Chapitre numéro huit
Je soupire. Le vent me fait un bien fou. Je ne suis qu'en robe alors j'ai froid mais ça ira. Il le faut bien.
- Oh ! Rose !!
Une voix qui vient d'en bas, celle du garçon odeur caramel.
Je lui fais un grand signe avec mon bras et descends rapidement pour l'accueillir.
Il me fait un grand sourire et lorsqu'il voit ma robe, son visage s'illumine.
- Tu l'as mise !
Je rougis et montre un sourire timide, gênée.
- Oui évidemment. Merci beaucoup de me l'avoir offerte, je ne t'ai d'ailleurs jamais remercié. Mais elle a dû te coûter, tu ne veux pas que je te rembourse ?
- Blablabla, fait-il en imitant une bouche qui se ferme avec sa main. Un cadeau est un cadeau, parole de crado !
Je ris. Crado ? Est-ce que ça veut dire sale ?
- Avant que tu me demandes d'où sort cette expression, d'un dessin animé parce que oui, j'aime les dessins animés.
Je lui souris, encore une fois, je ne peux pas m'en empêcher avec lui.
- Alors... comment ça va ?
- Bien, ça va bien.
Tu mens, tu es plus que triste.
- Pourquoi tu pleurais hier alors ?
- Je ne pleurais pas ! me défendis-je, trop rapidement pour être vrai.
Il me regarde, me dévisage. Et moi je rougis face à ces yeux brillants qui essayent de me cerner.
Il finit par lâcher l'affaire avec un petit sourire triste, déçu.
- Alors ces archives ? Intéressant ?
- Je te le dirai plus tard.
Il fronce les sourcils.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on doit manger avant et j'aimerais te présenter un jeu comme toi tu l'as fait quand je suis partie chez toi, répliquai-je comme si ça paraissait tout à fait banal.
- Ah, bon bah si tu veux.
Il hausse les épaules mais je vois qu'il est tout de même content de cette proposition. Ambigüe, c'est ce que diraient les livres pour adolescent, mais ça l'est depuis longtemps maintenant.
On parle, on rit, ce sont des instants chauds que j'aimerais garder toute ma vie. Il ne sait pas très bien faire la cuisine alors c'est le bordel mais c'est marrant, cette activité à deux. Je lui montre quelques jeux avec lesquels je jouais avec ma sœur comme le Seega que notre père nous avait fait découvrir avant de partir à la guerre.
- Tu sais ce qui a été génial aujourd'hui ?
- Ma venue ? demande-t-il en se redressant soudainement.
- Non, je ris, enfin si, mais autre chose !
Il réfléchit un instant.
- La magnifique robe sur la magnifique personne que tu es ?
Je rougis et secoue vivement la tête.
- Absolument pas ! C'est plus une horreur parce que je ne sais pas si elle me va bien.
- Arrête, elle te va SU-PER bien, insiste-t-il en articulant.
Je hausse les épaules.
- Si tu me donnes ta langue au chat tu me promets de... hum... De m'autoriser à faire tout ce que je veux ce soir !
Il me regarde bizarrement. J'ai dit quelque chose de mal ?
- Tournée dans un certain sens... Ta phrase est assez...
Je viens de m'en rendre compte, la gaffe.
- Non mais non, pas dans un sens comme ça, arrête !
Il rit de plus belle alors que je suis toute gênée, comment ai-je pu être aussi bête ?
- Non mais, tu m'as comprise !
- Oui, oui, il répond entre deux respirations difficiles.
- Bon, alors ?
Il fait un sourire espiègle et lève les yeux au ciel.
- D'accord.
- Tant mieux !
- Pourquoi ? s'interroge-t-il, méfiant.
- Tu verras.
Et je lui fais un clin d'œil. Je commence à monter les escaliers à toute vitesse. Destination : le sommet.
Il court juste après moi en me demandant ce que je fais, en me criant que je suis folle, que je ne devrais pas.
- Tu possèdes une sorte d'allergie, ça peut te tuer, arrête !
Je m'arrête soudainement. Je suis à quelques marches de la trappe. Lui est essoufflé, moi pas du tout, comme si je m'étais entraînée toute ma vie à monter à toute vitesse ces grands escaliers.
- Tu m'as promis de m'y autoriser.
- Oui mais pas ça, me dit-il d'une voix presque suppliante.
- Est-ce que tu es ce genre de personnes qui ne tiennent pas leurs promesses ?
Il me regarde, hésite. Il s'inquiète pour moi, moi pas.
- Non mais... Dans certains cas oui. Là... là oui je suis désolé, mais redescends, ça serait complètement insensé de t'exposer ainsi.
Je lui souris tristement. Me retourne, scrute la porte. Me retourne à nouveau, vers lui. Son visage exprime, dans son ensemble, une inquiétude douloureuse. Il a très peur et aimerait que je revienne à ses côtés, pour être rassuré.
- Je comprends, je chuchote, sauf que ce soir...
Je cours jusqu'à la poignée, la tire brutalement et sors à toute vitesse avant qu'il n'est pu me retenir.
Nous ne sommes pas encore tout à fait dehors alors mon allergie étrange ne me fait encore rien. Je lève les bras comme si je voulais sentir le vent, or c'est la pénombre et le silence qui m'accueille.
- C'est moi qui décide de ce que je veux vraiment. C'est moi qui prends enfin les devants. J'assume enfin pleinement ce que je fais. Les conséquences de mes actes je les assume. Alors Paul, je me retourne enfin vers lui, vers sa petite tête qui se dégage de la trappe. Tu viens ?
Il me regarde, son visage est toujours inquiet mais il se résigne. De toute façon, je ne renoncerai pas malgré je ne sais combien de paroles. Je souris de contentement et ouvre la porte vitrée.
Le vent froid me donne la chair de poule mais j'apprécie ça.
- Sors Paul, va sur le balcon et attends quelques minutes.
- Pourquoi ? Me demande-t-il presque méfiant.
- Fais-moi confiance ! C'est une surprise !
Il sort tandis que je trouve, malgré le noir qui m'entoure, le bouton de démarrage.
Une lumière éblouissante apparaît soudainement, m'aveuglant de sa blancheur. Paul, en face, ferme soudainement les yeux et se met dos à cet éclat pour s'en remettre tandis que je sors à mon tour.
Les plaques vont bientôt apparaître, pas encore.
- J'ai réussi à réparer cette foutue lampe, je murmure. Je crois que mon cerveau a fait un progrès technologique.
Il se tourne vers moi. Au même moment, la lumière fait un tour et m'empêche de voir le regard surpris de Paul que je devine tout de même.
- Oui, on dirait bien, il rit.
On se regarde, concentrés, intenses. Puis j'arrête. Ça me fait mal, plus que je ne l'aurais imaginé. Je me dirige vers la barrière et m'appuie dessus. Je regarde l'horizon que l'éclairage me permet de voir et je ressens à nouveau cet élan de liberté.
- Une jeune fille est morte juste au pied de ce phare. Je l'ai lu dans les archives.
Il ne répond pas, attend la suite. Je n'arrive plus à deviner la tête qu'il pourrait faire. Tout est flou.
- J'ai aimé un garçon qui s'appelait Bernard Potelin.
Ma voix tremble, je pourrais presque pleurer si ce n'est pas déjà fait dans mon cœur. Malheureusement pour Bernard, ce n'est plus pour lui que mes larmes coulent.
- Comme le dernier propriétaire ? a-t-il demandé, prestement.
- Oui. Mais il est mort depuis longtemps.
- Je ne te suis plus, souffle-t-il.
Comme si sa remarque n'existait pas, il faut faire comme si.
- Enfaite moi aussi je suis morte depuis longtemps.
- Mais de quoi tu parles ?!
Son ton est devenu agressif, rempli d'incompréhension, il appréhende la suite sans même s'en rendre compte. J'ignore sa question, j'ignore son regard pesant, j'ignore tout, il faut finir, il faut conclure.
- Elle s'appelait Coton Selée. Mais le problème, c'est que je suis Coton.
Je me tourne vers lui, pas de larmes pour le moment, pas de tremblements plus intenses que ce qu'ils peuvent être. Mais il fronce gravement les sourcils. Je le vois parce que la lumière refait un énième tour juste à ce moment-là.
- N'importe quoi ! il s'emporte. Tu t'appelles Rose, pas Coton !
- Rose n'est qu'un faux nom inventé de toute pièce, je t'ai menti.
- Mais pourquoi ? sa voix semble brisée. Pour me plaire ? Tu aurais très bien pu me dire qui tu étais dès le départ !
Paul ne comprend pas, comment pourrait-il ?
- Parce que je ne le savais pas moi-même. Qui je suis. Qui j'étais à ce moment précis. Et j'ai vu, sur mon chapeau, une rose, rouge comme le sang, représentante de l'amour, de la passion. Instinctivement, j'ai dit Rose. Parce que je ne savais plus qui j'étais. Mais maintenant, je le sais. Veux-tu savoir ?
Il n'y eu pas d'hésitation.
- Oui.
Je regarde le ciel étoilé. Noir, intensément foncé, mais parsemé de paillettes blanches et dorées.
- Une étoile filante importante doit passer ce soir.
- Je suis sûre qu'elle sera magnifique.
- Dommage que je ne puisse pas la voir... je chuchote pour moi-même.
Je m'appelle Coton Selée, j'ai eu seize ans le 29 juin 1925. Ma sœur est bien partie chez mes oncles, mon père est bien parti à la guerre et ma mère est bien décédée de maladie.
Il fixe le sol.
- Tu m'as dit que ta mère te racontait la légende des âmes envolées qui reviennent sur Terre.
- Non, il marmonne, le titre de la vraie légende c'est la légende des âmes perdues.
- Tu voudrais bien briser le secret pour moi ?
Il me sourit tristement. Et contemple lui aussi les étoiles, nostalgique.
- Ce n'était pas un secret avant que tu me fasses comprendre son importance.
La légende des âmes perdues dit que si une âme est écorchée, brisée, perdue, et que, si par pur malheur, sa lueur s'éteint alors qu'elle ne souhaitait que briller afin de saisir le monde, cette âme envolée reviendrait.
C'est une belle légende n'est-ce pas ?
Les larmes me montent aux yeux mais ne débordent pas. Pas encore.
- Oui.
Je respire un bon coup, encore un peu.
- Je suis une âme qui s'est brisée sur l'océan des sentiments. Et je me suis éteinte par pure jalousie. A vrai-dire, j'émets un petit rire jaune, on m'a assassinée. La fiancée de Bernard pour être plus précise.
Il tourne brusquement la tête. « Impossible » c'est ce que ses lèvres essayent de dire.
- J'ai lu qu'elle avait été arrêtée mais relâchée par la suite. C'est Bernard qui a hérité du phare d'après les vœux de mon père. « Un homme fort doit en prendre soin ». Mon père ne pouvait plus vivre après ma chute, c'est ce qu'ils écrivent, c'est ce qu'on m'a chuchoté. Alors il est parti à la guerre une seconde fois, il y a trouvé la mort. Ma sœur est allée dans un couvent.
J'appréhende sa question.
- Je le sais parce qu'on me l'a dit.
- Qui ?
Je pointe le ciel.
- Les étoiles me l'ont dîtes. Les rêves, les souvenirs enfouis. On dit que les morts montent au ciel pour veiller sur nous. J'ai fait un vœu le jour de ma mort, sans savoir que j'allais mourir évidemment. J'ai souhaité rencontrer un beau jeune homme l'été de mes dix-sept ans. J'ai souhaité l'aimé d'un amour plus fort que celui qui m'avait animé pendant dix longues années. Et j'ai souhaité qu'il soit réciproquement intense.
Je regarde Paul et mes larmes glissent lentement le long de mes joues. Elles sèchent et me donnent froid à cause du vent.
- Je suis revenue tous les dix ans à cause de la durée de mon amour pour Bernard. Seulement en été parce que c'est ma saison préférée, parce que c'était la saison souhaitée. Toutes les fois précédentes j'ai rencontré des personnes dont je n'avais plus le souvenir la fois d'après. Et là tout m'est revenu d'un coup.
Il pleure légèrement lui aussi.
- Je ne sais même pas pourquoi je pleure.
- Je vais partir et tu le sais. Parce que c'est inévitable.
- Mais peut-être peux-tu rester ?
Je souris, l'espoir fait vivre, mais je suis déjà morte.
- Tous les soirs du premier jour d'automne, je disparais.
- Mais dans dix ans tu reviendras, je serais toujours là.
Mes larmes continuent de rouler. Ma gorge est sèche, ma voix tremble, mes cheveux balaient l'eau salée posée sur mes joues.
- Non, tu seras toujours là mais plus moi. Cet été est mon dernier été parce que...
Je le regarde dans les yeux, j'ai peur mais je sais. C'est difficile de le dire, je n'en aurais presque pas le courage.
- Zut Paul... Je t'aime.
Et je pleure de plus belle alors que lui aussi fond en larmes.
On ne bouge pas, on ne fait que pleurer. Et soudain, c'est décidé. J'avance, je m'élève.
J'embrasse Paul.
Il recule presque sous la surprise mais m'enlace à la place.
C'est doux, c'est chaud, c'est maladroit, c'est beau. J'ai des frissons, la chair de poule alors qu'une bouffée de chaleur m'envahit. C'en est presqu'électrique.
Je n'entends plus rien, il n'y a que lui, nos respirations dans le froid, ses yeux qui scintillent, un goût de menthe salé et son odeur caramel au beurre de sel. Même la lumière du phare qui vient de passer semble invisible.
Mon premier baiser, sûrement le dernier.
Je suis debout devant lui. Le sang m'est monté à la tête, c'est comme si j'allais m'évanouir et pourtant j'ai bien tous mes esprits.
Mes mains sont toujours agrippées à son pull. Je n'ose pas le lâcher, si je le fais c'est comme si notre monde, notre bulle, notre nous, allait s'envoler.
- Moi aussi je t'aime, en faite.
Je souris, il sourit. Je le lâche. Je n'ai plus peur maintenant. Parce que ça ne va pas s'envoler. Ça va rester dans nos cœurs, dans le mien en tout cas, pour toujours.
Je recule petit à petit.
- Il y a exactement quatre-vingt-dix ans, je me trouvais contre cette barrière à faire un souhait.
Je tourne sur moi-même et lève la tête vers la nuit sans nuage pour éviter de pleurer.
- Regarde Paul, comme la lumière du phare.
Ma robe se soulève pour tourbillonner au même rythme que ma tête. Elle scintille, comme si des diamants y étaient collés. La sensation de liberté me fait un bien fou.
Mais Paul ne parle pas.
- Paul ?
Il sourit en pleurant. Il rit.
- Tu es magnifique Rose, ou Coton ?
- Rose Paul, je ne m'appelle plus Coton.
Il hoche la tête.
- Rose, tu es magnifique. Le souci c'est que je n'arrive pas à parler quand je suis ému, et encore moins quand je suis triste.
Je ris, en pleurant au final, et lui essuie ses larmes.
- Elles vont probablement recouler mais ce n'est pas grave.
Je me redirige vers l'endroit de ma première chute. Je la prends en main, je la cramponne mais ne regarde pas vers le bas.
- Merci Paul. Merci de m'avoir donné la chance de t'aimer. De m'avoir ouvert les yeux, de m'avoir écouté, chéri, aimé. Merci, mille fois merci.
Ma voix se brise. Je renifle, les larmes roulent, toujours plus grosses, toujours plus longues.
- Arrête Rose, ça me fait définitivement, il renifle, chialer.
Je rigole. Un sourire énorme lui barre le visage.
Je me tourne vers mes bienfaitrices.
- Je souhaite, je souhaite... je marque une pause puis je m'écrie à la nuit. Je souhaite que Paul soit heureux ! Qu'il vive une vie remplie d'amour et d'espoir ! Je souhaite, je le regarde, je lui souhaite tout le bonheur que l'on peut offrir, toute la joie parsemé de tristesse car elle n'existerait pas sans. Je le lui souhaite, de toute mon âme. Parce que Paul est quelqu'un de formidable. Tu le mérites Paul.
Il rit de plus belle en bougeant sa tête. « C'est faux, complètement faux » mais c'est vrai.
Il me sourit. Son rire me manquera tellement.
- Tu m'as donné la chance d'être aimé et je t'aime en retour Rose, c'est tout ce qu'il me faut pour être heureux.
Je souris, sincèrement, mais mon air est triste, et le sien aussi.
- Je suis heureuse d'être ici avec toi, et d'être tombée sur un Paul pareil.
Je ne sais pas si j'ai le droit mais... Lorsque je serais partie, pleure. Pleure un bon coup pour pouvoir t'en remettre. Je te parle maintenant en tant que conseillère en chagrin d'amour.
Peut-être est-ce narcissique de dire que tu m'aimes beaucoup mais... Je crois que je sais que tu seras triste. Alors, ma voix tremble et menace de lâcher, pleure un bon coup et ensuite remets-en-toi pour vivre une nouvelle aventure.
Je pleure encore et encore, à croire que mon corps est interminablement rempli d'eau. Nous pleurons comme des fontaines.
- Ne pars pas Rose...
Nous ne sommes pas proches l'un de l'autre mais nous ne nous rapprochons pas plus que ça. Nous nous connaissons, nous nous aimons, nous nous pleurons.
- Lorsque les âmes perdues se retrouvent elles ont le devoir de partir pour veiller sur ceux qui l'ont aidée à grandir et à se retrouver.
Il me regarde étonné.
- Comment connais-tu la fin ?
Je souris face à son expression.
- Je l'ai lue dans un livre ce matin.
Je craque et fonds dans ces bras.
- Les âmes qui se sont envolées sont des âmes perdues. Elles partent dans les étoiles et veillent sur ceux qu'elles aiment, je lui chuchote à l'oreille. Merci d'avoir été là pour moi, navrée de ne pas pouvoir rester plus longtemps mais on ne choisit pas certains chemins.
J'éloigne ma tête pour le regarder dans les yeux. Ses larmes sont toujours présentes, ses cheveux en bataille également. Ça me fait sourire.
- Désolé, j'ai mis un peu de morve sur l'épaule de ta robe.
Je ris et il sourit. Il ne veut pas me lâcher mais au final, il a compris. Il est bientôt minuit.
Je ne suis pas à côté de la barrière qui m'a vu mourir. Je suis à côté du garçon que j'ai aimé, que j'aime, que j'aimerais à jamais.
Je vais de nouveau disparaître, à jamais cette fois-ci. Mais je ne vais pas tomber. Je vais m'envoler.
J'articule un énième remerciement silencieux à l'adresse de Paul. Je lui souris, il me sourit. Et nos flots débordent à l'unisson.
Je ferme les yeux. A bientôt Paul.
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