Discours à l'assemblée nationale, le 3 mai 2017
Voici le compte-rendu du discours que j'ai prononcé salle Colbert, le 3 mai 2017 à l'assemblée nationale. Les lauréats du concours "Les chemins de la Liberté d'Expression" (organisé par la Fédération Française pour l'UNESCO) y étaient alors venus afin de se voir remettre leurs prix.
J'attends patiemment. Le temps s'étire. Au moment de l'annonce du "prix libre", enfin, on cite mon nom, on demande si je suis là. "Oui", je réponds. Je me lève du siège sur lequel, à vrai dire, je me morfondais. On annonce au micro : "Thibault Desbordes, qui va nous lire un poème". Mais non, j'allais faire autre-chose ; je monte derrière le large bureau de bois.
Bonjour à toutes et à tous. Je prends la parole aujourd'hui grâce à l'opportunité formidable que m'a donnée la FFPU en m'invitant ici, salle Colbert. Non, je ne vais pas lire un poème. Dans quelques instants, je vais tenter de ressusciter le monde de la Poésie. Pourquoi ressusciter ? Parce que voyez-vous, aujourd'hui, "le monde de la Poésie est mort" dit-on.
La faute aux temps modernes, où le livre est réduit à un produit de consommation - ou bien la faute aux nouvelles générations, il est en effet de mise de contempler les masses indifférentes d'un œil amer. Afin de donner crédit à ce que j'avance, je ne peux que mentionner ma discussion l'an dernier avec l'éminent poète contemporain Jean-Michel Maulpoix qui, à mon interrogation sur l'état de ce monde en ce début de notre vingt-et-unième siècle, avait répondu que ce monde n'était "ni très vivant, ni très intéressant".
Représentez-vous un instant la pauvreté que devrait souffrir notre monde s'il n'engendrait plus de poètes dans ses rues. Imaginez donc la morosité d'un patrimoine littéraire fané, rance, qui ne se renouvellerait plus avec le temps. À présent je vous rassure, Maulpoix avait tort. La Poésie s'exprime, la Poésie chante, et des poètes naissent tous les jours.
Je voudrais mentionner maintenant ce que m'as dit un homme - bien différent de Monsieur Maulpoix -, un homme que j'ai rencontré à Charleville-Mézières alors que je courrais les Ardennes. Cet homme m'a dit une phrase dont je me souviendrai toute ma vie : il m'a dit : "Et souviens-toi ; le monde est à toi, le monde est à nous !"
Car cette homme avait reconnu dans mon regard la liberté qui scande la marche des Poètes, il avait lui aussi découvert qu'il pouvait leur emboîter le pas. C'est là qu'ils deviennent presque palpables dans l'air, les mots liberté et expression. Ils m'ont mené à dormir face à la Meuse, sous les étoiles, dans l'inconnu des Ardennes - moi, lycéen en terminale S d'un lycée de banlieue.
Leur amour prend de nulle-part, et on lève déjà les yeux de son premier vers. Ces mots nous poussent à nous trouver, à nous rencontrer, à nous unir, que l'on soit auteur ou amateur de vers, de photographie, du trait de crayon ou de toute autre forme d'expression.
Quand je vous dis ça, défilent dans ma tête les noms de ces jeunes gens auxquels j'ai, vous savez, envoyé un SMS ce matin pour leur dire que je serai ici, à vous tenir ces propos. Car derrière mes mots, il y a tout un monde qui mûrit et qui croît, tant et si bien que je le porte à votre connaissance ici sur cette estrade.
Quant à la Poésie, nous l'avons bien compris, elle ne mourra jamais. Pour tout vous dire, tant qu'il y aura des jeunes gens pour en écrire une nouvelle page et pour en défendre la Liberté et l'Expression, elle battra dans les cœurs. Il suffit juste d'en prendre conscience.
Merci.
Thibault Desbordes
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