Chapitre 7 : La braguette, apparente ou avec parementure ?
Le lendemain, je suis réveillée en sursaut par mon insistant réveil. Je m'apprête à l'éteindre et à repartir aux pays des licornes et des sucres d'orge lorsque je me rappelle du lancement de la nouvelle collection demain. Il y a encore tout un tas de détails à revoir, Amir serait bien capable de venir me rechercher jusque dans mon lit.
La licorne que je suis se traîne donc dans la salle de bain pour se transformer en humaine.
Une fois ma métamorphose achevée, je me fais couler un rapide café en lisant mes nouveaux messages sur le site de rencontre.
Sur la cinquantaine de nouvelles demandes, j'ai un nouveau message/ lettre de la part d'un certain Jordan et une requête vide d'un Peter.
Intrigué par ce dernier, j'accepte d'être mise en relation avec lui sans même lire son profil. C'est bizarre, tous ont envoyé leurs invitations à démarrer la discussion avec un petit mot, même un simple « salut »...
N'ayant d'autres matières de réflexion, je réponds à Jordan qui lui m'a laissé une longue lettre.
Alors que je signe ma réponse, je reçois un message de Lise. Je m'apprête à l'ouvrir toute sourire lorsqu'un deuxième arrive de la part d'Amir :
Je suis en bas, je gêne. Dépêche-toi, stp.
Ni une ni deux, je remplis mon mug de café, prends mon sac à la volée et je descends le rejoindre dans la voiture.
Amir démarre sans aucune autre forme de procès, on se salue brièvement.
Alors que je me tourne vers lui, je constate que son teint est légèrement pâle, ses traits sont tirés et de belles poches ont élu domicile sous ses yeux.
— Amir ?
— Oui ?
— Est-ce que ça va ? lui redemandé-je soucieuse.
— Hein ? Ah, oui et toi ?
— Oui, oui. Tu as une petite mine.
— Ah ouais, j'ai mal dormi. Et toi ? Bon dimanche ? T'as regardé le film d'horreur que je t'avais conseillé ?
Je sens que ce détournant de conversation est intentionnel aussi je me laisse faire. Je lui raconte mon dimanche et le plaisir que j'ai pris à avoir la chair de poule... Avec Joy... Je ne suis pas prête à lui parler de Tony... Il faudra peut-être que je prévienne Joy d'ailleurs, histoire d'éviter les gaffes...
— C'est chouette, qu'elle ait réussie à se libérer après le mariage de leur folle, commente-t-il.
Décidément, Amir écoute beaucoup trop nos conversations !
Je brode rapidement un truc, mais je ne suis pas sûre de ne pas avoir été repérée... Tout comme j'ai accepté le changement de sujet d'Amir plus tôt, celui-ci peut bien faire semblant de croire en mon petit mensonge.
On s'éloigne du cœur de Paris pour rejoindre l'entrepôt dont on dispose en banlieue. Première mission du jour : motiver les troupes pour demain ! Et nous assurer discrètement que tout est prêt pour le lancement de la nouvelle collection en ligne.
On arrive dans le local où nous sommes accueillis comme des rois par une équipe sur le pied de guerre.
Rapidement, Amir s'installe sur le petit bureau vide prévu à cet effet pour lire les derniers mails et faire le point des dernières réclamations clients avec la chef d'équipe.
Je passe dans les rayonnages et je vérifie que chaque article a bien été rangé à sa place, j'en ouvre un par-ci par-là pour valider les marchandises.
Après m'être assurée que les codes barres fonctionnent et que ma première story du jour a bien été publiée sur les réseaux pour donner un avant-goût des nouveautés, je marque un temps d'arrêt et j'observe les allées et venues de mes préparateurs de commandes.
Ils sont concentrés et appliqués, certains sont perdus dans leurs pensées et je me demande : à quoi cela va-t-il ressembler demain ? L'intensité sera la même ? Plus ou moins élevée ?
Mon téléphone sonne, me sortant de ma réflexion.
Hello...
Je suis vivante, n'appelle pas ma mère (rire).
Et toi ? Bon dimanche ? T'as couché avec Tony ?
Joy
Le début de son message me fait rire, la suite me fait rougir de plus belle et je repense aux dernières minutes partagée sur le palier en la compagnie de mon danseur.
— Charline !? Charline !? Viens voir ça !!! s'écrie Amir à l'autre bout de l'entrepôt.
Je me précipite à sa rencontre en craignant un problème informatique sur le e-shop. Oh ! Malheur ! Si Amir n'est pas capable d'y remédier, qui le sera ? Sûrement pas moi...
— Qu'est-ce qui se passe ? demandé-je affolée.
— Regarde ça ! C'est l'article de la journaliste ! s'extasie-t-il en faisant pivoter son écran.
Je l'avais complètement oubliée celle-là !
Je parcours rapidement l'écran, elle a dressé un portait plus flatteur de ma personne : elle me décrit comme passionnée, pleine d'avenir, volontaire, décidée, en conquête du marché, dans une croisade contre les stéréotypes, comme une facilitatrice de l'acceptation de son corps et comme irrémédiablement célibataire.
— Non, mais ça veut dire quoi cette phrase ? m'étonné-je, elle se prend pour qui !? Karine Le Marchand ?
— Euh... Où ça ? demande mon assistant surpris.
— Ben là, dis-je en la montrant du doigt, à la fin : « Seule ombre au tableau, Charline se donne tellement qu'elle n'a pas de temps à consacrer à sa vie de femme. En effet la jeune blonde aux formes généreuses, m'a avoué être seule et avoir peu de moments à allouer à la recherche de son bonheur amoureux ». Je n'ai jamais dit ça !?
— Euh... Je n'avais pas fait attention... J'avais déjà donné mon... enfin ton feu vert...
— Rattrape-le de suite ! Il est hors de question qu'elle publie ça !
— Ce n'est pas si grave. Le principal c'est comment elle parle de ton travail, non ?
Je lui lance un regard tellement venimeux qu'il n'ose pas continuer son argumentation.
— Pause déjeuner ! s'écrire la chef d'équipe en réajustant nerveusement sur t-shirt marin.
Amir s'active sur son ordinateur pendant que je savoure ma salade césar supplément bacon et parmesan.
Vu de l'extérieur, je dois vraiment faire chef tyrannique mais je n'en fiche. Il est hors de question que cet article paraisse tel quel ! Je suis en recherche active, preuve que j'ai du temps à y consacrer ! Ma vie de femme n'a aucun problème !
— Euh... Charline ? questionne Amir.
— Quoi !?
— Vu l'état de ta salade, je me doute que ce n'est le bon moment, mais je t'ai pris rendez-vous chez l'esthéticienne la semaine prochaine...
— Merci, dis-je entre les dents en transperçant le bol en carton. On s'y remet ? J'ai rendez-vous avec un client cette après-midi.
— Euh je peux manger mon dessert avant ? me demande-t-il comme un enfant.
Pour toute réponse, j'émets un grognement avant de me plonger sur mon téléphone.
J'ai 54 messages nouveaux sur la discussion que nous avons toujours d'ouverts avec mon frère et Caleb. Ils ne sont pas sensés dormir ceux-là ?
Je passe rapidement leur délire en revue, je réagis à certains moments et je commence à me détendre. Même quand ils ne sont pas là, ils arrivent à m'insuffler la joie et la bonne humeur quand j'en ai besoin.
Mon énervement est totalement retombé lorsque je reçois deux messages d'un coup : l'un de Lise et l'autre de... Une pub ! Je suis déçue puis je me rappelle que je n'ai répondu à personne ce matin.
Le dernier message de Joy se moquant gentiment de moi et de mon plan Q(uiche) d'hier. J'y réponds en lui expliquant que nous ne sommes pas des bêtes et que nous avons besoin de temps pour nous connaître. En plus, il fait de super quiche !
Je passe ensuite au message de Tony d'hier soir resté sans réponse :
Tony, excuse-moi pour la réponse tardive : on est en pleine préparation pour le lancement de demain (rire nerveux). J'espère que tu ne m'en veux pas trop...
Ah bon ? Tu faisais l'imbécile, ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué...
Oui, moi aussi, je voudrais qu'on se revoie... Euh... Ça bosse quand un danseur, en fait ?
Charline
Je m'apprête à passer au message de Lise, lorsqu'Amir commence à ranger son matériel, ce qui sonne la fin de la pause.
Je tourne une story avec l'équipe dans une bonne humeur légèrement exacerbée pour montrer sur les réseaux que tout le monde est sur le pied de guerre pour demain.
On regarde ensemble les retours de celle que j'ai postée plus tôt dans la journée avec quelques photos de la nouvelle collection. Ils sont plutôt très bons et nous donnent beaucoup de baume au cœur.
On en parle encore avec entrain sur le chemin du bureau avec mon assistant. Il semble tout aussi excité que moi mais se concentre rapidement sur sa conduite après s'être fait klaxonner par des automobiliste nerveux.
Je regarde la ville à travers la fenêtre perdue dans mes pensées jusqu'à l'arrivée.
De retour dans mon antre de la créativité, je sors mon carnet de croquis en attendant mon client. Je griffonne quelques pages avant de voir un homme brun à l'air perdu passer plusieurs fois devant la devanture.
Amir va à sa rencontre.
Je n'entends pas ce qu'ils se disent, mais je vois le grand brun les mains dans les poches, sourire tout en plissant des yeux rieurs.
Amir le fait rentrer et m'explique :
— Il faudrait nous rendre plus visibles. Simon a cru qu'on était une boutique réhabilitée en bureau avec la vitre à moitié floutée et la sonnette.
— Ah oui... L'atelier est derrière, dis-je à l'attention de notre visiteur en lui serrant la main. Je suis Charline.
— Simon, enchanté.
— De même. On va s'installer ici, lui proposé-je en désignant deux fauteuils de cuir marron et une table en verre dans un coin. Qu'on voit si on peut faire affaire...
— Volontiers.
— Vous voulez boire quelque chose ? propose aussitôt Amir.
— Je ne dirai pas non à un café si vous avez du lait. J'ai eu une dure nuit de concert hier soir.
— Ça marche, répond Amir en se tournant vers la kitchenette.
On s'installe et Simon commence à me parler de son groupe : un genre de rock/ métal en fonction du chanteur. Je lui demande quelques photos, histoire de me plonger dans leurs univers. Puis il m'en montre d'autres qui l'ont inspiré dans son projet de vêtement de scène.
J'active mon crayon tout au long de notre conversation alors qu'il vide sa tasse. Ses gestes sont souples et détendus, sa voix est grave tout en étant très apaisante. Je suis en présence de ce qu'on appelle une personne qui a du charme, beaucoup de charme...
Quand il sourit ou qu'il laisse s'échapper un petit rire, ses yeux se plissent légèrement rajoutant un petit quelque chose d'un peu innocent et très, très, séduisant...
Je rougis honteusement et tourne vivement la page de mon carnet quand je m'aperçois de ce que je suis en train de dessiner.
— Madame Charline ? Tout va bien ?
Merde : grillée !
— Euh oui... Je me suis égarée, mais je reviens...
— Pas de problème, dit-il en prenant une pose décontractée dans son fauteuil.
— Bien... J'ai deux, trois idées de ce qu'on pourrait faire, mais veuillez excuser ma curiosité : pourquoi une jupe ? Et une braguette ?
— Ah ! fit-il en rosissant, en plissant une nouvelle fois ses yeux. Et bien, on transpire beaucoup sur scène avec les projeteurs et l'activité qui y règne... Je voudrais m'aérer....
— Oh !
— Oui et la braguette ben c'est pour ben... Comme sur un pantalon en fait.
Je rougis en me sentant un peu bête sur le coup.
— OK, OK, euh... Vous jouez de quelque instrument ?
— De la batterie.
— OK, donc on a le choix : braguette apparente ou avec parement ?
— Parement ?
— Le petit bout de tissu comme sur un pantalon. Parce que si on fait apparent on peut mettre une braguette épaisse en métal bien virile.
Un large sourire s'étend sur son visage alors que je prends conscience de ce que je laisse sous-entendre :
— Enfin, je ne veux pas dire que vous en avez besoin, ajouté-je précipitamment, c'est juste une possibilité.
— J'avais saisi, affirme-t-il en posant un pied sur son genou dans une attitude nonchalante.
— Bien... Et donc ?
— Avec parementure, s'il vous plaît, me dit-il dans un clin d'œil, vous l'avez dit : je n'ai pas besoin d'artifice supplémentaire.
Je rougis de plus belle et j'aperçois Amir dans le dos de Simon. Mon discret assistant a tout suivi de notre échange et fait semblant d'embrasser langoureusement une personne imaginaire.
Après avoir choisi un modèle de jupe, un type de tissu et de braguette. Je lui donne une fourchette de prix prévisionnelle avant de le raccompagner.
Dès qu'il referme la porte, Amir ricane et je m'offusque :
— Non, mais ça ne va pas !?
— Si, si, ça va très bien merci, m'assure-t-il en retenant un fou rire.
— Qu'est-ce qui t'as pris !?
— Oh, allez, Charline ! C'était drôle !
— Non.
— Mais si, tu étais toute perdue et tout...
— Je n'étais pas perdue, il m'a troublé c'est tout... dis-je d'une petite voix.
À ces mots je vois une lumière malicieuse illuminer le regard de mon compagnon : ça ne me dit rien qui vaille.
— Attends un peu...
— Quoi ?
— Tu as fait ça avec la femme qui nous a livré indien le mois dernier ! Ça veut dire que...
— Elle avait beaucoup de charme et en plus elle m'a frôlé la main en me rendant la monnaie ! Tenté-je de me défendre en revenant irrémédiablement cramoisie.
Amir part en fou rire, ça m'agace et je commence à vouloir lui rétorquer des choses méchantes en rapport avec son couple quand il se calme :
— Charline, commence-t-il affectueusement, il faut que tu apprennes à mieux cacher tes ressentis. Sinon ça va être un carnage sur le site de rencontre.
— Bon courage ! J'ai eu une éducation de la haute comme on dit et plusieurs professeurs se sont cassé la figure sur mon cas.
— « Les dents ».
— Quoi ?
— On dit « se casser les dents sur quelque chose ».
— On s'en fiche !
— Oui, oui...
— Ce n'est pas de ma faute, si je suis plus blanche qu'un cul !
— Désolé, je ne voulais pas te vexer...
— Et puis de toute façon même s'il a beaucoup de charme, ce n'est pas mon type.
— Ah... OK... Parce que ?
— Il est beaucoup trop affable !
— Ah oui ! Non, mais quel enfoiré ! s'amuse-t-il.
— Non, mais je veux dire que ça fait forcé !
— OK, OK...
Je sors mon téléphone pour répondre aux commentaires des stories de la marque lorsqu'il me demande d'un air sérieux :
— Euh... Mais tu es bi du coup ?
Je suis tellement prise de court par sa question que je sens tout mon visage se tendre d'étonnement :
— Pour être honnête, je n'y ai jamais réfléchi... Tu crois que c'est obligé d'avoir une attirance sexuelle pour quelqu'un pour pouvoir reconnaître qu'il est charismatique ?
— Ouais, je vois ce que tu veux dire... Mm je dirais que non...
Tel un enfant devant sa glace deux boucles préférée au début de l'été, j'enchaîne aussitôt :
— Tu as pensé à qui ?
— Hein ? Quoi ? À personne... répondit-il mal à l'aise.
— Ouais c'est ça ! C'est qui le mec à qui tu as pensé ?! C'est un acteur ? Un homme politique ? Un...
J'allais pour continuer, mais mon téléphone sonne :
— Sauvé par Joy... Allô ?
Amir semble soulagé en envoyant un baiser dans le vide à l'attention de mon amie.
— Oui, Charline je te dérange un peu ? Beaucoup ? Passionnément ? À la folie ?
— À la folie.
— Nickel, je suis en train de boucler les inscriptions pour les cours de cuisine et tu ne m'as répondu....
— Ah oui, mince, c'est vrai, excuse-moi... Il te reste de la place ? Je ne voudrais pas déranger...
— Pff n'importe quoi. Il me reste mardi ou jeudi.
— Je prends jeudi.
— OK comme Amir, parfait ! Et sinon urgence pour ce week-end : tu as quelques films d'horreur ou je dois en chercher ?
— Non, non, c'est bon j'ai ce qu'il faut, mais j'espère qu'on n'en aura pas besoin. Ça serait triste sinon...
— Tu as raison, je me suis peut-être un peu enflammée...
— En fait, tu voulais juste entendre ma voix avoue ?
Elle émet un petit rire avant de me saluer et de raccrocher.
Tout le monde a l'air d'être très excité par cette réunion d'anciens élèves. Je dois bien avouer que moi-même il me met particulièrement en joie, voir même me stresse un peu.
Certes, je vois Caleb et Georges une fois par trimestre en moyenne, mais pas les autres... Je vais revoir tous mes anciens camarades !
Évidement, grâce aux réseaux sociaux j'ai une petite idée de qui fait quoi et bon il n'y a rien de vraiment surprenant de le faite que Candice divorce... pour la quatrième fois...
Mais quand même, ça va me faire bizarre de les voir tous ! La bande du club de judo des garçons, l'équipe de handball, il y a même quelques professeurs qui se déplacent pour l'occasion.
Et... Arnaud... Si mon premier souvenir de lui est celui où il se disait « inkignito »... ce n'est pas le dernier...
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Coucou tout le monde !
On est déjà au chapitre 7 ! Je n'en reviens pas comment le temps passe vite ! C'est fou !
En parlant de ce chapitre : qu'est-ce que vous en avez pensé ? Charline va-t-elle s'en sortir entre activité pro et vie perso ? Et tous ses prétendants... (☆▽☆)
Vous commencez à me connaitre pour certains : je suis une curieuse coquine ^^ donc je voulais savoir... Vous êtes à la place d'Amir dans la fin de sa discussion avec Charline. Vous pensez à une personne charismatique ou qui a beaucoup de charme : à qui vous pensez ? (ʘᴗʘ✿)
Merci d'être arrivé jusqu'ici et pour votre soutien !
A la semaine prochaine !
Xoxoxo
Cam (✿^‿^)
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