enflamme encore.
Je me tourne vers cette douce lueur, et le brasier dans mes yeux éclaire son cœur. Elle a tout d'une divine apparition, au regard empli de passion, de mille et une roses, comme la fleur de cet hiver morose. Avec délicatesse, tu t'empreins de mon âme tremblante, et me blottis contre ta poitrine brûlante. Tu m'étreins de tes ailes avec volupté, et nous contemplons ensemble le ciel se déchaîner.
Mon réveil sonne et je me lève d'un bond. L'âme hébétée, j'émerge d'un rêve profond. Je vais alors à la fenêtre, dévisager ce paysage où j'ai laissé un peu de mon être. Je m'éveille et m'émerveille. Dehors, la neige se meurt encore sur l'herbe morne et terne, que l'éclat du jour illumine somptueusement de sa lanterne. Mon regard est cependant attiré vers un banc dérisoire, où la neige n'ose pas s'asseoir. Il est dénudé de poudreuse, comme un témoin de cette songerie merveilleuse ! Il conserve le souvenir de nos enlacements langoureux. Il garde à jamais la trace de nos deux corps amoureux...
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