D'éprouvantes retrouvailles
Loin d'être quelqu'un de sentimental, Bucky se laisse aussi émouvoir par ces retrouvailles très touchantes. Il n'a pas besoin d'avoir de pouvoir pour ressentir tout l'amour qui se dégage de la scène.
— Tu es si grande ! commente David Ross en prenant le temps d'observer longuement Gabrielle. Tu es... une femme maintenant... que tu es belle ma fille. Mais... Tes cheveux ?
— Je t'expliquerai.
L'homme a besoin de serrer de nouveau son enfant contre son cœur, de rattraper toutes ces années qu'ils ont passé loin l'un de l'autre. Le craquement du bois de la terrasse les fait tous sursauter, amenant la mutante à tendre, dans un réflexe, son bras en avant pour se défendre. Mais cette fois-ci, c'est le soldat qui l'arrête à la vue d'une femme, armée d'un fusil, qui leur fait face.
— Lâchez mon mari tout de suite ou je vous fais exploser la tête !
Comme dans un rêve, le temps semble ralentir. La mutante se décale de la silhouette du sergent qui lui bouche la vue, le regard fixé sur la sexagénaire qui vient de les interpeller. Il faut quelques secondes à la femme aux cheveux blancs pour réaliser qui lui fait face. Elle lâche soudainement le fusil et porte ses mains tremblantes à sa bouche.
— Maman ! sourit la traumatologue en accourant vers elle et en la rattrapant au moment même où elle s'effondre.
— Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible, répète inlassablement Sally Ross.
— Maman, c'est bien moi...
Tandis qu'elle tente de rassurer sa mère, Gabrielle arrive à lire en elle le bonheur de ces retrouvailles, la fierté de voir ce qu'elle est devenue et la tristesse de tout ce temps perdu. Son père les rejoint. Ils restent enlacés tous les trois de longues secondes.
— Que fais-tu ici ? fini par lui demander David.
— Et comment tu nous as retrouvés ? interroge la sexagénaire.
— Je suis venu vous protéger ! Hydra en a encore après nous. Ils me traquent de nouveau depuis quelques semaines. Et pour vous retrouver, ça n'a pas été facile. Il a fallu que mes pouvoirs se libèrent et que de vieux souvenirs reviennent.
— Tu utilises tes pouvoirs ? s'exclame Sally.
— Oh, que oui ! Et pas qu'un peu. Je n'ai plus peur de me cacher. Ni de ce que je peux faire. Je sais que je peux faire le bien. Puis, j'ai de nouveaux amis. Et surtout... Je n'ai plus peur d'Hydra. Je sais me défendre et je ferai tout pour qu'ils payent.
– Nous pensions que tu avais ta petite vie de médecin, tranquille, commente l'ancien agent du S.H.I.E.L.D.
— C'est ça que vous êtes venu vérifier l'autre jour à mon travail ?
— Régulièrement, on essaye d'avoir de vos nouvelles à tous les 4. Ça nous rassure.
— Je vous ai vu ce jour-là, devant l'hôpital. Ils étaient là également. Et eux aussi, ils vous ont vu.
— Qui est cet homme ? s'enquiert la femme auprès de sa fille.
— Je l'ai déjà vu, blâme son époux. C'est un soldat ! À la solde d'Hydra !
— Ça ne l'est plus ! s'interpose l'ancienne rousse. Bucky est mon ami. Il ne nous fera aucun mal. J'ai totalement confiance en lui. Il m'a aidé... a bien des égares.
— Je ne lui fais pas confiance ! aboit l'homme.
Afin de témoigner de ses bons sentiments à l'attention de son complice, la jeune femme tend derrière elle une main amicale qu'il saisit sans hésiter. Mais le geste tire une grimace et un petit cri de douleur au médecin. Portant immédiatement sa main vers sa blessure toujours ouverte.
— Oh, mon dieu, tu saignes ! hurle sa mère.
— Ça va aller, tente-t-elle de faire bonne figure alors que Bucky vient la soutenir.
— Non, je ne crois pas ! constate-t-il en soulevant son t-shirt. Ça ne s'arrange pas du tout. Il faut enlever cette balle.
— Venez à l'intérieur, les invite prestement l'ancien agent du S.H.I.E.L.D. alors que le soldat soulève la blessée et la porte très facilement jusqu'au canapé.
Sally les rejoint, chargée d'un nécessaire médical assez complet. Alors qu'elle s'équipe d'une paire de gants chirurgicaux, sa fille l'observe soucieuse.
— Je te rappelle que je suis médecin avant tout. Je n'ai pas toujours fait de la recherche .
— Décidément, c'est une vocation dans cette famille, commente Bucky.
— Les deux autres ont plutôt pris exemple sur moi... Armée et police, ironise le père avant de redevenir méfiant devant le visage fermé du soldat qui ne semble pas avoir compris la réflexion.
Si l'interaction entre les deux hommes a tendance à faire sourire la jeune femme, cet amusement est de courte durée. Elle lâche un cri soudain en réponse aux gestes de sa mère.
— Je suis désolée mon cœur. Je n'ai pas grand-chose contre la douleur.
— Super ! Je vais essayer de me concentrer alors, répond-t-elle avec difficulté.
Prenant une grande inspiration, elle ferme doucement les yeux pour se mettre dans une bulle de sérénité. Sally enfonce ses doigts dans la plaie, faisant grimacer la mutante. Bucky lui saisit la main.
— Tu peux serrer, c'est mon bras en métal.
Gabrielle a envie de rire, mais elle souffre trop. Les larmes coulent sur ses joues. Même dans sa bulle, sa concentration ne tient pas.
— Je ne la trouve pas, s'agace l'ancien médecin.
— Arrête maman ! Arrête !
— Chérie, j'y suis presque. Je vais la trouver.
— Non, laisses tomber. Fais-moi un pansement. On va retourner au QG rapidement et ils me l'enlèveront là-bas.
— Tu sais que ce n'est pas raisonnable. Tu pourrais faire des complications.
— Je sais maman ! Moi aussi, je suis médecin. Mais je peux surtout faire ça.
Elle appose sa main sur sa blessure. Une lumière vive sort de ses doigts et propage une chaleur sur la peau de la jeune femme. La lueur blanche semble se diffuser dans les vaisseaux qui brillent au travers de la peau. Lorsque la traumatologue ôte ses doigts, le saignement a disparu. Ne laissant apparaître qu'une petite plaie.
— Ça fera l'affaire jusque-là ! se satisfait-elle.
— Mais tu sais faire ça depuis quand ? s'étonne son père.
— Oh ! C'est une longue histoire, papa.
Tandis que la sexagénaire effectue un pansement sur le flanc de sa fille, le soldat préfère sortir de la maison pour répondre à son téléphone qui sonne bruyamment. Sally colle le dernier morceau de sparadrap et aide sa fille à se lever du sofa.
— Vas-y doucement quand même, lui précise-t-elle, inquiète.
— Mauvaise nouvelle ! apostrophe Bucky en revenant dans la pièce. Je viens d'avoir Steve. Ils savent où nous sommes. Il faut partir d'ici rapidement.
— Elle n'est pas en état de courir, précise la femme gantée.
— Maman... C'est bon ! Je vais bien, crois-moi. Préparez vos affaires. On doit redescendre en ville. Par contre, il faut à tout prix qu'on évite d'emprunter les chemins.
— Je connais un itinéraire, par l'autre versant. On pourra y récupérer notre voiture, propose David.
— Très bien ! Préparez-vous, on vous attend dehors.
Le stress monte chez les deux amis. L'angoisse d'être de nouveau attaqués, ou même attrapés. De devoir se protéger l'un l'autre, ou même les parents de Gabrielle.
— Je crois que ton père ne m'apprécie pas.
— Tu crois ? demande la canitie en ajustant son pansement.
— Tu n'as pas vu comment il me regarde ?
— Ne m'en veux pas, mais j'étais un petit peu occupé à autre chose.
— Il sait qui je suis.
— Tu étais.
— Pardon ?
— Qui tu étais. Tu n'es plus le soldat de l'hiver, Bucky.
— N'empêche, il le sait !
— Et ça change quoi ? Il ne va rien te faire.
— Il n'apprécie pas que je sois avec toi. Voilà !
— Et bien, tant pis pour lui. J'ai Trente-cinq ans et je suis en totale capacité de choisir mes amis.
Pour la remercier, le soldat lui fait une rapide accolade pourtant interrompue par le raclement de gorge de David qui lui lance un regard assassin. La rousse le remarque et glisse un discret « Laisse tomber » à son compère.
— On a caché la voiture dans une ancienne usine en contrebas de la montagne. Il y en a pour une bonne demi-heure de marche, précise le sexagénaire, la mâchoire crispée.
— Très bien. On vous suit.
Le centenaire en tête, le groupe s'empresse de s'engouffrer dans les sous-bois. En dehors de toute trace forestière, ils évoluent à travers les buissons et les arbres. Bucky est aux aguets, à l'affût du moindre bruit ou mouvement suspect. Derrière, Sally s'inquiète de l'état de sa fille.
— Ça va maman ! Arrête de t'en faire.
— Je suis ta mère, c'est normal que je m'en fasse.
— C'est la pire excuse que tu pouvais me sortir !
— Gabrielle !
— Ben quoi papa ? Je suis désolée mais je ne vous ai pas vu depuis plus de vingt ans. Vous ne pouvez pas dire que vous vous inquiétez pour moi.
— Parce que tu crois qu'on a voulu tout ça ? s'agace la femme plus âgée en s'arrêtant au milieu de la forêt.
— Non, je n'ai pas dit ça !
— On a été forcé de disparaître pour vous protéger, continue-t-elle en haussant le ton. On ne voulait pas qu'il vous arrive quelque chose.
— Tu dis « vous » mais je sais, qu'en fait, tu parles de moi et de mes pouvoirs.
— Tu attirais trop l'attention, continue à s'énerver sa mère.
— Et, ce n'est pas faute de t'avoir demandé d'être discrète. Mais non, il a fallu que tu enchaînes les conneries ! continue son père.
— Moi non plus, j'ai pas demandé de vivre ça ! J'aurais aimé avoir une vie normale avec mes parents. Pas vivre la triste expérience de devenir orpheline avant même d'être majeur. J'aurai aimé ne jamais naître avec ces capacités, ne pas avoir à déménager je ne sais combien de fois. Pouvoir rester avec mes amis et grandir avec eux ! explique vivement la trentenaire en laissant de grosses larmes couler sur ses joues.
— Il n'y a pas que toi qui a subi cela. Nous aussi, on rêvait à une vie de famille plus tranquille, s'émeut à son tour Sally. Mais tu es née, spéciale, et on a appris à vivre avec. On t'a aimé et protège comme on pouvait. Peut-être pas de la meilleure des manières, mais c'était important que tu aies toutes les chances possibles dans la vie. On n'a jamais arrêté de s'inquiéter pour toi, de prendre de tes nouvelles.
— Oui. Par Andrew, je suppose ?
— Non. On ne pouvait le mettre en danger non plus, précise David.
— Comment alors ? En venant nous espionner sur notre lieu de travail ?
— Oui, entre autres. Ton père avait aussi encore quelques contacts de confiance. Sinon il y avait les réseaux sociaux.
— Mais pourquoi vous n'êtes jamais venu me parler ? sanglote encore leur fille. J'aurais gardé le secret.
— Je n'en doute pas ma chérie, mais c'était trop risqué. Comprends-nous ma grenouille. On aurait vraiment aimé être dans vos vies toutes ses années, mais avec papa, nous avons fait le choix de disparaître pour que les vôtres se passent bien.
— On a la preuve aujourd'hui que ça a bien fonctionné. Ils m'ont retrouvé.
— Ça, on ne pouvait pas le prévoir. Mais ce dont j'étais certaine, c'est que tu deviendrais une personne extraordinaire dès lors que tu saurais maîtriser tes pouvoirs, tente de la rassurer sa mère en la saisissant par les épaules. Et regardes-toi aujourd'hui. Tu es magnifique. Tu es médecin. Et je viens de te voir te régénérer. Tu n'imagines pas comme je suis fière de toi.
— Nous sommes fiers de toi, enchérie le sexagénaire.
— Je ne voudrais pas casser l'ambiance, mais ça serait bien qu'on avance quand même, les interrompt Bucky, nonchalamment.
— Ça ne vous dérange pas qu'on soit en train de rattraper vingt ans d'absence ? le rabroue David.
— Et ça ne vous dérange pas que je sois en train d'essayer de sauver vos fesses ?
-— Calmes-toi, papa. Bucky a raison. Il faut que l'on continue, expose Gabrielle avant d'être interrompue par le bruit d'un hélicoptère qui les survole.
Sur l'ordre du soldat, le trio se cache et s'allonge dans des bosquets. L'appareil fait du surplace quelques instants avant d'aller surveiller un autre secteur.
— Ils nous cherchent ! murmure la médecin.
— Le hangar est à quelques centaines de mètres d'ici, dans cette direction, indique son père.
— Hâtons-nous !
Au loin, des voix parlant allemand se font entendre. Les partisans d'Hydra ne sont pas loin. Le petit groupe se dépêche de descendre la pente qui le sépare de l'entrepôt. Leur fuite est balayée par une rafale de coups de feu. Ils sont repérés et se précipitent à l'intérieur pour se mettre à l'abri. La porte refermée, ils soufflent un bon coup. Mais leur répit est de courte durée car de nouveau des cris germaniques raisonnent dans les couloirs. Dans les dédales de la bâtisse, la troupe avance prudemment, essayant d'éviter les attaques impromptues. Au détours d'un croisement, le quatuor se cache dans une pièce et laisse passer deux soldats qui discutent.
— Apparemment, on était attendu, commente le sergent.
— Comment le savez-vous ? questionne Sally.
— Il parle allemand, lui aussi ! répond dans un grognement David.
— C'est une chance !
— On peut dire ça ! Une sacrée chance ! Comme celle qu'ils ont eu de savoir qu'on allait venir ici.
— Qu'est ce que tu veux dire, papa ?
— Ça ne vous paraît pas étrange qu'on ait réussi à rester cachés pendant des années et en cinq minutes, nous sommes de nouveau en cavale. Comment ont-ils su où nous trouver ? Qui leur a dit ?
— Il y a effectivement de quoi se poser des questions, continue sa femme.
— J'étais la seule au courant. Je me suis souvenue de cette maison. Je n'ai même pas dit l'adresse exacte à Bucky. Je ne vois pas qui aurait pu les prévenir.
— Il ne faut pas chercher très loin parfois.
— Vous insinuez que c'est moi ? s'insurge le soldat.
— Je connais les soldats d'Hydra. Ils leur sont fidèles jusqu'à la mort.
— Papa !
— J'ai tout de suite reconnu l'étoile sur son bras.
— Vous vous méprenez ! Je ne suis plus un soldat !
— Papa ! Je t'assure que ça ne peut pas être Bucky. Il n'est plus comme ça.
— Je ne lui fais pas confiance.
— Je suis navrée si je te déçois, mais je laisserais volontiers ma vie entre ses mains. Les gens changent. Il a changé. Je le sais. Je peux le lire au fond de lui. Alors, tu fais comme tu veux ! Mais que ça te plaise ou non, il est avec nous. Et ce n'est pas lui qui leur a dit où on était.
Gabrielle est obligée de monter la voix pour se faire attendre en raison du son des hélicoptères qui survolent la bâtisse. Ils sont proches, très proches. À tel point qu'ils assombrissent la pièce lorsque l'un d'entre eux apparaît devant la fenêtre. Une fois à bonne hauteur, il déverse un flot de tirs de mitraillette. Éclatant les vitres en des milliers de morceaux volants.
Le groupe s'abaisse pour se protéger des projectiles mais rien ne les atteint. La mutante a formé une bulle de plasma devant eux. Un bouclier d'un blanc cristallin qui laisse apparaître les nombreux impacts qui le touchent. Se rendant compte de l'inefficacité de son action, le pilote arrête sa manœuvre et vire de bord pour reprendre de la hauteur. La médecin lâche son bastion plasmique pour aider sa mère à se relever. Un deuxième appareil, qui était caché par le premier, les surprend lorsqu'il balance une roquette dans leur direction. Afin d'éviter l'explosion, qui détruit le centre de la pièce et engendre l'effondrement de l'étage, le quatuor court se mettre à l'abri.
Une poussière épaisse envahit l'espace, rendant l'air difficilement respirable et la visibilité réduite. Des quintes de toux se font entendre. La traumatologue se relève, difficilement. Dans sa chute, sa plaie s'est rouverte et le fait de tousser la fait souffrir. La fumée se dissipe petit à petit, laissant apparaître une montagne de gravats devant elle. Uniquement de la pierre, pas l'ombre d'un humain. Accablée par le sifflement causé par l'explosion, elle distingue malgré tout son prénom.
— Gabrielle ?
— Bucky ? s'inquiète-t-elle.
— Oui ! On est là !
— Où ça ?
— De l'autre côté. Le plafond s'est effondré.
— Ça va ? Et mes parents ?
— On est tous sains et saufs.
Une alerte donnée par des cris allemands la fait sursauter. Les sons se rapprochent du trou béant dans le mur derrière elle.
— Bucky ! Sauvez-vous ! Emmène mes parents le plus loin possible. Je vais tenter de les ralentir.
— Laisse-moi trouver un moyen de venir t'aider.
— Non ! Sauve-les, c'est tout ce qui compte.
Malgré la douleur qui la tiraille au flanc, la mutante prend une grande inspiration avant l'arrivée d'un groupe d'hommes armés. Jonglant entre la matérialisation de boucliers de plasma et de boules d'énergie qu'elle lance sur ses assaillants, la canitie mène un combat comme si elle avait ça toute sa vie. Bien heureuse de se souvenir des précieux conseils que l'espionne et la sorcière lui ont confiés quelques jours plus tôt. Répondant même à quelques prises de combat rapproché.
Une fois l'attaque maîtrisée, elle décide de s'aventurer dans les couloirs afin de trouver une issue. Et même si elle a l'air bien sûre d'elle, elle n'en mène pas large. S'inquiétant surtout de la réussite du soldat à faire sortir ses parents de ce piège. Avant même de penser à sa propre vie. Malgré tout, elle évolue avec prudence. Car, bien qu'elle ait déjà vécu des situations stressantes dans ce genre lorsqu'elle était plus jeune, la maturité lui a enlevé l'inconscience de foncer tête baissée dans la bataille. Elle préfère réfléchir avant d'agir. Un mal ou un bien. Elle ne saurait le dire. D'autant plus que le nombre de partisans d'Hydra dans le bâtiment ne lui laisse que peu de repos. Elle use sans fin de ses capacités. Multipliant les jets magiques. Prenant confiance en elle. Retrouvant cette satisfaction de se sentir puissante. Ne comptant que sur elle-même et ses pouvoirs.
Le labyrinthe l'amène enfin dans une grande salle, dont le plafond est aussi haut que la salle est large. De grosses machines trônent un peu partout. Gabrielle reconnaît ce qui semble être la chaîne principale de l'usine désaffectée. À l'abri des gigantesques moteurs, elle entreprend de les longer jusqu'à la sortie, guettant le moindre bruit suspect qui trahirait la présence d'un ennemi caché.
Mais sa progression est stoppée nette par une barre de métal qu'elle reçoit tout à coup dans le ventre. La renversant à terre brutalement et lui coupant la respiration. Surprise, elle voit apparaître un homme apparaître au détour de la machine qu'elle borde. Il est grand et blond, tenant le long morceau de fer dans sa main. Son regard est déterminé et plein de haine.
Instinctivement, la mutante pose sa main sur sa plaie. Cette fois-ci, le coup a complètement déchiré la cicatrisation. Le sang recommence à couler et à maculer ses vêtements. Elle tente de reculer tant bien que mal au sol devant cet homme prêt à l'attaquer de nouveau. Il est totalement silencieux et cela aurait presque tendance à stresser la médecin apeurée. À nouveau, il arme son bras armé pour frapper la femme blessée. Un champ de force retient l'objet de torture, laissant à Gabrielle la possibilité de repousser, d'un mouvement de main, son agresseur. Déterminée, elle se relève, se positionnant prête à se défendre.
— C'est donc vrai ? siffle-t-il entre les dents. La petite fille a grandi et elle a appris à utiliser ses pouvoirs.
— Je n'ai pas peur de vous.
— Je ne te demande pas d'avoir peur.
— Je sais ce que vous voulez.
— Ah oui ? Tu es bien présomptueuse.
— Et vous, je crois que vous me sous-estimez.
Déversant sa haine, l'homme fonce vers la médecin en brandissant de nouveau son arme métallique. Accompagnant son mouvement, elle expédie, d'un geste, la barre à quelques mètres d'eux. Il se retrouve désarmé et décide de l'attaquer au corps à corps. Il a très bien vu que la trentenaire est blessée. Plusieurs fois, il tente d'atteindre son point faible par des attaques violentes que Gabrielle contre à chaque fois. Elle maîtrise son dernier assaut par un féroce uppercut dans le menton, le faisant tomber lourdement au sol. Il se relève en essuyant du sang qui coule de son visage.
— Et dire qu'ils t'ont caché pendant des années. Ton avenir aurait été tout autre si tu nous avais rejoints. Tu aurais été toute puissante.
— Rejoindre Hydra ? Jamais !
— Pourtant, je suis certain que tu y aurais trouvé ta place. Mon père pensait que les êtres exceptionnels comme toi avaient tout le crédit nécessaire pour entrer dans l'armée d'Hydra. Il a essayé de modifier des personnes améliorées pour leur procurer encore plus de puissance. Malheureusement pour lui, ses plus belles réussites se sont rebellées. Comment va Wanda au fait ?
— Oh mon dieu ! C'est votre père qui a torturé Wanda et son frère ? comprends la mutante, écœurée.
— Ils étaient volontaires pour faire ces expériences !
— Vous êtes ignobles !
— Il faut savoir se sacrifier pour le progrès.
— Vous n'aviez qu'à vous sacrifier vous ! propose-t-elle avant de ressentir de l'amertume émaner de l'homme, se rendant compte qu'elle a touché un point sensible. Ou peut-être que vous n'étiez pas assez bien pour papa ?
Son sentiment s'accentue, laissant la colère s'installer doucement.
— Vous ne savez rien de mon père, vocifère le blond, prêt à exploser de rage.
— Ah mais oui... Maintenant je comprends, commente la mutante en forçant son esprit. Quand on est le fils du baron Von Strucker, il est évident que l'on a une certaine pression pour réussir. N'est-ce pas, Werner ?
— Tu fais la maline, gamine.
— Un peu de respect s'il vous plaît, je suis plus vieille que vous !
— Pour moi, tu seras toujours la gamine que mon père a traquée pendant des années.
— J'espère que ça ne vous a pas trop frustré de voir qu'il me consacrait plus de temps qu'à vous.
L'homme bouillonne. Se faisant face, ils se tournent autour, se regardant avec agressivité. Gabrielle cherche clairement à le provoquer. Utilisant ce que contient son esprit à ses dépens.
— Ah non, pardon. Au temps pour moi. C'est à votre frère et votre sœur qu'il consacrait le plus de temps. Des mutants eux aussi ?
— Tu t'amuses à lire dans ma tête, hein ? Fillette.
— Oh, Werner, vous n'avez toujours pas compris que vous ne m'intimidez pas en m'infantilisant. Ce n'est pas parce que votre père le faisait avec vous que je vais réagir pareil. Je ne suis pas une faible, moi.
— Assez ! rugit Werner.
— Je crois que vous n'étiez pas la fierté de votre papa... Alors vous essayez de vous racheter aujourd'hui ?
— Arrête, sorcière !
— Ça me plaît déjà plus comme nom. Ça ferait un beau tableau de chasse que de ramener une sorcière à Hydra. Dommage que votre papa ne soit plus là pour le voir.
— Je vais te tuer ! enrage le blond en lui sautant dessus.
Guidé par ses sentiments, les coups de l'homme sont faciles à esquiver pour la télépathe. Anticipant la plupart de ses attaques avec aisance. Il fulmine, mettant quelque temps à comprendre qu'elle réussit à parer ses assauts parce qu'elle lit dans sa tête. Jusqu'à ce qu'il se ressaisisse. Il ramasse la barre de fer et s'approche de la médecin en la laissant traîner à terre. Le bruit métallique résonne dans l'immensité de la pièce.
Werner fait le vide dans sa tête et se met à frapper sans vraiment réfléchir. Ses attaques sont plus difficiles à parer quand il ne pense pas. Il balaye les jambes de la trentenaire à l'aide du barreau et avant même qu'elle ait touché le sol, il se jette sur elle. Lui bloquant les mains au sol. Appuyant de tout son poids, avec son genou, sur la blessure rouverte. Gabrielle hurle sa douleur, réjouissant son assaillant qui profite de ce moment de faiblesse pour l'accabler davantage. Marquant son corps. Accentuant l'hémorragie de son ventre.
La médecin a du mal à se concentrer. La douleur joue sur son esprit. Le sang qu'elle perd l'affaiblit. Pourtant, elle ne veut pas le laisser réussir. Elle ne peut pas le laisser avoir le dessus. Hydra ne peut pas gagner ! Se débattant avec vigueur, elle peine à le faire lâcher ses poignets. Alors, comme dans un geste d'abandon, elle prend une grande inspiration et hurle au visage de son agresseur. La puissance de son acte envoie, très violemment, Werner Von Strucker contre le mur le plus proche et le maintien en lévitation. Il ne peut pas bouger, comme collé au béton. Il ne peut qu'écouter et la fixer. Elle, qui le maîtrise. Qui se relève avec difficultés et s'approche de lui.
— C'est fini Strucker ! Jamais plus tu ne me feras chier. Tu vas laisser ma famille tranquille aussi. Toi et tes petits copains, si vous vous en prenez encore à une personne de mon entourage, je vous dépècerai vivants ! Ne va pas croire que je suis une gamine naïve et gentille. Tu ne me connais absolument pas. Je peux devenir très méchante quand on s'en prend à ceux que j'aime. menace-t-elle en faisant apparaître aux poignets de son prisonnier de solides liens. À présent, tu vas redescendre avec moi auprès des Avengers. Je suis certaine qu'ils ont quelques copains qui vont être contents de t'avoir à disposition pour que tu répondes à leurs questions. Et si tu cherches à t'échapper, je te traquerai n'importe où, n'importe quand. Et je te tuerai !
— Tu ne ferais même pas de mal à un oiseau.
— Je ne suis pas celle que tu crois ! articule la mutante à quelques centimètres de son visage tandis que ses yeux s'illuminent d'un blanc limpide, tels deux diamants étincelants.
Il ne peut cacher la surprise et la peur qui l'accablent. Gabrielle a réussi son effet et elle s'en réjouit. Elle s'avoue le pouvoir qu'elle a sur lui. Le bien-être que cela lui procure. Ce sentiment d'invincibilité. Puis, d'une simple pensée, elle resserre les cordages du blond, lui arrachant un cri de douleur horrible.
— Maintenant Werner, il est temps de dormir !
D'un doigt, posé entre ses deux yeux, elle étourdit son ennemi. Le rendant totalement inoffensif et inerte. Dans un hoquet de soulagement, la jeune femme se permet enfin de souffler. Et même de lâcher quelques larmes. Elle est étonnée par ce qu'elle vient de faire, d'avoir laissé parler ses pouvoirs. De leur avoir donné toute leur place. Ce qu'elle a toujours redouté, de peur de tomber du côté obscur. Mais il n'en est rien. Elle est toujours elle. Et elle s'en réjouie.
La traumatologue soulève son pansement pour évaluer la gravité de sa situation. C'est pire que la première fois. Niveau douleur, mais également la plaie en elle-même, qui s'est étendue. Elle réitère le processus de régénération sur sa blessure, arrivant à restreindre les saignements. Mais quand on voit l'état de son pantalon, il ne faut pas être médecin pour constater qu'elle a tout de même perdu beaucoup de sang.
Tel un chien en laisse, la mutante entraîne Wagner Van Strücker en lévitation derrière elle vers la sortie de l'usine. Aveuglée par la lumière du jour, elle peine à retrouver une vision normale. Ses yeux plissés cherchent la moindre âme qui vive. Mais dehors, tout est calme. Il n'y a plus un seul soldat d'Hydra. Mais qu'est ce qu'il s'est passé ici ?
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