Shôta et Ayumi se figèrent, les lèvres encore rougies et témoins de leur passion.

- Tu dois partir tout de suite ! chuchota la jeune femme en le poussant pour qu'il se relève. Vite ! Si Umeko te trouve dans ma chambre...

Shôta recula jusqu'aux panneaux de bois donnant sur l'engawa sous la pression des mains d'Ayumi sur son torse. Il devait fuir en vitesse et pourtant il ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement.

- Arrête de sourire, idiot ! lâcha t-elle sur un ton agacé alors qu'il enjambait la rembarde.

- Promets moi de me rejoindre dans deux nuits à la cabane du pont.

Ayumi le dévisagea quelques secondes. Elle avait encore envie de l'embrasser, d'être contre lui. Elle en voulait plus et ils devaient également discuter de cette situation qui venait de leur exploser au visage.

- Très bien, soupira t-elle en secouant la tête. Je te le promet mais par pitié, files avant qu'on te trouve ici.

Shôta eut un sourire triomphant et lui vola un dernier baiser rapide avant de disparaître dans la pénombre du jardin.

- Ayumi ! retentit la voix d'Umeko.

La jeune femme sursauta et se retourna vivement pour faire face à sa nourrice. A quelques secondes près, Shôta aurait été découvert. L'amour les rendait inconscients.

- Qu'est-ce que tu fais dehors à cette heure, jeune fille ? demanda la vieille femme avec un air soupçonneux, tout en détaillant la tenue occidentale de sa protégée. Tu étais encore avec Shôta, n'est-ce pas ?

- Pourquoi poses-tu la question si tu connais la réponse, lui rétorqua Ayumi en passant devant elle pour rentrer dans sa chambre, l'air de rien.

- Tu ne devrais pas voir ce garçon en cachette comme ça, soupira la nourrice en la suivant. C'est mauvais, pour vous deux !

- Ume-chan, je ne peux pas arrêter de le voir. C'est impossible.

- Oh oui ! Je connais le refrain par coeur...c'est ton seul ami et cela depuis l'enfance. Je comprends mais, vous n'êtes plus des enfants alors...

- Non, tu ne comprends pas, Umeko, la coupa la jeune femme en enfilant une tunique de coton pour dormir. Je suis amoureuse de lui ! Et lui aussi, il m'aime. Il est celui que je veux épouser !

Une sensation de froid parcourut les veines de la vieille nourrice en entendant ces mots, comme le pressentiment que quelque chose de mauvais allait fatalement arriver. Elle avait peur pour les deux nouveaux amoureux, elle sentait que leur amour ne leur apporterait que du chagrin.

De son côté, Shôta arriva à l'auberge familiale et découvrit la salle commune bondée. Il aperçut Kamaji qui passait de table en table avec habilité, tel un serveur aguerri. Quand le blond leva la tête et croisa le regard doré de son ami, il lui sourit en levant un pouce. Ce dernier répondit par le même geste, ce qui eut pour effet d'accentuer le sourire de Kamaji.
Shôta attrapa en vitesse un tablier et reprit son rôle de serveur.
Ce n'est qu'au petit matin que l'aubergiste ferma ses portes pour quelques heures de repos bien méritées. Aku posa deux bols de riz fumants avec des morceaux de légumes en sauce devant Shôta et Kamaji.

- Manger les garçons, vous l'avez bien mérité.

Les jeunes serveurs le remercièrent avant de s'attaquer à leurs plats avec appétit.
Une fois son bol engloutit, Kamaji prit congé de l'aubergiste pour rentrer chez lui dormir. Le gris le raccompagna jusque dans la rue pour le remercier.

- T'en fais pas pour ça, par contre je n'oublierais pas que tu m'es redevable, ria le blond. Mais et toi Shôta, tu n'as rien à me dire ?

Le fils de l'aubergiste se passa la main dans les cheveux et une légère rougeur apparue sur ses joues. Il évita le regard amusé de son ami pour fixer son attention sur un petit nuage encore coloré de rose par l'aube.

- On... on s'est embrassés...marmonna t-il. Je lui ai dit que je l'aimais et elle...elle m'aime aussi.

- Tu m'en diras tant ! ironisa Kamaji avec une moue moqueuse. Ça pour une surprise, c'est une surprise !

Il s'éloigna ensuite sous le regard à la fois irrité et amusé de Shôta.
Quand celui-ci monta à l'étage de l'auberge pour enfin se coucher, il fut surpris de tomber sur son père, assis dans le petit salon de leur domicile.

- Tu n'es pas couché ?

- Je t'attendais, Shôta, répondit Aku. On doit parler, mon fils. Viens t'asseoir.

Le jeune homme s'exécuta et s'installa à genoux sur le coussin en face de son père. L'air sérieux d'Aku fit penser à son fils que la conversation qui allait suivre n'allait pas forcément être agréable. Le silence s'étira quelques minutes entre eux puis l'aubergiste parla enfin.

- Tu as décidé de t'engager, n'est-ce pas ?

- Oui, répondit simplement Shôta en soutenant le regard de son père.

- Je te connais mon fils, je sais que tu fais ça pour elle. Pour la petite Ayumi Sakamoto. Mais crois moi, ce n'est pas la solution. Il ne ressortira rien de bon de cette histoire, que tu fasses la guerre ou non alors ne va pas risquer ta vie.

- Je veux l'épouser ! Et pour ça, j'ai besoin de devenir quelqu'un. Je dois prouver à son père, à tout le monde que je ne suis pas que le petit bâtard du village! s'écria t-il en serrant les poings sur la table. Mais tu ne peux pas comprendre ce genre de choses...

- Bien sûr que si je le comprends, soupira Aku. Et la raison pour laquelle je te mets en garde, c'est que j'ai vécu la même chose avec ta mère.

Le cœur de Shôta manque un battement avant de se serrer dans sa poitrine. Il regardait son père avec des yeux ronds, remplis de stupeur. C'était le première fois en dix-sept ans que sa mère était évoquée.

- Que veux tu dire par là ? Je croyais que ma mère était une fille de joie dont tu ne connaissais pas le nom...

- Ne dois pas ridicule ! lâcha d'un ton bourru l'aubergiste. Ces rumeurs idiotes ne sont qu'un tissu de bêtises. Évidemment que je connaissais son nom et je l'aimais tendrement.

- Alors pourquoi ne m'avoir jamais parlé d'elle ? interrogea Shôta dont les yeux commençaient à piquer sous le choc de ses émotions. À cause de ton silence, j'ai fini par croire ces rumeurs et me penser le bâtard d'une catin !

- Ta mère s'appelait Natsumi et elle était la fille d'une riche famille marchande de Tokyo, expliqua Aku d'une voix songeuse. Et nous sommes tombés amoureux lorsque nous avions à peu près ton âge.

- Que s'est-il passé ? Pourquoi nous a t-elle abandonné si vous étiez amoureux ?

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Coucou les loulous !

Voilà le 9ème chapitre. 😊

Je dois vous avouer que sa publication n'a pas été une partie de plaisir mais plutôt un véritable parcours du combattant !
Car voyez vous, j'ai été la proie d'une vraie tempête de neige ce vendredi... Avec arbres coupant la route, plus d'électricité, de chauffage, de réseau et d'internet !! 😨
Retour à l'âge de pierre 😲😵

Mais bref... Le voici publié donc c'est l'essentiel.

Alors qu'en avez vous pensé ?
Il n'est pas forcément très riche en rebondissements ou en émotions mais pourtant... Il semblerait que le père de Shôta ça enfin se décider à parler de son passé.
Des idées ? Des hypothèses sur la suite ?
Dites moi tout ! 😀

A très vite pour le chapitre 10 😉

Sawako ❤️