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Chapitre numéro deux

Je tousse. La fièvre est enfin passée. Trois jours que je suis cloîtrée au lit, je n'en peux plus, il faut que je sorte ou la poussière que je ne nettoie jamais m'engloutira dans les ténèbres les plus sombres.

Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Inspira... Étouffement. Je déteste les moucherons.

Ding !

La petite sonnette de la bibliothèque m'avait manqué. Oh, un garçon me fixe étrangement, ai-je une tâche sur le visage ? Il accourt vers moi.

- Je te retrouve enfin ! Tiens ton mouchoir !

Mon mouchoir... ? C'est donc à lui que je l'avais prêté ? Je n'en ai... Le mouchoir sent le caramel.

- Oh, je te remercie, je me suis demandé si tu allais me retrouver dans ce dédale de rue !

Il rit légèrement. Il a un beau sourire.

- J'ai dit quelque chose de comique ?

- Non, mais tu as une façon de parler... Particulière. J'aime bien.

Je ne comprends vraiment pas, mais son expression n'est pas méchante. Il est chaleureux, il dégage un certain charisme qui me pousse à lui faire confiance. Mais peut-être devrais-je être méfiante...

- En faite... Tu t'appelles comment ?

Il me demande mon nom. Il ne me regarde qu'à petits coups d'œil. Il rougit un peu. Il passe une main dans ses cheveux. Il est gêné. Il m'a demandé comment je m'appelle. Comment je m'appelle ? Mes mains lâchent mon chapeau inconsciemment. Il le ramasse.

- Flûte. Excuse-moi... Je m'appelle Rose. Et toi ?

- Paul, enchantée de te connaitre Rose.

Je lui souris. Le rose me monte aux joues. C'est drôle cette sensation, j'ai l'impression de la connaitre, pourtant je n'ai que seize ans. Il me rend mon chapeau et me propose de sortir au parc d'à côté. Pourquoi pas après tout, ai-je quelque chose de prévu ? Non.

- Alors Rose... Qui es-tu ? Je ne t'ai jamais vu en ville. Tu es nouvelle ici ? T'as quel âge ? Tu vas à quel lycée ?

- Hum... Non je ne suis pas nouvelle, c'est vrai que je ne sors pas beaucoup sauf en été... J'ai... dix-sept ans. Dix-sept le 29 juin. Et je ne vais pas au lycée.

Le lycée est bien trop cher pour notre famille, cela doit se voir pourtant que je ne fais pas forcément partie des grandes bourgeoisies.

- Oh, donc tu prends des cours chez toi, ce n'est pas triste ? Tu ne te sens pas trop seule ?

Seule ? Non jamais. J'ai toujours des choses à faire et à découvrir, je ne comprends pas comment peut-on se sentir seul dans cette foule.

- Non, tu n'as pas à t'en inquiéter.

Il me sourit. Je devrais peut-être dévié la conversation sur lui.

- Et toi ? Nouveau ? Quel âge ? Quel lycée ? Beaucoup d'amis ?

- Eh bien, non pas nouveau, j'ai soufflé mes dix-sept en avril, je vais au lycée dans le sud de la ville et non, pas forcément beaucoup d'amis, quelques-uns mais ça me suffit bien.

- Ma mère dit (je la mime avec un doigt qui s'agite comme une bonne moralisatrice) que les relations c'est ce qu'il y a de plus important. Pour se faire connaître, avoir un bon travail, être présentable.

- Ah oui ? Excuse-moi, mais ta mère est un peu de la vieille époque. Les relations sont toujours importantes mais maintenant on a aussi beaucoup de chance de réussir avec un peu moins de celles-ci.

Je ne sais pas quoi répondre. J'ai l'impression que tout a changé, et ce très rapidement. C'est perturbant.

On se promène. Il fait beau, et chaud. Le ciel est presque sans nuage et le soleil tape fort sur mes épaules. Les arbres sont d'un vert pétillant, on reconnait bien là le début de l'été.

Je souris, cette journée est vraiment belle. Mon regard dévie légèrement vers Paul. Il essaye de paraître décontracté mais il n'y arrive pas très bien ce qui fait agrandir mon sourire. Il me regarde, son regard est profond, il hésite à détourner ses yeux des miens et moi aussi. Ça en devient presque gênant. On s'est arrêté de marcher, par réflexe je suppose. Il cligne des yeux et ses cils du haut bien que courts viennent effleurer ceux du bas presqu'invisible. À vrai dire, en regardant de plus près, ses yeux ne sont pas tout à fait noisette... Il y a cette sorte de petite tâche verte qui vire au brun suivant la présence du soleil. Elle était également présente chez Bernard... J'ai honte de penser à Bernard avec Paul, Paul est cent fois mieux que Bernard, mille fois mieux même, même si je ne le connais pas. Je détourne le regard, plus par honte de mes pensées que par désir ou par gêne. Toutefois, je me sens tout de même embarrassée. Pourtant ce n'était pas un si long regard, peut être bien trois secondes, ou quatre. Et pourtant... on aurait dit une éternité.

Je rougis à nouveau même si mes joues sont rosées depuis qu'on est sorti de la bibliothèque.

Une petite couleur attire mon attention parmi le vert et le blanc. Une petite fleur bleue, mignonne et fragile. Je devrais la laisser vivre mais je l'aime bien, j'ai envie de la cueillir. Je n'aime pas me dire qu'à chaque fois que je cueille une fleur, c'est comme si je lui arrachais la vie. Heureusement que je ne prends pas les racines.

Je me baisse, la cueille, la fait tourner par la tige tenue entre pouce et mon index. Mais Paul me la prend. Qu'est-ce qu'il va faire avec ?

- Elle est mignonne.

Sa voix est enrouée. Il a essayé de toussoter discrètement mais je crois bien que Paul n'arrivera jamais à être discret, même si cela ne fait que dix minutes que je le connais, j'en suis certaine.

- Comme toi. Elle paraît toute fragile mais je suis sûr qu'elle est très forte en vrai. Il suffit de voir comment elle se tient, regarde, ses pétales se dirige vers le haut et sa tige tient de façon à ce qu'elle ne tombe pas. Elle est très belle.

Paul est incroyable. C'est comme s'il regardait tout en détail pour ne voir que le meilleur en chacun.

- Tu sais Rose, d'habitude je ne parle pas avec les filles.

Je fronce les sourcils. Je ne comprends pas vraiment sa phrase.

- En faite, je crois que je suis trop renfermé pour aborder des filles qui me plaisent.

Paul est beaucoup trop flatteur. Je crois qu'il n'a pas conscience de l'effet de ses paroles.

- C'est... euh... très gentil... euh...

Je suis complètement déboussolée. Je ne sais pas quoi répondre, peut être devrais-je lui rendre la pareille parce qu'il n'est pas faux qu'il me plait aussi mais je ne sais pas vraiment commet formuler ça. Je regarde le sol. Aucun de nous ne parle. Je serais tentée de répliquer quelque chose mais je ne sais pas quoi. J'ai complètement perdu mes moyens. Le silence règne, les oiseaux gazouillent et les enfants jouent mais ces bruits me paraissent complètement lointains. Allez, il faut combler ce vide insupportable. J'inspire pour prendre la parole mais il me prend de court.

- Laisse tomber ce que je viens de dire, ce n'était rien, c'était complètement faux. Oublie, désolé.

Je hausse la tête et baisse le menton. C'était faux, j'ai trop réfléchi pour rien. Mais d'ailleurs je ne le connais pas, je n'ai pas à être déçue après tout.

- Je crois que notre balade va se finir ici... J'ai un truc important à faire.

Un truc important... Oui je peux comprendre.

- Mais je voulais quand même qu'on vienne jusqu'ici, c'est une des plus belles vues de la ville, il faudra que je la peigne un jour. On pourrait se revoir demain, à la bibliothèque peut-être ?

Je lève la tête, mon regard quitte le sol et vient se poser sur le paysage qui s'étend devant moi. Paul a raison, c'est beau, presque plus beau que celui de mon balcon.

Les petites maisons de briques et de plâtre se succèdent les unes après les autres. Les tours servant de logement se mélangent au bleu du ciel qui accueille les oiseaux, les avions et même les nuages gris. On ne voit pas la mer, pour la simple raison que l'on est dos à elle. A la place de la mer, il y a des champs, des champs immenses d'un pâle jaune et d'un vert foncé. Des champs qui ne sont que terre sont également présents mais aussi des prés avec de belles vaches aux tâches si douces, si gracieuses.

Je n'avais jamais vu la ville sous cet angle. Je regardais toujours du côté de la mer parce que je pensais que c'était ce qu'il y avait de plus beau ici. La mer, la plage, l'océan, les vagues, le soleil.

Ici c'est comme si je découvrais une autre facette de notre petite ville perdue. Une autre facette qui me plaît tout autant que la première. Qui paraît extrêmement calme contrairement à l'autre souvent bruyante. Je crois que Paul vient de me faire aimer la ville dans laquelle je suis.

- Alors tu peins ?

- Oui, mais ce n'est rien, que quelques coups de pinceaux, pas fameux et inintéressant.

Il est gêné. Et trop modeste.

- Pourtant ça m'intéresse.

- Vraiment ? me demande-t-il le regard plein d'étincelles. Tu ne devrais pas.

- Si, ça m'intéresse. Pourrais-je... pourrais-je les regarder un jour ? Si ça ne te dérange pas bien sûre. Je m'excuse de demander cela si abruptement, c'est assez discourtois.

- Non bien sûr que non, c'est juste que tu ne seras pas impressionnée voilà tout. Ce n'est qu'amateur. Et tu n'as pas à t'excuser.

- J'ai tout de même hâte de voir tes peintures Paul.

Il me sourit gentiment. « Bye » c'est ce qu'il a dit avant de partir et de laisser flotter son parfum caramel. J'espère qu'il viendra demain, j'ai oublié de confirmer ma venue.

~~~

Je savais qu'il allait pleuvoir, enfin j'aurais dû m'en douter. Il faisait trop chaud pour qu'il n'y ait pas d'averses par la suite. Sauf qu'il a plu après que je sois entrée dans la bibliothèque. Et je n'ai évidemment pas pensé à regarder le ciel ce matin, j'étais trop pressée de revoir Paul.

Mais Paul ne sera qu'un ami. Il me l'a dit très clairement, je ne lui plais pas.

Je vais donc rester là, en attendant que le déluge passe. Mais il a l'air de vouloir perdurer parce que la pluie bien que battante n'est pas vraiment forte. Elle va donc rester longtemps au-dessus de la ville. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire. En plus de cela Paul n'est pas arriver et ça fait plus d'une heure que je l'attends. Il a dû croire que je ne viendrais pas.

- T'attends quelqu'un ?

Je me retourne, avant que j'aie pu voir qui c'était, je le savais. Parfum au caramel qui flotte au gré de ses mouvements, c'est forcément Paul.

- Absolument pas, navrée.

- Ah ? Bon bah tant pis, j'avais prévu de te proposer de t'accompagner chez toi avec un parapluie, en tant que bon gentleman. Mais ce n'est pas grave. Au revoir Rose, à une prochaine peut-être.

Il était là depuis une heure ? Comment n'avais-je pas pu le voir ? Même l'apercevoir ? Je n'ai pas envie qu'il parte et qu'il me laisse dans cette bibliothèque à attendre un beau temps peu probable. Allez, va sur le devant de la scène pour une fois, ose.

- Bon... C'est peut-être vrai que j'attends quelqu'un.

- Ah oui ? Qui ? Il me fait un sourire taquin.

- Une personne grande, un garçon, qui sait peindre, qui a des cheveux bruns un peu en bataille et de beaux yeux, vous l'avez peut être vu. Il est très gentil et ne fais pas de mauvaises blagues.

- Oh, non je ne crois pas l'avoir vu ici.

Peut-être est-il vexé parce que j'ai dit qu'il faisait de mauvaises blagues. Mais il s'assoit en face de moi. Peut-être qu'au final il n'est pas fâché.

- T'as cru que j'étais vexé ?

- Eh bien...

Il sourit encore et me regarde dans les yeux.

- Ça s'est vu. Tu avais l'air paniquée. C'est drôle.

- Ce n'est pas drôle, murmurais-je pour moi-même.

- Je t'ai entendu tu sais...

Il rit. Il rit et je le suis.

- Mais sinon, t'as dit beaux yeux ?

Il m'a regardé droit dans les yeux. J'ai complètement détourné le regard. Trop gênée pour faire le moindre geste. Pourquoi je lui ai dit ça ? C'est complètement... Comment dirait-il... « Débile » ?

- Je n'ai pas vraiment dit ça... Je ne m'en souviens pas tellement d'ailleurs.

Honte à toi de mentir Rose, honte à toi.

- C'est rare les filles qui me complimentent. En plus venant d'une aussi jolie fleur. Mais bon c'est pas le cas.

Il me fait un petit sourire, timide. Et moi je rougis jusqu'aux oreilles. Je crois que mon cœur fond comme du chocolat. Et il rigole. Je crois qu'il se moque de ma réaction. Mais il rit et je le suis. Parce qu'il a un rire contagieux comme la peste, et moi aussi je ris de ma situation. A ce moment précis, mon cœur est rempli de joie et la vie n'est que couleurs vives et brillantes comme des étoiles.

- T'es mignonne Rose. Tu veux que je te raccompagne du coup ?

- Oui je veux bien, je souffle.

C'est à peine audible et ça a le malheureux don de le faire sourire, d'un sourire radieux.

Il tient le parapluie, je le guide, on marche. On discute, de tout, de rien, il me raconte de drôles d'histoires, il me raconte sa vie. Etrangement et rapidement. On ne se connaît pas pourtant, mais il me fait confiance, et je ne le crierais pas sur tous les toits, promis.

Que sa mère est partie quand il était petit, que sa sœur s'est enfuie de la maison dès qu'elle a pu, à quel point elle lui manque mais à quel point il lui en veut de l'avoir laissé seul. Puis on ne dit plus rien. On est bientôt arrivé mais je ne lui ai rien raconté sur ma vie et je sens qu'il attend.

Et là dans ce silence qui essaye de me faire parler, je remarque que l'on est très proche. Très, très proche. Nos épaules se touchent et nos bras se frôlent à chaque pas. Pour ne pas recevoir de pluie je me suis collée à lui comme si ma vie en dépendait. Et j'ai soudain très chaud. Et on dirait que lui aussi. Il devient rouge et respire un peu plus bruyamment. Comme moi après avoir retenue ma respiration pour enfiler une robe de soirée.

J'inspire profondément.

- Mon père est parti à la guerre pendant un temps mais il est revenu, je commence. Sauf qu'il n'était plus vraiment le même, la seule chose qui lui permettait de se détendre c'était pêcher et nous raconter des histoires à ma sœur et moi. Mais il est reparti, ça fait très longtemps que je ne l'ai pas vu. Ma mère était mourante alors elle a envoyé ma sœur chez mes grands-parents et elle est décédée dans un hôpital du coin. Donc je me retrouve toute seule dans la grande maison familiale. Chaque mois je reçois un peu d'argent de la part de mes oncles pour subvenir à mes besoins. Ma sœur est avec l'un d'eux maintenant que mes grands-parents vieillissent.

- Longue histoire. Alors toi et moi on est pareil un peu.

- Oui, un peu.

Il me sourit, je lui souris. La pluie continue mais ça n'a plus tellement d'importance. C'est comme si tout autour de nous n'avais plus d'importance. Parce que tout est silencieux et les seules choses que mes oreilles acceptent d'entendre ce sont nos respirations mêlées. La seule odeur que mes narines acceptent de faire entrer c'est son parfum caramel. La seule chose que mes yeux acceptent de voir et de regarder c'est lui.

Et c'est comme si mon cœur s'envolait. C'est comme si je tombais amoureuse. C'est une sensation chaude et douce.

On arrive devant un petit sentier.

- C'est au bout, je souffle.

- T'es sûre ?

- Eh bien oui, j'en suis sûre, je rentre chez moi depuis que je suis enfant tu sais.

Je souris face à sa question mais pas lui. Il fronce les sourcils et semble inquiet.

- Mais par-là c'est le phare...

- Oui, j'habite dans le phare. Pourquoi, ça te dérange ?

- Mais le phare est abandonné depuis bien des années !

- Eh bien la preuve que non puisque j'y habite.

Il hoche la tête, tout de même pas convaincu. Je ne comprends pas ce qu'il veut dire par là, j'ai pourtant toujours habité dans ce phare.

- D'ailleurs Rose, tu as bien seize ans ?

- Oui pourquoi ?

- Je ne m'en souvenais plus très bien.

On marche vers le phare. Plus lentement étrangement, comme s'il en avait peur et je n'en vois vraiment pas la raison.

- Mais Rose, tu ne vois pas que c'est délabré ? Les pierres sont toutes grises voir noires et...

- Mais n'importe quoi ! N'insultes pas mon héritage familial je te prie.

On rentre dans le phare, il paraît dégoûté. C'est vrai que la décoration n'est pas très moderne mais tout de même !

Oh tiens, les bas de son pantalon sont devenus foncés, comme s'ils absorbaient de l'eau.

- Rose, comment se fait-il que des bottes ne soient pas trempées, il y a au moins trente centimètres d'eau qui inonde l'étage de ce phare.

- Mais de quoi tu parles ? C'est du carrelage, pur et dur comme dirait mon père.

Il me regarde comme si j'étais folle. Comme ma tante Pétule qui criait et parlait toute seule à toute heure.

- Paul, est-ce que tu veux voir ma chambre ? J'ai ramassé un superbe coquillage il y a quelques jours, il est vraiment beau.

Ses yeux ne sont que pure incompréhension. Il veut dire quelque chose, peut-être est-il gêné. C'est vrai que rentrer dans la chambre de quelqu'un peut être intimidant.

- Ou sinon et bien, tu peux rester là et t'asseoir sur le canapé, je vais aller le chercher.

Je commence à monter les escaliers et je me retourne. Il tourne sur lui-même comme s'il cherchait le canapé alors qu'il est juste devant lui. Je ne le comprends définitivement pas, joue-t-il la comédie ?

- Non Rose, attends, je viens.

Il hésite un instant mais se dirige tout de même vers l'escalier.

- Tu es sûr ? Comme tu veux, suis-moi alors.

- Mais Rose, les marches vont tomber en ruines. Et comment as-tu fait pour monter alors qu'il en manque quatre ?

- Mais bon sang Paul, est-ce une mauvaise blague que tu me fais ?

Je redescends et lui prends la main. Il frissonne au contact, et moi aussi.

Je l'entraîne dans les escaliers, je cours presque.

- Mais Rose tu es folle, on va tomber, on va...

- Et voilà on est déjà en haut de l'escalier. Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles.

Il rouvre les yeux, il les avait fermés comme s'il avait peur. Il était mignon mais c'est vraiment une mauvaise blague qu'il me fait en décrivant ainsi ma grande maison.

- Incroyable, c'est incroyable..., il chuchote.

- Paul... Tu es sûre que ça va ?

- Oui, je vais bien, je vais bien.

- Tant mieux, tu ne fais vraiment pas de bonnes blagues Paul, tu devrais essayer d'améliorer ton humour.

- Oui... Désolé.

Il n'a pas l'air désolé du tout. Il est juste ébahi, et encore plus perdu à priori.

- Donc c'est ici que tu vis c'est ça...

- Eh bien oui comme je te le dis depuis dix bonnes minutes.

Je m'esclaffe. Et il sourit, puis il rit lui aussi. Paul est vraiment dans la lune comme dirait ma sœur.

- Désolé Rose, mais à l'instant, il n'y avait pas de canapé, de chaudière, d'escalier en chêne, de carrelage ciré. Il n'y avait que de la terre et de l'eau, et un escalier qui s'apprêtait à s'effondrer.

- Ton imagination est sans limite Paul.

- On me le dit souvent.

- Regarde, là c'est ma chambre. Attends-moi ici, je vais prendre le coquillage.

J'ouvre le tiroir de ma table de nuit. Un petit coquillage, rosé et poli par le sable. Il sent bon la mer et sa forme est si particulière, on dirait un petit cœur qui va se fendre en deux.

Il le regarde, il sourit. « Il est très mignon. » c'est ce qu'il dit. Je vais le reposer. Quand je reviens, il inspecte les cadres du couloir.

- Vous êtes très vintage dans votre famille.

- Comment ça ?

Je m'approche de lui.

- Photos, vêtements, meubles, chaussures. C'est de la « vieille » époque tout ça.

- Ah oui ? Je n'étais pas au courant. C'est vrai que cela fait longtemps que je n'ai pas confectionné de nouveaux vêtements. En même temps, j'y pense peu.

- Au moins on ne peut pas dire que tu n'es pas élégante avec cet accoutrement.

Je rougis. Paul me fait toujours des compliments indirects.

Je l'entraîne en haut du phare, sur la terrasse. Cette vue, elle est dans ma famille depuis des générations.

Je m'approche du vide.

- Rose fait attention, il n'y a plus de rambarde à cet endroit !

- Paul, tu recommences, elle est bien présente, blanche comme neige parce que mon père l'a repeinte.

Il s'approche, tend ses mains comme s'il ne voyait rien devant lui. Je soupire. Je lui prends les deux mains et les posent sur la rambarde. Cette fois il n'a pas le temps de fermer les yeux.

Il lève la tête vers moi, émerveillé. Je ne comprends vraiment pas ce qu'il y a de si particulier.

- Un jour j'irai par-delà l'océan, j'irai en Amérique, là où tout est possible, je souffle ce rêve comme s'il me tenait en vie.

- On dirait bien que t'as vu trop de films Rose. Beaucoup de choses sont possibles oui, mais pas tout. Et puis tout dépend d'où tu viens également. Enfin, d'après ce que j'ai compris.

- Des films ? Non, je n'en ai vu que trois dans mon entière vie.

Il fait des yeux ronds, surpris.

- Vraiment ?

- Vraiment.

Il paraît songeur tout d'un coup. Paul me fait un grand sourire et ses yeux brillent comme des étoiles. Quelle idée a-t-il derrière la tête ?

- Dis Rose, ça te dirait qu'on se fasse un ciné demain ? Et puis après on pourra faire les boutiques même si je n'aime pas vraiment ça.

- Un ciné ? Les boutiques ?

Je ne comprends rien à ce qu'il me dit mais je n'en laisse rien paraître. Ça serait plutôt humiliant. Alors j'accepte vivement en hochant bien la tête de haut en bas. « Cool ! » c'est ce qu'il m'a répondu avant de redescendre (parce que la pluie nous tombait dessus) et de partir. Encore ce mot étrange qui exprime vraisemblablement la joie.

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