La noyée
Ne me regarde pas.
Je ne fais que me consumer.
Lorsque tes yeux se posent sur moi, j'ai l'impression de me noyer.
Et l'eau entre de partout, imbibe ma peau abîmée, qui pourrie comme un vieux morceau de viande avarié.
Ne me regarde pas.
L'eau est beaucoup trop salée.
Elle brûle mon âme, éteint tout ses petits brasiers.
Les vagues se déchaînent contre mon corps calciné, et la houle l'emporte loin du rivage et de ses démons aux sourires tristes.
Ils m'ont tous regardé tomber. Avalée par les courants, qui empêchaient mes ailes de se déployer. J'ai ployé sous leurs murmures insouciants, j'ai crié pour couvrir leurs rires, j'ai sauté pour faire taire mes tourments.
J'ai sauté pour qu'ils me regardent vraiment.
Ne me regarde pas, si tu ne sais pas comment voir. Ne me regarde pas, je ne suis pas un miroir.
Je ne suis pas toi, et tes brillantes ambitions. Je ne sais pas nager dans cet amer poison, qui inonde la vie de ceux qui, trop souvent, fuient.
Je ne suis pas toi. Je n'ai pas tes écailles, ni tes branchies.
Je n'ai que mes plumes et celle avec laquelle j'écris.
Ne me regarde pas. Pas comme ça.
Pas comme si tout était fini.
J'ai sauté, c'est vrai. J'ai sauter un jour de pluie.
J'ai vu mon reflet dans les flaques, juste avant d'y plonger.
J'ai vu ton reflet dans les flaques... Je m'y suis noyée.
Tu aurais pu m'apprendre à nager. Comme les autres, tu ne l'as pas fait.
Tu aurais pu m'apprendre à m'aimer. Comme les autres, ce n'étais pas tes affaires.
Mais c'est toi que j'ai regardé, ce soir-là, aux milieux des lumières.
C'est sur toi que sont tombés mes yeux rongés par le sel.
C'est toi.
Toi.
Toi qui m'appelais « le Diable » et qui pensais « mon Ange ».
Ne m'oubli pas.
Car je ne peux rien contre l'oubli.
Ne m'oubli pas.
J'ai sauté pour détruire ta vie.
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