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Texte de Nuange et Tumpenica


Tw : racisme, homophobie, viol, xénophobie, validisme, violences conjugales




4 ans

Des cris envahirent l'espace tandis que les bipèdes miniatures se déversaient dans la cour de récréation.

Parmi eux, une tête surmontée de boucles blondes pointa le bout de son nez encadré de joues rondes.

Petit Louis voulait faire de la balançoire.

Il trottina jusqu'à une surveillante pour qu'elle le place dans la balançoire de petits, comme une grande couche de plastique. Dans le même temps, un petit garçon vint sur le côté, la même idée en tête. C'était celui qu'on appelait Momo, dans sa classe. Louis aimait bien Momo, il avait tous les deux les cheveux bouclés, blond et noir, c'était rigolo.

La surveillante, une dame au sourire aimable que lui rendirent les deux enfants, les suivit jusqu'à la double balançoire. Elle saisit Louis sous les bras pour le placer, et fit de même pour Momo. Louis se tourna vers elle pour qu'elle le pousse, mais hésita devant son air devenu un peu coincée. Pas besoin, de toute façon, elle le fit d'elle-même.

Petit Louis et Momo riaient. C'était trop bien, la balançoire.

« Ouiiii ! » s'exclama Louis.

« Ouiiii ! » reprit Momo.

La sonnerie survint trop vite. Un peu déçu, Louis dut se résigner à se laisser porter par la dame pour aller se ranger.

« Allez Mohamed, rangé, là-bas, ok ? » dit-elle d'un ton doux.

Momo baissa la tête et suivit la même direction que Louis. Ce dernier avait une drôle d'impression, on aurait dit que la dame n'arrivait pas à faire de phrase, alors qu'elle savait parler depuis plus longtemps qu'eux. Haussant les épaules, il se rangea derrière Éléonore, une petite fille au nom allemand compliqué. Elle était très timide, alors Louis n'osait pas se ranger à côté d'elle, mais Momo le fit pour lui. La maîtresse lança d'une voix forte :

« En rang, et tenez-vous la main ! »

Louis était seul derrière, alors il laissa sa main le long de son pantalon.

Éléonore fit comme lui, même si Momo tendait déjà la main. Elle regarda obstinément le sol, jusqu'en haut des escaliers menant à leur salle. Momo resta un peu en retrait devant la porte. Louis passa devant lui, sans comprendre ce qui le bloquait.






9 ans

La grande aiguille de l'horloge paraissait statique depuis si longtemps. Quasiment arrivée au 12, il avait l'impression qu'elle s'était arrêté en cours de route. Bientôt dix heures, le temps de la récré... Il n'en pouvait plus de toute cette grammaire à laquelle il ne comprenait rien, le français était une langue si compliquée ! Louis n'avait qu'une hâte, sortir dans la cour et retrouver ses copains pour une partie d'épervier. Il lui fallait prendre sa revanche !

"Vous pouvez sortir les enfants...

Aussitôt dit, aussitôt fait. Dans un brouhaha pas possible, les CM1 s'empressèrent de se diriger vers la sortie, passant outre les remontrances de la maîtresse qui leur demandait de se ranger deux par deux et de faire preuve de discipline. Malgré sa hâte de partir, il s'attarda un instant, le temps de voir Maxime poser une question à la maîtresse. Mais les cris et les rires des enfants eurent raison de sa curiosité et il finit par s'en aller.

— Ça vous dit on joue au loup ? s'exclama un des garçons de sa classe.

— Moi je préfère un cache-cache.

La simple phrase prononcée par Alice suffit à lancer un débat houleux. Qui du cache-cache ou du loup allait l'emporter ? Allaient-ils devoir tirer à la courte paille ? Trancher au pierre-feuille-ciseaux ? Tant de questions existentielles qui prirent fin à l'entente de rires vers le fond de la cour. Ni une, ni deux, Louis et ses camarades s'y précipitèrent attirer par cet évènement qui en amusait tant.
Sans grande surprise, il s'agissait de Maxime aux prises avec Jules, Antonin et Oscar, des grands de CM2. Le pauvre garçon était plaqué contre la poubelle par Antonin tandis que Jules et Oscar essayaient de lui plonger la tête dedans.

—Arrête de bouger, on sait que t'aimes ça !
—Je croyais que tu voulais faire comme ton père ? On t'aide, là !

Hilare à l'entente de ce qu'ils jugeaient une blague, les écoliers encouragèrent le trio à continuer leur manège. Leur estime gonflée par ce sentiment de toute puissance, les grands poursuivirent leur numéro, lançant moquerie sur moquerie :

—Il paraît que t'as essayé de nous balancer à la maîtresse !
—On veut juste rire avec toi...
—Mais si tu rapportes...

Louis détourna le regard. Lui, ça ne l'amusait pas. Au loin, il remarqua Christhine, la maîtresse des CE1. Il songea un bref instant qu'en courant, il aurait le temps de l'avertir. Mais il n'était pas un rapporteur. S'il faisait ça, c'est lui qu'on allait embêter, et ça il ne voulait pas. Maxime allait très bien, les CM2 plaisantaient juste. Et puis ce n'était pas son problème. Discrètement, il se boucha les oreilles pour ne pas entendre les pleurs de Maxime.





14 ans

Il détestait le mardi ! Son emploi du temps était tellement chargé qu'il n'avait pas un moment à lui, quelle idée de les faire commencer à huit et finir à dix-sept heures ! La vie de collégien était bien injuste ! Qu'il aimerait pouvoir retourner en primaire ou en maternelle, ce temps où il pouvait profiter de la vie. Un soupir s'échappa des lèvres de Louis, dépité mais heureux d'en avoir fini avec les cours. A peine sortit-il de l'horrible bâtiment qui lui servait de collège qu'il se précipita hors des grilles pour pouvoir respirer à son aise. C'était sans compter Baptiste qui le prit d'assaut dès qu'il fit un pas dehors.

"Alors les cours de madame Dubois ?

Il souffla, excédé qu'on lui rappelle cette heure de torture :

— Horrible... Elle s'est encore mise à nous proposer une activité théâtre et était super enthousiaste à l'idée qu'on lise son bouquin.

Il regarda au loin avant de se rendre compte du détail qui le turlupinait :

— Il est où, Timothé ?
— Avec son copain, tout en parlant son camarade désigna deux garçons en train de s'embrasser langoureusement.
— Mais il est pas à Victor Hugo son copain ? C'est à l'autre bout de la ville !
— Parait que si, mais ils ont prévu un truc, j'sais plus quoi, répondit Baptiste.

Curieux, Louis scruta Timothé et son petit copain en train de discuter. Il était surpris de l'amour que dégageait leur couple mais aussi de la banalité du physique des deux garçons, aucun d'eux n'avait l'air homosexuel. En fait, ils étaient presque normaux, si ce n'est qu'ils aimaient une personne du même sexe.
Des rire gras stoppèrent ses réflexions. D'abord, il crut à des collégiens un peu bruyants, mais se trouva surpris lorsqu'il constata que c'était en réalité quatre hommes d'une trentaine d'années qui produisaient tout ce boucan. Proches de Timothé et de son copain, ils semblaient leur chercher des noises.

— Dégagez, les homo !
— J'srai vos parents, je vous aurais foutus dehors !
— A votre âge, devriez avoir honte !

Louis pinça les lèvres, hésitant et fini par tapoter l'épaule de Baptiste :

— Faudrait pas aller les aider ?

Son ami secoua la tête, et sur un ton ferme décréta :

— Non. Ils sont grands, ils peuvent se débrouiller seuls.

A moitié convaincu, Louis acquiesça. Mais Baptiste et Timothé se connaissait depuis la petite section, donc il devait faire confiance en Baptiste en ce qui le concernait. Et puis quelques insultes ça n'a jamais tué personne.

Alors qu'ils partaient Baptiste murmura :

— De toute façon ils n'avaient qu'à pas s'embrasser..."





17 ans

Aux coups de midi, les élèves sortirent devant le lycée pour fumer une clope. Louis se joignit à la foule, mais pas pour fumer : il était externe. Il projetait d'aller au McDo avec un pote, qui saute exceptionnellement la cantine pour fêter la veille des vacances. Avant même d'atteindre le portail, l'air sentait la fumée irritante de loin. Si lui aimait picoler de temps en temps en soirée, la cigarette, c'était pas sa came. Il se faufila entre les fumeurs. L'un d'eux laissa tomber sa cendre pile sur ses chaussures Made in va savoir.

"Hé mec, tu pourrais faire attention où tu jettes ta saleté, dit-il.

— T'as un problème ?"

L'autre souffla avec dédain avant d'écraser sa cigarette du bout du pied sur le béton. Les résidus noirs s'infiltraient dans les aspérités du trottoir, le tout en épousait le relief. Cette cigarette-ci rejoignit simplement le tapis doré de toutes les autres. Il se demanda fugacement pour quoi faire avec la poubelle juste à côté. Enfin... Ce n'était pas ses affaires.

Une fille venue de derrière le bouscula en s'excusant. Avec ses ongles, elle ramassa la carcasse toxique pour la jeter.

"Qu'est-ce qui tu fous, Alice ? C'est sale, quelqu'un ramassera de toute façon, dit une voix féminine.

— Ce n'est pas une raison pour faire les malpropres, apprends à viser une poubelle au lieu de polluer les sols comme une idiote, répondit la dénommée Alice.

Le ton ne sembla pas plaire à l'autre fille, vu le froncement de ses sourcils.

— Hé, ton délire ça va deux secondes, c'est pas en ramassant une misérable cigarette que tu vas sauver le monde.

— Non, elle son délire c'est les ours polaires" ajouta une autre voix railleuse.

Alice serra poings et dents et lui tourna le dos sans plus de commentaire.

Louis fit signe à son copain de le suivre.

Puisqu'elle y tenait, ce serait ses affaires à elle.

Pour lui, le petit fast-food. Ça ne ferait de mal à personne.





21 ans

Toute cette musique lui donnait la migraine. A présent qu'il se retrouvait en ce lieu, il regrettait sa décision. Ses potes lui avaient parlé d'une soirée tranquille avec alcool certes, mais juste de quoi se détendre après ces partiels compliquées. Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter ? Il détestait faire la fête ! Dans un coin de l'appartement, des jeunes gloussaient, leurs pupilles dilatées sous l'effet d'herbes qu'il jugeait peu légales. Qu'importe, tous étaient trop amorphe pour se rendre compte de sa présence : il était le seul à être un tant soit peu sobre. Il pouvait donc s'en aller sans trop se faire remarquer. C'est peu stable sur ces jambes qu'il se leva pour partir. Il demeura un instant hébété à la recherche de sa veste dans ce minuscule salon pour finalement se rappeler qu'il l'avait déposé dans la chambre de Adam. Quel heure était-il déjà ? Minuit ? Trois heures du mat ? Il savait plus... Punaise son coloc allait encore râler s'ill faisait trop de bruit en rentrant. Il grogna et se dépêcha de rejoindre la pièce à coucher. Avant de s'arrêter net.
Ou il était vraiment bourré ou des gens étaient en train de se rouler des pelles derrière la porte. Il grogna : manquait plus que ça ! Un instant, il songea à s'en aller sans sa veste et à la récupérer le lendemain. Mais ses clefs se trouvaient à l'intérieur ! Quel étourdi il faisait ! S'il demandait à son coloc de lui ouvrir, il allait mourir cette nuit même. Il respira un grand coup. De toute façon avec l'alcool qu'avait ingéré la plupart des invités, il y avait peu de chance pour que ceux à l'intérieur se souviennent de cette nuit. Par politesse, il toqua avant d'entrer. Sans grande surprise, il reconnut Marc, son camarade de licence. Un Don Juan qui faisait tomber des coeurs et attirait les filles comme les mouches. Malgré tout, il ne put s'empêcher de s'excuser :

"Désolée mec, je fais que passer...

Il se hâta de récupérer sa veste laissée à l'abandon sur le sol. Dans sa hâte, il ne put retenir un coup d'oeil curieux vers le couple en pleine activité. Il ne connaissait pas la fille, mais elle était jolie. Vu sa tenue, elle devait être le genre à chercher les garçons. Étrangement, elle se débattait un peu et répétait tout le temps le même mot :

— Non, non, non...

Marc, qui venait de prendre conscience de sa présence lui jeta un coup d'oeil malicieux :

— Tu sais ce que ça veut dire, elles disent non mais elles aiment ça.

Il ne savait pas pourquoi mais cette phrase le mit mal à l'aise. Sans répondre, il s'empressa de quitter les lieux comme s'il venait d'assister à un meurtre. Il ne se donna pas la peine de prévenir Adam de son départ et se précipita hors de l'appartement. L'air de l'extérieur ne lui apporta pas le soulagement qu'il attendait. Au contraire, quelque secondes après avoir passé la porte il se retrouva accroupi à vomir toute la nourriture et les boissons de cette soirée. Foutu alcool.





24 ans

Soigneusement apprêté, Louis avançait vers son nouveau lieu de travail. Son tout premier, à dire vrai. C'est non sans une certaine fierté qu'il avait enfilé ce matin-là une chemise repassée et ses chaussures cirées devant le miroir. Après plusieurs CDD de vacances et des études en alternance, il avait décroché son premier CDI. Son entretien d'embauche s'était tenu quelques semaines plus tôt à peine, un entretien préparé en amont avec toute la motivation dont il était capable. Et jackpot. Il était monté à Paris.

Il voyait l'immeuble de l'entreprise poindre au coin de la rue. Il ne voyait cependant pas où il mettait les pieds, et tapa du pied dans quelque chose. Un gobelet surgit dans son champ de vision, rebondissant sur le trottoir en crachant quelques pièces. L'une d'elles roula jusqu'à une grille et disparut. Au moins 50 centimes vu la taille, dommage.

Louis se retourna et seulement à ce moment se rendit compte de la présence du sans-abri. Il était relativement jeune, emmitouflé sous une casquette. Peut-être endormi sur ses fesses, comme il n'avait pas réagi. Il ramassa tout de même les pièces tombées pour remettre le gobelet en place, sans oublier de se laver les mains en arrivant au travail. Enfin... Il se sentit tout de même coupable de lui avoir fait perdre 50 centimes, mais n'y fit plus attention en repartant. Ni aux commentaires des passants qui faisaient mine de l'ignorer, sauf pour commenter son âge, sa passivité. Ni au sans-abri lui-même, taciturne, enveloppé dans l'ombre des bâtiments haussmanniens et du souvenir de la Syrie.

*

Louis passa la porte d'entrée, soufflé par l'accueil de l'immeuble, très élégant, d'une classe d'antan. Il monta jusqu'au deuxième étage. Il tomba sur son responsable, cherchant ses clés sur le pas de la porte, qui l'accueillit avec déférence.

Le bureau qu'il découvrit sous ses yeux lui sembla somme toute un bien joli cadre de travail. Son chef, Rémy, lui dispensa un petit briefing pour son arrivée dans le service.

Entre temps, deux autres personnes le saluèrent de la main en arrivant, Milène et Jérôme. Ensuite, il put commencer à s'activer à son bureau.

La matinée passa très vite, le déjeuner tout autant. Avant de reprendre, les quatre collègues discutaient autour de la machine à café.

« Félicitations pour ton boulot, Louis ! lança Milène. Tu trouves comment ?

- Ça fait qu'une matinée, mais ça me plaît bien, répondit Louis.

- J'espère que ce n'est pas juste parce que je suis là que tu dis ça, plaisanta Rémy.

- Non, évidemment, dit Louis non sans une certaine gêne.

- Tranquille, c'est cool ici, dit Milène. D'ailleurs Jérôme, ta copine passe aujourd'hui non ?

- Oui, juste pour rentrer ensemble.

- Oh, lâcha Louis, surpris à l'entente du léger accent dans sa voix.

- T'en fais pas, il comprend quand on lui parle - mais au cas où, articule », souffla Milène.

Jérôme fit mine de lever les yeux au ciel en pouffant, avant de jeter son gobelet et retourner à son bureau.

Vers la fin de journée, quelqu'un sonna à la porte. Jérôme ouvrit la porte sur une jeune femme aux longs cheveux de jais, et sourit en disant « J'arrive ». Milène en profita pour la saluer.

« Bonjour ! Enchantée, Milène. J'adore vos cheveux, dit-elle en désignant ses boucles brunes très bouclées. Vous venez d'où ?

- De Lille, répondit posément la jeune femme. Mais mes parents viennent de Chine.

- Tiens ! dit jovialement Rémy. On traite justement avec eux, ces derniers temps ils sont partout.

- On y va ? » lança Jérôme revenant tout juste.

Louis partit peu après lui aussi. Il était ravi de son travail, quand même sérieux en parallèle du cadre sympathique. Si lui n'était pas très doué en humour, ses collègues étaient de savants plaisantins. Il fallait le comprendre, se dit-elle en pensant à la mine un peu coincée de la copine de Jérôme. Enfin... il profita de l'air frais du Paris nocturne.




26 ans

Versailles. Un lieu emblématique qui avait marqué l'Histoire française. Un château regorgeant de milles trésors et secrets. Un endroit qui attirait bien des curieux. Et c'était bien le problème. Ça faisait une heure qu'ils attendaient là, sous le soleil de ce mois d'août. Il commençait sérieusement à s'impatienter et commençait à maudire Marion pour son coup de tête. Loin de se douter de l'humeur rageuse de son petit copain, ladite Marion prenait tranquillement des selfies devant le portail de Versailles, aux anges à l'idée des likes qu'elle pourrait bientôt récolter sur son insta. Bien évidemment en attendant, c'était à lui de faire la queue... Et le comble du malheur : il ne lui restait que 27% de batterie sur son téléphone ! Il soupira à en fendre l'âme. Vraiment, il regrettait le coup de tête de Marion, bien décidée à répondre à un challenge sur Instagram. Si encore elle avait réservée, mais non ! Il avait fallu qu'elle lui annonce ce matin, heureusement qu'ils vivaient sur Paris !
Il passa le reste de sa demi-heure à pester contre la file qui avançait trop lentement à son goût. Jusqu'à ce que sa copine le rejoigne. Pour son plus grand bonheur, elle lui fit la conversation les quinze minutes qui s'ensuivirent. Quand elle s'interrompit soudainement, il crut qu'elle allait lui demander de la prendre en photo ou de l'eau à cause de cette chaleur, mais ce fut tout autre chose :

"J'y crois pas ! Cette fille et son mec ne font même pas la queue !

Etonné, il jeta un coup d'oeil dans la direction que lui indiquait discrètement Marion. En effet, un homme plutôt petit accompagnait d'une femme brune remontait la file sans montrer la moindre gêne. Il se mordit la joue pour ne sortir une injure bien placée. Tant pis ces gens étaient impolis, ça leur retomberait dessus à un moment ou un autre.

— Non mais ça va on vous gêne pas ? La queue, c'est derrière !

Curieux, il chercha la provenance de ce cri. Une dame au front perlée de sueur était en train de rouspéter sur le couple. Elle devait être à bout avec ce temps. Il ressentit de la satisfaction face à cette personne qui osait s'affirmer devant ses individus sans manières. Satisfaction vite suivie d'un sentiment de colère lorsqu'il remarqua que le couple répliquait au lieu de s'excuser.

— Sérieux, au lieu de la boucler ils répliquent ! Il y a vraiment des gens qui se permettent tout !

Il essaya de calmer Marion mais n'en eut pas le temps. Celle-ci était déjà partie débattre avec ce couple problématique. Gêné pour elle et pour lui, il hésita à la rejoindre avant de décréter qu'il fallait tout de même que quelqu'un continue de faire la queue. De toute façon, avec les cris de Marion et de l'autre dame, il pouvait très bien suivre la conversation de sa place. Animé par une curiosité malsaine, il porta son attention sur la dispute :

— Je vous dis qu'on a une carte de priorité pour personne invalide...

La femme du couple essayait de s'expliquer calmement mais en vain. La dame et Marion ne voulait rien entendre :

— Vous foutez pas de nous, vous pouvez marcher, donc vous, faire la queue !

L'homme intervient à son tour :

— Mesdames, toutes les maladies ne sont pas visibles...
— Si vous êtes malades, pourquoi vous restez pas chez vous ? interrogea Marion.

La femme jusqu'ici posée haussa le ton :

— Parce qu'on est malade, on devrait s'arrêter de vivre ? C'est ça que vous voulez dire ? Que l'on devrait vivre reclus de la société pour ne pas déranger vos privilèges de valide ? Qu'est-ce que ça vous fait d'attendre une minute de plus dans une vie, quand nous on doit subir la maladie, le handicap au quotidien ?

Abasourdie et agacée, Marion s'apprêta à répliquer. Mais toute cette agitation avait attiré deux agents de la sécurité qui s'empressèrent de séparer les interlocuteurs. Heureusement, songea Louis, les choses n'allèrent pas plus loin. Il n'avait quand même pas fait deux heures de queue pour finalement devoir aller chercher sa copine au poste de police. Soulagé, il ne dit rien quand Marion revient furieuse de sa discussion. Il se contenta de l'écouter, mais ça n'allait pas plus loin ; après tout, ce n'était pas son problème.




28 ans

Louis croqua dans une nouvelle chips, allongé sur son canapé, dans un état d'esprit « Netflix and chill ». Il fallait bien pour le jeune homme, après sa dispute avec Marion, qui avait tourné au vinaigre plus aigre que d'habitude. Il s'était allongé dans le canapé l'air sans but après cette entrevue désastreuse. La dernière de toutes.

Au début, il avait pleuré. Une fois qu'elle était partie, bien sûr, la honte sinon. Enfin, il se demandait si c'était une crainte fondée à voir le personnage principal de sa série, pourtant badass, sangloter à l'écran. Il aurait presque envie de l'imiter, pour libérer encore un peu sa peine. Il aimait Marion, il avait partagé tant de choses ensemble, il avait veillé à lui faire plaisir, comme cette virée à Versailles. Pourtant, ils ne s'entendaient plus. Depuis plusieurs mois, il avait nié cette évidence. Il a fallu que ça éclate pour qu'il en prenne enfin conscience. Et le coup de grâce, la notification : « C'est fini. »

Il avait envoyé un message à Jérôme, avec qui il était devenu très ami, passé les remarques de Milène. Leur discussion l'a aidé à se transférer de la chaise de la cuisine au canapé, traînant son snack.

L'écran laissait défiler de plus belle sa série, une scène d'action cette fois. Il entendit alors un coup sourd. Il baissait le son de la télévision, les coups de feu résonnaient si forts qu'ils semblaient venir d'à côté. L'inspecteur de police criait ses ordres depuis son refuge derrière la portière de sa camionnette, en tirant par-dessus quand le feu se calmait. Un cri semblait se superposer à celui de la télé, mais Louis ignorait d'où. Encore remué et perturbé par ces perceptions exacerbées, il fit pause et s'allongea.

Une voix furieuse éclata dans son dos, le faisant violemment sursauter. Pris de court, il tendit enfin l'oreille et commença à saisir de quoi il s'agissait. C'était le voisin qui avait crié comme un dingue. Il entendit ensuite un coup, comme tout à l'heure, comme si on cognait contre le mur, à moins que ce ne soit le sol, ou les meubles. Quelle que soit la raison de son emportement, valait mieux ne pas l'approcher. Louis se plaindrait de tapage nocturne une autre fois.

Au loin, une sirène aigüe vint perturber le calme de l'extérieur. Décidément, Louis devait être fatigué, exportant sa série dans la réalité.

Il se leva pour ranger un peu avant le coucher, quand un dernier cri retentit. Un cri qui le cloua sur place. Ce n'était plus le voisin, ni une expression de fureur. C'était un cri de film d'horreur. Un cri exprimant la détresse la plus totale. Un cri interrompu par un dernier coup. Louis laissa tomber son bol par terre, les mains soudain glissantes, faiblardes. Il tremblotait d'un froid invisible.

Des pas dans les escaliers. Bang. « Police ! »

Quand il ne put plus suivre ce qu'il se passait avec ses oreilles, Louis se risqua à entrouvrir sa porte pour jeter un coup d'œil.

Une policière se tenait juste de l'autre côté.

« Bonsoir... qu'est-ce que... »

Deux uniformes sortirent de l'appartement avant qu'il ne finisse sa phrase. Ce n'était plus la peine. Ils transportaient une civière recouverte d'un drap blanc. Des cheveux dépassaient au sommet, et c'était tout. Tout était allé très vite.

C'est en refermant le battant que Louis comprit.

« Oh mon dieu ».

C'est vrai. Il avait oublié. Le voisin était marié.

Et maintenant, la voisine était morte.

Louis s'assit par terre, ne bougea plus. Perdu, complètement perdu. Jusqu'à ce que Morphée l'emmène osciller entre rêve et cauchemar. Ce n'était pas ses affaires ?



Texte de Tumpenica et Nuange

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