Chapitre XXII: Aide-moi
ZORO
— Luffy !!!
Cette voix... Elle me ramène doucement à la surface, déchirant l'obscurité qui m'étreint. Est-ce Nami ? Ma Nami ? Sa voix tremble, cassée, déchirée par une douleur qui me glace le sang. Mes paupières pèsent des tonnes, et chaque fibre de mon être lutte pour s'éveiller. Pourtant, je parviens à ouvrir les yeux, juste assez pour percevoir le chaos autour de moi.
— Je t'en prie, arrête !!!!!!
Je lève la tête avec une lenteur exaspérante, mes muscles hurlant de douleur.
— Nami...
Elle est là, ses yeux écarquillés de terreur, son visage marqué par des larmes et du sang. L'horreur peint sur ses traits me frappe plus violemment que n'importe quel coup que j'aurais pu recevoir.
— Qu'est-ce que j'ai fait... sanglote-t-elle. Sa voix se brise, un sanglot étranglé. J'ai tué Luffy...
Mon cœur se serre. La voir dans cet état me dévaste bien plus que la douleur qui brûle chaque parcelle de mon corps. Je tente de lever une main vers elle, un geste désespéré pour la rassurer, mais rien. Mon corps est une prison. Chaque nerf semble cloué par la souffrance.
Je déteste ça. Je déteste cette faiblesse qui m'enchaîne. Moi, qui ai endurci ce corps toute ma vie pour pouvoir la protéger, pour pouvoir être ce rempart entre elle et le danger... Et maintenant, au moment où elle a le plus besoin de moi, je suis incapable de bouger.
Fait chier !
Fait chier !
FAIT CHIER !
Sous mes yeux, Luffy gît au sol, inerte, après avoir été traîtreusement frappé à la tempe par une bouteille brisée. Cet enfoiré d'Arlong ne s'arrête pas là. Il continue de s'acharner sur son corps inconscient, chaque coup résonnant dans l'air comme un coup de tonnerre. Je le vois, je le sens, et pourtant... je reste cloué là, impuissant.
Et puis... Nami.
Elle se jette sur lui. Elle s'allonge sur Luffy, son corps frêle cherchant à le protéger. Les coups pleuvent sur elle maintenant, des coups si violents que j'entends le craquement sinistre de ses os se briser sous la force de l'assaut.
— Alors, c'était lui ton petit ami ? ricane Arlong d'une voix méprisante. Ce misérable gamin incapable de te sauver ?
— Laisse-les ! Je t'en supplie, je... je ferai tout ce que tu veux !
Ses mots, tremblants de désespoir, me transpercent comme des lames. Elle implore pour nous sauver, sacrifiant sa dignité, sa sécurité... tout. Et lui, ce monstre, lui attrape violemment les cheveux, tirant sa tête en arrière pour lui hurler au visage. Il la gifle. Encore et encore. Des gifles si brutales qu'elles ressemblent à des coups de poing.
Quelque chose en moi se brise.
Un rugissement sourd gronde dans mon esprit, écrasant tout le reste. Ma rage, ma haine, ma volonté... tout converge en une seule force. Et alors que mon corps me trahissait jusqu'ici, il cède enfin à ma volonté.
Je me relève.
Chaque mouvement est une torture, mais je m'en fous. Un silence étrange s'abat sur la scène. Nami, son visage ensanglanté, et Arlong, ce rictus cruel figé sur ses lèvres, se tournent vers moi.
Ils me voient.
— Je t'interdis de lui faire du mal.
Ma voix est rauque, grondante, emplie de menace. Je ne sais pas si c'est la douleur ou la rage, mais je sens une puissance nouvelle envahir mes membres. Et cette fois... je ne me laisserai pas arrêter.:
— Sinon quoi ? Arlong éclate d'un rire qui résonne comme un coup de tonnerre dans ma tête. Vu ton état, tu crois vraiment pouvoir faire quoi que ce soit contre moi ? Shihahahah ! Regarde-toi, tu es pathétique. Faible. Ridicule. Et tu veux me menacer ? Shihahahah !
Je serre les poings, la colère montant en moi comme une marée. Je fais un pas en avant, ou du moins j'essaie. Mes jambes vacillent sous le poids de la douleur, mais je tiens bon. Je vais m'approcher, je vais l'écraser... Mais avant que je puisse faire un autre mouvement, Nami se place entre nous.
Son visage est un mélange de peur et de résignation. Ses yeux, rougis par les larmes, me fixent avec une dureté qui me déstabilise.
— Dégage d'ici, Nami, grogné-je entre mes dents serrées. Je vais lui régler son compte.
Elle secoue la tête et me coupe d'une voix glaciale.
— T'as pas entendu ce qu'Arlong t'a dit ? Tu es faible. Et je déteste ça.
Je reste figé. Le poids de ses mots me frappe comme une lame glacée. Mon souffle se coupe, et pendant un instant, je me demande si j'ai bien entendu. Elle ne peut pas penser ça. Pas elle. Mais ses mots continuent de s'enfoncer dans mon cœur comme des poignards.
— Tu es faible, répète-t-elle, s'avançant vers moi. Elle est si proche que je peux sentir son souffle sur mon visage. Tellement faible et pitoyable. Tu es si inutile que j'ai honte de te regarder.
— Tu... Tu ne penses pas... un seul mot de ce que tu dis, murmuré-je, le souffle court.
Un ricanement fend l'air. Arlong. Je serre les dents, mes poings tremblent de rage, mais Nami ne s'arrête pas.
— Tu te trompes, dit-elle d'un ton tranchant, presque cruel. Je le pense sincèrement. Tu es tellement ridicule... Tellement pathétique... Que j'ai honte.
Son regard s'enfonce dans le mien. Chaque mot est une gifle, une morsure à mon âme. Je sais qu'elle ne pense pas ce qu'elle dit. Je le sais. Mais l'entendre, venant d'elle, de ma Nami, c'est pire que toutes les blessures que mon corps pourrait endurer.
Je la fixe, mes lèvres tremblantes, ma voix se brisant sous le poids de la douleur.
— Arrête... S'il te plaît...
Mais elle ne bouge pas.
Je suis figé, pris dans un étau entre la douleur physique et ce qu'elle me fait endurer avec ses mots. Mais dans ses yeux, je discerne quelque chose de plus profond. Derrière cette façade dure, il y a une peur viscérale, un désespoir qu'elle essaie de cacher. Et c'est là que je comprends.
Elle ment.
Elle ne fait ça que pour me protéger. Elle cherche à détourner la colère d'Arlong, à m'éloigner de lui. Mais cette mascarade... elle me brise.
— Tu crois vraiment que ça va marcher, Nami ? grogné-je, ma voix rauque, à peine un murmure.
Elle recule d'un pas, surprise. Ses lèvres tremblent, mais elle se reprend rapidement, forçant un masque d'indifférence sur son visage.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? lâche-t-elle, la voix sèche.
— Arrête. Je me redresse lentement, ignorant les tremblements de mes jambes et la douleur qui martèle chaque muscle de mon corps. Arrête de mentir. Tu crois que je vais te croire ? Que je vais m'éloigner et te laisser seule face à lui ? Tu sais aussi bien que moi que je ne peux pas faire ça.
Arlong éclate de rire derrière elle, son rictus cruel étirant ses lèvres.
— Regardez-le, ce pauvre imbécile. Il ne comprend rien ! Tu peux lui dire ce que tu veux, il restera là à se ridiculiser. Shihahahah !
Nami se retourne vers lui, et pour une fraction de seconde, je vois la haine pure traverser son visage. Mais elle l'efface aussi vite qu'elle est apparue.
— Il a raison, Zoro, reprend-elle, la voix tremblante mais ferme. Tu es un idiot. Pourquoi tu insistes ? Tu ne peux rien faire !
Je ris. Un rire amer, grinçant, qui me surprend moi-même.
— Peut-être que je suis un idiot, Nami, dis-je, le souffle court. Peut-être que je suis faible. Mais il y a une chose que tu sais autant que moi : je ne reculerai jamais. Pas devant lui. Pas quand il s'agit de toi.
Un silence pesant s'installe. Nami reste immobile, son masque se fissurant peu à peu. Ses yeux brillent de larmes qu'elle refuse de laisser couler.
Arlong, lui, commence à perdre patience. Il fait un pas en avant, empoignant brutalement le bras de Nami pour l'attirer contre lui.
— Assez parlé, grogne-t-il. Si tu veux jouer les héros, viens. Mais ne t'attends pas à ce que je sois clément.
Ses mots sont comme un déclic. Mon corps, malgré la douleur et la faiblesse, bouge. Je ne réfléchis plus. C'est un instinct brut, primal. Je fonce vers lui.
Arlong ne s'attend pas à ma rapidité, même dans mon état. Avant qu'il ne puisse réagir, mon poing s'écrase sur son visage avec une force que je n'imaginais pas avoir encore en moi.
— Lâche-la, grondé-je.
Il vacille, surpris, mais rapidement, son regard se durcit.
— Tu vas regretter ça, gamin, crache-t-il avant de charger à son tour.
Nami hurle quelque chose, mais je ne l'entends pas. Tout ce que je sais, c'est que peu importe ce qu'il me faudra endurer, je ne laisserai pas ce monstre lui faire du mal une seconde de plus.
Un rire éclate derrière moi. Un rire familier, fort et clair, qui tranche avec le chaos ambiant. Luffy. Il se tient la tête là où Arlong l'a frappé avec cette bouteille, mais il rit à gorge déployée, comme si tout cela n'avait été qu'un jeu pour lui. Ce son, aussi inattendu qu'absurde, me fait sourire malgré la tension.
Luffy est revenu à lui. Et avec lui, cette confiance inébranlable que rien ni personne ne peut éteindre.
Je jette un regard à Nami. Elle est figée, le corps raide, les lèvres tremblantes. Elle mord l'intérieur de sa joue, luttant désespérément contre les larmes qui menacent de jaillir. Sans un mot, je m'approche d'elle, posant doucement une main sur son épaule. Mon geste la fait sursauter, mais je la fixe droit dans les yeux, un sourire rassurant sur mes lèvres.
— Luffy s'en charge maintenant, murmuré-je doucement, suffisamment fort pour qu'elle m'entende.
Nami hoche la tête, les yeux brillants. Elle ne dit rien, mais je sens sa tension se relâcher, même si ce n'est qu'un peu.
Quand Luffy tourne enfin son regard vers nous, quelque chose change dans l'air. Son sourire habituel, léger et enfantin, a disparu. Ses yeux se posent sur moi, puis sur Nami. Son expression se fige en voyant nos visages ensanglantés. Ses traits se durcissent, son regard devient glacial, dangereux. Je sens son aura changer, comme si une tempête s'élevait en lui.
— Toi, tu tiens vraiment pas à ta vie, hein ? lâche-t-il d'une voix rauque, avant de cracher du sang et de se relever lentement.
Son ton me donne des frissons. Ce n'est plus Luffy le capitaine joyeux. C'est un homme prêt à tout détruire.
— Arrêtez ! crie Nami, sa voix brisée par l'angoisse. Elle fait un pas vers lui, mais je la retiens fermement, l'empêchant de s'interposer.
— Nami, non. Fais-lui confiance, murmuré-je en la tirant doucement contre moi.
Luffy la fixe un instant, son regard sévère, puis il détourne les yeux.
— Je me fiche de ce qu'il est pour toi, dit-il en avançant vers Arlong, chacun de ses pas chargé d'une détermination implacable. Mais une chose est sûre : cet enfoiré est déjà mort.
Arlong rit, un ricanement aigu et cruel, comme s'il trouvait cette scène hilarante. Mais même lui ne peut ignorer la menace qui émane de Luffy.
— Tiens donc, tu es plus coriace que je ne l'imaginais, ricane-t-il en essuyant le sang qui coule de son nez. Il esquisse un sourire, ses dents pointues étincelant sous la lumière. Dis-moi, tu ne trouves pas que Nami est ravissante ? Shihahahah !
Luffy ne répond pas, mais son silence est plus terrifiant que n'importe quelle menace.
— Plus elle grandit, continue Arlong, savourant chaque mot, plus elle devient... intéressante. J'ai des projets pour elle, tu sais. Elle m'appartient, son corps, son esprit, tout ! Je vais m'occuper d'elle comme il se doit, et tu sais pourquoi ? Parce qu'elle est à moi. Elle a toujours été à moi. Nos vies sont liées, et peu importe ce qu'elle veut, elle n'échappera jamais. Shihahahah !
Le regard de Luffy change à nouveau. Son air furieux se détend... mais c'est pire. Ses yeux s'écarquillent légèrement, et son expression devient presque inhumaine, glaciale, dénuée de toute émotion.
D'un seul mouvement, il attrape Arlong par le col et le soulève comme s'il ne pesait rien. Arlong rit encore, mais le rire devient vite un gémissement lorsque Luffy resserre son emprise.
— Nami n'appartient à personne, gronde-t-il, sa voix basse et terrifiante. Elle est libre. Sa vie est à elle. Et toi... toi, tu n'es qu'un mort qui marche.
Luffy serre le poing, et avant qu'Arlong ne puisse répondre, il frappe avec une force dévastatrice, brisant le nez de l'homme-poisson. Le cri d'Arlong déchire l'air, mais Luffy ne s'arrête pas là. Il attrape sa mâchoire, forçant son visage à s'approcher du sien. Il me regarde un instant.
— Aide-moi... Chuchotais-je en larme alors que mon corps s'effondre au sol.
— Evidemment ! Crie-t-il en me regardant sévèrement. Tu es ma Nakama !
Il tourne son attention vers Arlong et sers plus fort sa mâchoire alors qu'il gémit de douleur.
— Tu parles de dettes, d'appartenance, de chaînes ? Peu importe ce que tu crois, peu importe qui tu es, une chose est sûre : je vais t'écraser. Ici et maintenant.
Arlong tente de se débattre, mais Luffy ne lui laisse aucune chance. Ses doigts se referment sur la mâchoire pointue de l'homme-poisson, et un craquement sinistre retentit.
Arlong hurle, son arrogance s'effondrant enfin.
Dans la mêlée, je tourne mon regard vers Nami. Elle fixe Luffy, ses yeux écarquillés, sa peur mêlée à une étrange admiration. Elle serre les poings contre sa poitrine, comme si elle priait en silence.
Je pose une main sur son épaule, la ramenant doucement contre moi.
Luffy et Arlong s'affrontent avec une violence qui dépasse tout ce que j'ai vu jusqu'à présent. Chaque coup que Luffy porte est chargé de rage, et chaque cri d'Arlong, bien que mêlé de douleur, suinte encore de mépris et d'arrogance. Je sens Nami se crisper contre moi à chaque impact, ses ongles s'enfonçant légèrement dans mes bras. Elle ne détourne pas les yeux une seule seconde, bien qu'elle tremble de tout son corps.
Je la serre un peu plus fort, instinctivement, comme pour lui rappeler qu'elle n'est pas seule.
C'est alors que tout devient clair dans ma tête. Toutes ces années... ses réactions, ses mensonges, sa froideur parfois incompréhensible. Je comprends enfin.
Je revois ces moments où elle m'a caché des choses, où elle s'éloignait sans prévenir, me laissant seul avec des questions auxquelles elle ne répondait jamais. Je revois ses excuses maladroites pour ne jamais me laisser la raccompagner après le travail, ou ses crises démesurées quand elle voyait que je rentrais blessé après une bagarre au lycée. Je pensais qu'elle me surprotégeait parce qu'elle me voyait comme un idiot qui se jetait dans les ennuis. Mais maintenant, tout s'éclaire.
Elle voulait me protéger d'Arlong.
Elle a tout fait pour garder son enfer secret, pour ne pas me mettre en danger. Tout ce poids, toute cette souffrance... elle l'a portée seule, et moi, je ne voyais rien.
Je baisse les yeux vers elle. Elle fixe toujours Luffy, sa respiration saccadée, le visage baigné de peur et d'espoir à la fois.
— Nami... murmuré-je, ma voix presque brisée par l'émotion.
Elle tourne la tête vers moi, les yeux brillants.
— Je suis désolée, Zoro, souffle-t-elle. Pour tout. Pour t'avoir menti. Pour t'avoir caché... ça. Je ne voulais pas que tu sois impliqué.
Je secoue la tête et pose ma main sur sa joue, essuyant une larme qui glisse doucement.
— Tu n'as pas à t'excuser.
Elle fronce légèrement les sourcils, confuse.
— Écoute-moi bien, dis-je, la voix plus ferme. Tu m'as caché des choses, c'est vrai. Mais je comprends maintenant pourquoi. Tu voulais me protéger. Et tu sais quoi ? Je t'en veux pas. Parce que c'est ce qu'on fait quand on tient à quelqu'un. On fait tout pour le protéger, même si ça veut dire porter un poids impossible.
Elle ouvre la bouche pour répondre, mais je la devance.
— Tu n'as plus à le faire seule. Regarde.
Je désigne Luffy du menton. Il tient Arlong par le col, le frappant avec une puissance qui semble inépuisable. Arlong hurle de rage, mais ses attaques deviennent de plus en plus faibles, ses mouvements de plus en plus désordonnés.
— Il est là maintenant, ajouté-je en souriant légèrement. Tu peux lui faire confiance. Ce type... il ne te laissera jamais tomber. Il prendra soin de toi, tout comme moi. Peut-être même mieux.
Elle éclate en sanglots, enfouissant son visage dans mon torse. Je la serre contre moi, déposant un baiser léger sur sa tempe, un geste tendre qui me vient naturellement.
— Zoro... je suis tellement désolée...
— Chut. C'est fini maintenant. Tu n'as plus à te battre seule.
Je relève les yeux vers Luffy. Son combat contre Arlong n'est plus seulement une question de victoire ou de force. C'est une déclaration. Il est en train de détruire chaque chaîne, chaque morceau de l'enfer qu'Arlong a imposé à Nami. Et je sais qu'il ira jusqu'au bout.
Pour la première fois, je ressens un soulagement immense. Pendant des années, je me suis senti seul à veiller sur elle, à m'inquiéter pour elle, à vouloir la protéger sans toujours savoir de quoi. Maintenant, je sais qu'il y a quelqu'un d'autre, quelqu'un sur qui elle peut compter autant que moi.
Je baisse les yeux vers elle, encore blottie contre moi, puis regarde à nouveau Luffy.
— Merci, murmuré-je, comme si mes mots pouvaient atteindre Luffy au milieu de ce chaos.
Nami relève légèrement la tête, les yeux encore rougis par les larmes, et regarde à son tour. Cette fois, je vois autre chose dans son regard : de la confiance.
Et je souris, car je sais qu'elle sera enfin libre.
LUFFY
Quand j'ai repris conscience, tout ce que je voyais, c'était le rouge. Du sang. Le sien. Celui de Nami. Ça m'a frappé comme une lame en plein cœur.
Nami, ma Nami, allongée là, le visage tuméfié, son corps couvert d'ecchymoses, tremblante mais toujours debout. Elle s'était interposée pour protéger Zoro et moi. Elle avait reçu ces coups, ces humiliations, pour nous sauver.
Une vague de rage m'a envahi, brutale et inarrêtable. Mon esprit s'est figé sur une seule chose : Arlong. L'homme-poisson devant moi. Le monstre qui avait osé lever la main sur elle.
Quand il a souri, avec ce rictus dégoûtant et ses dents ensanglantées, quelque chose a éclaté en moi.
Je n'étais plus moi-même.
— Toi... Tu n'as pas peur de mourir, hein ? ai-je murmuré, presque dans un souffle.
Mon corps s'est levé avant même que mon esprit ne comprenne ce qui se passait. Mes poings se sont serrés, tremblants, chargés d'une énergie que je ne contrôlais plus. Mon sang bouillonnait. Je ne voyais plus rien d'autre que ce visage méprisable.
Il a continué à parler, à provoquer.
— Shihahahah ! Elle est à moi. Toujours. Quoi que tu fasses, elle reviendra vers moi. Je suis son maître, son destin !
Ses mots étaient comme des poignards. Mais au lieu de me briser, ils ont nourri cette colère monstrueuse.
— Ferme-la.
Ma voix était basse, mais elle vibrait de menace.
Je me suis jeté sur lui, le soulevant comme une plume, et j'ai frappé. Une fois, deux fois, trois fois... Chaque impact résonnait dans mes os, mais c'était à peine suffisant pour apaiser le feu en moi.
Alors que je levais à nouveau mon poing, Arlong a esquissé un sourire, son rire déchirant l'air.
— Tu penses vraiment pouvoir me vaincre, gamin ?
Avec une force brutale, il s'est dégagé de mon emprise, me projetant en arrière. Mes pieds ont labouré le sol, mais je me suis stabilisé juste avant de heurter un mur.
Arlong a bondi, ses crocs aiguisés étincelant. Il a balancé sa nageoire massive vers moi, et j'ai à peine eu le temps d'éviter l'attaque. Le sol s'est fissuré sous l'impact.
— C'est tout ce que t'as ? ai-je crié, ma rage prenant le dessus sur ma prudence.
Il a riposté avec une vitesse surprenante, son poing s'écrasant sur mon épaule. La douleur a explosé, mais elle n'a fait qu'alimenter ma colère.
Je me suis redressé, utilisant ma souplesse pour esquiver un coup de mâchoire, et j'ai répondu avec un coup direct dans son abdomen. Arlong a reculé, mais il n'a pas vacillé.
— Tu es coriace, mais tu restes un humain fragile, ricana-t-il.
Il a attrapé un pilier à proximité et l'a lancé dans ma direction. J'ai bondi, évitant de justesse l'attaque, avant de m'élancer vers lui. Mon poing s'est enfoncé dans son visage, un craquement sinistre résonnant dans l'air.
Mais il ne s'est pas arrêté.
Arlong m'a attrapé par le bras et m'a soulevé, me projetant violemment contre le mur. La douleur s'est étendue dans tout mon corps, mais je me suis redressé une nouvelle fois, les poings serrés.
— C'est tout ce que t'as ? Je vais te détruire !
Finalement, un dernier coup. Mon poing a rencontré son visage avec une telle force qu'Arlong a été projeté au sol. Il ne bougeait plus, son corps inerte étendu devant moi.
Mais ce n'était pas suffisant.
Je voyais encore le visage de Nami. Son sang. Ses larmes. Ses blessures. Tout ça à cause de lui.
Je me suis agenouillé au-dessus d'Arlong et j'ai frappé.
Encore.
Et encore.
Et encore.
Je ne pouvais plus m'arrêter. Chaque coup était une explosion de colère, un cri silencieux de douleur et de frustration. Je frappais si fort que mes poings saignaient.
— Luffy ! ARRÊTE !
Le cri de Nami a résonné dans mes oreilles, mais je ne pouvais pas l'entendre.
— Arrête, je t'en supplie !
Elle s'est précipitée vers moi, ses bras s'enroulant autour de mon torse pour me tirer en arrière. Mais je ne bougeais pas.
— Luffy, c'est fini ! Tu l'as battu ! cria-t-elle, sa voix tremblante.
Mes poings se sont figés dans les airs.
— Il ne peut plus rien me faire... rien nous faire... Je t'en supplie, Luffy, arrête !
Sa voix s'est brisée en sanglots.
— Je t'aime, Luffy... Je t'aime ! Et je refuse de te perdre à cause de lui.
Ses bras autour de moi se sont resserrés, sa chaleur me ramenant peu à peu à la réalité.
— Nami... ai-je murmuré, ma respiration haletante, mes mains tremblantes.
Elle a levé les yeux vers moi, ses larmes roulant sur ses joues.
— On a encore tant de choses à vivre. Tant de rêves à réaliser. Je t'en prie, ne gâche pas tout. Pas pour lui.
Son visage, malgré le sang et les larmes, était plus lumineux que jamais. Mon cœur s'est serré, et ma rage s'est enfin dissipée.
Je me suis effondré sur le sol, à bout de souffle, et elle s'est accrochée à moi, comme pour s'assurer que je ne disparaîtrais pas.
Dans ses bras, je me suis souvenu de pourquoi je me battais. Pour elle. Pour son sourire. Pour notre liberté.
NAMI
Tout semblait irréel. Comme un rêve dont on se réveille en sueur, les souvenirs encore frais dans la tête, mais trop flous pour les saisir totalement. L'impossible était devenu réalité. Après des années d'enfer sous le joug d'Arlong, après avoir vécu dans la peur, le mensonge et la soumission, c'était enfin fini. Arlong n'était plus là, son empire de terreur réduit à néant.
Les hommes de son équipage avaient été capturés par Garp et son équipe. Et même Garp, l'homme légendaire de la police, s'était montré étonnamment clément envers Genzo. Genzo, mon oncle, avait longtemps dissimulé la vérité sur ce qui se passait sous sa maison. Un passage secret, caché sous les planchers de sa maison, menait à un entrepôt où Arlong et ses hommes trafiquaient des armes à feu. Ils avaient eu l'audace de construire un véritable arsenal dans ce lieu autrefois familial et paisible. Un véritable point de départ pour des complots qui auraient pu causer encore plus de destructions. Mais Genzo n'avait eu d'autre choix que de fermer les yeux. Arlong les avait menacés de mort, leur imposant une terreur constante. Ils étaient piégés.
Et pourtant, malgré cette complicité de silence, Garp avait choisi de ne pas poursuivre Genzo. Un geste de clémence, mais aussi de compréhension. Garp savait ce que cette famille avait enduré, et comment ils n'avaient fait que survivre face à l'horreur. Le grand-père de Luffy n'avait pas hésité à montrer sa solidarité et son soutien. Un geste rare, mais précieux.
Je me souviens de la gratitude que Genzo avait exprimée, lorsqu'il avait rencontré Luffy et Zoro après la défaite d'Arlong. Il avait presque eu l'intention de s'agenouiller devant eux, pour les remercier de cette libération. Mais Luffy, dans sa simplicité et sa bonté, l'avait arrêté avant qu'il ne puisse faire un tel geste. Il lui avait promis, les yeux remplis de sincérité, qu'il protégerait Nami toute sa vie. C'était ce genre de promesse, ce genre d'engagement qui réchauffait mon cœur. Pour la première fois, je savais que je n'étais plus seule. Que quelqu'un veillerait sur moi, peu importe les dangers.
Nodjiko aussi avait pleuré, dans un mélange de soulagement et de joie. Elle nous avait toutes prises dans ses bras, et ensemble, on avait pleuré la fin de cet enfer. Puis, les semaines suivantes, tout était rentré dans l'ordre. Tout semblait s'apaiser lentement, même si l'ombre de ces années de souffrance ne s'éteindrait jamais complètement. Nous étions enfin libres.
Depuis, j'étais revenu à Cocoyashi pour aider Genzo et Nodjiko à remettre de l'ordre dans la maison et la ville, réparer ce qui pouvait l'être. Mais il y avait un vide. Un vide lourd. Luffy... Depuis que j'étais revenue ici, je n'avais pas eu de nouvelles de lui. Il m'avait promis qu'il reviendrait. Mais où était-il ?
J'avais pris la route pour Logue Town, espérant y retrouver des traces de lui, mais personne ne savait où il était. Son domaine était désert. Zoro, Sanji, et les autres avaient disparu. Ils n'étaient plus à Logue Town non plus. Tout semblait normal, tout était calme, et pourtant... j'avais ce mauvais pressentiment. Aucun de mes messages n'avait eu de réponse, et chaque jour qui passait sans nouvelles de Luffy me pesait un peu plus.
Je me suis retrouvée dans un coin de la pièce de mon appartement assise en silence, observant le paysage à travers la fenêtre. L'angoisse montait en moi. Est-ce qu'il allait bien ? Où étaient-ils ? Pourquoi ne me répondait-il pas ? Et Zoro ?!
Un sentiment d'incertitude me rongeait, et j'avais du mal à croire que tout ce que j'avais vécu était enfin derrière moi. La vie à Cocoyashi retrouvait peu à peu sa tranquillité, mais cette absence de Luffy... je ne pouvais pas l'ignorer. Il m'avait promis. Et je comptais sur lui.
[...]
Cela faisait quelques jours que j'étais enfin de retour à Logue Town, après tout ce temps. Arlong, son empire, et le restaurant... Tout était derrière moi, fini. Le calme était revenu, mais un vide persistant m'envahissait. Il fallait bien admettre que j'étais inquiète pour mes Nakamas, mais je n'avais pas à m'en faire : je leur faisais confiance. Je n'avais plus à travailler au restaurant, et maintenant que j'avais du temps, je m'étais remise à faire du sport et à m'occuper de moi-même. Des choses que je n'avais jamais pu faire avant, des rêves que j'avais mis de côté, faute de temps.
Et puis, enfin, après trois jours de silence, je reçus un message de Luffy.
Luffy : T'es rentrée à Logue Town ?
Nami : Oui ! Où étais-tu ? Tu es où ?
Luffy : Je suis revenu moi aussi. Je t'expliquerai plus tard. Ce soir, tu es dispo ?
Nami : Bien sûr ! Tu me manques.
Luffy : Toi aussi tu me manques. Viens à la maison vers 19h30.
Je levai un sourcil, intriguée. Pourquoi avait-il disparu comme ça ? Pourquoi tout ce mystère ? Mais je n'allais pas le questionner plus que ça. J'étais heureuse de savoir qu'il allait bien et qu'il revenait vers moi. Je lui répondis simplement que je serai là à l'heure convenue.
Mais alors que je m'apprêtais à faire une dernière vérification dans ma maison, je surpris un bruit à ma porte. Je m'élançai vers la porte, choquée, et l'ouvris en toute hâte. Là, devant moi, se tenait Zoro. Un sourire immense se dessina sur mon visage.
— Zoro ! C'était comme un rayon de soleil après un long orage. Je le pris immédiatement dans mes bras, le serrant contre moi. Mais, en y prêtant attention, je remarquai un bandage sur son visage. Pourquoi ça ? C'était étrange, car cela faisait déjà deux semaines depuis notre dernier affrontement avec Arlong.
Je le repoussai doucement pour pouvoir le regarder de plus près, inquiète. — Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Je lui posai une pluie de questions, presque paniquée, mais il ne me donna pas de réponse. Au lieu de ça, il se laissa tomber sur le canapé, une bière à la main, et se contenta de boire comme si de rien n'était.
— T'inquiète pas, Nami. Tout va bien. On avait juste a régler quelques trucs, c'est tout. Il haussait les épaules, implacable, comme toujours. Son attitude détachée m'agaçait un peu, mais je n'osais pas insister.
Il me regarda soudainement, un petit sourire en coin.
— Alors, comment vont Genzo et Nodjiko ?
— Ils vont bien, merci de demander ! Je laissai échapper un petit rire, en pensant à ma sœur et à mon oncle. Puis je me rendis compte que tout allait mieux, après tout.
— Nodjiko a enfin retrouvé son calme et Genzo aussi, mais... comment ça se fait que vous soyez tous disparus à Logue Town ? Je m'assis à côté de lui, essayant de sonder son regard pour y lire la vérité.
Mais Zoro garda le silence, préférant visiblement que Luffy soit celui qui m'explique tout. Il prit une autre gorgée de sa bière, puis me lança un regard en coin.
— T'as pas à t'inquiéter pour ça, Nami. Luffy te dira tout ce soir, tu sais comment il est. Il te parlera à son rythme.
Je soupirai, encore plus frustrée. Mais je n'étais pas d'humeur à discuter de ça plus longtemps. J'avais besoin de voir Luffy, et vite. Le temps filait, et je me préparais à lui faire une surprise. Après tout, je n'étais pas souvent seule, et maintenant que j'avais un peu plus de liberté, je voulais me faire belle pour lui.
Je pris un moment pour me faire toute jolie : je choisis soigneusement mes vêtements, me maquillant avec soin, puis je vaporisai du parfum sur ma peau. Un petit crop top noir, sans bretelles, accompagné d'une mini jupe en jean, et des talons sandales. Je savais qu'il me trouverait belle, mais plus que tout, je voulais lui montrer que je m'étais préparée pour lui, que j'avais hâte de le retrouver. J'avais une énergie nouvelle, une confiance que je n'avais pas avant, et je voulais lui montrer à quel point il comptait pour moi.
Je partis en direction de la maison de Luffy, impatiente de le revoir, d'entendre son rire, de sentir la chaleur de sa présence. Tout allait être bien, j'en étais certaine.
Quand j'arrivai devant la porte, mon cœur battait plus fort. J'avais hâte de retrouver Luffy, de sentir son énergie, de partager enfin ce moment de calme et de bonheur. J'inspirai profondément avant de frapper doucement à la porte. Je m'attendais à ce que Luffy ouvre, avec son sourire éclatant, et me serre dans ses bras comme il savait si bien le faire. Mais, à ma grande surprise, ce ne fut pas lui qui apparut.
La porte s'ouvrit, et devant moi se tenait Ace.
— Ma princesse ! Il s'exclama en me serrant immédiatement dans ses bras. J'étais trop sous le choc pour réagir, mon cœur se serrait en même temps que mes pensées se bousculaient car tout ce que je voulais c'était Luffy et personne d'autre.
— Ace ?
Je n'arrivais pas à y croire. Pourquoi était-il là ? Où était Luffy ?
Avant que je ne puisse ajouter autre chose, Ace m'embrassa doucement sur la joue, puis il déposa un baiser léger sur mon cou, me faisant frissonner de dégoût.
— Tu m'as tellement manqué, Nami. Ses bras m'enserraient de plus en plus, et, d'un geste soudain, il me souleva du sol et commença à tourner autour de lui, comme si de rien n'était. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait, mais son geste imprévu me perturbait.
— Ace, attends, qu'est-ce qui se passe ? Je m'agitais, mais lui ne semblait pas vouloir me lâcher.
Je le fixai, son sourire était à la fois joyeux et mystérieux, et je n'arrivais plus à comprendre ce qu'il faisait ici. Où était Luffy ? Pourquoi ce retournement de situation ?
To be continued...
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