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47. Aparté clandestin

Je suis à nouveau dans votre fuseau horaire ! Le choc ! Ce chapitre arrive donc plus tard que d'ordinaire, mais je m'organiserai mieux pour les suivants, promis !

***

Ubis conduisait sa traction obsolète sans heurts, en habitué. Laura l'observa en coin et le trouva tendu mais il semblait mieux en chair, moins cerné, en pleine forme.

— Vous n'êtes plus malade.

— Vous n'êtes pas légiste, rétorqua-t-il.

— Je suis aussi légiste !

— J'étais malade.

Il se rangea le long du mur aveugle d'un supermarché, et se tourna vers elle. S'il paraissait physiquement reposé, ses vêtements étaient froissés et sa nervosité irradiait.

— Merci d'avoir accepté de monter dans la voiture, murmura-t-il d'une voix rauque.

Elle respira deux fois, rapidement, et d'un mouvement d'épaule discret, contrôla la présence de son arme pour se donner du courage. Monter dans cette voiture était sans doute la chose la plus stupide qu'elle ait jamais fait.

— Ubis. Vous êtes recherché... Vous feriez mieux de vous rendre à la police. C'est sûrement la meilleure chose à faire.

— Je ne peux pas, Laura. Vous savez qui gère mon dossier. Me rendre, c'est précipiter les choses.

— Pas si vous le prenez de court en vous exposant en pleine lumière. Il ne pourra pas vous abattre si vous êtes sous les verrous. Vous avez des amis dans la police. Des gens qui vous protégeront quoi que vous ayez fait.

— Vous ne savez pas ce que vous dites. Ce genre de choses ne l'arrêtera pas.

— Mais vous n'avez pas tué Linda.

A ce nom, Ubis tiqua, et Laura vit une furtive lueur d'émotion traverser son regard clair.

— Vous n'avez aucune preuve, bien au contraire. On m'a vu entrer chez elle, des témoins irréprochables, des voisins qui me connaissent... Vous n'avez aucun moyen de me disculper. Et de toute façon...

Il secoua la tête.

— Comment se fait-il appeler?

— Qui ça ?

— Celui qui me traque.

— Celarghan. Michael Celarghan.

Le genre de choses qu'elle n'aurait sans doute pas dû lui dire, sauf qu'il s'agissait immanquablement d'un nom d'emprunt. Ubis le lui confirma en haussant les sourcils, un sourire blasé sur les lèvres.

— Pourquoi pas. Bref... De toute façon, il se contrefiche de ce genre de détails.

Il lorgna la nuit autour d'eux et soupira.

— Avant, la maladie me faisait contempler la mort... et maintenant, c'est lui qui me la promet. C'était inévitable, je suppose. Un instant de répit avant le gouffre.

— Dites-moi ce qui se passe, Ubis. Je ne le laisserai pas vous abattre comme ça.

Le légiste lui sourit doucement.

— Il ne s'arrêtera pas pour vous, Laura. Bien au contraire... Plus vous tenterez de prendre ma défense, plus vous accroîtrez sa volonté de m'éliminer. Vous devez, absolument, rester en dehors de tout ça.

— Vous partez du principe que je n'ai aucun poids, s'offusqua-t-elle.

Ce qui était sans doute le cas, bien sûr, mais elle refusait de l'accepter.

— La meilleure manière de m'aider, c'est de rester à l'écart. Vous ne voulez pas rentrer à Murmay, mais vous devriez. Dans cette affaire, tout le monde est potentiellement dangereux. Je... Je n'ai pas d'intérêt à vous faire du mal et je ne le ferai pas. Mais... ce n'est pas le cas de tout le monde...

— Vous parlez du Dévoreur...

— Pas seulement de lui.

Son front se plissa vivement et il remit le véhicule en mouvement, alerté par des lueurs bleues et rouges dans la lointain, le signe d'un véhicule de police distant. Laura ne se laissa pas distraire de son objectif principal.

— Ubis, si vous me faisiez confiance, nous pourrions... Je pourrais alerter la presse, les gens de la Société plus haut gradés, nous pourrions vous mettre au secret le temps de comprendre ce qui se trame...

— Vous vous leurrez.

Il se tourna vers elle, à la faveur d'un nouvel arrêt.

— Est-ce que vous pouvez me dire pourquoi, vous, vous me faites confiance ? Alors que vous savez que je falsifiais mes dossiers ?

Elle rougit brusquement, mais les ténèbres la voilaient.

— Je... Je vous connais...

— Vous ne me connaissez pas vraiment.

Il secoua la tête doucement, les lèvres pincées, puis redémarra le moteur.

— Mais vous ne pouvez pas vous en empêcher, lâcha-t-il, à moitié pour lui-même.

Il n'ajouta rien et se réinséra dans le trafic du début de nuit, roula dans les rues obscures, concentré.

— William Willis, osa Laura.

— ... était un vieux fou, grommela Ubis. Vous l'avez rencontré ?

— Oui. Il ne vous aimait pas beaucoup. Paix à son âme.

— Sans doute, oui. Il a eu un problème avec mon père, autrefois. Dissensions philosophiques entre violeurs de sépultures. Mon père estimait que tout n'était pas bon à ouvrir et exposer, que... les dépouilles devaient être respectées, même quand les gens étaient morts des millénaires auparavant... Willis ne voyait aucun problème à tout saccager, au nom de la science, du savoir... Se placer des limites au nom de l'éthique... Il n'a jamais compris. Il est resté persuadé jusqu'au bout que mon père m'avait transmis des notes, des cartes, qui révélaient l'emplacement de certains sites, qu'il avait refusé de révéler à l'époque où ils travaillaient ensemble.

— Et c'est le cas ? demanda Laura.

Ubis rit à mi-voix.

— Mystère, je suppose.

Il s'arrêta à nouveau à quelques rues de l'appartement de Laura.

— Comment va Jill ? demanda-t-il de but en blanc.

Laura resta figée de surprise par le changement de conversation et songea au couple qu'elle avait surpris le soir du Nouvel An.

— Bien, je crois. Elle... se remet.

Elle ne pouvait pas lui asséner la vérité, surtout sans savoir quelles étaient, au juste, ses intentions. Il resta silencieux un moment.

— Je ne peux pas vous déposer plus près, j'ai déjà pris trop de risques.

— Allan.

Chacun son tour, après tout.

— Je ne vous laisserai pas vous faire la guerre dans l'ombre. Expliquez-moi de quoi il retourne. Je peux vous aider.

— Vous ne pouvez rien pour moi, Laura. Mais vous pouvez sauver votre propre vie...

Il poussa un bref soupir, l'expression soudain déterminée.

— Écoutez, puisque vous me faites confiance...

Il la regarda droit dans les yeux.

— Est-ce que vous avez parlé à Michael de votre agression ?

Elle demeura stupéfaite.

— Quoi ? Non ! Mais vous...

— Ne dites jamais à Michael ce que vous avez vu sur ce quai. Si vous le lui dites, il vous tuera. Sans hésitation, quoi qu'il ait pu vous raconter.

— Comment...

— Je ne peux pas vous en dire plus. J'en ai déjà beaucoup trop dit. Chaque mot supplémentaire vous met en danger. J'ai été stupide. Nous ne pouvons pas rester ici.

Il démarra brusquement et fit demi-tour. Cette fois, il roula avec plus de vivacité, lorgnant sans cesse dans son rétroviseur, comme s'il était suivi.

— Où m'emmenez-vous ? s'offusqua-t-elle. Expliquez-moi ! Ubis !

Il freina brusquement.

— Allez chez votre ami prêtre.

Elle reconnut le quartier, l'église au bout de l'allée, perdue dans son cocon de bâtiments désaffectés. Comment pouvait-il être au courant de l'existence d'Aaron ? Elle ne l'avait mentionné qu'une fois, évasivement, lorsqu'ils avaient évoqué Noël. La glace la saisit.

— Restez-y. C'est plus prudent. Maintenant descendez, vite, si vous ne voulez pas lui attirer des ennuis.

C'était la phrase de trop. Elle le dévisagea, furieuse et interdite, mais il ne reflétait qu'un parfait sérieux.

— Allan, qu'est-ce que vous voulez dire ?

— Descendez, Laura.

Une brutale angoisse la saisit.

— Attendez... Aaron n'a rien à voir...

Il se pencha au-dessus d'elle pour ouvrir la portière.

— Je sais. Mais vous ne voulez pas qu'on s'intéresse à lui, si ?

Elle se glissa au dehors, mue par une frayeur subite.

— Laura, rentrez à Murmay. Oubliez tout ça. Ça n'en vaut pas la peine.

Il rattrapa la poignée de la porte, lui adressa un sourire contraint, puis s'enferma dans l'habitacle. Une seconde plus tard, la traction avant détalait dans une gerbe d'eau boueuse et Laura regarda le véhicule s'éloigner, pétrifiée sur le trottoir. Le frisson qui la saisit s'éternisa alors pendant plusieurs minutes, une vibration viscérale, qui ébranla chaque fibre de sa carcasse transie. En proie à un vertige, elle chercha l'aplomb d'un réverbère pour se stabiliser.

Respirer, compter jusqu'à dix, n'importe quoi pour brider ce vent de panique, ces murmures de ruine. Elle songea au jeune prostitué éviscéré sur l'autel, dans le choeur. Lui avait-on, là aussi, pris son foie ?

Elle songea à toutes les questions qu'elle aurait dû oser poser à Ubis et qui, dans son choc d'être à ses côtés, dans cette voiture improbable, s'étaient volatilisées. Elle leva les yeux vers le ciel, les toits noirs hérissés d'antennes, les cheminées qui vomissaient de la suie dans les ténèbres orangées, et le clocher au-delà, un éperon de pierre en sursis sur les nuages. Retourner à Aaron n'était-il pas le pire qu'elle puisse faire ? L'exposer encore et encore, alors qu'il n'avait rien demandé à personne, et qu'elle ne savait pas lui rendre ce qu'il entendait lui donner ?

Elle abandonna son coin de trottoir et l'église derrière elle, adoptant un bon pas pour rejoindre au plus vite des quartiers moins sinistres, la lumière, un bus, un taxi. Sans doute aurait-elle dû prêter davantage attention à son environnement – le coin restait mal fréquenté – mais ses émotions s'entrechoquaient dans son crâne, fureur et terreur, les deux en même temps, indissociables, entremêlées.

La sirène d'un camion de pompiers la fit sursauter, elle hâta le pas, mais elle connaissait le chemin par coeur, elle aurait pu le parcourir les yeux fermés.

Une tache flamboyante, une odeur âcre, piquante, des éclats rouge et bleu, intermittents. Les larmes lui brouillèrent la vue, cadeau d'une fumée que charriait le vent d'hiver. Une silhouette s'encadra devant elle, dissimulant le brasier.

— Faut faire un détour, annonça le pompier.

Laura secoua la tête, regagnant le réel.

— J'habite juste là derrière.

L'homme jeta un coup d'oeil derrière son épaule, Laura l'imita. De grandes gerbes d'eau arrosaient la source de l'incendie, une voiture, dont il ne restait déjà plus que la carcasse carbonisée.

— Passez par le trottoir d'en face. Ça devrait aller, reprit l'homme du feu.

Laura l'écoutait à peine, un étau s'était formé autour de ses tempes, compressant ses pensées. Elle traversa à pas rapides, hypnotisée par le ballet des gyrophares. Une voiture de police vint se glisser à hauteur du camion rouge, la portière s'ouvrit sur la silhouette dégingandée de Julien Sorvet. Laura baissa la tête, accéléra le pas. Elle jeta à peine un regard au véhicule fumant, ses courbes anciennes désormais réduites en cendres, le cuir rouge sombre, le tableau de bord chromé, la tôle noire et lustrée.

Elle aurait dû le remercier, d'avoir tout brûlé, effacé des empreintes problématiques, qu'elle n'aurait pas pu justifier. Mais elle savait pourquoi il était revenu jusqu'ici et pour ça, elle le maudit sur mille générations.

Elle courut sur les derniers mètres, s'engouffra dans la cage d'escaliers, avala les marches quatre à quatre et déboucha sur son palier. La serrure avait été forcée et elle ne put que jurer en constatant que, comme elle l'avait deviné, le dossier touffu de William Willis avait disparu, de la première photo à la dernière note.

Dispute entre pilleurs de tombes, mon oeil.

D'Ubis, bien sûr, aucune trace.

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