Chapitre 57 : Tempête, John, massage et Bidule
C'est ainsi que nous nous apprêtons à recevoir les parents de Peter pour les fêtes. Comme plus on est de fou, plus on rit, nous avons également convié Marc.
C'est un peu stressé que je prépare la venue de nos invités : les parents de Peter, Marc, son faux frère et la compagne de ce dernier.
J'effectue un ménage méticuleux, j'investis dans des décorations de Noël pendant que Peter s'occupe des cadeaux et du menu.
— Cupcake ? m'interpelle Peter alors que je fais l'inventaire du linge de maison.
— Mm ? Tu sais si l'on a d'autres serviettes bleues ?
— Euh, non, je crois que tu as tout sorti.
— F*ck (*m*rde)
— Charline ? Je vois bien tous les efforts que tu fais, mais tu sais : ma mère est génétiquement insatisfaite.
— Ça n'empêche pas d'essayer, répondis-je naïvement.
— Oui... C'est sur... Mais ce que je veux dire c'est que...
Il pousse un profond soupir en farfouillant dans sa barbe avant de poursuivre :
— Ne le prends pas trop à cœur si elle n'est pas contentée ou même si elle est tranchante.
— Ne sois pas aussi dramatique, lui demandé-je en passant mes bras autour de son cou. Tu vas finir par me faire peur.
Il m'enlace fermement en me confiant :
— C'est moi qui ai la trouille.
— Bah ! Tu as survécu à mes parents, je devais arriver à résister aux tiens !?
— Toi oui, mais moi pas sûr !
J'explose de rire alors qu'il me sourit timidement.
— Et puis, on ne sera pas seul ! Il y aura Marc et sa copine, renchéris-je.
— Oui ! Des alliés dans la bataille, affirme Peter en levant le poing.
Hilare, je chasse une larme de joie avant de compléter la liste des courses avec deux petites serviettes bleues.
Au boulot, c'est l'effervescence : les ventes se font toujours plus nombreuses à pour la fin d'année. C'était bien entendu la meilleure période pour l'école d'Alban pour organiser le défilé d'évaluation du premier semestre.
J'alterne donc mon temps entre quatre gros blocs : la préparation de la venue de nos invités pour Noël, les finitions du costume d'Alban, dessiner la nouvelle collection de cet été et aider au dépôt à l'élaboration des commandes.
Mon niveau de stress est intense, mais je tiens le coup. Peter de son côté reste égal à lui-même.
C'est après un énième déplacement qu'un soir il me propose :
— Ça te dit un instant détente avant l'arrivée de nos convives ?
— Et comment !? Qu'as-tu en tête ?
— Mm... Un repas tranquille à la maison en tête à tête, un massage et beaucoup de sexe.
— Bien sûr, gloussé-je.
Il me fait un clin d'œil et j'ai déjà hâte d'y être.
On bloque le lendemain du défilé d'Alban, soit trois jours avant la venue de nos premiers invités.
Je bosse comme une dingue pour que tout soit paré pour pouvoir m'absenter quelque temps ; histoire de pouvoir profiter pleinement des fêtes.
C'est la dure loi de l'autoentrepreneur, étant mon propre patron, je suis la personne vers qui l'on se tourne en cas de pépins. Bien sûr j'ai Amir mon super assistant toujours prêt à me sauver, mais je préfère le laisser tranquille en ce moment : ces essais bébés ne se passent pas très bien.
Je sais que cette situation pèse sur son couple et son moral ; aussi j'ai décidé de me débrouiller toute seule le plus possible.
Malheureusement le jour du défilé d'Alban, rien ne va : le ballon d'eau chaude du bureau a fui pendant la nuit, inondant tout, le site internet croule sous les commandes qui ne peuvent être envoyées dues à une panne d'électricité dans l'entrepôt, Alban n'a plus de mannequin pour son show, j'ai perdu mon carnet de croquis et il n'y a plus de café.
Ce dernier point étant le plus important, l'élément crucial qui influence tous les autres.
Et bien sûr, tout ça à deux heures de ma réunion hyper importante avec les investisseurs.
Je me masse les tempes devant un Alban au bord de la crise de nerfs :
— On devrait passer un coup de fil à Amir, dit-il.
— Non, non, tranché-je. On ne va pas appeler Amir, on peut très bien se débrouiller tout seul.
Deux heures plus tard, après m'être énervée avec le fournisseur d'électricité au téléphone, épuisée mon carnet d'adresses de mannequin taille 36/38 et bu un café de chez Starbucks, je n'ai toujours pas vraiment avancé sur ma To do list.
Comble du comble, je suis à ma réunion avec mes investisseurs toute bégayante en mélangeant le français et anglais.
— Charline, est-ce que tu as préparé l'entrevue, me prend à part Arnaud, en français.
— Non, mais c'est que j'ai dix mille trucs sur le feu et...
— Ok, gentlemen, me coupe Arnaud, I am going to talk about the number now* (*Ok, messieurs, je vais parler des chiffres maintenant)
Je formule « merci » avec mes lèvres en espérant ne pas être trop pixelisée à la caméra.
Après qu'Arnaud m'ait sauvée de la réunion ; il s'avère qu'il avait bien lu tous les mails qu'Amir lui avait envoyés. Même quand il n'est pas là, mon assistant est génial.
Je sors de la visio avec un mal de tronche carabiné.
Je rejette ma tête en arrière et ferme les mirettes un moment. Dans mon dos, j'entends la sonnette de la porte tinter, je me redresse et me retourne vivement :
— Alors patron !? On a besoin d'aide ? me demande Amir en me souriant de toutes ses dents.
— Amir !?
— Lui-même, me répondit-il en me faisant un clin d'œil.
— Mais tu étais en congé...
— Alban m'a envoyé un sms. Charline !? Pourquoi tu ne m'as pas appelé !?
— Ben c'est que...
— Tu sais que tu peux toujours compter sur moi, n'est-ce pas !?
— Oui, mais... Je voulais que pour une fois... Tu puisses te reposer... et... en fait, ben je n'y arrive pas ... conclus-je misérablement.
— Chut, chut, je suis là, affirme-t-il en me passant une main réconfortante dans le dos. Tonton est là.
Je me sens vaguement lamentable et assez stupide, mais j'ai besoin de lui. Je suis une artiste nulle en logistique.
— OK, on se calme, me demande oncle Amir. Sur le chemin, j'ai appelé Tony : sa femme est un peu grande, mais elle fait la bonne taille pour Alban. Il y aura sans doute quelques retouches à faire, mais on est pas mal.
Alban en position fœtale sur le canapé reprend soudain vie.
— Elle vient à 14h, finit mon assistant.
— Mais oui, Emel... Comment n'y ai-je pas pensé, m'indigné-je.
— Ensuite, le plombier arrive dans une heure pour le ballon d'eau d'ici là, il faut tout nettoyer et que tu te changes peut-être, dit-il en désignant ma robe bleue pale mouillée et transparente.
— Ah...
— J'ai racheté du café, tout est sous contrôle, affirme fièrement Amir.
— Euh... Et électricité dans l'entrepôt ? demande timidement Alban.
— OK, tout est presque maîtrisé, rectifie Amir.
— Et tu n'aurais pas vu mon carnet de croquis ? questionné-je.
— On va s'en sortir, je vous le promets, ajoute-t-il bien qu'un peu nerveux.
À la fin de la journée, tout est effectivement presque sous contrôle comme l'avait dit Amir. Le plombier a retiré le ballon d'eau chaude et trouvé une solution pour qu'on ait au moins l'eau froide. L'électricité est repartie dans l'entrepôt après qu'on ait imprimé plusieurs commandes et étiquettes de colis au bureau. Emel et Alban sont en route pour son évaluation avec un costume ajusté minute-minute.
Seule ombre au tableau : mon carnet de croquis qui est toujours perdu.
— Charline ? m'interpelle Amir alors qu'on baisse le rideau.
— Mm ?
— Tu sais ça m'a fait du bien de passer cette journée ici. À t'être utile.
— Tu es constamment efficace.
— Mm... C'est que je me sens tellement futile à la maison...
— N'importe quoi !? Parles-en avec Djamila, mais je suis sûre du contraire.
— C'est que c'est bientôt Noël et on va devoir faire face à nos familles... Et on n'a toujours pas de bébé en vue...
— Et alors !? Vous ne vous résumez pas à fournir des héritiers où je ne sais quoi !? En plus, tu devines quoi ? J'ai regardé pour toi, la moyenne en France pour tomber enceinte est de 6 à 8 mois.
— Ah ouais !?
— Et oui, monsieur !
— Mais... ça avait presque pris et...
— Hé ben ça marchera, conclue-je avec aplomb.
Je laisse Amir sur cette pensée et c'est épuisée que je me dirige vers le métro pour rejoindre mon homme.
À la maison, je retrouve avec bonheur mon carnet de croquis sur la table du salon. Peter l'avait mis dans ses affaires par mégarde.
Heureuse que la tempête soit enfin passée, je me prends une bière de récompense pour avoir survécu à cette journée.
C'est insouciante que j'accueille notre pause détente avec Peter.
On se fait de bons pancakes bien consistants suivis d'une séance de sport pour bien commencer.
Après un cours gratuit en ligne avec la reine du Pilate, je me sens prête pour mon massage.
Peter a réservé en duo dans l'institut qui vient d'ouvrir en face de chez nous. Alors que l'on attend nos masseurs emmitouflés dans nos peignoirs blancs, doux et duveteux, Peter finalise notre commande Uber eat pour ce midi.
Il est hors de question qu'on se laisse abattre aujourd'hui.
De mon côté, je profite du calme qu'offre la pièce. La lumière est tamisée, les couleurs sont chaudes, les odeurs sont apaisantes, un brin fleuri et la musique d'ambiance est un parfait racolage pour la sieste.
Je suis en pleine contemplation d'une fleur de tiaré en plastique lorsque la porte s'ouvre sur nos masseurs.
Stupéfaite, j'identifie immédiatement John, le colocataire de Tony avec sa forte musculature, ses petites lunettes et ses cheveux bruns. Aujourd'hui, il ne porte pas un de ces peignoirs dont il fait la collection, mais un uniforme noir qui fait penser à un kimono de kung-fu.
— Oh ! Charline c'est ça ? me reconnaît-il.
— Oui, oui, John ?
Il hoche la tête en jetant un coup d'œil appréciateur à mon homme. Lui qui est si possessif avec Alex, son petit ami, je le trouve sacrément gonflé.
— Et voici Peter, mon fiancé, dis-je en accentuant ce dernier mot.
— Enchanté, je suis John un des colocs' de Tony. Enfin, futur ex-coloc'.
— Enchanté, répond Peter. Comment ça « ex-coloc » ?
— Il cherche un appartement avec Emel.
— Waouh, je ne savais pas, m'enthousiasmé-je alors qu'une faible toux se fait entendre.
— Ah oui, pardon, s'excuse John. C'est Elsa, ma collaboratrice.
Il s'écarte pour laisser entrer une femme de stature standard : 40 en haut et 42 en bas je dirais, blonde décolorée, une apparence soignée et discrète.
— Bonjour, peut-on passer au massage ? demande-t-elle un peu gênée. C'est que nous avons un emploi du temps un peu...
— Oui, oui, tu as raison. Qui prend qui ?
Vu le regard de John sur mon homme, j'ai préféré l'avoir comme masseur, lassant Peter aux bons soins d'Elsa. Cette dernière semble avoir des yeux plus professionnels sur le corps de rêve de mon partenaire.
John se montre d'une douceur incroyable, ses mains glissent sur ma peau huilée avec légèreté, me procurant un bien être instantané.
Il défait mes nœuds un à un avec une facilité déconcertante, je me sens comme devenir liquide sous ses doigts et finis par m'endormir.
Je suis réveillée par nos téléphones qui sonnent de concert dans la pièce. Je me redresse et j'aperçois Peter qui fait de même, avec l'empreinte de la table de massage sur son visage.
On se dresse alors que nos portables sont de nouveaux silencieux. En parcourant la salle des yeux, je découvre une petite carte posée près de la fausse fleur de tiaré.
Peter la saisit et la lit à voix haute :
— Charline, Peter, vous avez été notre première réservation. Pour vous remercier de votre confiance et pour vous permettre de profiter pleinement de l'expérience relaxante que notre institut propose, nous vous offrons 1h dans le Jacuzzi privatif.
— Non !?
— Il y a même écrit que pour quelques euros de plus on peut avoir l'option "fleur bleue".
— Je veux !
Alors qu'on attend pour notre bain romantique dans le petit solarium, je vérifie mon téléphone.
— Quoi de neuf ? demande Peter.
— C'était Joy, elle a hâte d'accoucher et Alban aura sa note demain, mais le public a apprécié.
— Il lui reste encore deux mois à Joy, se moque-t-il.
— Mm... Et toi ?
— Ah... Euh... Ma mère a piqué une crise à mon père. Résultat, ils arriveront avec Bidule.
— C'est bon, c'est prêt, annonce Elsa toute contente en venant nous rejoindre dans le salon de détente.
Bidule ? C'est quoi ça Bidule ?
***
Coucou tout le monde !
Comment allez-vous ?
J'espère que le chapitre du jour vous a plu et que vous êtes prêt pour la venue des parents de Peter ! (≧▽≦)
A la semaine prochaine
Xoxoxo
Cam
PS : la pensée du jour est pour tout les lecteurs du Cameroun ꒰⑅ᵕ༚ᵕ꒱˖♡
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