Petit texte relatif à Sombre Nuit et Dernier Espoir (écrit par Tempête de Neige)

Pas de spoiler particuliers.

Je me nomme Œil d'Or, je suis à présent une guerrière du Clan de l'Aube. Beaucoup de chats me dévisagent à cause de mes nombreuses cicatrices. C'est mon fardeau, ces longues cicatrices zébrant ma douce fourrure rousse et brune, ces entailles dans mes oreilles, ce museau défiguré... Chaque soir quand je m'endors, tout me reviens, encore plus frappant que jamais.

A nouveau je me retrouve dans cette clairière. A nouveau, j'entends les cris terrifiés de ma sœur, Patte Vive, à l'époque Griffe Vive. La pauvre s'est coincée la patte dans un terrier de lapin et celui ci s'est brusquement effondré, l'empêchant de bouger. Encore une fois, je me penche vers elle, plante mes crocs dans sa nuque et tente de la tirer vers moi.Mes pattes grattent désespérément la terre môle. Je crois soudain son regard affolé, voit ses pupilles se dilater, sa gueule s'ouvrir pour me crier de me retourner. Inutile.

Des crocs m'agrippent, déchirant ma délicate peau, me balançant au loin, buter un arbre. Sonnée, j'ouvris les yeux et me releva. Pétrifiée, je vis alors un énorme molosse se pencher vers ma sœur, de la bave dégoulinant de ses puissantes mâchoires. Ni une, ni deux, je m'élança, bondit sur la bête et planta mes crocs en elle. D'une secousse, elle me dégagea et me frappa de sa grosse patte. Ses griffes déchirèrent la fine peau de mon oreille, m'arrachant un hurlement de douleur. Je n'eut pas le temps de me relever, sans même parler de reprendre mon souffle qu'elle me sauta dessus, frappant mon ventre violemment. Je sentis ses griffes déchirer la chair de mes cuisses, me brûlant. Je n'entendais même pas les cris terrifiés de Griffe Vive qui tentais de s'extirper de son trou pour m'aider.

Puis son souffle chaud et puant vint caresser mon visage.Pleine de haine, je cracha, abattant ma patte avant sur son museau, toutes griffes dehors. Je n'en n'eut pas le temps. Sa gueule reçue ma patte et ses crocs la croquèrent. Ses yeux fous glissèrent sur moi avant de s'arrêter sur ma gorge. Je crus alors que ma fin était venue. Épuisée et impuissante, je ferma les yeux et pria le Clan Céleste. L'animal posa sa puissante patte sur mon petit visage, ses griffes lacérèrent la peau entourant mon œil, et avança sa gueule, son souffle se faisant de plus en plus chaud. Par réflexe, je plaqua mon menton contre mon poitrail, protégeant ainsi ma précieuse gorge. Les crocs du molosse s'emparèrent alors de ma gueule. Aujourd'hui encore, le hurlement qui je poussa alors résonne dans mes oreilles. L'animal me souleva, mon corps pendant pitoyablement, tenue par mon museau. Elle me secoua dans tous les sens, me donnant l'envie de vomir et de mourir.

Le cri de mon salut survient alors. Une patrouille. Quatre bons guerriers et le chef en personne. Enragée, la bête me balança au loin pour faire face aux nouveaux arrivants. Ma tête cogna le tronc dur d'un cèdre et je m'évanouis.

C'est à ce moment là que je me réveille, essoufflée et à bout de forces. Je ne vous dirais pas que je ne regrette pas ce que j'ai fait, que je n'aurais pas préféré fuir. Non, si je pouvais tout changer, je m'enfuirais, même si cela aurait voulut dire perdre ma sœur. C'est égoïste et je le sais. J'ai beau essayer de faire taire ce sentiment, le regret m'envahit un peu plus chaque fois que je vois mon museau défiguré, à chaque fois qu'un chaton me voit pour la première fois, me dévisageant et me posant tout un tas de questions auxquelles je suis incapable de répondre. Mais j'ai choisit de sauver ma sœur et de me sacrifier. J'aurais préférée mourir.