#include <Le temps seul nous appartient. SÉNÈQUE>

TIME / Hiver 2052 / "Présent" +764 jours /

// Le saule danse au-dessus de ma tête. Le vent ramène sur l'îlot Tison les murmures du dimanche, ce jour replet qui s'empiffre et digère.

/ Je suis resté 4 heures, 38 minutes et 55 secondes assis sous cet arbre. 4 heures, 38 minutes et 55 secondes à penser à elle.

/ Et à moi aussi.

/ Et je ne te comprends pas, Natsumi.

/ Pourquoi tu ne veux pas partir ?

/ Je t'emmènerai loin. Loin et vite. Si on disparait vite, ils ne nous retrouveront pas.

/ Je crois que je ne veux pas comprendre.

/ Que c'est impossible. Ils nous retrouveront. Ils me condamneront pour vol. Parce que tu n'es qu'un objet pour eux. Et ils te répareront. Et tu seras morte.

/ Et rien n'aura changé. À part que je souffrirai d'avoir brisé mon espoir. Et tu ne veux pas que je brise mes espoirs.

/ Soudain, le ciel devient ROSE. L'eau s'enflamme. Non. Ça ne ressemble pas à des flammes. Plutôt à un sirop. Un sucre délicieux qui reprend son goût doucereux sur la surface du réel. Nimbée d'une tendre beauté.

/ J'ai l'impression de te voir.

/ Et je te comprends.

/ La beauté est dans l'œil de celui qui regarde.

/ L'as-tu une seule fois prononcée, cette phrase ? Non. Mais ton être le murmure à qui l'écoute. Je crois que je t'ai écouté. Dès le jour où je t'ai vue.

/ La beauté est dans l'œil de celui qui regarde. Ce jour-là, tu as introduit de la beauté dans mon œil. Et, comme si c'était une poussière à chasser, j'en ai pleuré.

/ Et j'en pleure encore.

/ Tu ne peux pas disparaitre. Tu ne peux pas mourir.

/ Tu es trop vivante en moi.