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partie 2


Chapitre 3 :

Nous étions assis en cercle. Ou plutôt, Neïla, Lihan et moi étions assis. Athénor, ainsi qu'il s'était présenté, se contentait de flotter au-dessus du sol, être de poussière et de fumée au corps était si malléable qu'il pouvait prendre la forme qu'il souhaitait. Tout cela était bien aimable mais mon impatience commençait à grandir, ainsi que ma faim. Je n'avais rien avalé après ma collation avec Lihan dans la matinée et mon estomac réclamait de la nourriture.

Pour tromper l'ennui, je contemplais les flammes du foyer que nous avions allumé. Cette précaution nous était très utile : dans les grottes, la température se rafraîchissait très rapidement. Nous n'avions pas eu le temps de les explorer entièrement, mais un bref aperçu nous faisait comprendre leur immensité. Les galeries s'enfonçaient loin dans la montagne et même notre feu, installé non loin de l'entrée de la plus petite cavité, n'éclairait pas bien loin et les détails se noyaient dans l'obscurité. Sans Lihan qui s'y connaissait bien en étincelles, jamais nous n'aurions réussi à allumer cette flambée qui projetait désormais des lueurs fantastiques contre les parois les plus proches.

La nuit était tombée à l'extérieur lorsque Athénor se résolut à prendre la parole. Nous n'avions pas encore échangé un mot et s'il nous avait laissé attendre encore une heure de plus, j'allais me coucher sans hésiter. Ma tolérance avait ses limites et elles avaient failli être franchies.

— Je présume que vous vous posez de nombreuses questions, commença-t-il. Cependant, je vous remercie d'avoir respecté mon silence. La patience est une vertu très importante.

Je me retins de maugréer : j'étais ici pour apprendre et pas pour attendre. En effet, j'avais des questions et il me semblait que ce n'était pas sans rien dire qu'on allait y répondre. Je voulus ouvrir la bouche mais il me coupa :

— Je vous prierai d'attendre la fin de mes explications avant de me demander quoi que ce soit. Ainsi, je n'aurais pas à me répéter. Je suis Athénor, Grand Maître Mage et dernier de ma confrérie. Tous les trois êtes parvenus ici après un long voyage qui n'a pas été facile, je le sais. Désormais, un autre commence et il ne sera pas beaucoup plus aisé. Vous avez été choisis par la confrérie il y a de nombreuses années pour nous aider en ces temps difficiles.

— Vous saviez ! l'interrompit Neïla, me surprenant. Vous saviez que Norfa deviendrait un royaume de désolation, d'inégalités et d'injustices !

— Ma confrérie le savait. Pour ma part, je l'ignorais et c'est pour cela que je peux encore en parler. Avant de mourir cependant, l'un des mes frères m'a transmis tout le savoir rassemblé par les Grands Maîtres Mages. Il fut le dernier à être anéanti dans la guerre qui décima Arfa et Norga, il y a quelques années.

— Cette guerre était causée par la monarchie de Norga, cracha Lihan.

— Tout un pays n'est jamais responsable d'une guerre, le réprimanda Athénor avec pourtant une certaine bienveillance. Peu importe, ce n'est pas le sujet. Vous êtes ici pour apprendre quel est votre objectif et comment l'atteindre.

— Les parchemins l'annonçaient clairement, objectai-je. Nous devons supprimer la monarchie. Je signale par contre que nous ne sommes que trois et que le roi Néo a des armées. Notre tâche est impossible !

— Et vous trois, vous avez le pouvoir. Je ne suis pas Maître Mage pour rien et votre formation commence dès à présent. Prenez-vous les mains et formez un cercle.

Nous hésitâmes, nous ne connaissions pas cet être et peut-être nous voulait il du mal !

— Qu'est-ce que cela va nous faire ? questionna Neïla, sur la défensive.

— Je vais créer un lien télépathique entre vous mais comme je ne peux pas me permettre de... Comme je ne suis pas télépathe, vous devrez continuer à me parler à voix haute. Entre vous, vous aurez cependant à vous exercer à la télépathie. Ce don vous sera très utile dans votre quête. En attendant, je vous demande de vous tenir les mains afin que je puisse procéder au rituel. Ne craignez rien, tout se passera bien.

Lihan obtempéra en premier et peu confiante, je finis par l'imiter, restant aux aguets, prête à retirer ma main de celles de cet inconnu à la peau si sombre et de cette « princesse » si pâle. Athénor nous invita à fermer les yeux, pour mieux nous concentrer. Je me sentais vulnérable, exposée mais ce n'était rien à côté de la sensation qui s'empara de moi un bref instant plus tard, lorsqu'un vent frais circula entre nous, en même temps qu'une violente décharge. J'étais figée, il m'était impossible de bouger, j'entendais autour de moi des voix confuses, multiples et unies à la fois. Deux se distinguèrent finalement des autres : celles de Lihan et de Neïla.

Ce n'étaient pas vraiment des paroles, mais plutôt un flot ininterrompu d'informations qui se déversaient dans et hors de ma tête sans que je ne puisse le contrôler. Je me sentis très fragile, mise à nue. S'ils le voulaient, mes deux comparses pouvaient fouiller dans le moindre recoin de mon esprit et cette pensée me fit trembler de tout mon être. Heureusement, ils se trouvaient dans le même état d'hébétude que moi, incapables d'ouvrir les yeux, prisonniers de leurs propres esprits connectés à ceux des autres. Des images, des sons, des odeurs, des lumières, des goûts inconnus ou connus s'entremêlaient dans mon crâne à m'en faire mal. J'avais la nausée.

Enfin, tout s'arrêta et je me roulai en boule, protégeant ma tête de mes bras, à nouveau seule. Pas tout-à-fait cependant, à la lisière de ma conscience, celles de mes deux comparses s'agitaient sans plus m'envahir.

— Qu'est-ce que c'est ? gémit Neïla en sanglotant. Ça fait mal.

Spontanément, je vins la réconforter. Je ne sus pas exactement ce qui me poussait à le faire mais nous nous retrouvâmes tous les trois serrés les uns contre les autres, face à une fumée à l'apparence joyeuse, si tant était qu'une fumée put avoir un sourire.

— C'est la télépathie ! Votre formation vient de débuter !





Les semaines passèrent à un rythme assez soutenu. Aucun de nous n'eut le temps de penser à son ancienne vie. La nouvelle était composée d'entraînements à tout ce qui pourrait nous être utile. Pour moi, combat au couteau et invisibilité. Neïla, la studieuse se vit conférer le pouvoir le plus offensif finalement : la maîtrise des quatre éléments, l'eau, la terre, l'air et le feu. Quant à Lihan, il possédait à mon sens la capacité la plus extraordinaire : la téléportation. Ses débuts furent pourtant difficiles. Quand Neïla et moi progressions rapidement avec les premiers exercices d'Athénor, lui avait dû patienter de nombreux jours avant de réunir la concentration nécessaire au déplacement de son corps. En revanche, une fois qu'il y était parvenu, l'amélioration de ses compétences s'observait à vue d'œil tandis que la nôtre ralentissait. Bientôt, il fut capable de se téléporter dans n'importe quel endroit se trouvant dans son champ de vision tandis que Neïla parvenait de mieux en mieux à contrôler toutes les subtilités des éléments. Leurs capacités m'impressionnaient. Quant à moi, je pouvais me rendre invisible de plus en plus longtemps et sous une forme de plus en plus éthérée. Athénor m'avait dévoilé qu'il faisait tout pour que je parvienne à l'état suprême d'invisibilité, devenir immatérielle et que j'étais la seule responsable de mes échecs. En effet, la crainte de disparaître à tout jamais occupait mon esprit et je n'avais pas encore réussi à dépasser ce stade.

En parallèle, Athénor, toujours bienveillant et encourageant, nous avait enseigné tout de l'histoire du pays. À cet exercice, Neïla s'était révélée la plus intéressée, sa mémoire l'aidant grandement à mémoriser les dates, les préceptes et les personnes qui y étaient associées. Athénor insistait beaucoup sur l'épisode de la Grande guerre sans que je ne sache pourquoi. Je ne l'appris que le jour où il prononça les mots tant attendus :

— Vous êtes prêts à entendre la vérité sur la raison de votre présence ici.

Nous étions assis en cercle comme au premier soir à la différence près que nous nous connaissions désormais et que nous savions que nous pouvions compter les uns sur les autres. Pour Neïla, Lihan et même Athénor, j'aurais donné n'importe quoi, y compris ma vie. Un vrai lien était créé entre nous.

— Êtes vous prêts à entendre la vérité ?

— Nous écoutons ! répondîmes-nous en chœur.

— À l'origine, de la Grande Guerre, il y a l'Usurpateur. On ne se souvient plus de son nom, mais son surnom est resté dans les mémoires. En effet, il a pris la place de l'actuel roi, Néo, pour déclencher la guerre qui a ravagé les deux états.

J'ignorais où il voulait en venir. Il nous avait déjà maintes fois raconté cette histoire.

— L'histoire des hommes ne dit pas comment l'Usurpateur est mort, permettant à Néo de reprendre sa place à la tête d'un Empire. Moi, je le sais : mon frère me l'a révélé.

Là, ça devenait plus intéressant. Si Athénor ne nous avait jamais dévoilé cette partie de l'histoire, elle était certainement importante. Il continua avec sa voix grave :

— Cela est dû aux puissances qui ont déclenché la guerre. L'Usurpateur n'était qu'un arrogant avide mais sans pouvoir. Les Démons l'ont possédé, lui et d'autres, afin qu'il s'empare de Norga et d'Arfa pour n'en faire qu'un seul empire sur lequel gouverner. Les Démons sont des êtres de l'obscurité, une branche déchue de la confrérie des Grands Maîtres Mages. Ils se sont détournés de nos principes, choisissant de se nourrir des émotions les plus négatives quand nous essayions seulement de rendre les humains heureux et de nous délecter de leur bonheur. Karka, le plus puissant des démons possédait l'Usurpateur et était à leur tête. Nous le redoutions plus que tout autre démon. Contre eux, nous avons combattu aux côtés des humains durant de longues années. En vain, Karka gagna la guerre. Les deux camps avaient cependant subi de lourdes pertes. Nous n'étions que peu nombreux, nous ne restâmes plus que deux et Karka seul. Mon frère mourut, m'enseignant tout ce que je vous raconte. Désormais, il ne reste plus que moi pour rétablir la paix sur le royaume. Àla fin de la guerre, Karka voulut un contrôle plus total et tenta de rendre télépathe l'Usurpateur. Il échoua – on ne peut rendre quelqu'un magicien : il l'est ou ne l'est pas – l'Usurpateur mourut et Néo reprit sa place. Cependant, se faire voler le pouvoir l'avait traumatisé. Karka y vit un moyen de récupérer le pouvoir. Il lui proposa un pacte : sa protection en échange de sa possession. Néo accepta, à mon plus grand regret. Depuis ce jour, Néo perd peu à peu la raison et laisse la place à l'aura de plus en plus malfaisante de Karka. C'est lui diffuse ses ondes négatives et rend la terre infertile. C'est lui qui empêche les récoltes et affame la population, créant ainsi un sentiment négatif général dont il se nourrit.

Pas un seul mot ne sortit de nos bouches. Nous n'avions pas posé une seule question, trop abasourdis par le flot d'informations qui nous tombaient dessus.

— C'est lui que nous allons devoir affronter, devina Neïla, rompant le mutisme qui s'était emparé de nous.

— En effet, mais la tâche n'est pas si aisée. Il n'y a qu'une seule façon de vaincre ce démon.

— Laquelle ? interrogeai-je.

— Injecter à Néo un sérum de magie liquide, gardé par le puissant Uju, Gardien de l'Océan.

Nos exclamations fusèrent, interrogatives :

— De la magie liquide ?

— Uju ?

Le ton grave, Athénor poursuivit :

— Il faudra voyager les enfants. Et inutile de compter sur Lihan, l'effort l'épuiserait.

— Mais... protesta ce dernier.

— Nous n'emploierons tes services que rarement. Ils nous feront gagner un temps précieux mais il n'est pas utile de te fatiguerr. Je crains qu'Uju ne cède pas si facilement le sérum. C'est la seule dose préparée actuellement et en reconstituer une prend des années. Il vous mettra certainement à l'épreuve...

— Nous sommes prêts, assurai-je en puisant dans les yeux de mes compagnons le courage nécessaire. Nous vaincrons Karka et restaurerons la paix. Tel est notre destinée.

Mes compagnons hochèrent la tête. Cependant, ils semblaient loin de ressentir l'assurance que je dégageais mais j'étais sûre de moi. J'étais venue ici pour une raison et c'était celle-ci : il n'y avait plus à tergiverser.

Le lendemain, nos bagages rudimentaires sur le dos, nous prîmes la direction du sud, vers l'Océan. Nous reprenions la route.




Chapitre 4 :

Nous voyagions vers le Sud aussi rapidement que nous le permettaient nos forces. En chemin, notre apprentissage se poursuivait et nous devenions de plus en plus habiles. Serait-ce assez pour affronter le terrible Uju, gardien des profondeurs ? Athénor n'en était pas sûr. Quant à moi, je refusais de douter. Nous n'avions pas le choix de toute façon : nous devions réussir l'épreuve qui nous attendait, peu importait sa nature et sa difficulté. Sans cette fiole de magie liquide, Néo resterait au pouvoir et Karka continuerait à semer la terreur et le chaos.

Les ravages causés par l'influence néfaste du démon se faisaient ressentir partout : les champs étaient noirs d'une poussière semblable à la suie, les plantes poussaient maigres et décharnées, les arbres perdaient trop tôt leurs feuilles et ne donnaient pas de fleurs, la nature se mourait lentement au fil des années. L'humanité suivait le même chemin, les villageois que nous croisions étaient dans un état semblable au mien. Lihan avait conservé sa forme grâce à son travail à la forge et ce métier qui ne subissait pas les caprices de la nature lui permettait de vivre confortablement. Neïla n'avait jamais eu à se poser la question de la faim et de notre groupe, j'étais finalement la seule à m'être un peu remplumée au contact d'Athénor. Nous n'étions que trois à nourrir et grâce à nos pouvoirs, il avait été aisé de chasser.

Les preuves de la déchéance de la nature se montraient aussi dans le ciel qui semblait rougir de plus en plus chaque jour. Autrefois bleu limpide, il était à présent d'une teinte orangée, même si ce changement était lent, il n'en demeurait pas moins inquiétant.

— La source du pouvoir de Karka se trouve dans la possession, avait expliqué Athénor. Et je n'envisage pas d'avoir recours à cette option. C'est ainsi que depuis la guerre, il tire de plus en plus de puissance du corps de son hôte. Mes pouvoirs ne sont pas assez forts pour rivaliser tant que je ne possède pas un humain.

— Alors pourquoi n'utilisez-vous pas l'un d'entre nous ? avait questionné Neïla, du tac au tac. Cela vous donnerait l'accès à la télépathie que nous entretenons et nous communiquerions bien plus facilement tout en profitant de vos connaissances.

— La possession n'est pas quelque chose d'agréable, ni pour le possesseur, ni pour le récepteur. En outre, je ne peux pas vous demander de m'accueillir dans les recoins les plus intimes de votre âme. Vous parvenez à le faire entre vous car vous êtes humains mais je suis d'une autre espèce et mon contact ne serait pas bon, voire nocif à la longue. Et puis, vous ne perdez à rien à apprendre à vous exprimer à l'oral. La télépathie ne fonctionne que parce qu'en ce moment, vous n'avez que peu d'autres contacts, mais il faut savoir garder l'habitude de s'exprimer à l'oral.

Nous nous étions facilement rendus à ses arguments. Athénor avait maintes fois démontré qu'il avait réfléchi à nombreux sujets dont nous n'avions même pas idée. Ses connaissances dépassaient de très loin les nôtres.

Après quelques semaines durant lesquelles notre relation n'avait fait que s'améliorer à mesure que nous avalions les kilomètres, nous parvînmes en vue de la mer. Je n'avais jamais voyagé auparavant et à part un lac ici ou là, les étendues d'eau m'étaient restées relativement inconnues. Le spectacle que j'admirais depuis la falaise était de loin le plus magnifique de toute ma vie. Les vagues s'écrasaient sous mes pieds avec une telle force que j'avais l'impression que tout allait s'effondrer d'un instant à l'autre, le vent envoyait voltiger des volutes d'écume et décoiffait mes cheveux et ceux de mes compagnons, transportant avec lui un parfum d'embruns, de sel, de liberté et d'aventure. Tout ce bleu s'étendait jusqu'à la ligne d'horizon où il venait côtoyer le ciel. Je me trouvais excessivement petite devant cette immensité.

Un frisson me parcourut en pensant que je pouvais me perdre dans cette vaste étendue si je faisais un geste de travers. Le moindre faux pas pourrait nous être fatal.

Indulgent, Athénor nous laissa un moment admirer le paysage avant de s'enquérir :

— Est-ce que vous êtes prêts ?

Prêts ? Le serions-nous un jour ? Je n'étais pas sûre de pouvoir un jour me résigner à l'idée de plonger à des centaines de mètres ou de kilomètres sous l'eau.

— Bien sûr, affirmai-je pourtant.

— Neïla, tu sais ce que tu as à faire. Tous les deux, votre seul objectif est de la protéger, quoi qu'il en coûte. Sans elle, vous êtes morts. C'est clair ?

— Limpide, déglutit Lihan.

Grâce à notre lien magique, je sentais ses ondes de panique, même à quelques mètres de distance. Je lui serrai doucement les doigts, espérant lui apporter un peu de réconfort. Heureusement, je parvenais à lui cacher ma propre peur. Si nous ne savions pas nous contrôler au début de cette étrange relation télépathique, nous avions eu tôt fait d'apprendre afin d'éviter que les autres n'entendent nos pensées les plus secrètes. Lorsque nous ne le voulions pas, rien ne transparaissait pour les autres. Seules les émotions les plus puissantes étaient difficile à masquer et là, clairement, Athénor n'avait pas rassuré notre compagnon. Je décidai donc de prendre les choses en main :

— Tout ira bien, Lihan. Le mieux, c'est que nous y allons tout de suite, proposai-je. Ça nous évitera d'y penser pendant des années et de nous dégonfler.

Neïla hocha la tête. Nous nous déshabillâmes et frissonnâmes à cause du vent qui soufflait avec puissance mais en bas, les vêtements ne nous seraient d'aucune utilité.

— Allons-y, décidai-je.

Prenant mon courage à deux mains je sautai vers l'eau bleue, claire et agitée. Je ne laissai pas un cri m'échapper pendant la chute et je me retrouvai dans l'eau fraîche en quelques secondes. Je levai le regard et plongeai pour éviter la vague qui m'arrivait dessus. L'eau salée me dégoûtait, me piquait les yeux et tout le corps. Les algues me révulsaient et pourtant, il fallait continuer : que je m'éloigne de la côte pour retrouver les autres sans me fracasser contre les rochers. Heureusement qu'Athénor avait tenu à ce que nous apprenions les rudiments de la nage, sans cela, en à peine deux secondes, je me serais retrouvée au fond de l'eau, livrée à la fureur des éléments. Malgré mes pouvoirs, je ne me sentais pas en sécurité :

— Neïla ! Qu'est-ce que tu attends ? braillai-je tant oralement que de manière télépathique.

Le vent furieux ramena une énième vague au-dessus de moi et je coupai ma respiration, plongeant un peu tard. Le rouleau me saisit et je vis une masse sombre se rapprocher un peu vite. La falaise. J'activai aussitôt mon pouvoir, puisant au maximum dans mes ressources pour ne pas passer par le stade intermédiaire, peu efficace dans cette situation. Enfin, je m'aperçus que l'eau avait de moins en moins de prise sur mon corps et je nageai de toutes mes forces pour m'éloigner de la falaise. L'état immatériel ne tiendrait pas longtemps, je le savais bien. Peu-à-peu, le monde reprenait ses droits et rendait à mon corps toute la solidité qui lui était due. Éperdue, je battis des bras un peu plus vite en direction de la surface et du large. J'émergeai dans un jaillissement d'écume et brusquement, une bulle d'air chaud m'entoura.

« C'est pas trop tôt ! » me plaignis-je.

« Ce n'est pas de ma faute si tu es invisible aussi ! » répliqua Neïla, apparaissant à mes côtés au même instant que Lihan.

Je regardai autour de nous, fouillant l'eau de mes yeux irrités. Après plusieurs minutes, le sel ne les agressait plus et je pus les frotter sommairement.

« Allons-y. Droit vers le fond de l'océan ! » s'exclama Neïla, excitée malgré la dépense d'énergie que nous lui causions.

Durant des heures, nous nous relayâmes pour soutenir Neïla dans sa lourde tâche : nous maintenir en vie. Les bulles d'air qu'elle avait créées autour de nous étaient les garantes de notre survie, conçues pour lui soutirer le moins d'énergie possible. Cependant, plus le temps filait, plus les conserver intactes demandait de l'énergie. Une énergie que nous ne possédions pas en quantité illimité, malgré nos trois puissances combinées. Hélas, celle d'Athénor nous aurait été utile mais il ne pouvait nous suivre dans les fonds. Sa présence y serait malvenue, avait-il avoué. Il ne nous avait pas donné plus de précisions, mais nous avions respecté sa décision.

Lihan fut le premier à remarquer l'endroit. Il avait une bonne vue et connaissait heureusement son sujet car il m'aurait été impossible de trouver l'entrée du royaume aquatique seule. Cette grotte ressemblait à toutes les autres hormis un léger halo bleu qui en marquait l'entrée et une couleur un peu différente du corail aux alentours par ailleurs.

Le jeune homme nous guida vers le halo et j'eus l'impression de sortir de l'eau en y pénétrant. Avant de réaliser que j'étais réellement sortie de l'eau. Nus comme des vers, nous ne frissonnions même pas : la température était étrangement agréable. Nous nous avancions pour examiner les alentours lorsqu'une voix aigüe nous fit sursauter :

— Bienvenue dans le royaume d'Uju, le gardien des profondeurs, nobles étrangers. Avez-vous votre invitation ?

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