Chapitre 3
Allongés l'un à côté de l'autre, Shôta et Ayumi fixaient les étoiles.
- Tu sais en venant, je repensais au jour de notre rencontre... dit la jeune femme, brisant le silence.
-Ah bon ? Pourquoi ? demanda le gris, en touchant par réflexe sa joue à l'endroit où son amie avait déposé un baiser autrefois.
- Je sais pas vraiment... J'y repensais c'est tout. Les choses étaient plus simples lorsque nous étions enfants.
Shôta tourna la tête vers la jeune femme, troublé par la pointe de nostalgie qu'il avait cru décerner dans sa voix. Tandis qu'elle scrutait le ciel nocturne, il détailla son visage. Il ne pouvait détacher son regard de ses grands yeux verts bordés de longs cils sombres qui venaient caresser la peau veloutée de ses joues à chaque battement de paupières.
- Tu trouves vraiment que c'était plus simple quand on était gamins ?
- Pas toi ? s'étonna Ayumi en tournant également son visage sur le côté pour lui faire face. Nous n'avions pas à nous voir en secret, les gens ne se méprennaient pas sur notre relation.
Leurs regards s'accrochèrent, l'émeraude se noyant dans l'or et le temps sembla se figer autour d'eux.
Ayumi perçut quelque chose de plus que la fierté brillant habituellement dans les prunelles dorées de Shôta. Une forme de douceur ou de tendresse qu'elle n'avait jamais remarqué pendant toutes ces années où bien qu'elle n'avait pas voulu voir. Son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine sous le regard de son ami d'enfance.
Tout sembla disparaître autour de Shôta alors qu'il plongea dans le vert profond des iris d'Ayumi. Une chaleur ravageuse parcourut ses veines et cette sensation, il la ressentait de plus en plus souvent en la présence de la jeune femme.
Le gris rompit le contact visuel en glissant son regard sur les lèvres entrouvertes d'Ayumi. Il se demandait qu'est-ce qu'il ressentirait si il les embrassait, quel goût elles pouvaient avoir.
- Shôta, souffla la jeune femme.
Ce simple murmure sembla faire éclater ce moment et résonner comme un cri dans la clairière. Le fils de l'aubergiste se redressa rapidement pour s'asseoir, dissimulant ainsi son visage troublé dans l'obscurité. Il prit une profondeur inspiration pour calmer les battements frénétiques de son cœur. L'air était chargé d'une atmosphère que tout les habitants de Hakone connaissaient.
- On devrait rentrer, Ayumi, dit Shôta. Le brouillard arrive.
Été comme hiver, un brouillard recouvrait régulièrement le village de Hakone et ses alentours. La nappe brumeuse montait du lac jusqu'à la cime des arbres et s'insinuait partout, s'enroulant autour des troncs sombres, glissant sur les pavés des rues telle d'étranges fantômes rampants.
Cette nuit, le brouillard qui envahissait peu à peu le village était épais et offrit à Shôta l'occasion de raccompagner Ayumi jusqu'au mur d'enceinte de la demeure des Sakamoto. Le silence régnait entre eux depuis leur sortie des bois. Ils ne parlaient pas. D'abord, pour ne pas être repérés par un voisin trop curieux qui aurait tôt fait de rapporter que la jeune Sakamoto se baladait la nuit avec le petit bâtard du village. Fait qui leur attirerait une montagne d'ennuis puisqu'ils n'étaient pas mariés. Ensuite, ce silence leur permettait de réfléchir à ce qui avait eu lieu entre eux dans la clairière. Y'avait-il une signification à ce regard ? Et pourquoi leurs corps semblaient entrer en résonance dès lors qu'ils étaient proches ?
Longeant à présent le haut mur, Ayumi chercha l'énorme rocher qui lui servait à grimper de ce côté-ci de l'enceinte.
- On se voit vendredi prochain, chuchota la jeune femme en effleurant la main de son ami. Fais attention à toi, Shôta.
Ce dernier lui adressa un dernier sourire avant de la regarder escalader le rocher avec une habilité conférée par l'habitude. Ayumi se prépara à se hisser sur le mur avec un clin d'œil complice pour le gris cependant l'humidité ambiante avait rendu la roche glissante et le pied de la jeune femme dérapa, lui faisant perdre l'équilibre.
Elle ferma les yeux, attendant le douloureux impact mais ce fut dans les bras de Shôta qu'elle termina sa chute.
- T'as rien ? murmura le gris, balayant de son souffle chaud le visage d'Ayumi.
- Non... Je crois que ça va...
- Donc... Est-ce que tu peux te lever, s'il te plaît ?
Ayumi rouvrit enfin les yeux et découvrit avec surprise que si elle n'était pas tombée au sol, ce n'était pas le cas de Shôta. Le jeune homme en voulant la rattraper avait glissé sur les pavés mouillés et s'était retrouvé couché par terre, son amie dans les bras.
- Oh, non ! Shôta, je suis désolée! Tu t'es fait mal ? s'enquit-elle en se remettant debout avant de l'aider à en faire autant.
Le gris grimaça en réalisant que son dos et ses fesses étaient trempés, ce qui provoqua un éclat de rire moqueur chez la jeune femme.
- Chut, Ayumi ! On va se faire repérer si tu fais autant de bruit ! Et en plus, c'est pas drôle... je vais attraper la mort si je reste mouillé avec ce temps pourri! Arrête de rire !
Mais, prise d'un fou-rire, Ayumi n'arrivait pas à s'arrêter. Cependant, la soudaine lumière émanant d'une porte qui s'ouvre dans la maison d'en face les figea sur place. Ils se precipitèrent dans la ruelle adjacente plongée dans l'ombre pour se dissimuler à la vue des curieux. Ayumi se retrouva alors plaquée contre la façade de bois d'une échoppe, le corps de Shôta à quelques centimètres du sien. Ce dernier fixait la source de lumière dans l'attente qu'elle disparaisse et dans l'espoir de ne pas avoir été découvert tandis que les yeux émeraudes d'Ayumi ne voyaient que la chemise entrouverte sur le torse de son ami.
Quand la porte se referma sur la lumière accusatrice, Shôta poussa un profond soupir et baissa ses prunelles d'or sur la jeune femme.
- Je t'avais dit de ne pas rire aussi fort, lui reprocha t-il dans un murmure.
- C'est fatiguant de devoir se cacher comme de vulgaires criminels, soupira t-elle. On fait rien de mal, Shôta !
- Nous sommes adultes et nous ne sommes pas mariés. Ton honneur...
- Si nous l'étions, les gens n'aurait rien à redire...l'interrompit la châtain, sans réfléchir.
- Que veux tu dire par là ? s'étonna le jeune homme en scrutant le visage de son amie dans la pénombre.
- Rien...Bonne nuit, Shôta.
Ayumi se faufila jusqu'au rocher et, cette fois, passa sans encombres de l'autre côté du mur avec l'agilité d'un chat. Shôta, quant à lui, resta immobile quelques instants à fixer l'endroit où, quelques secondes plutôt se trouvait encore son amie. Il repartit vers son auberge, perdu dans ses pensées. Cette soirée avait été des plus étrange.
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Salut les ptits choux !
J'espère que ceux qui sont en vacances en profitent bien 😉
Et pour ceux, comme moi, qui travaillent... Courage ! 💪
Bon voici donc le troisième chapitre. Alors que pensez vous de la relation entre Ayumi et Shôta ? Qui craquera le premier à votre avis ?
En tout cas n'hésitez pas à me faire part de vos avis et commentaires.
Où à poser des questions si le Japon et son histoire vous intéresse 😉
Je vous fais des bisous et à très vite pour le quatrième chapitre des Amants maudits !
Sawako ❤️
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