3- un cœur tendre qui hait le néant
"voici venir les temps où vibrant sur sa tige
chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
valse mélancolique et langoureux vertige !
chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
le violon frémit comme un coeur qu'on afflige ;
valse mélancolique et langoureux vertige !
le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
le violon frémit comme un coeur qu'on afflige,
un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
du passé lumineux recueille tout vestige !
le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
ton souvenir en moi lui comme un ostensoir !"
Harmonie du soir,
Charles Baudelaire,
quand la femme s'avance un peu plus vers la source, elvina sent un fil l'attirer vers elle, comme une volonté qui ne lui appartient pas, qui lui dit qu'elle doit la toucher pour voir ce que ça ferait. pourtant elvina sait qu'elle ne doit pas se montrer aux yeux des hommes, elle l'a toujours su.
mais elle ne peut pas résister. poussée par cet instinct puissant, elle volète vers la femme aux yeux rivière. elle s'approche timidement, guidée par la voix grandissante de l'être des éléments dans son esprit, comme une lancinante incantation venue d'un autre monde.
alors qu'elle effleure la mèche blonde devant le visage de la femme, elvina se sent quitter son corps frêle aux ailes translucides.
elvina ne savait pas, elle avait cru, elle avait pensé, mais jamais elle n'avait réellement su.
et aujourd'hui, elle comprend, elle comprend qu'elle sait qu'elle non plus, n'est pas. ou alors, qu'elle n'est plus.
non, elle n'est plus fée des cerisiers.
elvina n'a plus d'ailes, elvina ne se cache plus derrière une fleur de cerisier comme une observatrice attentive des rouages d'une nature enchantée.
elvina n'est plus, mais alors qu'est-elle ?
c'est quelques temps plus tard qu'elle comprend, quand sa vision magique s'en est allée et qu'elle a retrouvé sa conscience.
quand elle observe son monde et qu'elle échange pour la première fois avec un autre. elvina est en vie et elle en est heureuse.
et elvina se souvient.
d'ailleurs, elle ne s'appelle pas elvina non, son nom sonne plus comme... gabrielle, oui c'est ça ! gabrielle. et elle n'est pas fée des cerisiers non, elle ne l'est plus. elle l'a été mais comment l'est-elle devenue ?
alors elle se souvient de cet endroit, de cette forêt de cerisiers dans laquelle elle s'était réfugiée un printemps, enveloppée dans ses pleurs, confiant sa peine à la nature. elle hait être triste gabrielle, elle hait le néant vaste et noir et elle se souvient quand l'être des éléments lui a parlé la première fois, quand il lui a demandé si elle voulait veiller sur la nature à tout jamais, tout oublier.
au coucher de soleil, quand il se noyait dans son sang qui se fige, quand les fleurs de cerisier brillaient d'une lueur orangée, gabrielle est devenue elvina, fée des cerisiers.
c'était il y a bien longtemps, un an en réalité, l'être des éléments le lui a dit. mais dorénavant, gabrielle veille toujours sur la nature et on veille aussi sur elle.
gabrielle n'est plus elvina car la nouvelle elvina vient de se poser sur une de ses frêles branches pour lui murmurer de bien grandir, de prendre des forces pour fleurir au printemps prochain.
gabrielle est la nature, car gabrielle est un cerisier.
elle est la source de vie de cet endroit, un arbre enchanté de plus pour guérir la nature épuisée. gabrielle ajoute son être au cycle de la vie et de la magie des arbres enchantés.
gabrielle, tu es un cerisier, tu deviendras éternelle car nul ne peut te déraciner.
gabrielle, cœur tendre qui hait le néant vaste et noir, du passé lumineux recueille tout vestige, le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
gabrielle, ton souvenir luit en moi comme un ostensoir.
merci gabrielle
et quelques lignes plus tard, une nouvelle histoire commence.
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