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Ce soir-là n'avait rien d'inhabituel, Hyunjin entendait les mêmes musiques que la veille en boucle et à en devenir sourd. Il servait toujours des jeunes adultes dans un état déjà assez pitoyable qui s'amusaient bêtement dans ce petit endroit pourri. Pourtant, cette nuit-là, il n'allait pas avoir un élan de réflexion et démissionner pour se décider à devenir architecte ou faire des études, non, mais son destin allait changer.

Hyunjin n'a jamais voulu travailler dans une boîte de nuit, il ne voulait pas vivre de son art et maintenant il regrettait d'avoir suivi le choix de ses parents. Finalement il aurait préféré devenir architecte, ou quelque chose du genre, il ne savait pas trop encore et c'était bien pourquoi il avait dû faire ce boulot que lui avait refourgué son père. La vie allait trop vite pour lui, et même s'il était encore jeune, le monde lui donnait l'impression que demain serait le dernier jour. Pas qu'il voulait quitter ce monde, ça non, jamais, mais devoir décider de son avenir si rapidement lui avait fait comprendre qu'il n'y avait pas le temps pour réfléchir ici, qu'il fallait se décider avant qu'il ne soit trop tard — après tout le temps c'est de l'argent.

Il n'avait pas sû décider s'il voulait être architecte ou non, ses parents travaillaient dans le monde de la nuit, il ne voulait pas faire d'études car il n'avait jamais aimer travailler, il s'était retrouvé dans ce lieu miteu à devoir décaler complètement ses heures et sa routine pour ne vivre que la nuit. Plus jeune, il en aurait rêvé, pouvoir regarder les étoiles et s'amuser pendant que les autres dormaient et perdaient leur temps une fois le soleil levé, maintenant qu'il était coincé dans cette routine il comprenait que rien de tout ça n'était réjouissant et qu'il aurait mieux préféré continuer à se lever tôt le matin et finir tard à faire des études à la con. Et puis en tant que barman il n'avait pas vraiment de vie sociale, il ne savait pas comment s'y prendre, ses seuls amis avaient toujours été ceux qu'il côtoyait dans les établissements où il étudiait jusqu'au lycée. A présent, il n'avait que ses collègues et il n'osait pas vraiment les considérer comme ses amis.

D'ailleurs il vit l'un de ces derniers, Felix, rejoindre le videur en pause, dans l'entrée de la sortie de secours menant directement dans la ruelle où se trouvait ce lieu pourri. Il ne le connaissait que depuis peu de temps mais il s'entendait déjà à merveille avec lui. Un peu moins bien avec Changbin qu'il voyait moins souvent car il passait son temps dehors et car un rien pouvait le mettre en colère, c'était un vrai nerveux Changbin, un sang-chaud, il aimait pas tellement la compagnie de ceux qu'il connaissait pas. Seul Felix avait la capacité de mettre à l'aise n'importe quelle individu, peut-être grâce à ses joues tachées d'étoiles qui nous hypnotisaient de douceur.

Hyunjin nettoyait quelques verres sur le comptoir, observant les individus se déhancher sur la piste de danse. Parfois il aimerait les rejoindre, trouver une jolie fille et danser à ses côtés, qu'elle lui offre un baiser sur la joue en y laissant la marque de ses lèvres en dessous de laquelle il rougirait certainement par surprise et manque d'habitude. Mais cette nuit-là, ce n'était pas une de ces filles qui attira son attention, c'était ce jeune homme qui était entré par la sortie de secours, là où les employés faisaient leur pause, sous les râles du videur en colère, son collègue le rassurant de la situation peu grave.

Ce jeune homme, il attira son attention car il était seul, car il observait les autres dans la salle, comme lui, en retrait, appuyé contre un mur. Ses yeux étaient ronds, ses paupières rouges et gonflées par des larmes précédentes, passagères, il crut même voir une étincelle de mélancolie briller dans ses yeux. Il n'était pas habillé superficiellement comme ces jeunes insouciants endiablés, il était modeste, ses cheveux brun retombaient dans ses yeux sombres, il avait de longs vêtements qui cachaient le bout de ses doigts et ses converses abîmées. Hyunjin n'avait aucune idée de pourquoi il avait attiré son regard ainsi, il paraissait négligé par rapport aux autres, indolent comparé à ses jolies filles dont il rêvait.

Lorsque l'inconnu sentit son regard sur sa personne et l'observa en retour, Hyunjin se jura d'être un abruti fini, et fit presque tomber le verre de ses mains qu'il avait frotté indéfiniment de sa petite serviette humide. Il le vit le scruter quelques secondes avant de le rejoindre au comptoir.

Étrangement, lorsqu'il s'assit en face de lui, Hyunjin oublia tout de son travail, de ses formations en tant que barman, de sa capacité à accueillir les clients. Il l'observait avec cet air mélancolique, peut-être simplement hyperbolique — à tout instant il le supplierait pour une boisson gratuite, Hyunjin y était habitué, il ne se laisserait pas prendre par ce regard.

— Qu'est-ce que je peux vous servir ? demanda-t-il après un moment de silence entre eux.

Il continuait de le fixer en silence.

— Je l'avoue, je ne suis pas venu prendre à boire.

Hyunjin fronça des sourcils par incompréhension, c'était bien la première fois qu'on venait le voir pour autre chose qu'une bouteille d'alcool gratuite en échange de ces choses insensées dites sous l'effet de l'éthanol.

— Je t'ai vu m'observer avec des airs inquiets, reprend l'inconnu, ça se voit que j'ai pleuré ?

Une nouvelle fois, Hyunjin dut prendre du temps avant de répondre, il n'avait pas non plus l'habitude qu'on le tutoie, même si les clients avaient dans sa tranche d'âge. Il ignora ce détail, réfléchis de nouveau à la question qu'il lui avait posée.

— Plutôt oui...

Il le vit baisser les yeux, songer un petit moment puis reposer son regard sur le sien.

— De toute façon, plus rien n'a d'importance, pourquoi les larmes devraient être cachées ?

— On dit que c'est bon de pleurer de temps en temps oui, ça permet d'extérioriser j'imagine.

— Et pleurer à longueur de temps ça doit faire l'effet inverse...Mais mes larmes se sont toujours mieux exprimées que mes mots.

— C'est normal, le corps transmet plus facilement les choses. Les mots, c'est compliqué.

— Pourtant t'as l'air bon avec les mots. T'arrives à répondre à tout ce que je dis sans hésiter.

C'est vrai, Hyunjin il voulait souvent comprendre les autres pour les aider, les éclairer, ça lui faisait du bien de se dire qu'on pourrait voir les choses d'une autre manière grâce à lui.

— En ce qui concerne les autres, oui, mais pour m'exprimer, pas vraiment.

— Tu pourrais peut-être m'aider alors.

— J'aimerais bien, oui, je peux ?

— J'aurais bien besoin d'essayer de me confier, après tout c'est plus facile quand c'est quelqu'un qu'on ne reverra jamais.

— Mais on ne sait pas ce que le futur nous réserve.

— Que du mauvais à mon avis, et si c'est le cas on se recroisera peut-être alors.

— Tu as une drôle de manière de penser, répondit Hyunjin en fronçant des sourcils, un air amusé sur le visage.

— Je n'y peux rien, tout est si compliqué.

— Et tu peux m'en parler.

Le jeune homme prit une grande inspiration et se décida à se confesser.

— Je suis ridicule, mais...

Il se mit à parler d'un peu de tout et de rien. Ses mots étaient mélancoliques et absurdes à la fois. D'après ses dires il voulait plaire pour son propre ego, mais il était très seul. Il voulait quitter cette routine, ou ce monde, Hyunjin n'avait pas bien compris, peut-être que le jeune homme lui-même ne savait pas. On aurait dit qu'il en faisait des tonnes et négligeait trop sa personne en même temps. Il traitait des petits problèmes comme trop importants et des aspects presque urgents comme négligeables. Il était à la fois je-m'en-foutiste et doté de réactions trop démesurées. Dans sa tête tout se chamboulait certainement, il était un jeune adulte perdu dans les mirages de la nuit. Hyunjin n'arrivait presque pas à tout suivre, y'avait beaucoup de contradictions dans ses mots, des éléments bien trop vagues qu'il exprimait à la fois trop peu clairement mais s'en plaignait comme s'il en était question de vie ou de mort. Il avait parlé mais n'avait pas vraiment dit quoi que ce soit de concret, les mots ne voulaient pas sortir concrètement, c'est-à-dire qu'il ne parlait pas de sa vie personnelle très souvent, voire jamais.

Et puis plus ses mots se libéraient, plus son visage s'assombrissait, son ton faiblissait, son air se voulant assuré de tout à l'heure avait disparu, il ne regardait même plus celui à qui il se confessait, totalement dans sa bulle, comme s'il se parlait à lui-même.

Peut-être qu'il n'aurait pas dû en dire autant. Il sentit des larmes couler le long de ses joues. Autour de lui, il eut l'impression que tout le monde le regardait, même s'il savait que ce n'était pas le cas. Peut-être qu'il aurait dû garder ces fichus pleures pour lui. Hyunjin sembla remarquer qu'il ne se sentait plus très bien, la mélancolie dans ses yeux étant plus visible que jamais.

— On peut aller dans un endroit plus calme, si tu préfères, lui fit-il d'une voix de voulant rassurante.

Son interlocuteur l'observa en s'essuyant les joues avec les manches de son t-shirt.

— Tu as le droit ? demanda-t-il en peinant à ne pas sangloter davantage.

— Non, mais je peux bien prendre le risque pour des larmes comme les tiennes.

Parce que oui, Hyunjin l'a bien vu, les larmes de ce bel inconnu n'étaient pas de larmes de crocodile mais celle d'une mélancolie, d'un mal-être trop longtemps enfoui et négligé. Il avait envie de l'aider à s'en débarrasser, d'éclairer ses doutes comme il le pouvait.

***

Bon, un début merdique j'avoue mais promis c'est bien j'vous jure j'ai juste du mal avec les débuts mais je me devais d'enfin poster. Je repasserai peut-être corriger quelques trucs plus tard au cas où. Sur ce à plus dans le bus mes pupuces (en mode AD)