L'aide inespérée
En chemin, le milliardaire interpelle la voix du portail et la somme de prévenir Steve Rogers de son arrivée. Tony Stark dépose la jeune femme devant l'entrée et, tandis que son armure se rétracte toute seule, il l'invite à la suivre dans les couloirs. Enfin, ils entrent dans une grande pièce qui semble être un logement. Une grande majorité de la pièce est vitrée. En son centre, des escaliers montent vers des demi-niveaux. Juste à gauche, devant les fenêtres, un immense salon avec de grands canapés qui ont l'air bien moelleux. Sur la droite, une cuisine tout en long devancée par un comptoir massif et précédant une sorte de salle à manger.
Le philanthrope suggère à la jeune femme de prendre place sur une des chaises tandis qu'il verse une bonne dose d'alcool dans un verre et le pose devant Gabrielle.
— C'est pour vous requinquer !
Tout en grimaçant, la médecin accueille favorablement le liquide brûlant qui coule dans sa gorge. Le Captain arrive au même moment, un peu affolé.
— Tout va bien docteur Ross ?
— Oh ! Captain, vous auriez dû voir comment elle fait apparaître un casque de moto avec ses mains... explique le milliardaire en imitant le geste qu'elle a fait. Et j'ai rêvé où vous avez éteint le moteur en posant votre main sur la moto ?
— Tony, laissez-la respirer un peu.
— Vous avez donc la possibilité d'agir sur tous les éléments ?
— Tony !
— Comme dans tout pouvoir, il y a des exceptions monsieur Stark, fini par répondre la jeune femme après avoir terminé son verre. Est-ce que c'est possible d'en avoir un autre s'il vous plaît ?
— Oh ? Vous entretenez le mystère. Je n'aime pas trop ça, mais je respecte, avoue l'homme en se levant pour resservir son invité.
— Ça suffit Tony ! Racontez-nous ce qu'il vous arrive docteur ? Vous vous êtes blessé ?
— On m'a frappé, explique-t-elle en touchant son front.
— Qui ?
— Je ne sais pas. Enfin, je ne les connais pas. Des hommes sont venus à l'hôpital et m'ont poursuivi. Ils voulaient m'attraper. Au début, j'ai cru que c'était vous qui les aviez envoyés, dit Gabrielle en montrant le milliardaire.
— Ne me regardez pas, je n'y suis pour rien.
— Puis j'ai pensé au S.H.I.E.L.D..
— Pour quelle raison ? demande Steve en fronçant les sourcils.
— À cause du mec qui est mort il y a quelques jours dans mon service ! En plus, il m'a parlé de mes parents et comme par hasard je les vois réapparaître ce matin. Alors qu'ils sont morts depuis des années. Je n'ai rien compris de tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui, explique-t-elle en reprenant une gorgée du breuvage que le milliardaire a déposé devant elle.
— J'avoue que je ne comprends pas tout non plus.
— Oui. Désolée... Je m'emmêle un peu les pinceaux. Je vais reprendre depuis le début. J'ai perdu mes parents il y a de nombreuses années. Mes souvenirs sont ce qu'on a bien voulu me raconter à ces époques. Que ma mère est morte d'un cancer et mon père dans un accident de voiture. Je n'ai jamais remis en cause ce qu'on m'a expliqué à l'époque. Mais vous voyez, je suis la petite dernière d'une fratrie de quatre. Mes frères et sœurs m'ont rarement impliqué dans ce genre de sujet. Bref ! Il y a deux jours, un homme blessé par balles est arrivé à l'hôpital. Je ne l'avais jamais vu de ma vie. Et pourtant, juste avant de mourir, il m'a dit clairement « Gabrielle, vos parents sont vivants ! ». Il a utilisé mon prénom !
— Alors que vous ne le connaissiez pas ?
— Non ! Mais lui savait très bien qui j'étais vraisemblablement. Et il n'était pas tout seul, mais je n'ai pas réussi à rattraper l'autre quand il est parti. C'est une histoire de fous.
Gabrielle se rend compte qu'elle parle très vite, mais Steve et Tony n'en perdent pas une miette. Elle continue à leur raconter tout ce qu'il s'est passé ces dernières 48h : la carte du S.H.I.E.L.D., les gorilles en faction devant l'hôpital, ses parents dans la voiture, la course poursuite dans l'hôpital...
— Et puis, mon frère m'a rappelé que mes parents travaillaient pour le S.H.I.E.L.D..
— Vous êtes sûre ? soulève Steve intrigué par cette révélation.
— Oui, oui. J'ai confiance en Andrew. Il était déjà adulte à leurs morts et je pense qu'on n'a pas dû lui cacher des choses à lui. Après, je ne dis pas qu'il sait tout...
— Vous savez ce qu'ils y faisaient ? demande Tony.
— Non, du tout... Je ne me souvenais déjà pas qu'ils y travaillaient. J'ai toujours cru qu'ils étaient agents fédéraux.
— Que pensez-vous qu'on vous ait caché sur leur décès ? continue l'homme.
— Je ne sais pas. Même si j'émets des doutes quant aux conditions de la mort de mon père. Une collision frontale, sur une route déserte, dans une grande ligne droite.... Étrange non ?
— Il faudrait retrouver son acte de décès. Il y aura peut-être des indices dessus, réfléchit le milliardaire.
— C'est horrible cette sensation de ne pas se souvenir. Je bloque sur des détails alors que je ne devrais pas.
— Peut-être qu'inconsciemment vous vous êtes protégés vous même en les oubliant. Pour ne pas souffrir ? propose le soldat.
— Ce serait fort ça ! Mais c'est possible. J'ai bien réussi à renforcer mon esprit par des barrières mentales.
— Pardon ?
— Dès mon plus jeune âge, ma mère m'a appris à utiliser mes pouvoirs. Elle voulait que je sois en capacité de les cacher et ainsi pouvoir vivre comme n'importe quelle petite fille de mon âge. Lorsque j'ai grandi, ils ont pris en puissance. Beaucoup plus que je ne pouvais le maîtriser. Alors pour me protéger, et surtout protéger les autres, j'ai dû brider mes capacités. Voilà pourquoi je ne les utilise pas. Ou que je les utilise peu en tout cas.
— Pour vivre heureux, vivons cachés, sourit Steve.
— Je n'ai jamais apprécié cet adage... ajoute Tony plein de sarcasme.
— Cela m'a permis d'être ce que je suis aujourd'hui. Je ne suis pas certaine que j'aurai pu avoir ma carrière ou faire tout ce que j'avais envie de faire si j'avais laissé mes pouvoirs guider ma vie par exemple.
— Sauf en cas de grande nécessité ? critique de nouveau l'homme riche.
— On en revient à la roquette... souffle Gabrielle.
— Sans cela, vous ne seriez pas là aujourd'hui, confirme Steve.
— C'est vrai... Mais c'était il y a plusieurs mois. Où est le lien ? Alors que si on regarde les derniers évènements, tout ce bordel a eu lieu après votre visite !
— Vous pensez que c'est à cause de nous ? s'offusque le brun.
— Je n'en sais rien ! Mais la coïncidence est surprenante, non ? Notre rencontre n'a pas été anodine. C'est vrai, dès mon retour chez moi, mon ressenti a été bouleversé.
— Votre ressenti ? répète, intrigué, le blond.
— Vous allez être content Tony, je vais enfin vous parler de mes pouvoirs. Voilà ! J'ai la capacité de ressentir ce que les gens dégagent, leur aura, leurs émotions... Cela décuple aussi mon empathie. Je suis plus sensible aux variations d'ambiance et d'atmosphère. Je suis une éponge à émotions.
— Ça veut dire que vous nous "ressentez" actuellement ? interroge Tony.
— Tout le temps même, si je le veux. Et c'est pour éviter d'être submergée que je protège mon esprit. Mais parfois, les sensations sont tellement oppressantes que je ne peux pas lutter. Comme ces derniers jours. Impossible de me débarrasser de cette impression. Et impossible d'identifier aussi d'où cela venait.
— Et quand vous dites que tout à commencé après notre visite...
— Il y a beaucoup de zones floues. Mais je pense que tout a commencé après notre entretien. À peine rentrée chez moi, j'ai eu l'impression d'être dans un étau, que j'avais une boule dans la gorge, comme quand on pressent qu'une mauvaise chose va arriver. Je pense clairement que j'étais surveillée. Et ce n'était pas le cas avant. Et je n'avais jamais entendu parlé du S.H.I.E.L.D. avant notre rencontre. Et là, tout le ramène à ce... truc. Je ne fais que des suppositions. Je ne sais même pas réellement ce que c'est.
— Le S.H.I.E.L.D. est une agence gouvernementale de renseignements qui lutte contre de terrorisme et travaille à maintenir la sécurité nationale.
— Et mondiale ! ajoute le milliardaire.
— Mes suppositions n'étaient pas si délirantes en fait. Mais si leur mission est la sécurité, pourquoi me traquer ?
— Ce qu'ils ont fait ne leur ressemble pas... Sauf s'ils vous considèrent comme une terroriste, réfléchit à haute voix le soldat de la nation.
— Mais je ne suis pas une terroriste !
— Je suis désolé mais nous ne pouvons répondre pour eux.
Gabrielle se lève brusquement et se tourne vers la baie vitrée. Elle ne peut de nouveau retenir les larmes qui coulent sur son visage. La colère et le désespoir se lisent sur ses traits lorsqu'elle regarde de nouveau les deux super-héros.
— Mais je n'ai rien demandé, moi ! Et je n'ai rien fait ! Je ne peux pas vivre comme ça. Je ne vais pas me cacher pour fuir des individus qui ont décidés de me mettre une cible sur le dos. Vous avez l'air de bien connaître cette organisation. Peut-être que vous pourriez m'aider ? Et puis, j'ai besoin de comprendre, cet homme qui a parlé de mes parents. Et le fait que je les ai vues. C'était eux, j'en suis certaine. Il faut que je les retrouve maintenant ! S'il vous-plaît... Je ne pourrais pas y arriver seule. Je suis prête à coopérer, à vous mettre mes capacités à disposition, si ça peut faire pencher la balance. Mais je vous en supplie, ne les laissez pas m'attraper. Dieu seul sait ce qu'ils pourraient me faire si c'est à cause de mes pouvoirs...
Tony et Steve se regardent et semblent s'accorder silencieusement.
— D'accord ! On va essayer de comprendre ce qu'il se passe. On a effectivement quelques contacts au S.H.I.E.L.D.. On pourrait se renseigner et voir ce qu'il en est. Quant à vos parents, je ne sais pas trop comment nous allons procéder, mais on va voir. Dans un premier temps, on va vous installer ici. Si ces gars vous sont tombés dessus une première fois, ça pourrait recommencer. Tant qu'on ne sait pas ce qu'il en est, vous serez plus en sécurité avec nous. conclut le milliardaire.
Gabrielle esquisse un sourire de soulagement. Elle se sent enfin prise au sérieux.
— Vous ne vous souvenez pas, mais par hasard, avez-vous des souvenirs matériels ? Archives ? Photos ? Documents particuliers ? Ça pourrait être un moyen de faire ressortir le passé, demande Steve.
— Oui, sans doute. J'ai récupéré des cartons après le décès de ma grand-mère. Mais je ne sais pas trop ce qu'il s'y trouve. Je sais juste que ce sont des papiers.
— On pourrait aller y jeter un coup d'œil ?
— Mais ils sont chez moi. Dans mon grenier.
— Il faut y aller à plusieurs, au cas où. J'aurai tendance à être trop prudent tant qu'on ne sait rien.
— Et si ce n'était pas le S.H.I.E.L.D. qui me poursuivait ? s'inquiète doucement la jeune femme.
— J'y ai pensé également. C'est pour ça qu'on va être d'autant plus prudents...
— Je vous remercie. Tous les deux. Et je vous présente mes excuses pour l'autre jour. Je n'aurai pas dû vous envoyer chier comme ça.
— Votre méfiance n'est pas inutile quand on voit ce qu'il vous arrive aujourd'hui. Je suppose que vous souhaitez vous reposer un peu après toutes ces émotions.
— Je ne sais pas si j'arriverai à dormir tellement mon niveau de stress est élevé.
— Je vous propose quand même de vous installer dans une de nos chambres. Vous ne pourrez pas faire grand chose de plus ce soir.
— Je vais vous accompagner, dit Steve en montrant les escaliers.
— Merci encore.
L'homme la précède dans l'escalier qui mène aux étages supérieurs. Une coursive fait face à la baie vitrée. Plusieurs portes se succèdent.
— Nous sommes plusieurs à vivre ici. Ma chambre est à gauche, juste ici. La vôtre est la 3ème, la-bas.
— À qui appartiennent les autres ?
— Ce sont celles de d'autres membres du groupe. Vous les connaissez peut-être déjà ?
— Oh ! De vue uniquement.
À chaque porte qu'il montre, Steve énumère un des membres des Avengers.
— Et celle-là, au fond ?
— C'est celle d'un ami. Il est arrivé hier. Je ne pense pas que vous le croiserez. Il est plutôt solitaire.
— Ah d'accord !
Le Captain ouvre la porte précédemment indiqué et invite Gabrielle à entrer. Il lui indique les différents avantages de la pièce ainsi que l'accès à la salle de bain privée qui jouxte la chambre.
— J'espère que ça vous conviendra.
— Merci. Je n'en demandais pas tant.
— Vous savez, je comprends votre inquiétude, docteur. Ce n'est pas normal ce qu'il vous arrive. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider. Et on va s'organiser pour aller récupérer les fameux cartons.
— Oh je vous en prie, Steve, arrêtez de m'appeler docteur. Gabrielle ou Gaby. C'est très bien. Mais je vous en supplie, plus de Docteur Ross. C'est très cérémonial.
— Très bien, Gabrielle ! Je vous laisse vous reposer un peu. Bienvenue chez nous.
Steve sort de la chambre. La rousse pose son sac sur le lit et fait le tour de la chambre. Sobre mais bien agencée. Elle s'assoie sur le lit, confortable à souhait et s'y laisse tomber. Son for-intérieur est plus serein. Le sentiment d'oppression a disparu. Elle se sent en sécurité et elle a retrouvé son calme. Beaucoup de questions continuent de chambouler son esprit malgré tout, l'immobilisant un bon moment, songeuse. C'est son estomac qui la ramène à la réalité. Elle n'a pas mangé de la journée et elle commence à le ressentir.
À peine a-t-elle ouvert la porte qu'elle tombe nez à nez avec un homme aux cheveux longs et à l'air renfrogné. Ce doit être l'ami de Steve, car il sort de la fameuse dernière chambre du couloir. Elle met quelques instants à se rendre compte qu'elle a déjà croisé cet homme.
— Vous ?
— On se connait ?
— Je... non. Enfin, oui. On s'est déjà vu. Il y a longtemps.
— Ah bon ?
— Oui, enfin. Je vous ai sauvé. D'une voiture. Avec d'autres gens.
— Je ne me souviens pas. Je suis désolé, Excusez-moi. dit l'homme en passant rapidement à ses côtés.
— Pas de soucis. Je ne voulais pas vous déranger.
Il a apparemment eu la même idée que la jeune femme car ils se suivent dans les escaliers. Dans le salon, Steve est en train de discuter avec une femme aux cheveux auburns que Gabrielle reconnait comme étant Natasha Romanoff. Leur entretien est animé, mais pas un seul mot ne dépasse l'autre. Ils s'arrêtent immédiatement de parler a l'instant même où ils aperçoivent Gabrielle et l'homme bougon.
— Oh ! Je vois que vous avez fait connaissance, lance joyeusement le Captain.
— Qui ? Ah, euh ! Non, pas vraiment. En fait, on vient juste de se croiser dans le couloir.
— Et bien, je vais faire les présentations dans ce cas. Gabrielle, je vous présente déjà Natasha Romanoff. Et voici mon ami, James Buchanan Barnes. Nat, Buck', voici Gabrielle. Elle va rester quelque temps avec nous.
— Super ! répond avec sarcasme l'homme bourru en se servant généreusement un verre de whisky
— Ne le prenez pas mal Gabrielle. Buck' est plus agréable qu'il en a l'air, en général.
— Il n'y a pas de mal. Chacun est comme il est. Je n'ai aucune raison de le juger.
— Vous seriez bien là première. Enchantée de vous connaître en tout cas.
— Moi de même, répond la rousse en fronçant les sourcils, intriguée par la remarque de l'espionne russe. Excusez-moi, mais pensez-vous qu'il serait possible de manger quelque chose ? Je n'ai rien avalé depuis ce matin et je commence vraiment à être affamée.
— Bien sûr ! La cuisine est là, répond plus rapidement sa collègue. Souhaitez-vous que je vous prépare quelque chose ?
— C'est gentil, merci. Mais je pense que je devrais pouvoir me débrouiller. Ne vous embêtez pas pour moi. Je ne voulais pas déranger votre conversation.
— Aucun mal. Vous pourrez trouver quelques friandises dans les placards du haut. Sinon, regardez dans le frigo. Faites comme chez vous dans tous les cas.
L'espionne russe lui sourit et retourne auprès de Steve. Gabrielle s'avoue très rapidement perdue dans cette immense cuisine. Elle finit par farfouiller les placards pour trouver quelque chose à grignoter lorsqu'elle entend le bruit d'un tabouret que l'on tire. Le fameux Bucky vient de s'asseoir au comptoir avec son verre.
— Je ne vous ai pas remercié au fait.
— Hein ? sursaute la médecin. Pour ?
— Pour la fois où vous m'avez sauvé la vie.
— Oh ? Ça ? De rien, c'était normal, lui sourit la rousse.
Il continue à siroter son verre pendant qu'elle trouve enfin un paquet de crackers. Dépitée par sa trouvaille, elle saisit nonchalamment le sac et s'installe aux côtés de l'homme. Steve et Natasha sont allés discuter de l'autre côté de la pièce, bien loin des oreilles indiscrètes. En enfournant dans sa bouche les biscuits les uns après les autres, Gabrielle observe très attentivement le couple.
— Tu lis dans les pensées ?
— Quoi ? Oh ! Non ! Bon, c'est vrai, j'en ai la capacité, mais je ne le fais pas. J'ai trop la sensation de violer l'intimité des gens. C'est gênant parfois de découvrir ce que pensent les gens... Mais comment le savez-vous ?
— À la façon dont tu les regardes.
— Ah non non non ! Je ne suis pas en train de lire dans leurs pensées. Par contre, je les ressens.
— Tu les ressens ?
— Les gens dégagent des vibrations, vous voyez ? Une aura qui reflète les émotions et leurs sentiments.
Bucky interroge la jeune femme du regard.
— Par exemple... de la colère, de la joie, de la tristesse, explique la médecin avant de se tourner vers l'homme. De la crainte, de l'angoisse, de la méfiance...
À ses mots, il baisse la tête et crispe sa mâchoire. Il a très bien compris que la médecin parle de lui et de ce qu'il laisse émaner.
— Et ça ne te donne pas envie d'aller lire un peu plus loin dans les esprits ?
— Non, aucun risque ! Ce serait un manque de respect.
— Tu n'es pas curieuse ?
— Je n'ai pas dit ça... Je peux être curieuse... Mais si je dois lire dans la tête de quelqu'un, je lui demanderai l'autorisation avant.
— C'est une belle attention de ta part, acquiesce l'homme avant de laisser passer un silence.
— Du coup, on est vite passé au « tu » ? demande Gabrielle pour casser la lourdeur du moment.
— Euh, je... Je n'ai pas fait attention. Est-ce que ça te dérange ?
— Non, aucun problème James.
— Je préfère Bucky.
— Très bien, comme tu voudras, lui répond Gabrielle en souriant.
— Alors pourquoi tu vas rester quelque temps ici, toi ?
— Oh... Euh.. Des hommes me poursuivent. Et on ne sait pas qui ils sont et ce qu'ils me veulent...
La médecin prend le temps d'expliquer à Bucky le motif de sa présence. En expliquant certains passages, elle se met à ressentir des émotions qui ne sont pas les siennes. Ce sont celles de l'homme. Elle le sens se refermer sur lui-même et contenir sa colère. Il devient alors impassible.
— Ça va Bucky ?
Tout en lui posant la question, Gabrielle pose ma main sur son bras droit. Elle est aussitôt submergée par une vague émotionnelle intense, ainsi que par des images assez désagréables. Des souvenirs de douleurs, de torture et même de mort. Dans un sursaut, elle ôte très rapidement sa main. Le fixant, paniquée. Les picotements qu'elle ressentait plus tôt dans la journée se sont intensifiés. Les rougeurs sur sa paume sont plus importantes, comme une brûlure. Enfin, elle lève ses yeux apeurés et pleins de questions vers Bucky. Tout ce qu'elle a vu lui imprègne littéralement la peau. Elle ressent, au creux de sa main, mille sensations qui ne lui appartiennent pas. Elle n'a jamais vu ou ressenti d'horreurs pareilles et ça se lit sur son visage. C'est la première fois qu'elle a une telle connexion avec quelqu'un. Bucky n'a besoin d'aucune explication pour comprendre qu'elle a vu des choses.
— Je croyais que tu demandais l'autorisation pour lire dans les pensées ? s'énerve immédiatement l'homme en se levant d'un bond.
— Oh merde... Bucky, je suis désolée. Je n'ai pas voulu ce qu'il vient de se passer. C'est la première fois que ça m'arrive. Je suis...
— Tu n'as pas le droit de faire ça ! hurle l'homme hargneux en pointant son doigt juste sous le nez de la rousse. Tu n'entres pas dans mon esprit, compris ?
Dans un élan de furie, le brun balance son verre contre le mur et s'éloigne rapidement vers l'escalier.
— Que se passe-t-il ? demande Steve inquiet en accourant.
— Je ne sais pas. J'ai rien compris. J'ai juste...
Gabrielle tient sa main rougie par le contact. La douleur est vive et ne s'atténue pas. Elle sent les battements de son cœur irradier dans sa main. Quelques sanglots lui échappent de nouveau. De douleur déjà. Mais aussi de peur.
— Venez. On va soigner ça, dit le Captain en voulant attraper le poignet de la jeune femme.
— Non ! Ne me touchez pas ! panique la médecin en retirant vivement ma main.
— D'accord ! D'accord ! Je ne vous touche pas. Calmez-vous Gabrielle, ça va aller.
Il allume le robinet d'eau froide et invite d'un geste la rousse à y placer son avant bras. Pendant ce temps, Natacha farfouille dans un des placards de la cuisine à la recherche d'une trousse de secours.
— Qu'est ce qu'il se passe ici ? interroge Tony en faisant son entrée.
— C'est Barnes, lui précise Natasha.
— Qu'est ce qu'il a encore fait Terminator ?
— Il n'a rien fait. Enfin, je ne crois pas, murmure Gabrielle
— Il faut que tu nous expliques, Gaby.
— En fait, j'ai pas tout compris. On discutait. J'ai senti que quelque chose n'allait pas. J'ai juste posé ma main sur son bras. Et en le touchant, j'ai eu un flash. J'ai vu des choses horribles. Je... Je crois que c'était ses souvenirs. Et ça m'a littéralement brûlé la main, précise la médecin en montrant sa paume rouge.
— Parce que vous pouvez aussi lire dans les pensées ?
— Tony, je... Oui, c'est vrai. Mais comme le reste de mes pouvoirs, je refuse d'utiliser cette partie. Je n'aime pas ce côté intrusif.
— Je crois que vous n'avez pas fini de m'épater.
— Bucky est encore sensible vis-à-vis de son passé. Il a vécu une période très difficile, prends le temps d'expliquer Captain.
— Maintenant je le sais, je l'ai vu. Mais je ne voulais pas le faire, lire dans ses pensées. Ce sont elles qui sont venues à moi quand je l'ai touché. C'est la première fois que j'ai une connexion de ce genre avec quelqu'un. Il a tant de colère en lui qui ne demande qu'à sortir. Je crois que j'ai servi de paratonnerre. Je ne m'y attendais pas. Ça m'a surpris !
— Il n'en parle jamais.
— Il n'a pas assez confiance pour en parler, avec quiconque, détaille la médecin. Il doute de la bonté des gens. Que l'on puisse s'inquiéter pour lui. Il s'est retrouvé tellement seul dans ce qu'il faisait. Il était un instrument de mort.
— Vous êtes sûre que vous ne le connaissiez pas avant ? interroge le milliardaire. Vous en faites un portrait très fidèle.
— Non... C'est juste... C'est juste tout ce que je viens de ressentir... avoue Gabrielle en se tournant vers l'escalier par lequel Bucky est reparti.
La médecin s'en veut énormément. Elle ne voulait pas ce qu'il s'est passé. Ni même blesser cet homme qu'elle connaît à peine. C'est bien sa veine. À peine arrivée, il faut déjà qu'elle se fasse remarquer. Quand elle dit que ses pouvoirs sont dangereux, ce n'est pas pour dramatiser les choses. Ils n'en font qu'à leur tête et peuvent faire du mal. Aux autres. Mais aussi à elle. Bien que sa main la fasse moins souffrir, elle garde une sensation très étrange. Comme une marque indélébile. Une trace ancrée au plus profond de son épiderme. Un lien invisible avec ce qu'elle a touché. Pourquoi ce contact a-t-il été si violent ? Qu'est ce qui fait que c'est avec cette personne, qu'elle venait tout juste de rencontrer, que le choc a eu lieu ? Gabrielle réfléchit, persuadée d'avoir eu d'autres contacts avec cette même main. Mais pourtant, depuis les premiers picotements, aucune autre personne n'a touché sa main. Aucun être vivant n'a directement été en communication avec sa peau. Bucky a juste été là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Une hasardeuse rencontre.
La jeune femme est sortie de ses pensées par Tony et Steve qui se mettent à discuter de Bucky. Rapidement le ton monte et leurs propos s'enveniment, négativement. Surtout de la part de Tony qui semble avoir une très mauvaise opinion de l'homme et qui ne fait que l'appeler « Le soldat ». Leur confrontation se répercute aussitôt sur Gabrielle, plus facilement touchée par la puissance des événements négatifs, que par les positifs. Elle ne prend pas la peine de saisir le tube de crème que l'espionne lui tend, qu'elle s'enfuit dans les escaliers en se bouchant les oreilles. C'est très malpoli, se dit-elle, mais plus elle reste à côté des deux super héros, plus sa tête la fait souffrir et la nausée la submerge.
En s'éloignant, les effets indésirables s'estompent petit à petit. Devant la porte de sa chambre, elle bloque un instant. Elle essaye de se concentrer. Elle cherche à savoir si le fameux soldat est dans sa chambre. Mais rien ne vient du fond du couloir. C'est étrange. Il doit être dans sa chambre pourtant. Elle se positionne devant sa porte et hésite à toquer. Elle a peur de le déranger. Il avait l'air tellement en colère. Finalement, elle se ravise et s'en retourne vers ses appartements. Assise sur son lit, elle observe longtemps sa main qui retrouve petit à petit une couleur normale. Quelques points écarlates persistent aux endroits où le contact a été plus puissant.
La mutante se demande vraiment ce qu'il lui arrive. Elle a refusé le contact avec Steve de peur qu'ils ne leur arrivent là même chose. Elle se dit qu'elle a raison d'être prudente, surtout en sachant que ces pouvoirs peuvent parfois être impétueux. Ce qui lui est arrivé à l'hôpital n'est pas anodin. Elle se rend bien compte que les barrières de son esprit ont été ébranlées. Cela les a sans doute rendus plus fragiles également. Il est donc important que la traumatologue prenne toutes les précautions pour garder les gens qui l'entourent en sécurité. Même si ce sont des super-héros.
Gabrielle s'allonge sur le lit, recroquevillé en chien de fusil. Les nombreuses images qui ont envahit son esprit lui reviennent, petit à petit. Cet homme a vécu un enfer. Elle comprend un peu mieux tout ce qu'il laisse émaner. Le poids de la culpabilité. La méfiance. La colère qui le maintient. Et cette peur, qu'elle a pu lire dans ses yeux lorsqu'il s'est aperçue que la rousse avait vu ses pensées. Elle a de la peine pour lui, énormément. La pression de la journée retombant, elle ne tarde pas à s'endormir comme une masse.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro