Chapitre 23 : L'aimant à mec bizarre
Je pose mon portable sur la table de chevet lorsque je reçois un message sur une discussion de groupe :
Qui dort ?
Je m'apprête à l'ignorer lorsqu'un autre arrive :
Pas moi, j'attends que Charline, fasse son compte rendu.
Et un autre :
Ah bon pourquoi ?
Elle va appeler Simon.
Elle te l'a dit ?
Non, mais elle va le faire.
Légèrement agacée par la tournure de ce dialogue, je déverrouille mon téléphone et affiche la conversation entre Joy et mon frère, bien que je suppose que Caleb ne soit pas loin de lui.
Je suis là, interviens-je.
Ah ! Salut Charly... écrit Georges, on parlait de toi.
J'ai vu...
Visio ? Propose Caleb en lançant l'invitation.
On se connecte tous ensemble malgré l'heure tardive. Joy est au fond de son lit son bonnet en satin sur la tête et la couette remontée jusqu'au menton. Georges est dans sa chambre chez Papi, allongé sur le ventre, vêtu d'un simple T-shirt blanc. Dans la pièce voisine, que j'occupe habituellement, Caleb se natte les cheveux pour la nuit à l'aide de mon miroir plein pied, beaucoup trop court pour lui.
Sans plus de cérémonie, je commence à résumer mes deux récents rencards téléphoniques sachant qu'il ne sert à rien de lutter.
À la fin tout le monde y va de sa petite expertise :
— Finalement, Simon a l'air plus cool que ce que j'imaginais, commente Joy. Ça ne va pas être simple.
— Je vote Peter ! s'exclame Caleb.
— Ah bon !? s'étonne mon frère, moi je le trouve trop coincé. Je pense que Simon est un meilleur choix...
— Mm donc ça sera Peter ou un autre, fis-je d'une voix qui se veut neutre.
— Pourquoi tu dis ça ? me demande la nazgûl d'un air contrarié.
Caleb explose de rire avant de l'éclairer :
— Tu n'as jamais vraiment été une référence en la matière mec.
— Hé, on est sur la vie amoureuse de Charly, là.
— Ben ouais, pourquoi on ne parle pas de la tienne ? plaisante Joy en rejoignant le camp de Caleb.
— Bon bref, c'est quoi la suite ? tente-t-il pour faire diversion.
— Ah demain c'est cours de cuisine, rappelle Joy.
— Ah ouais ! s'amuse Caleb, avec l'autre timbré de Charles-Hubert.
— On ne peut rien vous cacher, fis-je d'un ton cynique.
— Ça te changera les idées, affirme Georges, comme ça tu apprécieras d'autant plus les qualités de tes candidats.
— Mm... Depuis quand tu es un expert ?
— Hé ce n'est pas moi qui les attire !
— Je ne vois pas de quoi tu parles, niais-je en bloc, Simon n°1 était une erreur de parcours et Charles-Hubert est un peu spécial, mais bon...
— Éric, dis simplement Georges.
Joy réprime un fou rire pendant que Caleb siffle pour saluer le cou de mon adversaire.
*
Éric, voilà quelques paires d'années que je n'avais plus pensé à mon colocataire collant de Düsseldorf.
Pendant que j'effectuais mon stage là-bas, pour des raisons budgétaires et aussi dans le but de m'intégrer plus facilement j'avais fait le choix de la cohabitation.
J'avais trouvé une chambre dans un grand appartement où logeait déjà deux personnes : Éric un Américain du Colorado qui passait toutes les deux semaines voir ses enfants illégitimes et Franzy une Allemande en Erasmus.
Si Franzy était discrète et gentille, Éric était, on ne peut plus claire sur ses intentions. C'est ainsi que deux heures après avoir fait sa connaissance, alors que je me servais un verre d'eau dans la cuisine, qu'il dissipa tout malentendu :
— Si tu veux, je peux coucher avec toi, lâcha-t-il de ses deux mètres de haut.
J'avais avalé de travers puis avais répondu maladroitement :
— Ah... C'est noté, mais je pense que ça va aller. Merci.
— Comme tu le souhaites, ma porte est toujours ouverte, m'offrit-il en se passant la main dans sa tignasse châtain.
— Mm...
Il commença à rebrousser chemin lorsqu'il compléta :
— Après si tu ne veux pas de moi dans ton aire de jeux, mais ça te dire quand même de jouer... C'est possible aussi, déclara-t-il en remuant la langue hors de sa bouche.
Je crus me figer d'horreur, mon cerveau s'embrasa d'un coup de chaud tellement intense que ma mise en plis était en danger.
Je toussotais pour m'aider à reprendre mes esprits et surtout mon air.
— Ça ira, merci.
— Sûr ? Sinon tu sais où me trouver.
Quelques semaines plus tard, à moitié endormie, la tête recouverte de bigoudis, j'étouffai un cri de surprise face à une impressionnante masse rendue inquiétante par la pénombre.
C'était un Éric complètement bourré et vacillant qui débarqua avec grand fracas dans ma chambre.
Il laissa lourdement tomber son imposante carcasse de bûcheron sur mon lit, larmoyant, et le dos vouté. J'eus juste le temps de me décaler vers le mur pour éviter qu'il m'écrase.
— Éric ? commençai-je prudemment.
— Charline, tu es là ?
— Oui, c'est ma chambre en fait...
— Charline ! Charline ! Charline !
— Oui, chut ! tu vas réveiller tout l'immeuble ! le grondai-je.
— Charline !
— Oui, répondis-je exaspérée.
— Charline ?
— Oui...
— Pourquoi Charline ?
— Pourquoi quoi ?
— Ben pourquoi tu ne veux pas coucher avec moi ? finit-il dans un sanglot en s'effondrant sur mon matelas.
De quoi !? Mais qu'est-ce que ça vient faire là !? pensais-je abasourdi.
— Euh... Éric, tu...
Un grossier et magistral ronflement m'interrompit : Éric était tombé dans les bras d'une autre. Exaspérée, je m'extirpai prudemment du lit. Une fois dans le couloir, mon oreiller à la main, je croisai la silhouette finement musclée de Franzy.
— Éric, dis-je comme seule explication.
— Je comprends, me répondit-elle de son accent guttural, viens dormir avec moi. J'ai un deux places.
— Cool, merci.
Soulagée, j'entrai dans sa chambre. Elle avait allumé juste une petite lampe de chevet qui diffusait une douce et accueillante couleur orangée. Contre le mur, un grand lit en fer forgé blanc était en train de me faire de l'œil effrontément.
L'ensemble de la pièce était décoré dans un style bohémien et salon de détente.
Je me glissai dans les draps bordeaux dans un long bâillement.
Je sentis, le poids du corps de la jeune blonde tomber dans le matelas.
Après quelques secondes je l'entendis dire :
— C'est bien la première fois que je dors avec une femme sans coucher avec depuis l'enfance.
Je choisis de l'ignorer et de faire semblant de roupiller. Ils avaient tous décidé de m'emmerder ce soir ou quoi !
*
— Je dis que t'as le chic, c'est tout, appui Georges, en me sortant de ma rêverie.
— Ouais ben moi au moins j'essaye des choses.
— Qu'est-ce que tu insinues ?
— Que ça ne te ferait pas de mal à toi non plus de temps en temps.
— Je vois des femmes. Tu oublies Marlène ?
— Non, non, je te parle de construire un truc. Parce que c'est facile de critiquer quand on ne fait que des plans d'un soir. On n'a pas le temps de découvrir qui elle est.
— J'ai un travail très prenant, je ne peux pas...
— Peut-être que c'est toi le gars chelou de ces dames.
— N'importe quoi, s'amuse-t-il.
— On ne le saura jamais vu que tu ne restes pas assez longtemps avec elles.
— Mais... mais... Hé les autres, aidez-moi ! s'indigne-t-il.
— Non, désolé mec, mais c'est beaucoup trop plaisant à regarder, affirme Caleb.
— Grave, commente Joy
— Toi tu as de la chance d'avoir le totem d'immunité, crache Georges à Joy.
— Hé ! Sois gentil avec moi, j'ai beaucoup souffert.
— T'es prêt à encaisser, Caleb ?
— Et si on allait se coucher, proposé-je. Cette démonstration de qui a la plus grosse est une mauvaise idée et il se fait tard.
— C'est toi qui m'as attaqué !
— Et tu t'es bien défendu. Bonne nuit, dis-je en coupant la conversation.
Après un court repos au pays des licornes et avoir déployé tous mes talents pour récupérer un visage humain, je retrouve un Amir étrangement joyeux.
— Salut, salut !
— Salut, Amir.
— Un café ?
— Ça va, j'ai ce qu'il faut, répondis-je en brandissant mon mug.
— J'ai fait des chouquettes aussi, si ça te dit !
— Je veux bien merci.
Ravi, il se sort une boite de conservation de son tote bag et l'ouvre sur bureau en sifflotant.
Je me sers sans le quitter du regard alors qu'il se fait couler un moka, je me risque à une petite question :
— Bonne soirée ?
— Pas mal, admet-il la bouche en cœur, et toi ?
— Très bien...
Je m'apprête à poursuivre lorsqu'il se dirige vers l'atelier.
Il revient quelques minutes plus tard alors que la dernière goutte de breuvage caféiné est tombée, chargé de son matériel à bivouac.
Moi qui pensais qu'il avait bien dormi dans son lit...
Ma réflexion est interrompue par mes obligations de chef d'entreprise. Entre réunion avec le comptable, les réseaux sociaux, rédaction d'une annonce pour un nouveau stagiaire et finition de la commande de Simon pour demain, ma journée est bien remplie.
Aussi c'est avec plaisir que je ferme le rideau de la boutique avant de rejoindre Amir pour le cours de cuisine de Joy.
On est dans les derniers et je repère rapidement mon poste à côté de ce cher Charles-Hubert, assis sur son tabouret le dos légèrement vouté.
— Bonjour, dis-je simplement en arrivant à sa hauteur.
Aussitôt, il se redresse d'un bond avant de me répondre en rougissant :
— Salut Charline... je suis content de te voir...
Oh boy... (* Oh bonne mère)
Heureusement, Joy ne le laisse pas poursuivre en imposant le silence. Elle nous présente les produits du jour ainsi que le menu. Je sens les petits regards furtifs de mon voisin sur ma personne. Bien que je fasse comme si de rien n'était, dans l'espoir qu'il arrête, je commence à être de plus en plus mal à l'aise. C'est là, que la phrase de Georges me percute de plein fouet :
T'as le chic.
Je ne lui avouerais jamais, mais en cet instant je suis d'accord avec lui. Je sors mon portable et lui écris, histoire de passer ma frustration sur quelqu'un :
T'es chiant !
Sa réponse arrive quelques minutes plus tard :
J'en suis conscient, ce n'est pas facile tous les jours, tu sais...
Avec un petit bonhomme qui soupire.
Ce message a pour effet immédiat de me détendre, je réprime même un éclat de rire devant mon téléphone et un Charles-Hubert désespéré.
Étonnement, il se tient à carreau pendant toute la classe, bien qu'il continue à m'observer fréquemment. Cependant, il se tait et c'est déjà pas mal.
Je me concentre donc sur la préparation de mon risotto de poisson aux poireaux et de mes madeleines aux citrons.
À la fin du cours pour récompenser mon voisin, je l'autorise à venir manger son menu avec Amir et son binôme Antoine.
Tout se passe bien, la conversation tourne autour de la cuisine. Antoine complimente Charles-Hubert sur son dressage et je dois reconnaître qu'il est très professionnel.
Lorsqu'on arrive au dessert, les choses se corsent :
— Charline, tu veux une de mes madeleines ? me demande Charles-Hubert, la voix chargée d'espoir.
— Euh ben, fis-je hésitante.
— Je les ai faites en pensant à toi, m'apprend-il en allant chercher son assiette.
Il la pose devant nous. Nous admirons les pâtisseries avec un nappage au motif douteux, en silence.
— Tu as essayé de représenter quelque chose de précis ? questionne Amir d'un ton neutre.
— Oui, mais le glaçage était trop liquide, commente le propriétaire.
— On dirait vaguement une asperge sur celle-ci, observe Antoine.
— En fait, c'est une teube.
— Ah...
— Charmant, dis-je ironiquement.
— Le thème est mon désir pour toi, avoue fièrement Charles-Hubert.
— Ah... est le seul son qui sort de ma bouche, je préfère garder pour moi mes sentiments en cet instant.
Amir réprime un fou rire alors qu'Antoine est visiblement désolé pour moi.
La voix de Georges revient me titiller les oreilles :
Tu les attires quand même...
Je ferme les yeux et respire profondément.
— Ça ne te plait pas ? questionne mon soupirant inquiet.
— Charles-Hubert, commencé-je, le plus calmement que possible.
— Charles-Hub', me reprend-il, je voudrais que tu te détendes avec moi.
— Euh... je ne sais pas si c'est une bonne idée ça, s'amuse mon assistant.
Je sens mon visage me piquer violemment, je suis sur le point d'entrer en combustion lorsque Joy intervient :
— Qu'est-ce qui se passe ici ?
— Charles-Hub' a fait des madeleines pour Charline, répond aussitôt Amir la bouche en cœur.
— Oh que c'est... commence Joy, un peu hésitante. Euh... On dirait...
— Non, ce n'est pas une asperge, s'indigne rapidement Charles-Hub'. Le glaçage a coulé, mais je voulais faire un goudron vénère.
— Un quoi ?
— Un pénis en érection, traduit factuellement Antoine.
— Ah... Euh, Charles-Hubert, je crois qu'il faut qu'on parle, toi et moi, dit-elle en lui faisant signe de la suivre.
Les deux s'éloignent de la table alors qu'Amir demande curieux :
— Tu vas les manger ?
— J'avoue que je ne suis pas emballée, fis-je simplement.
— Vous devriez, intervient une vieille femme que je ne connais pas. Je l'ai vue ajouter un cœur coulant et faire des billes de meringues !
— Ah oui, ça doit être celle-ci avec la tige en glaçage, expertise mon assistant.
— Quel artiste, complimente Antoine en réajustant ses lunettes.
Charles-Hubert revient vers nous, l'air penaud, sous le regard sévère de Joy.
— Je suis désolé, commence-t-il, Joy m'a expliqué comment ça pouvait être compris...
— Très bonne idée, le cœur coulant aux citrons confit, le félicite Amir, la bouche pleine.
— Merci, répond l'intéressé avec une allure de chien battu.
Je ne sais pas trop comment gérer la situation aussi je prends une madeleine et je me régale :
— Mm, fis-je naturellement lorsque le goût acide légèrement sucré me titiller les papilles.
Charles-Hubert affiche un pauvre petit sourire, mais semble satisfait de ma réaction.
Au moment de se séparer, je sens qu'il veut venir vers moi, mais il se ravise à la dernière minute.
Dans la voiture, sur le chemin du retour, Amir ne fait aucun commentaire. Je trouve ça hautement suspect, mais je profite de ce moment de répit.
Quelque part, le regard de chien battu de Charles-Hub' m'a fait de la peine. Il n'est vraiment pas malin, mais pas méchant dans le fond.
Je chasse rapidement ses yeux demerlan frits de mes pensées pour me concentrer sur demain. C'est mon premierrendez-vous ; candidat n°1 : Simon, alias la braguette folle.
***
Coucou tout le monde !
J'espère que vous allez bien et que vous profitez à fond de cette fin d'année ! (✿^‿^)
Vous êtes prêt pour le premier rendez-vous de la semaine prochaine ? Comment pensez-vous que ça va se passer ? Pensez-vous que Peter sera toujours dans la course ? Ou au contraire, sera-t-il devenu favori ? ✧◝(⁰▿⁰)◜✧
Xoxoxoxo
Cam
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro